Chapitre 5 - Le Jardin des Brumes [Shanaé]

Par Saskia
Notes de l’auteur : Edit 01/11/2024 : V2 à jour. Bonne lecture !

« Il m’a fallu beaucoup de temps pour rassembler les morceaux de ce jour-là et comprendre ce qu’il s’était passé. Pourtant, de nombreuses pièces du puzzle ont été visibles aux yeux de tous pendant quinze ans. Mais ni moi ni les autres ne nous posions les bonnes questions. »

 

Extrait du témoignage de Shanaé El’Varghor,

lors du procès de son effracteur en juin 1826.

 

*

 

6 heures avant le meurtre de Narcisse Pandiorki

14 avril 1821, 20h57

 

Le Jardin des Brumes était encore plus effrayant que dans ses souvenirs. Shanaé décrocha le bracelet en fils tressés à son poignet et commença à l’entortiller et ré-entortiller autour de ses doigts. Ici, personne ne risquait de la voir faire et de la regarder de travers ou pire encore, de l’agresser, alors elle pouvait se permettre de faire son petit rituel pour réguler ses émotions. Le mouvement répétitif avait quelque chose d’apaisant. Rien de miraculeux, hélas, mais tout ce qui permettait de l’aider à gérer son angoisse était bon à prendre.

Devant elle, Zéphyr venait encore de changer de direction sur un coup de tête. Cela faisait un moment qu’ils tournaient en rond et les arbres aux branches noueuses semblaient se moquer d’eux. Shanaé ne fit cependant aucun commentaire. Ils n’étaient pas vraiment perdus, son frère avait juste besoin de temps pour comprendre ce qu’il voulait.

Un aboiement troubla le silence de la forêt.

Shanaé se retourna et aperçut une boule de poils familière foncer dans sa direction. Neige ! Courant à travers la brume épaisse qui recouvrait le sol jusqu’à hauteur de genoux, la grande chienne éclopée ne tarda pas à se jeter sur sa maîtresse pour lui faire la fête.

— Elle t’a pistée jusque ici ? s’étonna Zéphyr.

Un grand sourire éclaira le visage de Shanaé, sa joie faisant écho à celle de l’animal.

— La pauvre, elle n’a pas dû comprendre pourquoi je suis sortie sans elle… J’aurais mieux fait de la réveiller tout à l’heure ! Elle m’a manqué en plus.

Maintenant que sa fidèle amie canine était à nouveau à ses côtés, Shanaé sentit une vague de soulagement l’envahir. Elle disposait désormais de deux protecteurs. Entourée de Neige et Zéphyr, il ne pouvait rien lui arriver. Ces deux-là tenaient suffisamment à elle pour la protéger de n’importe quel ennemi, qu’il soit humain ou non. Elle ne risquait rien.

Son frère la fixait cependant d’un air préoccupé.

— Tu sais, on n’est pas obligés de rester longtemps ici, précisa-t-il. Je sais bien que tu détestes le Jardin des Brumes.

— Sauf que c’était l’endroit préféré de Cassius.

Le jeune homme soupira et se plongea dans la contemplation d’une branche aux feuilles biscornues.

Zéphyr était son frère, son jumeau, son Âme-Liée. Shanaé le connaissait par cœur. Elle n’avait donc pas besoin de ça pour le déchiffrer, mais à cet instant, elle ne put résister à l’envie de sonder les véritables émotions de son frère à travers leur Lien. Fermant brièvement les yeux, elle coula son esprit dans le fil magique qui les unissait. Quand elle les rouvrit, l’aura qui entourait Zéphyr s’offrit à son regard, dévoilant un joli dégradé de couleurs vives. Une touche de rouge colère et une autre de résignation bleu turquoise, qui peinaient à cacher un fond de désespoir bleu foncé mêlé de manque bleu pâle. Comme elle s’y attendait, cachée sous les sourires de façade, la détresse de Zéphyr n’avait pas disparu. Perdre l’homme dont il était amoureux l’avait anéanti, et sans qu’elle comprenne exactement pourquoi, leur brève entrevue avec Narcisse l’avait ébranlé plus qu’il ne pouvait l’admettre. Le mieux qu’elle puisse faire pour le soutenir était de rester à ses côtés quoi qu’il arrive.

— Si tu as besoin d’être ici ce soir pour lui faire tes adieu, je comprends. Peu importe que cela me place dans une situation inconfortable, je t’accompagnerai jusqu’au bout.

Le Jardin des Brumes lui donnait la chair de poule et elle n’avait jamais compris ce que son frère et Cassius y trouvaient d’intéressant. Entre la végétation encore plus anxiogène que dans la Forêt Barbare et cette brume étrange, c’était loin d’être l’endroit le plus agréable qu’on puisse trouver dans cette ville. Mais ce n’était pas une raison pour se défiler.

Le jeune homme reporta son attention sur elle.

— Un jour, ta gentillesse te perdra.

— J’essaye juste d’être une bonne personne. Tu préférerais que je te laisse tomber peut-être ?

Zéphyr se rapprocha et prit un air de conspirateur.

— Et si je te proposais de nous enfuir tous les deux à l’étranger. Recommencer à zéro. Tu me suivrais ? Après tout, qu’est-ce qui nous retient encore ici ?

Shanaé plissa les yeux.

— Tu veux dire… Une vie sans Barbares et sans sacrifices humains ? Sans plus aucun parent sur le dos pour nous traiter comme si on avait encore douze ans ? Le rêve…

— Je te ferais goûter mes nouvelles créations culinaires…

— … et moi te montrerais mes derniers croquis.

— Ce serait nous deux contre le reste du monde, comme avant. On aurait la belle vie.

Shanaé soupira.

— Dommage qu’on ne le fera jamais vraiment.

— C’est clair. L’audace a dû sauter une génération.

Un silence flotta entre eux.

Son frère repensait-il à Cassius et à ses envies de vengeance inassouvies ? Il lui en parlait souvent ces temps-ci, des plans impossibles qu’il concevait pour se débarrasser des Barbares une bonne fois pour toutes, ou des atrocités qu’il ferait subir à l’un d’eux si jamais il mettait la main dessus. Shanaé avait beaucoup de peine pour lui.

Alors qu’ils contournaient un tronc d’arbre mort, dont l’on ne percevait plus que quelques branches dressées vers le ciel, Zéphyr lui lança un regard qu’elle ne sut pas interpréter.

— Tu es sûre que tu es vraiment heureuse ?

Shanaé ne répondit pas.

Non, elle n’était pas vraiment heureuse. Elle avait tout ce qu’elle désirait : le travail de ses rêves, une famille aimante, de supers amis, et même une adorable chienne. Pourtant ça n’allait pas. Et elle ne savait pas pourquoi. Quelque chose avait changé en elle à son arrivée dans cette ville, et elle ignorait si elle pourrait retrouver un jour l’insouciance joyeuse de son enfance. Quoi qu’il en soit, pour le moment elle était en vie et ses proches aussi, et c’était tout ce qui comptait à ses yeux. Pourquoi Zéphyr se souciait-il de son bien-être à elle dans un moment pareil ? De toute évidence, il souffrait bien plus, et lui au moins avait une raison évidente et légitime d’aller mal.

Un frémissement de feuillage sur sa droite la fit sursauter. Shanaé scruta la végétation pour comprendre de quoi il s’agissait mais ne vit rien, alors elle reprit sa marche à la suite de son frère. Ce n’était sûrement qu’un petit animal inoffensif. Elle voulait que ce ne soit qu’un petit animal inoffensif. La possibilité que ce puisse être quelque chose de plus dangereux la terrifiait. Mais qu’est-ce qui lui avait pris de venir ici, bon sang ?! Son instinct lui soufflait qu’à chaque instant, un monstre risquait de surgir d’entre les arbres pour se jeter sur elle et la tuer. Et que même si par miracle cela ne se produisait pas, elle mourrait probablement d’une crise cardiaque avant la fin de la soirée. Elle n’aurait jamais dû suivre Zéphyr. C’était suicidaire ! Elle savait qu’en théorie rien de dangereux ne rodait dans ces bois, mais son cœur lui racontait une toute autre histoire et c’était difficile de ne pas l’écouter.

Devant elle, Neige reniflait de grandes fleurs violettes avec enthousiasme. Tandis que son frère n’avait absolument pas l’air d’avoir peur et marchait d’un pas assuré. Tentant de se reprendre, Shanaé se concentra sur sa respiration pour calmer les battements affolés de son cœur. Zéphyr avait besoin d’elle et il était hors de question qu’elle trahisse sa promesse de rester à ses côtés. C’était perturbant de constater à quel point il gérait mieux qu’elle la situation, mais malgré tous ses efforts pour ne pas céder à la panique et continuer son chemin, elle gardait l’intime conviction qu’elle ne devrait pas être ici, qu’elle n’était pas la bienvenue dans le Jardin des Brumes.

Zéphyr s’arrêta net en contournant un épais buisson plein de mûres et d’épines.

— Je crois que j’ai entendu quelque chose, souffla-t-il.

Shanaé ne percevait rien de là où elle se trouvait. Elle voulut franchir les quelques mètres qui la séparait de son frère, mais un oiseau noir venu de nulle part passa à toute vitesse devant son visage et elle tomba à la renverse en reculant pour l’éviter. Une racine cogna douloureusement dans son dos et elle ne discerna plus que le blanc opaque de la brume autour d’elle.

 

Une ombre immense et menaçante

apparaît au-dessus de sa tête.

 

Le cœur de Shanaé accéléra dans sa poitrine et

son corps se

figea.

Elle voulut crier,

mais aucun son ne sortit.

 

L’ombre se rapproche de plus en plus,

sa forme humaine toujours brouillée par la brume.

Il faut qu’elle sorte de là.

Se relever.

Courir.

Elle sait ce qu’elle a à faire,

mais ses jambes ne lui obéissent plus.

 

Quelqu’un appelait Shanaé.

Elle percevait cette voix de façon confuse,

comme si elle avait la tête sous l’eau.

Le timbre lui semblait familier

sans qu’elle puisse mettre un nom dessus.

 

L’ombre est toujours là, qui s’approche.

Elle va mourir.

C’est sûr qu’elle va mourir.

Elle n’a aucune chance.

 

Une sensation humide sur sa main.

Un coup de langue ?

Un corps à la fourrure toute douce

se pelotonna contre elle.

 

L’ombre est tout près.

Elle peut sentir sa puissance destructrice

et se sent terriblement faible et impuissante en comparaison.

Elle va mourir.

 

Un aboiement retentit.

Puis un autre.

Et encore un autre.

 

L’ombre continue de la terroriser,

approchant dans sa direction une main à la peau pâle

et aux doigts courbés comme les serres d’un rapace.

Elle n’en peut plus.

Son cœur va finir par exploser

s’il ne ralentit pas un peu.

 

Quelqu’un arriva par derrière et tira sur son bras pour la relever. Il parlait mais elle ne comprenait pas un mot de ce qu’il disait. Elle reconnut le visage de son frère. C’était lui qui la regardait d’un air inquiet. Neige aussi était là et lui léchait la main. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle, un peu hébétée, mais ne vit nulle trace d’une silhouette menaçante.

— Shanaé, est-ce que ça va ? Tu as mal quelque part ?

Elle était si fatiguée. Elle ne désirait rien de plus à cet instant que de se rouler en boule, bien en sécurité au fond de son lit. Elle sentait qu’elle pourrait facilement dormir dix ou douze heures d’affilées si on la laissait faire. Rattachant son bracelet à son poignet, elle remarqua qu’elle l’avait serré un peu trop fort dans son poing, laissant la marque de ses ongles sur la paume de sa main.

— Ça va, je vais bien.

Les mots sortaient de sa bouche avec difficulté, lui demandant un gros effort. Que faisait-elle ici déjà ? Ah oui, ça lui revenait : Cassius. Son frère avait eu besoin de revenir sur les traces de son amour perdu. C’était pour cela qu’ils se trouvaient seuls au milieu des bois. Le gris inquiétude de Zéphyr lui parvint à cet instant, lui faisant remarquer du même coup que leur connexion mentale avait été momentanément interrompue lors de sa chute. A sa connaissance, ce n’était pas censé pouvoir arriver, mais tant mieux. Elle ne souhaitait pas qu’il sente ce qu’elle avait ressenti juste avant. Il avait bien assez de soucis comme ça, ce n’était pas la peine d’en rajouter une couche en lui faisant remarquer que sa sœur avait des hallucinations.

Elle décida de changer de sujet :

— Alors, qu’est-ce que tu as entendu dans les bois tout à l’heure ?

Zéphyr semblait un peu confus, mais n’insista pas.

— Je crois qu’il y a des gens un peu plus loin. Tu veux qu’on aille voir ?

Elle acquiesça et se remit en marche, son frère cramponné à son bras. Ils découvrirent alors une scène étrange.

Debout au milieu d’une clairière, une jeune femme faisait de grands signes, un bâton de sauge à la main. Elle avait de longs cheveux roux et la peau d’un blanc laiteux. Le sac qu’elle portait en bandoulière était d’un vert assorti à ses yeux, et elle avait l’audace d’être vêtue d’un pantalon, ce qui était inhabituel pour une femme n’étant pas Sentinelle. Même en la connaissant à peine, Shanaé la reconnu aussitôt : Cléophée Soufflorage, la sœur de Cassius.

— Non, plus haut ! cria la rouquine. C’est pas bien aligné !

Au pied d’un arbre, une brune maigrichonne tentait tant bien que mal d’accrocher un ruban rouge à l’une des branches.

— Je fais ce que je peux, rétorqua-t-elle.

A bien y regarder, la plupart des arbres bordant la clairière étaient décorés des mêmes rubans écarlates, formant un cercle parfait. Toutes à leur occupation, les deux comparses n’avaient pas encore remarqué l’arrivée des jumeaux.

— Qu’est-ce que vous faites ? demanda Zéphyr.

Un grand sourire éclaira le visage de Cléophée.

— Oh, bienvenue ! Vous voulez vous joindre à nous ? On essaye de réaliser un vieux rituel censé permettre d’entrer en communication avec les morts. Peut-être le fantôme de Cassius fera-t-il une apparition ce soir…

Zéphyr écarquilla les yeux.

— Je pensais que tu ne croyais pas aux fantômes ? Ce n’est pas toi qui avait déclaré une fois à propos d’un médium qu’il n’était qu’un « escroc prêt à raconter n’importe quoi aux personnes vulnérables » ?

La jeune femme rougit, mal à l’aise.

— Eh bien, il arrive parfois de changer d’avis…

— Ne t’en fais pas, je comprends, souffla Zéphyr tout en la prenant dans ses bras.

Quand ils s’écartèrent et que Cléophée se tourna vers Shanaé, celle-ci recula d’un pas, tous les sens en alerte.

— Salut ! Je préfères éviter les contacts physiques, si tu veux bien.

Cette coutume valussienne de faire des câlins à tout le monde pour dire bonjour n’avait jamais eu aucun sens à ses yeux et elle détestait y être mêlée sans qu’on se soucie de son avis. C’était tellement intrusif et anxiogène ! Surtout qu’il existait bien d’autres manières de faire tout aussi polies. Heureusement, cela ne sembla pas déranger Cléophée.

La brune les rejoignit à cet instant, l’air contrarié.

— Je pensais qu’on devait passer la soirée rien que toutes les deux.

— Mais enfin, Mahault, le monde ne tourne pas autour de toi ! s’emporta Cléophée. Zéphyr aussi était proche de Cassius, je ne vais quand même pas le chasser d’ici !

— Sauf que tu sais aussi très bien que je ne veux plus être en présence de Narcisse et de son entourage.

C’est à cet instant que Shanaé comprit enfin qui était la brune : Mahault Cendrétoile. Une cousine de Melchior qui était devenue la jeune actrice la plus prometteuse du Théâtre du Mirage après le départ de Zéphyr. Enfin, jusqu’à l’énorme scandale qui avait éclaté trois ans plus tard… Elle ne l’avait pas reconnue sans les couches de maquillage.

— Ça fait longtemps que je ne traîne plus avec Narcisse, se défendit Zéphyr. Et je n’ai jamais fait partie de tes harceleurs.

Mahault le toisa d’un air hautain.

— Tout le monde sait à quel point ta famille est liée à la sienne. Et épargne-moi tes justifications minables. Tu n’es qu’un lâche qui n’a pas levé le petit doigt pour me défendre quand je me faisais massacrer.

— Peut-être que si tu n’avais pas été porter plainte contre lui, pour ensuite déclarer publiquement trois jours plus tard que ce n’était que des mensonges, on n’en serait pas là.

— Je n’avais que quatorze ans. J’ai fait ce que j’ai pu avec toute la pression qu’on me mettait.

Cléophée s’interposa entre les deux.

— Stop ! Vous emplissez cette clairière d’ondes négatives et ça risque de perturber mon rituel. Vous réglerez vos vieilles histoires plus tard.

De son côté, Shanaé regardait la scène sans rien dire. Tout cela la mettait terriblement mal à l’aise. Elle se souvenait très bien des crachats et insultes que subissait en permanence Mahault à l’époque, quand ça ne dérapait pas jusqu’aux coups. Elle non plus n’avait jamais rien fait pour aider la jeune actrice, mais celle-ci ne l’avait-elle pas un peu cherché avec ses mensonges ?

Aujourd’hui encore, même si les choses s’étaient calmées, Mahault se traînait toujours une sale réputation. Dans les rues de la ville, on entendait de temps à autre des Valussiennes lui reprocher de décrédibiliser la parole des vraies victimes avec ses histoires. Et bien qu’elle désapprouvait le harcèlement, Shanaé ne pouvait qu’être du même avis.

Mahault fit la moue en balayant l’assemblée du regard.

— Je vois, dit-elle. Dans ce cas, je ne vais pas vous infliger ma présence plus longtemps.

Sous leurs yeux ébahis, elle s’empressa de tourner les talons pour quitter la clairière à grandes enjambées.

— Attends, Mahault, le prend pas comme ça ! cria Cléophée.

Mais celle-ci ne ralentit même pas et disparut entre les arbres.

— Désolé d’avoir gâché votre soirée, commenta Zéphyr.

Cléophée haussa les épaules, le bâton de sauge toujours entre les mains.

— Pas grave. C’était juste une ex un peu trop collante qui espérait que je lui donne une seconde chance. Mais c’est mort, je ne crois même plus en l’amour de toute façon.

Elle brûla ensuite la sauge tout en récitant le charabia incompréhensible inscrit sur une feuille jaunie par le temps. Zéphyr et Shanaé restèrent à ses côtés tout du long, Neige assise à leurs pieds. Absolument rien ne se passa. Déçue de ne pas voir le fantôme de son frère, Cléophée se résigna à suivre les jumeaux jusqu’à la rivière.

Ils s’installèrent tous les quatre sur de gros rochers au bord de l’eau. C’était inconfortable et Shanaé espérait qu’ils ne resteraient pas trop longtemps. Elle pressentait l’apparition imminente d’une ecchymose là où elle s’était cognée à une racine un peu plus tôt, mais ce ne serait rien comparé à la douleur qui irradierait dans tout son dos le lendemain pour avoir passé des heures assise dans une mauvaise position.

— Si vous voulez, on peut toujours faire une suwalvago à la place, proposa Zéphyr.

Shanaé se rappelait à peine de la dernière fois qu’elle avait participé à une suwalvago. C’était avant que toute la famille ne quitte les Iles Paradis pour s’installer au Royaume de Valussière, quand leur tante venait de mourir à la guerre. Ils devaient à peine avoir sept ou huit ans, son frère et elle. Elle se souvenait vaguement de leur mère dévastée, des chants qui résonnaient dans la nuit noire, de son ventre douloureux d’avoir trop mangé de tsushpanki. Elle s’était endormie sur le sable près de grand-mère, et avant qu’elle ait pu réaliser ce qui se passait, leur vie avait changée du tout au tout et ils étaient arrivés ici. Pas sûr que Zéphyr se souvienne mieux qu’elle du déroulé exact de ce genre de cérémonie, mais c’était l’intention qui comptait.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda Cléophée.

Zéphyr lui expliqua brièvement en quoi consistaient leurs coutumes, et il fut convenu qu’elle y participerait avec eux. De son côté, Neige semblait peu apprécier la rouquine et surveillait ses moindres mouvements avec attention tout en restant collée aux jambes de Shanaé. Et elle-même était si fatiguée qu’elle devait lutter pour garder les yeux ouverts.

— Désolé pour l’odeur, dit Zéphyr avant de sortir un briquet de sa poche pour enflammer les quelques feuilles de résilys, reconnaissables à leur couleur rouge veinée de vert, qu’il avait disposées devant lui.

Le feu commença à dévorer lentement la plante et un filet de fumée s’éleva dans les airs. Cléophée se boucha aussitôt le nez en grimaçant, mais même en inspirant à fond, Shanaé ne sentit rien. Dommage. Ça lui arrivait parfois d’avoir de légères sensations quand elle se concentrait en collant son nez à quelque chose censé sentir fort mais c’était plutôt rare. Le plus souvent elle était juste frustrée de ne pas comprendre ce que percevaient les autres, comme maintenant.

Zéphyr récita une courte prière en kobani, qu’il répéta en valussien :

— Entend mon appel, Mada-Eko, toi à qui nous devons tant de choses, dans la vie comme dans la mort, et veille je t’en prie, sur cet homme que nous aimions tant, où qu’il soit rendu à présent.

Shanaé n’était pas sûre que la divinité aigle les entendent d’ici, surtout que ce n’était pas tout à fait comme ça qu’on était censé l’appeler, mais elle souhaita très fort que ce fut tout de même le cas.

— Qui est Mada-Eko ? demanda Cléophée.

— C’est une des divinités paradisiennes. Même si Cassius n’a jamais été aux Iles Paradis, elle acceptera peut-être de veiller sur lui.

La jeune femme hocha la tête.

— Tu veux dire quelque chose en hommage à ton frère ou c’est moi qui commence ? reprit-il.

Zéphyr et Cléophée enchaînèrent sur les éloges de Cassius, mais Shanaé avait du mal à suivre. Ses pensées dérivaient malgré elle vers ce qui lui était arrivé un peu plus tôt dans les bois et elle ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter. Il y avait quelque chose d’anormal là-dedans. Elle ne comprenait pas ce qu’était cette ombre, à qui appartenait cette effrayante main pâle qu’elle voyait parfois, mais elle était à peu près sûre que quelque chose ne tournait pas rond dans son esprit. Une main avec quatre doigts, le cinquième presque entièrement amputé… Elle avait commencé à en avoir des visions irrégulières peu après son arrivée dans cette ville, mais elle ne parvenait pas à se rappeler si elle avait déjà réellement vu quelqu’un avec une telle main ou si son cerveau lui jouait des tours. La désagréable sensation d’avoir oublié quelque chose d’important la tourmentait, mais impossible de mettre le doigt dessus. Tout cela l’effrayait et elle évitait généralement de trop y penser.

Quand elle reporta son attention sur la fête d’adieu, il faisait déjà nuit, les feuilles de résilys n’étaient plus qu’un tas de cendres et la végétation autour d’eux avaient pris une teinte luminescente, éclairant Zéphyr pendant qu’il parlait. De façon inattendue, l’aspect plus féerique qu’effrayant du Jardin des Brumes après le coucher du soleil la détendit un peu.

— … et c’est ainsi que j’ai su que je l’aimerais toujours.

Le jeune homme fit une pause.

— Tu veux ajouter quelque chose Shanaé ? Tu n’as pas dit un mot depuis qu’on a commencé.

Prise en flagrant délit d’inattention, elle relâcha la mèche de cheveux qu’elle entortillait autour de ses doigts depuis un moment et commença à raconter la première anecdote qui lui passa par la tête :

— Je n’ai jamais été très proche de Cassius, pas autant que vous en tout cas, mais je l’ai toujours trouvé gentil. Je me souviens d’une fois en particulier, je venais d’avoir quinze ans et notre Commandante de l’époque m’avait envoyée seule à la forge pour récupérer une épée, dans le but de tester mes compétences et vérifier si j’étais digne de devenir apprentie Sentinelle. Je m’étais perdue en chemin et pleurais recroquevillée par terre près de Grimoires et délices, la librairie-salon de thé, quand il m’a trouvé.

Elle s’arrêta, cherchant ses mots.

— Beaucoup de gens m’avaient vue et chuchotaient entre eux en passant, parfois en me montrant du doigt, mais lui… Lui il ne m’a pas jugée pour avoir craqué en public. Il a été chercher une chaise et m’a fait asseoir dans un coin tranquille, puis il a attendu patiemment que je me calme et m’a demandé ce qui n’allait pas et comment il pouvait m’aider. On se connaissait à peine, mais il a remis à plus tard ses activités pour m’accompagner lui-même jusqu’à la forge et me ramener ensuite à la base des Sentinelles où je devais déposer l’épée. Peu de gens auraient fait ça pour moi. C’était quelqu’un de bien, j’ai été fière qu’il soit mon beau-frère et sa présence va beaucoup manquer à notre royaume.

Grâce à lui, elle avait remporté avec succès son épreuve, la Commandante ayant estimé que savoir obtenir de l’aide quand on se trouvait en difficulté était le plus important. Ce qui n’avait pas empêché Shanaé de refuser de devenir Sentinelle par la suite, mais cela était une autre histoire.

Zéphyr proposa qu’ils s’arrêtent là avec les anecdotes sur Cassius. Épuisée, Cléophée décida de rentrer chez elle. Les jumeaux quant à eux s’attardèrent au bord de la rivière pendant encore une bonne partie de la nuit, à chanter de vieilles chansons sous la lueur de la lune et de la flore luminescente, et Shanaé se dit que finalement cet endroit n’était pas si terrible quand on y était bien entouré. Jamais elle n’y retournerait seule, c’était certain, mais accompagnée cela restait faisable. Même Neige avait baissé la garde et somnolait, la tête sur ses genoux.

C’est pourquoi le hurlement strident qui déchira la tranquillité des bois lui glaça le sang.

Que se passait-il encore ?

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Cléooo
Posté le 02/11/2024
Et coucou !

Ravie de me replonger dans ton histoire :) J'avais oublié quelques éléments donc ça m'a pris un peu de temps de me replonger dedans, puis finalement c'est revenu.

C'est intéressant d'avoir ce chapitre sous la perspective de Shanaé, surtout qu'on parle surtout de Cassius de qui elle n'était pas la plus proche parmi ceux qui apparaissent ici.
Sans rapport, je me suis sentie sur un versant plus proche du fantastique, dû à l'apparition étrange en milieu de chapitre. Est-ce bien une hallucination, je n'en suis pas convaincue...
Si je peux faire une remarque, c'est sur l'endroit même où l'on se trouve. Shanaé n'aime pas le Jardin des Brumes, mais je ne saisis pas exactement pourquoi. Est-ce justement à cause de ses visions ? L'endroit est-il une sorte de lieu ésotérique, qui fait le lien avec ce qui ne se voit pas de prime abord ?

Je te fais quelques remarques sur la forme :
- "commença à l’entortiller et ré-entortiller" -> et le* ré-entortiller ?
- "Elle t’a pisté jusque ici ?" -> pistée
- "Shanaé senti une" -> sentit
- "Shanaé le connaissait pas cœur." -> par
- "Dommage qu’on ne le fera jamais vraiment." -> je ne suis pas sûre de la conjugaison.
- "qu’elle ne su pas interpréter." -> sut
- "une famille qui l’aime" -> qui l'aimait
- "éclaira la visage de Cléophée." -> le visage

Du coup j'ai vu que tu avais publié jusqu'au chapitre 7, je me ferai un plaisir de les lire très prochainement !
À bientôt :)
Saskia
Posté le 02/11/2024
Coucou Cléo !

Oui j'imagine que ce n'est pas évident de se replonger dans l'histoire après une pause de quelques mois... mais tant mieux si tu n'as pas été trop perdue ^^

Il y a une raison pour laquelle Shanaé n'aime pas le Jardin des Brumes contrairement aux autres, mais ce sera révélé plus tard dans l'histoire. Pour l'instant c'est normal que ce ne soit pas très clair ^^

Je vais corriger les quelques fautes d'orthographes qui trainent.

Merci pour ton commentaire !
Edouard PArle
Posté le 31/05/2023
Coucou Saskia !
Petite difficulté, j'ai eu du mal à situer Cléophée, j'ai oublié qui elle était depuis ma dernière lecture du coup j'ai pas trop su quel était son lien avec les jumeaux.
J'ai bien aimé la fin du chapitre, avec le sauvetage de la femme sur le pont. Il se joue beaucoup de choses entre les deux jumeaux dans leurs interactions à priori simple, ce que les ressentis de Shanae permet de bien comprendre. Je suis curieux de voir comment tu pourras poursuivre le personnage de la femme sauvée si elle reste dans l'histoire. Evidemment, je suis curieux de voir ce qui l'a menée là.
J'ai apprécié aussi le passage sur Cassius, l'hommage était simple mais fonctionnait bien.
Mes remarques : (il y a très souvent la même faute, donc en y faisant gaffe en te relisant, ça devrait vite se résoudre (= )
"apparu au-dessus de sa tête" -> apparut
"Un aboiement retenti." -> retentit
"mais même en inspirant à fond, Shanaé ne senti rien." -> sentit
"avec des ingrédients locaux qui ravi Shanaé." -> ravit
"était un régal, salé juste comme il faut." -> comme il le fallait (concordance des temps) ?
"elle était heureuse que son frère se soit remis" -> remit
Shanaé senti la peur la submerger." -> sentit
"et couru donc à sa suite en compagnie" -> courut
"débout sur un pont construit plus en amont de" -> debout
"ses propos avaient vexée Shanaé" -> vexé
Un plaisir,
A bientôt !
Saskia
Posté le 31/05/2023
Coucou Edouard !

Alors tu n'as pas oublié qui était Cléophée depuis la dernière fois, tout simplement car c'est la première fois que tu la voit ! Elle n'a pas tellement de lien avec les jumeaux, elle les connait juste un peu par l'intermédiaire de son frère Cassius. Là les jumeaux la croisent par hasard dans les bois et elle s'incruste au groupe parce qu'ils tenaient tous à Cassius, c'est tout.

Tant mieux si on comprend bien ce qui se joue entre les jumeaux à la fin ^^

La femme sauvée va bien réapparaitre dans l'histoire et on saura ce qui l'a menée sur ce pont dans quelques chapitres. A vrai dire c'est même un personnage assez important, mais pour l'instant son rôle dans l'histoire est une surprise ^^

Ah oui décidément j'ai un problème avec les "t" manquant xD Je vais essayer d'y faire plus attention.
Edouard PArle
Posté le 06/11/2024
Coucou Saskia !
Je viens rattraper ce chapitre 5 ! On retrouve des éléments communs à la première version avec l'hommage Cassius mais plus de sauvetage. Est-ce remis à plus tard ? Supprimé ?
Un chapitre à la lecture agréable, qui permet de bien poser l'ambiance du jardin des brumes, notamment avec le rêve de Shanaé.
Beaucoup de personnages interviennent dans ce chapitre, que j'ai parfois un peu de mal identifié. On en revient à Cléophée par exemple que j'aurais eu encore plus de mal à situer sans ta réponse, mais il y a aussi d'autres personnages que l'on découvre comme Mahault (très intéressante son histoire d'ailleurs, j'ai envie d'en apprendre plus à son sujet) donc on peut s'y perdre par moments. On a aussi de nouveaux éléments / concepts sur ton univers. Peut-être que ma lecture dans la désordre / espacée joue aussi.
J'ai été très content d'entendre à nouveau parler des âmes liées, qui est vraiment un concept très chouette.
Mes remarques :
"Ils n’étaient pas vraiment perdu," -> perdus
"la grande chienne éclopée ne tarda pas à se jeter sur sa maîtresse" -> se jeta ? (pour simplifier la tournure)
"Shanaé senti une vague de soulagement l’envahir." -> sentit
"Tu préférerai que je te laisse tomber peut-être ?" -> préférerais (conditionnel)
"— Ce serait nous deux contre le reste du monde, comme avant. On aurait la belle vie. Shanaé soupira. — Dommage qu’on ne le fera jamais vraiment. — C’est clair. L’audace a dû sauter une génération." transition un peu brusque entre le rêve et la désillusion, je trouve que ça mérite plus de développement
"qu’elle ne su pas interpréter." -> sut
"une famille qui l’aime" -> une famille aimante ?
"Quoi qu’il en soit, pour le moment elle était en vie et ses proches aussi, et c’était tout ce qui comptait à ses yeux."
Je trouve que ça pourrait être mieux amené. Petite suggestion : Elle ne pouvait cependant s'en plaindre...
"Shanaé scruta la végétation pour comprendre de quoi il s’agissait mais ne vit rien," couper "pour comprendre de quoi il s'agissait" ? c'est implicite je trouve
"mais un oiseau noir surgi de nulle part" -> venu ? je trouve que ça passe mieux que surgi dans ce contexte même si les deux se disent
"que de se rouler en boule, bien en sécurité au fond de son lit." couper le bien ?
"Ils débarquèrent alors devant une scène étrange." -> ils découvrirent alors ? Débarquer devant je trouve que ça fonctionne pas super bien
"Et je n’ai jamais fait parti de tes harceleurs." -> partie
"je ne vais pas vous infligez ma présence plus longtemps." -> infliger
"quand on y était bien entouré." -> entourée ? (Shanaé)
Un plaisir,
A bientôt !
Saskia
Posté le 06/11/2024
Coucou Edouard !

Le sauvetage est remis à plus tard, en effet ! Il aura lieu dans le chapitre 8, que je vais prochainement mettre en ligne. J'ai pensé que ce serait plus intéressant d'avoir ce passage du point de vue de Zéphyr et de détailler un peu plus les choses, surtout que la relation entre les jumeaux et Jolène a beaucoup changé par rapport à l'ancienne version. Enfin, tu verras bien !

C'est vrai que j'ai un univers complexe avec beaucoup de personnages, et ça doit pas être facile de s'y retrouver en lisant de façon espacée / dans le désordre...

Je prends note de tes remarques, c'est vrai qu'il y a pas mal de petits détails à revoir ^^

Merci pour ton commentaire !
Edouard PArle
Posté le 07/11/2024
Okay, je vois.
Avec plaisir !
Milia
Posté le 16/05/2023
J’enchaîne avec la 2nd partie et poursuis ma review :)
C’est toujours aussi limpide à lire. On en apprend encore un peu sur ce monde et sur les personnages. Encore une fois, je salue le travail effectué en amont pour la mise en place de ce nouveau monde (vocabulaire, nom des divinités…).

* Les points que j’ai relevés :
_ « […] fonça à toute vitesse devant son visage »
> J’aurais mis passa. On dit plutôt foncer vers quelque chose.
_ « Elle était vêtue d’un pantalon, ce qui était assez inhabituel »
> Je rebondis sur ce que j’ai indiqué pour la 1ère partie du chapitre 1. Il aurait été intéressant d’avoir quelques éléments vestimentaires pour savoir de quoi est constitué une tenue quotidienne. Que l’on suppose différente selon les castes ?
_ « Apparemment la jeune femme était autiste, comme elle. »
> Quelque chose me chiffonne. On est bien dans un récit de fantasy ? Cela me perturbe un peu de retrouver un terme de vocabulaire aussi précis, « réel », dans un récit de fantasy. Après je comprends l’idée et c’est compliqué de nommer d’une autre façon ce trouble du neuro-développement.
_ « [...] Shanaé aussi préférait que celle-ci renonce à ses projets mortifères. »
> Question de goût, mais aurais plutôt utilisé le verbe tenir: « Shanaé aussi tenait à ce que celle-ci renonce à ses projets [...] ».

*Petit point ponctuation / coquillette ^^ (fort possible que j’en oublie) :
- Il manque à plusieurs reprise la virgule après le « mais » et à l’inverse il ne faut généralement pas de virgule après le « et »
> Par ex « Elle voulu crier mais aucun son ne sortit. » ou « Neige aussi était là, et lui léchait la main »
- « un épais buisson pleins de mûres et d’épines » > pas de s à plein (adverbe ici donc invariable)
- « Elle voulu franchir » / « Elle voulu crier » / « Elle reconnu le visage » > T à la fin
- « après le couché du soleil » > er à la fin
- « Aujourd’hui les choses avaient bien changées » > changé
- « ni ce qui vous arrives » > pas de s

Cette seconde partie est tout aussi intéressante. Hâte de découvrir la suite et de savoir ce que Zéphyr dissimule :)
Saskia
Posté le 17/05/2023
Merci Milia pour ce second commentaire très utile !

Effectivement « passa » semble plus approprié.

En fait j'avais pas mal réfléchi à l'éventualité de donner des noms alternatifs aux différents diagnostics qui seront mentionnés dans cette histoire. Mais comme je n'ai rien trouvé de vraiment satisfaisant, j'ai fini par me résoudre à utiliser les vrais mots, faute de mieux. Je comprends que ça puisse paraitre étrange dans un monde de fantasy... Moi-même je ne suis pas convaincue à 100% que ça fonctionne et ça reste susceptible de changer si je trouve une meilleure idée. Mais en attendant j'ai quand même besoin de nommer les choses. Il faut savoir aussi qu'une psychiatre va avoir un rôle dans l'histoire et que j'ai imaginé qu'elle avait des connaissances en santé mentale assez proches de ce qu'on connait nous dans le monde réel.

Globalement mon univers a aussi d'autres aspects plus modernes que ce à quoi on pourrait s'attendre dans un récit de fantasy (même s'ils n'en sont pas au stade d'avoir internet et des téléphones portables, faut pas exagérer xD). Par exemple, les appareils photos existent et la police ainsi que certains criminels possèdent des armes à feu, bien que ce soit encore une invention très récente et peu répandue. Les Sentinelles, eux, privilégient la maitrise de la magie et de leur épée parce que c'est plus adapté à leurs besoins, mais ça ne veut pas dire qu'ils vivent à une époque antique.

Je pense que je devrais peut-être rajouter quelques lignes dans ce chapitre 1 où je mentionne l'existence des armes à feu. A l'heure actuelle je ne commence à en parler qu'au chapitre 4 et c'est bien trop loin... En parler plus tôt pourrait aider les lecteurs à mieux situer l'époque, et peut-être mieux faire passer l'emploi du mot autisme. Faudrait que j'y réfléchisse.

Merci d'avoir relevées mes fautes d'orthographes et de m'avoir signalé cette histoire de virgules mal placées !

Je posterai la suite la semaine prochaine ^^
Vous lisez