Chapitre 5 : Des mères et des filles

Chapitre 5 : Des mères et des filles

 

Évangile de Portail, chant numéro 2, verset 5

 

« Alors 'Iilaaha se pencha vers la femme qui saignait par le trou que lui avait fait l’homme et la toute-puissante lui dit :

— Enfant d’Iilaaha, cette blessure sera à la fois ta faiblesse et ta puissance. Par elle, tu enfanteras des êtres à mon image et chaque femme qui sortira de ton sein possédera la même blessure. Celle-ci s’éveillera le jour où elles quitteront l’enfance et chaque mois, cette blessure se réveillera et ce sera à toi de lutter contre le péché primitif que l’homme a jeté sur le monde. Le jour où cette blessure cessera de saigner sera le signe qu’une femme a vaincu le mal et atteint la sagesse. »

*

Une large carte de l'archipel était étalé sur la table et la bouteille de rhum avait été vidé de ses dernières gouttes quelques minutes auparavant. L'esprit anestésié par l'alcool, la grande mère de la mort somnolait dans sa cabine. Elle plongea en douceur vers un temps où Spirale n'était pas encore son nom.

 

Elle venait tout juste d’avoir vingt-trois ans.

La cabine était plongée dans la pénombre aqueuse du tanafas et des bancs de poissons multicolores entraient par la coque crevée du bateau pour ressortir par la porte de la cabine. La lumière du soleil, tamisée par la mer, se glissait par les fenêtres vaseuses et éclaboussait le sol pourissant de tâches ondulantes. La jeune femme ne pouvait voir clairement la silhouette qui trônait derrière le bureau et ne distinguait que l'ombre d'un cadavre coiffé d’un élégant tricorne, ainsi que le dossier d’une chaise splendide, entourée du squelette complet d’un caïman.

Elle n’était qu’à un mètre ou deux de Spirale, la grande prêtresse de la mort et pourtant, elle n’aurait pu avoir la sensation de se trouver plus loin. Mère...

Le cadavre redressa sa tête, qui ne ressemblait plus qu'à un crâne au longs cheveux flottants.

— Tu n’es pas prête.

La voix était lointaine, étoufée par le liquide et la jeune fille lui répondit, du même ton ouaté :

— Comment pouvez-vous lâcher ça ? J’ai turbiné si dur pour me préparer à ce tournoi ! Vous m’avez apprêtée à ce jour toute ma vie ! Ne suis-je donc à la hauteur de vos attentes pour me cingler de la sorte ?

— Calme-toi mon enfant. Je t’ai préparé à l’épreuve du mieux que j’ai pu et bien que ton crâne soit plus épais que celui d’un phacochère, je crois t’avoir transmis un peu de mon savoir. Mais réussir ce combat ne fera pas de toi une bonne 'am saghira. Les sombres ont été vaincues et je sais le rôle que tu y as joué. Mais il va falloir rebattre les cartes et être une bonne guerrière ne fera pas de toi une bonne politicienne.

— Mais mère ! La grande mère de la Mort se charge de la guerre !

Le cadavre sur le trône leva la main dont tout un banc de poisson vinrent picorer les lambeaux.

— Avant d’être ta mère, je suis ton amy kabira et je t’ai donné un ordre que tu ignores par paresse et c’est inacceptable : tu dois prendre soin de Melchior !

— C’est une pétoule ! Il n’a que treize ans !

— Oui, et c’est l’âge le plus délicat pour les damoiseaux. Sa mère était amy kabira avant moi et avant de mourir, elle m’a fait promettre que notre famille prendrait soin de son fils unique. Je ne te crois pas être capable de prendre en main un peuple si tu recules à la simple perspective de gérer un jeune garçon. Tu devras faire de lui un homme le moment venu.

La jeune femme serra les poings et cracha :

— Vous me prenez pour son homme de garderie ? J’aime les mâles faits qui n’ont pas peur de me lécher la chatte, pas les petits puceaux frileux.

Le squelette du caïman se mit à gronder et s’enroula davantage autour du trône. Le squelette fit claquer ses dents avec agacement.

— Tu jactes comme une fillette qui pense que le sexe n’existe que pour la faire jouir et fanfaronner. Il s’agit de politique et tu ne le vois même pas ! Le rituel de passage à l’âge adulte n’est pas un jeu pour un petit garçon.

BOUM !

La cabine tangua un peu et le lustre de bois et d’os fit tintinnabuler ses pampilles. Le son était étrangement lointain.

— Dites ce que vous voulez ! Vous n’avez pas le droit de m’empêcher de concourir. Demain, je mènerai mes bateaux et j’affronterai à la bataille les autres concurrentes ; nulle autre que moi n’a de meilleure chance de vaincre dans ce domaine.

Appuyant son visage en décomposition sur son poing, l’amy kabira de la mort grimaça avec condescendance. Un poisson-clown s'était logé dans son orbite et lâchait des flopées de bulles par intermittence.

— Vraiment ? Tu devrais te méfier un peu plus de Terfez.

— La fille de Dédale ? Elle n’a que quatorze ans ! Je veux être à votre hauteur, pas continuer à jouer avec des gamins !

— Cette légèreté est une preuve de ton immaturité, cette morveuse est un jeune mamba noir, même sa mère est moins venimeuse.

Sa fille eut un mouvement méprisant.

— Elle deviendra une redoutable bretteuse, c’est évident, mais elle n’entend rien en matière de bataille navale.

BOUM !

La bouteille de whisky qui était sur le bureau bascula sur le flanc avant de rouler, puis tomba mollement au sol, où elle continua son chemin. Celle qui était Spirale resta silencieuse pendant quelques instants, puis parla d’une voix empreinte de lassitude :

— Après tout... peut-être que tu as raison. Tu es femme depuis longtemps maintenant et tu ne changeras sans doute pas sans être confronté à la réalité du monde : je n’ai d’autre choix que de te faire confiance. Si tu t’engages dans le tournoi qui doit me trouver une 'am saghira, tu en sortiras sûrement vainqueur, j’espère seulement que tu ne le regretteras pas.

Cette maigre victoire laissait un goût amer dans la bouche de la jeune femme et alors qu’elle s’inclinait pour se retirer, sa mère lui adressa une dernière parole :

— Cependant, peu importe tes ambitions, j’ai mis mon honneur en jeu : quoi qu’il se passe, protège Melchior.

— Qu’est ce que vous racontez ? Qui voudrait faire du mal à ce lardon ?

BOUM !

 

Spirale ouvrit brutalement les yeux.

Elle ne parlait pas au corps mort de sa mère... Son bateau n'était pas engloutit au fond des flots...

Ce n'était qu'un rêve.

Une chandelle de suif faisait briller les os du caïman qui entourait son fauteuil ; il avait l’air de sourire. Il lui fallut une poignée de secondes pour émerger de son songe et réaliser qu’elle était assise à l’endroit précis où elle avait si longtemps vu sa mère siéger. Le tricorne maternel était posé sur la table, à côté de la bouteille de rhum vide ; le cuir avait vieilli et les plumes étaient toutes mitées à présent.

La pièce était demeurée inchangée : les murs couverts de mosaïques représentaient une danse macabre où d’enjoués squelettes se trémoussaient et sur les étagères s’accumulaient des dizaines de momies poussiéreuses de jeunes alligators, ainsi que des osselets, un jeu de cartes de divination, et de vieux traités de guerre pourrissants. Dans une armoire vitrée s’entreposaient uniquement des instruments de navigations : sextant, boussole, compas, astrolabe, sphère armillaire et un certain nombre de cartes de la mer. Seul le crâne du bébé datait de son époque.

Spirale essuya distraitement la larme unique qui roulait sur son long visage chevalin et repoussa en arrière son interminable chevelure d’un rouge sanguin.

Elle avait brillamment réussi l’épreuve pour devenir 'am saghira de la mort. Après tout, quand la guerre avait sonné, c’était elle et son escouade qui étaient parvenues à perdre les bateaux des sombres dans les tourbières de feu de mustanqae, les abandonnant à la merci des Djinns. Elle était une héroïne pour son peuple tandis que tant d’autres flibustières étaient mortes, ou avaient été mutilées... comme sa mère.

Mais Melchior... parce que par négligence, elle n’avait pas pu le sauver d’un triste destin, elle avait perdu tout à la fois le respect, l’honneur et la raison de sa mère et cela, Spirale ne pourrait jamais se le pardonner. Tout comme elle ne pourrait pardonner à Terfez, devenue à son tour Dédale, ce qu’elle avait fait.

Un jour sa mère avait prit une barque et était partie en mer, avant d'en crever le fond pour rejoindre 'Iilaaha. On avait parlé d'accident — car le suicide était un pêché                  —, mais Spirale savait que c'était faux. Sa mère était folle... morte, et elle en était responsable.

BOUM !

Elle releva le visage : c’était le même bruit qui avait perturbé son rêve. Alors qu’elle s’était redressée, quelqu’un toqua à la porte et sa seconde, Mangouste entra.

— Capitaine, si vous n’êtes pas trop occupée, je crois que Larifari a besoin de vous dans la cale.

— Elle m’a demandée ?

Mangouste hésita :

— Pas vraiment, non. Mais je crois que ça lui serait bénéfique. Vous devriez même lui apporter un petit remontant, si je peux me permettre.

Spirale avait compris le message. Elle sortit une nouvelle bouteille de rhum de son bureau et descendit à la cale qui se trouvait juste en dessous de son cabinet de travail.

BOUM !

Le bateau oscilla au rythme d’une lame et des centaines de pommes roulèrent ensemble sur le fond du navire. Spirale s’accouda contre l’échelle et observa les cinq tonneaux renversés tandis que Larifari grimaçait en tenant sa botte, qui contenait sans doute un pied douloureux. Ses phalanges étaient poisseuses de sang. La grande mère de la mort leva les sourcils ; sa pupille n’était pas un modèle d’autocontrôle, mais s’il lui arrivait ponctuellement de briser un ou deux nez, jamais elle ne perdait le contrôle d’elle-même au point de se briser la main et le pied dans une crise de colère.

— Qu’est-ce qui se passe, ma fille ? Les femmes ne pleurent pas, tu sais ?

Larifari lui lança un air farouche et recula de trois pas vers le fond de la pièce où une lanterne en laiton éclairait un sarcophage d’argile ; Spirale haussa les épaules :

— À la place, elles balancent des tonneaux, c’est plus marrant. Mais j’espère que tu comptes ramasser.

Pour toute réponse, Larifari se laissa glisser par terre contre le sarcophage où reposait le corps de Lulla, recouvert de dizaines de kilos de sel, et appuya son front sur ses bras. L’amy kabira la rejoignit, écarta les vases canopes qui la gênaient et s’assit sur le sol, ses orteils nus posés sur le cuir des bottes de sa seconde.

— Alors marmousette, qu’est ce qui te fait mal en dedans ? On peut pas tout dire à tout le monde, mais moi je suis ton amie, ta famille, et je te consolerai comme je peux.

Larifari releva un tout petit peu la tête et ses yeux jaunes et globuleux luisirent derrière les lourdes boucles lilas.

— C’est Lactae... Elle se souvient pas.

Comme Spirale avait l’air perplexe, elle poursuivit :

— Elle se souvient pas quand on était sur le bateau, pendant la guerre. Elle se souvient pas. Et moi qui l’admirait tellement ! Elle était si accomplie, si irréprochable ! C’est pour elle que j’ai passé l’épreuve, que j’ai risqué ma vie ! Pour être son égale, même au prix de ne plus pouvoir la voir un jour. Alors pourquoi j’ai toujours l’impression d’être cette gamine qui la regarde de dos ! Pourquoi elle ne peut pas me regarder moi ? Pourquoi elle est capable de me dire, sans ciller, qu’elle ne se souvient pas, que je suis insignifiante, qu’elle ne peux pas me faire confiance, que...

Spirale croisa les bras. Et elle qui pensait que Larifari était perturbée par la mort de Lulla. Il vrai que ces deux là n’étaient pas vraiment proches… Mais si elle avait pu s’attendre à ça…

— Lari... Je suis sûre qu’elle n’a pas dit que tu étais insignifiante. Même si elle le pensais, elle ne le dirait pas. Toi qui es orpheline de naissance, au moment où tu l’as reconnue comme ton modèle, elle a perdu le sien. Sa mère est morte durant cette guerre où elle était impuissante, coincée avec une bande de gamins qui faisait la moitié de son âge. Ce n’est pas ta faute et tu n’es pas insignifiante.

Larifari enfouit à nouveau sa tête entre ses bras :

— Je sais tout ça !

Elle poussa un bruit qui ressemblait plus à des larmes qu’on ravale qu’à un vrai sanglot et dans un nouveau roulis du navire, les pommes vinrent à la rencontre du mur opposé. Spirale se pencha en avant, déboucha sa bouteille de rhum et en avala une lampée avant de tendre l'alcool à Larifari qui l’ignora.

— T’as déjà trente ans, tu casses des gueules, tu égorges la ribaudaille, mais t’es pas hyper douée pour ces trucs-là, hein ?

— Arrête de te foutre de moi.

— J’me moque pas, j’étais pas très douée, moi non plus. Je m’inquiète pour toi, au contraire. Et même si ça me fait mal, il faut que je te donne un conseil : tu dois pas parler en public de Lactae comme tu viens de le faire avec moi.

Les yeux jaunes réapparurent.

— Quoi ?

— C’est peut-être pas ce que je crois que c’est. Mais ça pourrait être utilisé contre toi un jour ou l’autre et crois-moi, certaines ne se gêneraient pas. Et moi j’ai besoin de toi et je ne veux pas qu’il t’arrive malheur. Tu vois, on est peut-être pas les plus fines brettrices ou les plus intelligentes, mais toi, moi et nos femmes, on est plus unies que des moules et leurs rochers, et je permettrai pas que quelqu’un se mette en travers de ça. C’est notre force à nous, alors c’est mon devoir de te mettre en garde.

Les iris jaunes glissèrent sur le côté, se brouillèrent de rage et pendant un instant, Spirale crut que Larifari allait encore frapper quelque chose, mais elle papillonna des yeux et murmura :

— Ça va, j’ai compris.

Le navire oscilla et les pommes coururent en tout sens, entre les vases où reposaient les organes de la morte, entre les tonneaux renversés, entre les bottes et les orteils... La main de Spirale se posa sur son coude et le serra très fort :

— Allez, ramassons tout ce bobinard.

*

Au moment où la petite mère de la naissance se présenta devant leur porte, Balthazar était en train de rêver qu’il courait. Mais la vision de cette ville du continent, entourée de hauts remparts au milieu d’un désert, où il marchait dans un jardin somptueux, s’effaça quand la jeune femme lui tapota la tête.

— Réveille-toi, petit.

Il papillota des paupières pour trouver Lactae penchée sur lui, un ara rose perché sur l’épaule. Il sentit aussitôt que Raclure se réveillait de sa sieste — à ses pieds — pour poser sa truffe humide contre son coude. La petite mère le dévisageait, indéchiffrable.

— Ton tuteur est là ?

Balthazar s’était endormi devant le porche, en tricotant un pull en laine de chèvre. Les aiguilles étaient encore coincées entre ses doigts quand il répondit :

— Il est à l’intérieur.

Il écarta son fauteuil roulant pour que l’am saghira puisse entrer dans la minuscule maisonnette de bois sur pilotis. L’air sentait le poisson frit, les épices... et tout en humant, Lactae épousa l’espace du regard : il n’y avait qu’une seule pièce, avec deux couchettes, un poêle sur lequel rissolait de la daurade et un cabinet de toilette minimaliste. Il y avait une plaque d’ardoise appuyée contre un mur où étaient inscrites des lettres maladroites en dessous d’autres lettres tracées parfaitement. Lactae fronça les sourcils imperceptiblement. Gaspard apprenait-il l’écriture au jeune handicapé ? Mais n’était-il pas analphabète ? Se pourrait-il que ce soit le contraire ? Dans un autre coin, des bâton de bois, taillé pour s’entrainer à l’escrime attirèrent son attention. Ça aussi c’était étrange. Pas interdit, mais malvenu chez un homme. Encore plus chez un impuissant. Mais quoi qu’il en soit, ça restait des armes jouets et aucune bretteuse ne se sentirai menacée par ça.

— Balthazar ? Tu es réveillé ?

Gaspard était en train de remuer le contenu de la marmite et s’arrêta en apercevant Lactae ; il ne paraissait pas surpris.

— Salut, salut ! croassa l’ara en agitant ses ailes.

— Tais-toi, Taboulé.

Pour unique bonjour, la petite mère fixa un peu trop longuement l’homme qu’elle était venue interroger. Gaspard avait beau avoir été abandonné à la naissance, son implantation capillaire en V, son regard mauvais et ses iris étranges ne trompaient personne sur sa lignée. Lactae se souvenait bien de l'arrivée dans le monde de ce bébé dont personne ne voulait. La croix impersonnelle qui avait remplacé la signature de la mère dans le registre des naissances, tenu par le temple du même nom. C’était la première fois — mais pas la dernière — que Portail l’avait déçue, arrangeant les petites affaires des uns et des autres, pour ne froisser personne et surtout pas son propre confort.

Le jeune homme lui apporta une caisse de bois pour qu’elle puisse s’asseoir.

— Vous êtes là pour enquêter sur la mort de Lulla, n’est-ce pas ? J’étais sûr que vous viendriez.

— Pourquoi ? Vous avez quelque chose à vous reprocher ?

Lactae n’aimait pas Gaspard. Ou plus précisément, elle se méfiait de lui. Les hommes de sa connaissance avaient tous un côté bovin ; ils étaient fort, mais lents et leur cervelles étroites tournaient en boucle autour de leurs appétits premiers. Mais Gaspard n’était pas comme ça et pire, ne feignait pas de l’être. Son visage buriné et son corps musclé faisaient comme une carapace fruste autour de son regard intelligent et Lactae ne put s’empêcher de penser au yeux de Dédale qui brillaient du même éclat derrière son masque de gnou.

L’homme lui lança un regard noir :

— À votre avis ? J’ai formulé une requête délicate et Lulla semblait faire tout ce qui était en son pouvoir pour m’aider, pourquoi est-ce que je l’aurais assassiné ?

— Je n’ai rien dit de tel, on peut avoir quelque chose à se reprocher sans en arriver au meurtre. Dites-moi plutôt quelle était la nature de votre requête ?

— Vous le savez, non ? J’ai demandé à ce que les impuissants obtiennent l’indépendance financière.

Il était si incongru de parler politique avec un membre du beau sexe que Lactae se sentit mal à l’aise.

— Oui, une demande ridicule qui ne passera jamais.

— Le livre des Vérités ne dit rien qui s’y oppose.

— Peut-être, mais c’est le genre de requête qui est du ressort de Dédale, et Dédale ne poserait même pas les yeux sur un projet de loi qui risque de diminuer son influence. Lulla le savait, alors, expliquez-moi pourquoi ma défunte collègue s’est acharnée sur votre réclamation pendant des mois, au point que les domestiques pâles rapportaient les disputes à faire trembler les murs de la petite et la grande mère de la Vie.

Balthazar avait fait rouler son fauteuil devant l’entrée et écoutait la conversation, la tête appuyée contre le chambranle. Gaspard soupira :

— Il vous paraît si incroyable que quelqu’un soit sensible à notre cause ?

— Gibier de potence ! Bourse-molle ! cria Taboulé ce qui fit battre la queue à Raclure, debout aux côté de son maître.

— Oui, répondit Lactae. Lulla ne s’intéressait qu’aux membres du beau sexe et au moyen le plus direct de les effeuiller. Même si elle s’était prise d’une soudaine passion pour votre frigidité, elle n’aurait pas eu la patience de batailler pendant trois mois pour votre bon plaisir. Il va falloir trouver un peu mieux que ça.

— Je ne sais pas quoi vous dire d’autre. Peut-être qu’elle souhaitait créer un conflit avec son amy kabira et qu’elle a sauté sur l’occasion. Ne feriez-vous pas vous-même quelque chose contre Dédale si vous le pouviez ?

— Qu’est ce que vous insinuez ?

— Et bien, quand on laisse traîner ses oreilles, on entend dire que le pouvoir n’est plus équitablement réparti entre les amy kabiras et que Dédale remporte une plus grosse part du gâteau que celle qui lui est promise. Cela ne vous donne pas envie de faire quelque chose et de défendre les intérêts de Portail ?

Lactae croisa les bras sur sa broigne :

— C’est avec ce genre de discours que vous avez encouragé Lulla ? Vous devriez être prudent, ça frôle l’hérésie.

— Pourquoi ? Il est écrit dans le livre que le pouvoir doit être réparti équitablement. N’est-ce pas plutôt une hérésie de laisser les choses se dégrader ? N’est-ce pas votre devoir ?

— Peut-être imaginez-vous que prononcer le mot « devoir » fera vibrer une corde sensible en moi, mais non. Et je n’aime pas du tout la façon dont vous menez cette conversation. C’est moi qui pose les questions.

Gaspard ouvrit la bouche, mais une petite voix le coupa :

— Ça ne sert à rien...

Balthazar secouait doucement la tête d’un air mélancolique, tout en grattant son chien entre les deux yeux.

Gaspard referma la mâchoire et Lactae trouva cet instant bizarre ; comme si un mot de la part de ce garçon de treize ans qui n’était pas fait homme avait suffit à changer quelque chose chez son ainé. D’ailleurs, toute cette conversation avait dérapé, comme si Gaspard avait essayé de lui faire dire quelque chose qu’elle ne voulait pas.

— Vous désiriez poser d’autres questions ? marmonna Gaspard d’un ton un tantinet trop hargneux.

— Oui, est-ce que Lulla a évoqué une carte devant vous ?

Les yeux de Gaspard glissèrent imperceptiblement sur Balthazar, mais l’am saghira le remarqua. À nouveau, ce fut le jeune handicapé qui parla :

— Oui, elle cherchait bien une carte, mais rien qui ait un lien avec nos revendications.

— A moi d’en juger. Comment savez-vous qu’elle cherchait cette carte ?

— Elle voulait savoir si la mère de Gaspard ne lui avait pas laissé un objet précieux où aurait pu être dissimulé un parchemin, une carte plus précisément. Mais il ne possède rien, ce n’est pas comme si elle l’avait reconnu ou quoi que ce soit d’autre.

— Où étiez-vous le jour précédant le meurtre ?

Gaspard lui lança un nouveau regard sombre :

— J’étais dans le tanafas, à cueillir l’algue shifa. N’importe quel autre impuissant pourra vous le confirmer.

— Bien, et toi petit ?

— Je gardais mes chèvres, en haut de la montagne.

— Est-ce que quelqu’un t’a vu pour confirmer tes dires ?

Il secoua la tête :

— Je ne me souviens pas, 'am saghira, mais je suis presque toujours seul là-haut.

Lactae pinça les lèvres. C’était ridicule, n’importe qui aurait pu se débrouiller pour déposer le serpent devant la porte. De plus, si le perroquet n’avait pas dit n’importe quoi, Lulla se savait menacée. Pourquoi ne pas avoir demandé de l’aide ? Et pourquoi avoir ouvert la jatte scellée ?

— Je vois, ce sera suffisant pour aujourd’hui.

Balthazar écarta son fauteuil pour que l’am saghira puisse sortir. Il avait la certitude que l’entrevue ne s’était pas très bien passée et se tourna vers son tuteur :

— Je pense que l’on ne doit pas s’adresser à elle comme à Lulla. Ce n’est pas du tout le même genre de personne et celle-là est à la fois plus authentique et plus méfiante, autant dire plus dangereuse.

— Il fallait essayer. Elle était sur ses gardes, c’est certain, et elle méprise les hommes dans leur ensemble, mais Lactae n’est pas du genre à profiter de son pouvoir pour aller trop loin.

Mais Balthazar n’écoutait plus ; une jeune fille de son âge, plutôt séduisante, longeait le port d’un pas déterminé. Il espéra secrètement que la femme qui ferait de lui un « homme » pendant la cérémonie serait aussi fortile que celle-là. Il lui fallut quelques secondes pour reconnaître la nouvelle 'am saghira de la vie et ses espoirs fondirent comme neige au soleil : si l’élite couchait avec autre chose que le haut du panier, il serait bien étonné.

*

Vue du ciel, la baie de Hàgiopolis ressemblait grossièrement à un croissant de lune dont l’une des extrémités se délitait en marécage et se terminait par un haut phare à moitié englouti ; l’autre formait un long banc rocailleux qui s’élevait sur une falaise surmontée d’une forteresse : le temple de Dédale.

Lù marchait sur le chemin qui menait à la citadelle ; les pierres étaient recouvertes de guano séché et elle devait faire attention où elle mettait les pieds pour ne pas écraser les œufs des mouettes et des macareux qui nichaient près de la route.

Arrivée devant les hautes portes de bois clouté, elle croisa un homme qui sortait du temple. C’était un quarantenaire aux yeux tristes, plutôt bien conservé et quelque chose remua dans les tripes de l’adolescente tandis qu'elle le détaillait, avant de se reprendre : d’un commun accord, elle se devait de rester fidèle quand Taïriss l’accompagnait dans ses voyages, et jusqu’ici, elle ne se souvenait pas avoir failli.

La forteresse de Dédale était un imposant bâtiment de pierres rouges surmontées de créneaux entre lesquels pointaient des canons. Les vagues et les embruns qui s’étaient abattus sur les murailles avaient recouverts les murs de longues coulées jaunes vertes où avaient poussé des algues. Le crâne d’un gnou bleu surplombait l’entrée et le corps d’un serpent hérissé de clous était exposé sur la porte : les Djinns n’étaient pas bienvenus ici. Lù patienta ; en montant le chemin, du sable était rentré dans ses chaussures et la gênait. En l’apercevant, deux esclaves pâles lui ouvrirent les battants et la jeune fille entra dans le temple.

Aussitôt, son nez fut agressé par l’odeur des aromates qui brûlaient dans de multiples braseros, mais ce parfum de fumée et d’épices dissimulait quelque chose de plus épais, un effluve de sang chaud et de viande crue. Elle se trouvait dans une salle si immense qu’elle n’en voyait pas le bout : des centaines de colonnes s’étendaient dans toutes les directions, hautes de plus de vingt mètres et surplombées de chapiteaux en forme de gnous bicéphales. Les murs de briques rouges étaient couverts de fresques qu’arpentaient des créatures mi-femmes, mi-bovidé ailés, peintes de profil, les yeux cernés de khôl et le regard vide. Une domestique à la peau de lait s’approcha avec une torche, s’inclina et fit signe à Lù de la suivre dans un escalier qui montait sur les remparts. Là l’attendait Dédale, l’œil vissé à une longue-vue qui surveillait le vaisseau des sombres reprenant tranquillement la mer.

Lù inspira l’air marin, — ce qui lui fit le plus grand bien — rejoignit l'amy kabira, puis patienta jusqu'à ce que Dédale ait terminé. Elle était à moitié nue, comme lors de la cérémonie, mais ne portait pas son masque. Sous la masse épaisse de tresses noires, le visage était profondément dur, avec une peau tannée comme du vieux cuir, un nez pointu aux narines frémissantes et des yeux mauvais d’une couleur incroyable — mélange de bleu, vert, gris et jaune.

Dans le doute, la nouvelle petite mère s’inclina en essayant de rester immobile, bien qu’entre ses orteils, le sable fasse « cri-cri-cri », ce qui était vraiment désagréable.

— C’est bon, redresse-toi, pas de flagornerie ici.

Lù obtempéra. Malgré ses paroles, le regard de la grande mère était glacial.

— Soyons claires, d’abord je ne tolérerai plus le moindre retard. Deuxièmement, je veux que les choses soient parfaitement posées entre nous : tu n’es pas la bienvenue ici.

Lù se mordit la langue pour éviter de riposter du tac-au-tac et se força à articuler d’un ton détaché :

— Ais-je déjà fait quelque chose pour vous déplaire ? Si cela est lié à l’heure de mon arrivé, je ne connais seulement rien à...

— Ça n’a rien à voir avec toi, j’aurai dit la même chose à une autre.

Devant le silence de Lù, l’amy kabira reporta son attention sur la mer au travers de sa longue-vue et continua :

— Connais-tu l’histoire de ma famille, béjaune ?

— En toute sincérité, pas du tout.

Au loin, la voile du galion des sombres faisait une tache blanche sur l’océan qui respire, bleu outremer ou turquoise, en fonction de la zone sur laquelle on naviguait.

— Ma mère était amy kabira de la vie avant moi. Et avant elle, ma grand-mère et mon arrière grand-mère. Ma famille occupe ce poste depuis cinq générations et je suis la première à lui faire défaut.

— Pourquoi ? Vous êtes grande prêtresse.

La femme tourna vers l’adolescente ses yeux à la couleur hors du commun :

— J’ai eu quatre enfants : un garçon et trois filles mortes-nées. Il semblerait que la tradition doive se terminer avec moi. C’est pourquoi chaque héritière qui usurpe la place de la femme que j’aurai dû faire naître ne fait que me rappeler mon échec.

— Cela pourrait-il être de la magie noire ?

— Que veux-tu dire ?

— Lulla a été mordue par un Djinn et toutes vos filles sont mortes avant leur naissance. On dirait que le destin s’acharne sur votre maison. Je ne crois pas que les Djinns choisissent si précisément leurs victimes, mais les hommes qui se laissent séduire par le démon à grande bouche sont en mesure de les invoquer. Larifari m’a révélé elle-même que des groupuscules de païens se réunissent dans le nord de l’archipel.

— Et que suggères-tu ?

— Larifari monte une expédition pour aller voir ce qui se passe là-haut. Puisque vous ne voulez pas de moi dans vos pattes, nommez quelqu’un pour faire l’administratif à ma place pendant quelques jours pendant que je vais jeter un coup d’œil. Je n’ai pas vraiment envie de finir comme la précédente.

— Mais si tu as raison et que je donne naissance à une fille, ne te sentiras-tu pas menacée par moi ?

— Le pouvoir ne m’intéresse pas. Je recherche quelque chose et être 'am saghira va m’y aider. Soyons alliées et si vous faites naître une fille, j’abdiquerai le moment venu. Pour être franche, je n’ai aucune envie d’être enfermée toute ma vie dans votre donjon, aussi grand soit-il.

Dédale contempla longuement la mer qui s’étendait à perte de vue et le ciel constellé de mouettes et cormorans.

— C’est vrai que tu es une étrangère. Pourquoi devenir grande prêtresse dans ces conditions ? Il va falloir me dire ce que tu cherches, petite.

— Je cherche une carte, qui se trouve, je pense, dans cette forteresse.

— Et à quoi mène cette carte ? À une sorte de trésor ?

Lù hésita. Jusqu’où devait-elle révéler la vérité ?

— Il s’agirait d’une sorte de... relique très ancienne. Un objet qui aurait appartenu à l’une des premières prêtresses. En soi, je désire surtout pouvoir étudier cet objet, mais il peut être un véritable gain pour votre temple.

Dédale resta silencieuse un moment, avant de conclure :

— Et bien, pourquoi pas ? Tu as mon autorisation pour partir vers le nord. Désires-tu des femmes pour t’accompagner ?

— Je demande seulement à pouvoir emmener mon compagnon avec moi, je suis indifférente à la présence d’autres éléments et me remets à votre jugement.

— Tu emportes un homme ? Les hommes sont forts, mais ils ont la jugeote d’un mérou.

— Ne vous inquiétez pas, le mien est bien dressé et m’est totalement dévoué.

— Autre chose : il n’est pas à écarter que Spirale soit derrière tout ça, alors méfie-toi de Larifari.

Lù eut un sourire sans joie. La brise marine emmêla ses cheveux et elle dut resserrer le nœud de velours noir qui les retenait.

— Ne me prenez pas pour une tourte. Je me méfie de tout le monde, vous y compris.

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Nathalie
Posté le 12/11/2022
Bonjour Gueule de Loup

L'enquête avance ou recule, selon le point de vue. On déambule, on fait des pas chassés, chaque personnage dévoile une carte tout en en piochant deux et en en mettant une dans sa manche. C'est très bien fait.
Elia
Posté le 25/08/2019
Alors je vais commencer par ce qui me turlupine : l'attitude de Lù. Dans le précédent chapitre je trouvais déjà qu'elle jouait avec le feu en parlant si directement à Lae et Latifari mais là je trouve vraiment que sa franchise et son audace frôlent la naïveté. Je suppose que tu as des raisons de la faire réagir comme ça mais ça me fait tiquer.
Gaspard est aussi naïf et direct mais on peut le comprendre, il ne saisit pas tout à fait à qui il se confronte xD j'ai beaucoup aimé plonger dans le souvenir de Spirale. En revanche c'était un peu flou, j'ai eu du mal à faire le lien avec la Spirale actuelle (même si après en lisant la fin du chapitre j'ai un peu mieux compris le pourquoi du comment) mais sur le coup, pendant ce passage j'ai peiné à me dire que Honorine était la Spirale actuelle et qu'on était dans un souvenir au début !
À plus tard !
GueuleDeLoup
Posté le 30/08/2019
Alors effectivement Lù a une attitude particulière mais c'est tout à fait voulu de ma part. Je pense que tu as déjà compris qu'elle est quelqu'un de "bizarre". Donc sa "naïveté" est soit calculée, soit elle n'a pas du tout peur pour elle-même, soit les deux ;p
Je reregarderai le passage avec Spirale et son rêve que j'ai déjà retouché pour qu'il soit plus clair :'(. Il me semblait que c'était dit très clairement.
Renarde
Posté le 05/07/2019
"La pièce était demeurée inchangée" cela sonne bizarre. "La pièce demeurait inchangée" ?
" Les hommes sont forts, mais ils ont la jugeote d’un mérou." J'adore !
Et j'aime beaucoup la conclusion.
L'échange avec Balthazar et Gaspard est très intriguant. On se demande ce qui se cache derrière ces deux personnages.  Il y a beaucoup de mystères en toile de fond, j'ai hâte de savoir où tout cela va nous mener !
Rachael
Posté le 24/02/2019
Bon, alors c’est sûrement parce que j’étais fatiguée, mais j’ai mis du temps à comprendre qu’on était dans un retour en arrière dans la première partie du chapitre.
Du coup, on est dans une sorte de dynastie des grandes mères, mais qui s’arrête à cette génération, si je comprends bien. Autant Spirale que Dédale n’a pas sa fille comme petite mère ?
Quant à Gaspard, il est le fils de dédale ou je n’ai rien compris ? Ou alors c’est portail ? J’avoue que j’ai un peu de mal à bien identifier les grandes mères encore, surtout d’un point de vue physique (non, pas de coup de pelle !...)
J’ai eu plus de mal avec ce chapitre, et en réfléchissant, je vois deux explications : la fatigue, et le fait qu’il n’y a pas trop d’actions dans ce chapitre, mais plutôt des discussions entre les personnages, avec des implications politiques complexes. C’est peut-être plus facile à dire qu’à faire, mais je me demande s’il ne faudrait pas relancer un peu d’action dans ce chapitre…
Bizzz
Détails
long visage chevalin : ce n’est pas un peu redondant ?
Balthazar était en train de rêver qu’il courrait : courait
GueuleDeLoup
Posté le 24/02/2019
Yop la suite!
 
Bon du coup, je pense que ce chapitre a perturbé pas mal de gens donc il va falloir que je changes des petits trucs. 
Genre, je vais commencer par préciser avant mes deux flash-back (il y en a un dans le chapitre d'après) que ça se passedans le passé, et je vais en profiter pour dater un peu tout ça.
"Du coup, on est dans une sorte de dynastie des grandes mères, mais qui s’arrête à cette génération, si je comprends bien. Autant Spirale que Dédale n’a pas sa fille comme petite mère ?"
Alors ouish et nonsh. Effectivement, Dédale est dans une dynastie de Grande mère et c'est une tradition. 
La mère de Spirale était bien GRande mère de la mort avant elle, mais il n'y a aucune injonction a perpétuer ça. Et effectivement, elles n'ont pas de fille ni lune ni l'autre et Gaspard est le fils de Dédale (mais ce n'est pas dit noir sur blanc dans ce chapitre, j'insisterai dessus plus tard).
 "J’avoue que j’ai un peu de mal à bien identifier les grandes mères encore, surtout d’un point de vue physique"
J'avoue que ça, ça me perturbe un peu plus parce que jusq'uici, effectivement, je ne les avait peu décrite vu qu'elles portaient des masques, mais que à la fois Spirale et Dédale sont décrites physiquement dans ce chapitre :/ . du coup je pense inister sur certain détail plus tôt, par exemple, ça ne coute rien de dire des le début que Spirale à de très long cheveux rouges très raides, même si on ne voitr pas sa tête. 
Après on va les voir plus à partir de maintenant, donc je vais faire un EFFORT.
"C’est peut-être plus facile à dire qu’à faire, mais je me demande s’il ne faudrait pas relancer un peu d’action dans ce chapitre…"
Alors il y a énormément d'action dans le chapitre d'après et je me demande s'il n'est pas possible d'intervertir les deux scène de Lactae. Je vais cogiter sur la chose. Dis moi ce que tu en penses si jamais tu y passes dans la semaine :p
En tout cas merci beaucoup pour tes retour. encore une fois, ça me fais très très très plaisir de te voir lire mon histoire et tu es pleine de bonnes remarques <3
Poutoux 
Makara
Posté le 09/02/2019
Coucou Loulou :p
Bon, j'ai pas grand chose à dire, ce chapitre se lit tout seul, les élèments de ton histoire se mettent doucement en place.  C'est un nouveau perso honorine, hein ? Je me rappelle plus d'elle... (je croyais que tu nous les avais tous présentés ??)
Le jour où cette blessure se refermera sera le signe qu'une femme a vaincu le mal et atteint la sagesse. => Bah jamais quoi^^xd
Mais l'idée est très intéressante. 
J'aime toujours les dialogues savoureux de tes persos et leurs sublimes insultes <3 
Les hommes sont forts, mais ils ont la jugeote d'un mérou.=> OMG, j'ai le droit de dire que c'est vrai ?? lol (makara part se cacher).
Ne me prenez pas pour une tourte. => J'adore <3
Bon ben la suite, moi j'attends. :p
Bisous volants 
GueuleDeLoup
Posté le 09/02/2019
Coucou ^^
 Et merci pour ta lecture.
Alors pour répondre, non, Honorine n'est pas du tout un nouveau perso, c'est la grande mère de la mort (c'est elle qui se "dispute" avec Dédale, la grande mère de la vie et se barre dans la ville au lieu de rertourner dans son temple). Honorine était son prénom avant qu'elle ne prenne celui de la prophète de la mort. Et du coup on est censé comprendre qu'avant elle, c'était sa mère qui était prétresse de la mort (donc qui était Spirale). 
(Et en parallèle, on apprend que Dédale est aussi issue d'une généalogies de grandes prétresses et  que son prénom était Terfez si on fait le lien avec la scène du début)
La première scène est un rêve du passé (puisque Melchior#leproxénète avait 14 ans à l'époque).
J'avoue que je ne pensais pas du tout que ce ne serait pas clair, donc il faut peut-être  que j'insiste sur le fait que Honorine et elle ne font qu'une seule et même personne?
Et quand aux règles... et bien si, les femmes atteignent la sagesse quand elles sont ménaupausées. Et genre les meufs anorexiques qui ont pas de règles, elles ont bien la côte aussi.  Bien sûr le mal ne sera jamais complètement vaincu ;).
 
DEs poutoux et à bientôt <3
Elga
Posté le 22/02/2019
Coucou!
 Encore un chouette chapitre dont j'ai pu apprécier les détails disséminés ça et là et qui parviennent à nous faire voir le monde que tu as inventé.  Vraiment j'adore toujours. Au début je me suis dit, oh lala un nouveau perso, je vais m'y perdre mais j'ai été rapidement rassurée.  D'ailleurs, ce qui me plait aussi c'est que ton monde tout étranger qu'il est, reste dans la tête malgré les semaines qui séparent la lecture de tes chapitres. 
À la fin de ce chapitre, je me suis dit que tu pourrais évoquer la carte seulement dans ce chapitre peut-être ? Ça résoudrait le petit problème de cohérence du chapitre précédent, ici le mystère de la carte me semble mieux amené et Lù  en parle parce qu'elle a qqc à demander à Dédale. Je n'ai plus trop en tête le détail du précédent chapitre et tu étais peut-être obligee de parler de la carte à ce moment là,  je ne sais plus trop. 
Bref, c'est toi l'autrice!
Bisouilles 
Elgaëlle 
GueuleDeLoup
Posté le 22/02/2019
Yep coucou!
Merci beaucoup pour mon univers. J'ai une question importante parce que j'ai déjà eu l'ambiguïté avec une autre lectrice:
Tu dis: " Au début je me suis dit, oh lala un nouveau perso, je vais m'y perdre mais j'ai été rapidement rassurée."
C'est parce que tu as réussi à raccrocher le personnage  à ce qui se passait ou parce que tu t'es rendue compte que ce n'était pas un nouveau personnage?
Comme Makara ne se souvenait pas de Spirale, je me suis demandée s'il fallait que je retouche cette scène ainsi que ses précédentes descriptions. Ca ne me couterai pas grand chose de préciser qu'elle a de très longs cheveux rouges dès le départ par ex.
 Concerantn la carte, je suis obligée d'en parler dès le chapitre précédent car Lactae et Larifari doivent être au courant de son existence et ce n'est pas Dédale qui va leur en parler. Par contre j'ai déjà retouchée cette scène que j'ai rendu beaucoup moins alambiquée et j'en suis beaucoup plus satisfaite. Je verai si j'ai d'autre retour un peu mitigé sur cette scène. Mais c'est vrai qu'elle m'a bien embêtée la gueuse XD. 
Merci beaucoup pour ton com et la correction des coquillettes sur le chapitre précédent, je vais aller voir ça!
DEs poutoux!
Loupette
Jowie
Posté le 19/05/2019
Hey hey Loup :)
Si j'ai bien compris les flash-back du début, Terfez est l'ancien nom de la Dédale actuelle ?
Je ne sais pas trop quoi déduire de l'affaire Melchior et Gaspard mais je me dis que c'est quelque chose que tu mentionneras à nouveau dans la suite et que j'arriverai mieux à cerner ;-)
C'était intéressant de savoir qu'il y a une tradition de dynastie pour la grande mère de la Vie, mais pas pour les autres.
J'ai bien aimé que l'on en apprend plus sur les intentions de Lù, ainsi que son caractère (le fait qu'elle se méfie de tout le monde par exemple). Quant à l'enquête à propos de Lulla, tu donnes ici de nouvelles piste et c'est satisfaisant de voir les investigations avancer de ce côté-là !
À voir les grandes mères comploter avec les petites mères, je sens que quelque chose se prépare !
C'est hors-sujet, mais je kiffe grave les insultes employées par tes personnages, Taboulé inclus xD Moi j'ai un trip avec les pÔneys et toi avec les perrÔquets, on dirait, haha!<br />
Et sinon, je stresse grave pour Balthazar et son rituel xD
Petites remarques:
et la toute puissante lui dit → toute-puissante
mais toi, moi et nos femmes, on est plus unis → unies
ne te sentiras-tu pas menacé par moi ? → menacée
à touti !
Jowie
GueuleDeLoup
Posté le 19/05/2019
Yep tu as tout bien compris:
Dédale s'appelait Terfez et Spirale s'appelait Honorine. Dans l'idée il n'y a pas de "tradition de grande mère de la vie" mais c'est juste une famille qui a réussit à s'imposer. Tout comme il n'est aps de tradition que ce soit les rices au pouvoir mais que dans les faits...
 
À voir les grandes mères comploter avec les petites mères, je sens que quelque chose se prépare !
Et bien je pense que tu as raison XD
C'est hors-sujet, mais je kiffe grave les insultes employées par tes personnages, Taboulé inclus xD Moi j'ai un trip avec les pÔneys et toi avec les perrÔquets, on dirait, haha!
Haha oui, j'avoue que je n'ai aps encore prévue grand chose pour lui dans la suite, (il a joué son rôle) mais je vais trouver, ce serait trop triste qu'on en reste là...
Et sinon, je stresse grave pour Balthazar et son rituel xD
Mais non, faut pas, faut pas. Ca ne peut que bien se passer ... ... ...
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