Chapitre 5 - Anna : Défibrillateur chargé

Par Emma

Je suis consignée dans le bureau de l’entraîneur, car selon mon père, la foule en panique pourrait me faire du mal. J’ai beau lui dire qu’il vaut mieux sortir, il refuse et nous demande de ne pas bouger d’ici. Pour lui, c’est un canular, et il a raison. À ce moment précis, j’étais déjà dans la pièce en compagnie de mes parents et de Mickaël Wallace. Lorsque l’alerte s’est déclenchée, les hommes sont partis pour aider à l’évacuation. Puis, ma mère m’a laissée seule pour rejoindre mon père. Je scrutais la salle, quand j’ai aperçu ce gars, grand, élancé, en train de s’éloigner tranquillement du commutateur. Je voyais parfaitement sa musculature grâce à son tee-shirt porté très près du corps, et dont l’inscription indiquait : je suis Dangereux, Immoral, Impossible, mais 100 % Addictif. Puis, mes yeux sont remontés lentement sur son visage. Sans même m’en rendre compte, ma main s’est plaquée contre la vitre et je suis restée là, la bouche entrouverte, sans pouvoir détourner le regard, complètement sous le charme. Pourquoi a-t-il fait ça ? C’est la question à un million de dollars ! Je l’ai, bien évidemment, épié jusqu’à ce que la foule le happe, mais cela ne m’inquiète pas trop. À mon avis, il fréquente cet endroit, j’en mettrais ma main à couper. Et d’un seul coup, j’ai très envie de pratiquer la boxe dans cette salle.

Alors que nous sortons, les pompiers parlent avec le propriétaire. Ils n’ont pas l’air contents et lui non plus. Gênée de connaître la vérité, je me dirige vers la voiture familiale. Je n’aime pas mentir, mais je ne veux pas leur dire ce que j’ai vu.

Lorsque les soldats du feu quittent les lieux, mes parents décident de partir tout en s’assurant que leur nouvel ami n’a plus besoin de rien. Pendant le trajet, ils parlent bien évidemment de l’incident.

— Était-ce bien nécessaire de me rejoindre dans la salle en laissant Anna toute seule ? demande mon père.

Ma mère a du mal à se contenir :

— Ne le prends pas ainsi, je m’inquiétais. Anna ne craignait rien et tu le sais.

Il soupire et tente de s’expliquer :

— Vous protéger est ma priorité, mais comme d’habitude, tu n’as pas pu t’empêcher de me suivre.

Ma mère arbore un air coupable, s’incline sur son épaule.

— J’ai eu très peur. Te savoir dans cette foule ne me rassurait pas du tout. Que veux-tu, on ne se refait pas et puis, tu es l’amour de ma vie.

Arrivé devant chez nous, mon père se gare et se tourne vers elle. Mes parents, toujours aussi épris l’un de l’autre, s’embrassent et s’enlacent. Et moi… Ils ont oublié que j’étais là, comme si c’était la première fois ! Je me mets à marmonner et sors de la voiture.

— Sérieux ! Vous ne pourriez pas attendre d'être seuls !

**

Mon petit-déjeuner terminé, je monte à l’étage rejoindre ma mère dans son atelier. Je lui apporte un grand verre de jus de goyave, elle en raffole. Mon regard se promène sur les planches de dessin. Elle est vraiment très douée. Sur l’un des croquis, un hérisson et un oiseau se font face. Sur un autre, ce sont des fées rivalisant dans leurs superbes robes et leurs ailes multicolores. Je me tourne vers ma mère, elle-même ressemble à un elfe avec ses cheveux blond presque blanc, et ses magnifiques yeux bleus.

— Merci chérie, j’ai bien besoin d’une pause. Alors, que penses-tu de notre nouvelle maison ? Et comment s’est passée ta nuit ? En tout cas, moi j’ai dormi comme une marmotte.

Je m’assieds en face d’elle. Je connais son goût prononcé pour les beaux meubles, les grands espaces et la lumière naturelle qui entre à flots dans son bureau. Je ne suis pas matérialiste et je me fiche de savoir comment est la propriété, aussi je garde pour moi mes pensées, pour ne pas la peiner. On a tellement déménagé, j’ai appris depuis longtemps qu’il ne sert à rien de s’attacher. Cette maison n’est pas mal et je le lui dis. Elle acquiesce, heureuse d’avoir mon approbation. Toutefois, je suis venue pour une raison très précise et j’ai besoin de son concours pour cela. Nous sommes proches depuis toujours, c’est donc vers elle que je me tourne naturellement.

— Si je te demandais de me faire un portrait à partir d’une description, pourrais-tu le réaliser ?

— Bien sûr, ma chérie.

Elle s’empare de son carton à dessin et d’un crayon fraîchement taillé, puis attend que je dépeigne le modèle. Un visage avec un menton carré… Non, peut-être ovale, je ne sais plus. Un nez droit, légèrement épaté, des cheveux châtain clair en bataille, une bouche à tomber avec des tracés parfaits. Je n’ai pas très bien distingué ses yeux, pourtant je les imagine d’un bleu intense. Je lui donne plein de détails alors qu’elle s’exécute. Son sourire en coin ne m’échappe pas pour autant. Tant pis, j’ai trop envie de me rappeler son visage et je sais déjà que son esquisse sera ressemblante ; je n’ai jamais douté de son talent. Pendant qu’elle peaufine son dessin, je me ronge les ongles d’impatience. Elle le regarde, l’éloigne légèrement, l’étudie encore, et soupire. Elle se lève puis va poser son bloc sur le chevalet. Elle recule, les mains sur les hanches, la tête penchée. Je fixe mon attention sur le croquis. C’est bien lui ! Mais non, c’est impossible… Je suis tellement sidérée que je suis à deux doigts d’éclater de rire et de remercier ma mère pour cette bonne blague. Mais elle me devance et me lance :

—  Tu aurais dû me dire que tu voulais un portrait de Justin Bieber !

 

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Edouard PArle
Posté le 22/07/2024
Coucou Emma !
Bon, Kyle a son petit succès, ce qui laisse présager une romance réciproque dès le début. J'imagine que les obstacles seront plutôt liés aux catégories sociales / cultures des deux familles. J'imagine déjà un dilemme de Kyle entre l'amour et ses frères... Bon on n'y est pas encore xD
Sympa la scène du portrait, qui permet d'avoir une très bonne chute de chapitre (genre vraiment très bonne, tu m'as surpris et amusé ahah) tout en en apprenant plus sur la mère d'Anna, bien joué !
Une petite remarque :
"Par moments, j’ai vraiment l’impression d’être de trop." je pense que tu peux faire passer ce ressenti de manière plus subtile dans le dialogue avec un truc du genre : je vous gêne pas. Là j'ai un peu senti la plume de l'autrice
Au plaisir !
Emma
Posté le 23/07/2024
Coucou Edouard,
Merci pour ton retour, j'ai grand plaisir à lire que tu as aimé ce chapitre, et merci pour ta remarque, du coup j'en ai tenue compte, et j'ai remplacé la phrase par une autre plus appropriée.
Par contre je n'ai pas compris lorsque tu dis " j'ai un peu senti la plume de l'autrice" des fois il ne m'en faut pas plus pour être perdue 😋
Au plaisir de te lire 🤗
Edouard PArle
Posté le 23/07/2024
Je voulais dire que ça paraît pas super naturel.
Avec plaisir !
Saskia
Posté le 26/06/2024
Coucou Emma !

Le réaction d’Anna quand elle aperçoit Kyle pour la première fois est trop drôle ! J’imagine totalement la scène, avec elle en train de baver derrière la vitre, hypnotisée, alors que les gens dans la salle sont en train de paniquer et se bousculer vers la sortie XD

Sans parler de la demande de portrait qu’elle fait à sa mère le lendemain matin parce qu’après l’avoir vu 2 minutes, elle ne peut déjà plus se le sortir de la tête XD Et la comparaison à Justin Bieber qui revient, effectivement. Encore une fois, on se marre bien avec ce chapitre !

Juste une petite remarque :

« — Était-ce bien nécessaire de me rejoindre dans la salle en laissant Anna toute seule ? Demande mon père. »
> Majuscule en trop à « demande »
Emma
Posté le 27/06/2024
Coucou Saskia,

J'adore ta façon de décrire la scène quand Anna aperçoit Kyle, elle m'a fait bien rire ! Je l'ai trouvé encore plus drôle que la mienne :)
C'est vrai que Justin Bieber n'est jamais très loin, d'ailleurs pourquoi lui ? je me le demande encore🤔
A bientôt
NamiSakura
Posté le 16/05/2024
J'aime beaucoup la relation des parents d'Anna, ils se font confiance et sont pleins d'amour. Kyle a bien marqué Anna pour qu'elle fasse une description « presque » précise de son portrait. J'adore cette fille. : )
Emma
Posté le 16/05/2024
Salut,
Oui, Kyle est plus qu'un crush, c'est un véritable coup de foudre, et oui les parents d'Anna s'aiment énormément, merci pour ton commentaire, c'est très agréable d'ouvrir plume d'argent et de voir qu'on a été lu.
A très vite j'espère
SagaLee06
Posté le 25/04/2024
Salut !

Me revoilà (quelle grande surprise, n'est-ce pas ?)😅
Et j'ose me ramener avec vraiment peu de remarques (cette fois c'est bien vrai !). donc les voici (à prendre ou à laisser 😅) :

1)« Je suis consignée dans le bureau de l’entraîneur, mon père a peur que la foule en panique me bouscule. J’ai beau lui dire qu’il vaut mieux sortir, il refuse et nous demande de ne pas bouger d’ici. Pour lui, c’est un canular. Je sais qu’il a raison. » —> Tu as mis trois pronoms interrogatifs (qui que quoi) en trois phrases, tu peux en virer deux sans changer tes propos, ça donnerait ça : « Je suis consignée dans le bureau de l’entraîneur, car selon mon père, la foule en panique pourrait me bousculer et ça l’inquiète. J’ai beau lui dire qu’il vaut mieux sortir d’ici, il refuse et nous demande de ne pas bouger d’ici. Pour lui, c’est un canular. Et il a raison. »
Dans le même paragraphe : « Je voyais parfaitement sa musculature parce qu’il portait très près du corps un tee-shirt qui disait - je suis Dangereux, Immoral, Impossible, mais 100 % Addictif. » Deux pronoms interrogatifs dans la même phrase, et pareillement, tu peux alléger ta phrase dans cette idée-là : « Je voyais parfaitement sa musculature grâce à son tee-shirt porté très près du corps, et dont l’inscription était (en italique) Je suis Dangereux, Immoral, Impossible mais 100% Addictif. »
Et aussi à cette phrase « Sans même m’en rendre compte, ma main s’est plaquée contre la vitre et je suis restée là, sans pouvoir détourner le regard, complètement sous le charme, la bouche entrouverte. » l’ordre est un peu brouillon, tu aurais carrément l’écrire comme ça : « Sans même m’en rendre compte, ma main s’est plaquée contre la vitre et je suis là, la bouche entrouverte, sans pouvoir détourner le regard, complètement sous le charme. »

2) Au dialogue entre les parents d’Anna, on a du mal à comprendre qui parle. À mon sens, tu devrais soit mettre deux petits points, soit l’écrire autrement.

3) « On a tellement déménagé que j’ai appris depuis longtemps qu’il ne sert à rien de s’attacher. Cette maison n’est pas mal et je le lui dis. Elle acquiesce, heureuse de trouver quelqu’un qui est d’accord avec elle. Toutefois, je suis venue pour une raison très précise et j’ai besoin de son concours pour cela. Nous sommes proches depuis toujours, c’est donc vers elle que je me tourne naturellement. » Encore des pronoms interrogatifs de trop, je me permets de te l’écrire avec le moins possible (et tu aviserais selon ce que tu veux) : « On a tellement déménagé, j’ai appris depuis longtemps qu’il ne sert à rien de s’attacher. Elle acquiesce, heureuse de notre avis commun. Toutefois, je suis venue pour une raison très précise et j’ai besoin de son concours pour cela. Comme nous sommes proches depuis toujours, c’est donc normal de me tourner vers elle naturellement. »

Et voilà ! Je n'ai pas eu grand chose à dire non plus, peut-être car ton texte est plus court ? Mais en tout cas, sacré chapitre ! Je vais rajouter que le petit clin d'oeil à Justin Bieber m'a fait rigoler, surtout quand on sait que les gens appellent Kyle, Justin. Mon Dieu, ça va devenir un running gag n'est-ce pas ? Et pourquoi pas !

À bientôt !
Emma
Posté le 25/04/2024
Trop heureuse que tu lises mes chapitres, je te remercie une fois encore, pour ton engagement tes suggestions. Ils m'apportent tellement si tu savais.
Oui, en effet, justin va revenir, peut-être pas aussi souvent qu'un running gag, mais suffisamment.
Un grand merci à toi de m'aider à m'améliorer, j'en ai tant besoin.
Vous lisez