Chapitre 6 - Owen

Notes de l’auteur : Bonjour ! Voici le sixième chapitre ! J'espère qu'il vous plaira :) Je compte sur vous pour me lire et me donner votre avis ! :)

Le ballon s’arrête à quelques centimètres de mon visage, faisant un bruit sec et stoppant le brouhaha présent dans le gymnase. Il retombe et rebondit sur le sol plusieurs fois. Je cligne des yeux pour vérifier que je ne rêve pas. Si Julien n’avait pas été là, je l’aurais pris en pleine tête, et ce n’est pas la meilleure façon de faire un amorti. Notre manager siffle et se dirige vers nous sans pour autant courir. Ce n’est pourtant pas son rôle de nous surveiller pendant nos entraînements et d’intervenir. Elle me fixe de ses yeux marron et ne prononce que ces mots en le ponctuant du signe que font les plongeurs :

- Ok ?

- Oui ne t’inquiète pas, j’étais un peu dans la lune.

Je me retourne et fais signe aux membres de mon équipe que je vais bien et me penche en avant pour m’excuser. C’est l’un des automatismes que je prends à force de voir des animes.

Elle secoue la tête et retourne à sa place. C’est le plus d’interaction qu’elle a eue avec moi. Oui, en disant un seul mot. C’est la manager la plus discrète que je n’ai jamais vue, pas que j’ai eu l’occasion d’en rencontrer beaucoup d’autre. Elle reste tout le temps sur son téléphone et passe son temps à froncer les sourcils lorsqu’elle nous prend en photo pour développer nos réseaux sociaux. Je la comprends, ça ne doit pas être facile de s’intégrer à une si grande équipe du jour au lendemain. Elyas fait une roulade sous le filet et me rejoint en poussant un grand cri. Toute cette gymnastique aurait clairement pu être évitée, il n’a même pas besoin d’énormément se baisser pour passer en dessous, ce qui semble plutôt logique pour un libéro.

On le regarde tous alors qu’il est au sol puis en utilisant ses abdos il se relève d’un seul bond. Encore un spectacle qui peut impressionner, mais qui ne fait que soupirer Apolline. Elyas la suit du regard en faisant un grand sourire tout en se mettant à mes côtés et en posant son avant-bras sur mon épaule.

- Un jour je réussirais à lui faire prononcer une phrase entière et elle me sera entièrement destinée me dit-il.

- Il faut toujours croire en ses rêves, je te soutiens.

Depuis qu’Elyas a vu notre manager, il n’a que son prénom en tête, et cela même si elle n’est absolument pas réceptive à son charme qui selon lui fait tomber toutes les femmes à la renverse. Ce qui est facilement vérifiable vu sa popularité envers la moitié des femmes du campus et le nombre de personnes qui le bouscule sans faire exprès dans les couloirs.

- Tu verras, sujet, verbe et complément ! dit-il en ayant un sourire montant jusqu’aux yeux.

- Et bien, bonne chance pour ça lui répondis-je en lui donnant une tape dans le dos.

Mon regard se dirige vers les tribunes vides, instinctivement je la cherche alors que je sais qu’il est impossible qu’elle soit présente. Sa journée n’a aucune pause, enfin c’est ce qu’elle m’a dit hier soir dans son audio dans 5 minutes où elle faisait son sac et se plaignait de ses professeurs qui la faisaient enchaîner 4h du même cours.

- Daichi…

Le monde passe au ralenti autour de moi, mon regard est dans le vide.

- Daichi ! • Oui, pardon tu disais ? dis-je à Elyas en revenant à moi.

- Je te demandais si tu étais concentré et si tu étais prêt pour le prochain échange et vu ta réaction je dirais non.

Je secoue la tête et me donne une gifle.

- Pardon les gars, continuez sans moi je vais faire quelques tours de terrain pour me réveiller un peu.

Les crissements de chaussures reprennent tandis que je m’éloigne en me demandant ce qui ne va pas. Le brouhaha reprend aussi avec tous les cris, les appels aux ballons et les sorties des joueurs. Deux heures après, je suis tout transpirant, mon maillot me colle, et cela même si j’ai passé la moitié de l’entraînement en dehors du terrain à faire des plongeons vers le sol. C’est d’habitude, ce que nous faisons lors de notre défaite d’un match amical. Ici, c’est pour me forcer à me concentrer.

Convoiter sa meilleure amie depuis des années, c’est vraiment nul. Tout d’abord, parce que c’est une torture. Je ne sais pas si cela concerne tous les hommes, mais voir tous les jours, la femme de tes rêves alors que tu sais qu’elle n’a jamais eu l’idée de te voir de cette façon n’est pas très agréable. Le pire c’est que je me déteste d’être aussi faible parce que ça finit toujours pas revenir. Tous les ans, je me bats pour repousser mes sentiments, pour établir des barrières, mais il suffit d’une attention, d’un regard et tout s’écroule.

Mais va lui parler, me direz-vous. Ce n’est pas aussi simple, Manon est un problème mathématique à part entière. Si je faisais le premier pas, je la connais, elle ferait l’autruche et refuserait d’en parler. Je ne peux pas cependant lui laissez faire le premier pas, il faut voir à chaque fois comment elle réagit lorsque l’on nous demande si nous sommes en couple. De son côté, l’indignation prend le dessus. Elle bafouille, devient rouge et jure que ce n’est et que ce ne sera jamais le cas. Ce qui m'enterre à chaque fois six pieds sous terre. C’est génial, j’adore ma vie.

Lorsque je sors du vestiaire, je plaque un sourire de façade sur mon visage. Je me dirige vers mes coéquipiers, je n’ai pas besoin de dire grand-chose, l’entraînement n’a pas été horrible que de mon côté. Le coach a perdu sa patience à plusieurs reprises, nous avons été nuls. L’équipe n’est pas au top de sa forme depuis la défaite contre les Deltas. Les compétitions officielles n’ont pas encore commencé, mais si nous avons encore des matchs perdants, le coach va nous mener la vie dure. Ce n’est jamais bon pour le moral de perdre, l’échec déstabilise surtout que l’on n’aurait pas dû être autant mis à mal. Nous étions bien préparés et surtout d’un point de vue technique, nous sommes meilleurs, sans être présomptueux.

Les vestiaires se vident, la journée se termine pour la plupart des joueurs, ils ont tous des emplois du temps différents, mais les entraînements ont lieu le matin, très tôt ou le soir après les cours. Cela nous permet à tous d’avoir des spécialités différentes pour nos études. L’université de Malzieu-Ville, oui c’est un nom tout pété, mais il s’agit de la meilleure université d’Occitanie et celle qui est la plus diversifiée. Ici, tu peux étudier tout ce que tu le souhaites, le droit, la psychologie, le sport, la finance ou les jeux vidéos. Toutes les écoles vont sont ensuite accessibles, à condition d’avoir d’exceller dans vos matières. Même si son nom ne l’indique pas, il faut avant tout réussir à entrer à Malzieu et ce n’est pas le plus simple. Des démarches par centaines, des lettres de motivations pour entrer dans votre spécialité, des entretiens des listes d’attentes plus longues que l’aller-retour entre la Terre et la Lune. C’est un véritable parcours du combattant et beaucoup de personnes abandonnent sur la route où ils ne remplissent pas tous les critères.

Il reste seulement Isaac allongé sur le banc et jouant sur son téléphone et Elyas qui termine de se changer.

- Ca vous dit d’aller chez Maddy ? nous propose Elyas en passant la tête dans son t-shirt.

- Pourquoi pas, une bière ne pourrait pas me faire de mal, Isaac tu es partant ?

- Deux secondes, je termine ma partie. Mon village se fait attaquer et il hors-de-question que ce petit salopard s’en sorte après un tel affront. S’attaquer à moi, vous vous rendez compte ?

Sa réponse ne me surprend pas et nous savons tous que son humeur va dépendre de la réussite de sa défense. Il faut dire qu’il a une réputation à tenir et conserver, il est reconnu comme l’un des meilleurs joueurs du pays et fait partie de l’équipe de gaming Stayconnect qui se classe depuis deux ans sur le podium. Maintenant qu’il est lancé en mode streamer, il ne s’arrête plus et commente chaque de ses gestes. Elyas et moi-même échangeons un sourire moqueur tout en faisant attention de respecter son moment de jeu. Il ne faut jamais déranger une personne en pleine partie, en lecture ou lors d’un appel téléphonique.

- Voilà, tombe dans mon piège espèce de petit merbuleux. Bien entendu que tu vas profiter de l’ouverture que je t’offre en pensant pouvoir atteindre le cœur de mon armée et de mon pouvoir. Sauf que tu vas rapidement te rendre compte que tu es coincé et entouré par toute mon armée, le piège se referme doucement autour de toi pendant que tu es heureux et tu penses avoir réussi à déjouer la plupart de mes soldats. Ça s’appelle de la stratégie, tu ne pourras plus jamais sortir de mon antre. Et voilà, tu t’en rends compte maintenant, tu es fichu. Une attaque de mon soldat le plus puissant, tu n'as plus aucune chance. Dis tes derrières mots.

Quelques secondes plus tard, il pose son téléphone sur son torse en ayant un air satisfait.

- Espèce de petit merbuleux ? s’esclaffe Elyas.

- C’est pour ne pas me faire strike pendant le stream lui répondit par automatisme Isaac.

Ce n’est que lorsqu’il s’entend qu’il se rend compte de ce qu’il vient de dire.

- Oh merde, j’ai encore commenté comme si j’étais en stream ?

C’est assez fréquent pour lui d’oublier notre présence et de se mettre dans les jeux. Cependant, il y a toujours un moment de gêne lorsqu’il s’en rend compte et qu’il analyse tout ce qu’il a pu dire au préalable. Il sait très bien que s’il a le malheur de dire une chose de travers, nous lui tomberons dessus et nous le lâcherons jamais avec.

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