Oriendo se figea soudain, obligeant Elraza à s’arrêter pour ne pas le dépasser. L’aubergiste serra les poings et poussa un profond soupir.
« C'est impossible, murmura-t-il d’une voix blême. Domadan Eren est mort. L’ombre de sa magie a cessé de terroriser le monde depuis plus de deux cents ans.
- C’est ce que je croyais moi aussi. Mais d’une manière ou d'une autre, il semblerait qu’il ait survécu. »
Un long silence suivit. Le vent s'était calmé, balayant paresseusement les plaines depuis les monts du Bohold à l'est. La pluie continuait de tomber drue, transformant les talus au bord du chemin en pentes glissantes et boueuses. Ils ne voyaient presque plus Roch désormais, mais pouvaient continuer de suivre sa trace grâce à la lueur vacillante de sa torche. De temps à autres, la silhouette filiforme du mercenaire réapparaissait sous un éclat de lune avant d'être à nouveau absorbée par les ténèbres.
« Admettons que tu aies raison, dit Oriendo. Que Domadan Eren soit encore en vie. Comment les cavaliers pourraient-ils le libérer ? Sa soeur Lilybeth s'est sacrifiée pour sceller son corps dans une prison de Shâat impénétrable. On parle de l'enchanteresse la plus puissante de tous les temps, personne ne peut briser ses protections !
- Il existe pourtant un moyen, soupira Elraza. Il y a deux ans, Galar Im'Radiel a chanté la venue d'un Enfant de Shâat et nous a chargés de le retrouver. Un enfant dont les pouvoirs rivaliseraient avec ceux de Lilyh Eren.
- Voilà donc le fin mot de l'histoire, grimaça l’aubergiste. Les cavaliers veulent mettre la main sur cet enfant. Ils éliminent tous les enchanteurs du Clan pour qu'on ne puisse pas le protéger.
Elraza acquiesça.
- Ils le cherchent, Ori. Ils écument les routes depuis des mois sans répit. S'ils parviennent à le trouver avant nous, ils pourraient... »
Oriendo lui fit signe de se taire et se glissa à couvert derrière un arbre. Non loin, le hennissement d'un cheval venait de rompre le silence de la nuit. Elraza se mit instantanément sur ses gardes. À pas feutrés, ils remontèrent le talus jusqu'à la route et jetèrent un œil vers l'horizon. Ils avaient dépassé la colline du presbytère depuis un bon moment. Le sentier s'engouffrait à cet endroit dans une pinède avant d'obliquer en direction de la côte. Roch n'était visible nulle part : le spadassin avait étouffé les flammes de sa torche.
« Nous approchons du lieu de rendez-vous, chuchota Oriendo. Mieux vaut effectuer une reconnaissance rapide. »
L'enchanteresse approuva et ils se séparèrent. Tandis que l'aubergiste traversait la route pour contourner le petit bois par l'est, elle choisit de suivre les traces de Roch. La piste du bretteur s'enfonçait dans la forêt, le long d'un sentier tracé par des animaux sauvages. Au-delà d'une dizaine de pas cependant, il y faisait trop noir pour distinguer quoi que ce soit.
« Cœur-de-Nuit, murmura la magicienne. Je vais avoir besoin de toi. »
Elle fit le vide dans son esprit et sentit la Shâat affluer dans son corps. Sans perdre sa concentration, Elraza posa une main sur le médaillon qui pendait à son cou et fit l'effort de visualiser le grand palefroi noir qu'elle avait laissé dans les écuries des Trois Couronnes avant l'incendie. Cœur-de-Nuit n'était pas un animal comme les autres. Il s'agissait en réalité d'un Oro'luin, une créature exceptionnelle dotée d'une affinité très forte avec la magie. Une fois lié avec un enchanteur, celui-ci pouvait invoquer son Oro'luin par la simple force de l'esprit et puiser dans ses formidables pouvoirs pour renforcer les siens. Cœur-de-Nuit possédait le don de se métamorphoser en n'importe quelle créature vivante : lorsqu'il entendit l'appel de sa maîtresse, il apparut sous la forme d'un grand hibou au plumage sombre.
« Va, ordonna Elraza à voix basse. Montre-moi le chemin. »
La silhouette fantomatique du grand-duc s'engouffra dans le sous-bois. Grâce à leur lien particulier, l'enchanteresse pouvait désormais voir à travers ses yeux comme en plein jour. Le monde lui apparaissait en noir et blanc avec une incroyable netteté. La vue du rapace n'était pas seulement beaucoup plus précise que celle de l'homme ; son champ de vision était élargi, ce qui permettait à Elraza de distinguer le moindre mouvement suspect dans toutes les directions. Elle pénétra sous les arbres à la suite de son animal, s'efforçant de ne pas se laisser distancer. Il ne fallut que quelques instants à Cœur-de-Nuit pour retrouver le spadassin. Roch avançait d'un pas sûr, contournant les troncs et les obstacles sans la moindre hésitation. Il devait bien connaître l'endroit, jugea Elraza, pour se mouvoir avec une telle aisance dans le noir. À plusieurs reprises, elle le vit jeter un regard par-dessus son épaule, comme s'il s'attendait à être suivi. Mais s'il devina la présence du hibou dans les branches, il n'en laissa rien paraître.
Elle poursuivit son chemin pendant un long moment encore. Au-dessus des frondaisons, la lune n'apparaissait plus que par intermittence en direction de l'ouest. Tout au plus restait-il deux ou trois heures d'obscurité avant que le monde ne s'éveille. De la rosée perlait sur les épines des pins et dans les fougères. Sous ses bottes, une fine pellicule de givre commençait à se former par endroits. L'air était frais et vivifiant, mais à mesure qu'elle progressait en poursuivant Roch, Elraza pouvait sentir de plus en plus nettement une odeur dérangeante. Un relent désagréable de putréfaction parvint à ses narines, comme si un animal mort depuis plusieurs jours se trouvait non loin de là. Cette puanteur, l'enchanteresse la connaissait.
C'était celle des cavaliers.
« Plus haut, Cœur-de-Nuit ! ordonna-t-elle. Je dois savoir où ils se cachent. »
Le rapace reprit son envol et s'éleva dans un bruissement d'ailes au-dessus de la cime des arbres. Le bois s'étendait environ une lieue vers le sud, longeant la route qui reliait Vitarive aux villages de la côte. Plus loin sur les falaises, Elraza aperçut une tour de pierre branlante à moitié effondrée dans la mer. Il s'agissait sans doute d'un vieux phare qui guidait les navires marchands pour les protéger des récifs. L'endroit semblait désert, parfait pour une entrevue clandestine. D'ailleurs, Roch se dirigeait tout droit dans cette direction.
Elle repéra les cavaliers quelques instants plus tard.
Ils étaient beaucoup plus proches qu'elle ne l'aurait cru. À environ trois cents pas, le sentier se terminait dans une combe peu profonde où s'écoulait paresseusement un ru. De l'autre côté du cours d'eau, deux palefrois fantomatiques attendaient, aussi pâles que la couleur de la lune. Ils dégageaient une aura de noirceur qui tournoyait autour de leurs sabots, comme des lambeaux de fumée ou de brume. Ces chevaux étaient bien trop massifs pour être naturels et cette énergie qui flottait autour d’eux confirma les craintes de l'enchanteresse. Il s'agissait là d'Oro'luins appartenant à la même espèce que Cœur-de-Nuit. En les découvrant, Elraza eut un frisson d'effroi. Seuls de très puissants mages étaient capables de soumettre une créature aussi sauvage et impétueuse.
Or, justement, deux hautes silhouettes revêtues d'une armure noire patientaient, perchées sur leurs montures.
Lorsqu'elle posa son regard sur les renégats, l'un d'eux tourna lentement la tête dans sa direction et son cheval renâcla. Elraza sentit alors une décharge traverser sa poitrine, comme si elle avait reçu un coup de poignard. Une étreinte glaciale se referma sur son coeur et la fit reculer en trébuchant. Foudroyée par la douleur, elle s'affala sur le chemin et mordit dans son poing pour ne pas hurler. Un peu plus loin, Cœur-de-Nuit poussa une longue plainte d'agonie et de tourments. Lui aussi avait subi de plein fouet l'attaque du cavalier. Pendant une seconde qui lui sembla durer une éternité, Elraza perdit contact avec son Oro'luin et se retrouva plongée dans les ténèbres. Enfin, son familier eut l'intelligence de s'éloigner de l'aura maléfique des renégats. L'enchanteresse retrouva sa vision nocturne et sentit l'étau se relâcher dans sa poitrine. Elle poussa un soupir de soulagement et se redressa, les jambes flageolantes.
Il s'en était fallu de peu.
Mais comment le cavalier pouvait-il l'attaquer avec une telle force sans prononcer d'incantation ? Avait-il compris qu'elle les espionnait ? Le cœur battant la chamade, elle se hâta d'observer les silhouettes fantomatiques sur le versant de la combe, priant pour qu'ils ne soient pas déjà lancés à sa poursuite.
Les renégats n'avaient pas bougé.
C'était invraisemblable ! Elraza était certaine que le regard du cavalier l'avait transpercée. Ils ne pouvaient pas ignorer sa présence, à moins que...
Oui, c'était forcément ça. Elle n'avait pas été victime d'une attaque, mais d'un charme de défense tissé autour d'eux. Ce genre de protection fonctionnait comme une gigantesque toile d'araignée ; Cœur-de-Nuit l'avait sans doute déclenchée en survolant le point de rendez-vous. Autrement dit, les renégats savaient désormais qu'ils n'étaient pas seuls. Avec un peu de chance, ils penseraient que c'était Roch qui venait à leur rencontre. Elraza s'étira pour évacuer la tension de ses épaules. Elle sentait encore la brûlure acide du maléfice qui avait failli la tuer. Heureusement, son Oro'luin avait encaissé l'essentiel de la décharge à sa place.
Sans tarder, l'enchanteresse reprit sa progression entre les arbres. Cette fois, elle utilisa sa magie pour dépasser le mercenaire : elle devait absolument examiner ce sortilège avant que Roch n'arrive sur les lieux. Elle projeta son Oeil-de-Var devant elle, à l'affût du moindre signe trahissant la présence du piège mortel. Quelques instants plus tard, elle repéra un scintillement inhabituel dans l'air. La toile de Shâat était presque invisible, elle ressemblait à un linge transparent qui ondulait au vent et reflétait le paysage autour d'elle. Intriguée, Elraza ramassa une branche morte et l'effleura avec précaution. Des ondes se dessinèrent à sa surface comme lorsque l'on jette une pierre dans un étang. Elle poussa davantage et l'extrêmité de son bâton se flétrit jusqu'à tomber en poussière.
« Par la toute-puissance de Ran ! » pesta-t-elle à voix basse.
Ce qu'elle avait sous les yeux, c'était un Linceul de Mort. Un sortilège conçu pour saper l'énergie vitale de quiconque le traversait. L'un des cavaliers au moins pratiquait la nécromancie, une forme de magie très noire maîtrisée autrefois par Domadan et ses disciples.
Elraza frissonna.
Cette découverte confirmait ses craintes. Ils n'avaient pas affaire à un groupe de renégats comme les autres. Face à un nécromancien de ce niveau, Oriendo et elle n'avaient pas la moindre chance. Par prudence, l'enchanteresse s'éloigna de la toile mortelle et utilisa son voile de ténèbres pour se camoufler derrière un arbre. Même à cette distance, elle pouvait compter sur son Oro'luin pour épier la conversation entre Roch et les cavaliers.
Le spadassin parut quelques instants plus tard.
Il se figea devant le Linceul, ôta son galurin et le brandit comme un bouclier. Le voile de mort se désagrégea sur son passage. Le bretteur marcha d'un pas anxieux jusqu'au ruisseau et mit un genou à terre dans l'humus. L'un des cavaliers fit avancer sa monture de quelques mètres et lui ordonna de se redresser.
« Vous êtes en retard ! tonna-t-il d'une voix sépulcrale. L'aube arrive à grands pas.
Roch se remit debout sans quitter son vis-à-vis des yeux.
- Il y a eu un léger contretemps, dit-il. Cette cohorte de soldats que vous avez envoyée... Oriendo les a neutralisés. J'ai dû finir le travail moi-même.
- Les hommes de l'Esperial n'étaient là que pour détourner son attention, gronda le cavalier. Dîtes-nous, mercenaire, le Sildaros est-il mort ? »
Roch hésita. Il leva les yeux en direction des frondaisons et sembla chercher un objet dans sa poche. Lorsqu'il l'eut trouvé, il le brandit dans la paume de sa main en direction des deux cavaliers. C'était un anneau d'argent frappé d'un sigil en son centre. La pâle lueur de la lune ne permit pas à Elraza de distinguer le motif du sceau, mais elle n'en avait pas besoin. Elle portait la même bague autour de son annulaire. Ce bijou identifiait les meilleurs enchanteurs du Clan, ceux qui avaient obtenu le titre convoité de maître Sildaros.
« Voici sa chevalière pour preuve de sa mort, dit Roch. Je l'ai arrachée sur son cadavre.
- Et le corps ? demanda le cavalier.
- Brûlé avec l'auberge. Pour ne pas laisser de traces. »
L'immense cheval s'avança de quelques pas et entama avec prudence la traversée du ruisseau. Le spadassin resta sur place sans trembler, mais les doigts de sa main se crispèrent sur la poignée de son épée. L'enchanteresse se raidit elle aussi, prête à intervenir pour protéger le mercenaire. Elle ignorait pourquoi Roch avait menti aux cavaliers en affirmant avoir tué Oriendo, mais ils risquaient maintenant de le supprimer pour s'assurer de son silence. Elle ne pouvait pas les laisser faire.
« Montrez-moi la bague », ordonna le renégat lorsqu'il fut arrivé à hauteur de Roch.
Celui-ci la lança et le cavalier la réceptionna d'un geste assuré. Il l'examina alors longuement, la tournant dans tous les sens, et prononça plusieurs enchantements inconnus d'Elraza qui la firent rougeoyer.
« Elle est authentique, conclut-il en la rendant au spadassin. C'est bien celle de Cirin'Del. Gardez-la en guise de paiement, sa magie vous appartient. Vous avez fait du bon travail.
Roch s'inclina mais demeura silencieux.
- Avez-vous découvert où se trouve l'Enfant de Shâat ? poursuivit le cavalier de sa voix grave.
Le mercenaire opina du chef.
- Dans un village à quelques lieues d'ici. C’est le rejeton d’une famille de pêcheurs. Il vit sur la côte, à l'est du vieux phare de Boel. Mais le Clan des Sildaros le protège.
- Si Cirin'Del est mort, les Sildaros ne sont plus un problème. »
L'homme fit volter son cheval et repartit à vive allure rejoindre son partenaire. D'un geste, il lui ordonna de prendre la direction de la côte. Avant de disparaître, il se tourna une dernière fois vers Roch.
« Ne vous éloignez pas, mercenaire. Nous aurons encore besoin de vos services. Un messager viendra. »
Et il lança son Oro'luin au galop pour rejoindre la route.
On apprend pas mal de choses dans ce chapitre, beaucoup d'éléments sur l'univers et de découverte. Dans l'ensemble c'est super intéressant. On découvre les adversaires filés par Elzara depuis tous ces chapitres, la description du sortilège de protection est très réussie, on se fait autant avoir que la protagoniste.
Roch s'en sort bien, ça donne l'impression qu'il est rôdé au service de ces commanditaires. Curieux de découvrir quelle sera sa prochaine mission. A mon avis, ça risque de l'amener à croiser de nouveau nos héros (=
Sympa aussi de pouvoir comprendre le titre du roman, je trouve que c'est un mot avec de belles sonorités en plus, bien joué.
Mes remarques :
"C'est impossible, murmura-t-il d’une voix blême. Domadan Eren est mort. Sa soeur Lilybeth l’a vaincu et l'a enfermé dans une prison de Shâat impénétrable. L’ombre de sa magie a cessé de terroriser le monde depuis plus de deux cents ans. En dehors des Grisécailles, personne n'est capable de vivre aussi longtemps." je suis un peu mitigé sur cette réplique. En même temps c'est bien du donner du contexte au lecteur, mais un "c'est impossible" sonnerait plus naturel et montrerait plus l'ampleur de la menace. Ma suggestion : peut-être couper en deux du genre : mais c'est impossible / c'est ce que je croyais moi aussi / Sa soeur....
"De nombreux navires marchands croisaient au large des côtes de Ghern pour relier la capitale d’Anthem avec les ports de Salem et de Cormarin. La plupart..." Je me demande si ce paragraphe d'explication a sa place ici. (surtout après Cormarin) Peut-être qu'un élément ou deux ça peut être bien, glissé au fil du texte mais là il y a finalement pas mal d'infos, qui mettent un peu en pause le récit principal (surtout que c'est un chapitre déjà assez tranquille et bien chargé en explication, peut-être que celle-là est moins importante que les autres) Après si tu veux en parler, peut-être expliquer pourquoi ça intéresse Elzara ou quelque chose du genre.
Un plaisir,
A bientôt !
Oui, tu es en plein dans les chapitres qui apportent pas mal de lore et d'explications sur le début du récit 🙂
C'est d'ailleurs un des reproches que Peri m'avait fait ici, il y avait presque trop de nouvelles infos à assimiler. Ce que tu soulèves également avec ce paragraphe sur le commerce maritime d'ailleurs. Tu n'es pas le premier à me le pointer du doigt et je pense qu'il va sauter à la prochaine réécriture. Il n'a rien à faire là à part casser le rythme, et j'aurai d'autres occasions d'amener ce genre d'informations sur mon univers plus tard.
En tout cas, ça fait plaisir de te retrouver par ici, merci de ton commentaire et j'espère que la suite te plaira ;)
Ori
L'intrigue se précise ici, je sens le début d'une longue quête ! Un peu étonnée par le risque que Roch prend en mentant sur la mort d'Oriendo, mais finalement c'était sa seule option s'il voulait tenir parole envers nos héros. Je sens qu'il va mettre un joli bazar sans le vouloir xD
Petite interrogation, qu'est-ce que l'Esperial de Vearn ?
"Le mercenaire acquiesça du chef" => je crois qu'on dit opiner du chef ou acquiescer, je n'ai jamais rencontré les deux mélangés en tout cas.
À bientôt pour la suite :)
Effectivement, c'est le début d'une longue quête, on peut le dire ! Tout ceci n'est que l'introduction de mon roman pour présenter au lecteur les personnages importants et l'univers.
Pour l'Esperial de Vearn, c'est (en gros) un prince qui revendique la couronne de Ghern et qui a déclenché une guerre pour l'obtenir. J'ai déjà mentionné son nom à plusieurs reprises, et l'explication arrive dans le chapitre suivant ;)
Bien vu pour cette coquille, je vais la corriger tout de suite :)
Au plaisir,
Ori'
On continue la filature de Roch par El.
Tu introduis les animaux des mages, c'est sympa. On ressent bien le soin de El pour ne pas être repérée et la nuit opaque dans laquelle elle évolue. Le moment de l'attaque est bien aussi et montre que le mage est lié à son animal. Jusqu'à où va ce lien ? Si l'animal meurt, le mage meurt ?
On apprend aussi qu'on est 200 ans après le prologue, mais que les deux enfants sont devenus de puissants mages et qu'ils sont toujours en vie. Le garçon est devenu une sorte de mage noir qui vient de se libérer, ce qui annonce des ennuis à venir.
Le cliffangher n'est pas top (je suis chiante hein 🙂), on s'attend à quelque chose de plus renversant en fin de chapitre. Elle le suit pendant longtemps et on s'attend à une révélation ou alors qu'elle lui tombe dessus. N'oublie pas de bien relancer le suspense.
Mes notes de lecture (plus relatives au style et à la manière d'amener les infos. Le fond est bien, a part la toute fin. Bien sûr, tout ce que je dis là est subjectif et se veut une aide pour challenger ton texte, afin que tu te poses des questions dessus. Si tu n'es pas d'accord avec un truc, jette-le tout bonnement 🙂)
"L’aubergiste serra les poings et poussa un profond soupir."
> Attention le soupir peut exprimer le soulagement ou le fait que quelqu'un soit saoulé, mais pas la colère ni la surprise à mon avis
"Domadan Eren est mort. Sa sœur Lilybeth l’a vaincu"
> Je viens de faire tilt et réaliser que ce sont les jumeaux du prologue. Je viens de vérifier, c'est bien ça !
"Galar Im'Radiel a chanté la venue d'un Enfant de Shâat sur les terres de Ghern"
> Pourquoi ? Qu'a-t-il de spécial cet enfant ? De qui est-elle ? C'est le Messie ? Tu devrais le dire en une phrase ou deux ici.
"Les cavaliers veulent mettre la main sur cet enfant."
> "Les cavaliers que je poursuis, envoyés de ..., veulent mettre..."
> Il me manque des infos
"Ils le cherchent, Ori."
> "Tout comme moi, ils le cherchent, Ori" ? Il me manque l'info qu'elle cherche elle aussi cet enfant. Là on se dit qu'elle cherche seulement les cavaliers
"Le sentier s'engouffrait à cet endroit dans une profonde pinède"
> "à cet endroit" ne refere à rien. "Devant eux, le sentier s'engouffrait..." ?
"Roch n'était plus visible nulle part : le spadassin avait étouffé les flammes de sa torche."
> Inverser serait mieux : les flammes de la torche venaient de s'éteindre. Roch avait disparu."
"L'enchanteresse acquiesça et ils se séparèrent."
> Qu'en est-il de leur bouclier magique ? Une fois séparés, il ne marche plus, si ?
"La piste s'enfonçait rapidement dans la forêt,"
> La notion de vitesse appliquée à la piste est bizarre. Plutôt El s'enfonçait rapidement dans la forêt" ou alors supprimer l'adverbe ?
"celui-ci pouvait faire appel à leurs services par la simple force de son esprit et puiser dans leurs formidables pouvoirs pour renforcer les siens."
> C'est donc vraiment comme l'aigle de Assassins Creed sauf qu'il peut se transformer en n'importe quel animal ?
"Cœur-de-Nuit"
> C'est comme Oeil-de-Nuit dans l'Assassin Royal, le loup de Fitz
"Plus haut, Cœur-de-Nuit ! ordonna-t-elle. Je dois savoir où ils se cachent"
> Si elle parle à voix haute, ne se ferait-elle pas illico repérée ? À moins qu'ils ne se parlent en pensées ?
"La plupart transportaient du bois, des fourrures et de l'ambre, mais aussi des peaux et de la cire d'orpalin. Ce commerce lucratif faisait vivre une grande partie des habitants de la région, habitués dès leur plus jeune âge à sculpter dans l'ivoire et à façonner de solides essieux. Bijoutiers, tanneurs, parcheminiers et ébénistes faisaient partie des professions les plus importantes de ces terres, juste derrière les capitaines d'équipage, les forgerons et les pêcheurs de haute-mer. Hélas, les prétentions de l'Esperial de Vearn au trône de Ghern avaient changé les choses, car désormais les soldats et autres gens de guerre grouillaient comme de la vermine par tous les chemins. "
> Ce paragraphe de pure exposition est-il bien placé ici ? Pourquoi El pense-t-elle au commerce et à l'artisanat dans ce pays à ce moment-là, en pleine filature ??
"Cœur-de-Nuit eut l'intelligence de s'éloigner"
> réussit à ? (Puisqu'avant, il n'a pas eu la bêtise de rester, il était attaquer et immobilisé par une force magique)
"Elle poussa un soupir de soulagement."
> Là le soupir est adapté 🙂
""Avait-il compris qu'elle les espionnait ?"
Et "C'était invraisemblable, car Elraza était certaine que son regard l'avait transpercée. Ils ne pouvaient pas ignorer sa présence, à moins que..."
> La question ne va pas avec la suite, je la supprimerais
"Mais comment était-ce possible ?"
> En fait, même réflexion avec cette question mise en parallèle avec "Seuls de très puissants mages étaient en mesure de soumettre une créature magique aussi sauvage et impétueuse. Et justement, deux hautes silhouettes revêtues d'une armure noire attendaient, perchées sur leurs montures."
> Elle pourrait de suite se douter que de puissants mages se trouvent là. Elle se le dit d'abord, puis ces questions la font paraître plus bête qu'elle ne l'est. Donc soit faut remonter les questions soit les supprimer (je pencherais pour la deuxième option et je les reformulerais du genre Que font des mages aussi puissants ici ? Puis plus de peur de sa part, car elle sait qu'elle est repérée à ce stade (ou du moins que son animal l'a été)
"Oui, c'était forcément ça. Le cavalier ne l'avait pas ciblée directement mais l'avait frappée à travers Cœur-de-Nuit. "
> Ça aussi tu peux supprimer. C'est de la surexplication. Si tu ne t'inscris pas dans une fantasy jeunesse, tu peux faire confiance à ton lecteur, il aura compris.
"Elle n'avait pas été victime d'une attaque, mais d'un sortilège de défense tissé autour d’eux."
> Mais ça, faut l'expliquer. Comment arrive-t-elle à cette déduction ? Après tout, elle a senti le regard d'un des gars sur son hibou donc rien n'indique que c'est un bouclier et pas une attaque dirigée par ce type. Il manque un quelque chose pour suivre le courant de ses pensées.
"Elraza soupira"
> T'es persos soupirent trop souvent
"Lui aussi se méfiait, tous ses muscles tendus et sa main posée sur le pommeau de son épée."
> Pourquoi "lui aussi" ? Je mettrais "il", car à qui le compares-tu ? À El ? Ce n'est pas logique de faire ça. "Il se méfiait peut aussi être enlevé car la suite de la phrase le montre tendu et tu n'as pas besoin de tell (et donc de surexplication) pour qu'on comprenne. Si tu montres comment sont les persos, tu peux faire confiance au lecteur pour raccrocher les wagons
> On passe donc dans son point de vue ici
"fit avancer son Oro’luin de quelques mètres et lui fit"
> fit/fit
"L'aube arrive à grands pas."
> N'oublie pas de fermer les guillemets ici
"et prononça plusieurs enchantements inconnus d'Elraza"
> Inconnus de Roch non ? Pour rester dans le point de vue de Roch
Je reprécise que le chapitre se lit bien, il est fluide et les actions et les pensées des personnages sont cohérentes. On comprend tout bien 🙂
Et bien, quelle déferlante de commentaires ce week-end, je vois que tu as bien avancé dans ta lecture !
Déjà, je ne le redirai pas forcément sur chaque chapitre, mais un grand merci pour ta fidélité et tous tes commentaires super détaillés comme d'habitude, ça m'aide vraiment beaucoup pour progresser :)
J'ai vu qu'à plusieurs reprises dans ce commentaire et les suivants tu soulèves un problème de rythme. On est clairement en effet dans une partie plus calme de l'histoire, qui ne dure que deux chapitres sur mon traitement de texte mais du coup ça en fait 4 ici. Je peux comprendre qu'en effet, ça paraisse un peu long. J'y amène des éléments de lore indispensables pour comprendre la suite du scénario et j'en profite aussi pour introduire Coeur-de-Nuit et les Oro'luins de manière générale (bien que très rapide pour le moment).
Tu as raison sur les "cliffhanger", il faudra sans doute que je repasse dessus. Après, difficile de faire un effet tourne-page de malade sur un chapitre comme celui-ci sans amener une confrontation avec les Renégats qui n'est pas censée se produire si tôt dans le scénario.
J'ai remarqué en effet que mes personnages soupirent et acquiescent souvent, c'est un peu comme ta volée de marches dans le Darrain, il faudra que je fasse la chasse à ces incises répétitives à la relecture ^^
""Galar Im'Radiel a chanté la venue d'un Enfant de Shâat sur les terres de Ghern"
> Pourquoi ? Qu'a-t-il de spécial cet enfant ? De qui est-elle ? C'est le Messie ? Tu devrais le dire en une phrase ou deux ici."
--> Justement, la réponse arrive avec le chapitre suivant, je laisse le lecteur se poser les questions et découvrir progressivement l'histoire plutôt que de lui amener toutes les réponses directement dès le départ ;)
"Plus haut, Cœur-de-Nuit ! ordonna-t-elle. Je dois savoir où ils se cachent"
> Si elle parle à voix haute, ne se ferait-elle pas illico repérée ? À moins qu'ils ne se parlent en pensées ?
--> C'est exactement ça, un mage communique généralement avec son Oro'luin par la pensée. La relation qui les unit sera davantage détaillée par la suite mais il existe une connexion entre leurs esprits. Je vais rajouter une incise ou quelque-chose d'autre pour indiquer qu'elle ne lui parle pas à voix haute.
"celui-ci pouvait faire appel à leurs services par la simple force de son esprit et puiser dans leurs formidables pouvoirs pour renforcer les siens."
> C'est donc vraiment comme l'aigle de Assassins Creed sauf qu'il peut se transformer en n'importe quel animal ?
--> C'est un peu plus complexe que ça, mais y'a de l'idée oui. J'avoue que je n'avais jamais pensé à comparer les Oro'luins à l'aigle de la saga, c'est une approche intéressante ^^
> On passe donc dans son point de vue ici
--> Non, on garde bien le point de vue d'Elraza ici. Elle voit Roch arriver et le trouve crispé, elle observe qu'il a posé la main sur le pommeau de sa lame et qu'il est nerveux en présence des cavaliers, donc elle en déduit qu'il est méfiant.
Je ne vais pas reprendre toutes tes autres remarques, mais j'ai tout lu et ce sera précieux au moment des corrections :)
Encore merci pour tes compliments, je passe à la suite !
petites corrections :
deux-cents ans → deux cents ans (pas de tiret quand l’un des nombres est 100 ou plus).
trois-cents pas → trois cents (idem)
J’aime bien le rappel au prologue, tout en douceur, très bien fait. Les explications liées à la magie sont distillées au compte goutte pour ne pas surcharger le lecteur, j’aime bien.
Merci pour ton retour et ces corrections, je vais modifier ça tout de suite :)
Content que l'univers te plaise. À partir d'ici, l'intrigue et le lien avec les enfants Eren vont progressivement se dévoiler.
Bonne lecture !
Le lien avec le prologue est enfin là !
Niveau curiosité, je suis satisfaite.
Les mages semblent très puissants. L'effacement, l'utilisation des Oro'luins, le montrent bien.
J'attends de voir la puissance des cavaliers, comprendre pourquoi ils sont autant craints. Et d'où ils tirent cette puissance. Bon, ils sont peut-être un peu naïfs. Ou Roch très persuasif.
Oui le lien avec le prologue commence à se mettre en place et les fils du scénario se tissent. On n'en est encore qu'au début de l'histoire mais à partir de ce chapitre les choses se mettent vraiment à avancer.
La puissance des cavaliers se dévoilera véritablement à partir des chapitres 10 à 15. Quant à savoir pourquoi ils sont autant craints, je pense que tu le comprendras assez vite ^^
Merci pour ton commentaire et bonne lecture 🙂
Tu crées une ambiance qui fait froid dans le dos. Nocturne, pleine de dangers... On s'y croit tout à fait, et j'ai eu mal au coeur quand Coeur-de-Nuit a eu un coup (bon heureusement, l'oiseau s'en sort ;)
Tu notes:
« Tu me parlais d'un enfant tout à l'heure, dit Oriendo pour changer de sujet. Où se trouve-t-il ?": si j'avais été à sa place, j''aurais d'abord demandé qui il est. Mais je ne suis pas Oriendo, bien sûr, qui a probablement déjà deviné qu'il s'agissait d'un enfant de Shâat ;)
Concernant l'intrigue je n'en dirai pas plus pour le moment, sinon je risque de spoiler les chapitres suivants ou d'attirer ton attention sur des détails importants... :p
Cela dit, c'est une bonne remarque concernant Oriendo. La question de l'identité de l'enfant viendrait logiquement en première. Mais comme tu le dis si bien, il a déjà compris qu'il s'agit d'un Enfant de Shâat.
J'espère que la suite te plaira ;)
Et ça se confirme, Domadan a viré dark side. J’aime bien les combats entre frères/sœurs, c’est toujours plein de piment. :p S’il a survécu, j’imagine qu’on va peut-être le revoir, le coco ? Ou c’est le grand manitou des méchants qui tirent les ficelles et il va rester dans l’ombre jusqu’à la bataille finale ?
Ces cavaliers renégats font froid dans le dos. Franchement, j’ai eu peur pour Roch. x’D Finalement, je crois que je l’aime bien. Mais il a l’air de s’être fourré dans un sale pétrin. J’ai pas l’impression que la démission soit une option…
Et il a donc un enfant ? L’enfant de la prophétie ? :p Mais le voilà le petit jeuno inexpérimenté !!
J’aime beaucoup le concept des Oro’luins. C’est le familier ultime, ça ! Ultra pratique, j’en veux un.
J’ai relevé une p’tite coquille, en passant :
« Ce genre de protection fonctionnait exactement comme une gigantesque une toile d'araignée » → y a un « une » de trop.
Bon, qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour avoir la suite ? Évidemment, c’est quand ça devient fort intéressant qu’il n’y a plus de chapitres. T.T
Oui, les cavaliers font froid dans le dos. Et crois-moi, ils n'ont pas fini de te donner des sueurs froides.
Les Oro'luins sont trop cool, moi aussi je rêverais d'en avoir un. J'ai créé ces créatures il y a une bonne quinzaine d'années, et pourtant je ne m'en lasse pas à chaque fois que j'en fais intervenir un dans mes histoires.
Et merci pour la coquille, je vais la corriger de ce pas !
... Allez, puisque tu as été adorable en postant tous ces commentaires, je vais te mettre la suite aujourd'hui ;)
De toute façon, j'ai encore pas mal d'avance sur le rythme de publication, je veux juste éviter de tout balancer d'un coup et de ne plus rien avoir à mettre après pendant six mois :p
À tout bientôt donc !
Ori'