chapitre 5

Par Anais

Maëlle s’arrêta devant la porte entrouverte de la cour. Le ciel était d’un bleu limpide, sans nuages et avec seulement quelques rayons du soleil levant. Tout était calculé ici pour que chaque éventuelle situation auxquelles un garde pourrait être confronté, soit reproduites et puissent être mis en scène. Par exemple, une petite rue avait été construite, il y avait aussi un appartement, des jardins, un magasin et tous les autres espaces de la vie quotidienne. Il y avait même un balcon fleuri. Des comédiens - choisit par Hard - jouaient les scènes et le soupirant devait savoir comment gérer la situation.

Au centre de la grande cour et de cette mini-vile, il y avait un grand espace vide ou l’on pouvait s’entrainer aux combats. Des armes étaient rangées dans un petit cagibi, bien à l’abri de tout éventuel vol.

La jeune fille entra et vit Noah en train de discuter avec un groupe de gens qui l’écoutait avec attention. Les moindres faits et gestes du garçon étaient suivis au millimètre près.

La colère déjà présente depuis son réveil dans une chambre qui n’était pas la sienne remonta violemment à la surface et elle se précipita avec dureté vers le petit groupe de personne. Elle se positionna face à eux, les mains sur les hanches, dans le dos de Noah. Son regard les tenaillait et était rempli de reproche. Tous l’avaient vu et la regardaient à présent avec effarement. Seul le jeune homme continuait à raconter son histoire avec avidité, gesticulant pour accentuer ce qu’il disait. Remarquant qu’on ne l’écoutait plus, il se retourna et se figea à la vue de ce dragon furibond. Cela aurait été une autre fois, Maëlle aurait surement laisser couler, mais manque de chance, elle était d’humeur massacrante. Elle l’empoigna et l’emmena au centre de l’arène avec un regard d’avertissement pour les autres gardes.

- Tu sais te battre? demanda Maëlle en le relâchant violemment.

- Pas autant que toi je suppose, plaisanta-t-il.

Le regard de la jeune fille devint noir, mais Noah l’ignora.

- Bon je ne sais pas si tu te souviens, mais ce n’est pas mon sport préféré, mais je suis bien obligé d’apprendre non? Donc je te laisse commencer le combat quand…

La jeune cheffe des gardes ne lui avait pas laissé finir. Elle était déjà en garde et lui avait décoché un violent coup de poing au visage. Il fut propulsé sur le côté et par instinct, sa main avait couvert sa joue touchée.

- Toujours regarder autour de soi et ne jamais être déconcentré. Une attaque peut arriver à tout instant. N’hésite pas à tourner sur toi-même pour avoir l’œil sur tout. En équipe, situez-vous de manière stratégique: chaque espace doit être surveillé, s’écria-t-elle, fixant son visage perdu.

Elle lui encocha un coup de pied dans la cuisse et se repositionna, tournant autour de sa proie.

- Ne laisse jamais voir que tu es blessé.

Cette fois-ci ce fut Noah qui agacé, tenta de lui décocher un coup de marteau, mais tout se lisait dans ses yeux bleus et Maëlle n’eut aucun mal à parer son attaque et entrer dans son périmètre d’intimité.

- Ne laisse aucune émotion trahir ta pensée, cria-t-elle en lui attrapant les épaules et en le tapant au ventre avec son genou.

Il s’affala sur ses genoux, plié de douleur. Il releva tout de même la tête, attentif à ce qu’elle allait lui dire. Il l’écoutait avec tant d’attention que cela la perturba. Il respirait par saccade et un hématome commençait à se former sur sa joue blessée. Ses cheveux étaient déjà trempés de sueur alors que la garde n’était point fatiguée et encore moins essoufflée.

Elle se détourna, troublée et dit avec le plus de calme dont elle était capable.

- Ne jamais laisser quelqu’un entrer dans sa bulle d’intimité. Cela peut être fatal.

Maëlle s’éloigna légèrement, puis s’arrêta. Elle lança par-dessus son épaule.

- Va boire et on reprend. Il va falloir apprendre à encaisser si tu veux t’améliorer.

*

Assis sur sa chaise de bureau, les pieds sur la table, elle contemplait la pièce où elle se trouvait sans vraiment la voir.

Elle venait de terminer un entretient avec un gars de la garde, placé dans un domaine qui ne lui plaisait apparemment pas. Elle l’avait placé dans un autre secteur, à voir si cela lui plairait.

Elle était censée à présent chercher d’éventuelles opportunités pour lui, mais la matinée passée avec Noah ne cessait de lui revenir. Il s’améliorait énormément. Voilà seulement quinze jours qu’il était là et possédait des facultés que beaucoup de gardes ne possédaient pourtant pas après trente ans de carrière. Bien que le poignet de Noah s’était brisé lorsqu’il avait enfin réussi à lui mettre un coup de poing à l’épaule et que cela lui déplaise beaucoup qu’il l’ait atteinte, son instinct de professeur avait pris le dessus et la fierté l’avait envahi. Bientôt ils pourraient procéder ensemble à une découverte de la ville en tant que garde. Mais cela lui demandait d’avoir la permission de Hard. Elle se leva en soupirant et ouvrit la porte du bureau. Maëlle se retrouva nez à nez avec Noah, les joues en feu, les cheveux en bataille, le regard vitreux, le front ruisselant et accoutré des mêmes vêtements que tout à l’heure. Son bras gauche était collé contre son ventre transpirant et son autre main s’apprêtait à frapper.

L’inquiétude s’empara de la jeune fille malgré elle.

- Que se passe-t-il ? s’écria-t-elle, paniqué.

Il se figea, surpris.

- L’infirmerie est fermée, marmonna-t-il, la douleur et la fièvre prenant le dessus.

Maëlle n’avait pas mesuré l’étendue de la blessure.

- Entre, je vais faire ce que je peux avec mes connaissances.

Elle le laissa entrer et se mis à fouiller dans le placard, tremblante, avec un sentiment de peur qui l’oppressait. La jeune chef des gardes n’avait pas pris le temps de réordonner le bureau de Joséphine et c’était décidément le désordre.

Après quelques instants, elle trouva un gros rouleau de bandage et lui indiqua d’un signe de s’approcher. Il posa son bras flageolant devant elle. Maëlle pris délicatement son poignet chaud. Elle se sentit rougir mais ne broncha pas. Son corps était si près d’elle. Ils étaient si proche l’un de l’autre. Elle s’empêcha de vaciller et constata que le garçon ne semblait pas ce soucier de leur proximité. Ses dents étaient serrées et il était rouge de douleur. La jeune garde se remémora les techniques qu’elle avait apprises et les exécuta. Un craquement se fit entendre et Noah laissa échapper un gémissement. Satisfaite, elle embobinât sa peau et fit un petit nœud solide.

- Merci.

Elle leva les yeux et les posa dans son regard bleu. Il l’analysait et cherchait à lire à travers elle. Elle aurait dû s’écarter, le repousser mais son corps chaud si près d’elle embrunissait son esprit. Il n’y avait plus rien autour d’elle, plus que lui. Elle se sentait vulnérable, petite et infime dans ce monde si grand.

Elle aussi se mit à l’analyser, scrutant son visage. Il c’était beaucoup amélioré à rester de marbre, mais Maëlle avait tout de même une grande expérience. Du doute. Des questions. De l’admiration. De l’inquiétude. Et un petit autre chose qui la fis revenir sur terre. Elle détourna les yeux, les joues en feu, furieuse de s’être laissée aller et le fut encore plus lorsqu’un sourire se dessina sur les lèvres de Noah.

- Bon, quand tu seras en forme, je demanderais à Hard si nous pouvons nous rendre en ville pour que je t’explique comment cela marche puis quand tu seras prêt nous commencerons notre mission, dit-elle encore palpitante.

- Celle de trouver la sorcière ?

Maelle se tourna vers lui et hocha la tête.

- Effectivement.

- Tu sais comment la trouver ?

- Si je savais tu ne serais pas là.

Il ne répondit pas.

- Où est-ce que je peux voir le dossier de l’affaire ?

Cette fois-ci ce fut la garde qui ne répondit pas. En soit, ce genre de chose était tenu secret et personne n’y avait accès ou seules quelques personnes avaient l’autorisation de pouvoir le consulter et Maëlle en faisait partie. Seulement, le jeune homme faisait équipe avec elle et il pourrait fortement l’aider et avancer les recherches.

- Il faut te rendre au secrétariat et remettre ceci, dit Maëlle en lui tendant un papier sur lequel elle venait de noter des instructions. Demandes-y le dossier n°D5395.

- Dossier 5000 et quelques et la 4ème lettre de l’alphabet ? Il y a beaucoup de dossier, non ?

- Un pour chaque infraction et affaire, murmura-t-elle.

Les sourcils du jeune homme se froncèrent doucement.

- Lorsque nous étions sous une démocratie, les trois pouvoirs étaient séparés, tu te souviens des cours de 4eme ?

- Oui, législatif, exécutif et judiciaire.

- Exactement. À présent tout est rassemblé, Hard décide des lois, les faits appliqués et vérifie qu’elles ne sont pas négligées par notre intermédiaire. Soit, on arrête, on enquête et il juge selon ses lois ici. Il y a donc tous les dossiers au même endroit et c’est Hard qui commande tout donc pour chaque infraction et il les juge toutes, quelle qu’elle soit.

- Et tu en penses quoi toi ?

Maëlle se tut et détourna le regard. Elle se rendit compte que cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas parlé politique mais surtout qu’elle avait parlé à quelqu’un aussi longtemps sans le repousser et partir. Un sentiment perturbant s’empara d’elle et ne sachant plus ou se mettre s’empara d’une pile de dossier. Elle voulait à tout prix s’en aller et ne pas commettre d’autre infraction à ses lois personnelles. Elle ouvrit la porte difficilement et avant de fermer la porte, se força à tourner la tête pour regarder Noah qui la contemplait hébété.

- Dès que tu as le résultat de l’infirmière je te pris de me les communiquer. Je vais demander à Hard une date et on espère qu’elle collera. En attendant repose toi bien, j’ai besoin de toi au plus vite.

 

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