Chapitre 5 : La petite peste.

Par Cléooo

Chapitre 5 : La petite peste.

 

Le cœur de Thibault battait à tout rompre. Ils avaient retrouvé Tobias et les jumelles devant une porte d’aspect robuste, forgée en bronze ou dans un quelconque métal similaire. Les deux jeunes filles portaient maintenant un uniforme relativement identique à celui des garçons, au détail près que le pantalon avait été remplacé par une jupe crayon descendant à leurs genoux.

Thibault détacha son regard des jumelles. Derrière l’immense porte se dressant face à eux se trouvait l’impératrice. Il ne l’avait aperçue qu’une fois, à la télévision, cinq ans auparavant. C’était à l’occasion des obsèques de ses parents. L’ancien empereur et sa femme avaient perdu la vie lors d’un attentat perpétré en 2704, et le jour de leur incinération, l’orpheline était couverte d’un immense voile noir. Si le visage de la grande-duchesse Rebecca était célèbre grâce à sa présence à tous les événements officiels, celui de Solène resterait en revanche inconnu du grand public jusqu’à ses dix-huit ans.

Ajax toqua à la porte dont les battants s’écartèrent comme tirés par des cordes invisibles. Il passa le premier par l’embrasure et Tobias fit signe aux jeunes esclaves de le suivre.

Pendant une seconde, Thibault crut qu’ils avaient quitté l’enceinte du palais. Un océan de verdure s’étalait devant lui et il se sentit émerveillé. Des plantes partaient du plafond et retombaient à un mètre au-dessus de leurs têtes. Des feuilles émeraude s’entremêlaient de petites lumières, allumées malgré la clarté du jour. Des arbustes et des fleurs en pot inondaient le sol. Le plafond, en verre, s’arrondissait à la jointure qui rejoignait les parois transparentes des murs. De l’autre côté de cette limite à peine perceptible, plus de verdure encore ; un jardin luxuriant qui se perdait dans le léger brouillard matinal flottant sur le Sommet.

Mais ils étaient bien à l’intérieur d’un espace clos. Aucune brise n’agitait les feuilles, et au sol, il y avait un parquet de bois clair et d’aspect lisse. En fait, on avait simplement placé un peu du dehors au-dedans.

Le jeune homme recentra son attention sur Ajax qui s’était avancé au milieu des plantes sans même leur accorder un regard. Le groupe le suivait, puis quelques mètres plus loin, l’esclave s’arrêta et s’inclina. Là, par-dessus son dos, Thibault la vit.

L’impératrice Solène.

Un regard doux. Des yeux gris, en forme d’amande. Un visage en cœur, autour duquel retombaient deux mèches brunes et bouclées, qui s’étaient échappées de son chignon fantaisiste. Des lèvres roses, à peine plus foncées que sa peau de pêche. Un cou long et fin, qui orientait l’œil vers l’échancrure de sa toilette. Une robe d’une finesse incomparable. Sa couleur était mauve, ou pourpre peut-être. À ses manches coupées aux coudes, une dentelle blanche pendait avec élégance sur ses avant-bras. Ses chevilles nues étaient soutenues par des escarpins fins, presque inexistants…

Gabriel lui écrasa le pied et Thibault sursauta. Il s’était perdu dans sa contemplation et s’inclina précipitamment, plus bas encore qu’Ajax ne l’avait fait.

 — Ajax, viens ici, fit la voix de la grande-duchesse Rebecca.

Sans oser se redresser complètement, Thibault l’observa reposer son journal sur la petite table devant elle, et tendre la main à son esclave qui s’en saisit et y déposa un léger baiser. Elle lui fit un sourire gracieux.

— Votre clé, Maîtresse…

— Merci mon cher Ajax. Tout s’est bien passé ?

— Dans l’ensemble, oui, Maîtresse.

— Dans l’ensemble ?

— Quelques… agitateurs ont fait leur entrée sur la foire en fin de soirée, peu de temps après votre départ. Ils ont très vite été maîtrisés.

La maîtresse et l’esclave échangèrent un long regard dont le sens échappait à Thibault, puis il repensa à la vision fugace qu’il avait eu au moment où Gabriel et lui avait quitté la foire, la veille au soir. Avait-il aperçu l’un de ces fameux agitateurs ? Finalement Rebecca, l’air vaguement irrité, se tourna vers l’impératrice.

— Solène, donne-moi ta clé, ma chérie.

La jeune fille détacha son regard d’Ajax et fouilla dans une des poches de sa robe, avant d’en sortir le petit objet ovale pour le donner à sa cousine. Puis il y eut un bruit de chaise. Elle avait repoussé la sienne et s’approchait des esclaves.

— Bonjour Tobias, fit-elle.

— Bonjour, Maîtresse Solène, répondit-il en s’inclinant de nouveau.

— Je peux les regarder ? demanda-t-elle.

— Bien sûr, Maîtresse. Relevez la tête vous autres…

Thibault se redressa et croisa le regard de l’impératrice. Ses yeux gris allaient de l’un à l’autre et elle avait un étrange petit sourire un peu fripon accroché aux lèvres. Puis quand elle vit les jumelles à l’arrière du groupe, elle fronça les sourcils.

— Rebecca, j’avais dit pas de fille…

— Je sais ma chérie. Mais de quoi aurais-je eu l’air, si je n’avais ramené que des jeunes hommes à ma très chère petite cousine ? Ces imbéciles de journalistes sont restés collés à mes basques toute la journée, je n’allais certainement pas leur donner une histoire aussi scandaleuse à étaler à la une de leurs torchons.

— Qu’est-ce que je m’en fiche de ça… grommela la jeune fille.

— Solène ! gronda la grande-duchesse.

L’impératrice lui jeta un regard incertain, puis se tourna de nouveau vers ses esclaves.

— Tu en as pris un pour toi ? s’étonna-t-elle en avisant Gabriel. C’est ton premier depuis Ajax, non ? En tout cas je ne te le disputerai pas, il est affreux. C’est quoi ces yeux bizarres ? Et puis, il a quoi, douze ans ?

Rebecca eut un léger rire et Solène continua son inspection.

— Bon j’aime bien les deux bruns. Mais là, ces cheveux… Ça ne va pas du tout. J’aime bien la couleur franchement, mais par contre c’est vilain une telle longueur. Il faudra qu’il les coupe, c’est compris, Tobias ?

— Très certainement, Maîtresse Solène.

Thibault était passé par un ascenseur émotionnel. « Les deux bruns », avait dit l’impératrice. Il y avait trois bruns en fait. Celui à la peau mate, Max, celui qui avait les yeux clairs, Jenkins, et lui-même. Qui étaient les deux à qui elle avait fait allusion ? Celui qui avait les cheveux trop longs en tout cas, ce devait être le rouquin, Marcelino. Ou Lino plutôt, puisque c’était le nom qu’Ajax lui avait désormais attribué. Sur le blond, Théo, elle n’avait fait aucun commentaire…

— Bon, ce n’est pas trop mal Rebecca, dans l’ensemble. Tu as fait du beau travail !

— J’aime que mes compétences soient reconnues à leur juste valeur, répondit la grande-duchesse sans cacher l’ironie dans sa voix. Tiens, voici ta clé, ma chérie, je te les ai transférés. Je te montre comment ça fonctionne ?

Solène hocha la tête et vint se pencher sur l’accoudoir du siège de sa cousine, l’air ravi. Rebecca était maintenant en train de lui enseigner les fonctionnalités de sa clé. Quelques secondes plus tard, Solène la lui prit des mains.

— Donc là, c’est sélectionné, n’est-ce pas ?

— Oui, quand le voyant bleu clignote, c’est que tu es sur ce collier.

Il sembla à Thibault qu’une légère vibration avait parcouru son cou. Il n’en fut d’abord pas certain, mais il n’eut qu’à croiser le regard angoissé de Gabriel pour comprendre que c’était bel et bien lui, le « sélectionné ». Un instant plus tard, il eut le sentiment qu’une corde invisible s’était refermée d’un coup sec sur son cou. Il porta ses mains à sa gorge, au niveau où le collier s’enfonçait désormais dans la chair… Incapable de reprendre sa respiration, il tomba à genoux et la panique s’empara de lui. Il ne parviendrait pas à faire entrer l’air… Il allait mourir, sûrement…

Puis d’un coup la pression se relâcha.

— Oh je suis désolée ! Désolée !

Thibault toussait, peinant à reprendre sa respiration. Il releva la tête pour découvrir deux yeux gris qui le regardaient avec embarras.

— Est-ce que tu vas bien ? demanda l’impératrice en effleurant son épaule du bout des doigts.

— Si tu avais écouté mes explications jusqu’au bout, il irait mieux, gronda Rebecca. Tu imagines, si tu avais déclenché l’explosion par inadvertance ? Ça aurait été un joyeux carnage, tiens.

Solène eut une moue qui ne présageait rien de bon. Thibault avait grandi avec des filles, il savait reconnaître quand une allait se mettre à pleurer.

— Je vais bien… Maîtresse Solène… haleta-t-il avant que le barrage ne cède.

Elle se tourna de nouveau vers lui et son visage s’éclaira d’un sourire.

— Oh tant mieux… Je ne le referai pas, je suis désolée. C’est la première fois que j’ai ma propre clé, alors il faut que j’apprenne !

Il lui adressa un léger sourire. Il tremblait de tout son corps cependant. Quand il tourna le regard vers Gabriel, il constata que le gamin avait l’air sombre, mais il semblait à Thibault que l’impératrice n’avait pas réellement souhaité lui faire de mal. Pendant les minutes suivantes, il tenta de retrouver une respiration plus posée. C’était plus facile ici, avec la qualité de l’air qui l’entourait. S’il s’était trouvé au Sixième, il ne se serait probablement jamais remis d’un tel traitement.

À présent, Solène écoutait attentivement les recommandations de sa cousine. Une ou deux fois, Rebecca demanda à Ajax de venir confirmer telle ou telle fonctionnalité du collier, ce qu’il fit avec un léger sourire. Pendant ces moments, il aperçut du coin de l’œil que l’impératrice l’observait à la dérobé. Troublé, il s’efforça de recentrer son attention sur la grande-duchesse et son esclave.

Il s’interrogeait sur la relation entre ces deux-là. La façon qu’ils avaient de se regarder était tout à fait particulière, mais il n’aurait pas pu mettre le mot sur la sensation que cela éveillait en lui. Il savait déjà qu’Ajax n’était qu’à moitié captif, qu’il pouvait ôter son collier quand bon lui semblait. Mais il le gardait. À n’en pas douter, la grande-duchesse ne devait pas l’étrangler trop souvent.

La rencontre se termina après que Tobias eut appris à l’impératrice le nom de chacun de ses nouveaux esclaves. Quand ils eurent quitté la véranda quelques minutes plus tard, Thibault se massa le cou. Tobias et Ajax suffisamment loin, Gabi se rapprocha de Thibault et observa les dégâts.

— C’est tout rouge… Ça va ? Quelle sale petite peste… murmura-t-il, contrarié.

— Ne dis pas ça, tu veux avoir des problèmes ?

Gabi eut une moue hautaine, mais ne répondit pas.

 

 

Les semaines suivantes, le groupe des esclaves vendus à la foire du printemps ne rencontrèrent plus l’impératrice. Ils devaient d’abord être formés par Ajax, Tobias Torch et le majordome-en-chef, Charon Lheureux, un homme libre travaillant au palais depuis près d’une trentaine d’années. Solène pourrait ensuite faire appel à eux quand bon lui semblerait.

La formation regroupait pour l’ensemble des cours d’étiquette. Comment se comporter en présence de l’impératrice. Comment s’adresser aux invités qui visitaient le palais, en fonction de leur statut dans la société. Il était aussi question de leur livrer la liste des tâches qui étaient attendues d’eux, bien qu’elle fût plutôt courte, et celle des interdits. Thibault s’appliquait à tout retenir sur le bout des doigts. Cela faisait longtemps qu’il n’était plus allé à l’école et il lui semblait retrouver des bribes de son ancienne vie quand il se tenait assis à côté de Gabi, à écouter ses « professeurs » parler.

Rapidement, il avait compris que c’était par simple lubie, et pas du tout par nécessité, que l’impératrice avait demandé à la grande-duchesse qu’elle lui achète des esclaves. Solène était mécontente de « n’en avoir aucun à son service ». Ce n’était pas exactement vrai. En réalité, une centaine d’esclaves travaillaient au palais, que ce soit aux cuisines, à l’entretien des jardins ou encore au ménage. Mais ce qu’elle voulait, c’était imiter Rebecca et avoir près d’elle des personnes avec qui elle pourrait passer du bon temps, comme sa cousine le faisait avec Ajax.

Quand Tobias leur avait révélé cela à mi-mots, Thibault avait ressenti un certain enthousiasme. En devenant esclave, il avait d’abord craint d’aller dans un bordel, puis d’être maltraité. Puis il avait osé espérer qu’on n’attendrait pas de lui des tâches trop ingrates. Tous ses vœux s’étaient réalisés les uns après les autres. À moins que Solène ne recommence à l’étrangler accidentellement, tout irait bien désormais.

 

Au fil du temps qui passait, Thibault commença à découvrir les autres esclaves de sa formation. Les jumelles étaient très discrètes, elles écoutaient plus qu’elles ne participaient aux échanges. Jenkins paraissait souvent perdu dans ses rêveries, comme si seul son corps avait été présent avec eux, mais il pouvait parfois aussi se montrer très vif. Théo n’était pas plaisant. Max, lui, était assez réservé. Il paraissait un peu déprimé et Thibault était sûr que c’était lui qu’il avait entendu pleurer deux ou trois fois, pendant la nuit. Enfin, il y avait Lino, que Thibault préférait après Gabi. Il avait beaucoup d’humour et faisait souvent rire toute la bande. Quand Tobias était revenu le voir après leur rencontre avec l’impératrice, pour couper ses longs cheveux roux, il avait pris la pose tragique d’un martyr devant le reste du groupe, feignant de terribles gémissements à chaque fois qu’on coupait une de ses mèches. Même Tobias avait eu du mal à garder son sérieux pendant qu’il s’attelait à sa besogne. 

Les choses se passaient bien. Thibault mangeait à sa faim et passait de longues heures à s’amuser avec ses camarades. Parfois pourtant, ses pensées s’égaraient vers le passé et il se demandait ce que sa famille aurait pensé de son arrivée au Sommet. Il aurait voulu voir la tête d’Olga découvrant qu’il se pavanait dans le luxe. Il repensait aux dernières paroles que lui avait jamais adressées son frère « il va falloir essayer mieux que ça ». Que pouvait-il y avoir de mieux, à présent qu’il était au Sommet ?

 

Un soir, alors qu’approchait la fin de leur période de formation, Thibault était resté éveillé tard. Il attendait Gabriel, lequel avait accompagné Rebecca à une sortie hors du Sommet. Il était le seul à faire ce genre d’excursion, puisque Solène ne quittait jamais son palais. Quand il arriva, Thibault alluma sa lampe de chevet et lui fit signe. Gabriel se traîna jusqu’au lit et se laissa tomber dessus, l’air éreinté.

— Tu as mangé ? demanda Thibault avec un sourire amusé.

— Non…

— Tiens.

La fois précédente aussi, Rebecca avait oublié de lui faire préparer à manger, alors Thibault avait prévu le coup et lui tendit un petit panier. Gabriel eut l’air émerveillé.

— Thibault ! Merci…

— C’était pour quel événement ?

— Je ne sais pas trop, répondit Gabriel à voix basse. On était au Deuxième, chez une marquise je crois… Rebecca était complètement ivre au retour. Je suis resté à l’attendre dans un couloir toute la soirée pendant qu’elle buvait et j’ai eu l’impression qu’elle ne se rappelait même pas qui j’étais quand on a fait le chemin retour.

— Elle te parle des fois ?

— Oui oui, bien sûr. Elle me parle beaucoup en fait, pendant la journée. Elle est gentille avec moi. Mais quand elle boit, et elle boit un peu trop souvent je pense, alors là elle change du tout au tout. Ajax prétend que ça n’est rien de grave, mais moi je crois qu’elle a un problème.

Thibault jeta un œil aux alentours. Gabi avait parlé tout bas, mais dans le silence du dortoir, il s’inquiétait à l’idée que les autres l’aient entendu. Il se pencha à l’oreille du garçon pour répondre, plus bas encore.

— Tu crois qu’il est amoureux d’elle ou quelque chose du genre ? Ajax ?

Gabi le regarda de biais et eut un sourire entendu. Du haut de ses quatorze ans, il était plutôt perspicace. Observateur en tout cas.

— J’en suis sûr. Et je crois même que c’est réciproque.

Thibault haussa les sourcils. Ajax avait peut-être dix ans de moins que la grande-duchesse. En dehors de la différence d’âge, il y avait aussi une différence de milieu. Il se demandait comment ces deux-là avaient pu se rapprocher autant.

— Je peux ?

Thibault sursauta violemment. Une troisième personne venait de se laisser tomber dans son lit, l’air de rien. C’était Jenkins, qui fouilla dans le panier que Thibault avait préparé pour Gabi. Ce dernier hocha la tête alors que Thibault lui faisait les gros yeux.

— Il paraît, commença Jenkins alors qu’il enfournait un gros morceau de biscuit au chocolat, que c’est l’un des potins préférés de la haute société. Ajax et Rebecca. Ils n’ont jamais été pris sur le fait, mais comme il la suit absolument partout et qu’ils ont cette relation un peu spéciale, les gens adorent s’imaginer plein de trucs à leur sujet.

— J’en ai entendu parler aussi, indiqua Gabi. Peut-être que ça va s’estomper, maintenant qu’elle m’emmène aussi.

— Peut-être que les gens vont se dire qu’elle les prend de plus en plus jeunes… répliqua malicieusement Jenkins.

Il allait de nouveau plonger sa main dans le panier, mais Thibault l’attrapa par sa anse et le déposa sur les genoux de Gabriel. Jenkins éclata de rire.

— Compris, fit-il en se redressant.

Il parcourut le dortoir et retourna se glisser dans son lit. Gabriel l’avait suivi du regard avant de se tourner de nouveau vers Thibault.

— Merci pour le repas. Je vais dormir maintenant, je suis fatigué.

Il posa le panier au sol et se coucha directement dans le lit de Thibault qui eut un petit rire et le releva, l’envoyant valser dans son propre lit. Gabriel ne parvint pas à retenir un éclat de rire.

— CHUT !

Il était tard. Il sembla à Thibault avoir reconnu la voix de Théo, et il essaya de rire en silence, mais ce n’était pas évident. Gabriel était à présent pris d’un fou rire…

 

 

Deux mois après leur arrivée, les esclaves de l’impératrice furent réunis dans un petit salon qui s’ouvrait sur un grand balcon. Solène portait une robe rose pâle. Elle leur adressa un sourire en les voyant approcher.

— Il faut que je remonte le temps sur vos colliers, leur indiqua-t-elle en guise de bonjour.

Puis, avec l’aide de Tobias, elle approcha de chacun d’eux et entreprit de faire les manipulations.

— Je vous mets un mois à chacun, précisa-t-elle.

Elle avait commencé par les jumelles, passa sur chaque garçon, et arriva enfin à Thibault, le dernier de la ligne. Son sourire s’accentua alors qu’elle lui effleurait le cou.

— C’est Thibault, n’est-ce pas ? demanda-t-elle en plantant son regard gris dans celui du jeune homme.

— Oui, Maîtresse Solène, répondit-il immédiatement, surpris et flatté qu’elle se souvienne de son prénom.

— Tu restes avec moi aujourd’hui, Thibault. Les autres, vous repartez avec Tobias. Hop, filez maintenant !

Le rythme cardiaque du jeune homme s’accéléra alors que Tobias faisait signe à ses camarades de quitter la pièce. Il n’adressa aucune parole à Thibault, et, bien qu’ayant sa formation en tête, il ne sut quoi faire ou quoi dire quand son mentor referma la porte derrière lui.

— Veux-tu du thé ? Ou du café ?

Solène s’était assise sur une chauffeuse d’un rose fuchsia très tape-à-l’œil, et le garçon entrouvrit la bouche bêtement. L’impératrice pencha la tête sur le côté.

— Tu ne dis rien ? Tobias avait l’air de penser que tu étais plutôt intéressant… S’est-il trompé ? Ou bien m’en veux-tu pour l’incident du collier ? Je n’ai vraiment pas fait exprès, je t’assure.

— Pardonnez-moi Maîtresse, je suis juste… impressionné j’imagine.

Elle eut un sourire ravi.

— Thé ou café ?

— Café, Maîtresse. S’il vous plaît.

— Ah…

Le sourire s’estompa.

— J’espérais que tu prendrais du thé, je n’ai pas fait monter de café.

Thibault se mordit la lèvre pour s’empêcher de rire. Pourquoi l’avait-elle proposé, alors ?

— Je prendrai du thé dans ce cas, se pressa-t-il de répondre.

— Non, non tu veux du café. Je vais appeler pour nous faire monter du café… Moi je n’aime pas tellement ça. C’est trop amer. Je ne comprends même pas pourquoi les gens boivent ça ! Rebecca en boit des litres, elle aussi…

— Je ne sais pas vraiment, Maîtresse. Je ne me suis jamais demandé pourquoi j’aimais ça…

Elle lui jeta un étrange regard par-dessus son épaule, puis tira sur une cordelette qui fit tinter un doux carillon. Deux secondes plus tard, un esclave qui devait être âgé d’une cinquantaine d’année se présentait à la porte du salon.

— Maîtresse Solène… ?

— Monte une tasse de café.

L’homme s’inclina, et, ayant jeté un bref regard réprobateur vers Thibault, quitta la pièce. Le jeune homme se sentit penaud, l’esclave devait savoir que le café n’était pas pour l’impératrice.

— Je vous remercie, Maîtresse, déclara-t-il en s’inclinant à son tour devant elle.

— Viens ici.

Elle s’était rassise sur la chauffeuse et tapota l’espace vide à sa gauche. Il s’avança timidement vers elle.

— Je ne t’attends pas pour prendre mon thé, l’eau est chaude, indiqua la jeune fille.

Elle avança la main vers la théière en fonte posée sur la table basse, mais Thibault se précipita pour l’attraper avant elle. Il versa alors une eau fumante dans la tasse la plus proche de l’impératrice, y ajouta un assortiment de feuilles séchées duquel s'échappait un parfum floral, et la lui tendit.

— Merci, fit Solène avec un sourire.

Elle souffla sur le breuvage brûlant pendant quelques secondes.

— Bien, raconte-moi des choses maintenant, ordonna-t-elle après qu’elle eut pris sa première gorgée.

— Des choses… ?

On toqua à la porte.

— Ça doit être ton café.

Thibault fit mine de se lever, mais elle le rattrapa par la main, le forçant à se rassoir.

— Entrez.

L’esclave pénétra dans la pièce et approcha de la table basse. Il déposa un petit plateau comportant une grande tasse de café et quelques morceaux de sucre blanc devant Thibault, et ce dernier sentit la chaleur lui monter aux joues. Il n’osa pas croiser le regard de l’homme. Après son départ néanmoins, il attrapa la tasse sans masquer son plaisir.

— Alors ? fit Solène.

— Ça a l’air d’être du très bon café, répondit Thibault.

L’impératrice l’observa une seconde d’un air surpris, puis éclata d’un rire cristallin.

— Ce n’est pas ce que je voulais savoir, mais tant mieux. Alors, tu me racontes des choses ?

Thibault tourna la tête vers elle. Elle attendait. Ajax et Tobias avaient lourdement insisté sur le fait qu’il ne fallait pas aborder leur « ancienne vie » avec l’impératrice, mais la nouvelle vie de Thibault avait commencé à peine deux mois auparavant. Il observa le silence quelques secondes, cherchant l’inspiration.

— D’où viens-tu ? demanda alors Solène.

— Euh…

— Oh, je ne dirai pas à Tobias que tu me l’as dit.

Elle lui adressa un clin d’œil auquel il ne put s’empêcher de répondre par un sourire.

— Je viens du Quatrième, Maîtresse. Je… J’étais au Sixième, plus récemment, mais je suis originaire du Quatrième.

Il lui semblait nécessaire de le préciser, afin qu’elle ne croie pas qu’il avait été élevé dans un étage inférieur.

— Vraiment ? fit-elle, l’air captivé. Et comment as-tu atterri au Sixième ?

Thibault hésita. C’était embarrassant. Il n’était pas censé parler de cela et il comprenait un peu pourquoi à présent. Comment raconter cette histoire sans avoir l’air de se plaindre ? C’était tout de même à l’impératrice, qu’il s’adressait.

— Mon père a mal géré son argent, indiqua-t-il sans conviction.

— Je vois.

Solène le dévisageait sans la moindre gêne.

— Tu n’as pas très envie de me raconter, n’est-ce pas ? lança-t-elle d’un ton sec.

Thibault se sentit blêmir. Il venait de remarquer qu’elle avait sa clé de contrôle à la main et le visage de monsieur Lespar lui traversa brièvement l’esprit.

— Ce n’est pas ça, répondit-il sans pouvoir détacher son regard du petit objet.

Sa voix lui parut faible.

— Je suis désolé, Maîtresse, reprit-il plus fort. On nous a demandé de ne pas vous ennuyer avec ces histoires, et pour être complètement franc avec vous, c’est vrai que ce n’est pas passionnant. Je ne doute pas que ma vie sera beaucoup plus intéressante maintenant que je vis ici. Laissez-moi juste un peu de temps et j’apprendrai des histoires pour vous intéresser…

Il leva les yeux vers Solène, priant pour qu’elle ne se mette pas en colère et décide de l’électrocuter ou de l’étrangler. Ou pire. Mais la jeune fille était simplement bouche bée.

— Je ne vais pas te faire de mal, Thibault. Regarde, je la range…

Elle laissa tomber la clé au fond de sa poche.

— Tu n’as pas à te sentir mal à l’aise, reprit-elle. C’était vraiment un accident, ce qui s’est passé la dernière fois… Je ne recommencerai pas. Si tu ne veux pas parler de ta vie d’avant… Alors parle-moi plutôt des autres esclaves ! C’est vrai que tu connaissais déjà le petit qu’a acheté Rebecca ? Tobias m’a dit que vous étiez proches, tous les deux !

Il fut frappé de la douceur avec laquelle elle avait parlé. L’impératrice était différente de monsieur Lespar. Elle paraissait sincère, il n’avait pas l’impression qu’elle lui veuille du mal. Thibault laissa ses épaules se relâcher et se râcla la gorge.

— Je ne le connaissais pas vraiment. On s’est rencontrés parce que le même marchand d’esclaves nous a vendu. Et nous avons sympathisé.

— Et c’est vrai que c’est toi qui as dit à Rebecca de le prendre ?

— J’ai… J’ai peut-être dit quelque chose dans ce goût-là, avoua-t-il avec un sourire coupable.

Elle eut un léger rire.

— Parle-moi de tout le monde ! En détail, d’accord ?

L’atmosphère devint beaucoup plus chaleureuse. Thibault donna son avis sur chacun, et Solène réalisa bien vite qu’il avait un penchant particulier pour Gabriel et l’appela « son favori » à partir de ce moment. Il parla aussi beaucoup de Lino et elle décida qu’il serait le prochain avec qui elle passerait un moment privé. Ce qu’il raconta sur Théo n’eut pas l’air de lui plaire. Elle ne posa aucune question sur les jumelles… Elle n’avait même pas l’air de se souvenir qu’elles étaient entrées à son service avant qu’il ne les ait mentionnées.

Lorsque leurs tasses furent vidées, ils entreprirent une balade dans l’immense parc qui entourait le palais. Ils longèrent la falaise qui marquait la frontière avec l’étage inférieur, ce qui procura à Thibault une sensation vertigineuse, malgré les hautes barrières érigées là pour prévenir toute chute. Puis ils retournèrent à l’intérieur, dans la serre, où on leur servit des mets d’une qualité exceptionnelle. Thibault s’était déjà habitué à mieux manger depuis son arrivée au Sommet, mais rien n’était comparable à ce que l’on servait à l’impératrice. Elle s’amusa de son air émerveillé et le pria de se resservir autant qu’il le souhaitait. L’après-midi, ils jouèrent aux cartes, puis Solène lui montra les patrons de robes que les meilleurs tailleurs de Délos lui avaient fait parvenir, en espérant qu’elle arrête son choix sur leur création. Elle demanda son avis à Thibault sur la sélection qu’elle devait faire, et, amusé, il se prêta au jeu en se promettant qu’il s’intéresserait davantage à la mode, désormais qu’il savait que c’était une chose qui comptait pour l’impératrice.

Le soleil avait commencé à décliner dans le ciel quand Solène daigna enfin le laisser partir. Elle s’apprêtait à commander le repas du soir pour tous deux, mais Tobias était venu le chercher, rappelant à la demoiselle qu’elle était supposée rejoindre la grande-duchesse pour le dîner. Confuse devant son oubli, elle opina et autorisa Thibault à rejoindre son dortoir, lui promettant qu’ils se reverraient très vite.

En repartant avec son mentor, Thibault avait des papillons dans le ventre. Cette fois, il était certain que son avenir s’annonçait radieux. Solène n’était pas du tout une sale petite peste, comme Gabriel l’avait d’abord pensé. C’était une jeune fille adorable, douce, gentille. Le genre de fille dont…

— C’est une jeune fille charmante, n’est-ce pas ? lança Tobias, un sourire en coin.

Thibault se sentit rougir.

Il n’osa pas approuver.

Mais il n’allait certainement pas démentir.

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Edouard PArle
Posté le 03/09/2024
Coucou Cleoo !
Intéressant de découvrir le personnage de Solène, on la découvre sous différents visages, assez nuancée. Elle est d'abord une jeune fille sensible qui paraît souffrir de son mode de vie solitaire et en même temps elle vit dans un monde que l'on devine cruel depuis tant d'années que l'on ne peut que se questionner. Tout ça semble bien rose après ce qu'on a vu dans les premiers chapitres.
Intéressant de voir comment Thibaut s'accommode de sa nouvelle condition tout en gardant une part de peur après ce qu'il a subi et pense encore un peu aux siens. Je trouve que tu trouves un certain équilibre à ce niveau-là. Sinon, le fait que tu ré-évoques les agitateurs rebelles confirme qu'il vont bien avoir un rôle important, curieux de voir lequel.
Autre point intéressant, la relation de Tobias et sa maîtresse. Il semble en effet être son amant mais je me demande s'il n'y a pas quelque chose en plus ou d'autre qui se joue entre ces deux-là. Bref, curieux de voir ce que tu vas faire d'eux.
Mes remarques :
"— Solène, donne-moi ta clé ma chérie." virgule après clé ?
"À moins que Solène ne recommence à l’étrangler accidentellement, tout irait bien désormais." cette phrase mdrr
"Au fil du temps qui passaient," -> passait
"Il sembla à Thibault avoir reconnue" -> reconnu
"Deux mois après leur arrivée les esclaves" virgule après arrivée ?
"des mets d’une qualité exceptionnel." -> exceptionnelle
"les meilleurs tailleurs de Délos lui avait fait parvenir," -> avaient
Un plaisir,
A bientôt !
Cléooo
Posté le 03/09/2024
Coucou Edouard !
Merci pour ton retour ^^ Notamment pour les coquilles, il y en avait deux que je n'avais pas trouvé sur mon manuscrit... Je suis en train de terminer ma dernière relecture :)
Pour information, je vais mettre Délos hors-ligne dans les jours qui viennent parce que j'ai décidé qu'il était temps de l'adresser à des ME et je préfère pas recevoir d'avis pendant cette période ^^'
Merci en tout cas d'avoir suivi le début de cette histoire, et au plaisir de te retrouver sur ton histoire ! :D
Edouard PArle
Posté le 03/09/2024
Oh nonnnn )= Je comprends 100% ton choix, mais j'espère avoir accès à la suite quand même, je suis vraiment investi dans ton histoire... Même sans que ça engage de retour, je peux me muer en lecteur silencieux xD
Merci à toi d'avoir partagé ce super roman !!
Cléooo
Posté le 03/09/2024
Si un jour tu sens que tu veux la suite, je peux te l'adresser via le discord :) Mais je ne veux pas risquer de prendre d'autres lecteurs en route, surtout ! Ou de douter après coup, ça taperait sur mon anxiété xD
Edouard PArle
Posté le 04/09/2024
Okay, faisons comme ça !!
Bien sûr, je comprends, il y a des périodes où les retours sont plus destructeurs qu'autre chose.
Libellya
Posté le 17/08/2024
Salut Cléooo,

Du coup, on peut mettre un visage et un caractère sur Solène. Dans un premier temps, on peut penser que c'est une petite garce vu la manière dont elle parle de Gabriel et de ses yeux. Puis on voit finalement qu'elle est plus humaine qu'elle n'y paraît avec sa réaction lorsqu'elle étrangle accidentellement Thibault.

Le fait qu'elle tienne à passer un moment avec Thibault pour apprendre à le connaître nous la rend encore plus sympathique. Mais d'un côté, on peut se demander si l'intérêt qu'elle porte à son esclave ne découle pas d'une intention plus particulière ? Après tout, ils sont dans un univers hostile où les puissants traitent en général les gens d'une caste inférieure comme des moins que rien.

Solène ayant grandi dans la soie, on pourrait donc légitimement penser qu'elle ait la même mentalité que cette odieuse mentalité. Mais après tout, elle est peut-être différente.

Affaire à suivre :)

"Puis ils retournèrent à l’intérieur, dans la serre, où on leur servit des mets d’une qualité exceptionnel": exceptionnelle*
Cléooo
Posté le 17/08/2024
Hello Libellya :)
Merci pour ton retour !

Pour le moment, c'est une première impression... mais en effet, difficile de savoir ce qu'elle a précisément en tête à ce moment là !
On découvrira mieux Solène par la suite ^^

Je te remercie pour la coquille, je corrige !
Eleonore B.
Posté le 14/08/2024
Bonjour Cléooo !

Encore une fois, un chapitre très intéressant qui fait avancer l'histoire :) Nous découvrons enfin Solène, et je trouve son personnage bien amené. Elle m'apparait plus immature que mauvaise, et je suis bien curieuse de voir comment elle va évoluer par la suite (et voir se développer la relation entre elle et Thibault).

Au niveau des pistes d'améliorations que je vois, j'aimerai parler de ton personnage principal. Je le trouve un peu "plat" de caractère depuis quelques chapitres, et j'ai du mal à comprendre pourquoi sa famille le haïssait tant ou pourquoi, maintenant, il attire l'œil de Solène (mis à part un joli minois ?) ou pourquoi il se fait particulièrement remarquer parmi les autres. J'ai du mal à m'imaginer comment il va réagir ou à visualiser ce qu'il pense dans une nouvelle situation, contrairement à tes autres personnages. Evidemment, il n'est pas totalement impassible, on comprend qu'il craint d'être blessé, qu'il est attiré par Solène, qu'il apprécie Gabriel (A parte: même si sur ce point, la frontière entre amitié et potentiel amour est flou ? C'est peut-être tout à fait voulu, mais la phrase "Solène réalisa bien vite qu’il avait un penchant particulier pour Gabriel et l’appela « son favori » à partir de ce moment" est à double sens ; va-t-on avoir un triangle amoureux ? ; j'avoue que pour le moment, je n'arrive qu'à voir Gabriel comme un enfant et ça me fait un peu bizarre)... je ne pense pas qu'il manque grand chose, mais je suis sure que tu peux nous rendre ce personnage plus concret.

A parte 2 : l'histoire d'Ajax et de la Grande Duchesse a piqué mon intérêt ! J'aime les amours impossibles :)

A parte 3 : Je crois deviner une petite inspiration de la Rome antique pour les noms ? Avec Thibault "Junon", Gabriel "Mars" et maintenant "Charon" :)

J'ai lu en diagonale les autres commentaires (donc peut être que je me répète), mais il me semble que quelqu'un a mentionné le fait que les esclaves semblent s'habituer trop rapidement à leur nouvelle vie. Je la rejoins, la phrase : "Thibault [...] passait de longues heures à s’amuser avec ses camarades." m'a fait tiquée, je pense que tu veux surtout dire qu'il s'est rapproché des autres, et que la situation est plus confortable que ce qu'il pensait.

Une petite lourdeur et coquille: ""Au fil du temps qui passaient" => tu peux enlever "qui passait"

Bon courage et bravo pour ton chapitre !
A bientôt
Eléonore
Cléooo
Posté le 14/08/2024
Hello Eleonore :)

Je te remercie de ton retour, et d'avoir pris le temps de me le faire ^^

Concernant tes remarques sur Thibault, j'entends ce que tu dis. C'est très bien que tu te poses toutes ces questions. Pourquoi il est ainsi à ce moment-là, pourquoi sa famille "le haïssait" (ce n'est pas exactement de la haine, comme tu as dû le voir dans les inter-chapitres)... Promis, chacun des aspects sur lesquels tu t'interroges trouvent réponse au cours du récit ^^

À propos du fait que tu le trouves plat dans ce chapitre et les chapitres précédents, je pense qu'il n'était pas tout à fait en mesure d'être grandiloquent. J'ai essayé d'adapter ses réactions à sa situation, donc c'est voulu. Il en a quand même beaucoup pris dans la tête en peu de temps. Mais sa personnalité est bien définie, et sera élaborée tout au long du roman, rassure-toi. En tout cas pour ces premiers chapitres, je souhaitais laisser cette ambiguïté.

Je rebondis là-dessus :
"J'ai du mal à m'imaginer comment il va réagir ou à visualiser ce qu'il pense dans une nouvelle situation, contrairement à tes autres personnages"
J'entends que le chapitre, qui contient pas mal d'éléments, n'est pas centré sur le ressenti de Thibault, mais je glisse quand même certains indices. Par exemple :
"Il aurait voulu voir la tête d’Olga découvrant qu’il se pavanait dans le luxe. Il repensait aux dernières paroles que lui avait jamais adressées son frère « il va falloir essayer mieux que ça ». Que pouvait-il y avoir de mieux, à présent qu’il était au Sommet ?"
Ça offre déjà un aperçu de son état d'esprit.

Pour Solène et son attirance pour Thibault, ma foi, quand on est une jeune fille immature, un joli minois peut faire son chemin. J'attire aussi ton œil sur le fait que Tobias l'a recommandé, et qu'elle a l'attention de faire le tour de tous ses esclaves (enfin les garçons).

Sur le personnage de Gabriel ; il a 14 ans quand Thibault en a 16, donc je ne dirais pas tout à fait que c'est un enfant, même s'il a des réactions qui peuvent sembler enfantines (renforcé par le fait qu'il soit qualifié de "gamin" par Thibault).

Concernant le commentaire que tu cites (celui de Loutre, je crois ?), c'était sur mon ancienne version qui depuis a été remaniée, mais je note.

Et pour finir : oui tout à fait, je m'inspire bien de la mythologie gréco-romaine pour les noms :) Il y a souvent des sens caché, ou ironique, derrière, mais ça n'est qu'un détail qui n'a pas un impact direct sur la lecture ^^

Merci encore et à bientôt !
Iphégore
Posté le 29/07/2024
Yoplaboum !

Nouveau chapitre, une avancée dans l'état d'esclave impérial. C'est très bien mené, on creuse les personnages et certaines relations, dans un difficile exercice tant ils sont nombreux. J'aime bien. Thibault est maladroit, ça nous permet de compatir. Il veille toujours sur Gabi, qui marque déjà sa distance en taisant les secrets de sa maîtresse. Ça me déstabilise dans ma lecture, moi qui leur prévoyait l'enfer, du coup je m'interroge sur l'enjeu du récit pour le héros. La suite m'en dira plus !

Parmi les choses à dire, vu que tu sembles goûter la matière que je te soumets, j'ai noté ce qui suit au fil de ma lecture.

Mince alors ! Elle était assise, l'impératrice ? Je l'ai découvert quand elle racle sa chaise sur le plancher lustré alors que, vu la place, une dame de sa grâce pourrait tout bonnement se lever sans plus de bruit que les frous-frous de son auguste tenue :D

Mmmh… Il me manque quelque chose dans la narration après l'étranglement. Soit que Solène se détourne qui montre qu'elle ne se soucie plus le moins du monde de ses esclaves, soit qu'ensuite, lorsqu'elle apprend les noms, il y ait une interaction entre elle et Thibault, ne serait-ce qu'un niveau du regard. Je reste sur ma faim quant à l'établissement de la relation entre eux.

Idem quand Gabi constante les dégâts : lesquels ? Une marque d'enfoncement, une bande rouge, un nouveau tatouage magique ? :D

Hérésie ! Une impératrice, amatrice de thé selon ses dires, boit du thé… en sachet ! Au bûcher !

Un point de technique narrative, peut-être. Le paragraphe « À la fin de la journée, au cours de laquelle … » signifie que tu as juste oublié de faire passer le temps dans le paragraphe précédent. Mieux vaudrait diluer ça avant, quitte à étoffer leur journée, parce là, il y a juste de quoi tenir une heure. Elle peut l'amener en spectateur à ses autres activités pour jauger le regard qu'il porte sur elle, entre dévot et intègre.



Trucs pas nets à vérifier :

Derrière l’immense porte se dressant face à eux, se trouvait l’impératrice. -> autre feinte avec les virgules : on ne peut pas mettre une virgule après le complément introductif de la phrase s'il y a inversion sujet-verbe

Mais d’ici ses dix-huit ans -> pourquoi « d'ici » (« d'ici à », soit dit en passant) plutôt que « jusqu'à » ? Je veux dire, si ça a commencé cinq ans plus tôt, le temps ne courre pas d'ici, il ne commence pas ici.

Des feuilles émeraudes -> émeraude (les adjectifs de couleur dérivés d'un nom sont invariables, parce qu'on sous-entend toujours de « de couleur [émeraude/citron/autruche (ah non :D )] »)

Cette robe -> Une robe (dans le contexte, il n'y a pas de quoi utiliser ce déterminant)

Ils ont très vite été maîtrisé. -> maîtrisés

Mais là, ces cheveux ça ne va pas du tout -> toujours dans les virgules, lorsqu'il y a élision d'une partie de la phrase, une virgule est requise. Ici : « Mais là, ces cheveux… Ces cheveux ne vont pas du tout. » devient « Mais là, ces cheveux, ça ne va… » ou « Mais là, ces cheveux… Ça ne va pas du tout. » (avec un point qui rend le jugement définitif)

après que Tobias ait appris

ne rencontrèrent plus […] devraient d’abord -> je trouve que le conditionnel à valeur de futur ne passe pas avec la fin induite par le passé simple (donc que quelques semaines se sont déjà écoulées), car ils ont sans doute déjà commencé leur formation

à retenir sur le bout des doigts -> connaître sur (qu'on dit)






Simplifications possibles :

donna quelques petits coups sur la porte -> toqua à la porte ?

Aucune brise n’agitait les feuilles tout autour -> couper à feuilles

un long regard dont le sens ne pouvait appartenir qu’à eux. -> (je m'abstiens de proposer une reformulation, mais c'est un peu lourd pour le sens de complice/connivence, bien qu'il faille évidemment d'autres mots)

Cela faisait presque deux mois qu’ils étaient arrivés, quand les esclaves de l’impératrice purent enfin revoir cette dernière. Ce matin-là, on les avait réunis dans un petit salon s’ouvrant sur un grand balcon et Solène portait une robe rose pâle. -> Deux mois après leur arrivée, on les réunit au matin dans un petit salon…


Tournures que j'aime beaucoup <3 :

En fait, on avait simplement placé un peu du dehors au-dedans.
Cléooo
Posté le 29/07/2024
Hello ! :D

Oui mes persos sont nombreux... On m'a fait remarquer d'ailleurs qu'ils étaient peut-être trop nombreux et conseillé d'en fusionner... Mais pour le moment j'ai laissé cette suggestion de côté ^^'

Je note ta remarque pour la suite de l'étranglement et un échange supplémentaire entre Thibault et Solène. Je vais essayer de l'améliorer, parce que ça sera relativement important pour la suite !

Pour le sachet de thé... Bonne remarque. En vérité je m'étais déjà fait la remarque que c'était un peu cheap, mais que ça ajoutait un côté un peu moins... Comment dire... Qu'elle n'était justement pas tellement connaisseuse ? Ceci dit, en y réfléchissant de nouveau, je me dis que ce n'est pas elle qui va au supermarché du coin pour acheter son thé donc c'est assez bancale.

Pour la narration, je vais retravailler le passage du temps alors ! Je reconnais que je ne voulais pas allonger trop le chapitre déjà un peu chargé, mais je vais voir pour que ça donne moins l'effet que tu décris.

Je note aussi toutes tes suggestions orthographiques ! Merci pour les tips sur les virgules, et pour la tournure :D

Pour information je viens de mettre à jour mon texte à partir du chapitre suivant, donc sur le 6 tu auras la toute dernière version que j'ai réécrite ! (héhé je mets à profit tes judicieuses remarques).

Merci encore ^^
Iphégore
Posté le 30/07/2024
Heureux que ça puisse te servir ;) Pour le thé, ce ne serait pas un problème si c'était assumé. Il pourrait lui demander pourquoi elle prend du thé en sachet, ou s'étonner qu'il y ait du thé en sachet alors qu'il n'en a pas à ses petits dej à lui, et elle de dire que ça la rapproche du peuple. Ça pourrait permettre d'ouvrir la thématique sur son désir de savoir ce qui se passe en dehors de sa bulle. Ou ça pourrait être du vrai thé et Thibault pourrait mettre à profit sa formation pour lui préparer les choses tout bien. Du moment que c'est assumé, tout passe.
Aylyn
Posté le 15/07/2024
Coucou,
On découvre enfin le personnage de Solène, même si c'est une première approche. Je le demande si elle est vraiment gentille ou si elle cache son jeu lol ( mais je pencherai plutôt pour un caractère immature dû à son rang). Je pense que Rebecca la maintient dans ce rôle et garde les rênes du pouvoir. Sa relation avec Ajax est intriguante et j' ai hâte de voir la suite.

C'est intéressant d'avoir Gabriel de l' autre côté, pour après pouvoir distiller des informations sur Rebecca.
J'ai hâte de voir la romance se mettre en place 😊.

Pour les petites remarques de formes, elles ont déjà été mentionnées plus bas . (Phrasé un peu oral).
Cléooo
Posté le 15/07/2024
Coucou Aylyn ! :)
Merci de ton nouveau passage par ici.
Je trouve que tu as une très bonne analyse des personnages !
La romance va doucement arriver hihi. Je n'en dis pas plus !
À bientôt :)
Loutre
Posté le 11/07/2024
Hello !

Me revoici ! Je commence par des petites remarques formelles qui sont de tout petits chipotages. Je trouve que les premières phrases de tes chapitres ont parfois un rythme un peu particulier. Je ne sais pas si c'est moi qui m'y habitue ou si c'est que, de ton côté, tu mets un peu de temps à te mettre dedans...
C'est toujours assez difficile à cerner, mais par exemple ici :
'' Ce n’était pas comme la grande-duchesse Rebecca… Elle, on la voyait à tous les événements officiels. Mais d’ici ses dix-huit ans, le visage de Solène resterait inconnu du grand public.''
On passe d'une première idée à une autre puis à une troisième, et c'est vrai que tu as un style très oral donc c'est pas forcément flagrant, mais je trouve que ça pourrait être un peu plus fluide. Ca tient aussi au fait que tu as plusieurs phrases qui commencent par "Mais". Pareil, ce n'est pas absolument gênant compte tenu de ton style, mais parfois, surtout en début de paragraphe, je trouve que ça manque de fluidité. Ici, notamment, je ne trouvais pas le "mais" absolument utile :
"Mais ils étaient bien à l’intérieur d’un espace clos."

Ici : "Un instant plus tard, il eut le sentiment qu’une corde invisible s’était refermée d’un coup sec sur son cou." C'est peut-être juste moi mais je n'ai pas tout de suite compris qui était le il. Si c'était Gabriel ou Thibault.

Ça m'a étonné de voir Gabriel s'exprimer aussi franchement à propos de l'impératrice. Je le trouvais davantage timide, dans les derniers chapitres. C'est assez rare de le voir autrement que sous un jour diligent et résilient.
La réaction de l'impératrice aussi, m'a un peu étonnée. J'ai trop dû m'habituer à ton univers sombre et inhumain, mais je m'attendais vraiment à ce qu'elle s'agace de la situation, parce qu'elle pourrait trouver que les clés sont pas pratiques, parce qu'elle n'aimerait pas que la duchesse lui fasse le reproche de ne pas l'avoir écoutée, sous prétexte que les esclaves sont des esclaves, pas des humains dont on s'inquiète vraiment... Qu'elle s'excuse comme ça à plusieurs reprises, alors qu'elle est une impératrice capricieuse...
Pourquoi pas, cela dit. C'est plus pour te partager une impression de lecture, ce n'est pas une remarque en tant que telle.


Ici il y a un côté redite :
— Tu as mangé ? lui demanda-t-il.

— Non…

— Tiens.

Quand il rentrait tard comme ça, il avait rarement mangé.

-> Je crois que ça tient au fait que tu alternes entre une narration axée sur les habitudes et une autre, plus courte, sur un moment précis. La transition est étrange.

Je m'étonne quand même toujours de la facilité avec laquelle les esclaves s'habituent à leur nouvelle condition. Je trouve que c'est un petit point qui manque, dans leur construction. Le côté obéissant de Gabriel me choque pas car il semblait avoir vécu dans un cadre difficile et trouvait peut-être presque une forme de calme dans les étages supérieurs, mais pour les autres, on a pas cette explication. Surtout qu'il me semble qu'ils venaient d'étages plus hauts. Je me demande si ce ne serait pas une piste d'amélioration importante. En plus ça nous permettrait de les connaître un peu mieux...
Ce qu'on sentait un peu venir se confirme, il se passe quelque chose entre Ajax et la Duchesse. J'aimerais bien en apprendre davantage à son propos, d'ailleurs. Elle est intrigante. Quant à l'impératrice, dans la dernière partie, elle se dévoile comme une personne relativement normale, sans doute un peu lassée par sa vie monotone, mais pas vraiment méchante. Juste jeune, un peu capricieuse mais sans méchanceté apparente. Je me demande si tu ne nous prépares pas une forme de romance ? Mais je ne sais pas trop avec qui... Thibault a l'air de se rapprocher de Gabriel, tout de même... Et puis tu avais dit dans un autre chapitre que tu préparais un déroulement assez original. Le truc banal, ce serait une sorte de révolte contre un régime tyrannique et dystopique, donc si ça se trouve tu vas chercher quelque chose de différent, peut-être en créant une amitié entre Thibault et l'impératrice...

Je verrai ! En tout cas j'avance toujours avec plaisir !

A bientôt !
Cléooo
Posté le 11/07/2024
Et hello again !

Alors déjà, merci beaucoup pour ce retour. Je crois qu'il va beaucoup me servir pour ma prochaine (j'espère dernière) réécriture.

Pour ce qui est de mon phrasé... J'avoue que je ne pousse pas toujours très loin la réflexion. J'écris beaucoup à l'instinct, en essayant de reproduire à l'écrit la façon dont je pense les choses. Mais j'imagine qu'une partie se retrouve lost in translation.

Par exemple pour la phrase que tu m'indiques, pour moi les trois pensées sont liées et arrivent par succession. Si je devais regrouper ce serait : "Solène, au contraire de la grande-duchesse Rebecca qui était présente à tous les événements officiels de la cité, n'avait jamais été présentée au grand public, et ce serait le cas jusqu'à ses dix-huit ans". En tout cas je te remercie de cette remarque, parce que je pense que j'utilise ce procédé de nombreuses fois et je vais essayer de clarifier ça.

Je n'avais pas noté que je commençais souvent mes phrases par "mais". Ça doit être un tic de langage haha. Pour l'anecdote je viens de vérifier mon fichier et j'ai utilisé le mot "mais" 1071 fois donc oui je l'utilise beaucoup xD Je vais essayer de corriger ça aussi.

Concernant l'évolution des personnages. Ta réflexion m'intéresse beaucoup, elle m'était déjà tombée dans l'oreille à ton commentaire précédent, et j'ai commencé à travailler dessus.
J'ai modifié au cours de ces chapitres 4 et 5 plusieurs données, inhérentes à Thibault uniquement, et je vais essayer de le retravailler au global. Par contre "Surtout qu'il me semble qu'ils venaient d'étages plus hauts." -> non les esclaves viennent d'étages plus bas, je crois que j'ajouterai un moment où ils se découvrent un peu mieux les un les autres. D'un autre côté, ce sont des personnages secondaires, dont la place au sein de l'histoire va grandir, mais qui doivent rester des personnages secondaires, alors il me faudra doser ces informations à leurs sujets.

Le personnage de Gabi va être plus loquace et en révéler davantage sur sa personnalité dans les prochains chapitres. Je ne sais pas si je voulais vraiment le montrer "timide" au départ, je dirai plutôt "réservé". Dans l'atmosphère des premiers chapitres ça me semblait logique, mais je comprends qu'un changement brusque de personnalité puisse être déstabilisant. Pourtant il va pas mal évoluer au cours du récit.

Concernant Solène... Je crois que le coup du : elle aussi elle est méchante et tout le monde est méchant, pour en arriver à la fin à un Thibault en mode "viva la revolución"... Comme si j'avais déjà lu le livre, ça me semblait vu et revu, et ce n'était pas le thème que je voulais aborder dans mon histoire. Sans en révéler trop sur mon intrigue, je ne voulais surtout pas être manichéenne, raison pour laquelle il y a un contraste d'ambiance quand on arrive au Sommet. L'herbe est parfois effectivement plus verte ailleurs. Mais je comprends que ça soit inhabituel.

Pour ce qui est du côté romance, oui romance il y aura. Elle est essentielle au récit. Je n'en dis pas plus :)

Encore merci de ton retour, il me donne beaucoup à réfléchir, alors vraiment merci beaucoup !

À bientôt !
AnneRakeCollin
Posté le 08/06/2024
"Cette robe, d’une finesse incomparable. Sa couleur était mauve, ou pourpre peut-être. À ses manches coupées aux coudes, une dentelle blanche pendait avec élégance sur ses avant-bras. Ses chevilles, nues, étaient soutenues par des escarpins fins, presque inexistants. Gabriel, qui lui écrasait le pied." je pense qu'il y a un problème de coupure de phrase.

Je pense que cela aurait été intéressant que Thibault se pose des questions sur Solène avant de la rencontrer et que l'on sache avant que personne n'a jamais vu son visage (en tous cas les citoyens) et qu'ils sont sans doute les premiers depuis des années... Cela aurait fait monter le suspense sur la découverte de sa personnalité. On se doute déjà qu'elle est immature grâce aux chansons qu'elle choisi mais l'ambivalence que tu souhaites créer avec le côté : gentil/capricieux à la fin du texte et le trouble physique qu'elle donne à Thibaut devrait être (selon moi) plus accentués. Ce sont des ados de 16 ans en pleine puberté, on comprend bien que Solène a vu Rebecca un peu fricotter avec Ajax... Cela mettrait plus d'ambivalence dans le personnage.
Aussi, pourquoi Thibault est plus intéressant que les autres d'après Tobias ? Et pourquoi il y a Théo est-il autant méprisé ? cela aurait mérité d'etre un peu approfondi :)
Cléooo
Posté le 08/06/2024
Et re-coucou !

Pour le passage que tu as souligné, à la base c'était une description quasi dénuée de verbes, et cassée par l'écrasage de pied de Gabriel. Hum hum. J'ai dû rajouter les verbes sans m'en rendre compte, je viens de recorriger.
"Des lèvres roses, à peine plus foncées que sa peau de pêche. Un cou long et fin, qui orientait l’œil vers l’échancrure de sa toilette. Cette robe, d’une finesse incomparable. Sa couleur était mauve, ou pourpre peut-être. À ses manches coupées aux coudes, une dentelle blanche, pendant avec élégance sur ses avant-bras. Ses chevilles, nues, soutenues par des escarpins fins, presque inexistants. Gabriel, qui lui écrasait le pied."
C'est une tournure particulière mais j'aime bien haha

Pour tes remarques suivantes : oui, j'entends qu'il serait intéressant que Thibault se pose davantage de questions sur l'impératrice, mais tout arrive très vite au final, et je ne voyais pas trop quand lui faire avoir ce questionnement ^^
Je ne cherche pas particulièrement l'ambivalence sur le personnage de Solène en revanche. Le titre du chapitre "la petite peste" est une référence à la réplique de Gabriel, mais c'est surtout le côté insouciant de Solène que je voulais mettre en avant ici. Il est important qu'on comprenne assez vite quel genre de personne elle est.
Pour ta dernière remarque : ça, je ne l'ai pas intégré au récit. Pourquoi Tobias trouve Thibault intéressant, je dirais parce que malgré le fait qu'il se soit à moitié fait étrangler, il reste tout à fait enthousiaste à l'idée de mieux connaître Solène, et pourquoi Théo est méprisé, simplement parce qu'il est un peu désagréable et rabat-joie. À 16 ans, il est facile de juger les autres sur de petits défauts !
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