Chapitre 5 : Interrogeons la famille !

Notes de l’auteur : On passe à la salle d’interrogatoire.

Une nouvelle journée commence au commissariat, le lieutenant Dawkins est déjà à son bureau depuis une vingtaine de minutes quand soudain l'inspecteur Rodes lui fait face avec un croissant dans les mains.

 

    Dawkins : — Bonjour, j'espère que t'as passé une bonne nuit.

 

    — Tu me connais, je n'ai jamais eu aucun problème pour m'endormir. J'ai tout de même fait un drôle de rêve, un incendie a lieu dans une maison, une femme m'appelle au secours et je cours vers les flammes. Tu sais ce que ça veut dire ?

 

    — T'as mangé un truc qui ne fallait pas avant de t'endormir ?

 

    — Non, je suis sérieux. T'as une idée de ce que cela veut dire ?

 

    — Désolé, tu fais peut-être encore un complexe du héros ou un truc dans le même genre mais moi, je peux te dire : « We don't need another hero. » Et je ne fais pas dans l'interprétation des rêves, Pluto. Ici on a un vrai boulot à effectuer. Tu te rappelles hier, t'avais des tas de questions à poser à la mère de notre victime. Remets tes idées au clair ! Notre première interview va bientôt débuter. Elle ne devrait plus tarder maintenant, je lui ai donné rendez-vous hier à cette heure précise.

 

    Cinq minutes plus tard, la mère de Janis fait son entrée au commissariat, les enquêteurs l'accueillent et l'amènent dans une salle d'interrogatoire, ils s'assoient. La mère est face à face avec notre duo de choc.

 

    Dawkins : — Bonjour madame, vous voulez boire un petit café ?

 

    Madame Martin : — Non, ça ira.

 

    — Alors si cela ne vous dérange pas, je crois que mon collègue a plusieurs questions à vous poser, je vais le laisser procéder et je verrais ensuite si j'ai d'autres questions supplémentaires.

 

    Rodes : — Madame, d'abord je tenais à vous dire que je suis désolé pour ce qui est arrivé à votre fille.

 

    Madame Martin : — Merci, jeune homme.

 

    — Madame, connaissiez vous un peu les habitudes de votre fille avec les hommes ?

 

    — Elle aimait bien leur compagnie.

 

    — Selon les dires, des gens que j'ai déjà interrogés, c'était un peu plus qu'une simple appréciation.

 

    — Que voulez-vous que je vous dise ?

 

    — Simplement la vérité madame !

 

    — Très bien, elle ne vouait sa vie qu'aux hommes, elle était un peu obnubilée par eux.

 

    — Vous savez ce qu'on dit, le fruit ne tombe jamais loin de l'arbre.

 

    — Que voulez-vous dire par cela ?

 

    — Vous m'avez parfaitement compris madame !

 

    — J'ai eu pas mal d'amants dans ma jeunesse mais jamais autant qu'elle.

 

    — Et le père de votre fille, était-ce bien votre mari ?

 

    — Non, mais mon époux est décédé et il ne l'a jamais su.

 

    — Et le véritable père de Janis, vous savez qui sait ?

 

    — C'était le gars qui était venu nous installer le câble de notre télévision.

 

    — Vous en êtes sûr ?

 

    — Oui, à l'époque j'ai fait faire plusieurs tests de paternité.

 

    — Vous avez gardé le contact avec ces hommes ?

 

    — Pas vraiment, je ne voulais pas que mon mari se doute de quoi que ce soit.

 

    — Vous avez fait appel à quel laboratoire ?

 

    — En quoi cela a de l'importance ?

 

    — J'aimerais savoir si quelqu'un a eu accès à vos résultats.

 

    — Je ne me rappelle pas du nom, c'est que cela fait longtemps. Je dois avoir garder leurs enveloppes quelque part chez moi, je vous rappellerai dès que je les retrouverai.

 

    — Très bien, je crois que l'on peut s'arrêter là.

 

    Dawkins : —  Vu que mon collègue a fini avec son interrogatoire, je vais prendre le relais comme cela était prévu. J'ai encore quelques questions madame, ce ne sera pas long.

 

    Madame Martin : — Si je peux vous aider à trouver le meurtrier de ma fille, je suis prête à vous répondre.

 

    — Quand avez-vous parlé avec votre fille ? Je veux dire, quand a eu lieu votre dernière conversation ?

 

    — C'était au téléphone, cela doit faire une semaine, je crois que c'était lundi dernier.

 

    — Vous a-t-elle parlé d'un événement important ou de quelqu'un en particulier ?

 

    — Pas vraiment, elle me parlait toujours un peu des anecdotes sur ses patients de l'hôpital, la dame ronchonne ou le vieux beau qui essayait pathétiquement de la séduire. Mais elle ne me parlait jamais de ses petits copains, elle n'aimait pas ma façon de lui faire la morale alors, on évitait le sujet.

 

    — Je vois et selon vous si vous aviez un nom à me donner qui serait digne d'intérêt pour notre enquête. Ce serait lequel ?

 

    — La dernière fois que j'ai sermonné ma fille à cause d'un garçon, c'est quand sa sœur Marsha m'a informé de la conduite de sa sœur avec Daniel, je lui avais passé un sacré savon. Franchement, faire passer un gars avant sa sœur, c'est décevant.  Avec une amie je l'aurais toléré, ce sont des choses qui arrivent, j'ai moi-même piqué un gars à ma meilleure amie, mais à sa sœur, c'est la famille quand même.

 

    — Merci, madame, je pense que ce sera tout, si quelque chose vous revient, n'hésitez pas à nous appeler.

 

    Rodes : — Entre dix et dix-sept heures seulement. Ce sont nos heures de bureau.

 

    Madame Martin : — Merci messieurs, au revoir.

 

    — C'est cela, au revoir. 

 

    Elle part laissant le duo de choc seul dans la pièce. 

 

    Dawkins : — Qu'est-ce qui t'a pris avec tes heures de bureau ? 

 

    — Tu connais les personnes âgées, parfois elles n'arrivent pas à dormir et elles n'hésitent pas à appeler n'importe qui à n'importe quel moment. Tu veux vraiment lui tenir la jambe pendant des heures, j'impose des limites. 

 

    — D'accord, tu penses trouver quelque chose avec ce laboratoire ?

 

    — Je vais même peut-être investir dans ce laboratoire quand j'irai les voir. 

 

    — T'es sérieux !

 

    — Les tests de paternité, c'est l'avenir.

 

    — Tu parles de ton cas et de tes nuits de débauche.

 

    — Moques-toi ! Mais je ne serais peut-être pas le seul à en avoir besoin.

 

    — Pluto, si tu veux aller manger c'est le bon moment, notre prochain client sera là dans une heure et demie, moi j'y vais maintenant.

 

    — Il est un peu tôt pour manger.

 

    — Il est onze heures, tu as une heure et demie.

 

    — Qui prend rendez-vous à midi et demie ?

 

    — Je fais en fonction des possibilités des gens.

 

    — C'est bien ce que je te reproche, t'es policier, tu devrais les faire venir quand cela t'arranges toi et pas l'inverse.

 

    — C'est noté, j'ai juste du mal à me rappeler qu'on est un état policier.

 

    — T'as gagné, je voulais t'inviter mais je vais te laisser manger dans ton petit Tex-mex habituel, moi qui voulais te faire apprécier une cuisine de qualité.

 

    — Tu vas vexer mon pote Chad, lui qui est si fière de son Tex-mex, c'est vrai que c'est pas un restaurant étoilé mais il a des bons commentaires sur internet.

 

    — Les commentaires sur internet c'est de l'arnaque. Parce qu'ils sont faits, par qui ! Des amis du patron et sa famille.

 

    — Faut bien que quelqu'un écrive ses avis. T'as déjà écrit un avis favorable sur un restaurant ?

 

    — Évidemment que non, quand j'aime bien un restaurant, je n'écris rien sur lui, j'écris seulement quand je n'ai pas été satisfait.

 

    — Et c'est pour ça que ces avis sont écrits par des amis.

 

    — T'en as écrit un, pour ce fichu Tex-mex ?

 

    — Évidemment, Chad est mon pote.

 

    Les deux policiers vont manger puis retourne vers les midi-vingt au commissariat, dix minutes plus tard Daniel arrive pour son entretien dans la salle d'interrogatoire.

 

    Dawkins : — Bonjour monsieur, si je vous ai fait venir ici, c'est pour que vous nous parliez un peu d'une de vos connaissances, mademoiselle Janis Martin.

 

    Daniel : — Ah ! Janis, pour tout vous dire, ça fait un bail que je ne l'ai pas vue.

 

    Rodes : — C'est étrange, quand on sait que vous avez quitté votre petite-amie pour elle.

 

    — J'ai rien quitté pour elle, en fait pour tout vous dire c'est elle qui me faisait des allusions, elle avait une façon de me regarder, qui en disait long et elle a un corps qui donne des sueurs aux hommes. Et une fois où on était seul tous les deux, j'ai craqué, ensuite dès qu'elle passait à la maison et que Marsha n'était pas là on en profitait pour s'envoyer en l'air, ça a duré deux semaines avant qu'on se fasse prendre par Marsha. Et ensuite, tout était fini, Marsha m'a mis dehors et Janis ne m'a plus rappelé.

 

    — Vous avez dû en vouloir à Janis ?

 

    — Pour quoi ?

 

    — Votre rupture et peut-être aussi le fait de ne pas vous avoir rappeler.

 

    — Oh que non ! Avoir rompu avec cette mégère de Marsha est une vraie bénédiction et pour les deux semaines avec Janis, j'ai eu droit à une vraie lune de miel sans aucun mariage. Quand je me suis confié à mes potes, je la leur ai joué comme dans cette chanson « That girl » de Stevie Wonder, ils étaient tous jaloux du bol que j'avais. Fallait bien que ça s'arrête un jour, je me suis fait une raison.

 

    — Ça n'a pas été trop dur pour vous ? Parce que c'était quand même « That girl ».

 

    — J'en aurai presque pleuré, j'étais tellement heureux avec elle, les rêves finissent bien trop vite.

 

    — Je pense qu'on peut le laisser partir, il est clairement innocent.

 

    Dawkins : — Non.

 

    — Pourquoi ?

 

    — J'ai mes raisons.

 

    Daniel : — Ne vous fâchez pas ! 

 

    — Je serais vous, je ne m'inquièterais pas de notre bonne entente. Un mec qui trompe sa copine, pour moi, c'est un type qui sait mentir. Alors, vos belles histoires, j'y crois moyennement, moi ce que j'aimerais savoir, c'est où vous étiez, il y a deux jours.

 

    — Il vous faut mon emploi du temps complet ?

 

    — Vous pouvez le noter sur cette feuille de votre réveil jusqu'à midi, je vérifierai cela ensuite.

 

    — La confiance règne !

 

    — C'est tout le contraire, je me méfie des gars comme vous.

 

    Marsha arrive au commissariat et demande à voir les personnes en charge du meurtre de sa sœur, elle est un peu en avance sur l'heure de son rendez-vous, Daniel sort à ce moment précis de son interrogatoire, ils se croisent.

 

    Marsha : — Espèce de salopard !

 

    Daniel : — Marsha ! C'est toujours un plaisir de te revoir.

 

    — C'est toi qui a tué ma petite sœur !

 

    — Non, si j'avais tué quelqu'un, ce serait toi.

 

    — Approche, mauviette !

 

    — Je ne crois pas, bye-bye chérie.

 

    Marsha se jette sur Daniel et elle le frappe, Hank Dawkins voyant cela attend dix secondes avant d'intervenir puis il les sépare.

 

    Daniel : — Espèce de folle furieuse, je vais porter plainte contre toi.

 

    Dawkins : — Vous pourriez le faire, mais je ne vous le conseille pas.

 

    Marsha sort pour aller en salle d'interrogatoire avec Rodes.

 

    Daniel : — Mais vous êtes témoin, elle m'a agressé.

 

    Dawkins : — Si vous allez devant un juge, tout ce que l'on verra c'est qu'un homme infidèle fait encore un sale coup à son ex, alors qu'elle est en plein deuil de sa sœur. Vous aurait l'air ridicule, un gaillard comme vous qui s'est fait botter les fesses par une faible femme.

 

    — C'est bon, je laisse tomber ma plainte.

 

    — Merci, au revoir et passez une bonne fin de journée.

 

    — C'est ça, bonne journée.

 

    Dawkins va rejoindre Marsha et Rodes dans la salle d'interrogatoire.

 

    Rodes : — Marsha, je vous présente le lieutenant Hank Dawkins.

 

    Dawkins : — Enchanté, madame ! 

 

    Marsha : — C'est un plaisir, monsieur.

 

    — Vous ne devriez pas vous jeter sur les gens comme ça, cela pourrait vous coûter cher.

 

    — Il veut me poursuivre, ce mufle !

 

    — Non, je l'en ai dissuadé.

 

    — Vous êtes mon sauveur !

 

    — N'exagérons rien, je n'ai fait que mon devoir de policier. Maintenant si nous commencions notre entretien, nous avons des questions à vous poser.

 

    — Je suis prête à vous répondre.

 

    — Vous n'étiez pas en bon terme avec votre sœur ?

 

    — Je ne peux pas le nier.

 

    — Mais gardiez-vous le contact avec elle ?

 

    — Pas physiquement, mais je la suivais sur facebook.

 

    — Facebook !

 

    — Vous savez le réseau social.

 

    — Merci, je connais.

 

    — J'ai créé mon compte, il y a plus de dix ans et une fois que je suis quelqu'un en général, je ne me désabonne pas.

 

    — Aucun filtre ?

 

    — Seulement si les gens sont des harceleurs certifiés, pour les autres je passe assez vite sur leurs messages.

 

    — Votre sœur était très active sur facebook ?

 

    — Elle était constamment sur ce site.

 

    — C'est étrange on a trouvé aucune trace de facebook sur son ordinateur ?

 

    — Elle s'y connectait via son téléphone ?

 

    — C'est vrai qu'on n'a pas retrouvé son téléphone. Mais quel idiot ! Et moi qui pensait qu'elle l'avait peut-être fait réparer ou simplement égaré, je suis un peu vieux jeu et je ne pense pas assez comme les jeunes, maintenant plus personne ne sort sans son portable.

 

    Rodes : — Salut papy!

 

    Marsha : — Vous voulez rire, elle envoyait même des messages en salle d'opération.

 

           Dawkins : — C'est pas interdit !

 

    — Vous savez elle et les règlements, ça faisait deux.

 

    — Vous avez son numéro de téléphone ?

 

    — Je dois l'avoir parmi mes contacts, je vous l'envoie sur votre portable. Si vous voulez ?

 

    — Tenez sur cette carte, il y a mon numéro.

 

    — Ça y est, je vous l'ai envoyé comme ça vous aurez aussi le mien.

 

    — J'aimerais savoir où vous étiez ...

 

    — Au moment de sa mort, j'étais en communication avec les esprits.

 

    — C'est vrai que vous êtes voyante. Et vous savez ce que je vais vous demander à l'avance.

 

    — Voici la liste des clients que j'ai vu ce matin-là.

 

    — Il y en a six.

 

    — C'est normal, je reste en moyenne quarante minutes avec chacun d'entre eux.

 

    — Je constate que les esprits ne sont pas notés sur cette liste, ils ne veulent pas témoigner en votre faveur.

 

    — Les esprits sont capricieux, ils font des efforts seulement pour leurs proches, on ne peut les invoquer en vain.

 

    Rodes : — Vous avez accès à un grand savoir grâce aux esprits, vous n'auriez pas parlé à votre sœur par le plus grand des hasards ?

 

    — Non, mais vous croyez vraiment aux esprits ?

 

    — J'aimerais y croire ?

 

    — Pour vous avouez la vérité, quand j'étais étudiante, j'ai trouvé un petit boulot de voyance par téléphone, j'ai écouté pendant deux heures comment une autre fille faisait et puis j'ai commencé à répondre un peu comme elle, deux ans plus tard j'avais quelques habitués et comme d'autres filles avant moi dans cette boîte, je voulais me faire plus d'argent, mes anciennes collègues qui avaient déjà ouvert leurs cabinets de voyance m'ont indiqué les démarches à faire et voilà comment je suis arrivée dans ce business. 

 

    — Vous ne voyez rien ?

 

    — Je ne suis pas aveugle, j'ai eu huit sur dix à mon dernier test oculaire, mais je ne vois rien de plus que vous.

 

    Dawkins : — Vous ne voyez pas qui pourrait en vouloir à votre sœur ?

 

    — À part moi, peut-être un ex jaloux ou une fille qui aurait perdu son mec grâce à ma charmante sœur ce qui doit faire au minimum une centaine de personnes, mais je serais vous, je me focaliserai sur Daniel, une vraie enflure.

 

    — Merci pour tout madame, je sais que vous avez mon numéro alors si quelque chose vous revient, n'hésitez pas à m'appeler.

 

    Elle s'en va.

 

    Rodes : — J'ai tout vu, t'es doué dans ton genre, un vrai serpent. Vous vous êtes échangés vos numéros.

 

    Dawkins : — J'ai pas que ça à faire et tu l'as entendu comme moi, alors maintenant notre priorité pour cette affaire c'est de retrouver le téléphone de la victime.

 

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Hugo Melmoth
Posté le 02/08/2021
Re !

Ah, je l'attendais, celle-là, la salle d'interrogatoire ! Encore un chapitre bien amusant et d'une belle plume, ma foi ! Merci beaucoup de partager ton texte avec nous, c'est vraiment bien ! :)

Je le reprendrai dès que le temps me le permettra !

H. M.
haroldthelord
Posté le 03/08/2021
Merci encore pour ton commentaire agréable.
A la prochaine Hugo.
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