Chapitre 6 - Renaître

Par Leyslav
Notes de l’auteur : "Parce que la résistance et le combat face à la réalité difficile nous maintiennent dans l’inconfort et l’insatisfaction. Parce que lorsque je résiste à une réalité désagréable, je ne suis pas libre intérieurement et je ne suis pas libre de faire avec cette réalité pour avancer, je suis pris. J’ai aussi besoin d’accepter parce que la plupart du temps, il n’y a pas d’autre option que d’accepter. "
- Yannick Delorme

Adélaïde

- Je vois que vous avez commencé à écrire. C’est un pas vers votre réussite. Dit-il avec une certaine éloquence dans sa voix. Que ressentez-vous après avoir partagé le début de cette histoire ? 

Il m’a laissé quelques temps pour que je fasse mes repères avec le "cahier de pensées" de Rayn. À ma grande surprise des internautes ont lu mon histoire. Je veux dire la sienne. Ils disent qu’elle était une personne pleine de vie et très curieuse. Pleine de vie... Il faudra m’expliquer comment une personne "pleine de vie" peut penser à se suicider. Mais d’un autre côté, ils évoquent cette Rayn, avant que son mal-être prenne le dessus sur elle. Et l’engloutisse sous terre.


- Je suis nostalgique. Notre relation me manque, ajoutai-je avec un pincement au cœur.

- Existent-t-ils d’autres émotions qui naissent en vous ?

- Non. Du moins je ne le pense pas... De la surprise je dirais. Je ne me reconnais plus vraiment dans ses écrits. Sa mort m’a retiré toute émotion positive, voire aucune émotion.

- Ceci est normal. Parfois, lorsque nous apprenons le décès d’un être cher, notre cerveau est tellement noyé par ce traumatisme qu’il a, pour se protéger, subitement tout éteint en lui. Comme si vous étiez en mode off. C’est ce qu’on appelle la sidération. Un état de choc extrême. Je pense vous êtes resté dans cette phase. En conséquence, tout ce qui pourrait vous faire revivre des émotions fortes, bonnes ou mauvaises, le cerveau se dit qu’il y a un problème, et éteint tout. Je suppose que c’est en grande partie la raison pour laquelle il est difficile pour vous de faire votre deuil. Parce que vous n’êtes toujours pas sortie de cette boucle.

L’analyse de M. Altmann me fait l’effet d’une claque. Maintenant que j’y pense, je ne suis plus moi-même depuis qu’elle n’est plus de ce monde. Je ressens un énorme vide. J’existe mais je ne vis plus. Du moins je fais les efforts nécessaires pour vivre, c’est-à-dire me nourrir, me laver, m’habiller, me loger etc.
Mais lire ces souvenirs, les revivre, provoquent un manque en moi. Oui, peut-être que Rayn me manque, ou est-ce les moments passés avec elle ?
Je ne le sais que trop bien qu’elle est morte. Ce jour-là, je l’ai senti au plus profond de mon être. Que dois-je faire afin de sortir de cette boucle ? Avant toute chose, où est l’origine de celle-ci ? En quoi le livre Rayn peut-il m’aider à me libérer de cette prison dont je n’avais pas conscience ?


En pleine réflexion, les yeux gris de M.Altmann cherchent mon regard. Ce qui me met mal à l’aise, et m’interroge:

- Faîtes-vous toujours de la photo ?

- Mais pourquoi me posez-vous des questions aléatoirement ?  Dis-je avec agacée.

- Ceci n’est pas aléatoire  Adélaïde,  dit-il en sortant un petit rire. Et ce n’est pas pour rien si je vous les pose. Contentez-vous de répondre et avec vos réponses je pourrais avec mon expérience vous aider.

- Non. Répondis-je avec désintérêt. Pourquoi faire ? J’ai délaissé ce passe-temps depuis -

- La mort de Rayn oui. C’est pour cela que je vous recommande de reprendre. Certes, Rayn avait une grande place dans votre vie. En plus du journal intime, je pense fortement que la photo va vous aider à vous reconstruire. À accepter et surtout, d’aller de l’avant. Redécouvrir les moments passés avec Rayn juste en les prenant aidera à avoir une opinion plus positive d’elle. 

- Et comment ? Demandai-je.

- En redécouvrant ces lieux. Affirme-t-il. De bons souvenirs naîtront en vous. J’ai le sentiment vous avez inconsciemment tout effacé, comme si le seul souvenir que vous aviez avec elle était sa mort. Vous ne comprenez pas son acte, donc vous recherchez un responsable. Et dans votre cas la seule responsable potentielle est Rayn. Du fait qu'elle s'est donné la mort. L’origine est là. Dans son passé, acceptez-le et vous avancerez.

Il me laisse sans voix. Je n’avais jamais pensé à cette alternative. C’était avant tout ma meilleure amie. Qu’avant sa mort j’ai vécu de bons moments qui me paraissaient anodins à l’époque mais qui l’ont marqué. Assez pour qu’elle le note dans son cahier de pensées. Elle ne dit que du bien de moi. Je me suis tellement perdue dans ma colère que j’en avais oublié cette partie de moi. Adélaïde perfectionniste, comme elle le disait souvent. Adélaïde sociable et confiante. J’ai le sentiment, avec un point de vue différent, de réapprendre à me connaître.

- Vous lisez en moi comme dans un livre...

- Ce n'est pas une manière très vulgarisée de décrire mon métier Adélaïde ? Ce que j'essaye de vous dire. C'est qu'en retournant dans votre passé avec Rayn, vous aurez beaucoup plus de facilité à lui faire ses adieux. Cela vous permettra non seulement de vous retrouver, mais aussi de vous reconstruire. Acquérir une renaissance, une nouvelle Adélaïde.

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Iphégore
Posté le 30/07/2024
Je poursuis donc :)

Je crois que c'est la deuxième citation introductive sur la manière de vivre la vie dans l'acceptation. C'est un thème transverse intéressant, je me demande comment il sera exploité.

La tirade d'entrée nous positionne chez le psy, c'est chouette. Par contre, tu as deux didascalies pour une seule réplique, c'est trop. Tu peux remonter son nom sur la première. Aussi, l'usage veut qu'on les place à la première occasion venu, très souvent dans la première phrase. Il y a quelques exceptions, je te laisse jauger. Tu peux aussi chercher à ce qu'elles utilisent le moins de mots possible afin de ne pas freiner la lecture du propos (et donc questionner l'utilité de chaque mot en le supprimant pour voir).

Il pourrait être intéressant de comparer vivre et survivre, dans sa propre analyse. Je ne sais pas si le terme lui conviendrait, mais je pointe la piste.

Voir, réaliser, c'est le premier pas vers le changement/la guérison, n'est-ce pas ? :)

C'est toujours hautement émotionnel, j'aime beaucoup ! Le cheminement du psy risque d'être trop abscons pour la plupart des lecteurs cela dit. On n'est pas sûr de comprendre tout ce qu'il dit ni pourquoi, mais ça peut faire partie du charme du récit.


Trucs divers :

pour que je fasse mes repères -> je prenne mes (qu'on dit)

Existent-t-ils d’autres émotions -> Existe-t-il d'autres émotions (dans le doute pour l'accord, tourne la phrase en affirmative : Il existe d'autres émotions)

Ou est-ce les moments passés avec elle ? -> Ou sont-ce les moments (pénible, la grammaire française, n'est-ce pas ? :D )

Faîtes-vous -> Faites-vous

pour rien si je vous les pose -> rien que je
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