« -Quoique tu dises, je ne te laisserais pas Tania ! Lancé-je à Cyril.
-Très bien, alors soit, j’espère que vous êtes prêt.
-Cyril ! Arrête ! Ce n’est pas ton genre de faire ça ! S’exclame Tania s’avançant d’un pas devant moi.
-Les ordres sont les ordres. Nous sommes nés pour anéantir les zombies, alors nous le ferons. Des pensées comme les tiennes ne devraient pas exister. Les neuf Penseurs ont décidé de te reprogrammer.
-Me reprogrammer ?
-Tu n’as pas à en savoir plus, d’ailleurs tu ne sauras plus rien une fois rentré.
-Eh, Tania, c’est quoi cette histoire ? Crie Léa. T’es humaine ou t’es un robot ?
-Je… je suis humaine ! Je le pense.
-Tu le penses ?!
-Ne te fatigue pas femme-zombie. Tania va revenir vers nous, puis nous reviendrons très bientôt. Annonce Cyril avant de se tourner vers l’hélicoptère. Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, allez-y et rejoignez-moi là où vous savez. »
L’hélicoptère s’en va après cet ordre, mais moi, j’en ai marre du bla-bla inutile. Humaine ou non, je ne laisserai pas Tania se faire laver le cerveau. Parce que c’est ce qu’ils veulent faire non ?! On ne parle pas de reprogrammation dans le vent, ces types veulent manipuler ses souvenirs, sa pensée je ne sais comment, et puis quoi encore… tout ce temps qu’elle a passé, vivante, avant la catastrophe… avec ses parents… des bons et des mauvais instants, mais inoubliables. Je ne sais pas si elle s’est amusée en notre compagnie, mais je suis sûr d’une chose. Je ne vais pas laisser ce temps s’envoler si facilement, aucunement ! Si peu de temps à recommencer à s’écouler depuis son arrivée, j’attendais cet instant depuis longtemps, trop longtemps. Je n’ai pas envie que ça se termine maintenant, je veux apprendre à la connaître. Je veux pouvoir continuer à sourire bêtement, revenir au parc, être embarquer dans ces disputes interminables entre elles. Pour une fois depuis deux ans, je peux reprendre ma vie en main et réaliser son rêve… notre rêve. Unir ce monde !
Mon corps s’est déjà élancé vers l’ennemi alors que ma conscience vient à peine de le décider. Je dirige mon poing vers son visage recouvert par son masque à gaz, il bloque mon coup et garde mon poignet serré dans sa main. De si près, j’observe d’un regard haineux ses yeux profondément noirs, il me regarde de haut. Pour ma part je ne bouge pas, mais je vois le regard de Cyril happé par autre chose, qui est un coup de pied frôlant le haut de mon crâne visant la tête de Cyril. Il recule, me lâchant au passage. Ce coup surprise vient de Léa qui s’exclame :
« -Tu te prends pour qui mec ?!
-Un simple messager, avant qu’il ne vous arrive malheur. Remettez-moi Tania, sa mémoire doit être modifiée, sa vie ne sera plus la même désormais.
-Qu’est-ce qui te permets de jouer avec sa vie, hein ?!
-Assez ironique venant des personnes responsables de toute cette histoire.
-Parce que tu crois que c’était voulu imbécile !? Tu crois qu’on l’a souhaité de voir les cadavres de nos amis déambuler dans les rues, tu crois que ça fait plaisir à Jim d’être proclamé Roi des Zombies, tu crois que je l’ai voulu d’être comme ça ?! Ce n’est pas la faute de Jim, ce n’est pas ma faute ! Cette histoire aurait pu mieux tourner si votre clan n’était pas aussi têtu et coincé du cul ! Si tu fais un pas de plus dans notre territoire, je t’égorge vivant mon pote ! »
C’est la première fois que je vois Léa autant énervée. Si j’étais lui, je n’oserais même pas bouger le moindre petit doigt. Néanmoins, ce qu’il fait me paraît surprenant sur le coup. Il tend la main, paume vers nous. Il énonce alors, à la personne qu’est Tania, un nom de projet appelé : Break. Cela ne semble pas lui dire quelque chose et il lui explique que cela est normal, car ce projet ne l’a jamais concerné. Il nous apprend que Tania est la toute première personne à être devenue un zombie artificiel, mais comme la technique utilisée pour arriver à ce résultat sur elle est différente, le projet Break ne peut pas fonctionner sur son corps. Achevé depuis une petite semaine, personne n’a jugé utile d’en faire part à Tania. Tous les zombies artificiels sauf elle, en bénéficie. J’essaie bien de soutirer une info concernant le but de ce projet, mais il soutient qu’il est sur point d’en faire la démonstration. Soudainement ses yeux se révulsent, et il prononce :
« -Sleeping*. »
Sa main se met alors à dégager une sorte de vapeur légèrement opaque, elle se dirige sur nous. Une fois à notre niveau, je me rends compte que c’est plus du gaz que de la vapeur. Qu’est-ce qu’il veut faire ? Comment fait-il ? Qu’est-ce que- ? Je me sens lourd, fatigué, je ne me porte plus. J’ai tellement sommeil… Léa… Ta… nia.
« -Ji~~~~~ im~~~~~ J~~~ Jim~~~~ Jim ! Jim ! Jim ! Réveilles-toi Jim ! »
Léa ? Qu’est-ce que- Je me redresse subitement lorsque je me souviens de ce qu’il s’est passé. Où est-il passé ? Où est ce Cyril ? Je pose la question à Léa et elle me répond directement que Tania a été enlevée. Cette vapeur… c’était du gaz soporifique, Cyril nous a endormit pendant plusieurs minutes, il en a donc profité pour emporter Tania. Cependant, elle nous a laissé une piste à suivre, je le remarque là où elle se trouvait avant que je ne m’évanouisse. Il s’agit de son sang, elle a dû se couper quelque part et laissé couler. Si on suit les traces on la retrouvera. Léa m’accompagne évidemment, mais je lui pose juste une question avant de partir :
« -Euh, tu t’habits pas ?
-Bah non, j’aime bien ce maillot de bain et j’ai aucun risque d’attraper froid de toute façon.
-Et t’es pas du genre pudique en plus… … Léa… tu aides Tania par éthique ou parce que c’est elle ?
-Par éthique ? Tu veux dire à cause de cette histoire de lavage de cerveau ?!
-Oui.
-Je le fais pour elle évidemment. Depuis qu’elle est là, je ne t’ai jamais vu autant sourire si sincèrement. J’en suis presque jalouse, ha. Pourtant, on la connaît à peine… je veux la connaître mieux que ça ! Je veux qu’elle reste… qui sait, elle fera sûrement partie de la famille un jour.
-Je suis du même avis. On va la retrouver !
-Oui allons-y ! »
On entame notre recherche et afin de l’accélérer, nous montons dans la voiture que Léa se permet de conduire. Les traces se poursuivent jusqu’au centre-ville de Tokyo, mais au croisement d’une rue elles s’arrêtent. Léa interpelle un zombie qui semble zoner ici depuis un moment, elle communique avec lui et me transmet ce qu’elle a apprit. Ce zombie aurait sentit un vivant et une de leur semblable se diriger vers l’Ouest. Le parc d’attraction se trouvant au Sud, en allant dans la direction désignée, les endroits idéals pour s’enfuir en hélicoptère sont le centre-commercial, l’hôpital et… le restaurant : Hankei ! La terrasse est gigantesque là-bas, aucun soucis pour se poser, surtout qu’on a tout déblayé pour faire de la place. Je fais part de ma trouvaille à Léa qui fonce sans hésiter vers le Hankei.
À notre arrivée, assez bruyante par les crissements de pneus au freinage, je jette un œil vers le haut et n’y voit rien d’anormal au niveau de l’infrastructure du bâtiment ou du ciel dégagé. Normalement, l’ascenseur est toujours en service, mais là, il ne fonctionne pas. Léa force l’ouverture de la porte, action que je ne cautionne pas en premier lieu, le dégrader ne le fera pas mieux fonctionner. En observant bien à l’intérieur, je ne vois pas de câble qui habituellement devrait être relié à la cage d’ascenseur. Je me penche vers son entrée et regarde en bas. Je comprends, Cyril l’a fait monter jusqu’au dernier étage, et il a coupé les câbles, ainsi la cage s’est écrasée ici bas, c’est malin. Il veut nous forcer à prendre les escaliers. Mais quarante étages, je ne peux pas le faire en une seule fois, impossible.
« -Bon pas le choix on prend les escaliers. Dit Léa.
-Eh ?! Attends !
-Quoi ?
-Je vais être épuisée avant d’être arrivé au dixième étage.
-Oh, si c’est que ça. »
Elle s’approche, m’attrape par la taille, me soulève, me porte sur son épaule et commence à courir à toute vitesse vers l’escalier en colimaçon et ce, durant la quarantaine d’étages.
Alors qu’on vient de passer le trentième étage, quelque chose me dérange toujours. S’il voulait nous ralentir, il aurait dû détruire à la fois l’ascenseur et les escaliers, pourquoi nous inciter comme ça à monter par-là. Il y a quelque chose, soit attentif Jim, il doit y avoir un piège ou n’importe quoi d’autre. Mon ouïe est alors attirée par un bruit métallique lorsque Léa pose le pied sur la prochaine marche, des tics consécutifs et s’accélérant continuent de me parvenir. Je comprends au dernier moment l’intention de Cyril. Je crie à Léa d’accélérer le pas qu’un danger nous attends derrière. Elle ne semble pas prendre le temps de réfléchir que notre vitesse augmente considérablement. C’est une fois à hauteur du 38ème étage, que des explosions commence à se produire un peu plus bas, elles montent petit à petit, je peux déjà voir la fumée et les flashs lumineux qu’elles créent. Nous passons la porte du dernier étage, les explosions nous propulsent un peu plus vers l’avant, notre direction n’est pas contrôlée, on va s’écraser contre les vitres avant de finir dehors… Mais rien. Pas un bris de verre, pas un bruit, juste notre atterrissage sur la terrasse. Léa me pose et je regarde immédiatement vers l’intérieur du restaurant. La vitre par laquelle on aurait dû se heurter est déjà brisée. C’est celle contre laquelle Léa à balancer Tania ce matin. C’est quoi cette coïncidence pourrie ?! Enfin bon, j’ai évité de me faire couper de partout. En revenant de l’autre côté, Cyril est déjà là, se tenant à plusieurs mètres devant nous, accoudé à la rambarde :
« -Comme le disaient les rapports, c’est bien ici que vous hébergez. Des matelas et une bonne réserve de nourriture. Je me demande d’où vient tout cela.
-Où est Tania ? Crie Léa.
-Pas très loin. Juste laissez-moi deux secondes… »
Il sort d’une poche de son manteau une sorte de télécommande à trois boutons. Deux que l’on peut presser et un que l’on peut tourner. Il presse celui de gauche et des bruits mécaniques sont audibles derrière lui, je suppose qu’ils proviennent plus exactement de l’étage d’en dessous. Des bras mécaniques arrivent alors depuis l’autre côté de la rambarde, sortant sûrement des fenêtres de l’étage inférieur. Ces bras justement tiennent Tania, toujours en maillot de bain et un morceau métallique dans la jambe, sûrement celui utilisé pour les traces de sangs, et ils la déposent devant Cyril, puis un autre vient lui injecter, grâce à une seringue, un liquide orangé. Quelques seconde après, Tania se tient la gorge et se tord de douleur :
« -Enfoiré ! Qu’est-ce que tu lui fais ? Cris-je.
-Je la stimule un peu. Ce liquide ‘‘active’’ automatiquement notre côté zombie, mais dans le cas de Tania, elle ne pourra pas le contrôler dans son état. Vous allez vous entre-tuer.
-Pas si on tient le coup, parce que j’imagine que ça ne dure pas éternellement.
-Exact, au bout de cinq minutes, ce produit cessera de faire effet, et elle s’écroulera. Mais notre machine contient plus de 500 litres de ce stimulant. On a tous le temps du monde pour en finir.
-500 !? »
Eh, ça ne va pas lui être fatal autant de ce truc dans le corps ?! Je dois arrêter cette machine d’une manière ou d’une autre. Je regarde Léa du coin de l’œil et notre but est le même, néanmoins, quelqu’un doit retenir Tania. Sans m’en faire part, Léa prend l’initiative et frappe de toutes ses forces le sol qui se craquelle et se brise sous mes pieds. J’atterris à l’étage en dessous plutôt douloureusement sur le fessier et entends Léa me crier d’arrêter cette machine pendant qu’elle retiendrait Tania, qu’il fallait que je fasse vite. J’oublie ma douleur pour m’enfoncer dans ce sombre 39ème étage. Toutes les lumières sont H.S ici. Les vitres ne sont pas loin, alors la lumière qui en sort me guide là-bas. Je trouve la machine de forme sphérique soudée sur un socle rectangulaire. Je veux m’approcher, mais je sens une odeur étrange. Je reste sur mes gardes et entends des bruits de pas. M’apparaît alors Cyril, se plaçant devant la machine, il est enfin dépourvu de son masque. Son regard aussi froid que ce que j’imaginais, des yeux petits réellement noirs.
« -Tu n’as plus que quatre minutes, que vas-tu faire ?
-Eh bah, je crois que mon poing à une certaine attirance pour toi, permets-moi de vous présenter et moi j’irais voir ta copine la machine.
-Je ne te comprends pas.
-Hein ?!
-Pourquoi défendre ainsi Tania ? Elle ne vous aurait quand même pas influencée à ce point avec son utopie ?
-Bah, disons qu’il y a un peu de ça et un peu de plein d’autres trucs. Mais tout bien réfléchit, c’est surtout que… je considère tous les zombies comme mes enfants, car eux-mêmes me considèrent comme leur père, alors j’ai pris ma décision. Tous ce qui est de nature zombie, fera partie de ma famille !
-Dois-je me sentir visé ?!
-Aucunement ! Tout à l’heure, un zombie ne t’a pas reconnu comme l’un des leurs, contrairement à Tania. En plus tu veux la manipuler. Pour moi… tu es en tout point mon ennemi. Je te terrasserai dans les quatre prochaines minutes ! »
''Le corps est éphémère, l’esprit est éternel. Profites-en''