Mélanie augmenta légèrement le volume de la musique d’ambiance qui emplit la pièce de quiétude. Elle me fit un signe : le moment était venu. Elle prit un flacon d’huile et en versa directement quelques gouttes sur le dos de Pascal. Je me plaçai à côté d’elle et la laissai commencer. Elle plaça ses mains sur le grand dorsal et appuya un instant sans bouger. Puis ses mimines glissèrent en direction des trapèzes, étalant l’huile tout en massant. Au bout de quelques gestes lascifs, un regard m’invita à prendre le relai. Je la remplaçai et enchainai les mouvements appris trois jours plus tôt. Je m’attardai sur les trapèzes que, malgré mon inexpérience, je sentais contractés, puis passai le long de la colonne vertébrale, sans oublier de toujours faire glisser mes mains, et de préciser mes appuis afin de trouver le juste milieu entre caresse et massage. Après être descendue jusqu’aux petits fessiers, je remontai voluptueusement vers les épaules pour arriver sur la nuque, croisant mes mains sur le trajet pour imprimer des mouvements circulaires. Puis je recommençai, encore et encore, variant les intensités de mes appuis, les positions de mes mains, pour que des gestes identiques produisissent des sensations différentes.
C’était plus physique que je ne l’avais imaginé. Mélanie rajouta un peu d’huile de temps en temps. Constatant que je m’en sortais très bien, elle entama la discussion avec Pascal. Visiblement à l’aise, celui-ci parla de son travail, comme si son interlocutrice avait été une collègue de bureau. La situation avait quelque chose d’incongru, mais ce dialogue entre eux me permit de me concentrer. Quand il me sembla que le dos de mon premier client avait eu son lot de papouilles, je passai devant la table, afin de procéder au massage du crâne et du cuir chevelu. Entre deux réponses aux questions que Mélanie lui posait, j’entendis tout à coup une phrase qui me concernait.
-Lola, cette vision sur vos jambes juste en face de moi est un enchantement. C’est sûrement un compliment que vous devez entendre souvent, mais elles sont d’une beauté incroyable.
Cela eût le mérite de m’amuser. Mélanie avait lu la scène parfaitement à l’avance. Je lui jetai un regard, elle m’adressa un clin d’œil.
-C’est en tout cas toujours agréable à entendre, répondais-je avec un mélange d’à-propos et de sincérité.
Mélanie dut estimer que ce compliment était le bon moment pour confirmer à son auteur qu’il n’était pas dans un salon Yves Rocher. Elle me fit un geste m’incitant à me pencher en avant. Je vis où elle voulait en venir. J’enduisis mes doigts d’huile, me rapprochai de la table en collant mon ventre contre le haut du crâne de Pascal, puis me penchai en avant pour que mes mains pussent glisser le plus loin possible. Ma poitrine s’écrasa quelque part sur son corps, à travers mon chemisier, tandis que je me plaquai et m’étirai pour atteindre le bas du dos. Pascal s’était tu. Mélanie me fit quelques gestes, sans bruit, pour m’indiquer le chemin à prendre, mais j’avais compris. Ma main droite fit un quart de tour sur elle-même et se mit sur la tranche pour glisser entre les deux fesses de Pascal. Avant même que j’en m’en fusse aperçu, mes doigts ressortirent de ce corridor pour tomber en toute logique sur son pénis qu’il avait à dessein positionné dans le prolongement de ce premier itinéraire sensuel. Je ne m’attardai pas mais la symétrie du corps humain exigeait que ma main gauche copiât la droite, ce qu’elle fit. Je regardai Mélanie qui dessinait un rond avec son index et son pouce comme pour me dire « t’es une championne ». Quand les doigts de ma main gauche rencontrèrent à leur tour le pénis bienheureux, le constat de son brusque changement de volume me signifia que Mélanie n’était pas la seule à trouver que je m’en sortais très bien…
Visiblement attentive aux détails importants, Mélanie me fit un « wahouu » silencieux en écarquillant les yeux. Apparemment, le changement de morphologie pénienne était visible à l’œil nu de là où elle se situait. A mon grand étonnement, ce premier pas coquin dans le massage me mit plus à l’aise. Je commençais à comprendre ce que Mélanie avait tenté de m’expliquer : j’étais en train de prendre le pouvoir.
-Tout va bien, Pascal, dis-je d’une voix mielleuse que je peinai à reconnaître ?
-C’est absolument parfait.
Contente de mon effet, je me penchai à nouveau vers l’avant et reproduisis le mouvement qui venait de me faire basculer du côté obscur de la concupiscence. Ma main droite glissa comme un surfeur sur sa vague, et en passant dans les gorges du Verdon, je me surpris à appuyer doucement sur un endroit souvent tabou pour les hommes. Pascal accusa un léger frissonnement. La routine bien huilée à laquelle Mélanie avait habitué Pascal, portait aujourd’hui un prénom différent. J’imprimai ma façon de faire, je prenais possession du moment, et je me surprenais à apprécier ce pouvoir qui s’offrait à moi. Mes doigts rencontrèrent une troisième fois le sexe gonflé, et je ralentis pour que son propriétaire ait le temps de sentir leur légère pression. A mi-chemin de la hampe, je me pris pour Cruella et crispai légèrement mes phalanges pour que le contact ne se fasse plus qu’avec mes ongles, mais tout en douceur, comme une griffure charnelle. De nouveaux frissons parcoururent l’homme comblé que je tenais entre mes mains, dont la gauche entama le même trajet que sa grande sœur qui venait de la précéder. Elle fit les mêmes merveilleux dégâts au passage des zones sensibles et laissa Pascal allongé sur la béquille.
Souffler le chaud et le froid étant en substance ce que j’avais retenu des conseils de ma professeure, je décidai de laisser redescendre l’homme nu de son petit nuage lubrique, et le massage reprit un cours plus convenable. Je contournai la table afin de lui masser pieds et jambes, non sans avoir jeté un regard ravi sur l’état des choses telles que je les avais momentanément laissées. Mélanie reprit elle aussi sa discussion avec le cobaye du jour, tout en vérifiant que j’étais une bonne élève. L’horloge tournait, et le moment approchait d’inviter Pascal à se retourner.
Quand il fut arrivé, Mélanie intervint et me glissa à l’oreille « on va le mettre côté pile, réchauffe-le un peu ». Le ton espiègle de sa voix valait tous les conseils libertins. Je commençai par souffler légèrement sur le creux des reins de Pascal. L’évaporation de l’huile résiduelle correspond à un changement d’état de la matière, ce qui physiquement nécessite de la chaleur. Je savais par conséquent que celle-ci serait puisée sur le corps du concerné qui ressentirait une sensation de fraicheur qui, à cet endroit, ne pouvait qu’être plaisante. Comme pour confirmer que les sciences physiques ne se trompent jamais, Pascal frissonna à nouveau. J’accompagnai ces légers tremblements en utilisant mes ongles, comme je l’avais fait quelques minutes plus tôt, mais cette-fois ci sur tout son dos, ses fesses, et l’intérieur de ses cuisses, que je parcourrai nonchalamment en luxurieuses sinusoïdes de douceur griffue. Un son s’échappa de sa bouche, qui ressemblait à un gémissement. Ma main libre se posa simplement sur son sexe, juste pour créer le contact, se rappeler à la fois à son bon et récent souvenir, tout en faisant valoir un exaltant sens du teasing. Ce dernier geste acheva de transformer sa demi-molle en magnifique érection et Mélanie l’invita à se retourner, avec une petite voix emplie d’une tendresse qui n’était pas sans évoquer les paroles bienveillantes d’une mère réveillant son enfant. Je me fis la réflexion que, bien plus qu’à l’école de la kinésithérapie, j’étais à celle du théâtre.
Pascal se redressa, se tourna, et se laissa choir sur le dos. De l’homme charismatique entré une demi-heure auparavant dans cette pièce désormais surchauffée, ne restait qu’un garçon en érection, dont le regard tout à coup moins assuré semblait hésiter entre la fierté de dresser ainsi sa virilité, et la conscience aigüe de la fragilité de sa situation.
J’enfonçai le clou, en fixant de mes yeux bleus la preuve du trouble qui était le sien.
-Je vois que vous continuez d’apprécier la séance.
-Je ne peux plus rien vous cacher, Lola…
Il restait à l’horloge vingt minutes de massage, dont presque la moitié devait être consacrée à la fameuse finition. J’eus donc seulement le temps de masser ses épaules, puis son torse et son ventre, ce qui fit regrimper son sexe vers le haut après une courte période d’accalmie, sous le regard amusé de Mélanie qui se prenait au jeu de la maîtresse d’école avec délectation. Quand j’arrivai à la fin, c’est-à-dire aux étirements des jambes et au massage des pieds, Mélanie me fit la démonstration du parfait emboitement « nez-poitrine » dont elle m’avait vanté les mérites trois jours auparavant, en oubliant que nos morphologies respectives ne nous permettent pas les mêmes divertissements. La partie de ses seins qui dépassait du débardeur s’écrasa sur le visage hautement consentant de Pascal, dont je me demandai s’il n’allait pas en gober un au passage, puis caressa son nez, sa bouche, son menton… pendant que l’air de rien, les mains de Mélanie glissèrent vers le pénis dressé, et le rabattirent tendrement contre son ventre dans un étirement qui fit sursauter le mâle torturé, scellé à son donjon. Pendant l’acte annonciateur du réchauffement climatique qui allait suivre, Mélanie m’avait envoyé un regard que je sus interpréter. Partant du pôle opposé, mes mains firent le trajet vers le haut pour rejoindre les siennes, et les remplacèrent pour rediriger le pauvre pénis martyrisé dans la position dont il venait d’être délogé, créant un deuxième étirement qui non seulement arracha cette fois-ci à son propriétaire un vrai gémissement, mais fit durcir encore davantage les corps caverneux déjà irrigués de désir.
Mélanie se plaça à la hauteur du pubis et m’invita à en faire autant, de l’autre côté de la table. Elle fit couler de l’huile directement sur la raideur désormais au centre de notre attention. D’un geste alerte elle décalotta le pénis dont le gland jaillit, luisant de sécrétions annonciatrices de bonheur masculin, aussi sûrement que la carrosserie d’une voiture de collection fraîchement passée au polish. Ce qui suivit se passa vite, et ce n’est qu’après coup, une fois Pascal reparti délesté de quelques centimètres cube, que j’en réaliserais vraiment la teneur.
Mélanie encercla la hampe du sexe d’une main enveloppante. De l’autre, elle mit ses doigts en « bec d’oiseau » et les fit descendre sur le gland. Ils se posèrent autour du méat, et alors le bec s’ouvrit et s’enroula autour des millions de terminaisons nerveuses du petit chapeau, subitement devenu rouge vif. Pascal se contracta dans un premier spasme de plaisir. C’était à mon tour. Je pris ce sexe dans ma main gauche, et le sentis palpiter. J’avais l’impression de tenir un être vivant et d’en avoir la responsabilité. Ma main droite imita le bec d’oiseau. Mélanie acquiesça. Je descendis sur le gland dégoulinant. Il était chaud et infiniment glissant. Mes doigts trouvèrent spontanément le bon chemin, s’enroulant tel un serpent, pour en faire le tour complet. Un nouveau gémissement couvrit la musique d’ambiance dont la zénitude paraissait désormais totalement hors de propos. Mélanie reprit les rennes, entre autres. Sa main gauche alla masser les testicules, pendant que son index droit caressait le frein. Puis son pouce le remplaça, pour permettre aux autres doigts de se rabattre à nouveau sur le gland, comme un prépuce qu’on aurait voulu replacer. Ils coulissèrent dans une glissade nonchalante et Pascal se tordit de plaisir en râlant. Je décalquai à mon tour la pirouette érotique. J’avais déjà pratiqué des jeux coquins et sensuels avec mes anciens petits amis et je savais à quel point le gland est un point ultra-sensible, capable de déclencher des sensations tellement fortes que la frontière entre plaisir intense et douleur devient poreuse. Je procédai donc avec la plus infinie délicatesse pour que le contact entre ma main et les derniers centimètres du phallus cramoisi s’apparentât à de la caresse. Cette fois-ci c’est un mot, qui s’extirpa en hoquetant de la bouche du supplicié.
-Mmmh Lolaaaa…
So slide over here
And give me a moment
Your moves are so raw
I’ve got to let you know
Mélanie me fit comprendre d’un geste de calmer le jeu. Il faut savoir aussi faire durer le plaisir. Je desserrai mon étreinte sur les bourses et sur la fleur en haut de la tige. Je me souvins du laïus de Mélanie sur l’importance du verbe. Je pris ma voix de nymphomane et osai le tutoiement pornographique.
-Oh Pascal, tu sens comme c’est bon ? Tu sens monter ton plaisir ?
-Vous me rendez dingue, les filles, répondit-il en haletant.
Mélanie reprit la direction des opérations. Elle plaça ses mains, ouvertes, de part et d’autre d’un sexe qui semblait avoir encore gagné un ou deux centimètres tant il s’étirait vers le haut avec vigueur. Ses paumes vinrent l’étreindre en étau et, sans les refermer, elle imprima des mouvements de rotation. La peau du sexe coulissa sur toute la longueur de cette rigidité, entrainée par Mélanie qui induisait une masturbation du gland et de toute la hampe. Le souffle de Pascal s’accéléra et ses mains agrippèrent le bord de la table. Je remplaçai Mélanie dans la continuité du mouvement.
-C’est moi, Pascal. C’est moi qui vais te faire jouir. Lola. Ça va venir. Viens pour moi.
-Oh oui Lola, je veux que ce soit toi.
Les mots étaient sortis de sa bouche de façon désordonnée, sans intonation, comme un dernier appel à l’aide essoufflé avant une noyade imminente.
Mélanie voulut me montrer un quatrième mouvement. Je la regardai, décidée.
-Laisse faire.
Elle sourit.
Et me laissa faire.
Je fermai ma main gauche tout autour du pénis qui était devenu mon jouet pour encore quelques secondes. Nos deux organes luisaient, glissaient et dansaient un même ballet dont j’imprimais la chorégraphie. Pascal se contenta d’en être le spectateur, totalement à la merci de mon choix artistique de metteure en scène. Il avait ouvert les yeux et me regardait. Tout en lui souriant, je fis tourner mon index droit autour du méat urinaire en cercles concentriques de rayons croissants. Sa bouche se crispa mais il soutint mon regard. Je savais que jouir par moi, en me regardant dans les yeux en décider les circonstances était le plus abouti des fantasmes de soumission, et qu’il y avait une part inconsciente de Pascal qui était aussi venue chercher un tel moment. Mélanie n’avait eu que partiellement raison. Le verbe est important. Mais le regard est d’une incomparable puissance érotique. Je ne prononçai plus un mot. Les expressions de nos yeux parlaient bien mieux. Ma main gauche massa la totalité de la verge en rut, testicules compris. La droite en masturba le gland dans ce glissement insoutenable. Pascal crispa tous ses muscles par réflexe et son corps entier se fit raideur, comme si le sperme allait jaillir par tous les pores de sa peau. Je sentis, sous la finesse de mes doigts, la tige de feu palpiter, comme si elle était en train de prendre vie et de gagner son autonomie. Je continuai mes gestes inexorablement. Son gland, d’un rouge profond, était comme un ballon de baudruche que l’on aurait exagérément gonflé, et le méat s’était entrouvert en une fissure sombre, tel le cratère d’un volcan avant l’éruption. Ma main droite fit un vif mouvement vers le haut et recouvrit entièrement le gland, glissant dessus, le caressant un instant, par surprise. Puis elle redescendit en tirant la peau vers le bas. Je lus dans le regard de Pascal, que je soutenais toujours en lui souriant, que le Kâma-Sûtra entier ne suffirait jamais à assouvir l’immensité de ce qu’il avait envie de me faire à cet instant précis où une giclée de semence blanchâtre alla s’écraser sur son ventre dans une parabole indécise. Un deuxième jet partit, moins loin, et coula sur mes mains qui, sans totalement arrêter leur manège enchanté, en avaient ralenti le moteur diabolique. J’arrêtai alors tout mouvement, de peur que l’auteur de cette éjaculation salvatrice ne fît un AVC dans la foulée. Un troisième geyser de sperme sortit du pénis qui mollissait déjà dans ma main, et vint suivre le sillon tracé par son prédécesseur. Pour dire les choses crûment, j’en avais plein les doigts.
Pascal relâcha tous ses muscles et resta avachi sur la table de massage. Son orgasme m’avait mise dans une sorte d’état second, et le retour à la réalité s’imposa à moi aussi. Mon premier réflexe fut hygiénique : Mélanie l’avait d’ailleurs anticipé car elle me tendit deux mouchoirs en papier. Pendant que je m’essuyais, elle effaça les traces de l’éjaculation du ventre de Pascal et m’accompagna à la salle de bains où elle jeta les kleenex en me laissant me laver et me rincer abondamment les mains. Nous retournâmes voir Pascal, qui était en sueur. Il faut dire que Mélanie avait vraiment mis le chauffage à fond. J’étais moi-même en nage. Je renouai le contact.
-Tout va bien Pascal ?
-Lola, vous êtes incroyable.
Je lui adressai un clin d’œil.
-Je sais, je sais.
-Alessia tu es une prof remarquable. Et tu peux être fière de ton élève.
-Mmmh oui elle s’en tire pas mal.
-Bon je vais retourner prendre une douche, je crois que ça ne sera pas du luxe.
-Tu connais le chemin.
Pascal disparut à la salle de bains. Je me précipitai sur le radiateur électrique pour baisser le thermostat.
-Tu veux nous faire crever avec une telle chaleur ?
-Je crois que tu as davantage réchauffé la pièce que le radiateur, miss gambettes.
-…
-Au fait, t’as gardé des forces ? Parce que Nicolas, lui, adore les body body !
I’ve got to let you know
You’re one of my kind
I need you tonight
‘Cause I’m not sleeping
There something about you girl
That makes me sweat
Lorsque j'ai lu « Ce qui suivit se passa vite », qui sort totalement du flot temporel, j'ai cru que tu allais nous priver de la scène. Puis je me suis dit que c'est un effet sympathique de frustration du lecteur, j'aime beaucoup !