Chapitre 6 : Quand le temps est de quatre minutes

Par MrIous

Je déclare à Cyril cette vérité. Il ne fait pas partie de la famille, il n’en fera jamais partie. Que ce ne soit de sang ou de ma propre décision, je vais le renvoyer de mon territoire. Cependant, je ne peux pas prendre de risque inutile. Il peut encore m’endormir avec son gaz soporifique. Non minute, s’il compte le faire pourquoi avoir enlevé son masque. Est-ce qu’il ne peut plus l’utiliser ? Ou est-ce que l’endroit n’est pas adéquat pour cela ? Non, que l'endroit soit clos ou non, son masque à gaz le protégerai de toute façon, en plus il n’est pas abîmé donc ce n’est pas non plus le souci… … je devine juste, il ne peut plus l’utiliser. Il ne pensait pas qu’on puisse le retrouver si facilement, alors il l’a fait sans réfléchir et a préparé cette machine en dernier recours, tout comme les explosifs. Ce n’est pas prévu à la base donc mon attaque… non plus.
Je me rue sur lui, poings fermés.
Durant deux années, la survie c’était se nourrir certes, mais face aux autres humains encore survivants j’étais la plus grande menace. Ma vie était constamment en danger, et celle de mes enfants aussi, je me lançais dans la bataille sans réfléchir. Heureusement, Léa connaît pas mal de sport de combat et m’a donc appris les bases, puis d’autres techniques encore. Aujourd’hui, je peux me défendre convenablement contre ce Cyril, il ne me fait pas peur, et sans son gaz il n’est rien. Néanmoins…
« -Tu m’attaques de front ?! Jeune imprudent. »

Les deux coups que je viens lui porter son esquivé, me faisant attraper au passage par l’épaule et être retourné, plaqué au sol, le bras droit bloqué par les jambes de Cyril.
« -Notre mode zombie nous donne beaucoup de force certes, mais on nous a aussi apprit à nous défendre sans lui. Tu pensais vraiment que l’élite n’était pas consciente de cette faiblesse ?!
-Arh, je… j’y avais… même pas pensé. Héhé, je suis juste content de constater, que tu ne peux vraiment plus utiliser ton gaz soporifique.
-Qui t’as dit que je ne pouvais pas ?
-Quoique tu en dises, c’est la vérité, et ça, tu ne pourras pas le changer. »
Il me lâche le bras pour me relever par le col de ma chemise grise toute trouée, et à m’infliger pas mal de coup dans la figure, le dernier me fait valser quelque mètre plus loin, et je… …


Respire ! … Essoufflé, je suis essoufflé, qu’est-ce qui s’est passé déjà ? Où suis-je ? Il fait sombre, un fin filet de lumière passe sur mon œil gauche, et en regardant vers la fenêtre qui me fait parvenir cette lumière, je remarque une masse étrangement ronde devant. Ça me revient ! Cyril !
« -Il ne te reste qu’une minute, Roi des Zombies. Enfin, si tu survis aux prochaines secondes. »

Qu’est-ce qu’il fait ? Ma tête tourne, j’ai tellement mal, il m’a roué de coup au visage, c’est vrai. Hum ? Il y a une drôle d’odeur ici et une sorte de courant d’air, cette odeur… on dirait du gaz. Ça me rappelle les vielles gazinières qu’on allumait avec une allumette et le gaz. Je suis con ou quoi ? C’est ça, c’est tout à fait ça ! Qu’est-ce qu’il nous a fait ce type ? Il va- Il… il compte nous faire péter ou quoi ?
Une boîte d’allumette à la main, il me fait savoir oralement ce qu’il compte vraiment faire et m’explique quelque petites choses :
« -Grâce aux expériences des Survivants, nous, les zombies artificiels sommes nés. Et grâce au projet Break, une autre fenêtre de puissance s’est ouverte à nous. Ils ont modifié notre ADN instable de semi-humain, semi-zombie pour que notre corps s’adapte à certains produits, à certaines conditions, ou même à augmenter la sensibilité d’un sens ou certaines facultés du cerveau. Mon corps peut s’adapter aux différentes compositions de plusieurs gaz. L’inconvénient, c’est qu’une fois utilisé, je dois me réapprovisionner au labo. Ce que tu ignores, c’est combien de gaz je peux stocker et utiliser. Je n'aime pas avoir du sang sur les mains donc j'aurais préférer t'endormir encore, mais ça m'est impossible... alors je te ferais exploser !
-Exploser…
-Les courants d’airs qui s’infiltrent par la fenêtre pousse mon gaz jusqu’à toi, pour ma part, je ne serais que très légèrement blessé. Je vais te détruire, Roi des Zombies. Tu le mérites après tout. »

Il dégaine une allumette, l’allume sur le champ et la lance vers moi. Tout va très vite. Alors que la zone s’enflamme, je suis plaqué au sol et un manteau me recouvre entièrement. L’explosion retentit, tout est soufflé, mes oreilles sifflent. Je ne vois et n’entends rien pendant plusieurs secondes. C’est alors que le manteau, ou plutôt la personne qui me recouvrait se redresse. C’est Len, mon ami Len, en tant que zombie il m’a protégé. Et lui. Je l’attrape au niveau du dos, mais rien, il n’a rien, l’explosion était pourtant violente, et il n’a rien. Qu’est-ce qui se-
« -~~Ji~~ chu~~~~. Articule Len d’une voix étranglée.
-Tu parles ?! Tu peux parler Len.
-Lais~~~~to~~~ fair~~~.
-Quoi ? »
Il prend une de mes mains et la pose sur son torse. Je me demande ce qu’il fait, jusqu’à que je ne sente plus ma main, en regardant ce qu’il se passe je découvre qu’elle se désagrège et que le tout entre en Len. Je pars en fumée, littéralement ! Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qu-


Je viens d’avoir un moment de blanc, et je me retrouve debout face à Cyril. Où est Len ? Il était là pourtant… et pourquoi Cyril me regarde avec ces yeux ? Son expression a radicalement changé, il semble choqué, qu’est-ce qui s’est passé ? :
« -Toi ! Qu’est-ce que tu es ? Espèce de monstre ! »
De quoi il parle ? En plus je me sens lourd, ma chemise est pas si- hein ? Comment ça se fait ? Je porte le manteau de Len, je porte tous ses vêtements… non minute, cette mèche de cheveux, cette couleur de peau… … je suis Len ! Quoi ? Comment c’est possible ?
« -Tu n’es pas humain ! Définitivement pas humain ! »
Cyril panique, se tourne de tous les côtés comme s’il cherchait la solution autour de lui, et pourtant les légères brûlures qu’ils a subit à cause de son explosion lui font un mal de chien au vu de ses expressions. Je ne sais pas moi-même, je ne comprends pas. Comment je suis rentré dans le corps de Len, ça n’a pas de sens. C’est humainement impossible !

Jim, fonce

Len, c’est la voix de Len. Il parle lentement, il a l’air fatigué. Sa voix résonne dans ma tête. Len qu’est-ce qui se passe ?

Je te prête ma force… finis-en.

Ta force… d’accord, mais je veux des explications après.

Je n’ai suivit que mon instinct, je ne sais pas moi-même

Peu importe, on a à parler toi et moi. D’abord… on s’occupe de Cyril ! Je m’approche de Cyril bien que dans le corps de Len. Mes pas sont lourds, je me répète, mais son manteau me parait différent ils semblent plus lourd et dense, même si en tant que zombie la notion de poids est abstraite, pour moi c’est assez nouveau et j’en ressens quelques bride de cette lourdeur, j’ai en effet quelques lacunes pour bien maîtriser ce corps. Alors que je m’approche, Cyril lui, fait des pas en arrière. Je ne pensais jamais le voir avec cette terreur formé dans son être. Il a l’air pathétique. Cette apparence lui colle bien. Pourtant, il commence à adapter une position offensive, et à me hurler dessus.
« -T’approche pas ! T’es qu’un zombie au final, plus de perte que de gain ! Je vais te finir ici-même avec une autre explo- »

Il ne peut pas, il a déjà usé de son gaz explosif. Je ne sais pas quel genre de gaz il lui reste, mais s’il l’utilise, il périra en même temps que moi ! Il est piégé !
« -Tant pis, quitte à crever, autant que tu me suives dans la mort ! Tu ne mérite que ça pour ce que tu as fais à ce monde ! Mon ultime gaz va te ronger jusqu’aux os ! »
Merde, il en a un de ce genre ! J’accélère le pas, et alors que mon coup de poing dont la force est au moins quintuplé, s’écrase sur sa face le plaquant violemment contre la machine sphérique, son corps laisse s’expulser le gaz mortel. Cyril est inconscient. Son corps tout comme celui de Len commence à se désagréger. Soudainement, le toit s’effondre et quelque chose tombe lourdement derrière nous. L’impact si violent a éparpillé le gaz qui s’échappe par l’ouverture dans le plafond et les fenêtres brisés de l’étage. Nous sommes sauvés, en tout cas Len l’est. Pour Cyril je crois que c’est fini, en plus de ses précédentes blessures, ce qui s’est rongé en premier fut sa cage thoracique, et en tant que vivant, il a dû en inhaler, c’est mort pour lui, la vie est sûrement en train de le quitter.
Ce qui s’est écrasé précédemment, c’est Tania que Léa a envoyé ici. Tania semble évanouit et il ne reste plus que quelques seconde avant que la machine ne bouge une fois de plus. Il faut que je profite de la force de Len pour la détruire. Je ne voulais vraiment pas que ça finisse comme ça, dans cette bataille, il ne devrait pas y avoir de mort. Pourquoi cet imbécile a tenté une attaque suicide, ça ne sert à rien, c’est stupide ! Espèce d’idiot. Je frappe la boule métallique qui se plie à chaque impact, je finis par la pénétrer et à y arracher chaque fil que croise mes mains. Pendant ces dix prochaines secondes, Cyril s’éteint en même temps que je mets fin à l’activité de la machine. Je retire un ultime fil, et donne un dernier coup de poing en serrant les dents. La machine s’est arrêtée, le temps de Cyril aussi. Mon poing est resté plaqué contre la ferraille défoncée, je le resserre puis me retire. Je tourne les talons laissant le corps de Cyril adossé à l’épave. Je remonte d’un seul bond étant encore dans le corps de Len. Je croise Léa qui a déjà récupéré Tania reprenant à peine conscience et moi tombant vers l’avant.


Encore un moment de blanc. Brrh, il fait froid. Mon corps, c’est le mien. Je suis juste recouvert du lourd manteau de Len qui ne porte plus qu’une chemise noir et son pantalon noir. Je suis nu en dessous du vêtement que je m’empresse d’enfiler. Cette fusion étrange. Qu’est-ce que c’était ? Tania se trouve à côté de moi, assise, me fixant, je n’ai pas le temps de lui demander si tout va bien que nos regards deviennent extrêmement proche et qu’elle me demande :
« -Où est Cyril ?
-Il… il est mort.
-Comment est-il mort ?
-Je t’annonce la mort d’un de tes anciens camarades et tout ce que tu veux savoir c’est-
-Comment !? Comment est-il mort ? Insiste-t-elle.
-Il a utilisé un gaz qui l’a rongé de l’intérieur.
-Donc son cerveau est intact ?
-Sûrement, ce ne doit être que ses poumons et son cœur qui sont atteint. Pourquoi ces questions ? C’est quoi le problème ?
-Si son cerveau est intact, alors ce n’est pas fini !  Il va- »

Elle n’a pas le temps de finir sa phrase que le sol de la terrasse explose, quelque chose arrive depuis le 39ème étage, et atterrit lourdement quelque mètres devant nous. Je me rends compte qu’il s’agit de Cyril, il est dans un état de zombie total, aucune conscience ne l’anime c’est comme si je pouvais voir les fils de la Mort le manipuler. Cette aura sombre l’entoure, sa peau dégage une fumée étrange, ses yeux sont restés profondément noirs, mais je n’y vois plus l’once d’humanité. Il est un zombie à part entière, et plus puissant que la normale.

''Un temps mort est un temps oublié''

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