— Par ici.
Ils s’arrêtèrent devant un vieux clocher bancal. Une petite porte en bois en partie dissimulée par des branches de lierre givrées se fondait dans le décor de la pierre usée par le temps. Elle s’ouvrit sur des escaliers poussiéreux dans un grincement strident lorsque Alexander en poussa le battant.
— Tu es certain que personne ne vient ici ? se méfia Altaïs.
Il se tenait toujours à distance, l’air farouche.
— Ce clocher a été délaissé il y a des années car sa structure était trop fragile et menaçait de s’effondrer. Personne n’a jugé bon de le faire réparer, mais il est tout de même possible d’accéder au sommet pour les plus aventureux.
— Très rassurant…
Alexander réprima un sourire amusé, puis il s’engouffra dans les escaliers, vérifiant du coin de l’œil qu’Altaïs le suivait. Sa respiration sifflante résonnait dans le silence.
— Avez-vous besoin d’aide ? se risqua-t-il à demander.
— Seulement de reprendre mon souffle.
Alexander redescendit quelques marches pour se mettre à son niveau et lui offrit son bras avec un sourire doux, sans un mot. Altaïs parut sur le point de protester mais se ravisa. Alexander le devinait épuisé, rongé par la douleur, à bout de forces. Depuis l’attaque des mercenaires, il n’avait pas eu le temps de souffler un instant et ses blessures devaient poignarder son corps à chaque pas.
Peut-être autant que ses souvenirs.
— C’est la dernière fois, chuchota Altaïs, comme s’il voulait préserver les lambeaux de sa fierté.
— Évidemment, acquiesça Alexander.
Ils reprirent l’ascension aussi lentement que possible. Lorsqu’ils arrivèrent enfin au sommet, Altaïs s’écarta, le regard fuyant. Il ne subsistait du haut du clocher qu’une petite pièce aux murs rongés par la mousse, percés d’ouvertures qui avaient jadis dû laisser passer les tintements graves de la cloche en bronze. Altaïs s’appuya contre la pierre, la mâchoire contractée. Quelque chose semblait le mettre mal à l’aise dans le décor, mais Alexander ne parvint pas à en déterminer la cause et n’osa pas l’interroger.
— C’est de la vieille architecture issheimérienne, constata Altaïs en observant la voûte traversée par deux grands arcs de pierre claire.
Alexander lui adressa un coup d’œil attendri. Déjà à l’époque, Altaïs était fasciné par l’architecture, par les ruines anciennes.
Alexander s’agenouilla devant lui.
— Puis-je vous soigner ?
Altaïs baissa la tête et ses doigts effleurèrent son front maculé de sang séché, comme s’il avait occulté ses blessures jusque-là. Il donna son accord dans un murmure. Alexander sortit de sa besace une outre en cuir et un carré de tissu qu’il imbiba d’eau. Avec douceur, il pressa le linge contre l’entaille pour la nettoyer.
— La plaie est superficielle, l’informa-t-il.
Altaïs ne réagit pas. Une ombre voilait désormais son regard. Il semblait se trouver à des lieues d’Alexander, quelque part où personne ne pouvait l’atteindre. Il frémit lorsqu’un halo blanc illumina les mains d’Alexander, mais ses muscles se relâchèrent au fur et à mesure que la douleur refluait. La lumière dériva sur le reste de son corps, s’attardant sur sa cheville enflée.
— Vous n’êtes pas encore rétabli. Nous devrons nous montrer prudents.
— Où nous emmènes-tu ? rétorqua Altaïs.
Ses prunelles avaient recouvré leur teinte bleu pâle et dévisageaient Alexander avec leur méfiance coutumière.
— Lorsque je vous ai laissé seul aujourd’hui, je me suis rendu au palais pour recevoir mon prochain ordre de mission, afin de ne pas éveiller les soupçons. Mais j’ai croisé quelqu’un qui… se souciait de vous : Soren.
Altaïs laissa échapper un rire sec, grinçant, incontrôlable.
— Il nous a donné rendez-vous dans les bas quartiers pour nous aider à quitter la ville.
— Soren n’a rien d’une personne de confiance. Tu nous emmènes droit dans la gueule du loup.
— Il aurait pu me dénoncer lorsque je me suis rendu au palais.
— Comment a-t-il su ?
— Il a senti les traces de votre magie sur moi. Et m’a fait comprendre que vous deviez la dissimuler. Votre famille sait que vous êtes en ville.
Altaïs pâlit.
— Ce n’est… Ce n’est pas possible…
Un pli creusa le front d’Alexander. Maîtriser les traces que laissait sa magie et contrôler sa résonance avec leur environnement faisaient partie des premières choses que l’on enseignait aux aspirants mages de l’armée. Il savait qu’il en allait de même pour les membres de la famille royale. Par le passé, Altaïs n’avait jamais eu de mal à dissimuler sa magie, s’était toujours abstenu de l’utiliser dans l’enceinte du palais, à tel point qu’Alexander n’avait jamais su quelle était la nature de son pouvoir, même si le lien qui existait entre eux lui avait toujours paru tangible. Depuis qu’il avait retrouvé Altaïs, Alexander percevait sa magie comme un écho lointain qui avait enfin retrouvé sa place dans sa poitrine, mais dans l’urgence de la situation, il n’avait pas songé que d’autres le pouvaient aussi.
Et Altaïs, si blême…
Alexander s’apprêtait à le questionner, mais la réponse tomba comme un couperet :
— Je ne suis plus capable d’utiliser ma magie.
— Quoi ? balbutia Alexander.
À sa connaissance, peu de moyens empêchaient un mage d’accéder à sa magie. Les runes qui pouvaient sceller un lieu en particulier, permettre à des objets d’en entraver l’utilisation de manière temporaire… Et la fleur d’Adhelan dont l’odeur affaiblissait la magie, dont l’ingestion pouvait l’effacer durant quelques heures, quelques jours pour les plus sensibles. Mais Altaïs n’avait été en contact ni avec les unes ni avec l’autre depuis qu’Alexander l’avait retrouvé, et il était impossible que l’effet perdure aussi longtemps.
— Je…
Sa mâchoire se contracta, ses traits se crispèrent, un grognement sourd jaillit de ses lèvres. Il se recroquevilla avec un spasme.
— J’ai… été…
Son cri fusa dans l’air, ses poings frappèrent le sol avec toute la colère qui l’habitait. Alexander comprit que le sceau qui entravait ses souvenirs l’empêchait de parler.
— Arrêtez ! Je n’ai pas besoin de connaître la réponse !
Un dernier spasme ébranla le corps d’Altaïs, qui demeura immobile de longues secondes, la respiration saccadée. Il ravala un hoquet de frustration, un sanglot peut-être. Alexander devinait sa rage à ses poings trop serrés, à ses articulations qui blanchissaient.
— Je le hais, souffla-t-il. Je les hais tous.
Le silence s’étira autour d’eux, lourd de secrets et de non-dits. Alexander récupéra son outre pleine d’eau et la tendit à Altaïs.
— Buvez. Cela vous fera du bien.
Altaïs attrapa l’outre avec un geste lent, mais il ne la porta pas tout de suite à ses lèvres.
— Tu as dit que tu en savais plus que je ne le pensais. De quoi parlais-tu ?
Alexander inspira dans l’espoir de chasser la douleur qui poignardait encore son cœur lorsqu’il se remémorait cette nuit, puis il se lança dans son récit.
Le souffle court, Alexander toqua contre la porte des appartements d’Altaïs, s’attendant à ce que le prince lui ouvre rapidement. Il jeta un coup d’œil nerveux autour de lui, mais le corridor était désert. Et si la famille d’Altaïs avait entendu parler de leur projet de fuite ? Que ferait-elle subir à Altaïs ? Que lui ferait-elle subir à lui ? Alexander avait tant rêvé de reprendre sa vie en main, de pouvoir marcher aux côtés d’Altaïs sans que le carcan du palais les étouffe…
Il reporta son regard sur la porte en fronçant les sourcils. Ils avaient convenu qu’il rejoindrait Altaïs dans ses appartements, puis qu’ils prendraient la poudre d’escampette lorsque le palais serait endormi. Qui soupçonnerait qu’un Protecteur trahisse ainsi la royauté pour accompagner un prince rebelle ? Il actionna la poignée avec une pointe d’inquiétude, poussa le battant sans un bruit. Alexander sut avant même d’avoir fait le tour des appartements qu’Altaïs n’était pas là, peut-être à cause de la fenêtre grande ouverte par laquelle s’engouffrait l’air glacial de l’hiver. Altaïs la fermait toujours avant son arrivée car il savait le Protecteur frileux.
Soudain, les rideaux claquèrent. Alexander pivota brusquement en sentant des émanations de magie couler dans le corridor, des effluves d’épines de pin gelées.
— Altaïs…
Il ne lui fallut qu’un instant pour se précipiter dans le couloir, cherchant la source de la magie d’Altaïs. où es-tu ? où es-tu ? où es-tu ? La salle du trône… Il dévala un escalier au risque de se rompre le cou, bifurqua dans un autre corridor, remarqua à cet instant que le palais n’avait jamais semblé aussi désert. Un sentiment d’urgence enfla dans sa poitrine.
Un hurlement ricocha contre la pierre blanche des murs.
Le sang d’Alexander gela dans ses veines.
— Altaïs !
La salle du trône était toute proche. si proche. Que se passait-il là-bas ?
plus vite plus vite plus vite
Il bifurqua dans un corridor, emprunta un dernier escalier, déboula dans le hall sur lequel donnait la salle du trône. Il s’arrêta brusquement ; une silhouette franchit les grandes portes en bois, et dans ses bras, Altaïs demeurait aussi immobile qu’une poupée de chiffon. Des traces de sang maculaient son visage, ses mains et sa tunique. Le cœur d’Alexander cessa de battre un instant, jusqu’à l’instant où il aperçut le torse d’Altaïs se soulever faiblement.
— Arrêtez-vous ! cria Alexander.
Lentement, la silhouette s’immobilisa puis se tourna pour lui faire face. Alexander écarquilla les yeux en découvrant son visage, mais une torpeur soudaine s’empara de son corps, une douleur fulgurante cisailla son crâne. Il s’écroula en plaquant ses mains contre ses tempes, la vision trouble.
— Altaïs…
réveille-toi réveille-toi réveille-toi
Il tendit un bras dans leur direction, mais ils étaient trop loin, et déjà le visage de la silhouette s’estompait dans son esprit, comme une chimère que l’on oublie au réveil.
— Je suis désolé, souffla Alexander. J’ai beau essayer, je ne me souviens jamais de son visage. À chaque fois, les contours de sa silhouette m’échappent.
un dernier cri, puis
Altaïs avait disparu,
sans un bruit.
Il avait été si facile d’orienter les accusations vers lui, alors qu’il ne pouvait plus se défendre. Mais Alexander avait effleuré un fragment de vérité ; s’il n’avait pas réussi à sauver Altaïs, il avait pu apercevoir le piège qui s’était refermé sur lui.
Et clamer ses doutes lui avait valu d’être envoyé à l’autre bout du royaume.
Altaïs enfouit son visage dans ses mains avec une inspiration tremblante. Lorsqu’il releva la tête, ses yeux brillaient d’un éclat trop vif pour que ce soit naturel.
— Je voulais tellement partir avec toi…
Un sourire doux orna les lèvres d’Alexander.
— C’est ce que nous nous apprêtons à faire. Deux ans plus tard.
Un rictus étira les lèvres d’Altaïs, comme s’il peinait à croire ce qu’il entendait, doutait que cela soit possible. Le cœur d’Alexander se craquela, mais il n’insista pas, conscient qu’il ne pourrait rien faire de plus pour l’apaiser.
— Concernant votre magie, pensez-vous qu’il s’agisse d’une question de temps ? Si d’autres peuvent la percevoir, cela signifie qu’elle est toujours présente.
— Je ne la sens plus depuis deux ans. Il y a juste… Lorsque les mercenaires me poursuivaient, j’ai eu une résurgence de magie brute, mais elle s’est volatilisée tout aussi vite, ajouta Altaïs avec une grimace.
Il ferma les yeux, inspira profondément. Alexander pouvait voir les mots se presser au bord de ses lèvres, la détresse qui tordait ses traits, percevait son souffle trop court.
— Lorsque j’ai compris que je ne pouvais plus utiliser ma magie, que je ne la sentais plus, j’ai cru mourir. J’avais l’impression d’être dépossédé d’une partie de moi-même. Encore aujourd’hui, malgré le temps passé, je me sens toujours aussi incomplet. Je ne sais pas comment la dissimuler alors qu’elle ne m’appartient plus.
Alexander ne pouvait qu’imaginer. La magie imprégnait la nature et chaque aspect de leur existence, ondulait dans l’air, serpentait dans la terre, envahissait les rivières. Elle constituait l’essence des plantes, des animaux et des êtres humains. Chacun naissait avec une magie plus ou moins prononcée, apprenait à ne faire qu’un avec elle dès son plus jeune âge, à façonner la magie brute jusqu’à ce qu’elle soit à son image exacte. Quatre grandes catégories existaient : les magies du corps, dont faisaient partie les Guérisseurs ; les magies de l’âme auxquelles appartenaient les mages de l’esprit ou ceux capables de percevoir les émotions ; les magies de la matière, qui permettaient comme celles d’Alexander de créer des boucliers ou d’utiliser une magie offensive en s’appuyant sur les particules de magie qui les entouraient, voire d’influer sur des objets ; et la magie élémentaire, qui avait quasiment disparu. Beaucoup disaient qu’il s’agissait d’une porte ouverte sur l’âme d’une personne, d’autres affirmaient qu’elle était l’âme elle-même. Comment pouvait-on arracher la magie de quelqu’un ?
On avait ôté la sienne à Altaïs, on avait brisé son esprit pour asservir ses souvenirs. Que lui avait-on pris d’autre encore ?
— Je vous aiderai, chuchota Alexander. Je vous en fais le serment.
Altaïs déglutit. Ses lèvres brûlaient d’acquiescer, son regard criait sa peur. Puis, une flamme embrasa ses prunelles, comme s’il refusait de rester à la merci de sa terreur.
— Je te ferai confiance. Je te fais confiance.
Un sourire lumineux éclaira le visage d’Alexander.
— Accepterez-vous d’écouter ce que Soren a à dire ?
Altaïs semblait batailler contre lui-même. Malgré son animosité à l’égard de son cousin, Alexander savait qu’il avait conscience de la nécessité de cette aide. Le temps jouait contre eux, Altaïs ne pouvait pas maîtriser les réminiscences de sa magie. S’ils ne quittaient pas la ville au plus vite, ils s’y retrouveraient piégés. En retrouvant Soren, ils avaient le faible espoir que celui-ci tienne parole.
À moins qu’il les attende avec l’armée.
Altaïs inclina le visage sur le côté pour signifier qu’il cédait.
Alexander tira sa besace jusqu’à lui et en sortit deux pommes.
— Avez-vous faim ?
— Assez avec ce vouvoiement, soupira Altaïs. Nous n’avons plus besoin de faire semblant de respecter les convenances.
Un sourire taquin joua sur les lèvres d’Alexander.
— As-tu faim ?
Altaïs haussa un sourcil, presque amusé.
— Toi oui, je présume. Tu as l’air affamé.
Alexander leva les yeux au ciel et croqua dans sa pomme avec empressement. Le parfum sucré glissa le long de sa langue avec délice. Il adressa un regard équivoque à Altaïs par-dessus le fruit, comme pour le mettre au défi d’accepter l’autre. Les prunelles du jeune homme dévièrent vers la pomme verte que tenait Alexander.
— Donne-moi l’autre, accepta-t-il, sans doute conscient que son corps lui demanderait des comptes tôt ou tard.
Alexander s’exécuta avec un sourire malicieux, alors qu’Altaïs attrapait le fruit, une once d’amusement au fond du regard.
— Tu devrais dormir quelques heures. Je n’ai pas l’impression que tu t’es beaucoup reposé depuis la nuit où tu m’as retrouvé.
Alexander s’adossa contre l’un des vieux murs.
— Juste quelques heures, jusqu’à ce que la nuit soit noire. Nous ne pouvons pas nous attarder.
Il s’emmitoufla dans sa cape en frissonnant, mais il ne se résolut pas à fermer les yeux, le regard rivé sur Altaïs.
— Tu ne vas pas disparaître ?
L’ombre d’un sourire courba les lèvres d’Altaïs. Il se contenta de secouer la tête, et Alexander aurait payé cher pour deviner ses pensées. Le silence s’étira autour d’eux avec paresse, seulement brisé par de lointains échos de la ville. Écrasé par une fatigue qu’il avait occultée jusque-là, Alexander se laissa happer par le sommeil.
◊
Altaïs inspira profondément dans l’espoir de dénouer le nœud qui enserrait sa poitrine. Ses ongles s’enfoncèrent dans sa paume jusqu’à ce qu’une douleur lancinante traverse sa main.
Il l’accueillit avec soulagement ; elle le détournait des pensées qui noircissaient son esprit.
Son regard se posa sur Alexander, blotti contre le mur, emmitouflé dans sa cape. La fourrure de sa capuche caressait sa joue. Face à cette scène, la colère d’Altaïs reflua suffisamment pour qu’il respire mieux. Il avait été terrifié en retrouvant le jeune homme, en réalisant que celui-ci l’avait sauvé des mercenaires qui le pourchassaient. apeuré à l’idée que ce ne soit qu’un piège, une illusion, un cauchemar. terrorisé par la perspective qu’Alexander le traîne jusqu’au palais.
Je vous ai cherché sans relâche ces deux dernières années.
Alexander n’avait pas tant changé. Ses traits s’étaient affirmés, avaient définitivement perdu la candeur de la jeunesse. Altaïs lui devinait un caractère plus dur, moins imprudent peut-être aussi, mais tout dans son comportement à son égard trahissait sa douceur et sa loyauté. Celles qui l’avaient charmé au fil des mois, qu’il avait appris à aimer. Que leur restait-il après tout ce temps, après toute cette souffrance ?
Altaïs se leva sans un bruit pour aller s’accouder à l’une des grandes ouvertures qui ornaient les murs. Un vent froid emmêla ses cheveux sombres, caressa son visage où s’estompaient les marques de violence. Au-dessus de lui, les étoiles brillaient dans le ciel obscurci par la nuit. Les larmes affleurèrent à la bordure de ses cils. Ils ne les avaient pas vues ainsi depuis si longtemps…
Prisonnier de ses chaînes, il n’apercevait jamais plus qu’un morceau de ciel aussi brisé que lui. Aujourd’hui, le fer ne mordait plus sa peau, mais ses entraves l’asservissaient toujours.
Tu es libre.
— Pour combien de temps encore ? chuchota-t-il.
Son regard survola la ville, scindée en deux par une longue rivière transparente. La capitale du royaume d’Issheimr s’étendait à perte de vue. Il effleura d’une œillade les vieux ponts, les maisons à colombages endormies, s’attarda plus que nécessaire sur le palais en pierre claire dressé au centre d’Issarta, avec ses quatre tours fantomatiques qui montaient en flèche vers le ciel. L’endroit qui l’avait vu grandir, l’endroit qu’il avait un jour voulu fuir, l’endroit où il ne retournerait que pour mourir… Plus loin, le Grand Temple taillé dans cette même pierre blanchâtre luisait dans la pénombre et réfléchissait la lueur des astres nocturnes. S’il semblait aussi endormi que le reste de la ville, il sortirait bientôt de son long sommeil hivernal pour que les issheimériens puissent rendre un culte à la Magie et aux différentes formes qu’elle adoptait au fil des saisons. Altaïs détourna la tête, comme s’il essayait de voir au-delà du rempart qui protégeait la ville. Face à ce paysage qu’il connaissait jadis sur le bout des doigts, il sombrait un peu plus.
Il sombrait, dépossédé de son corps, de sa magie, de ses souvenirs.
Il sombrait, il mourait.
Non…
Tu es libre. Tu peux te
BATTRE.
La relation entre eux grandit encore, devient profonde. Ils apprennent à se faire confiance, à se confier, à se connaître. Tu arrives très bien à faire passer les sentiments forts. Malgré peu d’action, on ne s’ennuie pas. J’aime beaucoup.
Je suis vraiment heureuse que tu apprécies cette évolution, ce chapitre est très calme mais il y avait beaucoup à dire pour construire leur relation et les préparer à ce qui va suivre :)
Est-ce que je soupçonne que notre petit Prince aurait en lui une Magie Elementaire ? Tout à fait. Mais j'aime bien aussi imaginer un tas de trucs qui finalement sont faux XD
En tout cas, je les aime bien les deux cocos là!
Haha, Altaïs serait du genre tellement insensible à l'hypnose, incapable de se relâcher xD
Ta théorie est intéressante :p Est-ce que ce n'est pas une activité passionnante d'imaginer plein de choses pas forcément vraies en même temps ? xD
Ravie que tu les aimes bien ^^
Je sens quand même venir une belle histoire. A vrai dire, je le sens depuis le début, et pour l’instant, ça se confirme. Si j’avais le temps, j’enchainerais à coup sûr. 😊
C’est quand même un étonnant contraste que ce prince brisé qui garde néanmoins la fierté que son rang lui a donné la majorité de sa vie. Si ça se trouve, c’est elle qui le fait encore tenir debout. J’ai vraiment envie d’apprendre à le connaitre, même si quelque part, je me dis que sans ce qu’il a subi ces deux dernières années, et sans prendre le temps d’apprendre à le connaitre davantage, au premier abord, donc, je le trouverais peut-être antipathique ^^ Mais je sens que même avant, le personnage était plus profond. Après tout, Alexander nous l’a montré maltraité avant tout ça, et je ne pense pas qu’un prince fuit comme ça. Il avait surement déjà une vie compliquée.
Ah mais fichu voile ! Il a été quoi ? Pourquoi il ne peut plus utiliser sa magie ? Apparemment, ce n’est pas courant. Et comment a-t-il pu, alors, en laisser des traces sur Alexander ? Comment a-t-il pu s’en servir dans ce cas-là, dans l’urgence ? Est-ce que c’’est un signe qu’elle va lui revenir. Est-ce que ce manque vient du voile ? Des souvenirs perdus ? Si la magie fait partie de lui, ça ne m’étonnerait pas que ça l’affecte…
Sinon, Altaïs a raison : Alexander est un idiot et je fais partie de la même catégorie. Je serais tellement capable de faire ça ! ^^ Même en sachant que je vais mourir à coup sûr, juste parce que c’est juste et que j’estimerai que c’est mon devoir ! ^^ Du coup je comprends pleinement. ^^
Ne pas pouvoir dissimuler sa magie est un très gros problème, par contre : on pourra le pister n’importe où. Du coup, ils vont être constamment traqué :/ J’espère que Soren, en plus de ne pas les trahir, va aussi pouvoir les aider sur ce point.
Sinon, c’est là qu’il faut arrêter le temps pour que je puisse continuer à lire… ^^
A défaut, je reviens vite 😉
Tes compliments me font chaud au coeur <3
Pour Altaïs, il a évité une certaine fierté, mais ce qui le fait tenir debout avant tout c'est surtout sa colère (disons qu'il a un cocktail d'émotions assez explosives) ! Mais oui il a vécu des choses horribles, et pour l'instant il est en miettes... Et à première vue il a indubitablement l'air très antipathique x) Mais au vu de son vécu c'est justifié ^^'
Hehe, tant de questions :p Pour sa magie, petite précision sur le fait que c'est comme si sa magie était inhibée mais donc elle est toujours présente, il n'y a seulement pas accès lui-même ! D'où le fait qu'il ne puisse pas maîtriser les traces qu'elle peut laisser autour de lui.
Contrairement à Altaïs, je ne dirais pas qu'Alex est idiot ^^ Mais il est trop gentil pour son propre bien en revanche xD
Merci pour ton retour :D
"Pourquoi abandonnerais-tu ta place confortable dans l’armée pour aller au-delà d’une mort probable en te compromettant avec un prince accusé de régicide ?"
*(...) pour aller au devant d'une mort probable (...)
Bon, du coup, ils sont partis pour tenter de s'enfuir ensemble. Vu l'état d'Altaïr, qui n'a même plus sa magie, ça a l'air très compliqué, j'espère que Soren a un bon plan ^^" Je comprends vraiment pas pourquoi Soren veut l'aider, alors qu'Altaïr a pas l'air méga fan de son cousin. Après, c'est peut-être pas justifié, il en veut peut-être à toute sa famille pour sa situation alors que tous ne sont pas responsables, mais ça n'a quand même pas l'air d'être la joie :/
Sinon, j'ai beaucoup aimé ce chapitre pour la relation qui se tisse entre Altaïr et Alexander, qui est très maître/serviteur, mais Alexander se permet parfois plus, des petites remarques et tout, c'est plus complexe que ça et c'et plutôt cool comment ça se tisse =D Très curieuse de voir ce que ça va donner !
Je comprends ce que tu veux dire pour le souvenir d’Alexander où tu t’attendais à quelque chose de plus gros :) En même temps, d’une part je voyais difficilement ce que je pouvais faire de plus sans cramer toute l’intrigue, et d’autre part ça faisait quand même vraiment gros pour une coïncidence mais ce n’était pas non plus suffisant pour qu’Alexander aille faire un scandale après le régicide en mode « vous vous trompez de coupable ». Du coup c’est le genre de secret qu’on garde sous silence mais qui s’amplifie avec le temps et fait croître la culpabilité, et c’est suffisamment rationnel pour qu’Altaïs l’accepte !
Pour les relations entre Altaïs et Soren, c’est… compliqué x) Elle sera plus développée plus tard, donc ça éclairera le choix de Soren, mais il va falloir patienter un peu :p
C’est marrant que tu vois la relation entre Altaïs et Alex comme un rapport maître/serviteur (enfin comme tu le dis, en plus complexe) parce que pour le coup je n’ai jamais vu les choses ainsi (après j’avoue, j’aime le trope prince.sse/chevalier, c’est ma faiblesse xD) ! Quelques personnes avaient même tiqué parce qu’avant que je ne corrige, Alexander tutoyait Altaïs dès le début, donc j’ai dû rajouter le vouvoiement après coup, ça m’a fait très bizarre x)
Ravie que ce chapitre t’ait plu ! Merci pour ton commentaire :D
Une bonne discussion entre les deux, l'explication de ce qu'a vu Alexander... On discerne les bords du complot de mieux en mieux. Ta manière de lâcher des petits indices à chaque chapitre est super. C'est aussi bien d'avoir expliqué les différentes magies, ça dévoile un peu plus le monde dans lequel on se trouve!
Ah et j'ai particulièrement aimé cette phrase: "Prisonnier de ses chaînes, il n’apercevait jamais plus qu’un morceau de ciel aussi brisé que lui."
Je suis ravie que ce chapitre te plaise ! Il est beaucoup plus calme mais c'était le bon moment pour développer leur relation et faire le point sur certaines choses :) Ravie que l'explication sur la magie te plaise aussi, j'avais peur que ça fasse un peu trop exposé mais je ne voyais pas comment présenter les choses autrement ^^'
Merci beaucoup pour ton retour, ça me fait très plaisir :D
Encore un excellent chapitre, qui creuse le mystère tout en approfondissant la relation entre les personnages. Le flashback permet de mieux comprendre les motivations d'Alexander, c'est top.
Particulièrement fan de l'expression "Il n’avait pas croisé un rat", je dois l'avouer...
A bientôt pour la suite (j'ai hâte) !
Trop contente que cette fin te plaise, elle marque vraiment une évolution pour Altaïs ! Et ça me semblait important que ce chapitre permette de poser un peu la situation, que ce soit les motivations d'Alexander ou les bases de leur relation !
Haha, cette expression me fait beaucoup rire xD
À tout de suite !
Je dois avouer que la dynamique entre Alex et Altaïs fonctionne super bien ♥
Grâce aux révélations de ce chapitre, on comprend mieux la culpabilité d'Alex, le "pourquoi" il veut l'aider.
Et j'admire la résilience d'Altaïs, après tout ce qu'il a vécu, accepter de faire confiance à quelqu'un est une sacrée preuve de courage !
(vais-je en lire encore un chapitre, pour en savoir plus ? je crois bien oui :D)
Trop contente que leur dynamique fonctionne bien, et oui chacun a ses raisons d'agir comme il le fait ! Altaïs a beaucoup de courage, et la douceur d'Alex l'aide à aller de l'avant.
(finalement on sait que tu ne t'es pas contentée d'un seul chapitre xD)
Meilleurs vœux pour 2023 tout d'abord <3
Je reprends avec plaisir cette lecture, et c'est de nouveau un beau chapitre avec des mouvements émotionnels et introspectifs forts. Les confidences d'Altaïs au début dans le clocher, l'évocation de rêves de gosses, ça génère une bonne sympathie pour le duo. Ensuite, le soin qu'ils ont l'un de l'autre - aussi bien au sens physique que psychologique. La gestion de la culpabilité, tant par rapport à l'accusation de régicide que la culpabilité envers soi-même dans la deuxième moitié du chapitre.
C'est chouette de prendre le temps de les côtoyer et de les comprendre, entre deux moments d'action - car j'imagine qu'après ce chapitre "souffle", des péripéties se préparent héhé.
Un tout petit détail :
>> "— Ce clocher a été délaissé il y a des années, car sa structure était trop fragile et menaçait de s’effondrer." > pour moi, du coup, ce clocher est plus que "un peu bancal" au début, je pense que tu peux mettre juste "bancal". L'atténuation dessert la suite.
Toujours un plaisir ! <3
A bientôt
Je te souhaite une belle année également <3
Je suis ravie que cette suite te plaise, je trouvais important que l'action cède un peu sa place à l'introspection, notamment pour le développement des personnages et de leur relation. Ça me fait plaisir que le rendu fonctionne bien !
C'est bien noté pour ta remarque, tu as tout à fait raison !
Merci pour ton retour <3
À bientôt !
Conclusion un peu dans le même esprit que dans le chapitre précédent mais cette fois du pdv d'Altaïs. Ce chapitre est l'occasion de développer un peu son introspection, on comprend sa souffrance après tout ce qu'il a traversé. Avec Alexander ça va de mieux en mieux mais ce genre de chapitre plus calme, je m'en méfie, ça annonce souvent une tempête derrière. Dans tous les cas, je sens que les ennuis ne vont pas tarder à surgir.
La mise en page est sympa, je trouve que tu fais des choix intéressants. Les retours à la ligne m'ont toujours semblé pertinents pour l'instant, ils permettent de marquer les sentiments et passages plus forts c'est une bonne idée.
Mes remarques :
"Quand j’étais plus jeune, je rêvais de devenir explorateur pour partir à l’aventure et découvrir chaque monument, chaque ruine de notre histoire. C’était stupide." je suis un peu gêné par le contraste entre les deux phrases. La manière dont est écrite la première donne pas l'impression qu'il trouve ça stupide je trouve. Peut-être que tu pourrais ménager un espace entre les deux avec des points de suspension ou une petite description non verbale. Ce n'est qu'une suggestion et du chipotage, c'est toi qui voit.
"celui que préférait l’épouse défunte du roi avait-on justifié son affectation dans ce coin reculé du palais." je trouve cette tournure un peu alambiquée
Un vrai plaisir de retrouver ton histoire,
A bientôt !
Haha oui, c'était une conclusion miroir de la précédente ^^ Mais non, tout va bien se passer par la suite voyons (ils sont dans la mouise depuis le début en vrai) xD
Je suis ravie que les choix stylistiques te plaisent ! J'ai un peu développé mon écriture en ce sens, ce ne sera peut-être pas aussi présent que dans d'autres romans mais j'aime bien l'effet rendu !
C'est bien noté pour tes remarques ! Merci pour ton commentaire :D
À bientôt !
Encore un très bon chapitre, qui installe un rythme moins effréné que le précédent et c'est totalement bienvenu. On sent qu'une relation commence à se nouer entre prince et protecteur, j'aime la façon dont ils s'apprivoisent progressivement l'un et l'autre sans précipiter les choses.
Une petite remarque sur la forme, toutefois : je trouve que tu utilises énormément les "..." pour marquer les silences, les hésitations. C'est efficace mais redondant et ça a tendance à hacher le récit, parfois inutilement. Je pense que ta plume est d'une qualité bien suffisante pour se passer de ce genre d'artifices quand ils ne sont pas absolument nécessaires.
Quelques petites coquilles que j'ai pu repérer du coin de l’œil pendant ma lecture :
- "Avant qu’il n’évanouisse à l’angle du couloir" --> ne s'évanouisse.
- "S’il semblait aussi endormi que le reste de le reste de la ville" --> il y a un reste de trop dans la phrase.
- "Altaïs détourna la tête, comme s’il essayait de voit au-delà des remparts" --> essayait de voir.
Ça me fait très plaisir de te voir enchaîner avec ce chapitre ;) En effet, c’est plus calme, ils méritaient tous les deux un peu de répit haha. Je suis ravie que tu apprécies la manière dont se tisse leur relation :)
Bien vu pour les « … », je m’en rends plus ou moins compte en écrivant, mais j’ai la fâcheuse tendance de les mettre quand même. Le drame c’est qu’il n’y en avait pas du tout dans la première version xD
Merci pour les coquilles ! Je vais corriger ça :)
Merci pour ton retour, il me fait chaud au coeur !
Toujours un plaisir de lire cette histoire !
En effet, le chapitre en soi n'est pas mouvementé mais les sentiments exprimés par les personnages sont forts, finalement, peut-on appeler ça un repos ?
Je pensais qu'Alexander avait fait quelque chose de plus grave encore, je pensais qu'il avait dénoncé Altaïs pour quelque chose, sa fugue, peut-être. On voit bien que les remords le rongent.
A bientôt !
Oh ton commentaire me fait plaisir, je suis heureuse de savoir que tu apprécies suivre cette histoire <3 Haha tu as tout à fait raison, on ne peut pas vraiment parler de repos vu leur discussion somme toute plutôt intense x)
Non c'est vrai que l'action d'Alexander aurait pu être "pire", mais je pense que la culpabilité qui peut naître du silence est assez terrible pour lui parce qu'il est persuadé que les choses auraient été complètement s'il avait parlé. Et que ça va plutôt à l'encontre de sa nature !
Merci pour ton retour et à bientôt ;)