5 - Les filles de Terce
Abzal
Mais où se trouvait donc cette pourriture de Bréol ? Le régent l’avait cherché partout dans le château depuis la veille, en vain. Lui qui surgissait à tout instant dans ses pieds lorsqu’il ne demandait qu’à l’éviter, voici qu’il s’évanouissait mystérieusement au seul moment où il voulait lui mettre la main dessus ! Il allait revenir au cabinet royal, le grand prévôt finirait sûrement par y faire irruption sans frapper, comme il en avait pris l’habitude.
Lorsqu’il y entra, il trouva justement Bréol en train de farfouiller sans scrupule dans les parchemins posés sur la table. Il jeta à Abzal un regard qui le mettait au défi de protester.
Tu as mal évalué ton moment, la fouine, pensa le régent qui laissa volontairement l’onde de colère qui le taraudait depuis la veille se déverser jusqu’à ses membres.
À la stupéfaction du petit homme, il fonça sur lui à grands pas jusqu’à distinguer chaque veinule de ses globes oculaires et le toisa des dix pouces dont il le dépassait.
– Cette fois, vous êtes allé trop loin, Bréol. Vous ne pouvez pas arrêter Dame Renaude.
Le grand prévôt recula et mit à profit ce répit pour recouvrer ses airs supérieurs.
– Ah ! La vieille nourrice. Je reviens justement de la prison du fleuve où je me suis assuré de sa bonne… installation.
– Faites-la immédiatement relâcher, intima Abzal entre ses dents serrées.
– Allons, Seigneur, prenez garde. Vous vous laissez submerger par vos émotions : si j’étais moins indulgent, je jurerais que vous me donnez des ordres. Vous et moi, nous n’avons pourtant pas l’habitude de travailler ainsi. Trouvons plutôt un arrangement.
Les poings contractés, Abzal comprit au sourire triomphant de l’autre qu’il avait déjà perdu. Bréol jubilait. Il fouilla à nouveau parmi les feuillets empilés sur la table, puis finit par extraire un document qui s’enroula sur lui-même lorsqu’il le brandit sous le nez de son interlocuteur.
– Pouvons-nous reparler de ceci ?
– Non ! s’écria Abzal. Vous savez très bien ce que je pense de ce projet !
Bréol laissa retomber son bras tandis que son sourire s’effaçait. Son petit jeu de négociation ne l’amusait apparemment plus.
– Oui, vous ne m’avez pas épargné votre opinion, en effet. Cependant, j’ai besoin de votre sceau et de votre présence par la suite. Si vous ne montrez pas que la décision vient de vous, cette fois, nous risquons des émeutes.
Abzal songea aux visions qui l’assaillaient sans cesse. La capitale en feu, les cadavres jonchant les rues, les hurlements… Était-ce un avenir proche ? Terce brisant ses fers ? Dans le sang, certes, mais peut-être fallait-il en passer par là ? Puis il baissa les yeux. Quel naïf il faisait : l’armée de Terce pouvait mater n’importe quelle révolte.
Ce signe de reddition galvanisa l’autre qui lui écrasa presque le parchemin sur le visage.
– Alors c’est à vous de choisir. Soit vous signez ce décret, soit la vieille Laitière d’Einold pourrira dans sa geôle jusqu’à ce qu’elle en crève, cracha-t-il.
Une lueur démente brillait à présent dans son œil. Un frisson glacé parcourut le dos d’Abzal : comme il le soupçonnait déjà, ce n’était plus le petit ministre froid et calculateur qui se tenait devant lui, c’était un homme à qui le pouvoir ôtait peu à peu la raison. Et quand la folie l’aurait emporté complètement, de quoi serait-il capable ? À qui s’en prendrait-il ? Comme il hésitait encore, Bréol confirma ses inquiétudes, la bouche pincée par le mépris :
– Vous mettez en danger ceux à qui vous tenez en vous opposant à moi, vous en rendez-vous compte ?
La main tremblante, Abzal saisit le rouleau, puis l’étala sur la table pour le relire. Comme la première fois, le texte lui donna la nausée. Et encore, il ne connaissait que la partie apparente du projet. Pourtant, il devait protéger ses proches. Renaude devait rentrer aux Cimiantes.
Cependant, au moment de signer, il suspendit son geste.
– Épargnerez-vous les demoiselles de Hénan ? Je… je vous en prie, murmura-t-il sans lever les yeux du décret.
Bréol éclata d’un rire gras.
– Ah ! Je vois que vous savez miser sur l’avenir ! Vos maîtresses ont vieilli ? Vous voulez renouveler votre cheptel ? C’est vrai que ça les calmerait peut-être, ces jeunes oiselles, qui se pavanent dans le château avec leurs grands airs outrés !
Comme le régent ne répondait pas, il reprit son sérieux et poursuivit d’une mine gourmande :
– Rassurez-vous, elles ne craignent rien. J’ai moi-même d’excellentes raisons de les garder sous la main. Nous trouverons comment corriger leur mauvaise éducation.
L’insinuation fit monter un goût amer dans la bouche d’Abzal. Que leur voulait-il ? Il n’avait cependant pas le choix ; il prit le temps d’assurer ses doigts tremblants sur la plume, puis apposa sa signature et son sceau.
– Envoyez chercher Dame Renaude, maintenant, ordonna-t-il en tendant le parchemin à Bréol avec un dégoût ostensible.
– Pas tout de suite, répondit l’autre en souriant. Je préfère attendre la fin des aménagements et l’annonce du décret, pour vous ôter la tentation de vous dédire.
Des coups à la porte empêchèrent Abzal de répliquer. Le vieil intendant entra :
– Seigneurs, j’ai pris l’initiative de porter deux nouvelles à votre connaissance. D’abord, il semblerait qu’Iselmar de Lans ait disparu. Et surtout, le prince Themerid est réveillé.
Abzal fit un pas en avant, puis se figea. Derrière lui, Bréol envoya sa dernière pique :
– Vous pensez vraiment qu’il voudra vous voir ?
Le régent quitta la pièce sans se retourner.
***
Elvire
Au détriment de la précision, Elvire abattit sa lame de bois une dizaine de fois sur le mannequin pour passer sa mauvaise humeur. Le commandant des pélégris de Terce ne s’était pas montré à l’entraînement… Justement le jour où sa curiosité l’avait emporté sur son indulgence. Depuis plus d’une lune qu’ils s’exerçaient ensemble, elle ne lui avait posé aucune question. Il était si providentiel, ce maître d’armes tombé du ciel, qu’elle n’avait pas voulu risquer de le contrarier. Jusqu’à ce qu’elle le croise dans la tour de la Lune, quelques instants avant que Themerid émerge de sa léthargie.
Elvire ne pouvait croire qu’Iselmar ait réussi ce miracle avant de s’évanouir dans la nature. Toujours friand de pouvoir et de reconnaissance, le guérisseur n’aurait certainement pas laissé passer l’opportunité d’être considéré comme le sauveur du prince. Si ce n’était pas lui, alors pourquoi pas le commandant ? Après tout, elle ne savait rien de cet Érudit si courtois. Peut-être avait-il des connaissances en médecine ? Malheureusement, son absence la laisserait sur sa frustration. Pour le moment du moins, car à la première occasion, il ne perdrait rien pour attendre. Elle en profiterait pour lui demander enfin son nom. Elle remit son épée au râtelier, puis quitta la salle d’armes.
Dans ses appartements, elle se hâta de se changer pour rejoindre la chambre des princes. Pour la première fois depuis longtemps, cette perspective lui tira un sourire : il ne s’agissait plus de veiller un corps inerte ! Même faible, Themerid était réveillé ! Il réagissait, il parlait, il écoutait ! Pour l’occasion, elle choisit une tunique gris perle brodée de fleurs noir et argent qui rehaussait le vert de ses yeux — d’après sa mère. Elle ne s’était jamais préoccupée de toilettes, mais elle avait envie de donner à ce jour un petit air de fête. Cela ferait peut-être jaser la servante qui veillait Themerid, mais tant pis. Peu lui importait ce qu’on disait sur elle.
Ce n’était pourtant pas la jeune domestique qui se tenait auprès du garçon. Depuis le seuil, Elvire reconnut le régent au pied du lit. Les doigts serrés sur le bois sculpté, le dos voûté, il contemplait Themerid endormi. Sans savoir qu’il était observé, il décrispa ses mains puis marcha lentement vers la chaise sur laquelle Elvire avait passé tant d’heures. Fallait-il qu’elle se signale ? Risquait-il de lui faire du mal ? Alors que la jeune fille hésitait, Abzal esquissa un geste vers le visage du prince, mais suspendit sa main avant de le toucher. Il termina sa caresse dans le vide, puis laissa retomber son bras.
– Fais attention à toi, Themerid… prononça-t-il doucement. Peut-être aurait-il mieux valu que tu ne te réveilles pas.
Elvire recula silencieusement, le cœur battant. Était-ce une mise en garde ou une menace ? Quoi qu’il en soit, elle préférait qu’Abzal ignore qu’elle avait entendu. Elle claqua la porte de l’antichambre pour s’annoncer, puis mima la surprise à la vue du régent qui s’éloigna aussitôt du prince en redressant les épaules.
– Vous êtes bien jolie, demoiselle Elvire, lança-t-il sur un ton enjoué en s’inclinant devant elle. Vos quinze ans vous vont à merveille ! Vous les aurez dans quelques jours, n’est-ce pas ?
– Dans un peu plus d’une lune, Seigneur, rectifia la jeune fille déconcertée. C’est Flore qui aura seize ans dans dix jours.
Abzal se troubla, puis saisit la main d’Elvire dans un geste nerveux.
– Je vous en prie, souffla-t-il, restez bien aux Cimiantes. Toutes les deux.
– D’accord, répondit-elle, de plus en plus perplexe. Je veux dire… nous n’avons pas tellement le choix.
– Tant mieux, tant mieux…
– Seigneur, avez-vous des nouvelles de Dame Renaude ?
Laissant tomber sa main, le régent grimaça un sourire crispé.
– Elle sera de retour très bientôt, j’y ai veillé, dit-il avant de sortir, le rouge aux joues.
Le soulagement balaya momentanément le malaise d’Elvire, mais en prenant place au chevet de Themerid, elle se demanda qui était le régent. Restait-il en lui un peu du jeune homme enjoué dont le rire emplissait autrefois Arc-Ansange derrière le tyran contre lequel le peuple commençait à gronder ?
***
Flore
– La voie est libre, Demoiselle. Nous pouvons sortir.
Enfin ! Dix jours avaient passé depuis que Themerid s’était réveillé. Dix jours pendant lesquels Flore avait renoncé à quitter le château pour relayer Elvire auprès de lui. En réalité, elle les veillait autant l’un que l’autre : sa sœur l’avait beaucoup inquiétée. Heureusement, le retour à la vie du prince, même timide — il dormait encore presque tout le temps et il était trop faible pour se lever, sans parler du choc qu’il avait subi en se réveillant sans Venzald — avait rendu son habituelle pugnacité à la cadette. Flore, n’y tenant plus, avait décidé de sortir de l’enceinte des Cimiantes. Après tout, elle avait seize ans le lendemain, elle pouvait bien s’offrir un petit cadeau.
Johan se faufila hors du passage, puis retint le battant délabré pour Flore qui émergea à son tour derrière le puits. Cette vieille porte, fondue dans la pénombre d’un renfoncement à l’extrémité d’une ruelle proche des remparts, dissimulait l’entrée d’un passage qui reliait les sous-sols du château à l’extérieur. Probablement creusé des siècles auparavant pour acheminer de l’eau vers les cuisines royales, le souterrain avait l’avantage de s’être laissé oublier, sauf d’une poignée de jeunes domestiques — dont Johan — qui l’avaient redécouvert récemment. Il permettait depuis quelques lunes à Flore de sortir de l’enceinte des remparts malgré l’interdiction d’Abzal.
Comme à chacune de ses expéditions, la première bouffée d’air lui procura une joie intense mêlée de rage. Elle brisait ses chaînes. Sous ses traits angéliques, Flore de Hénan était plus forte que toute l’armée du Haut-Savoir et elle ne laisserait personne la priver de liberté. Puis, un coup d’œil au profil anxieux de Johan calmait bien vite ses fantasmes de toute-puissance. Elle avait beau tenter de se persuader du contraire, écouter le jeune valet lui assurer que le sort des bouchevreux et celui du royaume lui importaient autant qu’à elle, nul doute que c’était surtout pour elle qu’il prenait tous ces risques. Elle ne l’avait jamais forcé, mais pour être tout à fait honnête, elle ne l’avait pas découragé non plus.
Ils avaient décidé — au hasard, comme depuis le début, malheureusement — de mener leurs recherches du jour dans le faubourg des lavoirs. Tandis qu’ils descendaient vers le fleuve, Flore calait sa démarche sur celle de son compagnon. Un jour, les joues rougies par son audace, il lui avait confié que personne ne pouvait la prendre pour un garçon.
– Même dans cette tenue, avait-il soufflé en désignant le bouffetin brun, la chemise ample qui dissimulait ses petits seins et la veste d’homme, même avec les cheveux coincés dans votre chapeau, vos mouvements sont trop… gracieux.
Il avait marmonné autre chose à propos de la finesse de ses mains et de son cou délicat avant de baisser les yeux sur le bout de ses bottillons. Depuis, elle portait des gants, un foulard et elle avait pris l’habitude d’observer ses gestes pour l’imiter. Cette fois, il lui rendit son regard en souriant.
– Vous avez l’air contente, Demoiselle. Vous ne pouvez pas rester enfermée longtemps, n’est-ce pas ?
Elle haussa les épaules en rosissant. Elle devait éviter de parler pour ne pas être trahie par sa voix, ce qui lui donnait une excuse pour ne pas répondre. Ainsi, Johan n’était pas dupe : il savait qu’elle n’agissait pas seulement par devoir. Il la regardait encore ; ses yeux brillaient sous les mèches brunes qui bouclaient sur son front. Quand ils parcouraient les rues tous les deux, son visage perdait toute trace de la servilité qu’il affichait au château. Il souriait d’un sourire franc qui creusait une fossette dans sa joue glabre. Ils franchirent un carrefour animé où la foule les contraignit à avancer serrés l’un contre l’autre ; Flore remarqua que la respiration du jeune homme accélérait. Lorsqu’il la saisit par les épaules pour l’éloigner d’une charrette, elle se retrouva contre lui et sentit jouer les muscles de son torse. Elle s’écarta dans un frisson avant de reprendre sa marche. Leurs regards ne se croisèrent plus jusqu’à ce qu’ils dépassent les portes de la ville.
En contrebas, la Carenfère réchauffait paresseusement ses eaux sous le soleil d’automne. Sur la rive en pente douce, le décor différait en tout point du quartier adjacent, de l’autre côté des remparts : à première vue, les draps étendus partout éclipsaient le délabrement et la misère. À mieux y regarder, les allées de terre étaient creusées de rigoles entre les masures de planches défraîchies. Le faubourg des lavoirs était l’endroit le plus pauvre de Terce, habité presque uniquement par des femmes, veuves ou orphelines, qui n’assuraient leur subsistance qu’en blanchissant le linge des beaux quartiers, quelle que soit la saison. Flore eut honte de ses émois futiles devant le spectacle des corps prématurément usés, des mains pelées par l’eau et le savon. Des travailleuses au dos voûté traînaient de lourds paniers qu’il fallait livrer jusqu’aux hauteurs de la ville pour la promesse de quelques pions d’étain. Plus loin, sur la berge, des silhouettes agenouillées au bord des bassins-lavoirs se courbaient, frottaient, trempaient, battaient inlassablement des chemises de draps fins dont le prix pourrait les faire vivre pendant trois lunes. Accroupis sur les seuils des cabanes, des enfants attendaient, visage grave, immobiles. Qu’attendaient-ils ? Le retour de leur mère ? Le maigre repas du soir ? Mangeraient-ils, seulement ?
Plus encore que la souffrance qui se peignait sur les corps, c’était le silence qui bouleversait Flore ; ces gens n’avaient même plus la force de se plaindre.
– Nous n’aurions pas dû venir, murmura Johan. Il n’y a aucune cachette possible, ici. Nous ne trouverons pas de bouchevreux.
Flore hocha la tête, mais ne put s’arracher au spectacle désolant.
– Demoiselle, partons, la pressa le jeune homme. J’ai peur que nous ne puissions pas faire grand-chose.
Ils s’éloignèrent à pas lourds. Flore glissa dans la main d’une petite fille les deux pions qu’elle avait trouvés dans sa poche, mais son geste lui parut dérisoire. Ils approchaient des remparts lorsqu’un roulement de tambour se fit entendre. À une vitesse à peine croyable, les femmes rentrèrent dans leurs maisons respectives pour ne pas être prises dehors, sans accompagnateur masculin. Ici plus que partout ailleurs, cette loi était ridicule, mais la prévôté n’accordait pas de dérogation. Cinq pélégris à cheval passèrent la porte de Correuse. Ils rejoignirent au trot la petite esplanade qui marquait le centre du faubourg en soulevant des gerbes de boue. Là, quatre d’entre eux se postèrent en carré tandis que le crieur déroulait un parchemin. Suivie par Johan, Flore se rapprocha en baissant son chapeau sur ses yeux.
– Par décret du régent le seigneur Abzal Kellwin, tonna la voix du cavalier à travers son masque, les filles de treize à dix-sept ans devront se présenter à partir de demain à la porte d’Avrin. Leur éducation sera désormais prise en charge par le royaume. Toute fuite ou désobéissance sera passible d’emprisonnement pour les sujets concernés et leurs familles.
Des exclamations horrifiées accueillirent l’annonce. Tout autour de la place qui s’était couverte de monde, des mères avaient agrippé leurs filles. Les bras s’entrelaçaient, les corps se soudaient, les mains se crochetaient les unes aux autres en un dérisoire instinct de défense. Au milieu des sanglots convulsifs qui agitaient le public, un cri s’éleva :
– Vous ne nous aviez pas encore assez pris ?
Une vieille femme non loin de Flore sortit de la foule en brandissant le poing.
– Nos plumes, nos métiers, le moindre pas à l’extérieur… tout ce qui nous permettait de survivre !
— Silence ! aboya l’un des pélégris.
– Maintenant vous voulez nous enlever nos enfants ?
Autour d’elle, l’assistance essuyait ses larmes et se tournait vers les soldats. Bientôt, la foule avança vers les cavaliers, désarmée mais nombreuse. Johan tira le bras de Flore vers l’arrière, elle résista. Elle n’aspirait qu’à se joindre aux protestataires. Des cris fusaient de toute part, à présent :
– Jamais !
– Ne touchez pas à nos filles !
– Laissez-nous vivre !
– À mort, le régent !
– À mort, les pélégris !
À ce dernier cri, la foule se précipita vers les soldats. À un bout de la place, la vue des lames étincelantes découragea les belliqueux qui reculèrent, mais du côté de la vieille femme, les esprits échauffés assaillirent deux des cavaliers pour tenter de les mettre à bas de leurs montures avant qu’ils aient le temps de dégainer. Ceinturée par Johan, Flore contemplait la scène en se plaquant les mains sur la bouche alors que le jeune homme la traînait vers une ruelle. Le crieur, encore libre de ses mouvements, leva haut son épée, puis fonça sur la masse grouillante qui cernait les chevaux. Il abattit son arme par deux fois. Des hurlements s’élevèrent autour de lui tandis qu’un flot épouvanté refluait vers les bords de la place en libérant les pélégris. Ceux-ci chargèrent ensemble sur le groupe qui restait et qui n’eut pas le temps de fuir ; femmes, enfants, vieillards furent renversés par les chevaux, piétinés, transpercés ou tranchés par l’acier des lourdes bâtardes sous les cris sidérés de l’assistance dispersée. Lorsqu’il n’y eut plus sur l’esplanade rougie que des corps inertes, les soldats rengainèrent leurs armes et partirent au galop.
– Lâchez-moi, souffla Flore entre deux sanglots.
Johan obéit et la jeune fille courut vers les malheureux autour desquels la foule se rassemblait. Son chapeau était tombé en libérant sa longue tresse, mais peu lui importait. Rejointe par le valet, elle resta jusqu’au soir pour apporter son aide aux blessés. Un pli de plus en plus amer pinçait ses lèvres roses.
***
Themerid
Le prince s’éveilla dans la pénombre. La nuit n’était pas encore tombée, mais quelqu’un avait tiré les lourds rideaux pourpres pour préserver son sommeil. À ses côtés, Elvire somnolait sur sa chaise, le menton reposant sur la poitrine. Avec un effort désespérant, il se souleva pour se rapprocher d’elle, jusqu’à distinguer son visage. Est-ce que c’était à cause de son dévouement qu’il la trouvait différente ? Flore lui avait raconté les heures de veille à son chevet, l’angoisse, les haussements d’épaules butés qu’elle opposait à ceux qui tentaient de la chasser de là… Il avait eu du mal à la croire : la fière Elvire, l’adversaire perpétuelle des jeux d’enfants, le défendant telle une mère louble ? Pourtant, elle se trouvait encore à cette même place.
Dans le sommeil, les lèvres de la jeune fille remuaient imperceptiblement. Si un mot essayait de se frayer un chemin, il aurait bien voulu savoir lequel. Une de ses mains bougeait ; peut-être celle qui était restée si longtemps posée sur sa poitrine. Il en ressentit le léger poids sur sa peau, comme une réminiscence. Il se perdit dans une contemplation qui diffusa une douce chaleur dans son corps engourdi. Sa présence lui apportait bien plus qu’elle-même pouvait l’imaginer : tant qu’elle restait près de lui, il n’était pas seul. Quelques jours auparavant, lorsqu’il s’était réveillé, la chambre était vide. Une terreur glaçante l’avait envahi brutalement et il avait hurlé le nom de son frère jusqu’à ce qu’un garde fasse irruption l’arme à la main. Il l’avait supplié de rester là, tel un petit enfant après un cauchemar, car même un homme au visage masqué valait mieux que le vide immense qu’il avait ressenti. Le soldat s’était exécuté sans pouvoir retenir un haussement d’épaules. Il n’avait osé raconter ça à personne. Qui d’autre pouvait le comprendre, hormis Venzald ? Son dos était couvert de plaies, le moindre mouvement lui prenait toutes ses forces, il avait du mal à articuler ; soutenir une conversation — sans même parler de débattre des événements qu’il avait manqués — l’épuisait. Pourtant, il supportait la frustration de cette lente convalescence. Sans aucune logique, c’étaient son épaule et sa hanche qui le faisaient souffrir le plus.
Il tourna son regard vers la droite. L’absence de son frère le surprenait encore, il allait devoir modifier tous ses repères, tout réapprendre. Saurait-il même marcher tout seul ?
D’un geste lourd, il leva sa main gauche et effleura du doigt la cicatrice de son épaule. Une clarté venue de nulle part envahit soudain sa vision. Il sursauta, et la chambre réapparut aussitôt. Qu’est-ce qui s’était passé ? En plus de cet éclat de lumière, il avait entendu une voix qu’il connaissait. Expressive, modulée par l’accent des provinces littorales… Son grand-père. Avec prudence, il porta encore une fois les doigts vers le haut de son bras. Dès le contact, il fut à nouveau aveuglé par une lumière bien plus intense que celle qui régnait dans ses appartements. Son regard s’adapta peu à peu, il distingua une forme à quelques pouces de son visage. Une main. La sienne ? Elle disparut de son champ de vision pour faire place à un paysage enneigé sur lequel se réverbérait un pâle soleil d’hiver.
– Je serai pas mécontent qu’on le trouve, ce village. Je pourrai bientôt plus tenir sur cette bestiole ! dit la voix de Pique-Cerle. Pas vous ?
Le décor glissa comme s’il se tournait, jusqu’à découvrir le pêcheur monté sur un petit cheval au poil dru. Son cœur se serra à la vue du bonhomme. À côté de lui chevauchait une autre silhouette emmitouflée dans des fourrures, qui haussa les épaules.
– Moi j’ai le cuir tanné, à force, répondit-elle dans un nuage de buée.
Themerid reconnut Ensgarde, la poison. La tension sur son cœur augmenta. Qu’est-ce que ces deux-là pouvaient bien faire ensemble ? La rebouteuse lui fit signe du menton.
– Pourquoi regardes-tu ta main, petit ?
Il se demanda s’il pouvait lui répondre, quand sa propre voix le devança.
– Je pensais à Themerid. Ça fait longtemps que je n’ai pas eu de vision.
Venzald ! Ce n’était pas lui qui parlait, c’était Venzald ! Une joie intense le submergea, gonfla sa poitrine et pulsa dans ses veines. Tellement que c’en était pénible. De plus en plus, d’ailleurs, comme si son cœur menaçait d’éclater. La douleur lui coupa le souffle.
– J’aimerais tant savoir s’il est réveillé, entendit-il tandis que de nouveau, la main de son frère paraissait devant son regard. Et s’il a appris que nous sommes bouchevreux.
Il étouffait, son cœur était comprimé, sa vision se troubla. Il perçut encore la voix lointaine de Venzald malgré le bourdonnement qui grésillait à ses oreilles :
– Quand je pense que cette ligne a toujours était là et que nous ne l’avons jamais remarquée…
Des taches noires se formaient devant ses yeux, le sang giclait à travers ses artères comme un signal d’alerte, il n’arrivait plus à réfléchir, ou juste assez pour… Dans un sursaut désespéré, il lâcha son épaule et inspira une longue goulée d’air.
Petit à petit, la pression sur son cœur diminua, remplacée par une douleur lancinante. L’obscurité se dissipa sur la chambre baignée de lueurs pourpres, puis ses oreilles perçurent la respiration paisible d’Elvire. Il amena lentement sa main gauche devant son visage et en scruta la paume à travers la pénombre. Elle était exactement semblable à celle de Venzald, jusqu’à la quatrième ligne, ténue mais bien réelle, qui courait de l’extérieur du poignet à la base du quatrième doigt. Il mit plus d’une heure à en arracher son regard sidéré.
Je comprends pourquoi tu me vendais les deux soeurs comme les personnages préférés de tes lectrices. Elles sont vraiment super intéressantes et prennent de l'importance dans ce deuxième tome !
C'est Flore la battante dans ce 2e tome, j'aime bien l'inversion des rôles qui s'est faite naturellement avec Elvire. Ca fait le charme des deux persos^^
J'apprécie aussi le rôle croissant de Johan que je croyais condamné à disparaître au bout de quelques chapitres. Il est en train de se passer un truc avec Flore, j'ai hâte de voir comment ça va continuer de se développer.
Bréol jusque-là dans un rôle de méchant classique devient réellement menaçant, c'est sympa d'avoir un visage à détester xD
Un plaisir, je m'arrête ici pour aujourd'hui.
A bientôt !
Et en effet, le côté rebelle de Flore se développe dans ce tome 2.
Johan, c'est l'exemple typique du personnage tertiaire qui s'invite tout seul dans la suite alors que ce n'était pas prévu. D'abord il s'est avéré sympathique et en plus c'est bien pratique pour les petites expéditions de Flore hors des Cimiantes. Je te laisse découvrir par toi-même s'il se passe vraiment quelque chose avec Flore ;)
En effet, au contraire des personnages "gris", Bréol est vraiment tout noir ! Et encore, il n'a pas dit son dernier mot !
Merci pour ta lecture et tes commentaires. Je suis ravie que ce début de tome 2 te plaise aussi !
C'est sûr qu'il se passe quelque chose entre Flore et Johan, la question c'est quoi eheh
"En effet, au contraire des personnages "gris", Bréol est vraiment tout noir !" Pas gris foncé ? J'espère qu'il a quand même des motivations xD
En effet, je n'épargne pas trop Themerid... et c'est pas fini :p
Petite remarque : durant le POV de Flore j'ai parfois eu l'impression que tu jonglais avec celui de Johan. Ce n'est pas tant parce qu'il prend plus la parole qu'elle, cela n'est pas gênant, mais plutôt parce qu'à certains moments j'ai la sensation d'être dans le fil de ses pensées ou de voir à travers ses propres yeux. Par exemple : "Ainsi, Johan n’était pas dupe : il savait qu’elle n’agissait pas seulement par devoir." Ce n'est qu'un détail de forme, mais je préférais te le signaler comme ça m'a interpellée.
Bon j'ai un peu chipoté ic et là, mais dans le fond je trouve que c'est encore un très bon chapitre qui se lit tout seul ! Oui tu prends ton temps, mais moi j'aime ça les histoires qui prennent leur temps. Je considère que si chacune de tes scènes a un impact sur l'avancée de l'histoire alors elle doit être présente. Après je ne suis sans doute pas la personne la mieux placée pour juger la question du rythme parce que j'ai la fâcheuse tendance à m'étaler moi-même comme tu le sais ha ha !
Dans le pov de Flore, tu n'es pas la première à me faire la remarque. En fait, on est bien dans un pov Flore, je l'ai écrit en conscience, donc tout ce qui est dit, c'est ce que pense Flore. J'ai voulu montrer (particulièrement dans l'exemple que tu cites), que Flore interprète ce que Johan peut penser (et ce n'est donc pas forcément vrai). Là, dans la phrase que tu cites, c'est elle qui déduit que Johan n'est pas dupe, mais on ne sait pas ce que pense réellement Johan. Enfin, c'est ce que j'avais en tête, mais apparemment je m'y suis mal prise XD Je retravaillerai pour que ce soit plus clair ! Mais je suis consciente qu'avec les nombreux changements de pov, je fais faire de la gymnastique aux lecteurices.
Pour le rythme, c'est exactement ça : chaque scène est utile pour la narration et pour l'avancement de l'intrigue. Donc même s'il n'y a pas d'action tout le temps, il y a quand même quelque chose d'important dans chaque scène ou pov.
Oui, toi aussi tu "prends ton temps", mais ce n'est jamais gratuit non plus : l'atmosphère si particulière qui règne dans ton roman, elle est prégnante parce que tu prends le temps de l'installer, justement ! Tu sais que j'en suis fan ♥
Merci pour ta lecture et ton commentaire ! A bientôt !
Themerid a la santé fragile, apparemment. S'il fait une crise chaque fois que lui ou son frère utilise son pouvoir... en tout cas il connait le secret bouchevreux. J'imagine que Flore va l'apprendre du coup.
Et l'Ordre va donc "éduquer" les femmes à rester à leur place. Tiens donc. Y'a des femmes dans leurs rangs ? Je crois qu'elles vont surtout servir d'épouses contraintes ...
"Seigneurs, j’ai pris l’initiative de porter deux nouvelles à votre connaissance."
-> je prends, peut-être ? Parce qu'il est en train de le faire ? ^^
(d'ailleurs j'ai oublié au tout début du chapitre précédent : "Son monde se réduisait alors aux quelques pouces de toile qui séparaient ses doigts de la poitrine du garçon." -> je pensais que c'était l'épaisseur d'un drap, donc plutôt quelques millimètres que centimètres, non ?)
Le duo Bréol / Abzal... je ne sais pas trop. Bréol va finir par aller trop loin (enfin j'espère ^^) et peut-être qu'Abzal aura un sursaut d'honneur ? (ou pas ? ^^)
Flore a priori, ce n'est pas la dernière fois que tu trembles pour elle. Elle a une petite tendance à prendre des risques.
Le duo Bréol/Abzal... tout un poème. En tout cas, Abzal a peur de Bréol, c'est certain. A voir si ça va changer.
Merci pour tes remarques sur la forme : je verrai tout ça en correction.
Merci pour ta lecture et tes commentaires. J'espère que tu apprécies toujours :)
Bref. Après cette réflexion hautement constructive... C'est intéressant que Themerid ait eu sa 1ere vision et surtout qu'il ait route les infos.
Et j'ai un peu peur pour les sœurs... J'aime pas bien ce que tu as écrit... Que leur mauvais caractère allait être corrigé 😳😳
La vision, c'était pour bien montrer que Themerid aussi était bouchevreux, parce que jusque là, rien ne le montrait.
Pour les filles, je te laisse découvrir ;)
Me revoilà ! Alors ton écriture est toujours aussi plaisante à lire, je suis emportée à chaque fois <3
J'ai bien aimé le rapprochement Flore et Johan, lui il est grave amoureux^^ahaha. Il va se passer quelques chose entre eux ? Dans quel chapitre je peux me spoiler ? :p
Je suis contente que Themerid soit réveillé et qu'il ait pu "voir" son frère. Après, pour l'instant, il me laisse un peu de marbre ce Themerid tout comme sa bluette avec Elvire... J'attends de voir comment tu vas gérer ça ! Ahaha.
Ce chapitre fait entrer un peu de tension car on se demande ce que trafique ce satané Bréol. On sent aussi que les nouvelles mesures des Pelegris concernant les femmes vont avoir des répercussions sur Flore et Elvire. Tout le passage de rébellion est très bien décris mais pour le coup je ne me suis pas inquiétée une seule seconde pour Flore...
Après, au niveau du rythme, en tout cas jusqu'à ce chapitre, je trouve qu'il y a une certaine langueur dans ton texte. Je pense que tu pourras faire des coupes à la réécriture XD. Après, ce n'est pas forcément négatif, tu prends ton temps, tant au niveau des personnages que de la mise en place de l'intrigue mais pour l'instant, je dois t'avouer que je ne sais pas où tu nous emmènes...
Mystère, mystère. Que nous réserves-tu...
Allez je file lire le suivant !
Le passage avec la rébellion ne visait pas forcément à ce qu'on s'inquiète pour Flore mais plutôt à montrer que Les habitants de Terce commençaient à en avoir marre et qu'ils étaient encore capable de lutter. Et que l'Ordre ne reculer devant rien pour réprimer les révoltes.
Themerid... tu verras que pour l'instant il te laisse indifférente, mais ça ne va pas s'arranger XD Ce serait trop facile de faire des persos qu'on aime tout le temps, hein.
Intéressant ce que tu me dis au niveau du rythme. Si je comprends bien : ce n'est pas tant qu'il y a des chapitres trop mous, mais plutôt des passages un peu longs à l'intérieur des chapitres ? Si c'est ça, je sais : ce sont mes débuts de scènes qui débouchent presque inévitablement sur des descriptions ou des digressions. C'est là-dedans que je devrai couper, en correction. En revanche, j'essaye d'être attentive à mettre au moins un événement important dans chaque chapitre, donc si des chapitres sont trop mous, là, je suis mal !
C'est marrant, tu es en train de ma lire, et j'étais justement sur ton chapitre ;)
"Themerid... tu verras que pour l'instant il te laisse indifférente, mais ça ne va pas s'arranger XD Ce serait trop facile de faire des persos qu'on aime tout le temps, hein." => C'est sûr mais ça ne me dérangerait pas de le détester, d'ailleurs je trouverai ça bien s'il devenait "the dark brother" ça pourrait être super cool :p
"mais plutôt des passages un peu longs à l'intérieur des chapitres ?"=> Oui c'est plus ça, je pense. Cela tient aussi au fait qu'on doit faire une gymnastique avec le changement de point de vue. Après, je sais que c'est la difficulté de nos histoires, on va pas se mentir XD
ce sont mes débuts de scènes qui débouchent presque inévitablement sur des descriptions ou des digressions. => ça pourrait être une explication, en effet, je n'y avais pas pensé !
C'est marrant, tu es en train de ma lire, et j'étais justement sur ton chapitre ;) +> Ah oui ? Cool, j'ai hâte de savoir ce que tu en penses ;)
Bisous bichette !
En plus cela le transformerait fondamentalement et ce serait aussi une quête pour les filles (retrouver Thémérid).
Bref, je m'emballe mais voilà je viens d'y penser et du coup je me suis dis qu'il fallait que je t'en parle ! ça veut pas dire non plus que ce que tu nous prépares ne va pas me plaire hein ;)
Je pars souvent dans mes délires !
"– Quand je pense que cette ligne a toujours était là et que nous ne l’avons jamais remarquée…" -> été
Ce cher Abzal... en vrai j'avais un peu de peine pour lui au début, on voit bien qu'il est acculé, le malheureux... mais vla la gueule de la loi qu'il a signé ! Laissez les filles tranquilles putain è.é
Je pense que Abzal devrait se suicider en guise de protestation, tel un samourai, je ne vois plus que ça pour le sauver xD... T.T
Quel plaisir de revoir Themerid, et son lien avec Venzald qui traverse les distances et le temps *v* J'étais si émue <3<3<3! J'ai quand meme envie de te faire remarquer que encore une fois tu as sucré la scène que j'attendais impatiemment, Themerid qui reprend conscience sous les yeux d'Elvire éplorée, les premiers mots, le premier eye contact... mais t'es pardonnée va, c'était déjà très émouvant.
Rhoo les coquilles toutes moches !
Oui, Abzal en a encore pas mal sous le pied pour faire des trucs débiles ! Je vais lui suggérer le coup du samouraï, tiens. Ou à son entourage : quelqu'un voudra peut-être l'aider ?
Pour ce qui est de la scène Themerid/Elvire en mode beau au bois dormant... je t'avoue que j'ai fait cette magnifique ellipse parce que, ben euh, ça m'excitait moyen de l'écrire... Mais rassure-toi, j'ai encore plein d'idées pour te faire pleurer (sans compter que je peux sans problème liquider une bestiole, hein, pas de problème...)
Contente que ça t'ait plu ;)
Merci pour ta lecture et ton comm (tu sais que parfois je relis tes comm pour me donner la patate ?)
Abzal... j'ai réfléchi a cette histoire de le faire suicider par un tiers (qui serait l'heureux élu ?) et en fait, je crois que ça me rendrait triste qu'il meure, je crois bien que j'ai fini par m'y attacher, les princes liés seraient plus pareil sans ce perso contre qui rager à tous les chapitres xD Et puis quelque part c'est un peu réconfortant de le voir faire de la merde non-stop et meme pas exprès xDDD
– Rassurez-vous, elles ne craignent rien. J’ai moi-même d’excellentes raisons de les garder sous la main. Nous trouverons comment corriger leur mauvaise éducation."" : AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH je vais aller vomir et taper des gens je reviens
Ahem, bon. Je ne trouve pas que ce chapitre fasse remplissage. Peut-être que la scène d'Elvire est trop longue ou manque un peu de quelque chose, elle m'a parue un chouilla fade par rapport au reste. Mais le reste étant très bien, forcément.. Le début est, ah, je dirais pas excellent parce que c'est immonde, entre Bréol et Abzal qui sert à rien... vraiment c'est le mec des faux espoirs : il se dit qu'il fait tout son possible pour aider ses proches et éviter des trucs affreux, mais il cède devant tout et ne voit pas plus loin que le bout de son nez. A quel moment il n'imagine pas que la révolte de s avision pourrait découler de tout ce qui est en train de se passer maintenant ? Ce qu'il est bête et naïf ! je sens que tu fais partie de ces personnes qui va mener à l'idée que ce que tu fais pour éviter que ta vision se réalise amène justement à la réalisation de la vision, en mode prophétie auto-réalisatrice.
D'ailleurs j'ai du mal à croire que Renaude soit délivrée. J'y croirai quand je le verrai, pas avant ! Puis je pense qu'elle sera tellement sous surveillance que ça va être l'enfer. Ou ils risquent de la tuer en mode "oups pardon elle a glissé dans les escaliers". D'ailleurs c'est ce qu'Abzal, s'il avait des couilles fonctionnelles, devrait faire avec Bréol.
J'aime beaucoup que le décret soit découvert en live par Flore ! C'est étrange un peu dans ce passage car tu donnes finalement pas mal la parole à Johan, je trouve qu'on est plus de son pdv à lui qu'à Flore. En tout cas on sent que la puberté commence à faire son oeuvre, hein :p
En tout cas je vois que tu avais effectivement des plans pour les jeunes filles. Je snes qu'ils vont leur faire des trucs funs :/ j'espère que va pas trop y avoir d'abus sur elles, même si elles auront une éducation sexiste, j'espère qu'ils ne vont pas en profiter pour les maltraiter et abuser sexuellement d'elles (oui j'imagine le pire)
Il y a UN truc qui m'a gênée dans le pdv de Themerid, c'est que comme par hasard il se met en "lien" avec Venzald pile au moment où celui ci dit "oh je me demande s'il sait qu'on est bouchevreux". ça m'a paru vraiment tropgros comme coïncidence.
La suite ! la suite! la suite ! la suite ! (d'ailleurs si tu as besoin d'en parler je renouvelle ma proposition :D)
Plein e bisous !
Pour la libération de Renaude, je ne dis rien : la suite dira si elle est libérée ou pas.
Ah, je n'avais pas eu la sensation d'écrire par le pov de Johan, je vais relire pour voir. Mais en effet, la puberté fait son oeuvre. Ce qui n'est pas surprenant parce que Johan et Flore passent beaucoup de temps ensemble, alors que Venzald est trèèèèès loin. Mais tu penses bien que Flore va avoir un beau conflit de loyauté, héhé.
Rhoooo tu commences vraiment à me connaître... C'est marrant : Audrey-Lys trouvait que le décret n'était pas très effrayant, alors que toi, non seulement tu vois ce que ça peut impliquer que l'Ordre se charge de l'éducation des jeunes filles, mais en plus tu imagines déjà la partie cachée de l'iceberg...
Quant à la coïncidence de la vision de Themerid... ce n'en est peut-être pas une ?
J'avais conscience que c'était le pov d'Elvire qui était un peu faiblard. Je le note pour les corrections. Mais pour le reste, tu me rassures beaucoup !
C'est aussi pour ça que je préfère ne pas te spoiler pour la suite : j'aime trop tes commentaires sur le vif ! Je vais essayer de gérer toute seule, mais je te ferai signe si j'ai des doutes.
Merci pour tes retours précieux ♥
Je ne sais pas quelles sont ses intentions exactes (surtout avec cette histoire de projet louche et le fait de garder les filles auprès de lui), mais ce Bréol est 10x pire ! Il me fait peur; il est ouvertement monstrueux! Ce qu'Abzal dit à Themerid n'augure rien de bon, à mon avis... Pauvre Elvire qui s'était habillée joliment pour l'occasion :(
Argh mais cette quoi cette nouvelle loi sur l'éducation des filles de 13 à 17 ans, comme par hasard des femmes en devenir ? C'est très suspect et affligeant! Perso je fuirais le royaume si je le pouvais !
Petit détail à propos de la scène dans les bas-fonds : à un moment donné, une vieille femme se plaint que les pélégris leur ont déjà retiré leurs plumes, etc. Ca m'a un peu étonné venant de quelqu'un du peuple. Est-ce que les pauvres apprenent à lire et à écrire dans ce royaume ?
Wow, la vision de Themerid à travers les yeux d'Abzal était superbement écrite; facile à imaginer et visuelle! J'en ai eu des frissons ^^
Aïe, Themerid a appris qu'il était bouchevreux, j'espère qu'il va bien le prendre...
Vivement la suite ! C'étaient de supers chapitres !
à bientôt !
Remarques:
a toujours était là -> été
En effet, l'Ordre veut prendre en charge l'éducation des filles, histoire d'être sûrs qu'elles ne sauront ni lire, ni écrire et qu'elles seront de bonnes petites femmes obéissantes... Je crois que je vais même baisser l'âge à 7 ou 8 ans, d'ailleurs.
Les pauvres n'apprennent pas forcément tous à lire et écrire mais dans le tome 1, on voyait qu'Einold tenait à l'instruction pour tous, même s'il n'avait pas encore réussi à créer des écoles (bon, on le voit une ou deux fois au début, pas étonnant que tu n'aies pas retenu). Donc il y a des gens du peuple qui savent un petit peu écrire, oui, ne serait-ce que pour écrire des chiffres ou des listes, pour ceux qui font un peu de commerce.
Ah, je suis rassurée pour la vision de Themerid : j'avais peur qu'elle soit un peu cucul (il ne se passe pas grand chose, faut dire), mais le but était surtout de montrer que Themerid se rendait compte qu'il était bouchevreux, et aussi de montrer qu'il avait les mêmes pouvoirs que son frère.
Oh là là, la vilaine coquille !
Pour la suite, je vais continuer doucement, mais là, tu as lu tout ce qui était écrit pour le moment ! Je me fixe un chapitre toutes les deux semaines, parce que j'ai encore du mal à trouver mon rythme depuis que j'ai recommencé à travailler, et aussi parce que j'essaie d'écrire en parallèle un nouveau projet (rien à voir avec les PL).
Merci pour ta lecture et tes commentaires toujours enthousiastes !
Abzal : *facepalm* je sais pas quand il se rattrapera, mais c’est clairement pas maintenant. Se rattrapera-t-il d’ailleurs ? Bréol est affreusement horripilant, je suppose que c’est une bonne chose.
Flore : elle cherche un peu trop les ennuis je trouve XD
J’ai trouvé la scène dans le bidonville très bien ! Par contre je ne trouve que le décret, tel qu’il est formulé, paraisse si terrible. Bien sûr la réaction est dû à une accumulation mais quand même. En fait par rapport à ce qui semblait dégoûter Abzal, au vu de ce qu’il a déjà signé, je m’attendais à pire.
Themerid : ouiiiiiiiii enfin <3 Je vais l’appeler Themerichou à partir de maintenant !
Sinon, une fois n’est pas coutume, j’ai des petites remarques à faire sur le texte en lui-même :
>Restait-il en lui un peu du jeune homme enjoué dont le rire emplissait autrefois Arc-Ansange derrière le tyran contre lequel le peuple commençait à gronder ? -> c’est joli mais c’est un peu trop long, tu pourrais essayer un « Autrefois, il était un jeune homme enjoué dont le rire emplissait Arc-Ansangue. Restait-il un peu de ça dans le tyran qu’il était devenu ? » c’est bof mais c’est tout ce que j’ai trouvé...
>Vous êtes bien jolie, demoiselle Flore -> heu.. Abzal confond Flore et Elvire ? J’ai compris qu’il confondait leur âge mais pas leur visage. Ça me paraît un peu gros qu’il sache pas les reconnaître..
>Mangeraient-ils, seulement ? -> je n’aurais pas mis de virgule
>défendant telle une mère louble -> heu.... louve ? Sinon c’est une expression que je ne connais pas
>Sa présence lui apportait bien plus qu’elle-même pouvait l’imaginer : tant qu’elle restait près de lui, il n’était pas seul. -> le « même » de « elle-même » me paraît inutile
Voilà, bisouilles !
Oui, Flore cherche les ennuis et ça non plus, ce n'est pas fini ;)
Je note pour le décret : je m'étais posé la question. Ceci dit, dans la forme, ce n'est pas si terrible, mais sur le fond, on sépare quand même les adolescentes de leurs parents ! D'abord affectivement, c'est dur, en plus ça prive les familles de bras qui travaillent, et enfin, les gens se doutent bien que si l'Ordre veut s'occuper de l'éducation des filles, ce n'est pas par pur bonté : c'est pour leur coller des idées de merde dans la tête. D'ailleurs, je vais rajouter ça, tient : quand la foule comment à protester.
Pour tes remarques sur la forme... la première phrase m'a aussi parue trop longue, mais j'ai eu la flemme de la couper XD
Quant à "demoiselle Flore", ce n'est pas Abzal qui les confond, c'est moi qui écris trop tard le soir et qui fais n'importe quoi ! Et encore, j'avais aussi fait l'inversion Flore/Elvire dans le pov de Flore, mais je l'ai vue à temps XD
Et enfin pour le "louble" : c'est une bestiole qui apparait dans le tome 1 (quand il voyage à Hiverine avec Einold), mais je ne suis pas sûre qu'elle existait dans la version que tu as lue. Ceci dit, c'est peut-être un peu trop compter sur les lecteurs que de s'en souvenir... Je changerai peut-être (mais il faudra que je trouve autre chose : les loups n'existent pas dans cet univers).
Merci pour ta lecture et ton œil aiguisé ;)
Pour le décret, j’ai bien compris tout ce que ça sous-entendait, mais sur le moment la formulation m’a parue un peu légère. Je trouve que l’âge minimale pour se faire « éduquer » est trop élevé et ne correspond pas à la définition de l’« enfance » au Moyenne Âge. Si les jeunes filles viennent de milieux opposés à l’Ordre elles vont être difficiles à convertir à cet âge. Dans tous les cas, quand le pèlegris annonce le décret, je pense que tu devrais peut-être un peu insister sur le côté « elles vont pas revenir de sitôt »
Ouh la c’est trop loin pour moi « louble ». Après y a plein de femelles qui protègent bien leurs petits, je pense que tu peux dire « mère ourse » si les ours existent
^^