Chapitre 5 : Rencontre interpoissards

Par bonheur, ce jour-là, Gus finissait plus tôt. Il en profita pour se rendre à l’agence, Eileen lui ayant confirmé sa présence jusqu’à 18h. À l’accueil, Marion lui précisa avec un grand sourire qu’il allait devoir attendre, vu qu’il n’avait pas de rendez-vous. Pour patienter, elle lui proposa un café. Quand elle lui apporta la tasse fumante, un coup de vent fit claquer la fenêtre, provoquant le lâché de la tasse sur Gus. Ce dernier, par réflexe, se leva brusquement en envoyant balader l’objet qui atterrit sur une jeune femme aux mèches roses. Celle-ci rattrapa le tout et reposa le récipient sur une petite table de la salle. Marion se confondit en excuses :

        - Oh ! Aymee, Gus, je suis vraiment désolée. Il faut toujours qu’il m’arrive quelque chose et les autres en subissent les conséquences.

        - Bienvenue au club ! C’est pareil de mon côté.

        - Idem, s’esclaffa Aymee.

        - Je crois qu’il vaut mieux que nous évitions de prendre l’avion ensemble. Il exploserait en vol, conclue Marion qui repartie à l’arrière refaire des cafés et chercher de quoi éponger la catastrophe.

Nos deux poissards entamèrent une conversation. Ils échangent sur leur malchance respective puis dévièrent sur la manière dont ils étaient arrivés à l’agence. Petit à petit, Gus se senti en confiance et se confia sur la raison de sa présence :

        - Tu comprends. Je ne sais pas quoi faire.

        - C’est pour cela que tu viens voir Eileen ? Tu sais qu’elle ne pourra pas agir à ta place ?

        - Oui. Je pensais plutôt lui demander d’organiser une confrontation.

        - Écoute, il y a peu, Eileen m’a envoyé dans une mission où le responsable abusait carrément. J’ai tenté la conciliation avec lui. Ça n’a pas été efficace.

        - Qu’as-tu fait alors ?

        - Il a fallu le confronter à ses erreurs.

        - C’est ce que tu as fait ?

        - Sans le faire exprès.

        - Comment cela ?

        - Sans le vouloir, j’ai envoyé à Eileen et son patron des documents qui prouvaient qu’il me faisait vivre un enfer en me noyant sous les tâches.

        - Mais, je n’ai aucune preuve écrite.

        - Tu dois la prendre sur le fait. Il n’y a que comme ça qu’elle comprendra.

        - Mais… je ne vois pas ce que tu veux dire.

        - Eh bien… ne te laisse pas faire. Réponds-lui quand elle t’attaque. Si tu te tais, les gens se convaincront que tu es d’accord et que ça ne te gêne pas.

        - Devant les clients ? Ça se fait pas. Ça ne concerne que nous !

        - Pour toi. Mais elle, elle en profite.

        - Je ne peux pas. C’est une question de principe.

        - Écoute. Je comprends tout à fait tes principes et je les partage. Mais à un moment quand ces principes deviennent une arme contre toi, il faut leur dire merde !

        - Merde ?

        - Merde !

        - …

        - Pas définitivement. Mais elle doit vivre ce qu’elle te fait vivre. Sinon elle ne comprendra jamais, ne se calmera jamais.

        - …

        - Elle aime être regardée quand elle humilie les autres. Par contre, être le centre d’intérêt quand on lui impose une confrontation où elle n’a pas le dessus, ça sera sans doute une autre histoire.

        - Donc faudrait juste que je lui réponde devant les clients ?

        - En gros.

        - Mais ça avancerait à quoi ?

        - Tu aurais des témoins. Et il se peut que ces témoins n’apprécient pas le comportement de cette personne.

        - Et ça fera avancer les choses ?

        - Elle sera obligée de surveiller ses propos. Et sans public, ses piques seront moins amusantes pour elle.

        - Mais, Marie…

        - Eh bien fait ce que tu aimerais qu’on fasse pour toi.

        - C’est-à-dire ?

        - Réagir quand Frénégonde-Modestie s’en prend à elle.

        - Vous allez finir par pouvoir prendre ma place, intervient en plaisantant Eileen.

        - Oh ! Bonjour, Eileen. Je ne voulais pas, s’empressa de s’excuser Aymee.

        - Rassurez-vous ! Je plaisantais. Vous donnez d’excellents conseils à Gus.

        - Mais… si ça se trouve, elle s’en prend à d’autres ou va le faire.

        - Que pouvons-nous y faire ?

        - J’aimerai pouvoir l’arrêter, l’empêcher de continuer.

        - Pour cela, il faudrait avoir des preuves.

        - Je peux l’enregistrer avec mon téléphone.

        - C’est une idée. Le mieux serait des témoignages.

        - Attention, si tu as autant de chance que moi, ça risque de se retourner contre toi. Préserve-toi, prévint Aymee.

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Ety
Posté le 02/01/2024
J'aime bien l'esprit de l'équipe dans l'APS :) Ca fait plaisir de découvrir d'autres persos que ceux dont on a le point de vue pendant les chapitres. Aymee et Marion sont attachantes! J'espère les revoir.
plumedencre
Posté le 02/01/2024
ahah! Pour cela, il faut continuer la lecture ;)
CrazyFeathers
Posté le 14/12/2023
Même le vent en a après Gus, c'est fou !

La rencontre des malchanceux, mouahahaha. Rien que de telle qu'une poissarde pour conseiller un confrère dans la panade ! Le plan est en marche on dirait, le gang des Gondes n'a qu'à bien se tenir !
plumedencre
Posté le 17/12/2023
Oh oui! C'est le petit coup de pouce qu'il fallait à mon Gus pour s'assoir sur ses principes et aller de l'avant.
Velandra Sélène
Posté le 22/11/2023
La pointe d'humour du début de chapitre est vraiment bienvenue !!! La revanche des poissards est en route et Frénégonde-Modestie n'a qu'à bien se tenir !!!

J'aime bien la complicité qui à l'air de s'installer entre ces trois là.
plumedencre
Posté le 22/11/2023
Merci. Je sentais un besoin de légèreté pour dépressuriser. Et Gus avait besoin d'être rebooster par quelqu'un dans la même situation que lui.
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