Théria était l’une des quatre villes construites en l’honneur des divinités élémentaires, les enfants de Mère Nature, la deuxième génération d’Immortels. En dehors de la cité de la terre, il y avait Venthos, la cité du vent, Olia, la cité des eaux, et Feulhem, la cité de feu. Chaque nom était éponyme à celui d’une divinité élémentaire. Alizéha se mit sur la pointe des pieds pour constater la foule qui la séparait de l’entrée de Théria. Ces grandes villes étaient les plus influentes et les plus peuplées du royaume des mortels. Entre les marchands, les voyageurs, les familles en visite et celles qui venaient s’approvisionner, le passage avait tendance à se boucher. La porte était assez large pour ne pas faire passer les visiteurs au compte-goutte, mais des gardes filtraient le flot d’arrivants au cas où des bandits recherchés ou des criminels se cachaient parmi elle. Alizéha détestait ce moment où elle était sondée. Elle croisa les bras sur sa poitrine en tapotant son pied sur la terre battue. Le chemin était noir de monde. Le brouhaha des discussions noyait le chant apaisant des oiseaux. Une brise souffla. Alizéha avait l’impression que la forêt qui encerclait Théria venait de soupirer.
Percevant sa nervosité, Evan la rassura.
— Ne t’inquiète pas, je suis sûr et certain que Venthos n’a pas diffusé d’avis de recherche.
Alizéha se retint de soupirer. Si ce n’était que ça !
— Et sinon, on fuira, ajouta-t-il avec un sourire, comme si cette perspective l’attrayait.
— Je n’ai pas envie d’être une fugitive toute ma vie avec toi !
Elle l’avait assez supporté ces derniers jours ! Arpenter les sentiers et dormir à la belle étoile avec lui avait été amplement suffisant. Alizéha s’était attendue à ce qu’Evan en profite pour satisfaire sa curiosité et enquêter sur elle, mais il n’avait pas posé une question sur son passé ou sur la personne qu’elle comptait rejoindre. La déesse aussi se garda de se renseigner sur lui, comme s’il y avait un accord tacite entre eux pour que la vie personnelle de chacun reste secrète. Cela convenait parfaitement à Alizéha. Après tout, ils s’étaient mis d’accord pour se séparer à Théria. En revanche, elle se demandait pourquoi un vagabond comme lui avait pris la route, seul. Il ne savait ni se battre, ni chasser, et à peine reconnaître les plantes comestibles ou non. Pas étonnant qu’il parasite les voyageurs armés pour survivre. Une fois, en s’approchant d’un lac, il n’avait pas vérifié si un Drac s’y cachait, un geste que même les enfants connaissaient. Il aurait été noyé par ce serpent d’eau douce si Alizéha ne l’avait pas tiré en arrière.
— Pourquoi ? On s’amuserait bien, pensa-t-il.
— Ton insouciance me sidère.
C’était bien le mot qui le caractérisait. Tout l’inverse de la déesse, sans cesse sur le qui-vive. Evan vivait au jour le jour, accueillant à bras ouverts ce que la vie lui réservait, le bon comme le mauvais. Le côtoyer la mettait sur les nerfs, presque autant que cette foule d’humains agitée autour d’elle qui la compressait. Peut-être parce qu’elle enviait son insouciance. Qu’elle aimerait croquer la vie à pleines dents comme lui et la déguster comme si elle était la plus délicieuse des pâtisseries.
— Par contre, il aurait été plus facile de fuir avec Hipopo.
La pointe de reproche dans la voix d’Evan irrita Alizéha. Garder l’hippalectryon aurait attiré l’attention sur eux puisque seuls les gardes de Venthos les montaient, mais le voleur s’y était attaché au point de le nommer. La déesse lui avait posé un ultimatum : soit l’hippalectryon retournait à la vie sauvage, soit il serait leur repas du soir. La journée s’était achevée sur des adieux larmoyants du jeune homme et un animal heureux de retrouver sa liberté.
— Arrête de parler de fuite, tu vas nous porter la poisse, rétorqua-t-elle.
Evan fit la moue, puis avança avec les autres visiteurs vers l’entrée. Dans quelques minutes, ils se trouveraient dans l’enceinte de la ville. Une immense palissade en bois l’encerclait. Ses tâches dorées illuminées par les rayons qui se faufilaient à travers le feuillage des arbres étaient les caractéristiques du bois adamin connu pour sa solidité exceptionnelle. Sa teinte sombre ressortait parmi cette nature sauvage et luxuriante. Un enfant serpenta entre les jambes pour rejoindre sa mère et lui offrir une fleur à la corolle rouge chatoyante. Le début de printemps amenait avec lui l’éclosion des premières fleurs qui apportaient de la couleur parmi ce vert éclatant. Les parfums floraux ne suffisaient cependant pas à l’apaiser. Dès qu’elle avait la sensation qu’un regard s’attardait sur elle, elle baissait la tête. Elle massa sa nuque tendue. Au fur et à mesure qu’elle approchait de l’entrée, ces impressions d’être observée, d’être reconnue malgré ses changements physiques, se multipliaient, nouant son estomac.
Alizéha aperçut les deux gardes postés près de la porte, en armure brun et vert. Leurs regards scrutaient les visages des visiteurs, arrêtant ceux qui retenaient leur attention.
Quand la déesse s’avança vers eux, son rythme cardiaque s’accéléra. Ressentir de la peur face à des humains attisait les flammes amères de la colère qu’elle s’efforçait d’étouffer. Si, au fil du temps, elle avait appris à mettre sa fierté de côté et à baisser la tête, l’humiliation demeurait brûlante. Elle dissimula les émotions conflictuelles qui l’habitaient derrière un masque impassible forgé par l’expérience.
— Un instant, s’il vous plaît.
Alizéha se figea. Elle tâcha d’ignorer les battements affolés de son cœur. Peut-être que le stress ou la rage avait fendillé son masque et l’avait trahi ? Quelle excuse pourrait-elle donner ? Elle pivota vers la sentinelle l’ayant interpellée. Plus loin, Evan l’attendait, nullement inquiet, presque amusé.
Le garde désigna son cache-œil.
— Comment vous êtes-vous fait ça ?
— Un monstre m’a blessée.
— Je vois. Il ne vous a pas ratée. Bonne journée.
Il l’incita à avancer. Alizéha se dépêcha de rejoindre Evan avant que la sentinelle n’aperçoive l’éclat de colère dans sa prunelle grise. Elle avait craint le pire alors qu’il était juste curieux ! Elle ne serait pas obligée de se cacher si elle n’avait pas croisé ce monstre.
Ce monstre au visage humain.
Une sculpture en pierre blanche nervurée de lignes mordorées, aussi haute qu’un chêne adulte, les accueillait. Elle représentait Théria. Ses cheveux de ronces ornées de quelques fleurs dégringolaient sauvagement sur ses épaules. Les traits de son visage étaient d’une finesse remarquable. On sentait les efforts du sculpteur pour s’approcher de la beauté réelle de la déesse de la terre, travaillant avec dévotion les courbes de son corps. De sa posture émanait une autorité implacable. Beaucoup lisaient de la bienveillance dans son regard. Alizéha n’y voyait que de l’hostilité.
Elle inspira profondément pour emplir ses poumons d’air. Il n’y avait qu’à Théria qu’on trouvait un air aussi frais. La ville était comme un prolongement de l’arbre immense autour duquel elle s’était agglutinée, où chaque quartier était une racine. La nature envahissait le moindre recoin. Des arbustes poussaient sur les toits des maisons rongées par la végétation et l’herbe s’immisçait entre les dalles en pierres. Ce devait être la première visite d’Evan à Théria car il ne tenait pas en place. Son regard courrait partout, admirant les habitations en bois, décorées de mousse et de fleurs, les ponts qui reliaient les quartiers ainsi que les fontaines entrelacées de lierres à l’eau cristallines. L’enthousiasme d’Evan faisait naître des sourires sur les visages sereins des habitants. Certains s’arrêtaient de marcher ou de discuter pour les saluer. Alizéha se cacha dans l’ombre du voleur pour ne pas attirer l’attention. Elle n’apercevait aucun garde de Venthos, et personne de s’attardait sur elle. Tant mieux. Les clapotis des fontaines et le calme qu’on ne trouvait qu’en forêt réussirent à l’apaiser. Des arômes floraux chatouillaient leurs narines pendant qu’ils traversaient les rues.
Ils atteignirent le cœur de Théria, l’endroit le plus animé, où se rejoignaient les quartiers. Les boutiques marchandes et les restaurants peuplaient la rue. Alizéha regretta la sérénité des ruelles qu’ils venaient de quitter. Elle se tourna vers Evan.
— Bon, eh bien, nos chemins se séparent ici.
Il fit la moue.
— T’es pressée de te débarrasser de moi, c’est vexant. Laisse-moi t’accompagner jusqu’à la personne qui t’attend.
Devant la mine circonspecte de la déesse, il précisa :
— C’est pour m’assurer que tu arrives à bon port. Tu n’as pas entendu parler de la vague d’enlèvements qui sévit en ce moment ?
— Si, mais ça ne concerne que les enfants.
C’était pour cela que peu d’entre eux jouaient dans les rues et que le nombre de gardes qui patrouillaient avait doublé. Depuis plusieurs mois, des parents perdaient leurs enfants. Les cités faisaient de leur mieux pour mettre fin à ce phénomène alarmant, mais les disparitions persistaient.
— On ne connaît par leurs motivations ni leurs objectifs. Ils pourraient changer de cible à cause de la sécurité renforcée.
Alizéha trouvait son inquiétude ironique sachant que c’était lui qui comptait sur elle pour se battre et le protéger d’une menace. Elle croisa les bras.
— Tu te penses capable de me défendre mieux que moi-même ? Toi ?
Outre sa misérable lame et son aptitude au combat nulle, Evan avait une taille svelte. Avec sa carrure fine, il ne faisait pas un garde du corps intimidant.
— Je serais là en guise de coup de main, nuança-t-il. On ne dirait pas mais je suis capable de poignarder un homme si nécessaire.
Alizéha frissonna lorsqu’elle l’entendit prononcer ces mots inattendus. L’assurance qui les imprégnait était celle d’un homme qui parlait d’expérience. Avec son air insouciant, Evan ne semblait pas du genre à blesser autrui, mais Alizéha était bien placée pour savoir que les humains étaient doués pour cacher leur vrai visage.
Malgré sa curiosité, elle ne chercha pas à en savoir plus.
— Bon, fais comme tu veux, mais tu me lâches après, compris ?
— Promis !
Ensemble, ils s’engagèrent dans la rue marchande grouillante de monde. C’était le genre de rue où l’on trouvait tout ce qu’on désirait. Au temps où elle était une déesse vénérée, elle aimait prendre l’apparence d’une fille banale pour se balader discrètement dans les galeries commerçantes et baver devant les pâtisseries exposées en vitrine. Une fois, elle s’était extasiée en apercevant des figurines en bois à son effigie. Le sentiment d’accomplissement qui l’avait envahie n’était plus qu’un lointain souvenir. Désormais, ces escapades s’accompagnaient d’une mélancolie amère. Son regard dériva de la boutique d’alchimie exposant fièrement ses fioles au liquide pétillant au sculpteur d’os qui travaillait avec minutie, en passant par le fleuriste aux plantes cracheuses de feu. Elle s’arrêta devant un magasin de vêtements. Les robes en vitrine étaient splendides : entre celles en velours et celles en soie, brodées d’or et d’argent ou bien tissées avec du fil d’araignée, les porter relevait du rêve. Certaines étaient parées de pierres précieuses ou de perles qui les faisaient briller de mille feux.
À côté d’elle, Evan grimaça devant les tenues des hommes, tout aussi ostentatoires.
— Ça ne te plaît pas, devina-t-elle. Pourtant, ça t’irait bien.
— Tu trouves ? Ma modeste tenue est plus confortable pour voyager. En revanche, ces robes t’iraient à merveille.
Autrefois, porter ce genre de tenue lui était d’une banalité sans nom. Aujourd’hui, elle se sentirait comme un corbeau cherchant à ressembler au phénix. Il aurait beau se parer de gemmes, son plumage demeurerait noir. Elle s’était habituée à son pantalon, à sa chemise en lin et à son corset. La discrétion, la simplicité, lui convenait.
Ne voulant pas laisser entrevoir les failles de son estime d’elle-même, la déesse se contenta de sourire faiblement.
— Sinon, reprit-il, comment comptes-tu trouver la personne que tu cherches ? Vous vous êtes données rendez-vous ? Ou vas-tu l’appeler avec un telphène ?
Alizéha secoua la tête. Cette gemme translucide en forme de losange permettait de communiquer avec d’autres personnes. Il fallait seulement verser une goutte de son sang sur la pierre de l’autre. Le liquide absorbé, il suffisait de prononcer le nom de celui qu’on souhaitait joindre pour que ce dernier t’entende peu importe la distance. Si on les baignait dans l’eau, l’image de l’individu contacté apparaissait dans le liquide.
— Je n’en ai pas mais ce n’est pas nécessaire. Je la connais par cœur. Je sais où elle est.
Quand bien même elle ne la trouverait pas, la vie se chargeait de les rassembler, parce qu’elles étaient liées.
Il y avait deux endroits où il était possible de la croiser : chez l’herboriste ou dans une taverne. Comme ils étaient en plein après-midi, Alizéha choisit d’aller à l’herboristerie. Une sonnerie retentit lorsqu’ils pénétrèrent dans la boutique. Des flacons étiquetés pullulaient sur les étagères qui tapissaient les murs et des bouquets de fleurs séchées pendaient. Certains bocaux faisaient la taille de leur tête et d’autres étaient aussi grands que leur auriculaire. Evan siffla en analysant leur contenu. Il y avait des plantes fluorescentes, pailletées, aqueuses, en pierre ou presque invisibles. Mère Nature avait rivalisé d’imagination à la création de ce royaume. Alizéha s’approcha du comptoir où un homme au dos vouté et à la barbichette noire se tenait.
— Bonjour. Que puis-je faire pour vous ? demanda-t-il.
— Je cherche une femme du nom de Tila. La connaissez-vous ?
— Ah… Elle m’avait prévenu qu’une amie à elle viendrait prochainement et qu’elle devrait partir. Cela m’attriste, son aide m’était utile. Enfin bon, vous la trouverez dans l’atelier.
Il désigna une porte derrière lui. Alizéha s’empressa d’actionner la poignée. Elle arriva dans une petite pièce qui exhalait l’herbe fraîche. Les étagères débordaient de fioles tandis que les tables étaient recouvertes de feuilles volantes gribouillées de notes, d’outils et de plantes hachées en morceaux. Un rayon de soleil éclairait le cabinet. Une jeune femme aux cheveux dorés broyait dans un mortier des herbes avec un pilon. Sa chevelure dégringolait jusqu’au milieu de son dos. En l’apercevant, un large sourire étira les lèvres d’Alizéha. Ses épaules se dénouèrent comme si un poids, celui de son absence, lui était retiré.
Evan se racla la gorge pour l’avertir de leur présence. Tila s’arrêta de piler pour se tourner vers eux. Un voile blanc et opaque dissimulait son visage, mais Alizéha devina le sourire identique au sien qui s’épanouissait dessus.
Tila déposa le mortier, puis s’élança vers la déesse.
— Lize ! Tu m’as tellement manqué ! Laisse-moi te serrer dans mes bras.
Alizéha retint Tila par les poignets alors que ses mains s’approchaient de sa gorge. Un rictus écorcha les lèvres de la déité.
— C’est pas mon cou que tu veux serrer, plutôt ?
— Mais non, je veux juste te faire un gros câlin !
Sur ces mots, elle se jeta sur la déesse en saisissant au passage un couteau qui traînait sur la table. Alizéha esquiva son étreinte pour ne pas finir avec une arme plantée dans le dos. Evan, confus devant ces retrouvailles passionnelles, sembla regretter de l’avoir suivie jusqu’ici.
Tila reposa l’arme en gloussant :
— Oups, pas fait exprès, ahah ! De toute façon, il en faut plus pour te tuer, hein ?
Alizéha la fusilla du regard tout en affichant un sourire crispé. Le rire mesquin de Tila irritait ses tympans. Cette petite peste profitait de la présence d’Evan pour se venger et la mettre mal à l’aise !
En tant que déesse déchue, elle avait perdu ses pouvoirs et n’avait pas plus de force qu’une humaine ordinaire. Seul vestige de sa nature divine : son immortalité. Personne n’était capable de lui retirer ce que Despina, déesse du destin, lui avait octroyé lors de sa divinisation. Son corps se regénérait peu importe la blessure, ce qui ne l’exemptait pas de la douleur. Un moyen existait pour meurtrir une déité, comme l’indiquait sa cicatrice, mais il n’était pas à la portée des habitants de ce royaume. Autrement dit, si un monstre ou un homme la blessait et qu’un témoin assistait à sa guérison rapide sans qu’elle s’en aperçoive, sa nature divine serait découverte et elle vivrait un cycle de souffrance éternelle. C’était l’une des raisons pour lesquelles la déesse évitait de voyager avec d’autres personnes.
Alizéha jeta un coup d’œil à Evan. Heureusement, il n’avait pas saisi le sous-entendu de Tila. Il avait abandonné l’idée de comprendre leur relation et furetait les étagères en quête d’une trouvaille intéressante. Ce voleur avait l’attention d’un enfant de cinq ans. En sentant les regards sur lui, il délaissa ses recherches et plaqua un sourire poli sur son visage.
— Bon, j’ai accompli ma mission, je crois que je vais y aller, annonça-t-il.
Sa main était sur la poignée quand Tila l’interpella, les poings sur les hanches.
— Eh ! Qui t’a autorisé à fuir comme ça ? Je veux savoir qui tu es et pourquoi tu accompagnes Lize.
Son ton autoritaire avec manqué à Alizéha. Elle tira une chaise pour s’y asseoir face au dossier. Elle ricana devant l’expression déconcertée d’Evan. Il bredouilla une réponse comme s’il craignait qu’elle tente de le poignarder à son tour.
— Je suis Evan Thurso et je suis un vagabond. Voyager avec Lize est fort divertissant…
— … Et utile quand on ne sait pas se battre, maugréa la déesse.
— … Donc je l’ai suivie.
Tila siffla.
— Je ne sais pas ce qui m’étonne le plus. Que tu trouves Lize amusante ou qu’elle ait consenti à ce que tu l’accompagnes ?
Evan rigola.
— C’est vrai que ce n’était pas gagné, au début. On ne dirait pas mais elle m’aime bien. Elle est juste un peu timide, c’est pour ça qu’elle regarde les gens comme si elle allait les tuer.
— Personne ne m’a jamais rien dit à ce propos. Peut-être es-tu le seul que je regarde de cette façon ?
Comme c’était le cas en ce moment même. Loin de s’en préoccuper, il eut l’audace de lui adresser un clin d’œil. Alizéha serra les poings en s’imaginant tenir le cou d’Evan dans le creux de ses paumes. Si seulement il pouvait s’étouffer dans son culot.
Tila ne rebondit pas dessus, mais Alizéha savait que cette situation l’amusait.
— Et donc, comment l’as-tu convaincue ?
— Les circonstances ont joué en ma faveur…
Tila croisa les bras sur sa poitrine. Alizéha avait l’impression de la voir froncer des sourcils à travers son voile. Elle connaissait la déesse mieux que personne et savait pertinemment qu’elle ne laisserait pas un étranger l’escorter sans raison.
Sur un ton incisif, Alizéha encouragea le voleur :
— Evan, pourquoi restes-tu si vague ? Détaille-lui donc ces circonstances.
Evan dansait un pied sur l’autre, son regard fuyant Tila qui n’avait plus l’aura d’un rayon de soleil mais celle d’un nuage de plus en plus noir.
— Il… Il se trouve que j’ai fait une bêtise qui m’a attiré des problèmes avec Venthos… et que j’ai impliqué Lize par mégarde…
— Pardon ?
Ce seul mot avait grondé comme le tonnerre dans la pièce. Un silence électrique suivi. Evan se gratta nerveusement la nuque en fixant une table, l’air de n’aspirer qu’à se cacher en dessous. Elle jeta un regard à Alizéha qui confirma :
— On est poursuivi par les gardes de la cité. Il a volé les Kléos.
Tila se frappa le front. Evan se tourna vers la porte.
— Voilà… J’ai promis à Lize que je la laissais donc…
— Tu restes, ordonna Tila.
Il n’osa désobéir. Elle pivota vers Alizéha, toujours assise sur sa chaise.
— Nous partons ce soir. Je vais te donner une liste de choses à acheter avant le départ.
La déesse se leva d’un bond, comprenant ce que cela signifiait.
— Alors tu es d’accord ? Tu vas m’aider ?
— À contrecœur, précisa-t-elle. Je ne vois pas d’autre solution, et sans moi, tu n’y arriveras pas.
Alizéha grommela sans pour autant nier. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait évité les problèmes grâce à Tila. Sa présence était essentielle pour le succès de leur quête. Une quête absurde, désespérée, mais cruciale. La déesse était soulagée que Tila accepte malgré ses réticences, regrettant de ne pas pouvoir tout lui révéler. Ne se sentant pas concerné, Evan lisait distraitement des feuilles. Tila frappa sur la table pour attirer son attention.
— Quant à toi, puisque tu n’as rien à faire, tu vas accompagner Lize. Sauf si tu préfères rester avec moi pour m’aider ?
Alizéha était certaine que sous le voile de Tila se cachait un sourire carnassier. Evan n’avait pas besoin de le voir, sa voix doucereuse lui suffisait. Il lança un regard coupable à la déesse.
— Désolé, Lize, elle me fait plus peur que toi. Tu vas devoir me supporter encore un peu.
bref super intéressant comme chapitre. On sent une transition dans ton histoire, tu nous a présenté les personnages, mis en condition dans les chapitres précédents et maintenant j'ai l'impression qu'on va attaquer le vif du sujet et de l'aventure qu'ils vont vivre.
Hâte d'en découvrir plus !
Oui, ça va pas tarder à s'accélérer !
J'espère que la suite te plaira, merci pour ton commentaire !
on avance on avance et on a plus de décors! ♥♥♥
La troupe s'agrandit avec une soigneur... il nous manque le barbare pour avoir la troupe classique et attaquer le premier donjon. XD
Tila m'a tout l'air d'être un personnage fort intéressant.
Le seul truc que je n'ai pas aimé : la mention du pantalon. C'est un truc qui m'agace en fantasy, le fait que pour être forte, une femme doit obligatoirement "devenir" un homme. Perso, c'est un truc que je trouve ultra misogyne. Mais je sais que c'est là un point de vu hautement perso et ça n'enlève rien au texte.
Vivement la semaine pro pour avoir la suite. :)
Ouii je suis contente que mes descriptions te plaisent (enfin 😂🫶🏻) !
Je te laisse la surprise sur l’évolution du groupe ahah xD
C’est un personnage que j’aime beaucoup, j’espère que son développement et son rôle dans l’histoire te plaira !
Je n’avais pas songé à ce point de vue. J’ai fais le choix de lui mettre un pantalon non pas pour qu’elle ressemble à un homme mais parce que c’est plus pratique pour le combat à l’épée (je veux dire, je m’imagine à sa place avec une jupe et je ne trouve pas ça très pratique x) y a le risque qu’on voit la culotte à force de bouger, ou qu’elle se déchire parce que les volants de la jupe ont accrochés à un truc ou que l’épée de l’ennemi la déchire lorsqu’elle esquive) mais je comprends que tu puisses trouver ça misogyne. Peut-être devrais-je préciser la raison de ce choix ?
Merci pour ton commentaire ! J’espère que la suite te plaira ^^
On peut faire beaucoup de chose en robe, et une robe c'est pas forcément un truc plein de froufrou. ;) pendant des siècles les femmes ont travaillé au champ, en atelier, à l'usine en robe... et même longtemps les hommes avec des vêtement similaire.
Par ailleurs si c'est pour raison de praticité, alors le corset est le pire choix ever. XD car là, elle bougera pas, elle sera gêné dans ses mouvement et sa respiration.
D'ailleurs on est dans quoi comme univers? de la fantasy médiévale? (le manque de décors et décorum se fait sentir. ;) )
Oui ça me plaît toujours et je serais là pour la suite. :)
Je ne sais pas vraiment si c’est précisément une fantasy médiévale, mais je pense qu’il y a une inspiration médiévale oui !
J’ai hâte de lire tes prochains retours dans ce cas ! ^^