Chapitre 5 - Meos - Un nouvel espoir

Notes de l’auteur : A partir de ce chapitre, le point de vue de l'histoire va se diviser en deux, et s'échanger tous les 2 à 6 chapitres. L'intrigue se déroulera en parallèle, et un indicateur visuel sera présent sur le nom du chapitre.

Annonçant un nouveau cycle, les cloches sonnent, dix fois, trois fois trois notes, et une finale, ouvrant les vannes du flot d’âmes. Une ombre s’approche du lieu de repos de Meos, la porte s’ouvre, et dévoile Sage. Elle a les cernes tracés, mais des flammes brûlantes à la place de ses pupilles, les épaules et bras couverts de sacs desquels dépassent toutes sortes d’ustensiles alambiqués et feuilles en vrac.

« Meos ? dit-elle avec un ton hésitant. Vous allez bien ? … Meos ? »

Le corps inerte ne daigne répondre à sa présence. Elle lâche son leste en fracas et bondit d’un pas pour toucher la masse, qui immédiatement au contact de sa main, entame un mouvement de respirations lentes et continuelles.

« Ah, dit-elle en poussant un soupir de réconfort. Vous m’avez fait peur. »

Elle avance la main sur son visage, essaye d’écarter délicatement les paupières. Le regard de Meos semble perdu, comme emprisonné dans ses pensées, mais ne présente aucune anormalité. Au grand réjouissaient de Sage, elle reprend son activité, ramasse une caisse, la pose sur un bureau collé au mur, ouvre légèrement les persiennes pour y voir plus clair, et commence à dépiler ses affaires au fur et à mesure, le dos sans défense, tout en engageant un monologue parasité d’élocution à chacun de ses rangements.

« Iro est repartie au Croc, il semble que… Avos l’ait accompagné lors de son retour. Sur ce… Vous n’avez aucun souci à vous faire, vous êtes entre de très bonnes mains, avec moi. De plus… Monsieur Mer, l’actuel chef du village, tient beaucoup à votre rétablissement. Ainsi… Je m’engage à veiller personnellement sur vous. Par ailleurs… il m’a confié une gravure d’autorité, qu’elle tend au-dessus de ses épaules, tel une relique sacrée, une insigne d’un métal noir iridescent confié à ceux qui sont directement aux ordres de la guilde des architectes. Plus besoin de négocier au près des marchands, patienter sur liste d’attente, je peux enfin mener mes expériences jusqu’au bout du bout ! Et pour cela… je ne vous dirais jamais autant Merci, mon cher Meos ! sourit-elle en remettant précieusement l’insigne à sons cou, puis se retourne en claquant des mains. Bon il est temps de vérifier vos plaies. »

À quelques souffles d’elle, l’érigée figure imposante de Meos coupe court à son geste, la collision de leur torse la déséquilibre, la pousse à se récupérer en s’appuyant des deux mains sur le bureau en arrière.

« Ah… si près… vous m’avez fait peur, allez ! Asseyez-vous ! » dit-elle en reprenant ses esprits, puis poussant par petit à-coup le corps, avec légèreté, une légèreté qui contraste la masse musculaire apparente.

Une fois le corps assis, elle ôte les bandelettes dévoilant blanchâtres rayures cutanées en lieu des lacérations. D’un pas calme, elle se déplace calmement vers la fenêtre en vue sur le Croc, plie délicatement les persiennes pour laisser la lumière ramper jusqu’au pied de Meos, qui d’un réflexe se retire. Sage se rapproche à nouveau, à genoux, tire délicatement un pied de Meos, le manipule dans un mouvement gracieux afin les rayons le lèchent de toutes parts. Le temps passe, mais aucune réaction épidermique n’apparaît sous le regard intrigué de Sage, et l’austérité de Meos.

« In-croi-iable »

D’un ton contemplateur, elle tapote, frotte, inspecte la peau du bout de ses doigts.

« Incroyable »

D’un ton rapide et reconnaissant, elle finit avec un soupçon de sanglot, et de ses deux mains, elle agrippe les bras de Meos, et tire son corps entier pour se baigner dans la lumière.

« Merci ! larmoie-t-elle face à un Meos inexpressif. Enfin, ce monde va pouvoir changer. Vous êtes la réponse, la preuve que la malédiction de la forêt est guérissable. Tous les infectés ont un espoir de pouvoir vivre sous la lumière, sans la peur de voir leur corps crépiter jusqu’à l’embrasement, d’un geste, elle sèche ses larmes. Mais avant ça, on a encore beaucoup de travail. »

D’une malle sur le côté, elle arrache une multitude de voiles d’une obscurité sans fond, léger comme le vent, avec lesquelles elle revêt Meos avec la même allure que les silhouettes sombres à l’extérieur de la ville.

« Désolé pour cette supercherie, mais votre existence est devenue trop importante, pour être dévoilé aussi vite. »

Elle lui tend une canne, qu’il empoigne avec difficulté, son bras tremble d’effort avant de la lâcher au sol.

« Ah, c’était trop beau pour être vrai. Votre corps semble intact, mais le choc est toujours présent. »

Elle s’approche de lui et appuie son corps sur le sien, exécute une ronde, comme une répétition de danse.

« Parfait ! On va y aller comme ça ! En route pour le marché ! » s’exclame-t-elle avant de pousser la porte du pied, épaulant Meos sur chacune des marches de l’entrée.

 

À l’extérieur, une petite foule stationne au milieu d’un va-et-vient presque chronique, agrégats de petits yeux curieux valsant comme grain de sable emporté par le vent. La vision du voile sombre eut l’effet escompté de Sage, et dégluti l’amas de monde.

Après quelques pas le long de la voie principale, ils arrivent à proximité d’une des sorties du village. Grandes ouvertes sur le Croc, les caravanes, tirées par des villageois, vont et viennent, récupèrent et livrent, au gré des commandes et cris des marchands, tous vêtus de toge de couleur vive propre à leurs étalages et marchandises, bordants les modestes murailles de terre sèche en arc de cercle.

« Vous n’êtes ni trop léger, ni trop lourd, dit Sage essoufflée. Mais je pense que je vais vous laisser sur ce banc, le temps de faire mes courses ».

Elle assied Meos délicatement sur l’un des bancs éparpillé le long de la voie, tandis qu’une figure se hâte à petits pas dans sa direction, l’interpellant d’une faible voix comme si elle cherchait à chuchoter dans ses oreilles sur une longue distance.

« Sage…

– Oh, Sesa. Que fais-tu là ?

– Un message de Monsieur Mer. Il t’invite toi et Meos à souper dans deux cycles, dit-elle en regardant Meos, et, avec hésitation, tend discrètement un dessin d’Iro souriant. Si… besoin. »

Sage reprend la parole et présente Sesa à Meos, l’air fier et confiant, en l’épaulant.

« Sesa gère les communications entre le village et le Croc. Si besoin, elle vous aidera à faire parvenir un message à Iro, ou vous renseignera sur tout ce qui se passe, ici, ou là-bas. »

Sesa confirme d’un acquiescement timide de la tête, et entame une marche arrière, s’éloigne, avant de se retourner avec une hâte de petits pas.

« Ah ! s’exclame Sage. C’était trop beau pour être vrai, même pas quelques cycles de passé, et je suis déjà convoqué à un interrogatoire dînatoire. Mais bon ! se réjouit-elle en frottant l’insigne. Si c’est le prix à payer, pour me procurer tous les ingrédients et ustensiles rêvés… Grand miam ! exclame-t-elle avant de se retourner vers Meos. À tout de suite ! »

Sage s’éloigne avec une démarche joyeuse mais couplée de légères impromptus déviations, de petits déséquilibres, un mélange de manque de sommeil, d’anxiété, et d’exaltations.

 

Assis sur le banc, au milieu de l’axe, scindant le flot, Il sonde l’environnement. Les vociférations des marchands s’entrechoquent avec le brouhaha des marchandises dévalant sur les étalages à chaque prise. D’une foule sans tête, se forme des queues organiques serpentine, dans lesquelles se mélangent discussions et potins du village. Les un après les autres, chaque villageois présente une insigne et se voit remettre des lots en accord. Parfois plus, parfois moins, en fonction de la négociation et la grogne du marchand, ils s’échappent vers un autre étalage, ou remettre leurs affaires dans les mains du premier coursier patientant aux abords.

Un ballon vient rebondir sur son pied, détournant son attention sur un enfant. Détaché de son groupe, l’attitude craintive, le pas pointu, l’enfant tente de passer inaperçu malgré l’exagération de ses mouvements, les rires de ses camarades le narguant de loin, et Meos qui, pour la première fois, tente de s’exprimer, à travers différentes tonalités.

« Meos »

Un ton grave surprend l’enfant. Les mains sur le ballon, il se raidit et baisse la tête.

« Meos… »

Un ton ténor, l’interpelle, désamorce le froid, arme une réconciliation.

« Meos ! »

Un ton aigu, presque moqueur, brise la glace, le fait pouffer de rire sur l’absurdité de la scène. Poursuivant la bonne note dans chacune de ses cordes, projetant le croquis d’Iro souriant en reflet sur le visage de l’enfant, la résonance naît.

« Meos »

La chaleur se dégage de son dernier souffle, embellit le visage de l’enfant de joie, chassant ses peurs manifestes. Il sourit, reprend la balle et s’en va rejoindre ses amis.

« Tu t’es pas fait infecté ?

– Il ne sent pas bizarre ?

– C’est quoi la couleur de ses yeux. »

Les enfants avaient mis de côté la balle, et commençaient à se concerter, se questionner, reproduisant inévitablement les regards glissants de leurs communs adultes.

Soudain une voix s’élève au niveau de la porte du village.

« Comment ça ! un géant vêtu d’un voile sombre se dispute avec un marchand, à trois têtes de moins que lui, mais qui pour autant, ne manque pas de répondant, point dérangé de ne pas voir le visage de son interlocuteur. Vous n’avez toujours pas d’armes. On en a commandé plusieurs cycles de cela.

– Écoutez, c’est pas moi qui produis, je ne fais que vendre, et les forges du Croc n’ont rien sorti à destination de ce village, alors démerdez-vous avec vos affaires ! Au pire, prenez l’un d’entre vous pour frapper sur l’autre. Ah ! s’écrie le marchant tandis que le géant saisi d’une main la boucle de sa ceinture, la fait tourner d’un coup de poignet, pressant son poing sur son estomac, et le soulève à sa hauteur.

– Ça ne vous dérange pas, si je vous prends au mot, réponds le géant avec une voix à glacer le sang.

– À l’aide, il va m’infecter, à moi ! le marchand panique tandis que deux gardes du village arrivent nonchalamment.

– Lâche-le, Gol. Tu sais bien que cette situation n’aide personne.

Le géant dépose, et relâche son emprise sur le marchand, qui reprend son souffle doucement avant de relancer avec un regain de fierté.

– Pourquoi ne pas acheter vos armes aux gardes !

– Leurs armes sont certes de bonne facture pour percer les impolis dans votre genre, mais ne valent pas mieux qu’un cure-dent face aux monstruosités qui serpentent ces forêts maudites.

– Allez, allez, ronchonne le garde qui raccompagne le marchand à son étalage, tandis que l’autre disperse les curieux, avant de revenir pour chuchoter à Gol. Ne le prends pas personnellement. De notre côté, nous n’avons reçu aucun de nos ravitaillements. Au point que l’on hésite à renvoyer nos équipements usagés pour réparation, de peur de se retrouver sans rien. Je ne sais pas ce que les forges du Croc sont en train de fabriquer depuis tout ce temps, mais on ne peut qu’attendre. Prenez soin de vous, les gars ! »

Gol reste figé, le corps scindant la foule, le regard damnant le Croc, tandis que les quelques rayons de lumières léchant ses pupilles, laissent s’échapper d’élusifs traits de fumée sanguine.

 

Enveloppé d’un voile sombre qui épouse chacune de ses articulations, n’épargnant aucune flexibilité, refusant tout grain de lumière, un énorme pied s’écrase lourdement à proximité de Meos. Manquant de lui écraser un orteil, le responsable s’exprime d’une voix roque mêlée à un ton intimidant : « On m’avait prévenu que l’un des nôtres faisait du grabuge au marché. Est-ce que c’est toi ? »

La masse géante s’accroupit lentement pour être à hauteur de tête, cherchant un contact visuel dans les interstices du voile, avant d’être confronté à un vide rétinal qui l’absorbe doucement dans un songe étrange. Il est subitement réveillé par un coup venant de l’arrière de sa tête par un pair, néanmoins plus petit, chaussé de cuissardes renforcés de plaques de métal, à la voix plus douce : « Galgot, arrête de vouloir faire peur à tout le monde ! elle tourne sa tête en direction de la sortie du village. C’est encore Gol. À voir sa réaction, on peut assumer que les armes sont définitivement perdues. On va devoir faire avec ce que l’on a. De la ferraille et des carcasses.

– Mais c’est qui ce gars alors ? soupire Galgot, avant de se re-pencher vers Meos. Minuscule. Il porte son voile, emmitouflé, comme un bébé. Aucune praticité pour le combat, ou la course. Juste bon pour avoir chaud aux fesses. Son visage s’approche de Meos, sinuant de gauche à droite de manière menaçante, accompagné de roulement d’épaules. Alors bébé ? Qu’est-ce que tu fous là ? un autre coup retentit de derrière sa tête l’abasourdi. Gale ! Tu peux arrêter de me gifler à chaque fois que je cuisine quelqu’un ! »

Gale suspend ses deux mains en l’air, tente de faire croire qu’elle n’est pas responsable du coup. Finalement, en pointant du doigt, elle redirige l’attention sur un autre pair, à taille égale, essoufflé, à l’improviste, mais qui est accueilli avec grandeur par les bras ouverts de Galgot.

« Garo ! Petit morveux de frère ! Qu’est-ce que tu fais là ? dit-il en gardant l’attention sur Gale qui tentait de le frapper à nouveau, puis reprend l’air moqueur. Tu avais disparu ce matin. Hum, hum. Peur de prendre une raclée à l’entraînement ? » finit-il en ricanant.

Garo reprend son souffle, étire et réajuste inutilement les tissus sombres couvrant son visage, comme s’il tentait de se recoiffer en toute absence d’esprit. Ignorant les nargues taquines de Galgot, il se met à balayer nerveusement du regard tous les étalages du marché, tout en sautillant autour du banc, dans un effort d’être vu plus que voir, et mentionne sans préoccupation : « C’est pas l’un des nôtres, mais Meos, le survivant du dernier assaut. »

Piqué de curiosité, Gale commence à fouiller les habits de Meos, à la recherche du moindre aperçu, avant d’être soudainement arrêté par Sage, surgissant de la foule, les mains remplient de paquets.

« Arrêtez ! Mais que ! Meos est ici sous ma protection. Personne le touche sans passer par moi !

– Sage ? s’exclame Garo. Toi, ici ! Quelle coïncidence !

– Garo ?

– Tu m’avais pas reconnu ?

– Difficile avec vos descentes de tissus, et vos tailles de géants. De loin on dirait juste une tente.

– Mais si ! Regarde ! J’ai accroché le pendentif que tu m’as offert à ma taille.

– Ah oui… c’est super ! Je pensais l’avoir perdu. 

Les yeux de Garo se noient dans le vide, tandis que Galgot et Gale se retiennent de rire face à l’absence de tact de Sage.

– Alors j’imagine que le géant des géants c’est Galgot, donc évidemment la troisième, c’est votre grande sœur, Gale. Ça fait plaisir de vous voir tous les trois ensemble, au même moment, remarque Sage avant de changer d’expression, basculant d’un sujet à l’autre. Ah non, mes excuses ! C’est les vêtements ? C’est ça ? dit-elle en pointant du menton Meos. Désolé, c’était les seuls vêtements que j’avais à disposition pour Meos »

Gale s’assit à côté de lui et exécute une légère pichenette sur sa tête qui déclenche une réponse automatique.

« Meos, exprime-t-il avec la même tonalité chaleureuse qui a séduit les enfants.

Sage sursaute, et jette toutes ses affaires dans les bras de Garo, qu’il reçoit intuitivement.

– Meos ? Vous m’entendez ? Vous pouvez me dire quelque chose ?

– Meos, répète-t-il.

– Ah ! Gale rigole. Il y a encore de la distance à parcourir. Suis-moi Galgot, on va récupérer Gol et retourner au camp. Elle se lève, et par en direction de la sortie du village, avant de s’adresser une dernière fois à Sage. S’il est encore entrain de planer, passe un moment chez nous. On a peut-être un remontant qui va le remettre sur pied, ou le faire planer à jamais », termine-t-elle en rigolant tandis que la foule tient ses distances devant leurs imposantes démarches.

Sage soulève doucement Meos, le prend par son épaule et dit : « Monsieur Mer tient à nous voir, ne le faisons pas attendre ! elle interpelle Garo, les paquets reposants dans ses mains. Suis-moi ! » Quittant son air dubitatif, Garo acquiesce de la tête et marche à leur côté, observant Meos à plusieurs reprises sur le trajet, tandis que le son des cloches résonne.

 

Au même moment, à l’extérieur du village, des ombres, grandes et presque géantes, émergent des sentiers de la forêt. Le pas difficile, l’allure fatiguée, ils s’avancent vers la ceinture de tentes sombres. Sur leurs armes, voiles et bottes perlent des gouttes d’un liquide blanchâtre et visqueux qui crépite au contact de la lumière avec une fine traînée de fumée opaque. Au bout du chemin se tiennent leurs paires, aux vêtements propres, prêt à les prendre dans leur bras, les réconforter un dernier instant. Probablement un échange de dernières paroles, avant de récupérer de leur main armes de fortune, et s’engager vers l’obscurité oppressante de la forêt sous un regard bienveillant. Lorsque les silhouettes disparaissent dans la forêt, les ombres rentrent dans leur tente.

À l’intérieur de la plus grande d’entre elles, bien après la fin du son des cloches, après le partage d’un repas, plusieurs adultes sont assis en cercle. Ils discutent, autour d’un récipient métallique remplit de cendre, sur lequel des cubes de braises expulsent des fils de fumée dansante, émettent une lumière tamisée. Des enfants jouent autour d’eux, chassant les ombres peintes sur les murs de la tente. Aucune personne ne porte de voile mais de simple sous vêtements qui dévoilent des muscles taillés par le combat, et une peau écorchée, bleutée, desséchée. Certains, plus géant que grands, partagent la même pâleur de peau, achromique, similaire au suc des ronces, une conséquence de la malédiction de la forêt qui les obligent à se voiler pour ne pas être brûlé par la lumière. Une mutation qui se renforce sur plusieurs générations, particulièrement prononcée sur les enfants.

« Aucune arme venant du Croc. Les gardes ne sont pas mieux habillé que nous. On se fait traiter d’infecté par n’importe quel peureux orgueilleux léché par la lumière, malgré les maintes auditions que j’ai eues avec Mer pour apporter un semblant de sanction. J’ai accepté la position de Chef des aventuriers de ce village, en pensant qu’il était possible d’améliorer nos vies, et même si on l’arrive à repousser les frontières de l’obscurité, ses monstruosités, ses toxines… J’ai l’impression que rien ne change, pire, empire…

– Ne t’en veut pas Gol, répond une femme enceinte, affaiblie, d’une pâleur extrême. Il existe toujours un espoir

– Un espoir oui, mais pas une éternité devant nous pour changer les choses, acquiesce Gol, d’une pâleur similaire, en planant la main tendrement sur le ventre, pendant un instant.

Il adresse un hochement de tête envers une autre figure qui tient dans ces mains le pendentif de Sage, Garo, peau pâle, qui prend à son tour la parole.

– La victime de l’assaut se nomme Meos, et il semble bien avoir survécu. Son corps semble en tout point intact, mais son esprit semble, lui, perdu dans l’obscurité. D’après Sage il devrait se remettre d’ici peu, et…

– Cela nous importe peu, interrompt Gol. Est-ce qu’il est maudis ? La lumière… est-il sensible à la lumière ?

– Je ne sais pas…

– On le saura tôt ou tard, coupe une voix douce, Gale, peau pâle. Le chef Mer, le scribe Sesa, le médecin Sage et tous les gardes ! Trop de personnes sont beaucoup trop calmes par rapport aux évènements récents. Galgot, et moi, étions responsables de la sécurité lors du déplacement des apprentis architecte. Un évènement extrêmement rare, qui devrait susciter toute l’attention, et pourtant, il suffit de porter l’oreille à la bouche des villageois pour comprendre que toute les rumeurs sont sur Meos ! Il nous faut faire preuve de patiente. »

– Oui… mais le plus tôt sera le mieux, répond Gol en tournant le regard bienveillant vers sa femme. Garo ! Continue à surveiller Meos, et rapproche-toi au plus de Sage. Si nos lamentations ont été entendues, c’est l’aube d’un nouvel espoir, celui de vivre sous la lumière, et si nous sommes déjà condamnés, au moins, le faire pour nos enfants.

– Garo ne vous a pas attendu pour essayer de se rapprocher Sage ! » nargue Galgot, supervisant le groupe d’une tête de plus, la largeur et taille de son torse ridiculise les autres, posé tel un golem de sève. Son rire déroutant provoque un éclat résonnant dans toute la tente, alors que Garo agite ses bras en l’air, comme pour disperser l’embarras qui cisèle son visage aussi rougissant que la braise qui craquelle.

 

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