Chapitre 6 : La planète natale

La porte du vaisseau se refermait doucement tandis que Nasha s’émerveillait en voyant l’intérieur immaculé du Vautour, qui était si sombre à l’extérieur. Un grand sourire sur son visage, l’ancienne esclave analysait les moindres recoins du sas, faisant défiler dans sa tête tout ce qu’elle savait sur les vaisseaux spatiaux. À sa vue, Orn sourit. Pour la première fois, il la voyait réellement heureuse ; il la voyait sans le masque constant que la jeune femme portait au visage lorsqu’elle était à la Cantina. Le gardien du Vautour Couronné, Twik, se retourna dans la direction des deux fugitifs. Il fixa Nasha puis son co-pilote, n’ayant pas besoin d’expression pour faire percevoir sa surprise et son incompréhension. Le robot sut immédiatement que la nouvelle venue était Nasha, mais il la voyait pour la première fois. En réalité, Twik ne la connaissait qu'avec le regard que le chasseur portait sur elle, mais il devait admettre que la description donnée par Orn lui faisait justice.

"Loin de moi l’idée de vouloir jeter cette Twi’lek dehors mais… que fait-elle dans mon vaisseau ?" demanda le droïde, d’un ton plutôt poli.

Ne l’ayant pas remarqué jusqu’alors, Nasha se retourna rapidement en sa direction. Sa curiosité prit le dessus, et elle observa sans discrétion le robot, intriguée par son modèle ancien et rare. Le chasseur, quant à lui, leva les yeux au ciel.

"Déjà, c’est mon vaisseau. Ensuite, j’ai décidé que Nasha fait maintenant partie de l’équipage. Elle est très douée et sera mieux ici qu’à la Cantina.

— je ne savais pas que nous récupérions des âmes perdues," répondit Twik, sceptique.

La concernée croisa les bras et leva un sourcil, étonnée par le ton employé par le robot. Jamais elle n’avait vu une intelligence artificielle parler si librement. Cependant, Nasha se sentait exclue de cette conversation et ignorée par Twik, qui ne lui avait même pas adressée la parole mais parlait d'elle comme si la femme n'existait pas ou ne l’entendait pas. La Twi'lek décida de lui rendre la monnaie de sa pièce avec malice. Elle se tourna vers son ami, et imita le ton du droïde, décidée à ne pas se laisser faire par ce droïde récalcitrant.

"Dis-moi, Orn. Je croyais que tous les B1 avaient été désactivés après la défaite des Séparatistes," fit-elle, un petit sourire narquois au coin de ses lèvres.

Le chasseur se tourna vers elle, ravi de prouver son talent en reprogrammation.

"En théorie, oui. Twik était lui-même désactivé lorsque je l’ai trouvé, mais j’ai réussi à le reprogrammer.

— Et cette langue acerbe, ça vient de toi ou de la programmation de base ?"

À cela, Orn rigola tandis que le concerné s’insurgea, mais ne dit rien, coupé par le chasseur.

"C’est un mélange des deux programmations. Je t’avoue que je ne comprends pas très bien pourquoi il ignore la politesse," répondit ce premier, souriant à son tour.

"Génial. Je vais être avec deux impolis, maintenant…," commenta Twik sarcastiquement, aimant déjà la nouvelle arrivante.

Nasha se tourna vers lui, prétendant le voir réellement pour la première fois.

"Désolée. Comme tu m’avais ignorée, je pensais que c’étaient les manières au Vautour Couronné."

Le robot ne trouva rien à dire en retour, et le chasseur, la surprise passée, rigola bruyamment.

Twik fit un énième commentaire sarcastique mais inaudible pour les deux arrivants, couvert par le rire du co-pilote. Ces deux derniers se déplacèrent dans des directions opposées. Orn se dirigea vers la petite salle du vaisseau tandis que Nasha partit observer un poste de commandes, curieuse du fonctionnement du vaisseau, tout en ramassant les nombreux outils qui trainaient sur le sol. Appuyant sur un bouton, le Twi’lek ouvrit la porte, cette dernière coulissant vers le haut pour révéler un lit étroit. D’habitude, cet endroit était destiné aux différentes cibles capturées par les deux mercenaires, mais avec l’arrivée de Nasha, cela allait changer. Puisqu’il n’y avait que deux sièges, ainsi qu’un petit tabouret fixé au mur, Orn savait qu’il n’y avait que dans ce lit que la jeune Twi’lek pouvait dormir et profiter de la solitude lorsqu’elle en avait besoin.

"Nasha, si ça ne te dérange pas, tu dormiras ici. Et si jamais tu veux t’asseoir, tu as le tabouret," l’informa le chasseur.

La concernée hocha la tête, n’y voyant aucun problème. Elle errait toujours dans le vaisseau, inspectant les moindres recoins dans un émerveillement digne des plus grands experts en mécanique. Puis soudain, devant un bloc de commandes fixé au mur, Nasha s’arrêta. Elle sortit les quelques outils qu’elle avait récupérés et se mit à travailler, sans un mot. Ses sourcils étaient froncés par la concentration, mais l'expression dans ses yeux ne trompait personne. La Twi’lek était passionnée par ce qu'elle faisait. Un petit sourire hantait sa bouche alors qu'elle pencha la tête pour mieux observer. Twik et Orn la regardèrent, intrigués. Les deux mercenaires s’approchèrent de la Twi’lek pour l’observer et comprendre ce qu’elle faisait. En vérité, le chasseur ne saisissait pas vraiment les manipulations que Nasha effectuait sur les différents fils. Il n’était doué qu’en programmation, et laissait le reste à son co-pilote. De son côté, le droïde hochait la tête en signe d’approbation, avant de se pencher vers son acolyte.

"Ça me court-circuite de l’admettre… mais elle est vraiment douée. Je n’avais jamais pensé à faire ça," chuchota-t-il.

Orn tourna vivement sa tête vers le robot, doutant de ce qu’il venait d’entendre. Un compliment venant de Twik était extrêmement rare, voire miraculeux, étant donné le caractère du droïde, et que Nasha réussisse en quelques minutes à en obtenir un relevait d’une intervention divine.

"Et voilà !" s’exclama Nasha d’un ton fier et satisfait.

Cette dernière se leva et frotta ses mains d'un air professionnel, heureuse de ce qu’elle avait amélioré. Elle se tourna vers Orn pour attendre son avis, mais le mercenaire était silencieux. En réalité, il tentait de comprendre ce que Nasha venait de faire pour ne pas paraître inculte, en vain.

"Merci… Mais, qu'est-ce que tu as fait, exactement ?" demanda-t-il, forcé d’admettre son incompétence.

"Quelques modifications pour améliorer ton vaisseau. La vitesse-lumière devrait être plus facile à passer, maintenant, et consommera moins de carburant.

— Oui, ça tient la route," commenta Twik. "Orn, je dois admettre que c’était une bonne idée de l’amener. Enfin, c’est ta seule bonne idée depuis un certain temps," se reprit-il, ne voulant pas donner d'éloges trop généreuses.

Le concerné soupira longuement, mais sourit tout de même.

"Je prends le compliment, c’est déjà assez rare venant de ta part…"

N'ayant rien d'autre à faire, Orn se dirigea vers son siège, imité par son co-pilote et le nouveau membre de l’équipage. Par habitude, il mit ses mains sur son casque pour l’enlever, avant de suspendre son geste. Le chasseur baissa les bras, conscient du regard de Nasha posé sur lui. Le doute l’assaillit soudainement. Et s’il n’avait pas fait le bon choix ? Peut-être se trompait-il sur la Twi’lek. En l’accueillant dans son vaisseau et dans son équipage, Orn lui permettait de voir sa vulnérabilité et son identité, d’assister à son quotidien, d’observer ses habitudes. Il lui donnait le pouvoir de le détruire. Et ce pouvoir, le chasseur l’avait déjà offert à quelqu’un, qui ne s’était pas privé de l’utiliser à cette fin précise. Sans un mot, le Twi’lek prit sa décision. Au moindre doute, il la tuerait.

Mais au fond de lui-même, le mercenaire savait qu'il n'allait jamais faire ça. Il n'en avait pas le courage ni la force. Sans regarder Nasha, il se pencha sur le poste de contrôle et vérifia si une nouvelle cible lui avait été attribuée, pour tenter de masquer son malaise et son trouble. Nasha restait silencieuse, ravie de savoir qu'ils partiraient bientôt de cette planète détestable. Elle allait enfin pouvoir oublier Taar-Y et sa Cantina et être libre. Pour autant, elle avait remarqué ce geste avorté du chasseur. La jeune Twi’lek avait beau être curieuse, elle ne voulait pas devenir un obstacle pour son ami, ou le gêner. Il l’avait aidée à s’enfuir de la Cantina. Nasha ne voulait pas lui apporter plus de soucis. Elle observa sans rien dire Orn qui soupira en constatant qu’aucune nouvelle mission n’avait été confiée par l’Empire. Ces périodes de creux n’étaient pas inhabituelles, mais pour le chasseur, il n’y avait rien de pire que de ne rien faire. À ses côtés, Twik le fixait, attendant une quelconque réaction qui ne venait pas, à son plus grand étonnement. Alors, il brisa le silence.

"Aurais-tu oublié quel jour nous sommes ?" tenta-t-il, d’un ton presque doux.

Le concerné se tourna vers lui un instant, réfléchissant à la question. Puis il réactiva son poste de commandes, ne trouvant pas la réponse. L’écran s’alluma et Orn jeta un coup d’œil sur la date, avant de jurer sous son souffle. Il n’arrivait pas à croire qu’il ait pu oublier un jour si important, alors qu’il passait tout son temps à y penser. Avec la destruction d’Alderaan et sa rencontre avec le Seigneur Vador, cela lui avait passé au-dessus de la tête. Le chasseur serra le poing, combattant la culpabilité qui le frappait à plein fouet. Il posa sa tête dans les mains et poussa un soupir douloureux, ravalant ses larmes discrètement, s’en voulant et se laissant ronger par la culpabilité. Derrière lui, Nasha bougea sur son petit siège, ne comprenant rien à ce qu’il venait de se passer. Elle regarda Twik d’un air interrogateur, espérant une réponse. Ce dernier, bien qu’il ait remarqué la question implicite de la jeune Twi’lek, ne dit pas un mot et n’esquissa aucun geste. Le robot respectait trop l’intimité de son acolyte pour livrer ses plus sombres secrets, et ne faisait pas encore confiance à Nasha. Malgré l’amélioration qu’elle avait apporté au Vautour, elle venait seulement d’arriver. La Twi’lek posa tout de même sa main sur l'épaule du chasseur, sans rien dire mais voulant tout de même montrer son soutien. Finalement, ne pas savoir ne la dérangeait pas. Nasha comprenait sa discrétion, mais cela ne voulait pas dire qu'elle ne pouvait pas lui apporter son aide. Orn serra la main de son amie avant de hocher doucement la tête, la remerciant sans un mot.

"Twik, prépare… prépare le vaisseau, on va à Ryloth. Tout de suite," ordonna doucement le Twi’lek, qui avait quelque peu repris ses esprits.

Les deux pilotes tournèrent le dos à Nasha, si bien qu’aucun ne vit sa réaction à l’évocation de la planète. Ses épaules s’affaissèrent et elle fronça les sourcils, ne sachant que penser. Beaucoup d'émotions étranges se bousculèrent en elle, et des fragments de souvenirs remontèrent à la surface ; souvenirs que la jeune femme pensait avoir perdus pour toujours.

Orn se retourna enfin, réalisant ce que ce qu’une telle planète signifiait pour la jeune Twi'lek.

"Est-ce que tu vas bien, Nasha ?" demanda ce dernier, inquiet.

La Twi’lek hocha doucement la tête.

"Oui… c’est juste que… Je ne me souviens pas de Ryloth. C’est bizarre de se dire que c’est ma planète natale," expliqua-t-elle.

Orn était tenté de dire que c’était également la sienne et que lui aussi n’avait pas pu profiter d’une vie paisible là-bas, mais il se retint de justesse. Ryloth était la planète-mère des Twi’leks. Les territoires étaient divisés selon les clans, qui étaient au nombre de vingt-et-uns. Bien sûr, une poignée de ces clans avaient une grande renommée, du fait de leur taille, mais certains de ces groupes passaient à la trappe, inconnus du reste de la Galaxie, comme le clan Tualin.

"Mais…," le chasseur suspendit sa phrase. Il devait prétendre ne pas savoir comment les clans fonctionnaient. "Tu as un clan, tout de même ?

— Bien sûr. Tu te rappelles quand je t’ai dit que mon nom complet était Nash’Amersu ? Eh bien, ‘Amersu’, c’est le nom de mon clan. Être esclave n’est pas suffisant pour perdre cette particule.

— Oui… il faut avoir tué un de ses semblables pour la perdre, c’est ça ?"

Nasha esquissa un faible sourire.

"Par exemple, oui.

— Et donc, tu ne te souviens pas de Ryloth ? Tu as vécu toute ta vie à Tatooine ?

— Oui. Au départ, j’appartenais à Watt-O, mais il m’a revendue à Taar-Y quand j’avais environ dix ans. Depuis, j’ai toujours vécu à Mos Espa, dans la Cantina," raconta l’ancienne esclave, tapant ses doigts sur sa jambe pour tenter de calmer le stress et les mauvais souvenirs qui venaient à elle.

Le mercenaire ne se contenta que de hocher la tête, ne voulant pas remuer le couteau dans la plaie. C’était évident qu’elle ne voulait pas parler en détails de cette vie qui n’avais jamais été vraiment la sienne. Tout comme Orn, Nasha avait des secrets qu'elle voulait garder pour elle. En cela, le chasseur la comprenait. Alors il retourna le geste aimable qu'elle lui avait fait plus tôt. Le Twi'lek posa sa main sur l'épaule de la femme avec légèreté et tendresse. Cette dernière sourit doucement, remerciant d'un regard son ami. Pendant ce temps, Twik avait fait les calculs pour la vitesse-lumière et s’était occupé de préparer le vaisseau. Voyant que la discussion était terminée, il activa le Vautour Couronné. En un sursaut secouant tous les passagers, le vaisseau s’éleva, ce qui souleva le sable à l’extérieur. Une fois l’engin stabilisé, Orn s’empara des commandes manuelles et dirigea le Vautour hors de la planète-désert, en direction de Ryloth, puis activa la vitesse-lumière. Comme l'avait prédit Nasha, le passage dans l’hyperespace était bien plus fluide qu'avant. Le voyage vers la planète natale des deux amis Twi’leks n’était pas long. Ces deux planètes se trouvaient sur la bordure extérieure de la Galaxie, là où la présence des soldats de l’Empereur se faisait discrète, bien que de plus en plus oppressante. De fait, le trajet ne dura qu’un jour.

Malgré ce délai rapide, Orn était en retard. Il avait manqué à son rendez-vous annuel, et il s’en voulait énormément. Le chasseur n'arrivait pas à croire qu’il avait pu oublier une telle chose. Il se sentait idiot, horrible et indigne. Étant tellement pris dans toutes ses pensées sombres empreintes de culpabilité, il ne remarqua pas que leur trajet touchait son terme. Une fois sortis de l’hyperespace, le pare-brise du Vautour donna vue sur Ryloth, réchauffant les cœurs des deux Twi’ leks malgré eux. La planète dorée était couverte de nuages orangés qui serpentaient au-dessus des terres rougeâtres. De rares parcelles vertes, indices des forêts et des jungles, transperçaient ces terres brûlées, apportant des touches de couleurs improbables en se mélangeant au rouge et à l’orange. La vue de cette planète si diverse et si familière rappela en Orn des souvenirs aussi agréables que douloureux qu’il préférait oublier, mais c’était un mal nécessaire à l’accomplissement de ce devoir que le chasseur s’était imposé il y a vingt ans.

Se dirigeant vers l’hémisphère nord de la planète, le Vautour ralentit à l’approche du sol. Twik manipulait les commandes et posa le vaisseau avec douceur. L’atterrissage les secouèrent quelque peu, et le Twi’lek prit le temps d’embrasser du regard la vue familière du paysage. De l’herbe verdoyante bougeait au rythme du vent, comme animée par une douce entité. Des arbres grands et fiers se dressaient çà et là, cachant l’horizon de leur grand feuillage, éclatant le ciel de leurs feuilles vertes et humides. Une fine bruine tombait du ciel nuageux, mais elle était si légère que les gouttes semblaient flotter dans l’air, comme suspendue dans le temps. Quelques oiseaux s’envolèrent à la vue du Vautour Couronné, battant gracieusement leurs ailes mouillées, faisant perler des gouttes à chaque mouvement. Le cœur du chasseur ne pouvait que se gonfler d’émotions à ce spectacle. Bien qu’il ne vécût plus ici depuis déjà longtemps, une partie de lui se sentait à la maison, en sécurité. Orn reconnaissait sans aucun problème le territoire du Clan Tualin, qui habitait cette région forestière depuis la nuit des temps. Avec un petit soupir mi-triste mi-content, il scruta les environs à la recherche d'autres Twi'leks, en vain. Cela était bon signe : la voie était libre et le chasseur pouvait sortir sans se soucier de potentiels ennemis.

De son côté, Nasha imprimait en son esprit les moindres recoins du paysage, voulant s’en rappeler à jamais. Elle savait, au fond d’elle-même, que ce n’étaient pas les terres de ses ancêtres, mais la jeune Twi’lek n’y portait aucune importance. Pour la première fois de sa vie depuis elle ne savait combien d’années, elle voyait sa planète natale. Un sentiment indescriptible l’envahit, triste et doux à la fois. La planète était magnifique. Elle observait enfin un sol différent de celui de Tatooine. Ryloth n'avait rien en commun avec la planète-désert où elle avait vécu. Là où l'une était unicolore et silencieuse, l'autre resplendissait de tons brillants et était animée par les êtres y habitant. Nasha n'avait qu'une envie : sortir du vaisseau pour sentir la pluie caresser sa peau et marcher dans cette herbe qui semblait si douce et agréable. Étrangement, cette vue lui semblait familière, comme si les terres de sa planète l'appelaient. Des larmes piquèrent ses yeux, mais avec un geste rapide de la main, elle les essuya.

Le chasseur se leva, trop brusquement pour son corps engourdi par vingt-quatre heures passées assis sur son siège. Sa vue se brouilla un instant, envahie par des points blancs qui le rendirent aveugle. De même, ses jambes ne trouvèrent pas leur équilibre, le forçant à s’asseoir immédiatement. Son jeûne involontaire pendant le trajet n’avait pas non plus arrangé la chose. Le Twi'lek avait besoin d'énergie et de repos ; deux choses qu'il s'était refusé pendant plus d'un jour afin de garder son casque.

"Orn, tout va bien ?" demanda Nasha, inquiète.

Le concerné grogna et alla se frotter les yeux avant de se souvenir qu’il portait toujours son casque.

"Oui… Je suis juste fatigué, c’est tout.

— Tu n’as pas mangé depuis la Cantina. Bon, je vais dans la petite salle, profite-en pour te nourrir," proposa la Twi’lek d'un ton doux mais ferme, parfaitement consciente de l’origine du mal-être de son ami.

La jeune femme décida finalement de ne pas laisser le choix au mercenaire. Elle se leva promptement de son siège avec un sourire espiègle pour lui remonter le moral, avant de gagner la petite salle. Après un regard entendu avec Twik, Nasha se glissa à l’intérieur de l’étroite pièce, prenant soin de bien fermer la porte. Orn sourit, remerciant silencieusement la discrétion de son amie. Ce que Nasha venait de faire justifiait la confiance que le chasseur lui accordait, et il en était rassuré. Il retira son casque, poussant un soupir de soulagement au contact de l'air extérieur. Prenant sa bouteille d’eau, il but la moitié de son contenu en quelques gorgées à peine, puis mangea quatre biscuits. Ces derniers étaient copieux, et remplirent l’estomac du Twi’lek en peu de bouchées. Il but de nouveau, puis soupira, se sentant mieux et capable de tenir debout.

"Tu vas garder ton casque, pour la voir ?" questionna Twik, connaissant les habitudes de son co-pilote.

Le chasseur se pinça le nez, fronçant les sourcils.

"Je…Je ne sais pas," répondit ce dernier. "J’hésite, tu sais."

Il avait dit ces trois mots en chuchotant, ne croyant pas lui-même ce qu’il disait. Orn faisait confiance à Nasha, trop confiance même. Et cela, il le savait. Pourtant, toute rationalité, toute règle que le chasseur s’était imposé perdaient leur sens lorsqu’il était avec elle. Avec le temps, le Twi’lek se surprenait à trouver en Nasha l’amie dont il avait tant besoin dans cette vie si solitaire.

"C’est ton choix, Orn. Mais rappelle-toi ce qui est arrivé la dernière fois que tu as fait ça.

— Je m’en souviens très bien !" s’exclama le chasseur, frappant sur le poste de contrôle sous le coup de sa colère soudaine et incontrôlable.

Le robot eut un mouvement de recul, mais n’insista pas davantage. Certes, il savait que la décision revenait à Orn, mais lui aussi se souvenait de cet événement qui avait grandement affecté le chasseur. Le droïde ne pouvait pas supportait qu’une telle chose se reproduise à nouveau, mais si Nasha venait à découvrir l’identité du mercenaire, la probabilité que cela arrive à nouveau était élevée, trop élevée à son goût. Et Twik doutait que son ami puisse encaisser une nouvelle trahison. Ce dernier, conscient de l’inquiétude de son co-pilote, remit son casque et sa capuche, se dirigea vers la chambre de Nasha et toqua à sa porte. La Twi’lek sortit de la salle avec un sourire, avant de regarder le droïde.

"Il a mangé ?

— Oui. S’il ne l’avait pas fait, je l’aurais gavé de biscuits."

Orn leva les yeux au ciel sous son casque.

"Je suis là, vous savez. Et je ne suis pas un enfant," grogna-t-il.

"Si tu n’en es pas un, tu ferais mieux de te comporter différemment, alors," cingla Twik.

Outré, le concerné tapa le robot sur l’épaule avant de secouer sa main de douleur. Frapper une intelligence artificielle n’était jamais une bonne idée : le fer endommageait plus qu’il n’était dommageable. Il grogna, et voulut renchérir à l’oral, mais son regard fut attiré par le paysage visible à travers le pare-brise, qui le rappela rapidement à l’ordre. Le chasseur n’était pas venu à Ryloth visiter un territoire dont il avait été banni pour s’amuser, mais pour la voir, elle. Il avait déjà oublié de la visiter ; il ne pouvait pas se permettre de tarder encore plus en restant dans le vaisseau.

"Twik, Nasha, surveillez le Vautour en mon absence. Je ne devrais pas être trop long," dit-il, se dirigeant vers la sortie.

Le droïde retourna à sa place habituelle sans un mot de contradiction, sachant à quel point ce rendez-vous annuel comptait pour son acolyte. Nasha, quant à elle, suivit le Twi’lek avec curiosité. Elle voulait savoir ce qui amenait son ami ici, même si c'était probable qu'elle n'ait jamais de réponse. Pourtant, la jeune Twi’lek faisait confiance à Orn, et ce dernier connaissait une grande partie de sa vie. Alors, elle décida de tenter sa chance, soutenant le chasseur dans le choix qu'il ferait.

"Tu n’es pas obligé de répondre, mais pourquoi vas-tu à Ryloth ?" demanda-t-elle d’une voix douce et dénuée de mauvaises intentions.

Le concerné s’arrêta. Il baissa la tête et ne dit rien pendant un certain temps. Puis il fit ce que lui-même ne pensait pas raisonnable. Le Twi’lek se vit retirer son casque, doucement. La capuche retomba sur ses épaules dans un mouvement silencieux. Derrière lui, Nasha réprima une exclamation de surprise, elle-même étonnée par les actions de son ami, que personne dans le Vautour Couronné ne parvenait à expliquer. Son visage rouge et fatigué, marqué par le vitiligo, était désormais visible à tous ceux présents autour de lui. Derrière lui, Nasha tenta de s’excuser pour ce qu’elle avait dit à la Cantina quelques jours plus tôt, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle comprit avec tristesse qu'il était banni, mais cela attisa de nouveau sa curiosité insatiable. Cependant, Nasha restait silencieuse ; la surprise et les innombrables questions en elle l'avaient rendue muette.

Tenant son casque noir et rouge entre ses mains, Orn observa son reflet à travers la visière. Depuis la dernière fois qu’il s’était observé, les traces de dépigmentation s’étaient développées, couvrant toujours plus d’espace sur son visage. Son regard était fatigué, non pas par le trajet, mais par la vie et toutes les horreurs qu’il avait vécues et commises. N’osant pas se tourner vers son amie de peur de voir dans ses yeux la haine ou le rejet, le chasseur souffla discrètement avant de parler d'une voix tremblante, ne croyant toujours pas qu’il était en train de briser sa loi la plus précieuse.

"Tu n’avais pas tort pour les raisons d’un exil chez les Twi’leks. En un sens, je… j’ai tué ma propre sœur."

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
SinnaraAstaroth
Posté le 17/05/2024
Alors, pour commencer, j'ai fait une bourde parce que je me suis trompée de chapitre, j'ai ouvert le 7 au lieu du 6, donc je me suis méchamment spoil et j'ai buggé en mode "j'ai raté un épisode ?" et oui, effectivement.

Du coup en lisant le bon chapitre, l'histoire de la date et la raison pour laquelle il devait retourner à Ryloth a tout de suite fait tilt.

C'est cool de découvrir davantage son passé et son histoire personnelle. On devine bien avec son "en un sens" qu'il n'a sans doute pas tuer sa sœur de ses propres mains, mais il a causé sa mort d'une façon ou d'une autre et qu'il se sent responsable et coupable. Du coup hâte de découvrir ce qu'il s'est réellement passé et force à lui ! Et j'espère que Nasha lui donnera une chance de s'expliquer. C'était très courageux de sa part (et un peu suicidaire) de tout lui balancer comme ça.

Mes réactions à chaud :

« Ça me court-circuite de l’admettre » : je vais la reprendre cette expression, elle est géniale ! xD

« Sans un mot, le Twi’lek prit sa décision. Au moindre doute, il la tuerait. » Ah bah d’accord ! La confiance règne toujours. X)

« Mais au fond de lui-même, le mercenaire savait qu'il n'allait jamais faire ça. » Ouais, je préfère ça, quand même !

Les petites erreurs :

cela lui avait passé au-dessus de la tête => celui lui était passé

vingt-et-uns => vingt-et-un

de cette vie qui n’avais => qui n’avait

leur trajet touchait son terme => touchait à son terme

profite-en => profites-en

de la visiter => de lui rendre visite (on visite un endroit, mais on rend visite à quelqu’un)
Solaq G.
Posté le 18/05/2024
J'espère que le spoil n'a pas trop gâché ta lecture ahah ! (Je compatis, c'est quelque chose qui pourrait m'arriver très facilement, me connaissant)
Encore une fois, merci pour tes corrections !
Tes réactions à chaud sont trop drôles, j'adore ahah !
Vous lisez