Chapitre 5 - Manon

Notes de l’auteur : Salut ! Voici le cinquième chapitre ! J'espère qu'il vous plaira :) Je compte sur vous pour me lire et me donner votre avis ! :)

J’avais oublié combien sortir est usant pour quelqu’un comme moi. Les questionnements la surnanalyse, l’inquiétude. J’aimerais empêcher mon crâne d’entrer en surcharge. C'était pourtant une sortie shopping classique, mais pas avec une amie. Je voulais la remercier de sa gentillesse, je n'ai pas réussi à lui dire non. Grâce à elle, j'ai réussi à avoir tous les cours et les corrections de tous les exercices. Ce qui signifie que je peux faire mon Sudoku dans le journal, distribué gratuitement à l'accueil de l'école, tandis que le professeur explique comment atteindre les bons résultats. Je n'aime pas les surprises, ni même travailler sous pression c'est pourquoi que dès que je reçois le polycopié du nouveau chapitre. Je passe ma soirée à le décrypter, à regarder les solutions et à comprendre comment réussir à atteindre ce résultat. Cela me prend des heures, mais je peux par la suite, relâcher la pression durant les heures de classe et pendant le reste des semaines voir mois si la classe est lente. 

 

Cette sortie avec Grace était une torture. Elle n'a voulu faire aucune boutique standard, qui ne veut pas rentrer dans un Hema ou même dans un FNAC ? Je ne me voyais pas lui dire : "Attends devant pendant que je vais faire augmenter ma PAL de manière exponentielle". Ce n'est pas possible d'être rapide dans une librairie, il y a tellement d'ouvrages à découvrir, de couvertures à admirer, de livres recommandés par le booktok que j'ai envie d'acheter. Il faut vraiment que j’arrête de trainer dessus, toutes les recommandations ont un pouvoir sur moi. Je me suis retrouvée dedans par hasard, très bien, l’algorithme ne marche pas par hasard, j’ai vu de nombreuses fois des vidéos montrant des citations de romans, des couvertures et des avis. Je n’y peux rien je suis toujours happée par les retours des autres lectrices. J’ai l’impression d’avoir des amies qui partagent la même passion que moi et d’avoir des retours pour me permettre de découvrir de nouveaux auteurs.

 

J'ai pourtant fait des efforts, j'ai attendu sagement pendant qu'elle faisait tous ses essayages de jean et de doudoune. Je m'attendais à ce qu'elle me rende la pareille, mais apparemment non… Je n'en pouvais plus que j'ai demandé à Camille de m'appeler pendant que l'on était à Starbucks pour me dire qu'il y avait une urgence et que je devais absolument rentrer. Sur tout le chemin du retour, elle n'a fait que se moquer de moi et de me demander pourquoi j'avais accepté une sortir avec elle. 

 

Je me retrouve maintenant, épuisée et je ne souhaite que lire mon roman qui m’attend pour me plonger dans un monde différent remplit de romance. Malheureusement vu la taille et le nombre de pages que celui-ci possède, cela va être compliqué de lire, se me faire remarquer par le professeur. Je me doutais que j’aurais dû prendre un magazine cela aurait beaucoup plus facile de le lire, même pas besoin de le mettre sous la table et avec ça je connaitrais tous les backstage des derniers tournages de k-drama. Pour l’instant, il n’y a personne, je suis arrivée en avance dans la salle de classe. C’est ce qui est pratique lorsque tu as un père qui est enseignant dans la même université que toi, c’est impossible d’arriver en retard ou tu as une très bonne excuse. 

 

Aucune classe n’est verrouillée dans toute l’université, ce qui permet d’éviter les problèmes lorsque les professeurs oublient les clés et surtout d’offrir la possibilité aux élèves de s’installer directement en classe. Ce n’est pas véritablement confortable de s’asseoir sur le sol dans les couloirs et pourtant j’adore m’asseoir par terre. Les sols de l’université sont en carrelage ou quelque chose de la sorte, ce qui donne l’impression de directement poser son postérieur sur un glaçon. Les banquettes en métal sur lesquelles on s'assoit ne sont pas mieux, à croire que les personnes en charge de l’aménagement des classes n’ont pas été très souvent à l’école. Par exemple, les tables ne sont pas droites, mais inclinées et glissantes. La première règle que l’on apprend à nos dépens lorsque l’on arrive à Malzieu-Ville, il ne faut jamais laisser reposer ses affaires sur la table, cela peut prendre quelques minutes, mais tout finira par tomber. Tout, alors un conseil : ne laisse surtout pas ton ordinateur, sinon cela va provoquer un arrêt cardiaque à toute la classe.

 

 Mes options sont réduites, pour ne pas m’ennuyer j’ai deux choix : parler avec ma camarade ou faire mon sudoku. La deuxième option est le plus simple et permet de me faire oublier par le professeur qui adore interroger les personnes qui n’arrêtent pas d’échanger entre eux. 

 

Camille se pose à mes côtés et m’arrache ma feuille pour copier mes résultats. Si seulement, elle avait accepté de prendre le document que j’ai si difficilement obtenu. Elle ne voulait pas tricher en ayant toutes les réponses, c’est pourtant ce qu’elle fait à cet instant et en n’ayant pas la moindre idée de comment résoudre la moindre équation et quelle formule correspond pour résoudre le problème. Ce qui est bien dans les finances et dans les mathématiques, c’est que tout est logique. Il est impossible de ne pas savoir que l’on se trouve en comptabilité : l’actif doit toujours être égal au passif. Si ce n’est pas le cas, tu n’as plus qu’à recommencer tout l’exercice et trouver où est ton erreur. 

 

- Je t’entends penser d’ici, me dit Camille en ne prenant pas la peine de relever la tête. 

- Hmm ? 

- Tu te dis que j’aurais dû accepter de recopier tout le dossier quand tu m’en donnais l’occasion comme ça j’aurais eu le temps de comprendre comment on résout toutes ses équations. Je lis le jugement sur ton visage. 

- Je ne juge pas, je pense juste très fort. 

 

Elle lève le regard et me baisse les sourcils pour me dire sans aucun son : “Vraiment”. Je soupire en lui répondant : 

 

- Je voulais te préserver en ne te disant rien. 

- Alors il faudra travailler tes mensonges, je vois tout sur ton visage. 

- Au moins tu es certaine que je ne pourrais jamais te mentir. 

 

Nous ne sommes qu’une dizaine a être installée et à bavarder légèrement, alors que le cours devrait commencer d’ici deux minutes. Le professeur n’étant pas là, les conversations vont bon train. Le premier rang est presque complet avec Maddie, Jonathan et Emma, il ne manque plus qu’Adiren et Elora. C’est l’un des groupes les plus populaires, qui ne travaille pas si mal et qui est plutôt gentil avec tout le monde. Je tends l’oreille par curiosité et écoute leur conversation tout en faisant attention pour paraître occupée. Il ne faudrait pas non plus qu’on me prenne pour une commère ou en tout cas qu’on sache que j’en suis une. Aussi, ce n’est pas véritablement de ma faute, si tu ne voulais pas que je sache que tu avais trompé ton copain lors de la soirée étudiante Maddie, il ne fallait pas le dire en classe et ce n’est pas comme si j’allais le partager avec d’autres personnes. Sauf à Camille et Owen, mais ça ne compte pas, ce sont mes amis. 

 

Celle-ci s’active toujours à mes côtés en copiant les réponses en omettant de regarder le raisonnement. Une fois que c’est terminé, elle pousse un soupir satisfait et recule sa feuille. Elle est maintenant disponible pour parler, mais ce n’est plus vraiment le moment pour moi. Ayant marre d’écouter les conversations et voulant conserver la seule activité que je peux faire lorsque le professeur est présent, j’ai continué ma lecture, une romance qui me donne des papillons dans le ventre. Les personnages sont tellement adorables et en plus, cela parle de vampire, de loup-garou et de dragon, je suis obligée d’adorer. 

 

- Tu lis quoi ? me demande Camille en me donnant un coup de coude.

- Assoiffés, je lui montre en même temps la couverture qui est sublime et qui ressemble beaucoup aux couvertures de Twilight. Je suis tombée dessus par hasard et j’ai dû l’acheter tout de suite ! 

- Je vais aimer à ton avis ? 

 

Je m’étire et pose mes jambes par-dessus les siennes. Je suis beaucoup plus à l’aise dans cette position, cela me permet de ne pas avoir mal aux genoux au bout de plusieurs heures de classe, c’est soit cela ou être en tailleur. 

 

- Connaissant tes goûts, relativement similaires aux miens, oui. Je te jure c’est trop bien, sans spoil je suis en train d’assister à un ennemies to lovers, c’est magique. 

- Je ne suis pas vraiment fan de cette trope pourtant. 

- Comment j’ai pu oublier ça ? Je ne sais pas comment on peut être amie alors que c’est l’une de mes tropes de romance préférée.

 

Toujours dans la retenue, je ne me rends pas compte que ma voix porte. Je fais signe de me ventiler avec ma main. 

 

- Mais pourquoi vouloir d’une relation où le type est un gros con et parle mal à la fille ? Et bien entendu la fille est d’une innocence digne des films et elle seule peut le calmer. 

- Mais c’est parce qu’il ne sait pas exprimer ces sentiments d’une autre manière, le pauvre tu ne comprends pas, il y a une histoire, un background lui répondis-je en imitant la voix du mème de DJ Snake. 

- T’es con bordel dit-elle en repoussant mes jambes, les faisant tomber sur le sol. 

- Je sais, mais c’était drôle. 

 

Le professeur Sermen fait son entrée, nous coupant dans notre conversation, suivie par le restant des élèves qui nous demande de nous lever pour les laisser passer. Je me retiens de souffler pour exprimer mon mécontentement, même si je le pense très fort. Ce ne serait pas possible d’enjamber les tables ? Si je suis honnête non, mais bon rien ne l’empêche d’arriver en avance. 

 

- C’est vrai, tu devrais penser à faire une carrière d’imitatrice de mème me murmure-t-elle. 

- Au moins j’ai un plan de secours si je rate le test de cet aprem. 

- Tu n’as pas révisé ? dit-elle en me dévisageant. 

- Non, tu me feras apprendre pendant la pause. 

- Et après on dit que je ne suis pas sérieuse. 

 

C’est totalement faux et elle le sait. Si c’était un projet de groupe, j’aurais tout donné pour ne pénaliser personne. Mais pour ce test, il ne s’agit que de moi et je me fiche de voir le résultat. Même si j’ai toujours apprécié avoir de bonnes notes et je stressais pour tous les examens. C’était une torture pour moi de m’y rendre tellement le stress me terrassait, tout mon corps voulait partir en courant. Je n’ai pourtant pas eu de pression de mon père pour avoir de bonnes notes, je n’en avais pas besoin, je me la mettais toute seule. Même s’il n’arrêtait pas de me féliciter et de me montrer son amour, j’avais peur qu’il ne m’aime plus si je cessais d’être aussi parfaite. Maintenant que j’ai grandi, je n’ai plus autant ce genre de pression. Elle s’efface doucement contre mon besoin extrême d’être occupée et de me concentrer sur une autre chose que ma vie. C’est nécessaire pour moi de faire taire toutes mes interrogations, l’école, les résultats, plus rien ne me préoccupe. Mon seul besoin étant de survivre face au vide et au défilement de ma vie que je ressens. 

 

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Rosario_gnd
Posté le 23/11/2023
Avec le chapitre précédent, ça fait deux chapitres où l'on voit les petites habitudes d'Owen et Manon. C'est pas mal pour nous les présenter et les caractériser un peu, mais attention à ne pas trop ralentir le rythme :)

On démarrait fort avec un match de volley-ball, je ne m'attendais pas à ce que l'action ralentisse autant tout de suite derrière. J'espère que la suite sera plus sportive :p
Aliam JCR
Posté le 01/12/2023
Merci beaucoup pour ton adorable commentaire ! 🥰 J'espère que tu vas apprécier la suite !
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