Chapitre 5 – Un chat et des peluches

Après quelques minutes de marche, nos deux compères se retrouvèrent dans une charmante petite ruelle avec des boutiques de chaque côté.

 - Ouf ! Ici on ne craint plus rien je pense, dit le gecko.

 - Oui je pense aussi, répondit Mathurin.

 - Au fait, je m’appelle Enzo, et je suis un gecko, pas un dragon. Merci de m’avoir donné un coup de main !

 - De rien, pour ma part, je suis Mathurin ! Un pingouin.

 - Un pingouin ? Toi aussi tu étais dans l'animalerie ?

 - Non, je viens du pôle Nord, je suis en mission spéciale !

Et le pingouin lui expliqua sa mission et son périple depuis le Pingouidrome jusqu'ici.

 - D’accord ! Et tu penses que Noël peut être sauvé par un peu de neige ?

 - C’est ma mission en tout cas.

 - Hum, je peux t’aider ! Que faut-il faire ?

 - Il faut retrouver le chemin vers Montmartre. Mais je crois que nous nous sommes bien trop écartés du chemin.

 - Beaucoup trop en effet ! dit soudain une voix menaçante.

C’était un chat ! Il avait les yeux jaunes avec des pupilles dilatés. Il jubilait d’avoir trouvé le pingouin.

 - Sauve qui peut ! dit le gecko

Le gecko et le pingouin se remirent à courir.

 - Je ne devais pas m’écarter du chemin !! regretta le pingouin en courant avec le gecko.

Nos deux amis coururent le plus vite qu’ils purent. Ils tournèrent à droite, puis à gauche à chaque fois en évitant les bonds du chat. Mais ils s'arrêtèrent d’un coup, la ruelle qu’ils avaient prise se terminant en cul de sac. Devant, il y avait un grand mur, impossible à traverser, à droite, un magasin de chocolat, et à gauche un magasin de peluches. Et derrière eux, le chat qui se rapprochait dangereusement.

 - Zut, zut, zut… commença à se lamenter le gecko. Que faire ?

 - La plaque d'égout ! dit soudain le pingouin. 

Devant eux, près du trottoir qui bordait le mur, il y avait en effet une petite ouverture pour les égouts.

 - En bas, c'est le royaume des rats, reprit-il. Ils nous accueilleront sûrement.

 - Tu es sûr ? Ça a l'air un peu sale et très sombre comme endroit ! répondit Enzo en tremblant.

 - Courage ! C'est notre meilleure chance, répondit Mathurin. Tiens, prends cette plume. Avec ça les rats nous accueilleront !

Le gecko prit donc la plume et, ni une ni deux, s'engouffra dans la plaque d'égout. 

 - Ce n’est pas si terrible finalement, dit le gecko avec une petite voix, depuis la bouche d’égout.

Le pingouin commença à courir à son tour vers la bouche d’égout. Mais malchance, le chat, vint se placer d’un bond entre lui et sa sortie de secours.

 - Te voilà mon mignon, dit le félin avec une voix stridente. Cela fait longtemps que nous t'attendons, moi et mes amis.

Mathurin eut un mouvement de recul. Le chat avait ses poils hérissés et ses griffes toutes sorties, ce qui le rendait terrifiant. Le félin avança d'un pas.

Le pingouin regarda sur les côtés. À gauche, la porte du magasin de peluche était entrouverte. D’un petit vol plané, il se jeta à l’intérieur et ferma la porte contre laquelle vint s'écraser le chat. Puis le pingouin fit rapidement quelques pas à l’intérieur du magasin pour s’éloigner de la porte.

 - Que faire maintenant ? se demanda-t-il. 

Au mieux, il avait 10 secondes avant que le chat ne retrouve ses esprits et entre à sa suite. Mathurin parcourut, en se dandinant toujours, les différents rayonnages. 

 - Vite, une cachette !

En regardant en hauteur, il eut alors une idée.

La petite cloche du magasin retentit de nouveau. Le chat était rentré. Il avança lentement, cherchant sa proie des yeux. Il regardait de tous côtés en espérant repérer une forme noire et blanche. Peut-être derrière ce gros diplodocus en peluche ? Il sauta derrière, rien ! Ou derrière cette immense licorne rose ? Il sauta à nouveau, rebelote, le pingouin n'était pas derrière.

Il leva les yeux, et là, banco ! C'était lui, à moins que… non c'était une peluche de pingouin. Et là, une autre ! Et encore une troisième. A bien y regarder, il y avait des dizaines et des dizaines de peluches de pingouins…

En réalité Mathurin était bien là, caché parmi ses semblables. Il retint sa respiration, espérant que le chat ne devine le subterfuge.

Celui-ci grogna de mécontentement, puis ferma les yeux et renifla.

 - Je te sens mon mignon, rugit-il. Tu es parmi eux !

Le chat ouvrit les yeux et se mit à grimper sur l'étagère. S'en était fait de Mathurin ! Il allait finir croqué par cet horrible chat. Comment lui échapper ?

Notre petit oiseau polaire regardait par tous les côtés, mais il ne trouvait pas de solution. De son côté, le chat poursuivait son ascension, aidé de ses griffes acérées. Il était presque parvenu à sa hauteur quand soudain...

 - Mais que fais-tu là sale bête à grimper partout ! Allez oust !

C'était le propriétaire du magasin qui chassa le chat à grand coup de balais et le poussa dehors.

Ouf ! Mathurin était sauvé ! Enfin… tant qu'il restait dans le magasin. Il resta encore immobile un moment. La porte s'ouvrit à nouveau. Mais à la place du chat, c'était une famille composée d’un papa, d’une maman et d’une petite fille très agitée. Mathurin ne bougea pas.

 - Maman, je ne veux pas de peluche, dit la petite fille, je veux le gecko !

 - Oh tu es sûr ? dit la maman en essayant d'amadouer sa fille. Regarde les belles peluches ! Et là, des faux pingouins, on dirait des vrais !

 - Non, je veux pas de peluche ! reprit la petite fille qui était très agitée. Je veux un animal, un vrai !

 - Ahh, mais vas-tu arrêter de faire ton cinéma, gronda le papa. Déjà à l’animalerie tu n’as pas pu rester tranquille. Une peluche pingouin fera très bien l'affaire. Nous t'achèterons un vrai animal une autre fois, quand tu l'auras mérité ! Un beau cadeau, ça se mérite !

C’était la famille qu’avait fui Enzo, le gecko. Comment avait-il pu se retrouver là ? Décidément, notre pingouin était bien malchanceux.

Et encore plus malchanceux, car de toutes les peluches, l'homme saisit Mathurin qui resta aussi immobile qu'il le put. Deux secondes plus tard, il se retrouva à la caisse.

 - Je ne trouve pas l'étiquette pour le prix, se plaignit le gérant, celui qui avait chassé le chat.

Peut-être allait-il l'échanger contre une vraie peluche, espéra très fort le pingouin.

 - Ne vous inquiétez pas, je vais regarder le prix sur les autres peluches, reprit le gérant.

Le prix fut fixé. 25 euros, c'est maintenant ce que valait Mathurin le pingouin…

Le papa s'approcha de la caisse. Et tendit quelques billets.

 - Vous allez voir, c'est de la très bonne qualité. Et quand on appuie sur le ventre, ça fait de la musique ! se venta le gérant.

 - Oui, j'espère que ça lui suffira, soupira le papa. Parce que tous ces magasins à faire et ces cadeaux à acheter c'est épuisant !

 - Je comprends, dit alors le gérant avec un sourire poli. Courage ! C'est Noël !

 - Oui, vive Noël, répondit-il d'une voix lasse.

Puis il tendit le pingouin à sa femme qui le plaça dans son sac à cabat. Mathurin frissonna. Cela valait bien la peine d’avoir échappé au chat. Il avait perdu son ami le gecko et maintenant, il allait finir sous un sapin comme cadeau de Noël pour une fillette très agitée qui n'allait pas tarder à appuyer sur son ventre toute la journée…

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A l'aventure
Posté le 26/01/2025
Que de rebondissements !
Pour le chat qui ouvre la porte, je suppose qu'il suffirait qu'elle ne se soit pas correctement refermée pour qu'il puisse se glisser à l'intérieur du magasin.
Par contre, pour la plaque d'égout, je me demande comment Mathurin peut espérer passer à travers les barreaux. Peut-être faudrait-il que la bouche d'égout soit déjà ouverte (laissée temporairement ouverte par des égoutiers ?)
Portequigrince
Posté le 27/05/2024
Bonjour!
Décidément Mathurin joue de malchance en effet! Je me suis demandée quand même comment ce chat avait ouvert la porte du magasin mais bon, c'est un animal malicieux aussi!
A bientôt
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