6 - L’espérite
Venzald
– Il n’y a personne, ici. Pas de village.
Arrêtés au sommet d’une butte, Venzald, Ensgarde et Pique-Cerle contemplaient le paysage enneigé, emmitouflés dans d’épais manteaux de fourrure. Jusqu’à la ceinture montagneuse qui le délimitait, le plateau s’étendait sur plusieurs lieues, désespérément blanc et linéaire. De loin en loin, quelques rares arbres rabougris découpaient à grand-peine leurs silhouettes squelettiques sur le gris pâle du ciel. Sans eux, on aurait pu se croire à la surface d’un lac gelé.
– Êtes-vous sûr d’avoir bien compris les indications ? s’inquiéta le prince dans un nuage de buée.
Le vieux pêcheur prit le temps de dégager sa bouche de la couverture de laine qui lui enveloppait la tête.
– Certain, petit. L’homme de la taverne m’a décrit exactement cet endroit. On croirait un désert, mais c’est faux. C’est moins plat qu’on pense.
La main en visière, Venzald scruta l’horizon dans un regard circulaire sans cacher sa moue dubitative.
– Il n’a rien expliqué de plus précis ?
– Non, il a dit de continuer tout droit, que ça se ferait tout seul ou pas.
– Bon… avançons alors, nous verrons bien, dit le garçon en renonçant à comprendre.
Ils avaient parcouru une demi-lieue quand Ensgarde extirpa une main hors de sa pelisse en peau de louble-fer qui augmentait encore sa ressemblance avec une meule de foin. Elle désigna un point légèrement à gauche de leur direction.
– Je n’aurais pas misé ce qui me reste de couenne au postérieur sur la parole de ce vieil ivrogne qui vous sert de grand-père, mais il me semble qu’il y a quelque chose, là-bas.
Venzald regarda attentivement. En effet, une légère déclivité rompait la monotonie du terrain. La plaine se creusait en forme de bassin peu profond au creux duquel le prince distingua un semis de monticules aux courbes adoucies par la couche de neige.
– Certes, admit-il, c’est moins plat. Mais aucune trace d’habitations. Continuons tout droit.
Il jeta un œil soupçonneux vers Pique-Cerle, qui chantonnait sur sa monture comme si la situation n’avait rien de préoccupant. Avaient-ils entrepris ce détour pour rien ? S’étaient-ils séparés à tort d’Albérac et d’Alix, au risque de ne pas les retrouver plus tard ? Il voulait tellement croire à cette opportunité d’en apprendre plus sur ses capacités, qu’il avait peut-être donné foi un peu trop vite aux divagations avinées du pêcheur. Avec un long frisson, la légèreté de leur démarche lui apparut : qu’avait-il fait ? Il avait tout misé sur une conversation d’ivrogne ! Tout à coup, son estomac pesait comme s’il contenait une pierre. Il pensa à Themerid : lui n’aurait jamais commis cette folie.
Le cœur battant, il se tourna vers Ensgarde pour lui annoncer qu’ils devaient bifurquer vers le sud pour rattraper leurs compagnons, mais elle parla avant lui, les yeux toujours fixés sur les monticules :
– J’ai l’impression que ces collines fument.
Venzald suivait la direction indiquée par réflexe lorsqu’une voix résonna dans le silence de la plaine :
– Qui êtes-vous ? Que cherchez-vous par ici ?
Arrêtant son cheval, il se dressa sur ses étriers en jetant des coups d’œil autour d’eux pour voir celui qui les interpellait. Mais rien ne perturbait la blancheur uniforme.
– Répondez si vous voulez qu’on vous guide, insista la voix.
Il consulta la rebouteuse du regard, mais celle-ci le dévisageait d’une mine interrogative, tout comme Pique-Cerle. Il devrait se fier à sa seule intuition, déduisit-il, agacé.
– Nous cherchons un village ! cria-t-il. Un village dont les habitants pourraient m’aider à comprendre mes facultés ! Je suis Venzald Kellwin, prince héritier de Cazalyne, et mes compagnons sont Ensgarde, guérisseuse, et mon grand-père Pique-Cerle !
Sans obstacle pour les renvoyer, les mots semblèrent se dissoudre aussitôt sortis de sa gorge, comme jamais prononcés, et le silence s’établit à nouveau. D’autant plus touffu qu’à présent, les traits de ses compagnons affichaient nettement une surprise légèrement effrayée.
– Pourquoi cries-tu comme un perdu, gamin ? demanda le pêcheur les sourcils froncés bas sur ses paupières fatiguées.
– Pour leur répondre !
– Répondre à qui ? insista Pique-Cerle.
– Mais…
– À eux, peut-être ? coupa Ensgarde les yeux fixés au loin.
Taches sombres sur le décor immaculé, deux silhouettes émergeaient de la déclivité pour se diriger vers eux. Ensgarde adressa à Venzald un sourire goguenard :
– S’ils vous ont parlé, vous êtes le seul à les avoir entendus. Je crois que nous avons trouvé les bouchevreux.
Quelques instants plus tard, deux jeunes gens rejoignirent les cavaliers. Les écharpes de laine qui leur enveloppaient la tête et les épaules ne laissaient voir d’eux qu’une parcelle de peau cuivrée et des prunelles noires. Ils s’inclinèrent brièvement puis se tournèrent tous deux vers Venzald qui n’en revenait toujours pas de n’avoir pas compris que la voix résonnait uniquement dans sa tête.
– Suivez-nous.
Un coup d’œil à Ensgarde qui n’avait pas bronché prouva au prince que cette fois encore, il était seul capable d’entendre. Il traduisit pour les deux autres.
– Où se trouve votre village ? Dans ce creux de terrain ? interrogea la rebouteuse.
Leurs guides échangèrent un rire et l’un d’eux haussa les épaules avant de répondre d’une jolie voix féminine dans un langage qu’aucun des trois Cazalyniens ne comprit.
– Oh là ! s’exclama Pique-Cerle. J’entends rien à ce qu’ils baragouinent ! À part pour toi, gamin, le séjour risque d’être joyeux…
– Pourtant ils ont bien dû saisir ce que j’ai crié tout à l’heure, sinon ils ne se seraient pas montrés.
Pour toute réponse, la fille lui adressa un regard chaleureux, les yeux plissés par le sourire qu’elle cachait sous son écharpe. Quant à l’autre autochtone, il ne cessait de dévisager le prince.
Au bord du bassin repéré plus tôt par Ensgarde, les voyageurs comprirent pourquoi le village avait échappé à leur vue. Les monticules que Venzald avait pris pour de simples buttes étaient formés par des maisons très basses coiffées d’immenses toits en courbes douces qui rejoignaient le sol. Grâce à l’épaisse couche de neige, les habitations se transformaient en petites collines invisibles de loin. Même à proximité, seules leurs façades minuscules en forme d’œil les différenciaient de leurs jumelles naturelles. C’était manifestement là l’œuvre d’un peuple qui s’efforçait de rester caché. Alors pourquoi les avaient-ils conduits jusqu’ici aussi facilement ?
Sous les yeux des villageois silencieux, les deux adolescents guidèrent les voyageurs vers une chaumière un peu plus grande que les autres.
– Entrez ici, indiqua la fille avec un geste vers la porte basse.
Après avoir laissé les chevaux sous la garde des jeunes gens, Venzald hésita sur le seuil, puis pénétra dans l’habitation, suivi par Ensgarde et Pique-Cerle.
– Bonjour ami, entendit le prince.
Il lui fallut quelques instants pour distinguer les formes dans l’obscurité. Trois hommes et deux femmes se tenaient assis à une grande table et le dévisageaient avec avidité. Il s’inclina.
– Je suis Venzald Kellwin et…
– Nous savons déjà qui tu es, résonna une voix féminine dans sa tête, tandis que l’une des femmes en face de lui indiquait par un signe de tête que c’était elle qui lui parlait. Voilà deux jours que tu nous assourdis de tes pensées !
– P… pardon ? Vous entendez tout ce qui se passe dans mon esprit ?
– Cela se calme un peu la nuit, mais quand tu es réveillé, c’est une vraie cacophonie ! Nous n’arrivons même plus à discuter ensemble ! Il faudrait apprendre à se contrôler.
Venzald rougit puis profita de l’occasion.
– Justement, c’est pour ça que je voulais vous trouver ! s’exclama Venzald. Vous êtes tous des bouchevreux, n’est-ce pas ? Pourriez-vous me guider ?
Les cinq villageois sourirent, puis le plus jeune des cinq, un homme aux cheveux noirs coiffés en tresse et à la peau foncée leva la main pour montrer qu’il prenait la parole.
– En effet, nous sommes des « bouchevreux », comme tu dis. Moi, je veux bien t’aider. Je suis curieux de te voir à l’œuvre.
– Nous le sommes tous, confirma le vieil homme assis au centre. Un tel pouvoir ne se rencontre pas tous les jours…
Dès que Venzald eut relaté à ses compagnons ce qu’ils avaient manqué de la conversation, l’individu à la tresse pria les voyageurs de s’installer chez lui. Il se nommait Tamen Back. Il avait beau faire partie du conseil du village, sa demeure ne leur parut pas différente des autres. Recouverte elle aussi de son toit-colline, elle se composait de pièces aveugles, à l’exception de celle par laquelle on entrait et qui faisait office de cuisine et de salle à manger. Des chambres et des réserves occupaient les parties les plus basses où la charpente rejoignait le sol. Au centre, un boudoir rond aménagé autour d’une cheminée offrait une profusion de tapis de fourrure, de coussins, de couvertures de laine et accueillait les veillées ou les journées trop froides.
La femme et plusieurs des enfants de Tamen s’y trouvaient déjà lorsque celui-ci y fit entrer ses invités. Les petits dévisageaient Venzald en riant et en se bouchant les oreilles. Sans cérémonie, le maître de maison incita Pique-Cerle et Ensgarde par l’intermédiaire du prince à se considérer comme chez eux, puis se tourna vers Venzald en se frottant les mains.
– Allons marcher ! proposa-t-il. Ainsi je te dispenserai ta première leçon, jeune homme.
Partagé entre l’impatience et l’appréhension devant l’air curieusement gourmand de son hôte, le garçon approuva. Il emboita le pas à Tamen en lançant un regard d’excuse à ses compagnons, mais son grand-père s’assoupissait déjà dans un nid de coussins, tandis qu’Ensgarde acceptait le bol fumant que lui présentait une fillette.
Peu après, le prince suivait son guide vers la barrière montagneuse qui bordait le plateau. Ils atteignirent un petit torrent qui rebondissait sur la roche depuis les sommets.
– Ici, c’est bien ! décréta Tamen. Le bruit de l’eau va nous aider. Pour commencer, il est urgent de rétablir l’imperméabilité de ton esprit. Ça t’évitera d’inonder tous les espérites de la région de tes pensées. C’est un peu assourdissant pour nous et…
L’homme fit une moue désolée, avant de reprendre :
– … et certaines des choses qui te préoccupent feraient mieux de rester secrètes.
– Espérites ? répéta Venzald. C’est votre façon de dire « bouchevreux » ?
– Oui : espérites, devineurs, bouchevreux… C’est la même chose, encore que le dernier ne soit utilisé que par les sans-pouvoirs. C’est un terme un peu méprisant.
– Oh, pardon, je ne le prononcerai plus, promit le prince. Pourquoi mes pensées devraient-elles rester secrètes ? Il n’y a que les espérites qui peuvent les entendre, non ?
– Malheureusement, ce n’est pas une garantie d’honnêteté. Et puis, chacun a droit à l’intimité de son propre esprit !
Il regarda Venzald et lui sourit malicieusement.
– Là par exemple, le mot « intimité » t’a rappelé une certaine demoiselle.
Les joues du garçon s’empourprèrent.
– Rassure-toi, je n’ai vu qu’un baiser, mais peut-être comprends-tu mieux pourquoi c’est urgent ?
– Oui ! approuva Venzald. Moi qui pensais n’avoir rien à cacher…
Tamen éclata de rire, puis désigna le cours d’eau.
– Cette partie-là ne devrait pas être difficile. Il faut que tu visualises les limites de ton corps comme une frontière hermétique. Regarder et écouter le torrent en même temps devrait t’aider à te concentrer. Normalement, d’ici une heure, ce petit problème devrait être réglé.
Le prince s’empressa de mettre en œuvre les conseils de son professeur, enthousiaste à l’idée d’avancer si vite. Pourtant, fermer son esprit s’avéra bien plus compliqué que Tamen le prédisait.
– C’est comme si ton corps avait… une fuite quelque part ! s’écria-t-il, déconcerté, au bout de deux heures de travail. Il y a du mieux, mais je peux toujours percevoir certaines images que ta tête projette. Essaye à nouveau ! Sinon, je vais me faire huer quand nous reviendrons au village. Allons, visualise encore cette barrière autour de ton corps, je vais tenter de suivre ta pensée de près pour situer d’où vient le problème.
Venzald, les yeux fixés sur le torrent, recommença l’exercice avec application malgré la fatigue.
– Je crois que j’ai trouvé, dit l’espérite en s’approchant du prince.
Il posa successivement sa main sur l’épaule et sur la hanche gauche de son élève.
– Quand tu traces en esprit la limite de ton corps, tu sautes ces deux endroits. Comme si tu ne pouvais te résoudre à les fermer.
La gorge de Venzald se serra.
– Ce… ce sont les cicatrices de la fusion, articula-t-il d’une voix cassée. Mon frère et moi…
– Je sais, coupa Tamen avec un sourire d’excuse. Je l’ai vu dans ta tête.
À sa grande honte, Venzald sentit des larmes couler sur ses joues. Elles gelaient presque aussitôt et se détachaient comme des perles pour rejoindre le cours du torrent. Tamen posa les mains sur ses épaules.
– Même en lisant dans tes pensées, je ne peux pas imaginer la douleur que tu as vécue, jeune prince, d’être ainsi séparé de lui. Mais aujourd’hui, tu es là, seul, et tu as survécu. Ton corps est entier, c’est celui d’un homme complet, pas d’un individu coupé en deux.
Venzald secouait la tête, paupières closes. L’image de Themerid s’éloignant de lui l’envahissait. Il sentit la poigne de Tamen se raffermir.
– Tu dois te faire à l’idée que vous ne serez plus jamais fusionnés, continua celui-ci. Il n’en reste pas moins ton jumeau. Vous n’êtes plus liés par le corps mais ça ne change rien pour vos esprits. Peut-être plus que tu ne crois d’ailleurs.
Le prince se calma peu à peu. Il rouvrit les paupières et hocha la tête.
– Je sais : plusieurs fois je me suis retrouvé... à sa place. Je voyais par ses yeux et j’entendais ce qu’il entendait.
– Ah tiens… souffla l’espérite avec un large sourire. Pouvons-nous reprendre ?
Une heure plus tard, le maître applaudissait les progrès de son élève. Le prince avait réussi à isoler ses pensées.
– Et maintenant, il faut que tu parviennes rapidement à parler en esprit, sinon, tu ne pourras plus rien me dire. Je te rappelle que nous ne partageons pas le même langage oral, déclara l’espérite avec malice.
L’utilisation de ses dons, répéta celui-ci, impliquait que Venzald s’accepte en tant que devineur. Plus il verrait comme un avantage cette qualité offerte par le hasard, mieux il maîtriserait ses capacités, quelles qu’elles soient. D’ailleurs, pour les invoquer, la plupart des espérites touchaient leur marque du bout des doigts, en fermant le poing, puisqu’elle représentait le symbole de ce qui faisait d’eux des êtres particuliers. Ensuite, il fallait tendre son esprit vers ce qu’on voulait atteindre. Entrevoir le futur demandait de l’expérience, car il fallait trouver sur quoi se focaliser. Et rares étaient ceux qui y réussissaient. Mais pour communiquer avec un autre espérite, il suffisait de visualiser cette personne. Peu importait qu’on la connaisse ou non, une simple projection faisait l’affaire.
Étonné par cette facilité apparente, Venzald commença à s’exercer. En peu de temps, il parvint à « envoyer » quelques phrases dans l’esprit de Tamen quand celui-ci se tenait à côté de lui.
Le soleil déclinait sur le plateau quand les deux hommes prirent le chemin du retour. L’espérite vantait les mérites du silence après trois jours de pensées parasites. Le garçon était séduit par le naturel de cet homme. Pas de cérémonie, pas de faux-semblants ; et tous les habitants de la petite ville semblaient partager ce caractère.
– Votre village existe depuis longtemps ? demanda-t-il.
– Plusieurs centaines d’années.
– Personne n’a cherché à le… détruire ? Ni à vous nuire ? Chez moi, les devineurs vivent cachés, particulièrement en ce moment.
– D’abord, il n’est pas facile à trouver : pourquoi crois-tu que nous bâtissions nos maisons en forme de collines ? Et puis surtout, la haine envers les espérites n’existe que sur les terres de l’Est, d’où tu viens. À partir d’ici et dans le pays de l’Ouest, les espérites et les sans-pouvoirs vivent chacun de leur côté, mais ils se tolèrent — la plupart du temps.
– Comment savez-vous tout cela ?
– La grande mer — celle que tu nommes la mer de Tornaille — sépare les deux terres orient et occident. Mais au nord de cette eau, les régions froides où nous nous trouvons forment une sorte de pont entre elles, expliqua Tamen en esquissant une carte devant lui. Les très rares voyageurs qui vont de l’Est à l’Ouest, ou l’inverse, doivent passer par ici, le plus septentrional des endroits habités de ce monde. Depuis des centaines d’années, nous recueillons leurs témoignages. Et contrairement aux « devineurs » de chez vous, nous avons accumulé des traces de notre histoire.
– C’est logique : les archives de Cazalyne remontent aussi à plusieurs siècles.
– Nous nous déplaçons parfois à la rencontre d’autres communautés espérites, pour enrichir nos connaissances. Ceux qui le souhaitent en tout cas. Ce qui n’est pas le cas des devineurs qui habitent de ton côté de la mer.
Tamen apprit à Venzald que les espérites semblaient issus d’une région montagneuse et chaude du continent occidental. Peu à peu, ils s’étaient répandus, ils avaient passé les terres gelées pour s’installer aussi à l’Est en se mêlant aux peuples qui y vivaient. Cependant, au cours des siècles, les grands royaumes s’étaient partagé le continent. À partir de là, les bouchevreux et leurs étranges pouvoirs avaient commencé à faire l’objet de détestations et de persécutions. Ils avaient appris à mener une existence cachée, coupée non seulement de leurs pairs, mais aussi du monde en général. Privés de la possibilité de conserver des traces de leur histoire ou d’échanger, ils en avaient oublié d’où ils venaient. Certains en rejetaient même leurs dons et incitaient leurs descendants à faire de même.
– Comment cela ? interrogea Venzald.
– Lorsque la mange-pensée se révèle — la plupart du temps au début de l’âge adulte —, on peut fermer son esprit aux visions qui constituent les premiers signes. Utiliser nos facultés implique l’acceptation de sa différence et de soi-même. Si les pouvoirs sont vécus comme quelque chose d’infamant ou de dangereux, et jamais exploités, ils s’étiolent. Les anciens espérites et leurs descendants sont appelés « désespérites ».
– Vous voulez dire qu’ils ont perdu leurs capacités ?
– Elles ont diminué, en effet. Puis, de génération en génération, elles ont fini par disparaître complètement. Même leur marque s’est effacée, précisa Tamen en montrant sa paume gauche. Aujourd’hui, la plupart ignorent qui ils sont et d’où leur vient leur particularité.
– Leur particularité ? Je croyais qu’ils n’en avaient plus, justement.
– Étrangement, la nature leur a laissé une trace de leur héritage. Tu sais que les yeux de la plupart d’entre nous deviennent très pâles lorsque s’exercent nos facultés ? Eh bien, les désespérites naissent parfois avec des prunelles de cette couleur. C’est une nuance particulière qui n’existe pas sur les terres de l’Ouest.
Venzald s’arrêta, le regard fixé sur l’horizon où les braises des derniers rayons teintaient la neige d’or. Il ne voyait pourtant que ces iris bleus, si clairs qu’il s’y était perdu plusieurs fois. Ils occupaient si souvent son imagination qu’ils étaient sa première vision quand il se réveillait et la dernière avant que le sommeil le gagne. Ainsi, Flore était une désespérite… Si cela était possible, ça la rendait encore plus proche de lui. Il reprit sa marche, l’esprit si plein de la jeune fille qu’il se félicita d’avoir enfin appris à ne plus semer ses pensées à tous les vents.
Ils étaient presque arrivés aux premières maisons-collines, lorsqu’une idée germa dans la tête de Venzald :
– A-t-on déjà connu des cas de devineurs nés de parents désespérites ? Ou de sans-pouvoirs ?
– Je m’attendais à ta question. Malheureusement, nous n’en savons rien : ce qui se passe sur ton continent ne nous est que fort peu connu. Mais je pense que tu es la preuve que c’est possible.
Venzald grimaça un sourire.
– Ce serait bien ironique si mes pouvoirs me venaient de mon père…
Les jours d’après, le prince continua de suivre l’enseignement de Tamen. Cependant, le garçon sortait épuisé de ces tentatives qui requéraient une extrême concentration, les paupières closes et les ongles enfoncés dans la paume pour appuyer sur sa marque. Le temps passa sans qu’il réussisse à s’améliorer : l’espérite ne l’entendait plus quand il s’éloignait trop et contacter deux personnes en même temps lui était impossible.
– Je ne comprends pas, disait Tamen. Je suis pourtant sûr que tu détiens un pouvoir hors du commun. Tout le monde au village en est persuadé : la force avec laquelle tu projetais tes pensées quand tu es arrivé en témoigne. Personne n’est capable de ça.
– Quoi qu’il en soit, répondit Venzald malgré sa déception, nous allons devoir partir. Je m’en veux déjà d’imposer ce séjour à mes compagnons : ils ne parlent pas votre langue et ne peuvent pas communiquer en esprit.
À dire vrai, Ensgarde et Pique-Cerle n’avaient pas émis le moindre signe d’impatience. Ils profitaient du confort après les désagréments du voyage, et se faisaient suffisamment comprendre de leurs hôtes pour ne pas se sentir isolés. Pourtant, Venzald commençait à souffrir de ses échecs qui minaient sa confiance. Il s’en voulait de prendre autant de son temps à Tamen, en vain.
Les autres membres du conseil furent consultés, ainsi que quelques personnes du village. De l’avis unanime, Venzald bloquait son pouvoir, car il n’appréciait pas suffisamment sa particularité.
– Es-tu certain que tu acceptes pleinement ta qualité d’espérite ? demanda la plus âgée des femmes du conseil. Je veux dire… Tu es le fils d’un homme qui nous détestait, si j’ai bien compris. Peut-être que, d’une certaine manière, ta loyauté envers lui t’empêche de t’assumer complètement ?
– Je ne crois pas. Ma loyauté a déjà subi quelques remises en question, particulièrement sur ce sujet. Je ne pense pas que son souvenir soit l’explication. J’aime l’idée d’être un devineur. Que mon frère et moi soyons des devineurs, d’ailleurs.
Un sourire nostalgique apparut sur ses lèvres à l’évocation de Themerid. Comme il lui manquait ! Serait-il parvenu à utiliser son pouvoir plus facilement que lui ?
– J’ai peut-être une piste, dit Tamen en le regardant curieusement. Pour tous les espérites, le don représente ce qui nous définit, ce qui fait de nous des êtres à part, n’est-ce pas ?
Les membres du conseil approuvèrent sans comprendre où il voulait en venir.
– Mais depuis qu’il est né, poursuivit-il, ce garçon possède une particularité qui compte davantage pour lui que la découverte de son pouvoir. Ce qui le définit, lui, c’est sa fusion avec son frère.
La vieille femme hocha lentement la tête.
– Bien sûr, plus rare encore… Et peut-être plus précieux ? demanda-t-elle à Venzald, les yeux brillants.
Oui, il était devineur, mais il était surtout le jumeau fusionné de Themerid, la moitié d’une paire. Jusqu’à sa mort, il ne pourrait se présenter à quiconque sans ajouter — tout haut ou en pensées — le nom de son frère derrière le sien.
Il approuva de la tête, tandis que sa gorge se serrait.
– Mais ce n’est pas une idée qui me réjouit, dit-il tristement. Je suis tellement diminué sans lui…
Son interlocutrice fit une moue surprise.
– Diminué ? Tu n’es pas sérieux ! Tu as échappé aux forces qui tyrannisent ton royaume, traversé la moitié du monde ; tu nous as trouvés parce que tu étais résolu à transformer ton don en avantage… Si c’est cela être diminué, qu’est-ce que ce serait si tu étais toujours lié à ton jumeau !
Elle éclata de rire à l’idée de l’évidence qu’elle prononçait.
Désemparé, Venzald chercha le regard de Tamen. Celui-ci écarta les mains :
– J’ai essayé de te le faire comprendre, jeune prince. Tu es le seul à te voir encore diminué.
– Il faut te concentrer sur ce lien, mon garçon, et non sur ta qualité d’espérite. Sois fier de partager cela avec ton frère, mais débarrasse-toi des regrets ! encouragea la vieille en l’invitant d’un geste à essayer.
Venzald laissa leurs paroles le pénétrer. Il avait envie de les croire.
Il ferma les yeux et porta tout naturellement la main à la cicatrice de son épaule. Puis il visualisa chacune des personnes présentes dans la salle du conseil, puis projeta son esprit vers eux. Il sentit qu’il atteignait ses cibles aussi sûrement que s’il s’était agi de grappins lancés avec succès.
– Je crois que j’ai compris. Je n’ai pas été un élève facile, mais vos leçons portent enfin leurs fruits.
Il rouvrit les paupières, le cœur battant, un sourire radieux sur les lèvres. La mine satisfaite des cinq membres lui révéla qu’il avait réussi. Tamen Back avança vers lui et lui serra l’épaule avec un regard fier.
– J’espère te revoir bientôt. Quelque chose me dit que tu pourrais nous étonner. En attendant, fais bonne route, espérite.
Ce chapitre a dû être délicat à écrire, d'un côté c'est idéal prendre le temps pour que Venzald développe ses pouvoirs doucement et qu'on ait pas une impression de facilité. Mais d'un autre côté si tu t'y attardes trop, je pense que ça va nuire au rythme du récit. Ma proposition c'est d'éviter ce dilemme avec une ellipse, je ne vois pas comment tu peux faire autrement ^^^
Espérite est bien plus joli que bouchevreux et c'est bien d'en apprendre plus sur ce qui provoque les yeux clairs, on commence à mieux cerner les bouchevreux. L'aspect historique est aussi très intéressant.
Tout ça permet de mieux imaginer ce qui peut pousser l'ordre à pourchasser les bouchevreux, ils ne doivent pas apprécier un si grand pouvoir...
Pas mon chapitre préféré, mais il était clairement nécessaire et intéressant.
J'espère pouvoir avancer un peu plus vite ce WE xD
A bientôt !
Donc certes, ça fera un chapitre un peu explicatif, mais nécessaire. Ceci dit, les passages d'initiation sont souvent appréciés en fantasy.
Je ne suis pas sûre d'avoir compris ta suggestion concernant une ellipse.
La suite devrait relancer ;)
Merci pour ton commentaire !
"les passages d'initiation sont souvent appréciés en fantasy" mmh, pour moi tout dépend comment c'est mené, ça peut très vite me paraître agaçant (c'est très subjectif évidemment^^) Mais c'est sûr qu'il faut en mettre un peu !
Je ne doute pas que la suite va relancer, je te fais totalement confiance (=
A bientôt!
En fait il ne contacte pas son frère (ça ne m'arrangeait pas à ce moment, finalement) et du coup il s'améliore juste mais ne fait pas un truc qui impressionne tout le monde.
L'idée c'était qu'il réussisse à utiliser ses pouvoirs quand il trouvait ce qui représentait sa plus grande particularité. Donc pour lui, pas sa capacité de bouchevreux mais son lien avec son frère.
Enfin de toute façon, ce chapitre ne me convainc pas et ce sera le premier que je vais réécrire. J'essaierai d'être plus claire et de mettre plus d'obstacles dans la progression de Venzald parce que là c'est un peu mou et mièvre.
J'ai parcouru les autres commentaires car, si j'ai bien aimé ce chapitre sur certains aspects, j'étais un peu mitigée sans trop savoir pourquoi. Et je rejoins finalement les remarques des plumes qui te suggèrent de rajouter plus de tension et d'obstacles. Effectivement j'ai également eu le sentiment que tout venait trop facilement, bien que tu évoques tout de même certaines difficultés auxquelles fait face Venzald. J'ai vu que tu proposais de faire venir ces obstacles de Venzald lui-même, finalement de développer ce que tu suggères vers la fin du chapitre, qu'il ne s'accepte pas suffisamment. Il me semble que c'est une très bonne idée. Peut-être, pour appuyer cela, pourrais-tu également montrer, qu'en dépit de ses efforts, Venzald peut également perdre un peu patience lors de ses entraînements. Si je ne dis pas de bêtise (j'espère en tout cas !), il me semble me rappeler que l'impulsivité était l'un de ses traits de caractère assez marqués dans le tome 1. Ça me paraîtrait logique d'aller dans ce sens-là, même s'il a un peu évolué depuis le tome 1. Ce n'est qu'une suggestion, car j'ai le sentiment qu'il est assez passif finalement dans son rapport à ses nouvelles capacités.
Sinon, il y a quand même beaucoup de choses que j'ai aimées dans ce chapitre ! J'ai adoré découvrir ce village secret des espérites, sa localisation et son agencement, ainsi qu'en savoir plus sur eux et sur leurs origines. Venzald m'a aussi beaucoup ému à l'évocation de son frère. C'est vraiment un duo qui fonctionne du tonnerre. J'adore l'idée que c'est leur lien qui leur donne leur force.
En tout cas, malgré mes remarques de début de commentaires, je me régale toujours autant à te lire !
Oui, ce chapitre fait partie de ceux que je vais réécrire complètement. Il est un peu bâclé parce que je voyais le compteur de mots défiler. Au début, j'avais prévu de faire des chapitres d'environ 3000 mots pour que le tome 2 fasse à peu près la taille du tome 1, mais comme j'ai complètement échoué, autant y aller carrément !
En plus, en fantasy, les passages d'apprentissage sont en général importants et appréciés, alors il faut vraiment que j'améliore celui-là.
Mais tu as bien compris le principe : ce que je veux faire ressortir, c'est que le pouvoir ne marche que grâce à ce qui rend la personne unique, ou en tout cas, hors du commun. Or, pour Venzald, ce n'est pas d'être un bouchevreux qui compte, c'est d'être lié à son frère.
Je soignerai aussi un peu plus les infos sur l'origine et l'histoire des espérites, mais il y aura moins de changements à faire.
Je suis ravie que ça te plaise toujours, en tout cas !
Merci pour ta lecture et ton commentaire !
Je trouve ça très chouette que Venzald se sente diminué sans son jumeau, alors que des non concernés pourraient croire que "c'est mieux".
J'ai trouvé le coup de ses limites intéressant, et qu'il arrive à contacter Themerid, ça va le rassurer ! (même si ok, c'est un peu abusé un tel coup d'éclat, mais bon, la chance du débutant / la puissance de leur lien tout ça ?).
Un peu de calme avant la prochaine tempête, ça fait du bien !
Le village semble plutôt accueillant, alors qu'il les dérange avec ses pensées depuis des jours ^^
D'ailleurs, pourquoi les autres bouchevreux du royaume n'essaient pas de quitter le royaume pour venir ici ? pourquoi ces espérites n'essaient-ils pas d'exfiltrer leurs homologues ?
L'Ordre ne semble pas implanté ici, mais sait-on jamais...
Tiens, d'ailleurs, on n'a pour le moment aucune mise en garde sur le danger potentiel des pouvoirs d'espérite. Y'en a-t-il ? Peut-on s'épuiser / mourir de sur-utiliser ces pouvoirs ? Y'a-t-il déjà eu quelqu'un d'aussi puissant que Venzald et cela a-t-il causé un malheur ?
Le futur qu'ils peuvent voir est-il modifiable ou figé ?
Y'a-t-il des impolitesses propres aux espérites ? (genre s'inviter dans la tête de quelqu'un sans son consentement ?)
Bref, je me pose beaucoup de questions :) J'aime toujours autant, et je me demande où tu nous conduis !
Et puis surtout, je vais retravailler la phase d'apprentissage de Venzald parce que c'est une phase importante dans les romans d'initiation. Quitte à ce que le chapitre soit trèèès long, tant pis, je préfère insister dessus. Et enfin : il ne contactera PAS son frère à la fin de ce chapitre, mais beaucoup plus loin dans le roman. A la fin de ce chapitre, il parviendra à utiliser son pouvoir comme un espérite normal, mais on soupçonnera qu'il en a beaucoup plus sous la pédale, sans toutefois l'avoir vu à l'oeuvre (j'ai d'ailleurs géré la suite comme si je l'avais déjà écrit comme ça : cf.mes notes de début de chapitre dans les suivants).
En tout cas, je garderai l'idée que Venzald se sente diminué sans son jumeau et surtout l'idée que pour lui, être espérite n'est pas ce qui le définit le plus, mais c'est le fait d'avoir été siamois. C'est une idée à laquelle je tiens mais je pense que je ne l'ai pas assez exploitée.
Bref, gros chantier en perspective sur ce chapitre :)
Quelle revaluation de savoir que ceux qui ont les yeux clairs sont des devineurs mais dont le pouvoir s'est etiolé !!
Et donc les devineurs de cette terre accumulé du savoir... Tiens tiens tout comme l'ordre des conn***
Et comme par hasard l'ordre veut tuer les devineurs.... Ahaaaaaaa je sens que je tiens un début de piiiiiiste
Et abzal est donc deviner alors soir sa mère l'étais. Soit son père. Mais comme le roi mort (rip son nom) ne l'était pas.... Alors c'est le père d'abzal qui devait l'être, le fameux médecin qui a disparu mystérieusement...
La chapitre se lit bien et il est intéressant. J’ai vraiment apprécié voir venzald utiliser ses pouvoirs, en apprendre plus sur les bouchevreux. J’ai été très touchée des passages de magie où il Parle de son frère et du fait que ça influence sa vision le fait d’avoir été séparé.
En ce qui concerne les remarques plus « négatives « .
En effet, Cela va bien trop vite, ils arrivent, rencontrent les espérites, s.entrainent et repartent. C’est dommage mais en soit c’est pas ce qui m.a le plus gêné.
J.ai eu le sentiment d.etre revenu dans un conte où tout le monde est beau et tout le monde est gentil. Je dis pas que les esperites se doivent d.etre méchants (pourquoi pas d’ailleurs, ça expliquerait pourquoi certains à l.origine les chassait) mais au moins qu’ils soient plus ambigus, qu’ils demandent une contrepartie à la formation du prince ou qu.ils le testent.
Apparemment, venzald a un don de folie et personne ne veut exploiter ce don ? (Bisounours va <3)
Je pense que tu peux développer et rajouter de la tension ;)
Bisous (hésite pas à venir me poser des qu'est
Merci pour ta lecture et ton comm !
Bisous ♥
Merci encore
J’ai bien aimé ce chapitre, on en apprend enfin plus sur les « bouchevreux » et j’adore l’idée que Venzald fait fuiter ses pensées par l’endroit où il était attaché à Themerid.
Cependant je t’avoue que je suis assez sceptique par rapport à beaucoup de choses. Je suis assez d’accord avec ce qu’à dit Tac. Ça va vite et c’est beaucoup trop facile, je trouve. Notamment sur l’acceptation des esperites.
Autre chose, mais c’est de l’ordre du détail, quand Venzald s’entraîne dehors, à un moment il pleure et ses larmes gèlent aussitôt. Du coup ça veut dire qu’il fait super froid parce que normalement la joue réchauffe suffisamment les larmes pour qu’elles gèlent pas. Et en plus tu dis qu’ils restent toute la journée dehors presque sans bouger, mais vue la température ça parait peu vraisemblable.
Je crois que j’ai fait le tour. Ah si, j’adore le nom des esperites et des desesperites <3 ça fait un peu Pierre précieuse je trouve^^
> – Mais ce n’est pas une idée qui me réjouit, dit-il tristement. Je suis tellement diminué sans lui… -> le « dit-il » est aussi en italique dans le texte
Bisous !
Quant au froid, tu as tout à fait raison : il y a peu de chance pour qu'ils passent la journée dehors s'il fait -25 degrès !
Bon, ça me console un peu que tout le monde aime bien "espérites" et "desespérites", quand même XD
Merci pour ta lecture et ton commentaire ! Le chapitre suivant ne devrait pas trop tarder.
Bises !
Je me disais bien que croire Pique-Cerle n'était pas 100% fiable; ça m'a rassurée de voir que certains personnages pensaient pareil que moi :)
Je suis fascinée par le fait que Venzald puisse envoyer ses pensées à toute une région et sans faire exprès en plus et comme laissent entendre les pauvres espérites (j'adore ce mot, si élégant et noble qui contraste avec bouchevreux, qui sonne presque comme une maladie), c'est un pouvoir unique ! ça doit être très gênant de disperser ses pensées comme ça sans le savoir, puis se rendre compte que beaucoup avaient accès à son intimité xD
Est-ce que ce nouveau peuple à un nom ou se désignent-ils tout simplement par "espérites" ? Dans tous les cas, ils m'intriguent par leurs moeurs, leur ouverture, leur savoir et leurs maisons qui me font penser à celles des hobbits :)
Le fait que Venzald visualise inconsciemment des "fuites" à son épaule et sa hanche m'a beaucoup touchée. C'est comme si dans sa définition de lui-même ou dans sa perception de soi, il incluait son frère, ce qui fait sens vu leur relation étroite et leur inséparabilité. Bref, je kiffe ce genre de pépites psychologiques en fantasy <3
J'ai cru que Tamen enseignait à Venzald à contenir son esprit (donc à ne plus "déborder" dans la tête d'autrui), mais juste après, quand Venzald lui avoue qu'il arrivait à adopter le PDV de son jumeau, Tamen a l'air satisfait, voire intéressé. À la fin, les autres espérites renforcent cette idée que ce lien a son frère est exceptionnel et un avantage. Au début ça m'a un peu confuse parce que j'avais l'impression que Tamen lui enseignait le contraire, mais peut-être était-ce pour qu'il puisse "déborder" de manière plus contrôlée ?
Si Venzald ne parlait pas espérite au début, comment les autres ont-ils pu comprendre ses messages mentaux ? Ou comprennent-ils la langue "normale" de Venzald ?
Espérites/Désespérites, ça me fait penser à Espoir vs Désespoir. J'aime cette parallèle poétique qui fait totalement sens !
Oh, la fin est d'un épique ! Bravo Venzald !
Vivement la suite ^^
"Le fait que Venzald visualise inconsciemment des "fuites" à son épaule et sa hanche m'a beaucoup touchée. C'est comme si dans sa définition de lui-même ou dans sa perception de soi, il incluait son frère," : ah, tu me fais plaisir parce que c'est exactement ce que je voulais montrer.
Tu as bien compris : Tamen enseigne d'abord à Venzald à empêcher ses pensées de "déborder" partout, mais il est satisfait quand il dit que Venzald voit par les yeux de son frère parce qu'il soupçonne déjà le lien entre eux (même très éloignés l'un de l'autre) et la force du pouvoir de Venzald.
"mais peut-être était-ce pour qu'il puisse "déborder" de manière plus contrôlée ?" : oui, c'est ça !
Alors pour ce qui est du langage, ce que je voulais faire comprendre c'est que les pensées n'ont pas de barrière de langue, elles sont universelles, contrairement aux langages oraux. Mais si tu n'as pas saisi, c'est sans doute que je devrais le préciser.
Merci pour ta lecture et ton commentaire !
Trop beau que son frère l'ait entendu ! s'ils peuvent communiquer comme ça ce serait génial <3<3<3
j'ai beaucoup aimé l'apprentissage, avec le courant et le bruit de l'eau, le fait que Venzald ne se "ferme" pas aux endroits ou il était lié a son frère... Plein de belles trouvailles dans ce chapitre !
On comprend aussi pourquoi certains ont les yeux clairs sans être des bouchevreux. "Désespérite", que joli nom !
Venzald devient fort et badass, tout en restant lui-même, ça me plait beaucoup !
Celui-là est en effet consacré à son apprentissage. Je ne voulais pas forcément qu'il y ait trop d'opposition à ça, mais si j'en crois le commentaire de Tac (auquel je souscris pas mal), ça manque quand même un peu d'enjeux. Mais je suis contente que les "trouvailles" t'aient plu !
Merci pour ton commentaire ;)
Bon, je ne te parle pas du Chaos en marche, du coup, mais aaaaah j'ai vécu un moment incroyable en retrouvant un peu de mon livre préféré dans ton texte !
Je trouve que c'est un chapitre par scènes, où j'ai la sensation que tu as voulu avancer, du coup tu passes un certain nombre d'éléments sous silence et j'ai sentis que toute la tension du chapitre était agencée autour de l'apprentissage de Venzald. Pour autant je ne me suis pas sentie très "tendue". Je ne sais pas si c'est dû au fait que ça aille vite ou non, mais à aucun moment je n'ai eu peur que Venzald échoue ou autre. J'ai eu la sensation que le moindre problème dans l'apprentissage est résolu en un paragraphe et hop on passe à la scène d'après. ça fait un chapitre qui progresse par touches, un problème, une solution, scène d'après, un problème, une solution, scène d'après... je trouve que c'est très intéressant ce que tu émets au sujet du lien des deux princes : la pensée qui s'échappe par la hanche et l'épaule (d'une certaine façon), cette histoire de particularité qui les définit... J'ai fort aimé, mais j'ai l'impression que ça manque d'enjeu, tout le chapitre m'a portée jusqu'à son aboutissement comme si j'étais sur une barque et que ton chapitre était la rivière : sans savoir exactement le nombre de virages qu'il y aurait, je savais un peu où ça allait arriver et le paysage n'était pas trop surprenant.
ça n'est pas désagréable ni ennuyant, mais je trouve que ça manque un peu d'enjeux. Les espérites savent déjà tout, ne font aucune difficulté ; c'est presque trop pratique, je trouve. Je ne dis pas qu'il faut qu'ils soient méchants ou refusent de les aider, mais ça participe à mon impression de manque d'enjuex (ce que j'ai répété qutre fois déjà, pardon de ma pauvreté d'expression).
Bon, mes remarques au fil de ma lecture :
- Les maisons m'ont fait beaucoup penser aux maisons des Hobbits
- Je trouve ça curieux que les espérites appellent Venzald le prince vu que pour eux ça n'a aucune importance, ils ne sont pas les sujets de Cazalyne, et je l'ai déjà écris plus haut mais je les ai trouvés forts diligents à aider Venzald &co
- "C’est la même chose, encore que le dernier ne soit utilisé que par les sans-pouvoirs. C’est un terme un peu méprisant" : à ce stade du chapitre, je me suis demandé comment est-ce qu'ils savaient ça, vu qu'ils avaient l'air de vivre complètement retirés du monde. Avec ce qui vient après ça passe mais voilà je tenais quand meme à souligner que sur le coup j'ai bugué. D'ailleurs un peu plus loin il parle de "mange-pensée" et j'ai trouvé ça curieux qu'il emploie ce mot, pour moi c'est un peu méprisant et je doute que les espérites considèrent leur pouvoir comme "mangeur de pensée"
- S'il y a un truc que je n'ai pas compris, c'est cette affaire de même langage en pensée et de langage différent à l'oral, et le fait que les espérites ne puissent pas parler dans la tête de Pique-Cerle et Ensgarde
- " désespérites " : excellent
- "– Ce serait bien ironique si mes pouvoirs me venaient de mon père…" : c'est très très drôle de lire ça avec la révélation que tu nous as faite au Nouvel An winkwinkwink. Cela étant je trouve ça bizarre que parmi les hypothèses émises ils ne pensent pas au fait uqe ça puisse sauter une génération ; tu peux l'observer pour la couleur des cheveux donc ça me paraîtrait logique qu'ils y pensent aussi pour ça, pas besoin de s'y connaître en génétique...
- "De l’avis unanime, Venzald bloquait son pouvoir, car il n’appréciait pas suffisamment sa particularité.
– Es-tu certain que tu acceptes pleinement ta qualité d’espérite ?" : je trouve que ce paragraphe manque de transition avec le reste et répétition de l'idée entre les deux phrases, je te conseille de passer peut-être direct au dialogue
ça ne veut pas dire que le chapitre est à jeter, j'ai l'impression d'avoir fait un commentaire super froid ohlala ! Je pense juste qu'il y a une question de rythme à régler quelque part mais j'aime toujours autant <3 (ah et puis c'est aussi toutes les affaires de "mais vous êtes exceptionnel" qui me saoûlent, quand le héros de l'histoire est trop encensé par les persos de l'histoire ça me gonfle, et ce chapitre fait un peu ça surtout à la fin, du coup j'ai été un peu blasée, mais ça c'est très personnel (et puis je crois que je préfère les chapitres où il y a les trois soeurs :D ))
Plein de bisouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuus
Idem à la fin pour le héros "exceptionnel", sans doute que ça t'agacerait moins si ce n'était pas écrit en toutes lettres, non ? Du coup, il faut que je retravaille la formulation pour qu'on se rende compte que c'est exceptionnel (parce que ça, il faut quand même que je le garde) sans que ce soit dit.
Bref, comme déjà dit : c'est vraiment un premier jet, mais il y a quand même du boulot !