J’en ai marre, trop de boulot et pas assez de baise dans ma vie. Et Liam et maman qui jouent au bon samaritain et sur qui ça retombe sur bibi. Comme toujours.
Y’en a marre.
Luka entra dans son restaurant, c’était relâche aujourd’hui, mais il devait voir avec son second pour passer les commandes. Et bien sûr rien n’était prêt. Il avait beau s’énerver, s’impatienter rien n’y faisait, la journée avançait trop vite, tout ne serai pas fait. Finalement mes ouvriers sont plus vernis que moi, ils se reposent eux et moi, je bosse toujours. Et de continuer à marmonner. Cette fille trop belle, n'est pas faite pour la plonge. Il faut que Liam me trouve quelqu'un d'autre.
Et zut, il faut que je prépare les embauches pour cet été, sinon Liam va encore râler.
Mais c’est nécessaire que diable, faire tourner un resto, les repas des saisonniers en été,
Et moi qui veux ouvrir un self pour les visiteurs, que je suis bête, c’est déjà assez difficile comme ça.
Un tour au pub, c'est ça qu'il me faut et peut être me dégoter une petite.
Luka sortit son smartphone et textota à ses frères.
[Liam] Désolé frangin, encore trop à faire ce soir.
[Logan] Idem trop fatigué, j’en ai plein les bottes.
[Luka] Ok, les mecs vous faites les vieux, pas cool !
Au pub, Luka retrouve des potes,
— Salut, y’a pas de meuf ce soir
— Fait pas ton lourd Luka, tu n’as jamais de mal d’habitude.
— Ouais et pourtant en ce moment c’est maigre, Raoul ne sort pas beaucoup.
Après quelques bières et franches rigolades, Luka rentra. Il savait que la journée de demain serait encore pire que celle qui venait de s’achever.
En garant sa jeep, Luka aperçut une ombre du côté de la maison des saisonniers.
Doucement, il s’approcha pour s’assurer que tout allait bien.
— Encore à prendre le frais ?
— J'avoue, j'aime regarder la lune.
— Prête pour une nouvelle semaine ?
— Oui évidemment, pourquoi ?
— Rien, alors à demain, bonne nuit.
Luka se traita de fou, cette petite, il l'aurait bien mise dans son lit, mais elle se tenait sur la réserve, et surtout elle ne disait rien, aucune confidence à personne. Même maman n'avait pas réussi à la faire parler. Lucie lui avait juste dit qu'il fallait qu'elle reparte qu'elle n'était pas encore assez loin. Il n'allait rien tenter, elle était trop compliquée cette fille, et puis il y en avait tout pleins qui l'attendait.
Dans ces conditions, c'était difficile pour eux de l'aider et pour lui de se rapprocher.
Oublions Lucie, essayons de dormir, Luka se retourna encore une fois dans son lit, rien n'y faisait. La nuit sera longue. J'aurais pu trouver une fille à câliner, même pas capable, rien à me plaire, Zut qu'est ce qui m'arrive, Lucie m'a retourné le cerveau et pas que.
Dimanche arriva après une semaine chargée et exténuante.
11 h, Lucie en arrivant devant le restaurant trouva Louisa.
— Lucie, je voulais te voir pour te proposer une visite du château maintenant que tu es là depuis plusieurs jours.
— Oh, avec plaisir Madame.
— Voyons appelle-moi Louisa, lundi prochain, ça te va, c'est relâche pour tout le monde, le musée ne sera que pour nous.
— Je vous remercie de me proposer cette visite, j'adore...
Elle se tut ne voulant pas se dévoiler plus, ici tout était plus tranquille et amicale. Elle se laisserait bien aller un peu.
Dans le restaurant, Luka l'attendait sombre.
— Il y a de la vaisselle à faire, où étais-tu ?
Le reste du staff est surpris, Luka était toujours courtois avec ses collaborateurs et soucieux de leur bien-être au travail.
— Je...
— File et dépêche-toi.
— Et vous autres arrêtez de me regarder comme ça, vous ne m'avez jamais vu irrité.
Le service du dimanche était toujours plein, tout le monde travaillait dur sans trop perdre du temps à rire ou parler comme d'habitude. Les commis et chefs de parties se tenaient à carreau et faisait un travail quasi-irréprochable. Luka sembla se calmer.
16 h 30, la journée se terminait, chacun se salua rapidement et partit profiter du reste de l'après-midi.
Lucie se décida pour un petit tour du parc, qu'elle n'avait pas encore eu le temps de faire. Son travail au restaurant était épuisant, tenir à distance Luka l'était encore plus et s'inquiéter pour sa sécurité était un autre souci. Sa promenade suivait le tour de l'étang du château et au loin, celui-ci était magnifique dans la lumière d'un jour d'hiver. La pierre blanche de sa façade resplendissait au soleil. Il n'était pas difficile d'imaginer une autre histoire à ce lieu. Elle croisa Oscar et César.
— Les bons chiens, votre maître ne doit pas être très loin.
— me voilà, vous allez bien ? Mieux ?
— Mieux certainement, Merci
— Luka ne vous surmène pas trop ?
— A vrai dire, la plonge c'est quand même difficile, et je ne fais pas toujours le poids hélas, face à certaines casseroles récalcitrantes. Tous les 2 se mirent à rire.
— Ne vous inquiétez pas, Luka grogne mais c'est quelqu'un de fondamentalement gentil.
— hum...
Et chacun de reprendre son chemin.
Lucie se prépara un dîner léger, et se coucha tôt, totalement épuisée.
Lundi matin, Louisa se présenta à la maison des saisonniers pour la visite promise à la belle Lucie. Elles pénétrèrent dans le château par la porte du personnel, au niveau de l'orangeraie. Un superbe escalier en bois dans un vaste vestibule les accueillit.
— Attendez de voir l'escalier principal vers le salon d'apparat.
— celui-ci vaut déjà le coup d’œil, il est dans son jus, je dirai époque 18e.
— Vous me surprenez, passons dans le premier salon, c'est le salon de la première duchesse de Lansac, après la construction de la nouvelle aile, où nous nous trouvons. Cette aile relie le château plus ancien à l'orangeraie qui est abandonné pour le moment. Nos appartements privés sont juste au-dessus.
La visite se poursuivit des chambres ducales à la grande salle à manger, mais également par les cuisines. Les connaissances en histoire et en patrimoine de la jeune fille ne cessaient de surprendre la duchesse.
— Je peux vous poser une question ? Vous êtes cultivés, vous avez fait des études, je ne me trompe pas ?
— hum. Oui, mais je ne souhaite pas en parler.
— Passons au salon, nous parlerons.
Lucie se laissa entraîner. Elle savait qu'elle pouvait faire confiance, son cœur lui dictait de lâcher prise, sa tête était plus pragmatique. Rien ne lui coûtait que de prendre un café et de voir ce qui allait se passer, D'ici à quelques jours, elle recevra son premier salaire, et elle pourrait repartir.
Louisa et Lucie entrèrent dans un séjour, récemment agencé de façon plus moderne, dans un coin se trouvait une cuisine bien équipée. Louisa lui proposa un thé ou un café.
— Thé s'il vous plaît
— Racontez-moi, comment vous en êtes arrivés là ?
Lucie se lança. Depuis la mort de sa mère et quoique cela eût commencé bien avant, son beau-père devenait de plus en plus pressant, allant quasiment jusqu'à lui demander de remplacer sa mère dans sa vie voire dans son lit. Même si elle était absente la plupart du temps, puisqu'elle étudiait à Bordeaux en histoire de l'art et patrimoine, Roger insistait, se faisait mielleux ou encore impérieux, voulant lui couper les vivres, alors que le fond lui venait de son père décédé, ne voyant pas d'autres solutions que de fuir.
Louisa fut consternée, et compatissante, la rassurant sur sa sécurité au sein du château, que jamais ses fils ne la laisseraient repartir avec ce tyran.
— Oh c'est que vous ne le connaissez pas, il est très riche, puissant, il est connu et protégé par les grands du monde politique, et judiciaire de Paris.
— Mais nous aussi, nous connaissons beaucoup de monde.
— S'il vous plaît, n'en parlez à personne, il arrivera à le savoir et me retrouvera, je me suis déjà beaucoup trop attardé ici.
— Faîtes-moi, nous confiance, se reprend t'elle, mes garçons sauront, vous protéger.
—Je ne suis pas sûre, et je ne veux pas qu'ils vous arrivent quoique ce soit.
— N'en parlons plus, je vous le promets pour le moment.
Elles décidèrent de se rendre au village voisin, pour quelques courses. Lucie semblait avoir retrouvé le sourire avec cette femme pleine de vie et de projet, aimant plus que tout ses fils et son château. De retour dans l'enceinte du château, Lucie se rendit dans la bibliothèque pour emprunter quelques revues et livres sur le château. Ce que la duchesse lui avait montré lui avait donné envie de se remettre dans les livres pour comprendre son histoire.
En retournant dans son studio, elle croisa Luka.
— Que faites-vous avec ses livres, qui vous a autorisé ?
— Votre maman, je ne me serai pas permise sinon, que croyez-vous ?
— Pardon Lucie, vous me rendez fou, pourquoi ?
— Pourquoi quoi ?
— Laissez-moi vous embrasser, j'en meurs d'envie.
— Non, je ne supporte pas qu'on me touche ?
Elle partit furieuse, mais surtout contrariée, Luka était gentil et doux le plus souvent, et ça lui faisait du bien, et elle aimerait pouvoir se laisser embrasser.
Luka était déconcerté, c'était la première qu'il voyait la terreur dans les yeux d'une femme. Jusqu'à maintenant, il avait plutôt eu de la chance avec les femmes, aucune ne lui résistait longtemps. Luka sentait qu'il n'était pas en cause derrière ce visage, mais sans aucun doute quelque chose de plus grave et il allait trouver pourquoi.
Comme tous les lundis, il y avait une réunion avec sa mère et ses frères, ainsi que le responsable du vignoble, Laurent.
Liam tenait énormément à cette rapide mise au point hebdomadaire. Chacun pouvait s'exprimer librement de tout.
— Il est temps de penser à vos embauches pour cet été, et pour les vendanges.
— Pour le resto, comme d'habitude, les remplacements d'été et les jours d'ouverture supplémentaires, surtout, surtout, trouves moi rapidement quelqu'un pour la plonge, elle est jolie Lucie mais ça devient compliqué de continuer comme ça.
— Petit frère, sois patient ce n'est pas simple, d'autre part nous ne pouvons pas, ne pas aider Lucie.
— Nous sommes d'accord.
— Oui mais bon.
— Tais-toi Luka, tu ne sais pas tout.
— Maman je n'ai plus 10 ans,
— Parfois, je me le demande encore !
— Revenons au sujet, Logan ?
— Dans les jardins comme d'habitude, les remplacements d'été et quelques gars supplémentaires au début de l'hiver pour l'élagage des grands arbres de l'allée et au fond du bois.
— Laurent, dans le vignoble ?
— A ce sujet, j'aimerais vous dire que je souhaite partir en retraite après les prochaines vendanges.
Liam se laissa aller contre le dossier de sa chaise.
— Vous vous rendez compte que je n'y arrive plus tout seul.
— Fais-toi aider, embauches ! argumentent ses frères.
— C'est encore juste, nous sommes à peine à l'équilibre. Maman, tu souhaites ajouter quelque chose.
— Mes chéris, il faut savoir prendre des risques. Ce domaine demande un énorme investissement, je le sais, votre père le savait aussi. Mais pour moi aussi, il est temps de passer la main.
— MAMAN ! s'écrièrent les 3 jeunes hommes.
— J'aimerais avoir le temps de faire, voir autre chose et en bonne compagnie.
Les jeunes gens restèrent abasourdis au discours de leur mère, surpris et se demandant ce qu'ils leur arrivaient.
— Vous êtes prêts à voguer tout seul, continua-t-elle.
— Donc si je comprends bien, en plus des embauches ordinaires, il faut que je trouve un nouveau responsable pour la vigne, une responsable des visites et événements du château, mais également une assistante.
—Je dirais plutôt une assistante RH, ce serait mieux, sortit Logan en se marrant franchement.
Liam lui lança un regard noir.
— Attends, maman tu as parlé de bonne compagnie, on peut savoir de qui tu parles ? se rappela Liam, toujours très attentif.
— C'est vrai, Maman, c'est qui ? enchérit Luka.
— Mes enfants vous le connaissez tous et normalement vous l'appréciez.
Ils se tournèrent tous vers Laurent comme une évidence.
— NON !
— Si, nous espérons prendre du temps pour sortir, voyager et bien sûr être là avec vous dans les grands moments.
— Et je connais la personne parfaite pour me remplacer, ajouta Louisa.
— Comment ?
— Cela me semble évident, voyons, Messieurs, il s'agit de Lucie.
LUCIE !!! C'est la stupéfaction générale.
Louisa de leur raconter, la triste histoire de Lucie malgré sa promesse, elle savait qu'elle pouvait compter sur ces enfants.
— Tu dis qu'elle prépare un doctorat d'histoire et patrimoine avec une option histoire de l'Art, c'est presque trop beau, accorda Liam.
— N'est-ce pas !!
— Et ma plonge, se marra Luka, qui va gérer ?
Toujours pragmatique, Logan annonça.
— un problème de régler, mais va-t-elle accepter ?
— Je saurai la persuader si on lui promet de l'aider à se sortir des pattes de son beau-père, et de rester discret. Je crois bien qu'elle repartira sans un regard en arrière dans le doute, Luka n'aimerait pas. N'est-ce pas, interrogea Louisa.
Luka piqua un fard.
— Maman, arrêtes ça, c'est vrai qu'elle me plaît, elle n'en veut pas, j'ai laissé tomber, par contre je suis d'accord pour l'aider définitivement.
Logan et Liam hochèrent également la tête.
— Logan, ne t'inquiète pas, je resterais pour former mon remplaçant, rassura Laurent, un peu oublié.
— Pour Lucie, connaît-on son nom et celui de son beau-père ? Maman, c'est possible de la faire venir.
— Je vais la chercher.
Les trois frères réglèrent les autres aléas du domaine, en attendant que les 2 femmes reviennent.
Lucie semblait contrariée en entrant dans la salle à manger qui leur servait de salle de réunion.
Elle regardait notre mère avec des yeux courroucés.
— Tout va bien, Lucie tu peux nous en dire plus, je te promets qu'il n'y a ici que des personnes de confiance et qui ne te feront aucun mal.
— Louisa a raison, je suis Laurent, nous ne nous sommes pas encore croisés, je travaille au domaine et je suis en quelque sorte le petit ami sorti du placard il y a une heure à peine.
— Rien ne sortira d'ici, promis Luka, en la regardant droit dans les yeux, tandis que Logan et Liam hochaient la tête de concert.
Lucie raconta son histoire, et leur fournit sa vraie identité, Sélène Hagen, ainsi que le nom de son tourment : Roger Dampierre.
— Je ne retournerais jamais chez lui, c'est impossible. Je préfère me retrouver encore une fois comme il y a une semaine.
— Voilà ce que l'on va faire, continuez ici comme les jours précédents mais être très attentif, surtout toi, Luka, qui peux-tu prévenir en cuisine ?
— S'il vous plaît soyez prudent, supplia Sélène.
— De mon côté, interrompit Louisa, je vais voir pour que tu puisses finir ton cursus au château, et te trouver un téléphone, c'est urgent.
— Non Madame, en tombant les épaules vaincues d'avance.
— Je vais faire quelques recherches sur ce Roger, je trouverais de quoi le faire taire, nous sommes d'accord.
Tous hochèrent la tête en signe d'assentiment.
Luka se glissa près de Sélène, lui promit de veiller sur elle, jours et nuits.
— D'ailleurs à ce sujet, je vais m'installer dans un des logements disponibles, s'il y a un souci, je serai sur place, décida Luka.
— Luka, c'est une excellente idée, confirma Logan.
Et Lucie de s'énerver,
— Ce n'est pas la peine, je saurai me débrouiller.
— Nous avons vu ce que ça donne, se moqua Logan.
— Montrez-vous raisonnable.
Lucie, ou plutôt Sélène, se détourna et abandonna la discussion.
Elle ne pouvait pas lutter contre les 3 hommes, encore moins sous le regard protecteur du cuisinier.