Chapitre 6 : Ondins et jumbees

Chapitre 6 : Ondins et jumbees

 

Évangile de Portail, chant numéro 8, verset 4

 

« Il vint un temps, après que Portail eut construit sa cité là où 'Iilaaha lui avait dit de la bâtir, où le peuple se détourna de la toute grande. Les femmes écoutaient les faux prophètes des peuples voisins et bientôt elles se mirent à adorer leurs dieux et à leur dédier des idoles d’or fondues. Voyant cela, 'Iilaaha rentra dans un grand courroux et quand le peuple des Euphrates descendit les vallées pour envahir les terres et détruire les murailles de la ville, la toute-grande ferma les yeux.

Quand furent égorgés les hommes et les enfants, la toute-grande ferma les yeux.

Quand les femmes se prosternèrent et la supplièrent de l’aider, la toute-grande ferma les yeux.

Quand les hommes du peuple euphrate arrivèrent dans le temple où vivait Portail, la toute-grande ferma les yeux.

Il se trouvait qu’en ce temps-là, vivait un jeune impuissant très pieux... »

*

— Il se trouvait qu’en ce temps-là vivait un jeune impuissant très pieux dont le nom était Andr. Chaque matin, quand Portail se présentait à l’entrée de son temple, il l’attendait pour avoir le privilège de lui baigner les mains avec de l’eau de rose. Il priait 'Iilaaha le matin, le midi et le soir et n’avait jamais de mauvaise pensée pour son prochain. Quand la ville fût attaquée, il se précipita au temple pour implorer la clémence de l’Unique et au moment où les guerriers euphrates allaient s’emparer de sa prophète, 'Iilaaha eut pitié. Elle leva la main et celles d’Andr furent habitées par des torrents de feux purificateurs qui dévorèrent tous les infidèles : c’est ainsi que Portail et la ville furent sauvés.

La voix de Taïriss s’éteignit, il ferma le lourd volume et le garçon appuyé sur ses oreillers lui fit un grand sourire :

— Merci docteur, c’est le passage que je préfère dans le Livre.

— Tu aimes beaucoup Andr, n’est-ce pas, Abbas ?

— Oh oui ! Comme lui, je prie 'Iilaaha le matin, le midi et le soir. Si nous sommes assez pieux, peut-être le premier péché finira-t-il par être pardonné ? Papa Melchior aussi est très croyant et il prend soin à ce que nous suivions scrupuleusement les préceptes.

Le regard de Taïriss s’assombrit légèrement en entendant les mots pleins d’espoir du petit malade.

— Comment peux-tu être si optimiste en vivant dans un tel endroit ?

Abbas eut l’air surpris :

— Vous m’avez déjà dit que dans votre pays, les enfants ne travaillent pas de cette façon, mais vous savez, ce n’est pas une mauvaise maison ici. Nous avons toujours de quoi manger, des vêtements propres, un médecin quand on est malade. Et puis surtout, il est interdit de nous maltraiter, personne ne doit pas nous frapper ou nous humilier. C’est une maison de passe très bien depuis que Papa Melchior en est le propriétaire, docteur, je vous assure.

Taïriss n’était pas vraiment convaincu, mais il tenait là l’occasion d’en savoir plus :

— Tu avais donc un autre maître avant ?

— Oh non, Docteur, cela fait une dizaine d’années que Papa Melchior a hérité de la maison. Avant, il travaillait lui-même ici et ça ne se passait pas de la même façon. C’est parce qu’il a tellement souffert que tout a changé quand il est devenu notre garant.

— Que s’est-il passé ?

— On dit qu’il a été l’objet des convoitises de deux de nos prêtresses qui à l’époque n’étaient qu’am saghira et le haïssaient autant qu’elles le désiraient. Tous les matins, Terfez, qui est maintenant Dédale, se faisait donner, puis le battait jusqu’à rompre son bâton et le soir, Honorine, devenue Spirale, le faisait venir avec trois autres garçons et...

— Abbas, ne parle pas trop si tu ne veux pas que je te coupe la langue...

Le garçon s’interrompit ; Melchior était appuyé contre le chambranle de la porte, faisant obstacle à la lumière qui rentrait dans la chambre bleue. L’adolescent s’enfonça sous sa couette, honteux d’avoir été pris en flagrant délit d’indiscrétion. Taïriss se leva de la chaise où il était installé tandis que le souteneur le détaillait de ses yeux tristes, les bras croisés sur son long peignoir de soie brodé de pastèques.

— Avez-vous fini vos soins, docteur ?

— Oui, j'arrive.

L’étranger salua rapidement son jeune patient avant de descendre les escaliers dans le sillon de Melchior. Postés aux quatre coins de la cour, des frangipaniers avaient fleuri et étaient entourés d’une multitude d’oiseaux colorés : colibris, toucans et calaos.

— Ne sont-ils pas charmants ?

Mal à l’aise, Taïriss ne put qu’acquiescer.

— Je m’excuse d’avoir posé des questions inappropriées, le garçon n’y est pour rien.

Melchior eut une moitié de sourire qui dessina des pattes-d’oie aux coins de ses yeux.

— Disons plutôt que vous êtes désolé de vous être fait prendre et n’en parlons plus. Voulez-vous un verre de rhum, monsieur docteur ?

— Non merci, je ne bois pas.

— Une cigarette alors ?

— Non plus.

— Vous êtes ma foi bien raisonnable. Un café dans ce cas ?

Sentant qu’un refus supplémentaire pourrait être impoli, Taïriss accepta. Il s’installa à une petite table, dans la cour ornée de tomettes bleues et turquoise. Bientôt, Melchior revint avec un service à café en porcelaine peinte et lui servit une grande tasse, avec beaucoup de sucre et de lait. L’étranger prit la tasse chaude entre ses mains et l’odeur amère atteignit les capteur situés dans son nez, mais quand le liquide glissa sur sa langue, il n’avait aucun goût. Lù l’avait programmé pour qu’il aime l’effluve du café ; il ferma les yeux pour profiter de l’arôme.

En face de lui, Melchior l’observait, les doigts effleurant sa propre tasse.

— Pourquoi ne me poseriez-vous pas directement vos questions ? Moi aussi, je suis curieux à propos de vous.

— Que voulez-vous savoir ?

— Votre maîtresse, est-elle exclusive avec vous ?

Taïriss eut l’air étonné :

— Et bien... uniquement quand nous voyageons ensemble, et nous voyageons ensemble depuis un moment. Quand à moi... je suis ainsi dire l’homme d’une seule femme.

Son interlocuteur eut une sorte de rictus moqueur :

— Bien sûr que vous l’êtes.

— Je vous demande pardon ?

— Je ne veux rien dire de particulier, mais à votre place je me méfierais. Les hommes de notre peuple doivent se montrer disponibles, quand aux femmes, elles ne doivent pas donner l’impression de favoriser un mâle, car celui-ci pourrait l’influencer de manière néfaste.

— Dites ce que vous avez à dire.

— On chuchote que vous vous êtes disputés avec l’am saghira de la vie ce matin et qu’elle est partie furieuse.

— Il est normal de se disputer parfois dans un couple. Elle voulait que je l’accompagne, mais je ne pouvais pas laisser Abbas sans soin. J’ai du faire un choix, même si cela ne lui fait pas plaisir.

— C’est ce que je disais. Vous êtes liés et vous êtes capable de la contrarier et de l’influencer.

— Il n’y a donc pas d’amour ici ?

Même quand elle avait compris qu’il ne céderait pas et qu’elle était partie, furieuse, elle avait dit : « Prends-soin de toi en mon absence, ne laisse personne te faire du mal. » L’amour pouvait bouleverser les esprits, mais c’était aussi une force, non ? Le proxénète hésita et son regard devint plus doux :

— Quoi qu’on fasse, il y aura des amoureux pour faire le mur et grimper par les fenêtres, monsieur le docteur. L’amour est une chose charmante, mais je vous mets en garde contre ses risques.

— Avez-vous vous-même été amoureux ?

Melchior ne répondit pas ; à la place, il se pencha en avant et effleura de ses doigts lourdement bagués la frange de cheveux rose qui voilait les yeux de Taïriss.

— Quel étrange regard vous avez, Monsieur. Je ne saurais dire exactement ce qu’il a de différent, mais il est intrigant.

Taïriss écarta la main :

— Sans doute mes origines étrangères, il y a peu de Grecs par ici. Je reviens à ce que nous disions sur l’amour : n’avez-vous pas été l’objet des passions de deux femmes ?

— C’est une vieille histoire, tout cela est du passé. Mais vous avez entendu Abbas : pour pouvoir assouvir leur désir sans qu’on imagine que je puisse avoir une influence politique, l’une m’abusait par la violence et l’autre ne me voyait jamais seul.

— Il s’agissait de femmes de pouvoir, sont-ce elles qui vous ont fait tous ces cadeaux ?

Taïriss montrait les bijoux fabuleux de Melchior.

— Oui. Je leur ai consacré un bras chacune, de l’or qui brille contre des humiliations et des ecchymoses. Vous voyez, je ne crois pas que leur amour pour moi soit si grand. Elles étaient rivales, se détestaient et se détestent toujours. J’étais un terrain sur lequel elles pouvaient se battre et j’en ai profité autant que je l’ai payé.

— Vous en dites trop ou pas assez, à votre tour.

— J’ai été très malheureux durant toutes ces années et je me suis juré de m’en sortir et de faire de mon mieux pour que d’autres ne subissent pas la même chose que moi. J’étais misérable, mais je rapportais beaucoup d’argent à mon lupanar alors j’ai fait chanter mon Papa : il devait faire de moi son héritier, sinon, je partais pour une autre maison de tolérance.

— Il a accepté ?

— Bien sûr, mais malheureusement, il est mort peu de temps après ça, poignardé. On a jamais retrouvé le coupable, mais ce n’était qu’une vieille pute qui vendait des corps de garçons affriolants, alors qui s’en souciait ?

Melchior avait fini son café ; il alluma une cigarette tout en apportant sur la table un plateau où des cornes de gazelles saupoudrées de sucre glace se disputaient avec les baklavas. Taïriss refusa poliment avant de continuer :

— Je commençais à vous apprécier, pourquoi me faire envisager que vous soyez le coupable ?

Les yeux de chiot triste restèrent imperturbables.

— Peut-être est-ce parce que votre innocence me gêne, homme docteur. Je sens votre désir de me trouver des excuses, votre amour de la bonté et du pardon. Mais je ne suis pas mieux que cet homme assassiné, rien qu’une vieille pute qui vend de jeunes et beaux garçons.

— Et êtes-vous satisfait de cette vie ?

— Je suis satisfait d’avoir compris comment le monde fonctionne. Le fort mange le faible, le faible peut s’en sortir s’il se soumet aux règles du fort, et parfois, quand le moment est propice, il peut prendre le fort au piège de son propre jeu. Je joue et j’attends. Gagner demande du sang-froid et de l’intelligence pour prédire les prochains mouvements de l’adversaire.

— Mais vous pourriez perdre.

— Bien sûr, cela fait partie des règles. Vous êtes sûr que vous ne voulez pas de pâtisseries ?

— Non merci, j’ai bien déjeuné.

— Et que diriez-vous d’un jeu de plateau, pour illustrer tout ça ?

Melchior sortit de sous la table un large échiquier sur lequel il posa des pièces noires et blanches en forme d’animaux : cobra, hyène, phacochère... Les deux reines ennemies étaient un gnou et un crocodile.

— Naturellement, continua-t-il, je prends les noirs et vous les blancs.

— Est-ce donc un combat du bien contre le mal ?

— Disons plutôt un combat de l’idéalisme contre la réalité.

Taïriss attrapa l’une des pièces délicatement taillées et la fit tourner entre ses doigts :

— Puis je faire une prédiction, Monsieur ?

— Je vous en prie.

— Je vais gagner.

Dans les frangipaniers, les oiseaux colorés de Melchior s’étaient mis à pépier et le soleil au zénith venait caresser de ses rayons dorés les tomettes de la cour. Le proxénète se pencha en avant :

— Seriez-vous prêt à parier de l’argent ?

*

Larifari avait l’œil collé à sa longue-vue quand la queue perça la surface des vagues. Le soleil fit briller les écailles roses, rouges et prune, recouvertes d’un mince film irisé.

— Ondin à bâbord !

— Où ça, où ça !

Lù avait bondi sur le bastingage et Larifari dut la retenir par le col de sa chemise pour qu’elle ne bascule pas par-dessus bord.

— Toi, tu te calmes et tu descends tout de suite.

La vérité, c’est que depuis que le Kelpie avait appareillé, Lù n’avait fait que s’enfermer dans un silence mutique. Tout l’équipage était au courant de l’altercation qu’elle avait eue avec son compagnon et comme toutes désapprouvaient, nulle n’avait essayé de lui remonter le moral.

Lù donna un léger coup sur la main de Larifari qui la lâcha. L’adolescente bascula en avant, mais se rattrapa du bout des doigts, le corps dans le vide et les pieds appuyés sur la coque. Habile comme un petit singe, elle remonta sur le pont.

— C’est comme ça que tu parles à l’une de tes égales ?

— Sur mon navire, personne n’est mon égal, péronnelle.

Le mot fit rire Lù.

— Alors, où elles sont ces sirènes ?

La quartier-maîtresse les rejoignit à la proue et Lù reconnut Tartine qui avait chanté au Hardi Phacochère, pour accompagner l’accordéon de Mangouste.

— Regarde, on les voit sous les vagues. On vient d’entrer dans leur territoire et on en surplombe tout un banc.

Effectivement, sous la surface se trouvaient de nombreuses silhouettes longilignes qui épousaient avec grâce la courbe de la coque. Les longues queues scintillaient en même temps que l’eau.

— On dirait qu’ils accompagnent le bateau.

Larifari avait les sourcils froncés et attacha sa chevelure emmêlée par le vent avec un pic en os :

— Oui, et ce n’est pas une bonne nouvelle. Bouche-toi les oreilles quand ils sortiront la tête de l’eau.

— Pourquoi ?

— Tu comprendras bien assez vite.

Lù s’appuya contre le bastingage, juste derrière la figure de proue en forme de cheval marin, tandis que l’équipage s’activait pour que le bâtiment vire en direction du marais et des îles du nord. Les silhouettes des ondins s’élancèrent devant le bateau afin de prendre de l’avance sur elles et quand certains jaillirent dans l’écume, Lù put voir les muscles puissants de leurs dos qui retournaient aux vagues et cela lui mit le bas-ventre en marmelade.

Au bout d’un moment, certains d’entre eux émergèrent et tournèrent leurs faciès vers les pirates. Leurs traits semblaient humains et comme ceux qui travaillaient dans le tanafas, ils abordaient une chevelure d’un bleu turquoise plus ou moins délavé, qui leur coulait le long du visage avant d’onduler à la surface en tourbillons voluptueux.

Au premier regard, ils ressemblaient majoritairement à de jeunes éphèbes à la mâchoire joliment dessinée. Tous semblaient glabres et il y avait quelque chose dans la courbe de leur nuque, dans le charbon de leur regard, dans l’ombre émouvante de leur torse qui fit penser à Lù que si elle continuait à les fixer, ses ovaires allaient jaillir de leurs orbites.

C’est à ce moment qu’ils se mirent à chanter et dans un premier temps, la jeune fille ne comprit pas pourquoi on lui avait demandé de se boucher les oreilles. C’était une mélodie lente et mélancolique avec plusieurs tons de voix, mais qui semblait faire vibrer l’air et aussitôt l’eau se couvrit de petits éclats, comme frappée par la pluie.

Lù monta sur la proue et se fit la réflexion qu’il n’y avait pas de meilleur moment pour faire l’amour que maintenant. Sur le bateau, toutes les boucannières s’étaient bouchées les oreilles, mais certaines semblaient comme étrangement frappées de stupeur et leurs iris dilatés étaient bloqués sur les silhouettes marines.

L’am saghira de la vie écouta ce chant incroyablement triste et sensuel, mais malgré le désir poignant qui lui enflammait le ventre, de se faire donner, elle ne sentit pas le besoin de se boucher les oreilles. Parce qu’elle aimait quelqu’un à qui elle avait fait une promesse, et qu’aussi appétissants soient ces fruits de mer, elle ne pouvait se permettre d’y mordre. Debout sur la proue, le vent au visage, elle observait avec un singulier plaisir à moitié sexuel, ces étranges beautés venues de l'océan.

Elle fut détournée de ce spectacle par le bruit d’une chute, puis celui d’un tir de pistolet : une femme bondit dans l’eau et alors que les ondins se jetaient sur elle, Larifari avait tiré depuis le pont. Le crâne de l’une des créatures explosa et sa cervelle se répandit à la surface des vagues. Cela ne sembla pas ralentir les autres qui attrapèrent la malheureuse qu’ils embrassèrent avec tant de fougue qu’ils lui arrachèrent des morceaux.

Lù bondit à côté de Larifari :

— Tu as un autre pistolet ? Je n’ai qu’un sabre !

L’am saghira de la mort lui jeta un regard dérouté et lui donna une de ses armes.

— Ils ne te font rien ?

Un ondin s’était accroché à la figure de proue et était en train de l’escalader. Lù le visa et tira ; le sang jaillit de la poitrine de la sirène qui chut dans la mer et bientôt son corps fut entouré d’une aura rouge.

— Bwarf, il faut vraiment n’avoir personne à aimer pour trouver ces vieux poissons affriolants. Et toi, ils ne t’agitent pas vraiment la culotte ?

Larifari hésita et ses yeux jaunes se plissèrent.

— Putain, non.

Elles abattirent encore un certain nombre de ces bêtes avant que tout le banc ne renonce et plonge en emportant le corps de la pirate dans les abysses. Lù et Larifari échangèrent un regard pendant qu’autour d’elle, les flibustières reprenaient lentement leurs esprits.

— C’est terminé ?

Larifari fixait l’horizon où les ombres fantomatiques des arbres du marais, tout vêtus de brume, commençaient à se dessiner sur le ciel et sur la mer.

— Pas encore. Ils ne vont plus s’attaquer au bateau, mais le vrai danger va débuter quand on descendra les chaloupes. Nous serons beaucoup plus exposées à ces saloperies... et ce ne sont pas les pires choses qui vivent dans ce marais.

*

La violence du vent faisait vibrer les voiles, malgré les dizaines de bouts tendus. Glacée jusqu’aux os, dégoulinante de pluie, la fille ne sentait plus ses doigts, crispés à l’extrême sur le gouvernail.

Le brigantin grinça de toutes ses planches et les enfants poussèrent des cris stridents quand elle le fit tourner, évitant les récifs de peu, mais l’océan n’avait qu’une envie : la jeter sur ses rochers pointus et faire d’eux de la brandade. Elle n’aurait pas dû être de ce côté de l’île par temps de tempête, elle le savait, mais quand sa mère lui avait demandé de mettre les enfants à l’abri, elle n’avait pu imaginer de meilleur endroit pour fuir les vaisseaux de l’ennemi.

— Lactae !

Une gamine terrifiée aux boucles hirsutes s’était accrochée à sa jambe et elle grimaça. Manquait plus que ça !

— Oh ! Qu’est-ce que vous ne comprenez pas quand j’ai dit « Tous à l’intérieur ! ».

— Y’a Akim qui a dégobillé partout, ça nous rend malades.

Comme pour asseoir ses paroles, deux chérubins grimpèrent sur le pont, puis vomirent tripes et boyaux sur fond d’apocalypse et d’eau salée. Lactae chassa les embruns et les mèches de cheveux sombres qui lui rentraient dans les yeux, tout en s’accrochant bon grès mal grès à son gouvernail qui menaçait de partir en roue libre à n’importe quel moment. Le bateau eut un sursaut en arrivant en haut d’une vague particulièrement haute et les enfants eurent tous un haut-le-cœur tandis que le navire redescendait.

— Tous dedans, j’ai dit ! hurla Lactae.

Et tous obéirent, sauf le petit pot de colle à la chevelure en nids d’oiseaux. L’adolescente prit le parti de l’ignorer et de se concentrer sur la pluie qui battait la toile des voiles, dissimulant le bruit des canons qui tiraient de l’autre côté de la baie. Et sa mère était là-bas... pendant qu’elle, Lactae, se cachait. Un rocher plus menaçant que les autres lui rappela que sa cachette n’était peut-être pas si maligne que ça s’ils y passaient tous.

Le brigantin se coucha en gémissant entre les récifs tandis que l’écume le bordait. Lactae sentit les petites mains glisser de sa jambe avant d’entendre la fillette glapir en dérapant sur le pont glissant, comme frotté au savon noir. Elle eut une seconde d’hésitation ; le bateau frôlait des rochers de plus en plus pointus le long des falaises de l’île. L’enfant venait de se cogner contre le bastingage et était prête à basculer dans l’océan enragé quand Lactae se saisit d’un bout, s’enroula dedans et se lâcha vers le bas. En atterrissant, le chanvre resserra ses anneaux sur ses viscères, lui coupant le souffle ; elle repêcha brutalement la fillette, le ventre en compote et la douleur au bord des yeux pendant que son gouvernail s’emballait.

Lactae entendit le bruit des rochers qui raclaient la coque tandis qu’un éclair déchirait à la fois le ciel et son rêve. La fillette hurla dans ses bras.

 

Elle s'arracha brutalement au souvenir et il lui fallut quelques secondes pour réaliser que tout allait bien.

Un rêve, ce n’était qu’un rêve.

La pièce de pierre circulaire était plongée dans la pénombre, et allongée sur sa couche, elle voyait voleter devant ses prunelles les pointes bleutées de sa frange tandis qu’une horde de poissons-clowns nageaient au-dessus d’elle tranquillement pour rejoindre leurs anémones, celles qui se logeaient entre le lit et la table de chevet. La fenêtre, garnie de barreaux, montrait le paysage d’un long et calme désert de dunes où évoluaient des ombres flottantes.

Lactae cligna des yeux et posa un coude sur son visage ; dans le tanafas, ses mouvements étaient plus lents, mais la texture moelleuse et chaude du liquide était propice au sommeil. Seulement, elle avait assez dormi, surtout si c’était pour rêver du passé.

Elle avait sauvé cette fillette, son bateau s’était échoué... Pendant ce temps, Spirale et Portail, pas encore 'am saghiras, sauvaient la ville et sa mère mourait. Lactae ne saurait jamais si elle aurait été fière d’elle. C’est comme ça, ce qui est fait est fait.

Elle se dressa sur son séant, se débarrassa de la couverture lestée qui servait surtout à la maintenir sur sa couche de roseaux, se leva et entreprit d’enfiler un pantalon. Puis elle quitta la chambre par l’escalier circulaire qui montait vers les étages et à mi-chemin, son visage jaillit du tanafas pour rencontrer l’air frais de la nuit ; bientôt son corps tout entier la suivit.

Une cuisine et un cabinet de toilette sans cachet se trouvaient à l’étage. Lactae nourrit l’ara de Lulla machinalement, tout en évitant de se faire croquer les doigts — Taboulé se montrait toujours grincheux quand elle le réveillait la nuit —, puis se fit réchauffer un pot de vieux café trop fort, mais il lui faudrait bien ça pour rester éveillé jusqu’à l’aube.

Elle reprit l’escalier circulaire, les mains posées contre sa tasse brûlante et monta six étages supplémentaires, tandis que sa peau se couvrait de chair de poule. Ce n’était pas un problème, elle n’aurait pas froid en haut.

Quand elle émergea à l’air libre, la mer était calme et lisse comme de l’huile, et la lune, pleine et rebondie comme une fesse d’homme. Le haut de la tour était entouré de vieux créneaux croulants dont les pierres étaient couvertes de lichens blanchâtres. Au centre se trouvait un énorme brasier et Lactae ressentit une immense satisfaction à être plongée dans sa chaleur comme dans un bain brûlant. Des bûches qu’elle avait préalablement débitées en tronçons patientaient sur le bord du foyer ; elle en jeta plusieurs dans le feu pour le sustenter et les flammes vinrent lécher cette nourriture bienvenue.

La prêtresse novice avait emménagé dans le phare le jour de sa nomination en tant qu’am saghira et depuis, elle était celle qui en alimentait le brasier, nuit après nuit.

Le foyer prit de l’ampleur et Lactae sentit que la peau de son torse se mettait à la brûler. Elle recula et s’assit sur les créneaux qui la séparaient du vide, prit une gorgée de café et son esprit se remit à vagabonder : Gaspard et Balthazar lui cachaient quelque chose ; étaient-ils les meurtriers de Lulla pour autant ? Il est vrai qu’elle servait leurs intérêts, il n’y avait donc pas de mobile. Lulla avait-elle encouragé les délires de Gaspard parce que celui-ci pouvait posséder la carte qu’elle recherchait ? Larifari était-elle la fillette pot de colle qu’elle avait sauvée dans la tempête ? Et surtout, Dédale allait-elle en rester là ?

Lù et Larifari étaient dans les îles du nord, Spirale dans son bateau, à préparer la cérémonie d’adieu de Lulla, Portail coincée sous la mer et Lactae elle-même était absente chaque nuit... Dédale était seule à veiller sur la ville nocturne et Lactae n’aimait pas vraiment ça. Son instinct lui disait de ne pas rester trop concentrée sur le meurtre, au risque de rater des choses plus évidentes.

Elle amena son pot de café à ses lèvres, mais il était déjà vide. La baie de Hàgiopolis était tout embuée de la lueur des torches, du clair de lune et le vent lui portait des bruits de rires et de cris provenant des auberges du port. C’était une ambiance qui était refusée à Lactae. Les prêtresses et les novices de la naissance n’avaient pas le droit de se compromettre dans la boisson et les plaisirs de la chair.

Lactae soupira ; elle était beaucoup trop tendue ces derniers temps, et chaque nuit, la mer nocturne qui la séparait de la ville lui rappelait toute l’étendue de sa solitude.

*

La chaloupe glissait silencieusement parmi les berges spongieuses de Mustanqae, transportant à son bord une quinzaine de boucannières, toutes accrochées à leurs dagues, sabres, tromblons... et le regard aux aguets. Deux paires de rameuses faisaient avancer la barque à vitesse lente, pour essayer de ne pas trop réveiller les crocodiles qui somnolaient dans les eaux bourbeuses, laissant juste leurs yeux d’or dépasser de la surface.

Larifari était accroupie à l’avant pour tout surveiller : les eaux d’où pouvaient jaillir crocodiles et ondins, les arbres croulant sous des lianes qui pouvaient tout aussi bien être des Djinns sous forme de serpents, et la terre d’où pouvaient surgir les terribles jumbees. Lù était juste derrière elle, mais son attention était presque totalement détournée par le couple de phacochères mignons qui étaient venus s’abreuver en compagnie de leur tribu de marcassins.

L’am saghira de la mort sonda l’eau verte constellée de nymphéas rougeâtres et frissonna à l’idée d’y croiser le visage gonflé et pourrissant d’un cadavre de sombre. Elle serra les dents et les doigts sur son arme. C’était ridicule : les jumbees, s’ils avaient souvent les pieds dans l’eau étaient des Djinns terrestres.

C’est au moment où elle se faisait cette réflexion que trois ondins jaillirent à l’arrière de la chaloupe et avant que qui que ce soit n’eût le temps d’agir, ils agrippèrent deux pirates et les firent basculer là où l’on ne les revit plus jamais ; seuls de gros nuages de boue rougeâtre remontèrent autour de la barque, mais ce n’était pas fini.

Quand les sirènes revinrent à l’attaque, l’équipage du Kelpie était prêt cette fois. Les créatures étaient six et arrivèrent des deux côtés du bateau, mais avant qu’elles aient eu le temps de faire plus de dégâts, trois d’entre elles furent égorgées ou poignardées. Lù dut abandonner sa dague dans le crâne où elle l’avait enfoncée jusqu’à la garde, avant que le poids de l’homme-poisson ne l’entraîne dans les profondeurs.

La suite de la bataille fut plus brouillonne : un ondin fût criblé de coups de sabre ; mais en retournant à l’eau, il emporta dans un râle de fureur la pirate qui l’avait achevé. En les observant de plus près, Lù vit que les sirènes avaient un nombre un peu trop élevé de dents, ce qui les rendait nettement moins séduisants. Les deux dernières créatures essayaient de retourner la chaloupe et auraient réussi si Larifari n’avait pas fini par faire sauter leurs visages d’anges dans une violente odeur de poudre.

La barque se stabilisa lentement tandis que les boyaux du marais se froissaient de vaguelettes. Il y eut un silence pesant durant lequel chacune entendit distinctement le bruit de son cœur battre à ses oreilles et les boucannières eurent à peine le temps de remplir à nouveau leurs pistolets de poudre qu’une douzaine de crânes recouverts de longs cheveux bleus vert émergèrent tout autour de la chaloupe. Chacune retint son souffle.

— Faut qu’on atteigne la rive, souffla Larifari. Y sont trop nombreux.

C’était sans compter l’intervention des crocodiles qui arrivèrent quand personne ne s’y attendait : attirés par le raffut et l’eau imprégnée de sang, ils se jetèrent sur les ondins au moment où ceux-ci allaient revenir à l’attaque. Ils avaient toujours eu une petite préférence pour le poisson.

— Allons-y ! gronda Larifari en arrachant une rame des mains d’une aventurière encore hébétée.

Tout le monde se réveilla, réunissant ses efforts pour s’éloigner de cet enfer et atteindre une terre plus spongieuse que ferme. Derrière elles, la tourbe n’était plus qu’un mélange de gerbes d’eau, de boue et de glapissements.

Elles semblaient sorties d’affaire pour le moment et Lù essuya la sueur qui coulait sur son front, dans laquelle des nuées de moustiques minuscules se pressaient pour lui sucer le sang ; son cache-œil la gênait de plus en plus. L’équipage remonta la chaloupe sur la berge, puis s’enfonça parmi les arbres tordus.

Après avoir marché pendant une vingtaine de minutes, ils trouvèrent le premier cadavre, ce qui n’améliora pas le moral des troupes. L’homme était face contre terre, le visage révulsé en une expression de terreur muette. Larifari le retourna et, comme il ne présentait pas de marque de blessure particulière, elle pressa sa poitrine et de l’eau jaillit de ses lèvres. L’homme avait été noyé, mais pas pour être dévoré. Un voile sombre se glissa sur le visage de la petite mère de la mort :

— Des jumbees...

Toutes les boucannières se resserrèrent, mais nulle n’envisagea de faire demi-tour. Larifari scruta les berges humides ; il n’y avait rien en dehors des nuages d’insectes bourdonnants et des perroquets qui croassaient dans les arbres.

— Bougeons-nous, le village est pas loin.

Elles arrivèrent bientôt en vue d’une dizaine de cahutes humides où le spectacle n’était guère plus réjouissant : il y avait là une quinzaine d’hommes, de femmes et d’enfants, tous des bruns, mais la mort s’était penchée sur eux avant l’arrivée de l’équipage. Un rapide examen montra qu’ils avaient tous été noyés ou étranglés et les corps en bon état leur apprirent ce qu’elles désiraient savoir :

— Ils sont morts depuis un jour, pas plus. Fouillez le village et restez prudentes.

Les cahutes étaient construites grossièrement de planches recouvertes de boue malodorante et un simple bout de tissu servait en général de porte comme de protection contre les moustiques. La misère des lieux était palpable : aucune maison n’avait de bassine pour lui servir de pot de chambre ou de cabinet de toilette. On y trouvait de vagues paillasses, quelques hardes trouées, une ou deux écuelles sales, taillées grossièrement dans du bois.

— Personne n’a vu la pâle ? demanda Lù.

Les pirates secouèrent la tête. Tartine les héla, un pli barrant le front de son visage lunaire :

— Cheffe, venez voir !

Une des masures semblait avoir un rôle religieux : on y trouvait un petit autel, où des bougies avaient été disposées sur un suaire pouilleux entourant une idole de terre cuite, ornée de bijoux en or. C’était une créature cauchemardesque : un humanoïde maigre et rampant, avec rien d’autre sur le visage qu’une énorme bouche où étaient enfoncées des dents humaines. Tout autour étaient arrangées trois petites poupées de cire, au corps criblé d’aiguilles, avec de vrais cheveux. Lù s’accroupit et observa la façon dont elles avaient été sculptées :

— On dirait les trois grandes mères.

Deux pirates reculèrent en sifflant :

— Magie noire...

Lù observait la statuette, les sourcils froncés, reconnaissant l’avatar du néant, la fausse-déesse à grande bouche vénéré par les pâles, que les brunes considéraient comme la reine de tous les Djinns et appelaient Manat, ce qui signifiait dans leur langue « celle qui divise ». Visiblement, des bruns et des brunes exilées de Hàgiopolis avaient fait leur cet avatar du mal afin de se venger des prêtresses.

— Brûlez-moi tout ce brouillamini ! grogna Larifari en sortant de la cabane.

Lù la suivit sans un mot. Elle ne pensait pas toucher si près du but, quand elle avait parlé de sortilège à Dédale et cependant, elle doutait fortement que ces poupées puissent faire quoi que ce soit qui affecte réellement les ovaires de son amy kabira et même chose pour les Djinns et les Jumbees, il s’agissait là visiblement de superstitions.

Elle soupira. Seule la perspective de la pâle qui saignait l’avait attirée à la pointe nord de l’île et on en voyait pas de traces. Elle épousa la place du village du regard, avant que ses yeux ne se posent sur le vieux puits. C’était bizarre un puits alors que l’eau du marais était à deux pas, non ? Ou bien l’eau du marais était polluée ? Lù ne connaissait pas la réponse et s’approcha de la margelle pour y jeter un œil : le liquide était d’un bleu turquoise intense, caractéristique du tanafas et l’am saghira y vit un léger remous avant de remarquer qu’il y avait de la nourriture dans un seau posé sur le sol : de vieilles pommes ridées et de la viande pourrie couverte de vers.

— Lari ' ! Il y a un truc là dedans.

La petite mère de la mort lui jeta un regard perplexe en fronçant le nez : étaient-elles suffisamment proches pour qu’elle la laisse la surnommer ainsi ? Mais elles s’étaient battues ensemble pour la première fois et quoi qu’on fasse ou qu’on dise, cela créait des liens.

— Quel genre de truc ?

— Je ne sais pas, mais ça bouge. Les jumbees ne se cachent pas au fond de l’eau, pas vrai ?

— Non, mais ça pourrait être un bestiau plein de dents ou un de ces mangeurs de femmes à écailles...

— Faut vérifier. Prête-moi ta dague et aide-moi à descendre là-dedans.

— Ça paraît pas hyper prudent...

Lù rit.

— Non, en effet. Aide-moi à m’accrocher.

Deux autres pirates vinrent l’aider à s’arrimer à la corde, après avoir préalablement enlevé le seau, puis elles laissèrent le chanvre filer entre leurs doigts. Lù descendit lentement, les pieds collés à la paroi et pendant un instant, elle se demanda si elle serait capable de s’en sortir si ce qui était dans ce puits était un crocodile et pas ce qu’elle soupçonnait y trouver.

Une femme qui saigne tout le temps.

— Arrêtez ! Arrêtez-vous ! Il y a quelque chose !

Les pierres qui composaient le puits étaient recouvertes de gravures. Lù effleura les marques humides de ses doigts, redessinant les symboles les plus fréquents : une bête esquissée maladroitement, à la bouche énorme hérissée de dents et une série de points formant un tourbillon.

— Qu’est ce que tu as trouvé ?

— Il y a d’autres représentations de Manat!

— On te remonte tout de suite !

Lù se tordit le cou pour regarder vers le bas :

— Non ! Je dois voir ce qu’il y a au fond ! On dirait qu’il y a une forme sous le tanafas, mais je ne vois pas encore ce que c’est.

Sa descente reprit doucement et l’adolescente plissa les yeux pour discerner plus distinctement la silhouette qu’elle voyait apparaître sous le liquide. Parmi les ombres indistinctes, elle aperçut le contour d’un crâne et la forme flottante d’une tunique.

— C’est bon, ça a l’air humain.

La corde fût descendue davantage et Lù sentit son corps se glisser dans le tanafas. Le liquide était doux et étrangement tiède. Quand son visage fut immergé, elle inspira, mais ses poumons eurent une réaction de rejet et elle se mit à tousser immédiatement avant de remonter à la surface où elle cligna des yeux, stupidement.

— Tout va bien ?

— Oui, j’y suis allée trop vite.

C’était faux. La vérité est que si les habitants de Hàgiopolis lui ressemblaient, ils n’étaient peut-être pas aussi humains qu’ils semblaient le croire. En tout cas, pas le même genre d’humain que ce que Lù était et elle venait de l’apprendre brutalement : bien qu’elle y voit aussi bien qu’à l’extérieur, elle ne pouvait pas respirer dans le tanafas, alors elle aspira une grande goulée d’air et replongea dans le puits.

La prisonnière était tout au fond ; c’était une grosse fille à la peau blanche comme la lune, vêtue de guenilles et enchaînée. Elle était accroupie, la tête en avant et les mains entravées derrière le dos. Son visage avait été entièrement enrubanné, comme une momie, et laissait seulement dépasser sa bouche.

C’était la bouche la plus merveilleuse du monde ; elle était fraîche et rose, à la fois étroite et pulpeuse, et Lù ressentit une violente envie de l’embrasser, mais peut-être était-ce parce ce que les gens attachés l’excitaient ?

Alors qu’elle approchait, la silhouette frémit et tourna son visage en direction de Lù et d’une façon ou d’une autre, celle-ci eut la certitude que la prisonnière la « voyait ». La petite mère observa le fond sableux du puits pour vérifier que rien ne pourrait servir d’arme si elle la libérait et que celle-ci s’avérait dangereuse, puis elle remonta vers la surface et cria, tandis que la captive se mettait à se débattre :

— J’ai trouvé la pâle dont on nous avait parlé, mais elle est attachée. Essayez de me dénicher la clef, un gros truc en métal rouillé !

Elle attendit quelques minutes que les pirates fouillent les maisons, avant qu’on lui lance ce qu’elle avait demandé. Elle la rattrapa et la lâcha aussitôt.

— Ouille !

— Désolée, elle était dans la case en feu.

Agacée, Lù immergea sa main brûlée dans le tanafas, plongea pour suivre la descente progressive de la clef dans le liquide et la récupérer. Avant de faire quoi que ce soit d’autre, elle posa ses doigts de chaque côté du visage de la prisonnière, jusqu’à ce que celle-ci se calme. Puis elle écarta les bandelettes jusqu’à tomber sur un iris couleur soleil.

Es-tu comme moi ? se demanda Lù tandis que ses yeux gris se plongeaient dans le regard insondable. La jeune prisonnière la laissa la détacher sans protester, puis les attacher ensemble avec la corde avant que les boucannières ne les hissent toutes les deux. Quand elles furent sorties du puits, un cercle menaçant se forma autour de la pâle qui s’accrocha à Lù, terrifiée.

— Reculez, laissez-la respirer. Je me porte garante d’elle pour l’instant.

L'am saghira se retourna et se pencha sur la fille, beaucoup plus petite qu’elle.

— Comment tu t’appelles ?

La pâle ne répondit pas, mais agitait ses mains bizarrement, ses yeux fuyants cherchant quelque chose sur le sol. Lù insista :

— Tu comprends ce que je te dis ?

Larifari intervint :

— Les pâles ne s’expriment que par gestes si on ne les éduque pas. Celle-ci était enfermée sous le tanafas et ne sait sans doute rien du langage oral.

La fille avait trouvé un bâton sur le sol et dessinait à présent des tourbillons dans la boue avant de les montrer du doigt tout en tirant sur le pantalon de Lù. Celle-ci n’eut pas le temps de s’y intéresser plus longtemps, car deux flibustières rejoignirent le groupe en panique.

— Capitaine, on est plus seules, il faut fuir !

L'équipage réagit au quart de tour et Lù ouvrit la bouche pour protester quand on les poussa, elle et la fille pâle, vers le chemin du retour. Alors que son regard se perdait parmi les lianes et les arbres les plus touffus, elle croisa des visages noirs aux joues creuses, aux chevelures luisantes d’algues, sur des corps amorphes vêtus d’uniformes déchirés de la marine. Ils étaient trois, agglutinés les uns aux autres et ne bougèrent pas alors que l’équipage s’enfuyait. Leurs iris blancs, fixes et vides comme la mort étaient tournés vers eux et Lù sentit une peur gluante se répandre lentement dans ses entrailles.

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EryBlack
Posté le 05/10/2023
Hé coucou !
Je poursuis un peu en loucedé mais je me rends compte qu'en fait laisser passer du temps entre les chapitres n'est pas une bonne idée, car je finis par m'embrouiller bêtement alors que je trouvais les choses claires. C'est toujours pareil, les personnages, les statuts, les relations, c'est compliqué de tout mémoriser mais il n'y a rien à changer pour moi, car dans un bouquin papier ça ne me dérange pas du tout de retourner en arrière chercher l'info quand j'ai besoin, et en plus un bouquin comme celui-ci je pense que je l'aurais avalé avant d'oublier quoi que ce soit ^^
Je te laisse un petit commentaire ici parce que la pâle dont il est question me rappelle Honorine de Ville Noire. Mais ça m'a étonnée, car j'avais cru comprendre (surtout en lisant les commentaires) qu'Honorine est déjà une des trois grandes mères (je sais plus laquelle) ? Alors, vu qu'elle est un Pilier, je sais qu'il peut y avoir des bidouilleries bizarres, mais ça m'a quand même interrogée, je ne sais pas si j'ai compris ce qu'il fallait. On verra, ça me gêne pas ! J'envisage de relire vite fait les premiers chapitres quoi qu'il arrive pour être sûre de bien tout replanter. Ça m'est un peu égal de lire sans tout saisir, mais je sais qu'avec tes intrigues, je risque de louper la force de certaines révélations si je ne me souviens plus bien de certains points.
J'aime toujours autant la matérialité crasseuse, colorée et odorante de cet univers et ta façon de le décrire. J'aime les jeux que tu crées sur le féminin et le masculin, évidemment : mention spéciale dans ce chapitre pour la lune en forme de fesse d'homme ! Ça m'a fait rire et je trouve ça aussi très bien vu parce qu'en effet on associe souvent la lune au féminin (la rondeur, les cycles...) et j'aime que tu viennes gratter les plus infimes de nos représentations.
J'ai aussi gloussé au début quand tu décris Andr parce que son prénom m'a fait penser à Andrev et que je trouve que le décrire comme "un jeune impuissant très pieux" n'est pas dénué de justesse xDD D'ailleurs j'aime beaucoup ces passages de l'Évangile, comme le reste.
Vraiment, cette histoire est méga réussie ! Je pense que je vais laisser libre cours à mon plaisir de lecture et essayer de terminer rapidement pour avoir un regard plus global sur le tout ♥ Poutoux, à vite !
Nathalie
Posté le 12/11/2022
Bonjour Gueule de Loup

J'aime beaucoup cette façon de passer un peu de temps avec chaque personnage, de revenir en arrière, d'avancer, de reculer, de sauter pour mieux rebondir. Les pièces du puzzle s'emboitent. C'est très agréable.
Jowie
Posté le 26/05/2019
Coucou Loup!
Ha, ce que j'ai adoré la scène avec les sirènes ! Ça commence tout tranquille puis c'est la guerre ! À un moment, j'ai cru que Lù sauterait dans l'eau, mais le fait d'aimer quelqu'un d'autre la protège. Et la réplique „Putain, non“ de Larifari la décrit tellement bien xD
J'ai vraiment un faible pour les histoires de pirate, donc je me réjouissais énormément des aventures de l'équipage dans les marais ! Je n'ai pas été déçue: le suspense m'a laissée sans souffle; il y avait des dangers à tous les quarts de tour et des nouveaux mystères à élucider! Comme toute cette histoire de cette jeune pâle engloutie sous le tanafas. Pourquoi est-elle là? Depuis combien de temps? Qui lui a fait ça ?
Je ne connaissais pas du tout les jumbees; c'est chouette d'apprendre des nouveaux trucs à travers les histoires paennes !
Breffouille, cette lecture fut un vrai plaisir :)
Remarques:
J'ai bien aimé la référence à Moïse dans l'Evangile avec les idoles en or et le courroux de la déesse !
Quand furent égorgé les hommes et les enfants, → je serais tentée de mettre „égorgés“ mais je ne suis pas sûre :S
Quand les hommes du peuple Euphrate → vu qu'euphrate est ici un adjectif, je l'aurais plutôt écrit avec une minuscule (#chipotageinutiledejowie)
Debout sur la poupe, le vent au visage, elles observaient → vu que dans les phrases précédant et suivant ce passage, le sujet est „elle“, ce n'est pas plutôt „elle observait“ ici ?
une femme bondit dans l’eau et alors que les ondins se jetaient sur elles → sur elle, non ?
Nous serons beaucoup plus exposés à ces saloperies.. → exposées (à moins qu'il y ait un homme à bord mais il ne me semble pas)
à bientôt pour la suite !
Pluie de jumbees ! (xD)
Jowie
<br />
GueuleDeLoup
Posté le 26/05/2019
Ca me fait plaisiiiir que ça te plaise, surtout que le côté Pirate va vraiment se développer maintenant, enfin surtout à partir de la chute de la partie 1, le chapitre 9. Quand à la jeune pâle, ça m'amuse beaucoup d'avoir les avis car c'est un personnage de Ville Noire donc pour certains lecteurs, ils savent très bien qui elle est. C'est cool d'avoir les différents échos :)
Quand au Jumbee,  il s'agit du mot qui a finalement donné le "zombie" et qui vient initialement de la tradition vaudou américaine et des îles. J'ai un livre de compte vaudou et ils utilisent uniquement ce mot que je trouve très cool ^^. 
 
Pluie de jumbees ! (xD) 
Que... que... quoi? XD
 A bientôt Choupidou <3
Flammy
Posté le 13/03/2019
Coucou ! 
Ba elle est où la suite ? :'( Depuis la fin de VN, je m'étais toujours dit que j'aurais du mal à passer à une autre histoire qui ne soit pas la suite directe, mais en fait, c'est effrayant de voir à quel point ça passe tout seul ='D  L'univers est vraiment très cool, et le fait de passer à du sexisme inversé fait vraiment réfléchir à beaucoup de comportemets qu'n intègre sans plus sans rendre compte, même sur le langage. Ya des moments où je me suis dit "Ah, ya un souci d'accord. Ah ba non, c'est une insulte donc on insulte au masculin. NORMAL." Bref, ça fait réfléchir et c'est pas plus mal ^^
Autre point que j'aime beaucoup, mais c'était déjà le cas avec VN, c'est ta capacité à nous montrer une galerie de personnage, à alterner les points de vues, à les rendre tous intéresants et pourtant avec leur part de mystère, d'ombre. Je sais que certains doivent être des connard, c'est forcé, mais pour le moment, même si certains sont pas amicaux, j'ai encore du mal à cerner "les pires". C'est vraiment très nuancé, avec leur passé, les motivations... C'est vraiment très très cool, en quelques capitres ils sont tous très vivants et avec beaucoup d'épaisseur <3 
Sinon, c'est assez "drôle" comme décalage, mais pour une fois que Lù est taxée de se comporter bizarrement pour des trucs qui me paraissent normaux ='D Ca met en évidences les différences avec ce monde ^^ Le coup de ne pas pouvoir être amoureux, c'est triste :'( Parce que clairement, femme/homme, on oublie, et femme/femme, vu ce que Spirale sous entend à Lari, faut mieux éviter aussi x) 
Ya clairement un truc louche du côté de Gaspard et de Balthazard, on dirait que c'est le plus jeune des deux qui est le "chef" du duo. En tout cas, ça donnait un peu cette impression avec la discussion avec Lactae. D'ailleurs, ça me fait penser. Melchior, il a les même yeux que Dédale, non ? Mais du coup, Dédale a couché avec son frère/cousin ? L'inceste est pas mal vu ? Ou alors je me suis trompée de prêtresse ? ='D 
Pour le meurtre de Lulla, je ne sais pas encore trop qui en penser, que ce soit pour le motif pour le meurtrier. J'ai l'impression que même si personne l'adorait, personne n'avait de vraies raisons de lui en vouoir à ce point. Donc j'attends de voir ce que ça va donner, je suis très curieuse de savoir ce que ça va donner ^^ Pareil pour l'objet que cherche Lù. Visiblement, c'est un autre pillier qui l'a laissé là avant elle. Son père ? En tout cas, ça doit être important. Ou alors, elle aime juste s'amuser, ce qui est fort probable aussi :p 
Bref, j'ai vraiment beaucoup aimé et c'est toujours autant un plaisir de te lire <3 Vivement la suite ! 
Pluchouille zouobuille ! 
GueuleDeLoup
Posté le 13/03/2019
Coucou mon choubidou, je suis tellement en retard pour répondre à mes com ahahah *pleure*
Alors pour répondre à ta première question: où est la suite. et bien la réponse est "postée" :p 
Je te remercie d'avoir tenté l'aventure du Livre des Vérités, même si  tu avais des réserve au début du coup, et merci aussi pour mes personnages. Il faut dire que la plupart d'entre eux ont été crées dans le passé, à peu près à la même période que les autres de VN. 
Et effectivement, dans cet univers, Lù est infiniment plus sympa que dans VN et c'est plus facile de s'identifier à elle. Mais on va voir si ça va durer , mwaha. 
Et tu as raison à propos de Gaspard et Balthazar, ce n'est pas le plus vieux qui domine leur relation. Quand aux yeux, tu as fait une confusion, c'est Gaspard qui a les même yeux que Dédale, et c'est normal puisqu'il est son fils. Pas d'inceste pour le moement :/ quelle tristesse.
Quand à l'objet que cherche Lù... Et bien tu veras ;)
Rachael
Posté le 26/02/2019
Coucou,
Il est très « pirate » ce dernier opus ! Au contraire du précédent, c’est de l’action pure et dure, sauf la toute première partie avec le docteur et Melchior (qui était très intéressante). Du coup, je me suis demandé si tu n’aurais pas intérêt quand tu reprendras cette partie, à revoir le séquencement, entre le chapitre précédent très discursif, et celui-ci très mouvementé. Et comme je viens de lire ta réponse à mon comm précédent, eh bien oui, ce serait peut-être bien d’intervertir les deux scènes avec Lactaé. A tester en tout cas !
Pour les descriptions des Grandes mères, peut-être en effet un détail physique dès le début (comme les cheveux rouges, oui par exemple) qui soit frappant permettrait de mieux les identifier. Et peut-être aussi faut-il éviter de les décrire en même temps pour éviter qu’on se mélange (oui, moi petite cervelle…)
Je n’ai pas eu de mal avec le flashback cette fois-ci, il est passé tout seul. ^^
J’ai bien aimé les péripéties avec les ondins, c’est un gros clin d’œil assumé aux sirènes, avec leur physique de rêve et leur voix enchanteresse... J’adore la façon dont tu retournes les choses entre féminin et masculin. Ensuite dans le village, la pêche à la captive était sympa aussi. Et puis tu nous laisse en pleine panique, avec l’apparition des monstres (des jumbees, c’est ça ?)
Je te trouve très à l’aise avec ces scènes d’action, on les suit sans problème dans le temps et l’espace (sauf un passage pointé plus loin), et c’est rythmé et dynamique.
Bouh, me voilà déjà au bout. Je trouve que ton écriture « dépote », c’est original, bien écrit, on ne s’ennuie pas du tout, et les petits « soucis » qui ont été pointés ne sont pas très compliqués à gommer.
J’attends la suite, n’hésite pas à me faire signe quand tu la postes, que je ne la rate pas…
 
Détails
tournèrent leurs faciès vers les pirates. Leur faciès semblait humain : repet
 qu’aussi appétissants soient ses fruits de mer : ces ?
 elles observaient avec un singulier plaisir : je croyais qu’il n’y avait que Lu à ce moment sur la poupe (ou la proue, tu utilises les deux, c’est un peu confus ce passage)
L’adolescente prit le parti de l’ignorer et de se concentrer sur la pluie battante sur la toile des voiles qui dissimulait le bruit des canons qui tiraient de l’autre côté de la baie : trop de compléments dans cette phrase (sur/sur/qui/qui)
et sa mère mourrait : mourait
sur la ville nocturne : bizarre, cette association (idem plus loin : la mer nocturne)
un simple bout de tissus : tissu
 parce ce que les gens attachés l’exitaient ? excitaient
sur des corps amorphes : ce n’est pas plutôt informe ?
Ils étaient trois, agglutinés les uns aux autres et ne bougeaient pas alors que l’équipage s’enfuyait : j’aurais mis « bougèrent » plutôt.
GueuleDeLoup
Posté le 26/02/2019
Yosh merci beaucoup pour ta lecture Rach, je te tiendrai au jus pour la suite. Pour le moment j'ai encore trois chapitre sous le coude (fin de la partie 1) donc ça devrait arriver assez vite.
Ca me fait très plaisir que tu ais aimé, surtout qu'il me semble que tu es au moins un peu exigente, donc j'étais pas totalement sereine XD. 
Et merci aussi pour l'avis sur les scènes d'action, ça me fait très plaisir, je crois que j'ai galérée pendant des années avant de savoir un peu m'y prendre, faut dire que ce n'est pas très facile ^^ . 
 
Je pense que le problème du flash back de la scène d'avant, c'est que la présence d'une autre "spirale" brouillait carrément les repères et foutait le bazar dans la tête du lecteur. Mais je vais essayer d'arranger ça (et puis je vais effectivmeent échanger les scènes de Lactae, pour plus d'homogénéité. 
 
Merci encore pour tes retours, des poutoux et à bientôt!
Sorryf
Posté le 25/02/2019
aaaah j'aime tellement cette inversion homme femme qui pousse a réfléchir ! oui je sais, c'est au moins la 5eme fois que je te le dis... mais c'est parce que je kiffe. C'est la vulgarité des meufs qui m'a doné envie de te redire ça encore une fois J'ADORE ! tu dois tellement t'éclater à écrire !
Lol Spiale qui dit à Larifari "les femmes ne pleurent pas" alors qu'elle était en train de pleurer deux minutes plus tôt :p !
C'est vrai que c'est triste pour Larifari que Lactae ne se souvienne pas d'elle, en meme temps vu le contexte... surtout qu'elle s'en souvient en fait.  
J'adore la relation entre Lù et Tairiss, le fait qu'ils soient fidèles mais sans en faire des caisses non plus <3
Melchior m'avait déplu dans le chapitre ou il apparait (oarce que c'est un mac), dans celui-ci je l'ai trouvé très intéressant. J'ai beaucoup aimé le dialogue sur l'amour, et comme il s'est retrouvé entre deux femmes de pouvoir.
Le passage avec les ondins est stylé, sexy, et super cool ! J'adore le fait que si on aime quelqu'un on peut leur résister :3
Le flashback de Lactae était terrible ! trop de trucs bien dans ces deux chapitres XD
Par contre il faut que je t'avoue que m'embrouille un peu avec tous ces noms, tous ces titres, le passé le présent... avec le temps qui passe entre la lecture de deux chapitres, j'ai un peu de mal a m'y retrouver (pardon je suis bête T.T). C'est pas dramatique, les choses me reviennent au fur et a mesure, mais : tu as déjà envisagé de faire comme au début de certains romans, une liste des personnages les plus importants et de leur titre ? Bon, sur FPA ça me parait un peu compliqué, mais pour le format livre ? a mon avis ça rendrait bien.
Les deux chapitres étaient très bons, pleins de scènes super !! bravo ! 
GueuleDeLoup
Posté le 25/02/2019
Merci Sorryyyyyyf <3
Merci beaucoup pour tout ces compliments, oui, je me fais bien plaisir en écrivant cette histoire. Elle me permet d'extérioriser plein de trucs sur la religion et le féminisme et Ca fait du bien <3
Et je suis super contente que Melchior soit remonté dans ton estime. En passant, je sais plus si on a déjà parlé de ça dans mes intro-évangiles, mais els hommes ne choisissent pas leur boulot. Donc Melchior n'a absolument pas choisi d'être là, ça resssembel plus à une punition, j'y reviendrai plus tard.
C'est un personnage qui est fondamentalement ambigus mais je pense que ça se comprend: quand on te chie dessus, au bout d'un moment, tu joues pour ton propre camps et c'est normal. <3 
Et je suis bien contente aussi pour les ondins Xd J'ai vriament adoré écrire tout le passage dans les marais. Sinon question, est ce que tu as fait le lien entre la fille qu'on trouve et l'intro où la narratrice parle du Dieu à grnade bouche? (si ce n'est pas le cas, ce n'est pas vraiment un problème surtout que c'est loin, c'est juste de la curiosité).
"Par contre il faut que je t'avoue que m'embrouille un peu avec tous ces noms, tous ces titres, le passé le présent..."
Alors, j'ai eu un peu le même genre de remarque de la part d'autres lecteurs donc il va falloir que je retravaille ça. D'abord oui, j'avais prévu de faire une sorte de dessin/tableau que je mettrai au début avec les petites et les grandes mères. Je n'avai pas prêvu de mettre les autres personnages mais ça peut se discuter. Et je pensais mettre une note avant les flash back, histoire que le lecteur se situe tout de suite. Je vias aussi retoucher les descriptions des persos, insister un petit peu plus dessus.
 
En tout cas merci beaucoup et à bientôt, peu importe où <3
Vous lisez