Tandis qu’il ne restait probablement plus qu’un petit quart d’heure de marche au milieu de ces paysages désertiques et que Nathan commençait à se lasser de répéter à Rose qu’ils étaient presque arrivés, quelque chose d’anormalement brillant attira son regard.
Au cours de ce retour à pieds, il avait plusieurs fois levé les yeux, admirant ce ciel bleu qu’aucun nuage ne semblait parvenir à perturber.
Il s’arrêta si brutalement que Rose faillit le percuter.
« Mais ça va pas non de s’immobiliser comme ça ? Tu pourrais prévenir ou faire quelque pas de plus, comment tu veux que l’on anticipe ton arrêt de cette façon ?! »
Il ne répondit rien, le regard verrouillé sur l’étoile qui venait d’apparaître dans le ciel. De toute façon, il n’y avait rien à ajouter. Elle avait râler par principe mais l’œil observateur noterait plutôt qu’elle n’avait que failli le percuter. Il fallait plus qu’un arrêt imprévu pour mettre ses réflexes à l’épreuve.
Fylynx, qui s’était fait discret jusque là, échangea un regard de connivence avec celle qui partageait l’éternité avec lui.
L’écho d’une voix résonna dans la tête du jeune homme.
Nathan…
Nathan…
Nathan…
« On dirait bien qu’il t’a enfin trouvé. Il aura fallu le temps. »
Comme en transe, le garçon garda le silence, trop concentré sur cette étoile qui prenait de plus en plus de place dans ce ciel couleur océan.
Nathan…
Trop concentré pour entendre quelque remarque que ce soit. Plus rien n’existait autour de lui. Que cette étincelle grossissante…
Je te vois enfin !
L’étoile se mit à briller de mille feux, si fort que Nathan, Rose et Fylynx durent baisser les yeux, éblouis. Des nuages d’un gris très clair apparurent soudainement autour d’elle, comme s’ils avaient toujours été là. Puis il se mit à pleuvoir, si fort que l’on aurait pu croire qu’un typhon ou une gigantesque tempête s’emparait d’un seul coup du Continent Libre.
Sauf que ce n’était pas le cas. Très vite, Nathan constata que la pluie ne le mouillait pas et que l’étoile filait rapidement dans sa direction, se rapprochant inexorablement de leur position, laissant une magnifique traînée dorée derrière elle.
Nathan…
Appelle-moi une dernière fois…
Cette voix lui était si familière, comme s’il l’entendait depuis toujours, et pourtant… il ne l’avait certainement jamais entendue. Pas aussi clairement dans sa tête, tout du moins. À qui appartenait donc cette voix qui s’adressait à lui avec tant de douceur, comme si elle le connaissait mieux que quiconque, comme si elle avait bercé son enfance, son adolescence, toute son existence…
C’est alors que l’évidence heurta Nathan et il comprit enfin.
« Pluie d’Étoiles, tu m’as tant manqué… »
J’arrive, mon cher Nathan ! J’arrive !
Puis la jument fut devant lui, illuminée par une aura d’une puissance indescriptible, une magnifique traînée de poussière d’étoile derrière elle, s’étendant sur des dizaines ou des centaines de kilomètres, perçant l’horizon sur une distance absolument inimaginable pour l’œil humain.
Nul ne pourrait ignorer ce qui venait de se produire, dans toute l’Isoria. Rose en était bien consciente. De nombreux individus avaient très certainement assisté à une partie de la scène, même de loin. L’étoile filante, l’eau qui ne mouille pas… cela en interpellerait plus d’un.
Ombres, mages, Maîtres, dirigeants politiques… Nul ne pourrait ignorer qu’un phénix venait de rejoindre son Maître.