— Bonjour, je voudrais voir celui qu’on surnomme Le Persan. Je m’appelle Thomas Le Forban, je suis détective privé.
Le réceptionniste de l’Opéra Garnier leva un sourcil tout en prenant la carte du nouveau venu.
— Puis-je savoir pourquoi ? C’est à propos de l’attentat ? La police est déjà venue interroger tout le monde.
— Je n’en doute pas une seconde, Monsieur, mais je souhaite m’entretenir avec lui. Si cela vous incommode, je peux aller m’adresser aux directeurs.
La menace s’avéra efficace, l’homme le guida jusque dans les coulisses. Le Persan s'occupait de récupérer les restes utilisables des anciens décors ravagés.
— Hé le basané, y’a ce limier qui veut te causer, beugla-t-il plein de mépris.
L’intéressé ne leva même pas la tête poursuivant son inspection imperméable au dédain du secrétaire. Ce dernier s’éloigna en maugréant.
— Ils auraient dû le virer lors de l’affaire du fantôme…
Thomas attendit en silence que cet importun grognon eut disparu au détour d’un couloir pour s’adresser à celui qu’il venait voir.
— Bonjour, Monsieur, je me présente : Thomas Le Forban, détective privé. Je voudrais vous poser quelques questions au sujet de l’homme masqué qui vit sous le Palais.
Le Persan leva le nez de son ouvrage et regarda droit dans les yeux son interlocuteur.
Il passa plusieurs secondes à l’inspecter avec attention de la tête aux pieds. Une vague d’angoisse submergea Thomas en imaginant qu’il pourrait découvrir la supercherie.
— Le fantôme a quitté l’opéra il y a des années, après les événements tragiques que vous savez sûrement.
— Je suis un ami de Melle Fèvre, la demoiselle que vous avez évacué le soir de l’explosion. Elle se souvient clairement d’un homme masqué qui l’a violentée. A n’en pas douter, ce sinistre personnage est toujours là.
Thomas parlait d’un ton catégorique et sec. Son cœur tapait fort dans sa poitrine en repensant aux événements de cette soirée. Il connaissait la vérité. Il devait montrer à son interlocuteur l’inutilité de lui mentir.
Le Persan jura dans une langue inconnue.
— La dernière personne qui a voulu rencontrer le fantôme est le Comte de Chagny. Et vous savez quel fut son tragique destin[1].
La menace voilée effraya pendant une seconde Thomas. Il sentit une bouffé de chaleur lui monter aux joues. Son esprit se perdit quelques instants avant qu’il ne revienne maître de lui-même. Il ne devait pas se dégonfler.
—Pouvez-vous m’en dire plus sur cette sirène qui a disparu ? Je suppose que vous n’en avez pipé mot à la police.
Aucune réaction de son interlocuteur. Il plongea son regard noir dans les yeux clairs du jeune détective mettant ce dernier encore plus mal à l’aise.
— Non en effet.
— Ni de l’homme au béret que Melle Fèvre suivait.
— Exact.
— Et vous vous doutez comme moi que quelque chose de plus grave se prépare. On ne fait pas sauter la moitié de l’opéra Garnier pour voler une quelconque « sirène ». J’ignore ce qu’est cette chose, mais cela a fortement contrarié le fantôme et vous le couvrez. Dites-moi comment lui parler, je n’en aurai pour pas longtemps. J’ai besoin d’informations pour orienter mon enquête.
L’homme resta silencieux un moment.
— Vous avez déjà payé les frais des actions du fantôme. Si vous ne me conduisez pas à lui, je ferai en sorte qu’on sache qu’une fois de plus vous le protégez. Peut-être que cela préviendra des morts inutiles.
— C’est la vôtre que j’essaie d’éviter, déclara l’employé de l’opéra de but en blanc.
Le cœur de Thomas se stoppa. Cela dû se voir sur son visage car le Persan esquissa un petit sourire.
— Je suis désolé, Monsieur, mais je ne prendrais pas ce risque, conclut l’homme au turban en se focalisant de nouveau sur son ouvrage.
Thomas se mordit la lèvre inférieure. Il se souvint alors des conseils de son père sur l’assurance.
— Très bien. Je sais où débute le couloir vers les souterrains. Je me passerai de votre aide.
Alors qu’il faisait demi-tour pour se diriger vers les loges, le Persan se leva d’un bond et le saisit par le bras. Le jeune travesti ne s’attendait pas une telle réaction. Il se laissa plaquer contre le mur sans broncher.
— Écoute petit fouineur, le dernier qui a fait le malin en allant dans l’antre du fantôme a péri noyé. Alors tu rentres chez ta mère avant qu’il ne t’arrive une mésaventure ! Ce palais a suffisamment connu son lot de malheur sans qu’un blanc-bec ne vienne y mettre son grain de sel.
Thomas se sentit mal, le regard noir du Persan était si étrange… Les yeux de l’homme à la peau basanée tournaient dans leurs orbites. Sa volonté l’abandonna.
— Maintenant, tu vas gentiment rentrer chez toi, et ne plus te mêler de nos affaires. Compris ?
Totalement hypnotisé et dans un état semi-conscient, Thomas tourna les talons en titubant. Son errance le conduisit dans son studio. Il monta dans la chambre de bonne et s’endormit sur le lit en quelques secondes.
[1] Lire le fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux ;)
L'enquête commence, c'est intéressant. Je ne suis pas très polar en général, mais j'accroche.
Je pense cependant que le rythme va trop vite. N'hésite pas à faire des transitions et à faire plus de descriptions. Surtout que ta plume est agréable ! :)
A bientôt !
La menace s’avéra efficace" = Sur cette phrase, je pense que tu devrais amplifier la menace. En soi, aller parler aux directeurs n'a rien de vraiment menaçant - pas comme tu l'annonces en tout cas - alors une petite indication sur le ton de Thomas, ou une posture plus menaçante, permettra de redonner un peu plus de cohérence.
De manière globale, je te conseillerai de passer plus de temps sur la description, notamment des émotions du personnage, et de ses pensées. Ca donnerait moins l'impression que tout se passe trop vite.
Par exemple, la scène d'hypnotisme est intéressante, mais elle serait plus percutante en t'attardant davantage dessus. Très personnellement (mais là c'est purement subjectif), je trouve que le persan qui hypnotise avec des tourbillons fait un peu "cliché". L'idée me plait énormément, mais peut-être pas décrite de cette manière.
Point très positive : j'aime l'histoire et ce que tu essayes de nous montrer. J'aime aussi beaucoup que ton personnage doive courir après le "fantôme", et qu'on ne le voit pas ré-apparaître trop rapidement. Le fil du suspens est très bien déroulé et je pense que - une fois les maladresses réparées et le récit amplifié - tu pourrais vraiment faire quelque chose de très bon !
En tout cas merci pour ton commentaire, il me va droit au coeur <3
J'aime beaucoup le rythme de ce roman. Les chapitres sont courts, c'est toujours plus plaisant lire ! :-)
J'ai mis ton histoire dans ma PàL parce que j'ai beaucoup aimé le début (un peu ridicule et qui m'a fait rire) ; et je ne suis pas déçue de la suite !
J'aime bien la personnalité des personnages (Erik, dans le 1er chapitre). Toutefois j'ai été un peu déçue (je viens d'écrire le contraire, mais ce n'est qu'un détail) de ne plus ressentir vraiment ce que que ressentait Thomassine dans ce chapitre. Après c'est une bonne idée, je trouve, de l'appeler Thomas.
J'ai pas bien compris certains passages, je m'emmêlais les pinceaux entre les personnages. Héhé. (Ce n'est peut-être que moi ^^')
(Tout début) La transition entre l'après et l'avant est un peu brusque, je pense qu'il faudrait revoir ça... (de mon avis de lectrice jeune auteure, hum, hum)
C'est à retravailler (je pense), mais déjà, je sens que je vais le dévorer ! L'époque tout ça, l'enquête, j'adore ! Et puis, je m'étends sur le côté imparfait, mais il y a beaucoup de positif !
J'espère que ça pourra t'aider ! ^^
J'espère que la suite te plaira !