Chapitre 5.3 Une rencontre fortuite

Le petit groupe de Lucan arriva à l’échoppe délabrée. Elle n’avait pas changé depuis la veille selon Cattleya et Ymir qui allaient enfin savoir ce qui se cachait à l’intérieur. Ymir observa le haut du toit et crut distinguer un oiseau noir s’envoler juste avant de le voir. Puis, Lucan tambourina à la porte.

— Gahorn ! Gahorn, nous vous cherchons, c’est important !

Les trois visiteurs pouvaient entendre des bruits provenant de la demeure. Ils discernèrent des mouvements et des sons de verre s’entrechoquant. Puis, les pas résonnèrent sur le sol montrant une approche vers l’entrée principale. Cattleya recula d’un pied pour jeter un œil à l’angle du bâtiment abandonné pour s’assurer qu’aucun piège ne pourrait leur être tendu. 

— Oui, certes ! Diable. J’arrive !

Le bruit d’un impact sur la porte vibra, puis de nombreux verrous furent actionnés. Ce son métallique était très identifiable. Ymir se posta la première en gardant dans sa main le pommeau de son épée. Elle serait aussi vive qu’une salamandre. Lucan se tenait juste à côté d’elle, mais voulut calmer la nécromancienne. Quant à Cattleya, elle continua de regarder sur le côté et aperçut une ombre s’évanouir. Gahorn ouvrit la porte et laissa apparaitre un tieffelin en robe de chambre. Il montrait un visage très fin, de longues cornes qui sortaient au-dessus de ses cheveux en forme de pointe. Il était plus petit qu’Ymir et plus fluet. Il venait à peine de rentrer et s’apprêtait à dormir. Ymir semblait déçue et ne put dire un mot. En l’absence de réaction, l’occultiste intervint.

— Où étiez-vous hier soir ? demanda Cattleya sans préambule.

— Bonjour à vous aussi, répondit Gahorn en grinçant des dents et en toisant l’humaine. J’étais sortie, je ne suis pas encore ouvert, j’ai moult réparations à faire.

— Nous avons besoin de vous ! lança-t-elle. Nous souhaitons requérir vos services d’arcaniste, si cela ne vous dérange pas.

— Entre tieffelins nous pouvons nous entraider, suggéra Ymir. Vous aspirez à être accepté par les Gondalfiens.

— Cela serait dans ton intérêt, annonça Lucan avec calme.

— Très bien, ne touchez à rien !

Il referma la porte promptement et retira une chaine raclant le bois de la structure, pour les laisser entrer. Puis, il enleva des lames de planches pour permettre à la lumière de s’introduire par les deux fenêtres de façade. Cattleya et Ymir virent une pièce sur terre battue et quatre murs faisant office de maison. Elles aperçurent quelques étagères, ainsi que des tables sur lesquelles étaient rédigés de vieux parchemins. Un établi fut monté dans le coin du local et transformé en alambic pour de l’alchimie. Elles remarquèrent à nouveau des rangements avec des artefacts étrangers, des bocaux et des lianes, mais ces dernières ne ressemblaient pas à celle de la forêt.

Ymir regarda un peu partout, trop intriguée par l’environnement et l’individu. Elle vit des crânes de différentes espèces, un râtelier au plafond avec de nombreuses plantes, certaines remuant à la lumière du matin, d’autres s’efforçant de la fuir. La tieffeline recherchait le moindre objet suspect ou démoniaque, mais rien ne lui sauta aux yeux.

Gahorn était en train de bricoler derrière son comptoir, comme pour ranger ses clés ou les barres qui bloquaient les fenêtres de son échoppe. Puis, il se redressa fièrement et se retourna vers eux.

— Je suis actuellement dans l’incapacité de livrer quelconque élément enchanté ou bien potion.

Cattleya sortit immédiatement la perle magique sans attendre qu’il termine sa phrase. Elle tenait sa main à plat et les yeux du tieffelin étaient plongés dedans.

— Savez-vous ce que c’est ? prononça-t-elle simplement.

— Puis-je ?

Gahorn récupéra la perle après l’approbation de Cattleya. Il la saisit délicatement avec deux doigts et la fit rouler dans sa main en espérant une réaction, mais rien. Il releva la tête et aperçut Cattleya en train de l’observer avec grande attention le moindre de ses comportements. 

— Ce serait facilement perceptible avec un sort d’identification, mais cela ne sera pas gratuit. Je veux être payé pour mon travail !

— Combien ? demanda seulement Cattleya.

— Dix pièces d’or !

— Non !

— Très bien, reprit aussitôt Gahorn en réfléchissant intensément. Alors, simplement pour les composants et la rédaction du parchemin… quatre et j’attendrais les six autres.

Ymir s’avança vers eux et croisa les bras devant lui laissant apparaitre ses cicatrices. Gahorn lança un petit regard furtif et semblait impressionné par leur vie d’aventurier. Ymir se voulut intimidante et elle montra qu’elles étaient prêtes à en découdre.

— Seulement quatre pièces d’or et je ne peux pas descendre plus bas.

Ymir scruta Gahorn de la tête au pied. Ses mains étaient calleuses et son visage était vieilli par le travail acharné. Elle comprit que c’était aussi un tieffelin fier et qui ne se laisserait jamais marcher dessus. De toute évidence, il ne venait pas d’une famille aisée, contrairement à elle.

— Écoute Gahorn, nous sommes une bande d’aventuriers aidant Lucan à la reconstruction de Gondalfen, annonça Ymir avec gravité. Nous avons besoin d’en apprendre plus sur cette perle et quelques potions. C’est nécessaire pour endiguer la maladie de la forêt. Donc si tu pouvais effectuer un acte généreux, ce serait grandement utile pour la préservation de Gondalfen et donc de ton échoppe.

— Les fameux, reprit Gahorn en les dévisageant. Je ne peux pas être plus charitable. Mes matériaux sont chers et raffinés !

— Là, je te demande juste une investigation, de me dire tout bonnement à quoi ça sert ! ressurgit Cattleya avec une pointe d’agacement. Inutile d’employer tous tes artefacts pour activer son pouvoir ou son effet. Il en va de même pour les potions, cela devrait être dans tes cordes d’identifier de simples fioles.

— Attends Cattleya ! coupa Ymir ayant relevé une information. Nous avons remarqué que vous vous rendiez vers les grottes et les mines. Peut-on savoir pourquoi ? C’est étrange, non, pour quelqu’un d’aussi raffiné !

— Je ramassais des champignons et des mousses qui poussent sur les murs de l’ancienne mine, brailla-t-il. Ils brillent dans le noir, c’est plus facile la nuit ! J’insiste, je ne peux pas travailler gratuitement. Auriez-vous quoi que ce soit pour que je puisse rentrer dans mes frais ?

— J’ai un trophée ! intervint Cattleya.

— Est-il magique ou quoi que ce soit ?

— C’est vous l’arcaniste, à vous de me le dire !

Cattleya sortit un crâne d’orc de son sac. Elle songea qu’elle devrait s’en débarrasser avant d’accompagner Thash dans la forêt et que cette dernière le découvre. Il en scruta le moindre détail. Puis, il demanda l’autorisation pour l’avoir entre ses mains. Il l’ouvrit et regarda la chair restante. Il retira un à un les dents et les glissa dans une jarre. Enfin, il rangea le crâne à côté des autres.

— Cela fera plus que l’affaire !

Il se dirigea alors vers une de ses tables voisines et sortit un parchemin. Il saisit la perle avec seulement deux doigts et commença à réciter une incantation. Ses yeux se mirent à briller en douceur puis ce fut au tour de la perle.

— Il s’agit d’une perle de pouvoir, annonça-t-il. C’est un élément très rare confectionné par un sorcier sûrement dans le but de cacher sa sorcellerie aux autres. Normalement, ils préfèrent dissimuler leur don dans un objet plus particulier, mais celui-ci semble avoir été généré de manière surnaturelle.

— Quel genre de pouvoir ?

— Vous devez vous lier à l’élément pour le savoir. Vous devrez fusionner avec cette perle pour absorber sa magie et l’obtenir. Il peut être néfaste pour vous comme bénéfique. 

Cattleya réfléchit un instant et émit un doute. Elle pensait au pacte qu’elle avait déjà réalisé pour recevoir ses dons ténébreux avec la guilde de la Croix noire. Elle ne savait pas si cela produirait un effet contraignant ou non. Elle se demandait également quel genre de sorcier aurait abandonné son pouvoir unique et si cela ferait d’elle une sorcière après s’en être imprégné. Elle jugeait qu’il n’y avait qu’une façon de le savoir et elle ferma les yeux pour tenter de l’absorber. La perle se dissolut dans le creux de sa paume et brilla d’une douce lumière. Sa main rayonna, ensuite son bras et enfin tout son corps. Elle sentait une différence, mais sans comprendre laquelle.

Au même moment, Gahorn avait empoigné les potions qu’Ymir lui avait données pour les observer de plus près. Il s’était dirigé vers son alambic et commençait à les tester. Il prit une goutte de chacune et les installa dans un réceptacle pour les étudier. Il renifla également toutes les fioles et nota leur couleur.

— Là-dedans, vous possédez un remède de guérisons majeures, un flacon de poison et une préparation de force de géant de pierre.

Ymir récupéra la potion de force pour elle et glissa les autres dans une sacoche pour Elaron et Isil. Elle le leur donnerait à leur retour.

Pendant ce temps-là, Thash, Elaron et Isil discutaient. Thash parla de la situation dans la forêt. Elle expliqua qu’elle essayait de contenir l’infection et les animaux, mais c’était parfois compliqué. Elle se retenait de tuer les bêtes, même malades, autant qu’elle le pouvait. Elle se préparait un repas que lorsque les animaux étaient gravement blessés. Elle précisa que la corruption était agressive. Plus le temps passait, plus Thash s’impatientait en grognant.

Elaron était mal à l’aise. Il n’osait pas croiser le regard de cette demi-orc pour éviter tout risque de morsure. Isil la fit patienter en lui demandant de parler de la forêt. Seulement, beaucoup bavarder était pénible pour Thash. Alors, Isil continua la conversation seule.

— Parlez-vous souvent avec insistance pour ne rien dire ? questionna Thash.

— Je devrais vous présenter Dola, soumit Isil avec un petit rictus.

— Que font-ils les autres ? demanda Thash en levant une lèvre menaçante.

Lucan, Cattleya et Ymir revinrent enfin. Ymir donna la potion de soin à Elaron et le poison à Isil. Ils échangèrent leurs informations.

Lucan ne savait pas comment guérir le mal du bois aux lianes et s’en remettait au groupe. Elaron était prêt à partir et regrettait que Lucan n’ait pu venir. Isil et Thash étaient également parées. La demi-orc tapa une fois de plus sur le sol avec sa lance.

— Revenez en vie ! Et revenez vite ! déclara Lucan avec inquiétude.

Chacun lui fit un signe d’au revoir à leur ami et Thash mena la troupe vers la forêt, mais pas par le même chemin que Grivault et Arma. Ils arpentèrent des champs qui n’étaient pas encore cultivables. Les herbes étaient hautes et ils n’aperçurent bientôt que les têtes dépasser.

Thash demanda à tous de maintenir le silence et emprunta des chemins discrets et non visibles. Aucun sentier n’avait été créé pour rejoindre cette partie de la forêt. Cattleya commença à douter. Elaron s’inquiéta de ne pas voir ce qui se trouvait à la base de ses pieds. Isil resta confiante et conserva un bon rythme de marche, quant à Ymir, elle gardait une main sur ses armes. 

— Au fait, quand vous découvrirez Nuth, ne l’attaquez pas ! Il ne vous attaquera pas. Faites-moi confiance !

— C’est quoi ? Un demi-orc ? demanda Cattleya.

— Je… je ne saurai vous dire.

Cattleya la regarda avec insistance et appréhension.

Un soleil de début d’automne réchauffait le bourg du village. Alors que plus ils arpentaient les champs, plus la canopée des arbres projetait une ombre et une fraicheur qui s’intensifiaient au fur et à mesure qu’ils avançaient. Après quelques minutes de marches, ils commencèrent à apercevoir les traces des plantes atypiques. La menace redevint réelle.

Thash les mena vers un lieu où se trouvèrent d’étranges amas de buissons. Elle fit un geste brusque pour les arrêter nette devant l’un d’entre eux. Ce bosquet paraissait tout à fait ordinaire.

— Gardez vos armes rangées, s’il vous plait !

Ymir et Isil remarquèrent ce buisson les premières. L’elfe par habitude et la tieffeline étant restée sur ses gardes durant tout le trajet. Elaron était trop inquiet et observait les horizons avec une légère crainte de la moindre branche qui craquait. Quant à Cattleya, elle surveillait leur arrière. Voilà pourquoi, Isil et Ymir furent les seules à voir cet œil doré à l’intérieur de ce fourré qui remua lentement. Il se souleva petit à petit pour arriver au niveau du genou de Thash, puis de sa hanche. Il s’éleva encore et encore toujours plus haut pour dépasser son épaule et ensuite sa tête et davantage. Les branches et les feuilles tombèrent les uns après les autres et elles aperçurent en dessous de ces branchages un long corps parsemé de poil brun et des tatouages rouges. La drôle de créature portait une armure en peau de bête et des ossements. Isil et Ymir découvrirent un [bugbear] avec un visage dur, recouvert de fourrure, de grandes oreilles et des dents protubérantes. Elles reconnurent cette race comme étant les plus gros soldats du camp des forces du mal.

— Nuth, je les ai trouvés ! proclama Thash.

Cattleya sentit le piège et se retourna vivement en se concentrant et agitant ses doigts. Isil fut inquiète et se rappela à cet instant quelques moments de la guerre. Elle repensa à cette demi-orc qui les avait retrouvés sans savoir comment et se tourna vers Thash.

— Comment avez-vous su où retrouver ceux qui avaient vaincu l’élan ?

— J’ai suivi vos traces, tout simplement. J’ai trouvé l’élan mort alors que nous avions tenté de le tuer depuis des jours.

— Vous êtes druide ? demanda Cattleya à Nuth sans aucune conviction.

Il hocha la tête de manière négative. C’était presque évident qu’il n’appartenait pas à ce peuple dans la forêt. Elle remarqua qu’il avait une grosse armure de guerrier ainsi que de nombreuses cicatrices. Il portait une grande hallebarde, ainsi que deux haches. C’était de toute évidence un ancien soldat de la guerre qui les opposa. Tout cela n’était absolument pas rassurant.

— Dans quel camp étais-tu ? demanda Elaron avec crainte.

La créature les observa avec dédain et pas mal de dégout. Ses yeux dorés les percèrent à jour. Puis, il regarda la tieffeline.

— Comme elle ! grogna-t-il.

— Elle était des nôtres ! répliqua Cattleya.

Ymir était confuse. Elle se sentit mal à l’aise et eut peur que ses nouveaux compagnons ne lui fassent plus confiance. Elle voulait lui arracher ses derniers mots pour lui faire avaler de force et l’empêcher de les répéter.

Cattleya toisa ensuite Isil.

— Sincèrement Isil. Qu’est-ce qu’on fait là ? Regarde, nous avons suivi une demi-orc dans le fond des bois qui nous amène face à notre ennemi de guerre. Ne trouves-tu pas cela étrange ?

— Vous a-t-il attaqué ? protesta Thash.

— Cela ne serait plus tarder, répliqua Cattleya en jetant un regard noir à la demi-orc.

— Si j’avais voulu que tu sois morte, tu le serais déjà ! lança Nuth.

— Je ne crois pas ! rétorqua Cattleya. Tu souhaites peut-être tenter ta chance !

D’un seul coup, Cattleya se retrouva avec une hallebarde juste sous la gorge. Elle put sentir la lame finement affutée. Cette dernière fit apparaitre une légère pointe ténébreuse juste derrière la nuque de Nuth. La perle avait augmenté ses capacités magiques et lui permit de nouveaux tours dont elle prit conscience.

— Bon, arrêtez vos enfantillages ! lança Ymir avec désinvolture tandis que Nuth relâcha son arme. Nous ne sommes pas là pour nous affronter, si ?

— Je t’avais dit que ce n’était pas une bonne idée, répliqua Nuth à l’attention de Thash.

— Qu’est-ce que tu veux ? demanda Ymir.

— Moi, rien ! annonça Nuth d’une voix monocorde.

— Nous souhaitons la même chose, rétorqua Thash qui balança un regard sévère à Nuth pour l’empêcher d’être provocateur. Sauver la forêt !

— Ce n’est pas l’impression que ça donne, dit Ymir.

— Quel est ton intérêt ? questionna Cattleya à Nuth qui ne croyait pas en l’âme charitable de cette créature.

— La vengeance !

— De qui, de quoi ? demanda Ymir.

— Cela ne vous regarde pas !

— Très bien, dans ce cas, nous pouvons faire demi-tour, annonça Ymir faussement vexée.

— Thash ! s’imposa Isil. Dans quelle direction est-ce ?

— Isil, tu ne vas pas suivre les gens aveuglément quand même ! intervint Cattleya fatiguée de la naïveté de l’elfe.

La demi-orc avait lancé son bras dans un sens. Puis, Nuth s’avança avec sa hallebarde au sol d’une manière menaçante en comprenant que la situation n’allait pas progresser s’il ne se dévoilait pas. Cattleya prit cette action pour un véritable danger et prépara sa magie. Ymir s’inquiéta à son tour et fixa de ses yeux rouges, prête à bondir. Elaron resta figé sur place et attendit les yeux rivés sur cette menace. Quant à Isil qui s’impatientait, elle s’élança hors de la vue de tous et quitta les lieux.

— Les humains, les elfes, normalement moi je les extermine, annonça Nuth sans préambule. Cela a toujours été ainsi ! Car les humains et les elfes, ça nous tue ! Seulement, quelque chose d’autre a abattu toute ma tribu. Je suis le dernier. C’est ce truc-là que vous allez participer à massacrer.

Ymir et Cattleya comprirent la vengeance que Nuth portait en lui.

— Mais devons-nous nous attendre à des représailles ? demanda Elaron. Nous feras-tu assez confiance si nous réussissons à vaincre cela ensemble ? Ou garderas-tu une rancune assez forte pour nous tuer ?

— Je veux juste faire payer ceux qui ont détruit les miens. Si vous êtes lié à cette histoire, alors je vous anéantirai, propre et net. Si ce n’est pas le cas, je m’en vais.

Elaron regarda autour de lui pour attraper une attention compatissante et rassurante de ses compagnons, car il avait peur. Autant de colère et de brutalité effrayèrent le demi-elfe qui n’était pas habitué par ce côté sauvage et primitif.

— Je ne fais confiance à aucun d’entre vous, rétorqua Nuth.

— Ne t’inquiète pas, c’est tout à fait réciproque, avoua Ymir.

— Je vous demande une seule chose, ne soyez pas des boulets.

Cattleya s’agaça par tant d’arrogance. Elle voulait lui prouver sa valeur et à quel point il devrait se méfier d’eux. Elaron le trouvait également condescendant.

— Mais pourquoi t’aiderions-nous dans ce cas ? reprit Cattleya. Débrouille-toi !

— Qu’est-ce qu’on y gagne ? interrogea Ymir.

— Votre chef a besoin d’exploiter la forêt, accentua Thash. Et des vivres ! J’ai obtenu un accord avec votre chef, vous en détenez un avec lui. Par extension nous en avons un, ensemble. Donc faites-moi confiance !

— Si nous t’aidons, nous n’avons aucune assurance que tu n’attaqueras pas Gondalfen, rétorqua Cattleya approuvée par Elaron.

— L’attaquer ? Tout seul ? suggéra Thash qui se voulait rassurante.

— Il vient clairement de nous dire qu’il tuait les humains et les elfes, répondit l’humaine.

— Rien ne l’arrêterait s’il devait croiser le chemin de l’un d’entre nous dans la forêt, reprit Elaron pour soutenir les propos de l’occultiste.

— Je ne compte pas rester ici, clama Nuth. Après avoir massacré celui qui a exécuté ma femme et mes enfants.

— Comme il vient de vous l’annoncer, il détient une vengeance à accomplir, lança Thash. Moi, je souhaite sauver la forêt. Donc, unissons-nous.

Ymir songea subitement à créer un pacte magique pour les empêcher de les trahir.

— Pour que l’on se fasse tous confiance… commença Ymir.

— Je ne vous ferais jamais confiance ! coupa Nuth.

— Arrête ! proclama Thash. Veux-tu que je te rappelle ce qui s’est passé et pour quoi nous en sommes là ?

Nuth grommela et Ymir put reprendre.

— Ce que je vais réaliser, c’est verser un peu de mon sang à chacun d’entre vous. Vous obtiendrez une marque noire qui va s’inscrire sur votre corps. Nous effectuons un pacte ! Nous garderons cette marque et une fois que cela sera terminé, elle disparaitra.

— Et si quelqu’un ne respecte pas sa parole ? demanda Thash.

— Il y aura des conséquences ! articula simplement Ymir avec un petit sourire.

Cattleya tendit sa main directement et attendit qu’Ymir forme ce pacte. Elaron étira sa main fébrilement en laissant ses yeux à demi ouverts. Seulement, l’autre camp ne semblait pas convaincu.

— Mais si vous nous connaissez, vous nous faites confiance ! rejeta Nuth.

— Ah oui ? Dans ce cas, vous, vous nous connaissez ! Est-ce que vous nous faites confiance pour autant ? demanda Cattleya. Nous sommes pourtant venus jusqu’ici.

— Voilà le pacte que je vous propose, relança Ymir. Sinon vous vous démerdez tout seul !

— C’est de la magie du sang ? interrogea Nuth.

Ymir acquiesça de la tête pour répondre à la question de Nuth, puis s’entailla la main et prononça une incantation. Ensuite, elle saisit le bras de Cattleya puis celui de Thash qui accepta sans rechigner. 

— Elaron, ton bras ! ordonna Cattleya.

Une marque noire arriva et disparut aussitôt sur le bras du demi-elfe. Elaron était toujours aussi inquiet, mais se dit qu’il n’avait surement pas le choix.

Avant de tendre son propre bras, Nuth se trancha la paume de la main et attrapa avec force celle d’Ymir. Il fixa la tieffeline dans les yeux pour sonder son esprit. Ymir sentit le sang de la créature rentrer dans son bras. Elle ne comprit pas ce qu’il venait d’effectuer, mais elle savait que ce n’était pas de la nécromancie.

Puis, Cattleya se retourna vers Isil pour lui poser une question, mais elle remarqua qu’elle n’était plus là. Elle venait de disparaitre.

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