Rayn
Je passe toute mon après-midi chez Adélaïde, c'est comme ça chaque dimanche. Nous faisons ce que j'appelle la " Journée consacrée uniquement à l’art ". C'est vraiment nul je sais, mais je n'ai pas trouvé mieux pour définir ce que nous faisons. Particularité de cette journée, elle se déroule dans le silence. Adélaïde me dit que je parle trop et que mon cerveau a besoin de repos, surtout le sien.
Sa chambre est spacieuse tout droit sorti d’un magazine de décoration d’intérieur. Les couleurs qu’elle a choisis reflètent bien sa personnalité : stable, organisée. Elle possède un lit deux places, elle me dit que c’est pour se sentir plus à l’aise. Un bureau, blanc et beige, parfaitement rangé comme elle l’entend. À en juger par l’organisation de sa chambre, son perfectionnisme est un poil obsessionnel, mais ça ne la dérange pas.
Adélaïde retravaille ses photos, elles sont superbes. Particulièrement quand elle prend des photos de Paris. Je suppose que toute la Terre le dit, mais c'est une très belle ville. Si on met de côté les excréments de chien, les fameux "trafic perturbé sur l’ensemble de la ligne", les parisiens TOUJOURS pressés qui ne respectent quasiment JAMAIS le code de la route. Et qui ne sont JAMAIS contents. Les heures de pointe, les pickpockets, les zamoureux qui s’embrassent langoureusement PAR-TOUT. Laissez-moi et mon célibat en paix ! C’est bon j’arrête. Mais regardez, je me plains. Je suis une véritable parisienne dans l’âme.
Enfin, je veux dire qu' Adélaïde fait ressortir sa beauté. Elle est vraiment douée. Elle prend quasiment toujours en photo les paysages. Rares sont les fois où elle a photographié des personnes. Bon il arrive qu’elle me prenne en photo, elle dit que je suis très photogénique surtout quand je dessine. Je lui fait souvent la remarque sur la qualité remarquable de ses travaux et elle m’affirme toujours avec assurance qu’elle le sait, qu’elle a travaillé dur pour ça. J’aimerais avoir autant confiance en moi, cela me faciliterai beaucoup.
De mon côté, je ne dessine pas mais je me coiffe. Quand on pense art on pense peinture, dessin... Mais la coiffure est également un art. Ma coiffure habituelle est juste des tresses sur toute ma tête avec des perles. C’est très long, mais le résultat en vaut la peine ! Je ne sais pas quelles perles choisir alors Adélaïde prend l’initiative. Des perles rouges sa couleur préféré, ça change de d’habitude.
Bien évidement je ne compte pas sur elle pour m’aider elle n’y comprend rien. Je me demande si elle ne fait juste pas l’effort de comprendre.
L’ambiance est calme (normal, on me l'impose). Tout de même, j’aime quand je suis avec Adélaïde, on peut rester dans la même pièce pendant des heures sans se parler (encore une fois, c’est vrai mais on me l’impose). Je l’avoue, parfois, ça me démange ne serait-ce que d'émettre un son. J’ose pas le faire, à coup sûr elle me tuerai.
Je reçois un mail de mon prof principal par rapport à Parcoursup, il nous incite vivement à faire des recherches sur notre orientation, plus vite ce sera fait, moins il y aura de stress. Je brise le silence et demande à Adélaïde si elle a déjà choisi ses vœux et ce qu’elle souhaite faire plus tard, parce que j’en ai aucune idée. C’est étrange que moi, sa meilleure amie, ignore cette information. Elle souhaite devenir neurobiologiste. Parce qu’elle pense que le cerveau est plein de mystères et qu’elle se doit de les découvrir. Elle est dans une filière scientifique c'est logique qu’elle choisisse un métier dans ce domaine au moins elle a un objectif bien précis en tête. Moi j’ai choisi la filière du dessin parce que j’aime, c’est tout. Bon je mens, ce n’est pas la seule raison, c’est juste que je me vois plus dans ce domaine-là. Et puis c’est vrai que je suis un peu je m’en foutiste là-dessus.
Neurobiologiste... Pour moi, le cerveau est le chef. Certains disent que les sentiments doivent prendre le dessus sur la raison mais je ne suis pas en accord avec ça. On peut vivre sans cœur, pas sans raison. La preuve, c’est le cerveau lui-même qui contrôle nos sentiments. Mais d’un autre côté le cœur peut nous faire perdre la raison. Surtout lorsqu’on aime trop une personne.
Soudain Adélaïde me prend en photo. Elle m’a prise par surprise, je ne ressemble à rien avec mes cheveux en pétard. Elle me montre en riant les photos où je suis en train de faire une grimace. J’essaye tant bien que mal de retirer un élastique qui s’était emmêlé à ma tresse. Je dois avouer que j’étais pas mal. Nous commençons à nous battre, je lui force à retirer la photo tout en riant de bon cœur. J’esquive un lancer de coussin, ce qui fait éparpiller toutes les perles par terre. Elle a un rire qui sort de l’ordinaire, on aurait dit un dauphin. Il est vraiment communicatif. Je fini par abandonner. J’ai mal au ventre, je n’arrête pas de rire à cause de ses ricanements. Ces moments de complicité se font rares, cependant, restent intenses et riches en émotions.
Après avoir rangé tout le bazar que nous avons provoqué. Nous commençons notre rituel habituel, qui marque la fin de la journée. Nous nous allongeons, l’une à côté de l’autre. Et puis là, mon moment de gloire : je lui raconte tout et rien, et elle est obligée de m’écouter. D’une oreille attentive et intéressée, mais bon ce n’est pas vraiment une contrainte pour elle. Elle ne l’admettra jamais, mais je sais que ça lui fait du bien. Son excuse ? Elle dit que c’est pour me féliciter d’avoir désactiver ce moulin à paroles pendant plus de deux heures (elle ment, c’est sûr. Trop fière)
C’est vrai que je me sens vraiment bien avec elle. Je peux être moi-même et je ne me sens pas jugée, pas comme les autres membres de ma famille adoptive qui me voient comme une étrangère. Parce que je suis noire et mes parents non. Je m’en fou, mes parents m’ont choisie et acceptée c’est tout ce qui compte.
Tiens, on cite Rayn désormais en intro, c'est étrange.
« On peut vivre sans cœur, pas sans raison » : à ce moment-là du récit, alors que j'étais pris par le rythme, j'ai bien ri !
C'est un passage très vivant, qui nous emmène bien dans les pensées de Rayn et sa complicité avec Adélaïde. Il passe mieux que les deux précédents, je trouve. Il me paraît plus fluide.
L'histoire me fait ressentir plein d'émotions, autant au premier chapitre qui m'a pris au cœur, ou celui là qui m'a amusée.
Quelques fautes :
sa personnalité: <- manque un espace <- sa personnalité :
mon moment de gloire: <- de même
ele dit que je suis très photogénique <- elle dit que je suis très photogénique
Bon courage pour la suite !