Chapitre 5 - L'instinct

Notes de l’auteur : Il s'agit ici de la seconde version de chuchotement que je souhaite vous présenter ! Se voulant plus dynamique et poignant (je l'espère) dés le début du récit, anciens ou nouveaux lecteurs, je compte sur vos commentaires :)

Shangaï et moi dévalions le flanc de la Montagne au galop. Nous devions nous dépêcher. Il ne fallait surtout pas être en retard, ou tout serait fini.

— Vite, Shangaï ! Plus vite, hurlai-je dans ses oreilles.

Mon étalon n’arrivait pas à accélérer, à bout de forces. Sa respiration saccadée m’effrayait et sa transpiration trempait les rênes, devenues glissantes entre mes doigts. Les sabots de Shangaï dérapaient sur les pierres et nous manquâmes à plusieurs reprises de basculer dans le vide. La peur me coupa le souffle lorsqu’un arbre au tronc large s’effondra devant nous. La puissance de l’impact fit céder la roche. Le flanc de la Montagne s’ouvrit sous les pieds de mon étalon, et alors qu’elle nous engloutissait dans son ventre sombre, elle se mua en une gigantesque mâchoire aux crocs acérés qui se referma sur nous dans un claquement effroyable.

Je me réveillai en sursaut, trempée de la tête aux pieds. Cette journée de tests ne faisait que commencer.

 

~

 

Confortablement installée sur ma selle de cuir, je profitai des foulées assurées de Shangaï. Nous avions quitté la Montagne, encore endormie, depuis un petit moment. Dans le silence du matin, j’imaginai la surprise de la princesse Adélaïde lorsqu’à son réveil elle constaterait qu’une autre femme de chambre viendrait l’aider à se préparer pour le petit-déjeuner. Il faudrait trouver une excuse, et à cette période du mois cette dernière semblait tout indiquée. Passant distraitement ma main sur mon ventre, je repoussais de mes pensées la Princesse. Il y avait plus important aujourd’hui.

Shangaï ébroua sa crinière d’impatience et je caressai sa robe aussi douce que la soie, tandis que mes doigts se faufilaient dans ses longs crins noirs comme l’ébène, pour lui intimer de rester calme.

— Les choses sont peut-être sur le point de changer, Shangaï, lui murmurai-je, avant de lui conter ma rencontre avec le chuchoteur et sa chauve-souris.

Malgré mon anxiété, les mots sur mes lèvres se formaient avec la douceur du chant d’un oiseau. Une oreille tournée vers moi, l’étalon gris m’écoutait.

— J’ai peur au fond de moi qu’il se trompe, avouai-je après avoir fini mon récit. Je ne t’entends pas. Je ne t’ai jamais entendu. Peut-être me faudra-t-il lui dire ? Si tu es véritablement mon animal totem, il serait toutefois plus simple que tu te révèles dès maintenant, ris-je d’un ton pincé.

Avec vigueur j’enlaçai son encolure, et compris que j’aspirais à quelque chose d’autre que cette vie à cheval entre deux mondes. Je rêvais de trouver enfin cette place dont tout le monde me rabâchait les oreilles… Notre place. Tandis que j’espérais entendre sa voix résonner dans ma tête, le silence me sembla soudain terriblement bruyant.

— Ce que je peux être stupide… soufflai-je entre mes dents, relâchant mon étreinte. Le chuchotement est un don transmis par le sang, et j’ai cru… Je souhaitais me rapprocher d’eux, juste un peu. Pourtant rien qu’à cette idée, je tremble de peur Shangaï…

Sur l’herbe brillante de rosée, les foulées de mon étalon se faisaient presque silencieuses. J’observai le halo rose-orangé que le soleil formait sur le ciel, tandis que mon estomac tentait de digérer mon stress. Rapidement, le bois de bouleaux de la Vallée Voreïos se dressa devant nous, et dans ses nombreux et fins branchages des oiseaux entonnaient leur mélodie du matin. La forêt chantait.

— La ponctualité est une chose importante.

Cette phrase prononcée d’une voix grave resta un moment suspendue dans l’air. Incapables d’identifier sa provenance, Shangaï et moi observions, immobiles, l’immensité de la forêt.

— C’est une qualité qui ne semble pas vous faire défaut, reprit monsieur Arcane.

Un bruissement d’aile frôla mon oreille. Je vis un petit mammifère noir fendre l’air et aller se poser sur l’épaule du chuchoteur, qui d’un pas souple sortit de sa cachette, la capuche blanche de son long manteau râpé rabattue sur sa tête.

Fébrile, je serrai les rênes de cuir dans mes mains et observai les environs. Il n’y avait pas âme qui vive dans tous les alentours, et je ne pus dire si cette constatation me rassura ou me terrifia.

— Nous sommes seuls ! Mettez pied-à-terre, Sybil, et suivez-nous, ordonna l’homme au manteau blanc.

À sa suite, nous nous enfonçâmes entre les arbres, et observâmes leur fine écorce aussi blanche et pure que la neige, chamarrée de taches noires. À cette saison, l’herbe verte et les petites fleurs sauvages à leur pied faisaient ressortir la beauté de leur robe. Je fus réconfortée que le chuchoteur ait choisi ce lieu pour notre rencontre.

Après avoir slalomé entre les arbres, quittés des sentiers pour en rejoindre de nouveaux et me perdre complètement, monsieur Arcane s’immobilisa au centre d’une vaste clairière aux petites fleurs violettes.

— Commençons ! Sybil, je vais vous demander de…

— Excusez-moi, monsieur Arcane, le coupai-je. Mais je dois vous dire quelque chose !

Haussant les sourcils de surprise, il m’invita à continuer d’un signe de la main. La bouche sèche et la gorge toujours nouée, j’hésitai à lui avouer mon tourment. Était-ce seulement une bonne idée ?

— Nous… Nous ne… Nous ne communiquons pas par la pensée ! finis-je par avouer d’une traite, alors que mes joues s’enflammaient sous le coup de la honte. Je crains que vous ne vous soyez trompé à notre sujet. Je ne crois pas être une chuchoteuse !

— Sybil, j’espère qu’avec du temps, vous apprendrez à me faire confiance et à vous faire confiance… Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Vous ne croyez pas en vous !

Son expression restait indéchiffrable sous sa barbe, alors que Kira posait sur moi ses petits yeux jaunes plissés. Je me tournai, incrédule, vers Shangaï. Mâchouillant un bouquet de fleurs bleues et violettes, le grand gris observait Kira d’un air curieux.

— Je ne suis pas certaine de comprendre…

— Vous n’avez pas à comprendre. Laissez-moi vous montrer ! me répondit-il d’une voix pleine d’assurance. Dessellez votre cheval, Sybil.

De mes mains tremblantes, je me dépêchai de lui obéir, et ôtai bride et selle. « Calme-toi. Calme-toi. » me répétais-je en boucle, tandis que Shangaï se grattait la tête sur un antérieur, l’air peu concerné.

— Très bien. Je vous demanderai maintenant de me rejoindre, m’invita le chuchoteur, la paume ouverte dans ma direction.

— Ne m’abandonne pas, chuchotai-je à Shangaï avant de m’éloigner, le ventre noué.

Quand je l’eus rejoint, monsieur Arcane posa ses deux mains sur mes bras, et m’imposa de rester dos à mon grand gris. Son visage était calme et son sourire enthousiaste, alors que sur son épaule les petites canines de Kira luisaient au soleil.

— La peur de l’échec en est la cause, chuchotai-je pour m’encourager.

— Il n’y a pas d’échec possible si la parole est offerte à notre instinct. Maintenant, fermez les yeux.

Je me plongeai dans le noir, anxieuse. Être loin de mon étalon, les yeux clos, me donnait une sensation de grande vulnérabilité et j’attendis avec impatience la suite de ces étranges instructions pour que le supplice s’achève.

— Ne soyez pas pressée. Prenez vos marques. Écoutez ce qui vous entoure. Concentrez-vous sur chaque bruit. Qu’entendez-vous ?

Tendant l’oreille, je perçus la mélodie du vent. Le bruissement des feuilles des arbres, tout autour la clairière, l’accompagnait dans sa symphonie. Après un moment, je discernai au loin le chant de petites mésanges. Et un peu plus loin encore le concert frénétique du bec d’un pivert contre un tronc. J’étais comme engloutie par les sons de la forêt.

— Qu’entendez-vous ? me répéta Alphonse.

— La forêt. Le vent, les feuilles, et les oiseaux.

— Concentrez-vous davantage, chuchota-t-il, tandis que ses mains me libéraient. Qu’entendez-vous ?

— Shangaï. Enfin plutôt son souffle. Sa respiration. Elle est lente et régulière.

Les yeux clos, je cherchai plus profondément encore. Une tonalité grave et longue me parvint, une tonalité lointaine. Très lointaine. Trop lointaine… Je me concentrai davantage sur ce son, sans réussir à le saisir. Il m’échappait inlassablement.

— Il y a autre chose, mais… Je… Je suis incapable de m’en emparer, m’avouai-je vaincu en ouvrant les paupières.

Monsieur Arcane serra mes épaules avec vigueur.

— Fermez les yeux ! Écoutez !

Le souffle court, j’obéis et me plongeai à nouveau dans le noir. Des gouttes de transpirations perlaient sur mon front tandis qu’une chaleur irradiait tout mon corps. La tête commençait à me tourner, lorsque : « Boum boum, boum, boum boum ».

— J’entends un cœur. Mon cœur ?

« Boum boum, boum, boum boum », le son s’intensifiait, pour devenir sensation explosive !

— Non. Je le sens… articulai-je péniblement.

« Boum boum, boum, boum boum ». Chaque battement grossissait, emplissant mon corps avec douleur. Mes jambes fléchirent alors et je m’effondrai au sol. La sensation ne me quittait plus et il m’apparut qu’elle ne provenait pas de ma poitrine. Il s’agissait de quelque chose de plus viscéral.

— Je sens… Son cœur !

J’ouvris subitement les yeux, la respiration saccadée. J’étais à présent trempée de sueur. En face de moi, le visage de monsieur Arcane me souriait largement.

— C’est très bien. Nous allons corser un peu les choses si vous le voulez bien.

— Pourrais-je me reposer un instant ?

Sans même prêter attention à ma requête, le chuchoteur frappa ses deux mains au-dessus de sa tête, couvrant ma faible voix. Le son puissant se perdit dans le ciel. Toujours dans mon dos et effrayé par le bruit, Shangaï partit au galop. Kira, elle, s’envola haut dans les airs. D’instinct, je me tournai pour chercher le grand gris des yeux, mais les mains fermes de monsieur Arcane me saisirent pour m’en empêcher, et me remirent sur mes pieds.

— Non ! Fermez à nouveau les yeux. Concentrez-vous encore. Que ressent-il ?

Le fracas des sabots de Shangaï s’éloignait de plus en plus. Il avait quitté la clairière. La fatigue du test précédent, et l’angoisse que mon étalon ne s’enfuit sans jamais revenir grandirent en moi. Était-il effrayé également ? Il fallait que je le retrouve à tout prix. Les yeux clos, je me concentrai de toutes mes forces. Son cœur. Où était son cœur ? « Boum boum, boum, boum boum ». Je le trouvai plus facilement cette fois. Il était là, près de moi, au creux de mon ventre, il tambourinait à toute vitesse, et faisait vibrer mon corps tout entier.

— Il est nerveux. Il court vite.

— Où est-il ?

— Je ne sais pas…

« Boum boum, boum, boum boum ».

— Il ralentit.

— Où est-il ?

Serrant la main d’Alphonse, comme pour me raccrocher à la réalité, je me sentis happée. Des images, comme des flashs me parvenaient. Mouvantes et légèrement floues, elles s’imposaient comme si je me trouvais dans la tête de mon étalon. Désorientée, je m’interrogeai sur ces images. Provenaient-elles de mon imagination ou s’agissait-il de faits réels ?

— Dans les bois. Il y a des bouleaux tout autour. De l’eau… Oui, il y a un petit cours d’eau, tentai-je d’expliquer alors que d’autres images, toujours imprécises, affluaient en pagaille dans mon esprit.

La forêt tout entière semblait défiler dans ma tête. Elle était cependant différente. Les couleurs se faisaient moins vives, et les arbres plus grands et larges. De manière non moins déformée que le reste, je crus discerner un loup courir entre les bosquets. Il s’évanouit aussi vite qu’il était apparu. Troublé, mon esprit glissait loin de Shangaï.

— Continuez, Sybil, m’encouragea la voix du chuchoteur, comme lointaine.

— Il rebrousse chemin ? Je ne sais pas… Je… Je l’ai perdu.

J’ouvris les yeux et observai monsieur Arcane, dont le visage était dénué de la moindre trace de déception. Un fin sourire flottait sur ses lèvres et d’un petit hochement de tête il m’invita à me retourner. Shangaï surgit de la forêt, trottant en cadence, la queue en panache et la tête vers le ciel alors qu’il s’élevait plus haut a chacune de ses foulées. Il était magnifique. Son poitrail et ses membres étaient constellés de taches foncées, vestiges d’éclaboussures.

Mêlé à mon allégresse, un sentiment amer me submergea, lorsque je repensai soudain à l’animal qui s’était faufilé entre les arbres. Était-ce véritablement un loup ? Un mauvais présage, encore ? De mes propres yeux, cette fois, je contemplai la clairière, et compris qu’il aurait tout aussi bien pu s’agir de la vision déformée d’un renard. Balayant mon inquiétude, je me tournai à nouveau vers le chuchoteur, tandis que Shangaï nous rejoignait. Kira était revenue et virevoltait au-dessus de nous.

Mes jambes tremblaient et j’aurais aimé dormir durant des heures, toutefois monsieur Arcane en avait décidé autrement :

— Bien, bien. Maintenant, je vais vous aider à monter sur son dos.

— Ainsi ?

— Oui.

Sans plus de cérémonie, il s’approcha de moi et m’attrapa la jambe gauche avant de me hisser sur mon cheval. Le dos fort de mon étalon était chaud sous mes fesses. Ses muscles étaient bandés, me donnant la sensation d’être assise sur un chaudron prêt à déborder à tout instant. De mes mains tremblantes de peur et de fatigue, je saisis les crins noirs de mon étalon. Les yeux suppliants, j’observai le chuchoteur. Il me sourit à pleines dents, et claqua la croupe de Shangaï de sa paume.

En une fraction de seconde, mon étalon se contracta plus fort encore, comme un ressort, avant de s’étirer dans un bond. Crispant mes mains sur sa crinière pour ne pas basculer en arrière, je serrai mes jambes aussi fort que possible. Lancé à grande vitesse, Shangaï se dirigeait vers la lisière des arbres et s’apprêtait à quitter la clairière quand monsieur Arcane éleva la voix :

— Rien n’est complexe lorsqu’on laisse place à son instinct, Sybil !

À cet instant, j’aurais souhaité être emplie de la même conviction que celle de mon mentor, persuadé qu’il était plus facile de stopper ma monture que de finir par me rompre le cou !

Les yeux écarquillés par la peur je ne parvenais pas à me concentrer, et regrettais l’habituel contrôle que m’offraient mes rênes. Les membres meurtris par la fatigue, je ballottais en tous sens, sans pouvoir ne rien y faire. Shangaï slalomait entre les arbres, toujours plus rapide. Un tronc lui barra le passage. Shangaï le sauta avec aisance, alors que sur son dos, je perdis l’équilibre et commençai à glisser. Mon cauchemar devenait réalité. Le sol se rapprochait et la jointure de mes doigts blanchit autour de l’épaisse crinière noire de Shangaï. L’écorce pâle d’un imposant bouleau fut la dernière chose que je vis, tandis que dans ma main gisait une mèche de crins.

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Cherry
Posté le 17/06/2021
coucou !

me revoici !

le moment où Sybil écoute les battements du coeur de Shangai est magnifique, je ne vois rien à redire littéralement.
J'ai vibré avec elle, j'ai imaginé la scène dans ma tête x)

par contre (et c'est subjectif de ma part), je trouve la fin un peu rapide. On a Arcane qui presse Sybil pour qu'elle chevauche Shangai, puis on passe directe sur le cauchemar qui se réalise...
Pourquoi pas accentuer ?

le personnage de Sybil est tellement meugnon TT elle manque de confiance en elle et elle ne fait qu'hésiter et se dévaloriser... pauvre chou, laisse moi t'envoyer des cookies !

je sens qu'à la fin, Sybil s'affirmera et saura faire face à cette crétine de reine qui la martyrise à tout bout de champs !

oh et je pense à Adélaïde ! elle va voir une autre domestique au lieu de Sybil ! moi qui adore leur relation je suis en PLS sur mon lit XD
Shangaï
Posté le 18/06/2021
Coucou !!
Merci beaucoup pour ton commentaire !
Je suis ravie que ce passage t'es fait vibrer ahaha !

Oui, je pourrais peut-être forcer le trait, mais j'ai peur que le chapitre soit trop long sans véritable raison... Quelle sorte de chose me conseillerais-tu d'approfondir ?

Je te laisse découvrir la suite :p

Je dois moi aussi me remettre à la lecture, mais j'avoue manquer un peu de temps en ce moment ! Mais promis je viendrai te lire bien vite !
Cherry
Posté le 18/06/2021
peut-être accentuer le dernier paragraphe, c'était assez rapide. Je n'ai pas trop senti la transition réalité à cauchemar

Mais ce n'est que mon avis Shangaï x) tu es le seul maître à bord de ce vaisseau je ne veux pas te forcer la main

roh la la, j'ai hâte de retrouver Sybil ^^
sifriane
Posté le 10/03/2021
De nouveau, j'aime beaucoup ce chapitre, c'est fluide et très agréable. Les explications d'Arcane sont claires, et le personnage est attachant.
Le loup m'intrigue de plus en plus.
Si Sybil s'est mangé le bouleau, ça va faire très mal, je vais voir ça de suite :)
Shangaï
Posté le 10/03/2021
Merci !
Oui j'en pense que manger un arbre ne fait jamais de bien ^^
Belette
Posté le 16/02/2021
Eh bien ! Ce chapitre n'est pas de tout repos pour notre pauvre Sybil haha !

Sympa le rêve du début, ça commence bien dis donc ! Il est très bien écrit, très visuel, on ressent les choses autant que ton héroïne et le contraste entre la panique du rêve et les "foulées assurées" de la réalité est d'autant plus frappant. Mauvais présage ? Hum, je n'espère pas !

Cette place du sensible est plus absente du reste du chapitre, notamment du passage où elle chevauche pour rejoindre le lieu de rendez-vous. On ne sent pas réellement la présence de Shangaï, il est un moyen de locomotion, mais il n'y a pas cette espèce de proximité qui émerge parfois au détour d'une de tes phrases et qui, pour moi, est un vrai plus à ton récit.

Du coup, même si le passage où elle apprend à écouter le coeur de son cheval est juste parfait (vraiment, je suis fan, c'était beaucoup trop beau) avec toute sa dimension organique, de puissance de la vie, je trouve que la transition entre le début du chapitre et la fin est trop brutale.
On passe d'une Sybil qui ne témoigne pas, par sa narration vue que c'est elle qui raconte, d'une proximité sensorielle particulière avec son cheval à hop direct elle voit par ses yeux. La transition entre ces deux états a été trop rapide à mon goût.
Je pense que soit il faut que tu t'arrêtes au moment où elle apprend à écouter le coeur de son cheval et prend conscience de sa présence autrement que comme moyen de locomotion muet, ce que tu fais très bien, mais on passe à côté du reste du chapitre qui a son utilité je suppose et qui est intéressant.
Soit il faudrait que tu incorpores des éléments de proximité entre Shangaï et Sybil plus tôt pour que ça fasse moins passage de "rien" à "je vois par les yeux de mon cheval". Tu peux le faire de façon implicite dans ta narration en accentuant la présence de Shangaï : son souffle, ce qu'elle écoute, regarde (du coup d'un point de vue externe, pas par ses yeux, mais ça montrerait déjà que Sybil est consciente de son cheval), hume, les bruits qu'elle fait... Enfin tous les moyens d'expression non verbales qu'un cheval peut avoir. Pour faire sentir que si Sybil ne la comprend pas encore, elle perçoit sa présence et sa personnalité (ça aussi tu peux le développer, pas besoin d'être empathe pour percevoir la personnalité d'un animal et ça épaissirait le personnage de Shangaï :) ). Tu pourrais aussi incorporer des flashs (d'images ou juste des impressions subites) dans la narration de Sybil et ce depuis le premier chapitre pour amener le moment où elle verra complètement par les yeux de son cheval. Un goût de paille dans la bouche, l'impression de suffoquer dans son enclos, une fatigue soudaine ou une impatience... Même des images ! Des petits moments qui contrasteraient suffisamment avec la narration de Sybil pour que le lecteur se gratte la tête en mode "mais qu'est-ce que c'est que ça ? Tu débloques Sybil ?" et que quand il découvre l'histoire des chuchoteurs il fasse "Ahhhhhhhhhhh " (et quand un lecteur fait "Ahhhhhh" normalement t'as gagné ;) ).

De même, pour les informations sur les chuchoteurs, notamment sur leur télépathie qui semble évidente à Sybil, mais dont le lecteur découvre l'existence, je pense que, comme pour le chapitre précédent, tu pourrais jouer plus sur la narration pour donner les infos sans avoir l'air de les donner. Sybil pourrait avoir entendu dans les contes toutes sortes de choses sur les Chuchoteurs et ne pas s'y reconnaître (ça en partie narration interne), ce qui accentuerait son manque de confiance en soi que tu mets déjà très bien en scène, et finir par formuler son doute en bafouillant et avec gêne auprès d'Arcane (ça en partie dialogue). Ca donne une épaisseur supplémentaire à ton univers en le dotant de contes et de mythes, et en plus l'info glisse plus facilement, l'air de rien :)

Encore une fois, ça reste des propositions, tu fais bien ce que tu veux ;)
Merci encore pour ces supers chapitres, j'espère que Sybil aura pas une trop grosse bosse et qu'elle va pouvoir dormir trois jours après ces mésaventures ! :D
Shangaï
Posté le 16/02/2021
Merci pour ton commentaire !
Je prend note de ce que tu dis, même si j'avoues que je pensais avoir déjà semé ces quelques détails au début du récit, lors de la première balade en forêt nottament, avec le "boum boum, boum, boum boum" lors de la rencontre du loup, ainsi que toutes les fois ou Sybil arrive aux écuries et que Shangaï lui sens sa présence avant tous le monde :)
Pour ce qui est de ce chapitre en particulier il est un peu difficile de faire toujours beaucoup de descriptions, même si j'aime beaucoup cela ralentit la narration et ce n'est pas toujours top non plus... C'est du moins la rélfexion que m'avait fait une ME sur mon travail. Alala pas facile de trouver le juste équilibre et de satisfaire tous le monde ^^
Belette
Posté le 02/03/2021
Oui, c'est vrai que tu as déjà mis des indices, mais je pense que ça vaudrait le coup d'en rajouter une couche, parce que c'est super cette idée de Chuchoteurs, d'animal totem, mais ça vaudrait peut-être le coup de montrer que leur lien n'existe pas seulement quand ils sont dans la même pièce ? T'inquiète, il ne s'agit pas de contenter tous le monde, je te fais ces commentaires comme ça, ça n'enlève rien à la qualité de ton récit :) Tu prends et tu laisses ce que tu veux, c'est toi la chef ! ;)
Tu as déjà envoyé Chuchotement à une ME du coup ? :o
Shangaï
Posté le 03/03/2021
Je t'envoi un message privé sur le forum ce sera plus simple :)
Luna
Posté le 04/06/2020
Un chapitre très sympa qui nous plonge d’ors et déjà dans l’apprentissage de Sybil. Je me suis régalée à découvrir ses premiers pas de chuchoteuse. Son manque de confiance en elle est très bien amené et tout à fait cohérent et crédible. J’avais envie de lui dire de s’accrocher, qu’elle allait y arriver !

Le passage où elle prend progressivement conscience qu’elle arrive à ressentir ce que sent Shangaï est vraiment très beau.

Quant à Alphonse, c’est un personnage qui me plaît décidément beaucoup.

Cette seconde apparition du loup (est-ce le même ?) titille ma curiosité. J’ai hâte d’en apprendre plus !

Quelques coquillettes :
>> « il ne fallait surtout pas être en retard ou tout serait finit » : « fini »
>> « je ne t'entend pas. » : « entends »
>> « -- Mets pied à terre Sybil, et suivez-nous, ordonna Alphonse en s'enfonçant déjà dans le bois.
Obéissants, nous nous enfoncions tranquillement entre les arbres » : petite répétition du verbe « enfoncer »
>> « En face de moi, agenouillé, le visage d'Alphonse me souriait largement. » : je chipote, mais tournée comme ça, la phrase laisse penser que c’est le visage d’Alphonse qui est agenouillé. Je pense que tu peux enlever « le visage », ça fonctionnera très bien ;)
>> « Il ralenti. » : « ralentit »
>> « -- Dans la forêt. Il y a des bouleaux tout autour. De l'eau... Oui, il y a un petit cours d'eau, tentai-je d'expliquer alors que d'autres images, toujours aussi floues, continuaient d'affluer en pagaille dans mon esprit.
C'était comme si la forêt toute entière s'était mise à défiler dans mon esprit. Elle était cependant différente, les couleurs semblaient moins vives, plus ternes, et les arbres plus grands et larges. De manière tout aussi déformée que tout le reste, je crus voir courir entre les arbres un loup. Il disparut aussi vite qu'il était apparut dans mon esprit. » : il y a une répétition du mot « esprit » à plusieurs reprises.
>> « je saisi les crins noirs de mon étalon » : « saisis »
>> « Les membres meurtrirent par la fatigue » : « meurtris »

À bientôt :)
Shangaï
Posté le 04/06/2020
Merci beaucoup ! Je suis ravi que tu ai aimé ce chapitre ! J'espère que la suite te plaira tout autant :D
Merci pour les coquilles ;)
Eryn
Posté le 24/05/2020
Coucou !
" alors qu'elle nous engloutissait tous les deux dans son ventre sombre, elle se mua en une gigantesque mâchoire aux crocs acérés qui se referma sur nous dans un claquement effroyable". = il y a redite entre "elle nous engloutissait" et se mua en machoire qui se referma sur nous, je trouve. /

Tu pourrais inverser : elle se mua en une gigantesque mâchoire aux crocs acérés qui se referma sur nous dans un claquement effroyable, nous engloutissant tous les deux dans son ventre sombre.
Sinon j'aime bien comment tu montres que les peurs de Sybil sont liées à sa vie de tous les jours dans la montagne.

je réalisai que j'aspirerais = Pb de temps : Je réalisai que j'aspirais
J'observais le halo rose-orangé que soleil formait = que "le" soleil.

Dernière phrase, j'aurai pas mis "puissant bouleau" - plutôt d'un solide bouleau ?
Sinon je trouve encore une fois que c'est un super chapitre, l'apprentissage de Sybil débute tout juste, elle manque de conviction (plus que de confiance) parce qu'elle n'est pas sûre de ce qu'elle est. Cool !
Shangaï
Posté le 24/05/2020
Merci pour ton commentaire !!
J'aime bien ce chapitre aussi :)
Pour les fautes pas d'inquiétudes ce sont les chapitres qui n'ont pas encore subi de correction, c'est pour ça ^^
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