Ces paroles furent accueillies par un sursaut général.
Charlie se leva brusquement du canapé et sonda l’endroit des yeux, à la recherche de l’intrus. La pièce s’était assombrie, en harmonie avec le coucher du soleil et elle ne distinguait rien d’anormal.
— Qui êtes-vous ? hasarda-t-elle, le souffle court.
L’absence de réponse eut pour effet d’atténuer son inquiétude. Avait-elle rêvé ? Après tout, elle venait de vivre une journée éreintante et avait inhalé une quantité importante de fumée. Elle pouvait se rappeler des recommandations des médecins et de cette allusion aux potentiels effets hallucinatoires des médicaments ingérés.
Tout allait bien, elle avait simplement besoin de sommeil. Le livre et ses mystères pouvaient, sans aucun doute, attendre le lendemain.
Charlie se tourna vers Gwen, qui devait certainement se demander quelle mouche l’avait piquée. Elle eut un mouvement de recul en voyant son amie affalée sur le canapé, ses yeux marrons aux reflets dorés grands ouverts. Elle se précipita vers ce corps inanimé qu’elle secoua de toutes ses forces, mais qui ne répondit à aucune de ses sollicitations.
— Ne vous inquiétez pas, elle va bien ! la coupa l’hallucination.
Cette fois, ses jambes l’empêchèrent de se lever, comme si elles avaient été lestées de poids. Elle pouvait sentir ses muscles se contracter les uns après les autres et son sang affluer vers sa tête. Ses yeux plissés effectuaient des aller-retours d’un coin à l’autre de la pièce, désormais éclairée uniquement à la lueur des bougies.
D’un mouvement agile, une silhouette féline se hissa sur le rebord de la fenêtre de la cuisine. La flamme de la chandelle était presque en contact avec le pelage noir et poussiéreux et laissait apparaître deux profonds yeux violets.
— Je lui ai jeté un sort de sommeil, elle sera réveillée dans moins d’une heure, promit la voix qui provenait du chat noir à la barbe blanche. Ça nous laisse peu de temps, nous devrions nous y mettre tout de suite !
Charlie sentit sa tête tourner et sa vision s’embrumer. Elle avait l’impression d’être spectatrice des évènements, comme si elle se regardait elle-même derrière un écran. Impuissante, elle ne pouvait ni réfléchir, ni bouger et encore moins parler. Son instinct lui criait de fuir le plus vite possible, mais même si elle en avait eu les capacités, elle n’aurait jamais abandonné Gwen.
Elle se força a reprendre le contrôle de ce corps qui lui paraissait vieilli d’une demie décennie.
— Réveillez mon amie tout de suite et sortez d’ici ! s’exclama Charlie avec toute l’assurance dont elle était capable.
— Je ne peux pas faire ça ma petite, je vous ai dit que nous devions parler et nous allons parler !
Charlie fut brusquement propulsée vers l’arrière, comme frappée par un violent coup de vent. Elle termina sa chute sur le canapé, à quelques centimètres de son amie, visiblement toujours inconsciente. Ses mains, sur lesquelles elle prit appui pour entreprendre une tentative de fuite désespérée, se trouvèrent impuissantes face aux fibres de tissu qui s’étaient désolidarisées du divan pour entraver ses bras.
— Laissez-moi partir, je vous en supplie ! hurla-t-elle si fort que sa voix se brisa sur le dernier mot.
— Je ne vous veux aucun mal, mais j’ai besoin que vous m’écoutiez attentivement.
Le chat, en un bond, sauta de sa place initiale pour se réceptionner habillement sur la table basse, juste à coté du livre. Il s’assit et plongea ses yeux dans ceux de Charlie, comme s’il espérait qu’elle lise en lui.
— Mon nom est Ezra et je suis désormais votre protecteur, déclara-t-il en bombant le poitrail.
— Vous êtes un chat et je n’ai besoin d’aucune protection, s’écria Charlie tout en essayant de faire céder ses liens de tissu. Je ne sais pas pour qui vous me prenez, mais vous faites erreur.
— N’est-ce pas vous qui avez mis le feu à une bibliothèque ce matin même et qui avez voulu retenter l’expérience, dans une cabane entièrement faite de bois ? Il est certain que je ne fais pas erreur sur la personne, mais j’avoue me poser des questions quant à vos capacités de réflexion.
Charlie se renfrogna. Était-elle vraiment en train de se faire remonter les bretelles par un chat ?
Elle n’avait rien à se reprocher ; il ne s’agissait que de se disculper de l’incendie ! A aucun moment elle n’avait imaginé que le sort, la formule, le rituel ou quoi que représentent ces mots, puisse engendrer un nouveau départ de flamme.
— J’ai assisté à l’incendie, mais je n’en suis pas la cause, affirma Charlie, sûre d’elle.
Ezra poussa un long soupir qui fit frémir sa moustache.
— Je savais que vous ne seriez pas facile à convaincre, mais nous manquons de temps. Êtes-vous disposée à me laisser vous conter notre histoire ? Vous serez ensuite libre de faire vos choix et, si vous le souhaitez, je m’en irai.
— Tant que vous me garderez ligotée, je ne serai disposée à rien du tout ! siffla Charlie qui commençait à avoir des crampes aux poignets.
Elle sentit la contrainte qui pesait sur ses bras s’affaiblir, jusqu’à disparaître. Elle mobilisa ses membres engourdis et jeta un coup d’œil vers Gwen, dont elle pouvait entendre la respiration. Libérée de ses liens, elle pensa à attraper le balais et à chasser la bête vers la sortie, mais finit par douter de l’efficacité de vieux brins de paille sèche contre un chat qui parle.
Étonnamment, elle ne se sentait pas en danger en présence de l’intrus. Cela n’empêchait pas son cœur de battre à tout rompre mais la cause, elle le savait, était certainement davantage liée à l’appréhension des révélations imminentes.
— Je suis prête, consentit Charlie.
— Vous être une magicienne, Mademoiselle. Vous possédez le don inné d’utiliser la magie sous toutes ses formes. Cela fait de vous quelqu’un de précieux : la seule, avec moi, depuis près de deux siècles.
— Est ce que tout ça a un rapport avec la prophétie de mes grands-parents ? le coupa-t-elle. Parce que ma cousine Blair serait certainement ravie de discuter de tout ça avec vous. Je peux vous dire où la trouver, si vous insistez.
— Votre cousine n’est pas une magicienne et elle n’est encore moins l’Elue ! s’impatienta Ezra. Toutes les histoires qu’on vous a conté depuis votre naissance sont vraies. Il existait vraiment, jadis, un monde dans lequel les magiciens et les normains cohabitaient ensemble. Il y a vraiment eu une guerre qui a décimé la majorité de nos semblables et vous êtes vraiment l’Elue de la prophétie, celle qui aura le pouvoir de rendre la magie à ce monde.
Charlie accusa le coup. Elle était partagée entre l’envie d’éclater de rire et celle de s’éfondrer pour avoir passé tant de temps en conflit avec sa famille parce qu’elle les pensait fous. Après la journée qu’elle venait de vivre, elle ne pouvait plus se permettre d’en rire. Oui, elle avait trouvé un livre dont la couverture était ornée d’une pierre qui s’illumine quand elle la prend en main. Oui, elle avait certainement provoqué un incendie. Oui, elle était en présence d’un chat qui parle.
— Qu’attendez-vous de moi ? demanda-t-elle avec appréhension.
— D’abord, que vous vous mettiez en sécurité ! Vous êtes désormais une cible de choix pour la Ligue et vous allez devoir suivre chacune de mes instructions à la lettre, déclara le chat.
— La Ligue ? Écoutez, je ne comprends pas un mot de ce que vous dites. Je vous promets de ne plus jamais utiliser le livre. D’ailleurs, prenez-le, brûlez-le ou faites-en ce que vous voulez mais laissez moi en dehors de ça !
Charlie voulut argumenter davantage, mais sentit soudainement une vague incontrôlable de fatigue l’envahir. La dernière image qu’elle garda de cet instant fut celle des iris violets du chat, plongés les siens.
L’obscurité s’empara d’elle à la vitesse d’un poison injecté directement dans une veine. Tout était noir et elle se sentait partir, malgré elle, vers un sommeil qu’elle savait imposé.
*
Le réveil fut difficile, comme si elle se relevait d’une chute de dix étages. Son corps semblait s’être incrusté dans le sol et elle se sentait nauséeuse.
En ouvrant les yeux, Charlie fut frappée par la luminosité qui contrastait avec celle du cabanon de Gwen. Tout autour d’elle, se dessinait une vaste étendue d’herbe verte, bordée d’arbres feuillus, dont les branches paraissaient se menacer entre-elles. Un couple drôlement vêtu était assis sous l’un d’eux, le regard perdu vers l’horizon. Plus loin, elle apercevait des enfants s’amuser à courir après une lueur qui flottait dans l’air, tout en essayant de l’enfermer dans ce qui semblait être une casquette.
— Les enfants ! Les en-fants ! hurla une voix derrière elle. Si vous n’êtes pas en classe dans deux minutes, vous serez tous changés en montre à gousset !
La réponse ne se fit pas attendre. Le groupe, composé d’une dizaine d’individus, se rua droit vers Charlie en protestant, oubliant la lueur laissée penaude.
Elle se retourna pour faire face à une dame d’un âge avancé, affublée d’une robe à jupons noire resserrée à la taille et d’un chapeau perché au dessus de son front ridé. La femme regardait en direction de Charlie qui baissa les yeux pour ne pas soutenir ce regard de braise.
— Je... Excusez-moi mais où sommes-nous ? Demanda Charlie d’un ton hésitant.
La vieille dame lui tourna le dos, alors que le nuage d’enfants la dépassait sans lui prêter aucune forme d’attention. Tous se dirigeaient vers un bâtiment en pierre aux proportions démesurées. Ils gravirent les quelques marches qui les séparaient de la porte d’entrée et disparurent derrière les six imposantes colonnes qui reliaient le sol à l’avancée de toit. Charlie, ne trouvant de meilleure option, prit cette même direction et entra dans ce lieu qui aurait facilement pu s’apparenter à un palais.
En plus d’y découvrir un vacarme assourdissant, elle se trouva confrontée à une chaussure qui lévitait au dessus de sa tête et qui menaçait de l’assommer. Elle se décala juste à temps pour éviter sa chute, provoquée par un éclair d’origine inconnue.
Elle pouvait sentir la magie qui gravitait autour d’elle. Elle ne pouvait ni la voir, ni la toucher, mais son corps était empli d’une énergie nouvelle. En observant les êtres qui peuplaient l’immense hall d’entrée, elle eut la sensation d’être exactement là ou elle le devait, comme si elle appartenait à cette communauté dont elle ne savait rien. Elle avait envie de se mêler à la foule, d’atteindre ce groupe d’adolescents, visiblement plongés dans une discussion hilarante et d’en rire avec eux.
Ce sentiment de bien-être intense diminua progressivement, à l’image de la lumière qui déclinait. Les silhouettes s’estompèrent jusqu’à disparaître et le mobilier laissa place au néant.
Charlie n’avait pas bougé d’un centimètre, mais elle avait l’impression d’être à mille lieues du bâtiment extraordinaire dans lequel elle se trouvait quelques instants auparavant.
Uniquement éclairé par les reflets de la lune sur le marbre clair recouvrant le sol, le hall n’était plus que ruine. La poussière s’accumulait sur le mobilier, les toiles d’araignées recouvraient la rampe en fer forgé de l’escalier et les murs étaient dissimulés par d’épaisses branches de lierre.
Un frisson lui parcourut le corps ; quelque chose de terrible s’était passé ici !
Elle eut à peine le temps d’approfondir son analyse, qu’elle ressentit cette même fatigue arasante qui l’avait menée jusqu’ici. L’obscurité lui ouvrit les bras et elle s’y plongea, résignée.
*
Ses yeux s’ouvrirent de la même façon qu’ils s’étaient fermés : plongés dans les iris violets du vieux chat poussiéreux.
— Qu’est ce que vous m’avez fait ? demanda Charlie, la voix rauque.
— Je vous ai montré ce à quoi ressemblait notre communauté avant, puis après la Grande Guerre, soupira Ezra, une lueur de nostalgie dans le regard. Vous, Charlie Hope Henley, avez le pouvoir de rétablir l’ordre des choses. Je ne sais pas encore par quel moyen, mais vous êtes le seul espoir de la magie.
Charlie ne pouvait se défaire des émotions ressenties lors de son voyage dans le monde de la magie. Elle était, de manière irrépressible, obnubilée par la perspective de cette vie qui aurait pu être la sienne. Si elle avait la moindre chance de se l’offrir, elle devait la saisir.
Pourtant, elle n’était pas prête à accepter de s’impliquer dans une histoire abracadabrante dont elle ne savait rien. Elle avait besoin de réponses aux mille et une questions qu’elle se posait et par dessus tout, elle avait besoin de temps.
— Écoutez, je vous demande simplement de me laisser vous initier à la magie, poursuivit Ezra. Pour le reste, nous verrons en temps voulu.
Charlie pensa qu’elle n’avait rien à perdre à essayer. Après tout, ça ne l’engageait en rien ! Peut-être en tirerait-elle même des bénéfices, comme l’apprentissage d’un sort qui changerait sa grand-mère en une personne agréable.
— Vous allez d’abord me parler de la prophétie et de la Grande Guerre, exigea Charlie !
— Je vous promets de répondre à toutes vos questions avant de commencer votre apprentissage, mais le temps presse. Votre amie va se réveiller d’un instant à l’autre et j’ai beaucoup à faire. Alors, avons-nous un accord ?
— J’accepte, répondit Charlie, la voix hésitante.
— Nous commencerons dès demain ! déclara le chat, manifestement ravi d’avoir gagné la première bataille. Soyez prête, les semaines qui arrivent ne seront pas de tout repos.
Le chat disparut avec le livre, ne laissant comme preuve de leur présence que l’expression ébahie qui se lisait sur le visage de la jeune fille.
Alors que Gwen émergeait lentement d’un profond sommeil, Charlie pensait à la vie qu’elle avait menée. Une existence banale et simple, mais qui lui convenait parfaitement. Jusqu’à aujourd’hui...
Le "d'une demi-décennie" m'a paru un peu bizarre, si tu voulais dire qu'elle avait l'impression d'avoir beaucoup vieilli (ce qui est ce que je comprends par rapport au contexte). Une demi-décennie", ça ne fait jamais que cinq ans, c'est très peu. "Un demi-siècle" serait plus logique, voire "un siècle" tout court, un peu d'hyperbole aide bien à faire passer le message :D
Me revoilà ;)
J’aime bien ce chapitre, on commence un peu à être plongés dans ton univers et on rencontre finalement ce mystérieux Ezra.
J’ai un peu peur de la réaction de la famille de Charlie, et surtout de sa cousine...
J’ai trouvé l’écriture plus fluide et agréable, je pense que tu vas dans le bon sens !!!
J’ai tout plein de petites remarques, alors je t’embête pas plus,
les voilà :
« La pièce s’était assombrie, en harmonie avec le coucher du soleil, et elle ne distinguait rien d’anormal. »
Un peu maladroit. « En harmonie » ne colle pas trop, et l’imparfait n’est pas idéal pour « distinguait » car c’est une action ponctuelle (et non répétée, ou de longue durée), on lui préférera donc le passé simple. Que dis-tu de : « La pièce s’était assombrie en même temps que le soleil se couchait, et elle ne distingua rien d’anormal »
« Elle pouvait se rappeler des recommandations des médecins et de cette allusion aux potentiels effets hallucinatoires des médicaments ingérés. »
Un peu maladroit, « pouvait » sonne de trop. Par ailleurs, on ne se rappelle pas DE quelque chose. On se rappelle (quelque chose), ou bien on se souvient DE (quelque chose).
« lestées de poids »
Un peu maladroit, ça sonne imprécis. Je pense que tu devrais accentuer la lourdeur ! Essaie d’exagérer beaucoup plus qu’avec de simples « poids ». Ça donnerait quelque chose comme « comme si elles étaient profondément enracinées dans le sol », ou encore « comme si elle ne les avait pas bougées depuis des siècles » ! Faut pas avoir peur d’être excessif et de forcer le trait, ça force le lecteur à mieux ressentir ce que tu décris !
« D’un mouvement agile, une silhouette féline se hissa sur le rebord de la fenêtre de la cuisine. La flamme de la chandelle était presque en contact avec le pelage noir et poussiéreux (...) »
Un peu maladroit là encore ;) On ne comprend pas tout de suite le lien entre les deux phrases. Peut-être faut-il préciser que le chat atterrit tout près d’une bougie ? Mais il faut éviter la répétition,
c’est pas évident xD
« et laissait apparaître deux profonds yeux violets »
Ici aussi, je pense que le passé simple comme mieux : « et laissa apparaître deux profonds yeux violets ». Sinon, plutôt que « laissait apparaître » qui est un peu maladroit, tu peux utiliser « dévoila »
« mais même si elle en avait eu les capacités, elle n’aurait jamais abandonné Gwen. »
Tout de même, c’est quelqu’un de bien, Charlie ! Il y a longtemps que j’aurais fui moi xD
« Elle se força a reprendre le contrôle de ce corps qui lui paraissait vieilli d’une demie décennie. »
Là c’est mieux ! L’exagération est plus accentué, on ressent mieux ce que vit Charlie. Mais je pense que le « demie » est de trop (d’ailleurs c’est « demi » pas « demie »)
« — Réveillez mon amie tout de suite et sortez d’ici ! s’exclama Charlie avec toute l’assurance dont elle était capable. »
Ici, fais attention à ne pas te contredire. Tu as mentionné le fait que Charlie ne pouvait pas parler un peu plus haut, pourtant sa phrase est claire et affirmée. Elle pourrait peut-être bégayer un peu, ou hésiter entre les mots ?
« — Je ne peux pas faire ça ma petite, je vous ai dit que nous devions parler et nous allons parler ! »
Étonnant contraste entre « ma petite » et « vous », mais pourquoi pas
« Charlie fut brusquement propulsée vers l’arrière, comme frappée par un violent coup de vent. »
Encore une fois, n’hésite pas à exagérer ! Un violent coup de vent, c’est presque contradictoire, « coup de vent » c’est un peu mignon. « une violente bourrasque » est peut-être plus approprié ? Après, c’est toi qui sait le mieux ce que ressent Charlie !
« Ses mains, sur lesquelles elle prit appui pour entreprendre une tentative de fuite désespérée, se trouvèrent impuissantes face aux fibres de tissu qui s’étaient désolidarisées du divan pour entraver ses bras. »
« désolidarisés » est un peu maladroit ! La phrase est assez lourde, un peu difficile à comprendre du premier coup
« juste à coté du livre »
à-côté ;)
« — Mon nom est Ezra et je suis désormais votre protecteur »
C’était bien lui !! Drôles de manières, pour un protecteur... On n’a pas idée d’ensorceler de pauvres ados comme ça !
« — Vous êtes un chat et je n’ai besoin d’aucune protection, s’écria Charlie tout en essayant de faire céder ses liens de tissu. »
Cette réplique m’a fait beaucoup rire xD Le fait que ce soient ces informations qui la rebutent est très révélateur de son caractère, et j’aime bien ça !
« Il est certain que je ne fais pas erreur sur la personne, mais j’avoue me poser des questions quant à vos capacités de réflexion. »
Lui aussi, il a du répondant visiblement ! Ça promet des dialogues enflammés (sans mauvais jeu de mots), j’ai hâte de voir comment va évoluer leur relation !
« Elle n’avait rien à se reprocher ; il ne s’agissait que de se disculper de l’incendie ! »
l’enchaînement « que de se disculper de » est un peu lourd et freine la fluidité
« puisse engendrer un nouveau départ de flamme. »
départ de flammes est peut-être un peu maladroit, à moins que ce ne soit une expression que je ne connais pas !
« — Vous être une magicienne, Mademoiselle. Vous possédez le don inné d’utiliser la magie sous toutes ses formes. Cela fait de vous quelqu’un de précieux : la seule, avec moi, depuis près de deux siècles. »
Il se perd pas en digression dis donc !! Il va droit au but !
« — Votre cousine n’est pas une magicienne et elle n’est encore moins l’Elue ! »
le « n’ » est de trop. « elle est encore moins l’Élue » est suffisant !
« Il existait vraiment, jadis, un monde dans lequel les magiciens et les normains cohabitaient ensemble »
Cohabiter ensemble, c’est un peu un pléonasme ! Tu peux retirer « ensemble » je pense, ou alors le remplacer par « en harmonie » (ou un autre qualificatif concernant la cohabitation si elle ne se passait pas bien, sait-on jamais)
« Elle était partagée entre l’envie d’éclater de rire et celle de s’éfondrer »
s’effondrer ;)
« Elle était partagée entre l’envie d’éclater de rire et celle de s’éfondrer pour avoir passé tant de temps en conflit avec sa famille parce qu’elle les pensait fous. Après la journée qu’elle venait de vivre, elle ne pouvait plus se permettre d’en rire. »
Tu enchaînes rapidement entre les deux phrases, or dans la première elle a envie de rire et dans le seconde elle précise ne pas pouvoir se le permettre. Peut-être faut-il rajouter une transition entre les deux, où tu préciserais qu’elle se ravise, ou qu’elle change d’avis.
Tu peux par exemple mentionner un geste, comme « Elle secoua la tête. Non, après la journée qu’elle venait de passer, elle ne pouvait plus se permettre d’en rire (...) » Les gestes font de bonnes transitions ! Mais bon, ce n’est qu’un conseil, ça reste très compréhensible !
« Vous êtes désormais une cible de choix pour la Ligue »
Ha ha ! On mentionne enfin un ennemi ! Est-ce le « Grand Méchant » de l’histoire, cette « Ligue » ? Hâte de voir comment se développera le scénario par la suite ;)
« vous allez devoir suivre chacune de mes instructions à la lettre, déclara le chat. »
Tu peux peut-être l’appeler Ezra de temps en temps, histoire de familiariser le lecteur avec son prénom ? Surtout que cette apparence de chat n’est que provisoire...du moins j’imagine ;)
« Charlie voulut argumenter davantage, mais sentit soudainement une vague incontrôlable de fatigue l’envahir. »
Ici aussi, tu devrais insister plus fort sur ce sentiment de fatigue. La phrase est bonne, mais tu peux essayer d’en ajouter d’autres ! Pour qu’on ressente bien l’épuisement avec tous nos sens, en ajoutant que ses paupières sont lourdes, que sa vue se brouille etc...
« L’obscurité s’empara d’elle à la vitesse d’un poison injecté directement dans une veine. »
Eh ben...voilà une image qui est loin d’être rassurante !
« Le réveil fut difficile, comme si elle se relevait d’une chute de dix étages. »
Ici pour le coup, c’est un peu trop d’exagération xD
Ou alors c’est le terme « difficile » qui est un sacré euphémisme.
Ou alors Charlie chute fréquemment de 10 étages et sait donc parfaitement ce que ça fait.
Mais ça me paraît quand même un peu gros x)
Nan mais plus sérieusement, l’idée n’est pas mauvaise. Le problème c’est que la comparaison n’est pas très « forte », dans le sens où on passe un peu du coq à l’âne. Il n’y pas tellement de rapport entre une telle chute et un réveil, si difficile soit-il.
Si tu tiens à garder l’image, il faut modifier « difficile ».
Mon problème vient peut-être du nombre d’étages, en fait. La précision n’apporte rien, je pense, puisqu’aucun lecteur n’a jamais fait (du moins je l’espère) une telle chute ;). Tu peux simplement mentionner une chute de « plusieurs étages », on comprend tout à fait le ressenti !
« Un couple drôlement vêtu »
Si par « drôlement » tu entends « bizarrement », alors mieux vaut changer de terme. « drôlement vêtu », ça donne l’impression qu’ils ont plein de couches de vêtements ! Peut-être que tu pourrais utiliser « étrangement » plutôt que « drôlement ». D’ailleurs, « vêtu » est un mot assez peu riche, « accoutré » est plus littéraire ! En plus, « étrangement accoutré », ça fait une petite allitération en « T » et...quoi ? je m’emballe ? bon, ok
« — Les enfants ! Les en-fants ! »
J’ai vraiment ressenti l’intonation des maîtres.ses d’école, j’aime beaucoup xD
« — Je... Excusez-moi mais où sommes-nous ? Demanda Charlie d’un ton hésitant. »
Ici c’est un très léger détail, mais tu peux retirer la majuscule à « Demanda ». Après un « ! » ou un « ? » dans un dialogue, pas besoin de majuscule ! (oui, la règle est définitivement plus complexe que ça, mais je crois que c’est l’idée générale)
« elle eut la sensation d’être exactement là ou elle le devait (...) »
où ;)
Autre remarque : n’aie pas peur de la répétition, je pense que la phrase est plus fluide si tu écris « elle eut la sensation d’être exactement là où elle devait être »
Parfois, les répétitions sont une figure de style ! Ici en particulier, c’est une expression, donc ce n’est pas dérangeant. Au contraire !
« Elle avait envie de se mêler à la foule, d’atteindre ce groupe d’adolescents »
atteindre est peut-être moins adapté que « rejoindre », simple suggestion !
« Uniquement éclairé par les reflets de la lune sur le marbre clair recouvrant le sol, le hall n’était plus que ruine. »
Ouh, j’ai l’impression qu’on est de retour dans la scène du prologue !
« Elle eut à peine le temps d’approfondir son analyse, qu’elle ressentit cette même fatigue arasante »
Je pense que tu voulais dire « harassante » plutôt ;)
« Elle était, de manière irrépressible, obnubilée par la perspective de cette vie qui aurait pu être la sienne. »
Je critique tout le temps, mais là je dois relever cette phrase parce qu’elle est très réussie ! Que ce soit en termes de rythme ou d’écriture, chapeau !
« Peut-être en tirerait-elle même des bénéfices, comme l’apprentissage d’un sort qui changerait sa grand-mère en une personne agréable. »
Charlie non plus ne perd pas de temps xD Elle voit vite les avantages personnels qu’elle pourrait en retirer !!
Voilà !
Beaucoup de petites remarques, mais dans l’ensemble j’aime bien la tournure que prennent les choses. Effectivement, le chat est un peu cliché mais bon, un peu de clichés ça n’a jamais tué personne ;)
En tous cas, je retiens qu’il me faut m’améliorer sur les images, les descriptions et les sensations. Tu as vraiment touché juste, il y a pas mal de choses dont je n’avais pas conscience et en te lisant je me suis dit « MAIS OUIII » ! Ça va beaucoup m’aider à avancer.
Je suis bien contente de tes remarques « spéculatives » parce que je pense que je vais réussir à te surprendre, notamment au sujet du chat :p
A nouveau merci pour ton aide, tes remarques sont claires et concises et j’ai vraiment l’impression de m’améliorer un peu au fil des chapitres.
Bonne soirée et à très vite !
Tant mieux si tu me surprends par la suite, c’est ça le plus génial dans une histoire, c’est d’arriver à surprendre le lecteur par un événement auquel il ne s’attendait absolument pas !!! J’ai hâte :)
Ah, mon radar à bestioles poilues qui n'en sont pas n'est pas trop rouillé ! Oui oui, c'est mon pêché mignon, les bêtes à poils ;P
Ezra m'intrigue depuis le début, et encore un peu plus à présent.
La réaction de Charlie (son acceptation) n'est pas surprenante, étant donné qu'elle a baigné là dedans depuis toujours. Sa surprise vu l'enchaînement des évènements est compréhensible aussi. Je ne sais pas comment elle va aborder la suite, car elle prenait plutôt cette prophétie avec légèreté et ironie auparavant. A voir.
Tu nous livres pleins d'infos mine de rien. Qui est cette Ligue ? Et le terme "normains" m'interpelle également. S'agit-il d'humains ? D'une autre catégorie de magiciens ? Que de questions !
Vivement la suite ;-)
Effectivement j’avais des doutes sur l’acceptation de Charlie et surtout sur sa réaction peut être un peu légère face à un chat qui parle. Je vais devoir retravailler tout ça.
Encore merci et à très vite :D
Bonne soirée et à très vite