Chapitre 5 - Alicia, la femme aux intentions sournoises

Notes de l’auteur : Ce chapitre est celui qui va révéler l'identité de la plupart des personnages capitaux et en dire plus sur celle d'Alicia Benson, la mère de Mike et de sa fratrie. A partir d'ici, on aura une idée de qui est réellement cette femme qui est autant détestée par son propre fils et que plusieurs indices laissent paraître comme étant l'antagoniste principal de l'histoire.
Alors, d'après vous, à quel type de personne appartient la matriarche de l'une des plus puissantes familles de Suisse ?

Attablé à la véranda du bar de Carlos, un ami de Ruiz, Mike avaient les yeux qui tournaient au rythme des verres d’alcool qu’il ingurgitait. Plongé dans ses sombres pensées, il jetait souvent un petit coup d’œil au comptoir pour voir quand est-ce que le petit-ami de sa sœur aurait fini de discuter avec le barman.

Le DREAM’S était un bistrot chaleureux et accueillant pour tout jeune aux mœurs légères qui s’adonneraient aux bassesses les plus communes. C’était une planque de ghettosards comme le qualifiaient les vieux du coin. Le bistrot avait déjà essuyé plusieurs bagarres et sa clientèle était réputée pour être une des plus perverties et des plus brutales.

 

À l’accoutumée, Mike n’était pas le genre d’homme à mettre les pieds dans des trous pareils, mais fréquenter le père de son neveu avait eu comme effet de l’amener à faire des choses qu’il n’aurait jamais pensé faire de lui-même.

Parmi ces choses, il y avait évidemment la consommation d’alcool. Étant l’une des premières sources de conflits entre son père et lui, la boisson contribuait à ce que Mike devienne le jeune le plus banal possible, ou plutôt le gosse de riche le plus banal possible.

À la base, l’héritier opposait une petite résistance au levé de coude[1], mais sa faible réticence avait fini par l’avoir à l’usure. Pour cause, il noyait de temps en temps son chagrin et la pression de ses lourdes responsabilités avec l’eau du diable. Une réussite pour laquelle Ruiz se congratulait à chaque instant.

 

- Donc, tù me dices que tu mama est louche malgré toutes les infos positives que tù tienes sur elle ?

- Oui. Je n’y crois pas vraiment. Je flaire quelque chose d’étrange.

- Tù deviens un coyote, maintenant ?

- C’est juste une expression, une manière de parler.

- Ok ! Mais, por qué todo esta paranoia ? Tu papi n’a pas le droit de voyager sans te dire, c’est ça ?

- C’est beaucoup plus que ça, Ruiz. Tu ne comprendrais pas même si je te l’expliquais.

- Ah si ? Péro, ce que yo entiendo et muy bien c’est que tù es un fils à papa, mi amigo.

- Évidemment que non, ce n’est pas ça. Je ne suis pas un fils à papa. En voyageant, père me laisse toujours des directives concernant la manière dont je dois gérer les choses en son absence. Il ne l’a pas fait, cette fois-ci. Et, Il ne peut pas l’avoir oublier.

- Beh ! Peut-être qu’il pense que tù sais maintenant comment faire, a fuerza.

- Non ! C’est bien loin de là. On ne parle pas juste de gérer la villa ou mes petits frères. On parle aussi de l’entreprise et de ses affaires ici à Matte.

- Beh ! Improvise, amigo. Tù connais comment ça se passe, no ?

- Oui ! Mais, on ne rigole pas avec ces choses-là.

- No comprendo. Tù vas au bureau todo el tiempo, no ? Tù connais les affaires en cours et tout le reste du bric-à-brac.

- Non ! Justement ! Il refuse que j’aille à l’entreprise régulièrement. Mon père préfère que je ne m’y rende uniquement que sous ses recommandations. Il refuse que j’aie des affinités avec ses associés. D’ailleurs, je pense même qu’il ne me croit pas assez prêt pour gérer ses affaires et qu’il craigne aussi que ses collaborateurs tentent de me tromper. Voilà pourquoi ça m’étonne autant qu’il soit parti sans rien me dire.

- Et ben ! Je savais déjà que tu papa est compliqué, mais là…

- C’est comme tu dis, en effet.

 

Plus Mike discutait avec Ruiz, plus ses idées alternaient et il élaborait diverses conclusions parallèles.

Son attention s’était relâchée sur sa mère entant que principale suspecte. Il songeait déjà au fait que ce soit l’un des associés de son père qui serait derrière sa disparition.

 

Quelques petits efforts de réflexion plus tard, il finit par revenir sur sa mère, estimant que si la menace serait venue des collaborateurs de son père, rien ne pourrait cependant expliquer l’insouciance d’Alicia ainsi que son comportement toujours sur la défensive de ces derniers jours.

Tout lui ramenait au point de départ et il restait tourmenté par ces informations stériles.

- Ah les hommes ! Toujours en train de comploter avec un verre de bière à la main. Ne vous a-t-on jamais dit que la boisson et la réflexion ne faisaient pas bon ménage ? Pas étonnant que les femmes réussissent toujours à vous attraper dans vos magouilles.

- Ah corazón ! Tù es là ?

- Et voilà l’illustration parfaite de ce que je disais. Tu me vois et tu me demandes si je suis là. Franchement, arrête l’alcool, amor. Ça ne te réussit pas.

- Ah, mais qué hablando ? On ne complote rien du tout. On parlait juste du mariage de tu hermanito.

- C’est vrai ça, Mike ?

Amener le sujet du mariage, ramena l’héritier sur terre et allait peut-être l’éclairer les idées. Il se rappela alors que son ami Alex lui avait rapporté que la dernière conversation téléphonique de ses parents était portée sur le sujet. Puis, tout à coup, il repensa à la visite impromptue de Sydney à la villa et au départ inattendu de son père, le jour même. Tous ces événements inopinés avaient le don de le perturber, lui qui avait toujours été très ordonné et aimait tout planifier à la lettre.

 

- Alors, c’est pour bientôt ?

- Euh ! Quoi ?

- Ton mariage avec Sydney, voyons.

- Euh ! Oui… à ce qui paraît.

- Hein ?

- Bon excusez-moi, je dois vous laisser. J’ai quelque chose à faire.

- Euh… beh ! Tu vas où ?

- À la villa des Withers.

Apparemment, Mike avait trouvé une idée. Son chemin biscornu de pensées lui avait vraisemblablement mené à quelque chose. Quelque chose qui était en rapport avec sa chère fiancée, Sydney.

 

- Tù ves, corazón ? Tu petit hermano est vraiment très amoroso de sa petite fiancée.

- Oui ! C’est une fille bien. J’espère qu’elle réussira à le rendre heureux. Mike le mérite vraiment, tu sais, amor ?

- Si ! Es un chico muy bien. Il mérite ça et plus encore.

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[1] Le fait de boire de l’alcool.

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