Chapitre 5

Quelques heures plus tard, je me trouvais sous le pont légèrement caché, ce n’était pas le quartier le plus sûr de la ville. La nuit se levait ainsi que la fraîcheur de la rivière. Alors que je patientais dans le silence, j’entendis des pas se rapprochaient, je m'enfonçais un peu plus dans ma cachette. Quand l’individu s'arrêta sous juste avant le pont, je pus voir le magnifique visage du jeune homme éclairé par les premières lueurs de la lune. Il était si beau, si parfait. Qu’est-ce que je raconte ?  Criais-je à moi-même afin de revenir sur terre. Je sortis quelques instants après de ma cachette.

  • Tu es venue ! s’exclama-t-il joyeusement.

Ce changement d’humeur par rapport à notre rencontre une heure avant me perturbait.

  • Tu pensais que je ne viendrais pas ? Peut-être que j’aurai dû te laisser m’attendre toute la nuit alors, affirmais-je avec un ton de défi.
  • Tu ne m’aurais pas fait ça, n’est-ce pas ?

Je ne répondis pas à sa question, il ne savait pas de quoi j’étais capable. Si je n’avais pas une dette envers lui, je ne serais pas venue ce soir.

  • Que me voulais-tu ? demandais-je.
  • Je voulais être sûr que tu étais toujours en vie, répondit-il avec arrogance.
  • Il en faut bien plus que ça pour me tuer, sachant qu’il faisait allusion à ma chute dans le verger.
  • Combien de temps ?
  • Quoi ? ne comprenant pas sa question.
  • Cela faisait combien de temps que tu n’avais pas mangé ? Sa voix devint plus douce.
  • Ohhh, cela dépend de ce que tu entends par manger. Si tu parles d’un vrai repas, plusieurs mois.
  • Quoi ! Mais comment est-ce possible ?
  • C’est la vie dans l’Indra.

Je m’assis au bord du quai, les pieds au-dessus de l’eau. Il vint s’asseoir à côté de moi.

  • C’est ce qu’il me semblait.
  • Comment ça ?
  • Je voulais comprendre pourquoi tu t’étais évanouie.

Je l’observais, son regard était perdu dans le vide, il réfléchissait.

  • A mon tour de poser des questions ! affirmais-je.
  • Je t'écoute.
  • Qui es-tu ? Un jour tu me rattrape dans le verger, le lendemain, tu es soldat et maintenant tu ressembles à un simple villageois. Qui es-tu ?
  • Je peux simplement te dire mon prénom…
  • Bien, je prends.
  • Noah…

Je me répétais son prénom dans la tête, j’aimais bien.

  • Et toi ?
  • Moi ? tu le connais déjà ? affirmais-je.
  • Op, n’est pas ton vrai nom, je me trompe.

Effectivement Op n’était pas mon vrai nom mais plutôt mon surnom.

  • C’est Opale, mon vrai nom mais tout le monde m'appelle Op.
  • Opale, Opale répétait-il avant d’ajouter c'est joli.

Sa remarque me surprit autant que de l’entendre répétait mon prénom. On ne m’avait plus appelé par mon prénom depuis le jour où je suis arrivée chez Baldo. Je n’aimais pas mon prénom pas parce que je ne trouvais pas beau mais parce qu’il me rappelle une vie que j’ai oublié, mon passé. Au début, quand je suis arrivée chez Baldo, dès que l'on m’appelait par mon prénom, je pleurais car je ne me rappelle pas qui m’avait appelé ainsi. Du coup, Baldo m’avait rebaptisé Op. Depuis j’étais devenue Op.

  • Dis-moi, Opale…

Cela me troublait de plus en plus. Mais alors qu’il s'apprêtait à continuer de parler, j’entendis des individus courir sur le pont, ils n'arrêtaient de parler d’une bagarre. En tendant l’oreille, on pouvait discuter le bruit d’une foule. La curiosité me prit, je voulais voir ce qu’il se passait.

  • Sans vouloir t’abandonner mais je vais aller voir ce qu’il se passe, lançais-je avant de partir en courant.

Je courus jusqu’à la foule mais je n'arrivais pas à voir ce qu’il se passait. Je me mis à taper du coude pour essayer de voir ce qu’il se passait c’est alors que je veux l’horrible spectacle qui se préparait : Baldo était encerclé de soldats. L’un d’entre eux cria :

  • Alors tu es seul aujourd’hui, ton acolyte n’est pas là ! hurla-t-il.

Baldo répondit simplement d’un grognement. L’un des gardes essaya de l’attaquer mais rata son coup, Baldo était adroit, il ne l’aurait pas aussi facilement. Je devais l’aider, je cherchais autour de moi, une solution mais je n’en trouvais aucune. D’autres gardes arrivent en renfort. Plusieurs hommes se jetèrent sur lui en même temps et ils finirent par l’attraper. Celui qui avait l’air d'être le chef s'avança devant Baldo avant de lui asséner un coup au visage. C’était trop pour moi.

Je me précipitai sur le chef par derrière. Il n’eut pas le temps de réagir que je tenais mon couteau sous sa gorge.

  • Relâchez-le, ordonnais-je. Ou je tue votre capitaine !

Les gardes hésitèrent.

  • Tiens mais la petite voleuse est venue se joindre à nous.

Je serai plus fort et le couteau commençait à légèrement entailler l’homme.

  • Tu es fichue gamine, tu vas aller croupir dans une cellule.

L’un des gardes assena un second coup à Baldo puis un autre. La folie monta en moi, je lâchai le capitaine et me jeta sur le garde en question. Le garde essaya de m’attaquer mais je répondis par un coup derrière la tête qui le fit s’écrouler immédiatement, puis un autre vint et prit également un coup mais cette fois dans le ventre puis dans le nez. Plusieurs gardes tentèrent leur chance mais aucun n’arriva à me toucher. La vie dans l’Indra m’avait bien appris des choses mais je le combat, je le tenais de mon ancienne vie. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours su me battre avec ou sans armes. Je continuais ainsi jusqu’à ce qu’une voix me surprit :

  • STOP !!!!

Je m'arrêtais aussitôt mais le capitaine en profita pour l'attaquer par surprise. Il parvient à m’attraper le bras et me le bloque dans le dos me bloquant de tout mouvement.

  • Je te l’avais dit gamine que je t’aurais. Tu n’es pas si forte que cela. Toi et ton ami allaient croupir en prison.
  • Puis-je savoir ce qu’il se passe içi ? demanda une voix que je reconnaissais.

Noah ! Mais que faisait-il ? Il devrait nous ignorer s’il ne veut pas être mêlé.

  • Cela ne te regarde pas ! cria l’homme en tournant la tête.

Son visage se liquéfiait sur place et devint d’un blanc laiteux.

  • Je… Je…. Pardonnez-moi, mon prince, continua l’homme. 

Sa réponse me choqua, prince, Il venait d’appeler Noah : prince. Cela ne pouvait pas être possible. Je relevais la tête et l’observais. Noah se tenait droit devant nous, rayonnant de prestance.

  • Soldat, puis-je savoir ce qu’il se passe ici , redemanda Noah, enfin je veux dire le prince.
  • Majesté, ces deux jeunes personnes sont des voleurs. Depuis des années, nous essayons de les attraper et enfin nous y sommes parvenus.
  • Je vois, soupira le prince en se tenant le menton comme s’il réfléchissait. Si je comprends bien, cela fait des années que des enfants vous échappent. Je pense qu’il y a un problème, soldat. Comment de simples enfants peuvent-ils vous échapper, vous qui êtes entraînés depuis des années ?

Le soldat devint encore plus blanc, je ne pensais pas que cela soit possible.

  • Garde, relâchez ces jeunes personnes, ordonna le prince aux soldats.

Puis il se tourna vers nous.

  • Quant à vous deux, je vous laisse libre pour cette fois mais que cela ne se reproduise pas sinon je serai dans l’obligation de vous faire arrêter.

Je regardai le prince, mais ce que je voyais dans ses yeux était une mise en garde mais une chaleur se dégageait de son regard.

Aussitôt, le prince suivit les soldats jusqu’au palais, nous laissant bouche bée.

Nous nous regardons avec Baldo, ne réalisant pas vraiment ce qu’il venait de se passer. A vrai dire, j’étais totalement perdue : l’homme qui m’avait aidé pendant des jours, cet homme que j’ai observé dans les vergers, l’homme qui s’inquiète de savoir depuis combien de temps, je n’ai pas mangé. Cet homme-là n'est autre que le prince. Je peinais à réaliser. Alors que l’on s'apprêtait à partir, un homme m’attrape violemment le bras :

  • Ne croyez pas que vous allez pouvoir partir, des années que vous nous volez et maintenant que l’on vous a, on va vous laisser partir sans rien dire ou rien faire.
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