Une grande partie de l'après-midi fut consacré aux derniers préparatifs de l'enterrement de ma tante.
Mes pères aidaient du mieux qu'ils pouvaient leur famille, prenant parfois totalement les devants. Mon oncle était complètement dévasté et mes cousins n'étaient pas dans un meilleur état. Les voir ainsi me fit un pincement au cœur et ce fut tel qu'un vide m'emplit et je restais dans les parages tel un fantôme qui les observait depuis l'au-delà. Je détestais cette sensation, mais pour le moment, je ne pouvais rien y faire.
Alors, je me réfugiai un instant dans ma chambre et les larmes coulèrent d'elles-mêmes sans que je ressente tant que ça le désespoir de la situation. Heureusement, j'avais quelques peluches que je pouvais serrer contre moi en espérant que mon état se calme et que personne ne le remarque.
Malheureusement, Clint passa devant ma chambre et me voir en boule dans le lit l'interpella.
— Charlie ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Il s'approcha de moi et je me redressai pour m'asseoir sur le rebord du lit, serrant toujours ma peluche écureuil contre moi. J'essuyai mes larmes et tentai de lui adresser mon plus beau sourire.
— Tout va bien, mentis-je.
Il ne me crut pas une seconde et vint s'asseoir à mes côtés pour me prendre fermement dans ses bras. J'aurais pu laisser les larmes couler, mais encore une fois, je ne voulais pas. Je savais ce qu'il se passait réellement dans ma tête et je n'étais pas sûre qu'il puisse comprendre. Je ne voulais pas qu'il ait une image complètement faussée de moi. Peut-être même qu'il pourrait me rejeter et cette unique pensée me terrifia.
Au moins, en France, j'avais un entourage qui me comprenait. J'avais pu tout leur dire et évoluer avec eux. J'avais pu enfin être moi-même et je n'avais plus à me soucier de rentrer dans une case. Ce n'était plus le cas désormais.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? insista-t-il une énième fois.
— Je suis juste un peu fatiguée. Je crois que je ne me suis toujours pas remis du décalage horaire.
— Il va vraiment falloir que tu te reposes, tu m'as vraiment fait peur, soupira-t-il, soulagé.
Il me croyait soudainement. Heureusement. Je n'aurais pas à m'engouffrer dans d'autres mensonges qui seraient bien compliqués à tenir.
Mon téléphone se mit à vibrer et je vis un message de Kate. Je la connaissais à peine, mais de connaissance en connaissance, j'étais entrée dans son cercle de proches. Malheureusement pour elle, elle ignorait que son cercle acceptait de la voir pour avoir un lieu de rendez-vous et non pas pour elle. Elle avait tellement étalé sa gloire que les gens avaient fini par se rendre compte qu'elle n'était qu'une coquille vide comme une autre dans le milieu.
Alors, encore une fois, elle me proposait de rejoindre sa réception, ce soir. Elle semblait si heureuse d'apprendre mon retour et avait terriblement envie de voir ce que j'étais devenue après tant d'années.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Ça n'a pas l'air de te réjouir ce message, me fit remarquer mon cousin.
— C'est Kate. Elle m'invite à une soirée et j'ai déjà moyennement envie d'y aller.
— Ça pourrait te permettre de sortir un peu. Vu l'ambiance ici et ton état, t'en aurais bien besoin.
Je fixai mon téléphone en lisant encore et encore son message sur Messenger.
— Tu n'as pas tort...
Il me sourit et quitta ma chambre, probablement persuadé d'avoir fait sa bonne action du jour.
Puis entre temps, je reçus quelques messages de Kayla. On échangea quelques banalités puis elle me montra une composition florale de son frère.
À première vue, celle-ci était sublime. Il y avait quelques roses rouges pour dénoter des dahlias presque noirs. Bien que les couleurs soient assez particulières et sombres, ça n'entachait en rien cette création.
« Tu pourras dire à ton frère que c'est vraiment magnifique », lui avais-je envoyé.
Elle me confirma avoir fait passer le message à son frère.
Puis ce fut au tour de Kate de me relancer. Elle me montra à quel point elle était heureuse d'apprendre ma présence à sa soirée via de nombreux emojis cœur.
*
J'avais espéré que prendre le temps de me maquiller et de m'habiller m'aurait remonté le moral, mais j'étais toujours aussi morose et ce n'était pas près de partir.
Heureusement, ce n'était pas suffisamment intense pour être handicapant. A priori, je tiendrais plutôt bien la soirée et j'arriverais probablement à profiter des gens. Peut-être même qu'avec un peu de chance, ça s'estomperait, mais j'en doutais fortement...
Dès mon arrivée, Kate s'approcha de moi pour m'accueillir et elle me tendit immédiatement une coupe de champagne.
Je ne pourrais dire si elle avait changé physiquement avec le temps, notamment parce que je n'avais pas vraiment une mémoire des visages. Néanmoins, je pus tout de même reconnaître son goût pour le luxe, et elle n'hésita pas à me le faire comprendre. Pendant de longues minutes, elle me parla de sa robe de haute couture, robe qu'un couturier lui avait faite sur mesure et même designée uniquement pour elle.
Elle m'abandonna rapidement pour rejoindre d'autres convives et leur parler de je ne savais laquelle de ses acquisitions.
J'eus quelque temps de répit pour discuter avec différentes personnes. Celles-ci me questionnèrent en particulier sur mon voyage tout en s'enthousiasmant pour mon retour. Malheureusement, la discussion pouvait rapidement s'assombrir lorsque j'exprimai les raisons de mon retour : la tragique mort de ma tante. J'évitais de donner de quelconques détails, pour ne pas satisfaire les quelques vipères, mais ce n'était pas un événement si inconnu que ça dans le coin.
Puis Kate finit par revenir vers moi quand elle vit le nombre de personnes qui échangeaient avec moi, alors que ma coupe de champagne était presque vide. Mon voyage en France ravissait les foules et elle ne supportait pas que je lui vole la vedette. Sauf qu'elle n'arrivait pas à attirer les foules vers elle ce soir. Et moi, à cause de l'alcool, je commençais à prendre la soirée avec beaucoup de légèretés – beaucoup trop peut-être. En plus de ça, je me mettais très facilement à rire. Je savais que l'alcool ne faisait que masquer mon mal-être temporairement, mais pour l'instant, j'en profiterai.
— Hé ! Kate, tu penses que je peux m'amuser à embrasser les gens ? demandai-je, un sourire en coin.
— Mais pourquoi tu veux faire ça ?
— Parce que c'est marrant d'embrasser les gens, rétorquai-je en haussant les épaules. Ça ne va pas dire grand-chose.
— Je suis sûre que tu n'es pas capable de le faire.
Elle leva légèrement sa tête et croisa ses bras. Soudainement, je me rappelai qu'il y avait quelques années qu'on ne s'était pas vues. Entre temps, elle n'avait pas eu la moindre nouvelle sur ce que j'avais pu devenir et c'était ce soir qu'elle allait l'apprendre.
Je m'approchai d'elle et pris son visage entre mes mains. Mes lèvres se collèrent aux siennes et ce contact dura quelques secondes même si elle n'était pas très active. Dès que je m'éloignai d'elle, elle arqua un sourcil.
— Tu as pris cette habitude des Français, c'est ça ? se moqua-t-elle.
— Non. Je te l'ai dit, c'est juste amusant.
Elle se tourna alors vers ses convives.
— Si jamais certains d'entre vous sont tentés, Charlie est très tentée d'embrasser beaucoup de personnes ce soir.
— À qui le tour ?
Beaucoup n'osèrent pas se prononcer, alors je tentai quelques approches en demandant à quelques-uns. Pour certains, la réponse fut immédiate et affirmative. Pour ceux qui hésitaient, je passais rapidement à un autre. D'autres commencèrent à faire comme moi, comme pour suivre mon défi.
Puis j'arrivais face à Blaine qui retint une respiration en me voyant face à lui. J'hésitai soudainement à lui demander. C'était mon voisin, mais également un ennemi de la famille. Du moins, c'était les dires de ma famille.
Ça faisait trois ans que je ne l'avais pas vu d'aussi prêt et c'en était presque intimidant. À l'époque, nous venions tous juste de sortir du lycée tous les deux et désormais, nous étions tous les deux adultes.
Je retins une respiration à mon tour. Probablement juste le danger. Et aucun d'entre nous ne parlait. J'aurais dû faire comme tous les autres et simplement demander "est-ce que je peux t'embrasser ?", mais les mots restaient coincés au coin de ma gorge.
Alors que je me sentais sur le point de réagir, Kate s'approcha de nous et elle le prit par l'avant-bras. Il eut une légère réaction de dégoût, ou peut-être que j'interprétais mal la situation.
— Dis donc ! Ton verre est presque vide Blaine ! Je vais te le remplir !
— Je peux très bien me servir, refusa-t-il froidement.
— Mais non ! Ce n'est pas le même champagne !
Elle le força à la suivre et je les observai s'éloigner, assez perplexe. Peut-être que je lui avais encore volé la vedette, qu'elle m'en voulait et qu'elle avait profité d'un moment de faiblesse pour reprendre les rênes.
*
La soirée avait commencé à s'éterniser et j'avais enchaîné les coupes de champagne et autres alcools. Les discussions étaient de plus en plus vives et animées. Alors, j'avais eu besoin de m'isoler un peu à l'extérieur, dans le silence.
Je fermai longuement les yeux et pris une longue inspiration, quand bien même le froid me brûla les poumons. Mais j'avais vraiment besoin de ce temps de pause. Malheureusement, l'alcool n'était jamais suffisant pour combler un mauvais jour. Je le savais dès le début, sauf que, désormais, j'avais l'impression de ne plus autant le subir. Étonnamment, j'avais trouvé mes aises au cours de la soirée.
En ouvrant les yeux, je vis qu'on me tendait mon manteau et mon regard se posa immédiatement sur la personne.
Blaine.
— Tu allais l'oublier, lança-t-il simplement.
— Je ne comptais pas partir.
— Ne sors pas non plus sans ton manteau, tu pourrais avoir froid... Et ça serait con que tu refiles des microbes à tout le monde, rétorqua-t-il un sourire en coin.
Après de longues secondes, je pris mon manteau sans dire un mot. J'ignorais s'il était vraiment là pour plaisanter sincèrement ou si ce n'était qu'une technique dissimulée pour se moquer de moi.
J'enfilai mon manteau dans ce silence qui était de plus en plus pesant et il détourna son regard un instant. Puis il se posa contre la barrière du perron et se pencha en avant pour observer la rue.
— Je ne sais pas si tu es sincère avec ma sœur, mais merci d'être là pour elle, m'annonça-t-il en se tournant vers moi.
— Je ne sais pas si tu es sincère, mais merci pour le manteau, répliquai-je en serrant mon manteau contre moi.
Je me penchai à mon tour sur la barrière sans dire un mot. Je n'avais pas envie de douter de sa sincérité, mais malheureusement, ce n'était pas aussi simple que ça.
Nos regards ne se croisèrent pas pendant de longues minutes puis je finis par le regarder. Ses cheveux étaient bien plus longs qu'à l'époque et avec le vent qui les repoussait, ça lui donnait un petit charme.
— Ma sœur a eu une année assez compliquée... Et t'es la seule à te comporter comme si elle était humaine.
— Alors que nos familles se détestent ?
— Ouais, alors que nos familles se détestent, affirma-t-il.
Il se tourna vers moi et ce fut la première fois que je vis de la tristesse venant d'un Van Rossem. Je m'étais habituée à leur froideur, comme si on leur avait interdit de vivre.
— Est-ce que je peux t'embrasser ? demandai-je.
— Tu es sûre de toi, tu avais l'air très hésitante tout à l'heure...
— Parce que ce n'est pas que pour m'amuser là.
— Ça ne l'a jamais été.
Il s'approcha de moi et colla ses lèvres aux miennes. Il les caressa délicatement et je répondis avec étreinte à cet échange. Mes mains se glissèrent alors jusqu'à son cou et mes doigts effleurèrent ses cheveux noirs. Et ses mains descendirent jusqu'à ma taille. Nos corps étaient bien trop collés pour n'être qu'un jeu, mais je sentais que c'était un exutoire pour nous deux. Pas l'exutoire le plus sain, mais presque nécessaire. Du moins, je le croyais.
Puis, nos lèvres se séparèrent mais nos mains étaient encore posées sur le corps de l'autre et nos regards également.
Qu'est-ce qu'on vient de faire ?
— Ce n'est jamais que pour nous amuser quand nos familles se détestent, lâcha-t-il faiblement.
J'aurais dû me détacher de lui la première et prendre conscience de mon erreur. Mais l'erreur n'avait-elle pas déjà été commise lorsque j'avais sympathisé avec sa sœur alors que tout le monde avait tenté de me prévenir ?
— Je t'en prie, ne blesse pas ma sœur, ajouta-t-il avec un ton mêlant la supplication et la menace.
Il finit par me relâcher et revint à l'intérieur. Mes yeux ne pouvaient le quitter et mes mains se posèrent immédiatement sur mes lèvres et je sentais encore l'humidité de sa bouche sur la mienne.
Qu'est-ce qu'on a fait ?
J'aime beaucoup Blaine. Et Kate semble un peu antipathique xD Beaucoup de personnes ne semblent pas l'aimait d'ailleurs.
Il est tard, j'ai pas la fois de faire des aller-retour pour répertoriés les erreurs repérer, mais voilà xD
Pas de soucis ^3^
Donc Blaine et Charlie ont déjà été ensemble ?! 🤔 ou alors sex-friends mais ils ont déjà eu des sentiments l’un pour l’autre et l’histoire, la rivalité des familles les ont séparés.. Roméo et Juliette version les temps modernes 😝
Ils se sont surtout connus de loin, mais vu le contexte familiale, ils ont beaucoup entendu parler de l'autre, ils ont pu se croiser par hasard, mais rien de plus... :')
Yep, c'est totalement un Roméo et Juliette moderne sur certains points. J'aime bien revisiter quelques éléments des classiques des fois. c: