Chapitre 5 – Un chien dans un jeu de quilles
Le cœur battant, sœur Mathilde se redressa, reprit une position plus digne sur sa chaise près du lit et tenta de se calmer l’esprit. C’était son tour de veiller sur le blessé. Dans sa demi-torpeur, elle venait de se surprendre à l’observer autrement qu’il était. Ou qu’il semblait être. Un homme… voilà bien un être qui lui était complètement inconnu. Elle commençait à en prendre conscience. C’était inconvenant.
- Encore une pensée de ce genre, Mathilde, et tu es bonne pour le cilice, une fois encore ! se menaça-t-elle en son for intérieur.
Elle se faisait horreur à épier ainsi depuis deux jours cet homme inconscient, fiévreux, allongé confortablement dans le lit d’une cellule de visiteur. Il était soigné, le torse pansé ainsi que la tête et une cheville. Ses blessures était sérieuses, mais peu importait. Il émanait de lui quelque chose d’indéfinissable qui la fascinait. Qui était-il vraiment ? Comment s’était-il engagé chez les mousquetaires ? Avait-il une famille ?… Ces questions brûlaient les lèvres de la jeune femme sans qu’elle puisse les poser. Des questions inavouables, même à elle-même. Et que pouvait bien être la condition d’un homme ?… Mon dieu ! Elle ne supportait pas d’être ainsi ; aussi faible dans ses convictions en coulant sur lui des yeux curieux. Sans cesse, elle se reprenait intérieurement, se maudissant et se promettant les pires tourments du corps.
Pour se donner une contenance, elle s’absorba dans des gestes usuels, en rinçant la compresse dans une bassine d’eau et de plantes destinées à faire baisser la fièvre. Elle l’essora avec des gestes un peu maladroits et appliqua une fois encore le linge humide sur le visage et le cou en sueur du blessé. Une tisane qu’elle avait préparée tout à l’heure devait, elle aussi, faire tomber la fièvre. Mathilde prit le gobelet fumant, redressa la tête de l’homme et lui approcha le breuvage des lèvres. Il toussa un peu quand il déglutit maladroitement. Du liquide s’écoulait le long des commissures de ses lèvres jusque dans sa barbichette brune. Elle insista à lui faire prendre une autre gorgée. Difficile. Mais, il parvenait à boire quand même un petit peu. Il avait un œil fermé, l’autre se trouvait sous le bandage qui entourait sa tête. Sœur Christine avait dû recoudre son arcade sourcilière ouverte, ainsi que son côté où une balle avait pénétré, le traversant de part en part au niveau du foie. Une chance, d’un certain point de vue. Extraire une balle aurait été autrement plus ardu pour la petite infirmière qu’elle était. La cheville de l’homme était brisée. Il avait fallu réduire la fracture et maintenir le pied dans une attelle. Une dernière gorgée et Mathilde reposa doucement la tête brune sur l’oreiller. Elle essuya délicatement les coulures de boisson le long des joues et du cou.
- Fi de ces voleurs ! délirait le mousquetaire dans une suite de mots sans queue ni tête. Non ! … non, pas le Roi ! … Laver … quelle souillure ! … déshonorer le Roi… impardonnable … En garde ! … Vous ne m’aurez pas !…
Sœur Mathilde ne comprenait rien à ces paroles. Faute de mieux, elle s’absorba dans une prière.
Deux jours auparavant, dans le petit matin, alors qu’elle venait d’appeler au secours, le blessé lui avait glissé quelques mots avant de sombrer dans la noirceur de l’inconscience :
- Je vous en prie, pas de médecin. Ne donnez pas l’alerte, par pitié. Cachez-moi. Il ne faut pas qu’on sache que je me trouve ici.
Elle avait promis. Sœur Christine, l’infirmière, avait accepté de s’occuper le lui. Cela resterait un secret de couvent.
La fièvre persista encore toute une journée. Sœur Mathilde, la cuisinière, sœur Marie, la portière, mises dans la confidence, se relayaient au chevet du blessé. Toutes deux suivaient scrupuleusement les consignes de sœur Christine : lui éponger le visage et le faire boire autant que possible.
La nouvelle de la présence d’un blessé dans le jardin s’était malgré tout répandue comme une traînée de poudre à travers le couvent. Un mousquetaire était dans la place ! Voilà qui avait de quoi délier les langues. Mais, la mère supérieure ne comptait pas laisser troubler plus que de coutume sa communauté, même si elle se devait de secourir toutes les âmes en détresse. Elle avait accepté de garder le secret de sa présence à condition qu’on applique ses mesures préventives et draconiennes à la lettre. Un homme, bien que blessé et provisoirement séjournant ici, était un fauteur de trouble potentiel. Elle appela donc à l’acte de contrition le plus sévère. Elle redoubla les séances de confessions et réduisit au minimum le nombre de nonnes pour s’occuper directement du blessé.
Il y avait pourtant bien des hommes qui parcouraient les couloirs du couvent. Mais, Firmin et les abbés, venus pour confesse et certaines messes, n’étaient pas comme ce qu’on pourrait nommer communément des hommes. En tant qu’ecclésiastiques, ils ne pouvaient inquiéter les religieuses. Quant à Firmin, il était laïque, certes, et homme évidemment, mais il était pourvu d’une tare physique indéniablement repoussante qui le mettait au rang des « intouchables ». Il était bossu, une malformation à la jambe gauche le faisait terriblement boiter et son visage était déformé par un bec de lièvre particulièrement prononcé. Son infirmité l’avait fait chasser du village. Ses habitants le prenaient pour un sot doublé d’un suppôt de Satan. Ce que les religieuses du couvent ne voyait pas du même œil. Elles l’avaient recueilli et elles en avaient fait leur homme de main, leur homme à tout faire. Aux yeux de la société, c’était un rebut. Pour elles, il avait encore des bras forts pour les tâches difficiles et il pouvait faire les courses à l’extérieur. De plus, son intelligence et ses astuces leur avaient bien souvent rendu service. Nourri et logé bien à part de la communauté, il ne la troublait pas.
Un mousquetaire en revanche, c’était une autre paire de manches.
- Il n’a toujours pas repris conscience, dit sœur Marie, la portière, d’un air inquiet de retour à l’infirmerie pour les nouvelles de la prise de relais.
- Où en sont ses phases de délire ? s’enquit l’infirmière occupée à plier des bandages propres.
- De plus en plus espacées, répondit Marie. Il semble dormir plus calmement.
- C’est bon signe, la rassura sœur Christine. La fièvre s’apprête à tomber. Qui le garde pour l’instant ?
- C’est sœur Mathilde.
- Vous devriez y retourner et lui dire de préparer un bouillon pour son réveil.
Sœur Marie ne se fit pas prier. Voilà une tâche qui la motivait bien plus que les sempiternelles prières du quotidien. Elle rejoignit alors le chevet du blessé avec empressement. Elle trouva sœur Mathilde assise sur la chaise tout près du lit, tenant la main de l’homme endormi.
- Ma sœur, lui dit-elle d’une voix douce, tentant de ne pas faire démonstration d’ambition. Sœur Christine m’envoie. Elle voudrait que vous prépariez un bouillon pour le blessé. Elle dit qu’il ne devrait pas tarder à s’éveiller.
- Vraiment ? fit la cuisinière tout en continuant d’observer son protégé d’un air attendri. Il semble endormi paisiblement. La fièvre a dû tomber.
- En effet, c’est ce qu’elle suppose, confirma sœur Marie.
- Je vous le confie, alors, fit sœur Mathilde en se levant et quittant sa main chaude à regret. Je vais lui préparer le plus merveilleux des bouillons.
En silence, non sans couler un regard suspicieux à sa consœur, sœur Marie s’installa à sa place et prit derechef la main du blessé, s’absorbant consciencieusement dans son rôle de garde-malade.
Le bouillon destiné au blessé fut effectivement merveilleux. Ayant saisi d’intuition les besoins du patient, Mathilde rassembla tout ce qui lui était nécessaire. Dans le jardin, elle préleva un céleri branche, un chou, des carottes, un poireau, un gros oignon, du thym, du laurier et une tête d’ail. Ce puissant antiviral ajouté aux autres vitamines et sels minéraux des différents ingrédients assimilerait ce bouillon à un réconfortant médicament. Lorsque, quelques bons moments après, elle prit une louchée dans la marmite de l’élixir fumant, elle y ajouta une mignonette d’eau-de-vie, propre à le rendre parfaitement curatif. Satisfaite de son travail, elle emporta elle-même sur un plateau le bouillon jusqu’à la cellule des visiteurs.
Tout était calme. Il dormait encore, bordé consciencieusement, sa main inerte dans celle de sœur Marie. Elle déposa le plateau sur la desserte.
- Je vais vous relayer, ma sœur, dit sœur Mathilde. Vous pouvez retourner à vos serrures.
La portière regarda sa consœur, implorante.
- Permettez-moi de rester près de lui, je vous en prie. Je voudrais être là pour son réveil.
- Pourquoi cela vous est-il si important ? demanda-t-elle, méfiante.
Embarrassée, sœur Marie errait du regard entre le blessé et sœur Mathilde sans oser répondre quoi que ce soit.
- Je…
- Eh bien, quoi ? Il n’est qu’un homme parmi les brebis de Dieu, vous savez. Que pourrait-il vous apporter de plus ?
- Je… je ne sais pas, bredouilla-t-elle. C’est un sentiment très étrange…
Sœur Mathilde posa une main compatissante sur l’épaule de sœur Marie.
- Allons, ma chère, ne vous laissez pas envahir par des sentiments de peu de vertu. Je vous rappelle que nous devons nous en tenir à sa guérison et le renvoyer d’où il vient.
- Cela, certes, mais…
Troublée et à la fois effrayée de montrer ainsi un tel émoi, sœur Marie se leva de la chaise en tentant d’effacer de son visage les pensées qui lui rosissaient les joues. Elle était un peu plus jeune que sa consœur et surtout encore novice, ce qui la rendait inférieure à sœur Mathilde. Et cette dernière faisait montre d’une certaine assurance qui la rendait irritante à ses yeux. Mais elle savait qu’il n’était pas question d’afficher un quelconque trouble, encore moins d’ordre sentimental, sous peine de se voir infliger une contrition encore plus sévère. Sous le regard compatissant de son aînée, elle y voyait la méfiance qui sourdait. Elle préféra pour l’heure faire profil bas.
- Vous avez raison, se contint-elle. Je vais retourner à mes devoirs.
Elle lissa sa robe, replaça son chapelet bien pendant à sa ceinture, décrocha son gros trousseau de clés dont elle était responsable et s’en retourna vers la porte.
- Vous me direz, n’est-ce pas ? ne put-elle s’empêcher de demander dans l’entrebâillement de la porte.
- Quoi donc ?
- … ce qu’il dira quand il se sera éveillé.
- Ne soyez pas inquiète, sœur Marie, sourit sœur Mathilde. Tout se passera bien, vous verrez.
Seule avec le blessé, sœur Mathilde rapprocha le bol de bouillon sur la table de nuit. Elle évacua aussi vite qu’elle put de son esprit les paroles inconvenantes de sa consœur. Cette jeune portière manifestait bien trop d’intérêts pour un secret de couvent qui était somme toute le sien à l’origine. Elle reprit sa tâche là où elle l’avait laissée. Elle s’apprêtait à s’asseoir lorsque, soudain, elle croisa l’œil noir du mousquetaire. Il l’observait. Son cœur bondit dans sa poitrine à lui bloquer le souffle. Le regard unique était si intense qu’elle en perdit toute notion de temps et d’espace. Trouver le dossier de la chaise à tâtons releva pour elle plus d’un réflexe d’équilibre que d’un geste conscient. L’œil persistait à l’observer tout grand et sans ciller, alors qu’elle parvint à poser son séant sur le siège. Il semblait troublé tout autant qu’elle et il cherchait visiblement à se re-situer. Son iris oscilla dans son orbite et traduisit une interrogation mêlée d’inquiétude. Sa fine moustache frémit, ses lèvres s’étaient entrouvertes, mais l’inconnu n’émettait pas un son, pas une parole. Trop surprise à cet instant, sœur Mathilde ne parvenait à rien d’autre qu’à fixer cette moitié de visage éveillé voisinant avec le bandage qui en masquait l’autre partie. Le corps sous le drap se mit à bouger légèrement et l’œil exprima soudain une prise de conscience douloureuse. Son pied, pris dans l’attelle, dépassait de la couverture et l’homme remuait doucement sa jambe en grimaçant. Il sembla parvenir à rassembler tous les événements dans sa mémoire.
- Est-ce vous qui m’avez trouvé à bas du mur ? finit-il par demander d’une voix qui grinçait comme une porte sur des gonds rouillés.
- Ne bougez pas, monsieur, recommanda sœur Mathilde en posant une main rassurante sur son bras. Vous êtes blessé et vos plaies pourraient ne pas résister à des gestes brusques.
Il se détendit légèrement tout en persistant à interroger la nonne du regard.
- Oui, c’est moi qui vous ai trouvé dans le jardin, répondit-t-elle. Rassurez-vous, j’ai donné la consigne de n’alerter personne. Vous êtes en sécurité, ici.
- Serais-je vraiment dans un couvent ? s’interrogea-t-il tout haut, en observant la cellule avec le peu d’amplitude que lui permettait son cou endolori.
- En effet, vous êtes au couvent des Ursulines de Bligny, répondit sœur Mathilde. Ne vous souvenez-vous plus de ce qui est arrivé avant de franchir le mur de notre jardin ?
L’homme crispa son œil et ses lèvres se fendirent d’un rictus désolé sous sa moustache. Il posa sa main sur la sienne en signe de confidence.
- Moins vous en saurez sur moi, mieux cela vaudra, ma sœur, fit-il en la regardant droit dans les yeux.
Le contact chaud de sa main fit tressaillir le cœur de Mathilde. Elle fut tentée de la retirer immédiatement, mais elle n’en fit rien, trop surprise par ce geste si franc, chaleureux et inattendu. Elle luttait contre elle-même pour ne rien laisser paraître.
- Ne pourrais-je au moins connaître votre nom, monsieur ? s’enquit-elle d’une voix douce. Votre habit portait la marque des mousquetaires, et…
- Je vous le répète : il vaut mieux que vous ne sachiez rien sur moi, l’interrompit-il en reposant la tête sur l’oreiller sans la quitter du regard. Sitôt remis, je m’en irai et ne je vous causerai plus aucun désagrément.
- Dois-je vous rappeler que nous sommes ici dans un couvent et que rien ne filtre à l’extérieur de ce qui se passe à l’intérieur ? répliqua-t-elle, insistante et curieuse.
De son œil solitaire, il forma une virgule amusée.
- Vous avez des arguments, ma sœur, remarqua l’homme d’une voix chaude qui avait repris clarté de son. Mais, vous ne saurez rien.
Sœur Mathilde baissa les yeux, déçue. L’homme retira sa main de la sienne et la reposa gentiment sur le lit.
- Est-ce qu’un peu de bouillon vous ragaillardirait, monsieur l’inconnu ? tenta-t-elle tout de même de l’amadouer. Vous n’avez pas mangé depuis quatre jours. Il doit vous tarder de reprendre des forces, n’est-ce pas ?
- Vous semblez vouloir me prendre par les sentiments, s’amusa-t-il. Je vous le concède ; mon estomac réclame sa pitance.
- Je vais vous mettre un deuxième oreiller sous la tête, fit-elle en se levant. Ainsi, vous aurez plus de confort pour boire le bouillon chaud.
La manœuvre arracha une grimace de douleur au mousquetaire quand elle enfila son bras derrière ses épaules pour y glisser l’oreiller. La perforation que la balle avait pratiqué dans son ventre était loin d’être cicatrisée. Il soupira lorsqu’il reposa sa tête sur l’oreiller frais.
- Est-ce vous qui avez soigné mes blessures ? s’enquit-il alors qu’elle étendait une serviette sous son menton orné d’une courte barbe brune et souple.
- C’est sœur Christine, notre infirmière qui s’est occupée de vos blessures, monsieur, lui répondit-elle en se saisissant du bol sur la table de nuit.
- Sœur Christine… dit-il, pensif. Faites-moi penser de l’en remercier. Et vous ? Quel est votre nom ? Titre ? Prénom ? … pardonnez-moi, je côtoie rarement des religieuses, et je …
- À quoi cela vous servirait-il de savoir mon nom, puisque vous ne comptez pas me donner le vôtre ? répliqua-t-elle, en plongeant la cuillère dans le bouillon.
- C’est de bonne guerre, concéda-t-il. Mais j’ai tout de même le droit de connaître le nom de mon sauveur.
- Et moi le droit de connaître celui que j’ai sauvé, lui renvoya-t-elle.
Ils se sourirent, amusés l’un et l’autre. Elle approcha une cuillère de bouillon près de la bouche du blessé. Un instant silencieux, il mangea. Elle lui tendit plusieurs fois la cuillère.
- Je m’appelle sœur Mathilde, avoua-t-elle enfin.
- Mathilde… répéta-t-il à la fois pensif et admiratif. Que voilà un joli prénom.
La jeune nonne ne sut comment prendre le compliment tant son cœur dansait la carmagnole dans sa poitrine. Elle garda contenance autant qu’elle put et avança en silence une autre cuillerée de bouillon vers la bouche du blessé. Il l’accepta tout en persistant à observer la jeune femme d’un œil soudain espiègle. Il sentit qu’il l’avait déstabilisée.
- Votre bouillon est excellent, la complimenta-t-il. Est-ce vraiment vous qui l’avez fait ?
- Oui, c’est moi, confirma-t-elle, en avançant une autre cuillerée qu’il prit avec plaisir.
- Une femme qui confectionne une telle merveille sait forcément ravir les papilles d’un homme, affirma-t-il. Que faites-vous dans ce couvent avec un tel talent ?
Sœur Mathilde perdit contenance et le regarda, étonnée. Elle ne savait quoi répondre. S’était-elle seulement une fois posé cette question ? Elle avança une autre cuillerée un peu tremblante. Il la prit avec appétit, puis, il lui glissa un œil intrigué.
- Ne me dites pas que cela ne vous est jamais venu à l’esprit, fit-il.
- Vous êtes inconvenant, monsieur, se troubla-t-elle, véritablement vexée.
Néanmoins, elle continuait de lui glisser le bouillon dans la bouche, consciencieusement.
- Veuillez pardonner ma spontanéité, ma sœur, s’excusa-t-il en déglutissant. Les mots sortent plus vite que je ne le voudrais et, un instant, en vous observant, j’avais oublié que je m’adressais à une religieuse.
- Je vous conseille vivement de confesser l’offense que vous m’avez faite, insista-t-elle, sévère.
- Je le ferai, si cela peut laver l’offense. Bien que je n’ai pas fait cela depuis…, concéda-t-il, laissant la phrase en suspens, levant l’œil vers le plafond.
Elle s’arrêta de lui donner à manger en cafouillant avec la cuillère dans le bol et le fixa, passablement outrée.
- Ne me dites pas qu’en plus… fit-elle sans pouvoir terminer sa phrase.
- Vous me voyez confus, fit-il, sa moitié de visage contrite. C’est que…. J’étais en campagne pour le roi depuis déjà bien des semaines, et… nous n’avons pas eu le loisir de nous confesser de nos péchés durant tout ce temps.
Il tentait vainement de se justifier, s’emmêlant dans des explications qui semblaient ne pas convaincre la religieuse. Pourtant, elle décida de ne pas l’embarrasser davantage et changea de sujet :
- Vous déciderez-vous donc à me dire qui vous êtes, alors ? demanda-t-elle à brûle-pourpoint.
- Je me sens redevable de cette confidence, désormais, fit-il avec un petit sourire charmeur. Ne serait-ce que pour me faire pardonner mon offense. Mais, je ne vous le dirai que si vous me faites la promesse de ne le divulguer à personne, pas même à vos consœurs… et pour votre merveilleux bouillon, aussi…
- Pourquoi ferais-je cela ? demanda-t-elle, méfiante.
- Je vous l’ai dit ; il y va de votre sécurité.
- Je ne vois pas en quoi votre nom serait dangereux pour moi.
- Pour vous toutes, corrigea-t-il. Personne ne doit savoir que je suis ici. Cela vous mettrait en danger.
- Alors, soit, se risqua-t-elle, je garderai votre nom pour moi. Je vous en fais la promesse.
- Soit, en effet ! Je m’appelle Guillaume-Antoine de Montory, Comte de Gascogne, capitaine mousquetaire du roi, confia-t-il. On m’appelle plus communément Guillaume le Rusé.
Il marqua un temps de pause en regardant le visage impassible de Mathilde avant de poursuivre, avec une expression faussement timide.
- … rapport à ma ruse légendaire, ajouta-t-il sur un ton complice.
Sœur Mathilde ne s’en laissait pas conter.
- Votre ruse… répéta-t-elle, dubitative. Qu’est-il donc arrivé à votre ruse avant de vous retrouver blessé dans notre jardin ?
- Un traquenard, dit-il, laconique
- Un traquenard !? répéta-t-elle. Mais encore ?
- Êtes-vous au courant de ce qui se trame en haut lieu ? lui demanda-t-il, légèrement provocateur.
- Non, fit-elle. Et comment le serai-je ? Je vis enfermée ici, je vous le rappelle. Cela dit, j’ai bien entendu parler de conflits au sein du Duché de Bourgogne, mais rien de précis.
- Il se trame des mauvaises rancœurs envers notre bon roi Louis, figurez-vous, confia Guillaume. Je ne peux vous en dire plus car je suis tenu au secret, mais ses intérêts sont en danger. C’est la raison de ma présence en votre pays.
- Oh, je vois, fit-elle en continuant de le nourrir à la cuillère.
Elle ne put s’empêcher de visualiser cet homme, ce guerrier, ce mousquetaire du roi en pleine action dans une bataille effrénée où il avait finalement été blessé. C’était passablement flou dans sa tête, étant donné qu’elle n’avait jamais vu une telle scène de sa vie. Pourtant, elle osa l’imaginer.
- Monsieur de Montory, en tant que mousquetaire, vous avez sûrement tué des gens, supposa-t-elle. Ne serait-ce que pour vous défendre. Cela fait donc de vous un pécheur impénitent.
- Cela, certes, je n’ai pas votre vertu, ma sœur. Ma tâche est de défendre le roi jusqu’à la mort. J’ai pourtant confié à Monseigneur l’évêque quelques indulgences1 grâce à ma fonction…, concéda-t-il sans donner de détails.
- Cela ne fera pas de vous quelqu’un d’intègre devant Dieu, répliqua-t-elle.
- Oui, mais j’ai fait allégeance au roi et j’ai toute autorité pour le défendre jusqu’à la mort. Le roi n’est-il pas consacré par Dieu lui-même ? ajouta-t-il pour sa défense.
- Vous avez décidément réponse à tout pour justifier de votre vie de guerrier.
- C’est un rôle très ingrat, vous savez. Quand on fait ce que je fais, on ne peut prétendre servir Dieu comme vous. Je le sers à ma manière, c’est-à-dire en protégeant le roi de ses ennemis. C’est ainsi.
- Soit, fit-elle en lui présentant la dernière cuillerée de bouillon. Votre rôle est de servir Dieu en défendant le roi. Le mien est de le servir par l’aide que j’apporte à mon prochain.
- C’est tout à votre honneur, ma sœur, dit-il, faisant mine de s’incliner avec un sourire qui rendit sa moitié de visage lumineuse.
Le lendemain de son réveil, sœur Christine, l’infirmière, vint s’enquérir du bon rétablissement de son patient. Le mousquetaire l’accueillit avec un grand sourire charmeur et des remerciements plein le cœur, mais il déchanta bien vite lorsque la nonne, peu sensible à ses effets tout masculins, se mit à tripoter sa blessure au ventre sans ménagement et à vérifier la solidité de son attèle à la cheville droite avec brusquerie. Elle défit aussi son bandage à la tête pour le changer et tâta le bleu de son arcade sourcilière d’un pouce brutal qui le fit grincer une plainte tout en reculant la tête autant que l’oreiller le lui permettait. Le regard sévère et imperturbable de l’infirmière ne lui laissait aucun espoir de douceur. Et son corps avait beau sursauter à chaque palpation, il se sentait être un vulgaire poulet plumé balloté entre ses mains froides. La nonne semblait, même avec les prières les plus implorantes, ne jamais avoir de compassion. Rigide et sèche, le mot cinglant et rare, elle lui assena un diagnostic digne d’un camelot sur un marché aux esclaves :
- Bonne cicatrisation. Robuste et fort. Vous n’êtes pas comme ces femelles qui saignent pour un rien. Vous serez bientôt en selle.
Elle lui tapota le genou, ce qui lui fit comme une gifle, et elle marqua un point final à sa visite en quittant la pièce dans un élan de robe et un claquement de porte qui déplacèrent l’air frais de la cellule. Guillaume soupira de soulagement. Qu’elle ne vienne plus le brutaliser de la sorte ou il lui fera goûter de son poing !
Les jours qui suivirent furent employés avec plus ou moins de bonne volonté à aider le blessé à se rétablir au plus vite. Entre les délicieux bouillons et autres soupes de sœur Mathilde, les attentions empressées de sœur Marie et les soins certes efficaces mais brutaux de sœur Christine, Guillaume se remettait rapidement. Il n’était pas encore question pour lui de poser le pied par terre et sœur Marie s’était débrouillée pour lui confectionner des béquilles avec des manches d’outils de jardin et de la ficelle. Ainsi équipé, il pouvait faire quelques pas autour du lit. Pas question pour lui de sortir de la cellule ; il ne fallait pas éveiller la curiosité de la communauté. Le secret devait être gardé, quoi qu’il arrive. Guillaume ne tarissait pas d’éloges quant aux petits soins de ses deux gardes-malade. Charmeur, il les flattait pour leur zèle et l’empressement qu’elles avaient à satisfaire tout ses désirs. Le jour où sœur Mathilde vit les deux yeux noirs de Guillaume la regarder entrer, son bandage à la tête ayant été ôté, il lui adressa un sourire ravageur qui faillit faire lâcher à la jeune nonne le plateau du repas. Troublée, elle le posa rapidement et un peu brutalement sur la desserte. Ses gestes étaient devenus maladroits.
- Je… je ne pensais pas… qu’est-ce qui vous met de si bonne humeur, monsieur ? demanda sœur Mathilde, les yeux errants sans but sur l’assiette fumante qu’elle venait d’apporter.
- Que vais-je manger de bon, aujourd’hui ? s’intéressa-t-il en faisant quelques pas boiteux vers elle, appuyé sur ses béquilles.
Elle se tourna, légèrement empruntée, et ne put s’empêcher d’apprécier son visage enjoué et bien fait. Une culotte de drap noir lui couvrait les jambes et son torse était toujours presque entièrement bandé. Il s’était rasé et refait le bouc, il avait coiffé aussi ses longs cheveux bruns rassemblés en un catogan maintenu par un ruban noir. Quelques mèches rebelles dansaient devant ses yeux sans pour autant les cacher. Ses biceps bien dessinés révélaient une force fascinante en jouant de petits mouvements sur ses béquilles. Sœur Mathilde parvenait difficilement à détacher ses yeux de lui.
- Je vous apporte un ragoût de légumes et de blé concassé, dit-elle en tortillant des doigts.
- Je suis sûr que c’est excellent, comme d’habitude, affirma-t-il en allant s’asseoir sur le lit. Voulez-vous me l’apporter ?
Elle s’exécuta en silence et en essayant de reprendre le fil d’une conversation ordinaire.
- Vous semblez bien vous débrouiller avec les béquilles, remarqua-t-elle en lui tendant l’écuelle.
- Elles m’aident grandement à me déplacer, en effet, répondit-il en prenant l’écuelle à deux mains. Rester dans ce lit toute la journée m’ennuie terriblement. Je loue les petits doigts agiles de sœur Marie pour m’avoir ainsi remis debout.
Il avala quelques cuillerées de ragoût avec appétit sous les yeux intimidés de sœur Mathilde qui se tenait devant lui, debout, les bras allongés et les mains jointes devant elle, ne sachant véritablement quelle attitude adopter. Les sentiments contradictoires qui l’envahissaient la figeaient là, devant cet homme blessé, la faisant hésiter entre son agréable compagnie irrésistiblement charmante et son devoir de religieuse cuisinière. Ses yeux erraient dans la cellule comme pour éviter de le fixer trop longtemps. Elle ne voulait pas être désobligeante.
- Votre pied, comment va-t-il ? demanda-t-elle sur le ton de la conversation.
- Je ne peux encore le poser à terre, répondit-il en levant les yeux vers elle. Sœur Christine m’a dit qu’elle enlèverait l’attèle dans deux ou trois jours. … mmhh ! Vous savez que vous avez véritablement un don pour la cuisine, ma chère. Votre ragoût est excellent. Je donnerais cher pour vous voir œuvrer.
- Je vous remercie, monsieur, mais vous me gênez, fit-elle en appréciant le compliment et en tortillant de nouveau les doigts autour de son chapelet attaché à sa ceinture.
- Mais, je vous assure, c’est vraiment sincère, insista-t-il. Vous êtes vraiment bonne cuisinière. Et je vous avouerais aussi, puisqu’on est entre nous, que vous êtes celle qui m’est de la plus agréable compagnie. Je vous en prie, restez un moment avec moi. Bavardons.
Il avait indiqué la chaise près du lit pour qu’elle s’y installe. Elle avait accepté de prendre du temps pour rester avec lui, car, sans vraiment qu’elle n’ose se l’avouer, son propre sentiment était semblable à celui de Guillaume. Il avait tout de même la politesse de ne pas la faire rougir à toutes les phrases et leur conversation portait principalement sur la cuisine et le jardinage.
- Vous savez, j’ai parcouru de nombreuses régions lors de nos campagnes, mes frères mousquetaires et moi, racontait-il, passionné. Lorsqu’il n’y avait pas d’auberge dans les environs, nous montions un camp en pleine forêt. On capturait des lapins au collet. Un faisan, même, une fois. On les faisait rôtir à la broche, sur le feu. Et si on trouvait des champignons, nous les faisions griller au bout de nos épées. Une vraie régalade !
- Vous dormiez dans la forêt sans abri ? s’étonna-t-elle. Mon dieu, je n’ai jamais fait ça. Et j’aurais trop peur qu’un loup ou une affreuse bête ne vienne me dévorer.
- Nous faisions en sorte que le feu reste allumé toute la nuit, pour cela. On dormait près de lui, la rassura-t-il. Cela tenait les prédateurs éloignés. Même le gibier, d’ailleurs… Il fallait aller les chasser loin.
- Cela ne doit tout de même pas être très rassurant.
- On s’y fait. Et puis, certaines choses sont vraiment agréables. La voûte étoilée, par exemple. Admirer les étoiles… le bruit du vent dans les arbres… les plaisanteries de mes camarades au coin du feu…
- Les veillées d’armes, c’est ça ?
- On peut dire ça, oui. C’en était, parfois. Et d’autres fois, on établissait un camp pour plus longtemps, avec un abri plus solide et ne pas se faire crotter toute la journée. Dans ces moments, on faisait des repas plus élaborés. Cela, c’est quand nous sommes loin de tout.
- Vous savez cuisiner, alors ?
- Oui, en quelque sorte… mais, enfin… pas si bien que vous. Chez moi, en Gascogne, j’ai un jardin. J’adore y cultiver des fleurs et tout un potager… des choux, des carottes, tout ça… Je sais, vous allez me dire que pour un comte, j’ai vraiment des usages qui ne siéent pas à mon rang. Mais, je ne peux m’empêcher. J’aime toucher la terre et les produits de récolte et de chasse. En somme, nous nous ressemblons, vous et moi.
- Non, ne dites pas cela, monsieur, rougit sœur Mathilde en souriant timidement. En cela, nous pourrions être pareils, mais pour ce qui est du guerrier et du noble que vous êtes…
- Je n’en disconviens pas, pour ce point, convint-il en inclinant la tête de côté. Mais, votre compagnie m’est si agréable que j’en oublie qui nous sommes vraiment.
Un silence blanc se fit soudain entre eux, laissant se lover une gêne troublante. Sœur Mathilde restait figée et raide sur sa chaise, les yeux baissés sur ses mains jointes sagement dans son giron. Guillaume hésitait avec sa cuillère qui errait dans son écuelle presque vide. Lentement, n’osant plus la regarder que du coin de l’œil, ayant pris conscience qu’il l’avait troublée, il avala une autre cuillerée et se hâta de se justifier :
- Je vous demande pardon, ma sœur, je…
- Non, ne dites rien, le coupa-t-elle en lui jetant un regard embrouillé. Je crains que vous n’ayez à regretter d’autres paroles plus troublantes encore. Je… je crois que je vais vous laisser terminer seul.
- Non, laissez-moi vous dire, ma sœur, la retint-il, très ennuyé... je regrette. Je suis sincère, vous savez. Mais si je vous ai offensée, je vous demande pardon.
Elle s’était levée brusquement de la chaise, ne sachant quoi faire de ses mains ni de son corps. Elle amorça un demi-tour pour partir et se ravisa. Des tas de mots et de pensées se bousculaient sans qu’elle puisse en sortir un seul. Il avait raison. Elle ressentait la même chose pour lui, mais c’était si inconvenant, si impossible, si interdit, si… Elle repartit vers la porte et se ravisa encore, la main sur le loquet.
- Je … je vous en prie, monsieur, confessez vous, finit-elle par dire. Je vais faire de même pour mes pensées inconvenantes.
Puis, elle sortit de la cellule, laissant Guillaume désarmé.
1Une indulgence est une confession achetée auprès des autorités ecclésiastiques, pratiquées par les nobles du temps des rois. Elle servait à se dédouaner des actes de contritions et même d’avoir à prononcer ses péchés devant l’évêque. En somme, ils payaient pour ne pas avoir à se confesser.
Bon, mes impressions ? ^^ Excellentes ! Ce chapitre se lit vraiment d'une traite.
La qualité d'écriture est assez remarquable, j'ai vraiment l'impression de me lire un bon Dumas. A ce sujet, je m'aperçois que tu adaptes ta plume selon l'époque de narration. Au discours indirect, je veux dire. Pour les dialogues, c'est assez logique XD La façon dont tu décris les physionomies pendant les dialogues et même de façon générale, tout ton style colle parfaitement à l'ambiance d'époque alors que quand tu écris avec Solenne, tu deviens plus moderne. Je trouve cette flexibilité bien maniée, ça permet à chaque fois de se plonger dans le chapitre, sans décalage. Et puis, tu as un vocabulaire très riche et varié, je me régale ! Eh oui, cricri est une gourmette elle aussi... des mots ^^
Juste, 2/3 coquilles, pas grand-chose, que j'ai relevées :
"Elle avait accepté de garder le secret de sa présence à conditions qu’on applique ses mesures préventives" >> je pense que "condition" se met au singulier, c'est une locution qui ne s'accorde pas.
"j’ai vraiment des usages qui ne sied pas à mon rang" >> là, par contre, il faudrait accorder le verbe seoir au pluieurs des usages : siéent (je viens de le voir dans le conugueur, c'est pas un verbe que je manipule souvent XD)
Et sinon, j'ai vu que quand soeur Mathilde parle à notre mousquetaire, elle dit tantôt "monsieur" tantôt "Monsieur" : je ne sais pas si la majuscule a une signification particulière, mais je te conseille de tout aligner sur le même choix.
Bref, comme tu vois, des broutilles au milieu d'un texte d'excellente facture !
Ca, c'était pour la forme. Pour le fond, je dois dire qu'on est particulièrement gâté avec ce nouveau personnage qui est une sorte de Dartagnan tombé du ciel. En plus, le fait qu'il soit blessé le rend tout touchant et vulnérable, je conçois sans mal qu'il fasse vibrer la fibre maternelle des religieuses ! Et puis ta façon de l'animer, de décrire son regard espiègle, légèrement séducteur mais jamais dans un esprit de calcul (du moins, c'est l'impression qu'il m'a donné) : roooh, il est choupi. La mère supérieure a flairé juste en pressentant que ce serait un élément perturbateur : toutes ces femmes retranchées du monde qui doivent s'occuper d'un homme plutôt bien fait de sa personne sous ses bandages et d'un caractère franchement agréable, hum, hum !
Et j'ai comme le sentiment que soeur Mathilde est plus prise que les autres. La fin est particulièrement prenante : la réaction du mousquetaire qui perçoit le trouble qu'il a jeté et la gêne qu'il en ressent lui-même, ça le rend définitivement attachant ^^ Pauvre soeur Mathilde T_T en plus quand on sait comment elle va finir, la malheureuse... je suis sûre que le baiser, dans la vision de Solenne, c'est elle !
Un seul petit conseil que je te donne car ça m'a fait sourciller : le premier dialogue entre Guigui et Mathilde. Il est plutôt long et énergique. Je me doute que le mousquetaire soit un dur à cuir, il sort à peine du délire et il a le foie perforé. Sa façon de tenir une conversation avec un oeil pétillant est plutôt inattendue. De plus, il ne se fait finalement pas beaucoup prié pour se confier et révéler des informations compromettantes. Je pense que la deuxième partie du dialogue arrive un poil trop tôt dans le chapitre. Je verrais mieux ce passage juste après la séquence en discours indirect, là où tu expliques que les jours ont passé et qu'il se retape bien ^^ Là, ça s'intégrerait pile poil dans le nouveau dialogue avec Mathilde. Je ne sais pas ce que tu en penses ?
Je laisse ça à ton jugement ^^ c'est un petit détail qui ne remet pas en cause l'excellente qualité de ce chapitre !
Mais, est-ce que je mérite le comparatif avec Dumas ?........ *pique un fard tout rouge*
En fait, je pense que ton idée de déplacer le premier dialogue de Mathilde et Guillaume un peu plus tard dans le rétablissement de ce dernier me semble assez judicieux. C'est vrai qu'il est un tantinet trop dynamique pour se trouver à ce moment de convalescence. En tous cas, c'est une idée que je vais retenir pour essayer d'améliorer cela. Et bien sûr, je vais en profiter pour corriger les coquilles que tu as soulevées. Elles sont toutes très à propos.
Je suis contente que ce mousquetaire te plaise. Tu lui a même trouvé un surnom, comme c'est choupiiiii ! En fait, c'est vraiment pas facile de construire un personnage. Je m'en rend compte. J'admire vraiment ta maîtrise en la matière. Je me rend compte de la difficulté de lui trouver un trait de caractère sans le rendre ni trop, ni trop peu, toussi, toussa. C'est bien la difficulté que j'ai dans le 6e chapitre à venir. Je suis contente de ne pas m'être trop vautrée pour Guillaume, en tous cas.
En tous cas, franchement, même si je dois modifier ce chapitre-là aussi, je suis vraiment contente de ton commentaire. Il m'aide énormément.
*repars au travail toute regonflée*
Biz Vef'
Enfin, c'est pas très constructif, mais n'empêche que ton commentaire m'a fait beaucoup rire. J'aime ta bonne humeur.
Tu me racontes la suite de tes impressions, alors ?
On a carrément l'impression d'y être on sent que tu as fait des recherches, et entre nous, à la lecture du descriptif de ce simple bouillon et malgré l'heure tardive, je viens d'avaler une soupe :p (il ne me faut pas grand chose, j'appréhende les gros repas haha!)
Dommage que le commentaire du 3 ait disparu. Sniff ! J'imagine, oui, comment tu as dû être énervée par sœur Béatrice. Une vraie enflure, celle-là. Et je suis d'accord pour dire que personne ne mériterait de telles conditions de vie. Hélas, mes recherchent historiques sur cette période et au sein d'un couvent m'ont menée à découvrir avec horreur la façon dont vivaient les nonnes. J'ai tâché d'être au plus proche de la vérité, même si j'y ai ajouté quelques éléments romancés pour aider à s'approprier les personnages. J'imagine comment l'épisode du cilice a dû te faire bondir.
Quant à Guillaume, le mousquetaire, il semble ne pas te laisser indifférente... hin hin !
(Une seule petit phrase m'a dérangée "tenta-t-elle de l'amadouer" peut-être mettre un truc du genre "ajouta-t-elle en tentant de l'amadouer" ? I don't no...
J'ai remarqué une petite faute. Tu écrits "un céleri blanche" ce n'est pas plutôt "un céleri blanc".
On sens bien les sentiments des deux personnages qui s'emplifient l'un pour l'autre.
En tous cas, je suis contente que tu prennes sur ta patience pour revenir lire mon histoire. Je te concède que lire sur un écran, ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable surtout si on a une vue pas terrible. Donc, je suis d'autant plus honorée que tu continues.
Merci d'être passée et commenté.
Biz Vef'
Et Mathilde a du flair pour ce qui est de la cuisine en effet! Non seulement elle remet le Guillaume sur pied mais en plus, elle a l'air de le charmer (et vice versa ^^). C'est amusant aussi de voir Mathilde si coincée, même si c'est compréhensible pour une religieuse. En tout cas j'aime bien le perso de Guillaume, c'est sympa de le connaître un peu plus et de le voir se rétablir (argh! le pauvre. L'inventaire de ses blessures faisait peine à lire! )
A la fin, Mathilde est partie au quart de tour dis donc! Il avait à peine prononcé quelques paroles pas si "inconvenantes" que ça, et voilà qu'elle lui conseille de se confesser. Le petit "je vais faire de même" alors qu'il ne lui avait strictement rien demandé, ça m'a bien fait rire. Elle se tire une balle dans le pied la pauvre, sa gêne et son zèle soudain parlent si bien pour elle ^^
Et hop chapitre suivant ^^
'fin bref, je suis contente que ça te plaise toujours, Jam'.
Pauvre soeur Marie, la pauvre ne va pas s'en remettre. En tout cas, voir soeur Mathilde si maladroite en présence du comte, c'était attendrissant. Et la façon dont tu parles de sa cuisine, de son choix d'ingrédients... ça donne envie de faire un saut dans le passé pour la regarder oeuvrer en direct live. Au fait, il a posé une question très pertinente le Gascon ! Pourquoi Mathilde est-elle devenue religieuse ? ça a été expliqué dans les chapitres précédents ? A la lecture de ce chapitre, on trouve sa presque dommage, qu'elle vive dans un couvent avec autant de restrictions. Quelle poisse, cette religion si stricte ! Et encore des évocations au cilice ! Pouah ! barbares !!!
Bon, je continue cette lecture ! vive le rattrapage de retard... mouarf.
Enjoy !
Spilou ^^
Je suis vraiment heureuse que ça t'ai donné envie d'aller voir dans la cuisine de Mathilde comment elle s'y prend. Moi-même, j'étais une mouche avide dans son antre, non, que dis-je, son foyer. J'ai beaucoup aimé écrire ce chapitre.
C'est vrai, ça. Pourquoi s'est-elle fait religieuse, Mathilde ? Pourquoi tant de retenue, hein ? Aurait-elle eu autant de vocation si elle avait été femme et mère au foyer ? ... Question que je laisse en suspend... le choix des réponses est large, complètement ouvert. Toujours est-il que les hormones marchent à fond qu'on le veuille ou non. Voilà pourquoi le cilice est revenu pointer ses aiguilles de douleur. Je sais, ça fait mal et cette époque ne ménageait pas les sentiments. C'était ou tout ou rien. J'ai pourtant donné dans la demi-mesure, je t'assure. C'aurait pu être bien plus trash que ça. Mais, je ne voulais pas.
A bientôt, ma chère Spilou.
Biz, Vef'
Je sais qu’une fois de plus, j’ai un peu laissé trainer ma lecture de PdC, mais je préfère être dans l’état d’esprit adéquat pour savourer pleinement ton histoire. Ne m’en tiens pas rigueur ^^
Je te l’ai déjà dit, mais j’aime énormément ces petits allers-retours entre les deux époques, j’aime les voir se compléter tout doucement, j’aime le mystère qui s’en dégage. Car après la révélation du dernier chapitre, on sait les Sœurs condamnées, on sait que tout ça finira mal, reste à savoir qui finira comment.
Mais ce Mousquetaire n’est pas là sans raison, c’est par lui que tout va arriver, d’après la vision. Mais quoi exactement ? Les copains qui vont rappliquer pour un pique-nique sur l’herbe en fauchant quelques nonnes au passage ? Si c’est le cas, et que le danger va venir des Mousquetaires, ça laisse à penser que notre blessé n’a pas fait dans le joli-joli pour se retrouver dans cet état. Aurait-il trahi ? Eté trahi ? Découvert un secret dangereux ?
C’est embrouillé à souhait pour l’instant. Mais ce chapitre est aussi là pour s’appesantir un peu plus sur les personnages, et plus particulièrement Mathilde et Guillaume. Si ça, c’est pas une amourette naissante… Manque de bol, la demoiselle est nonne… Ca complique un peu les choses ça. Et puis, la grande question – le baiser qu’a vu Solenne sera-t-il entre ces deux ? XD
Voila donc pour ce petit commentaire. J’aime toujours autant l’ambiance, les personnages et ton écriture. Et je lis le chapitre suivant dès que j’ai un petit moment, j’ai vu qu’il était plutôt long ^^
Et oui, un Gascon mousquetaire... Mais, pourquoi, un mousquetaire n'est pas toujours un Gascon ? .... on m'aurait trompé ?!! ... non, je rigole. C'est cliché, classique, je sais. J'ai pas fait dans l'originalité pour le coup. Comme ça, on est en terrain connu de nos grands classiques. Et donc, notre cher mousquetaire à qui il est arrivé des bricoles, risque de faire arriver des bricoles aussi dans le couvent. Bingo ! Ça m'amuse de te voir faire des pronostics sur ce qui va se passer ensuite. Qu'est-ce qu'il a bien pu faire pour que ça en arrive là ? Et qui a embrassé qui ? Hu hu ! ... la suite dans le prochain... non, dans l'après prochain épisode. Le 7e, en fait. Entre temps, on changera encore d'univers. Enfin, non, on reviendra du temps de Solenne.
*smiley qui a les yeux qui roulent*
Je suis contente que ça te plaise, Sej. J'espère pouvoir te répondre très bientôt. Rendez-vous au prochain chapitre.
Biz Vef'
J’aime bien les atmosphères que tu dépeins dans la narration, j’y vois des couleurs bleutées pour le couvent, la nuit, le gris du ciel, le froid… exactement le contraire des chapitres consacrés à Solenne, où je vois clairement le soleil chaud qui tape sur les vieilles pierres de la maison, des couleurs chatoyantes, de la vie, en somme…
Je crois que j’ai réussi à tomber amoureuse du mousquetaire ^^ Quel charmeur, celui-là ! Tu m’étonnes que les petites sœurs se sentent toute chose en sa présence… En plus, il a l’air pas mal du tout ;)
J’aime bien aussi le contexte historique que tu expliques par ci par là, ça donne une authenticité très agréable (et instructive ; j’ignorais que les « confessions », puisque ce n’en étaient pas, pouvaient s’acheter…) et créer ta petite histoire autour de tout ça, ça ne donne que plus envie d’en apprendre plus au sujet de Guillaume, de sa mission, pourquoi l’appelle-t-on le rusé…
Je reviendrai vite pour la suite ! Merci pour ce beau moment de lecture et à très bientôt !
C'est à moi de m'excuser de tarder à te répondre. Les contingences IRL ont un peu tendance à m'envahir en ce moment...
Oui, j'avoue que certains chapitres seraient mieux à lire le ventre plein, histoire de ne pas souffrir de gargouillis intempestifs. Et je ne te dis pas à les écrire, c'est un peu pareil.
Je suis contente que ça te plaise et que j'ai su pour toi décrire une atmosphère plaisante. Tu as raison pour les couleurs de chaque chapitre. J'aime bien ta façon de les percevoir.
Le contexte historique est en effet la partie qui m'a donné le plus de travail, car, même si j'inventais complètement les personnages et l'environnement (le couvent n'existe pas en vrai) j'ai voulu la positionner dans une période historique réelle. Ce qui, bien sûr, demande de plancher véritablement dans l'histoire. La Régence, les fourberies de Mazarin, le corps des mousquetaires, qui vivaient leurs dernières heures, avant d'être purement et simplement liquidés ; la royauté estimait ne plus en avoir besoin. Tout ça, en effet, j'en glisse quelques informations histoire d'asseoir le contexte sur des bases solides. Les usages du couvent aussi ont été très étudiés. C'est vrai que j'ai été étonnée moi-même de voir comment ils s'arrangeaient des confessions à l'époque. L'argent faisait beaucoup de choses pour leurs pêchés...
Je m'en vais répondre à tes autres commentaires.
Merci beaucoup pour ton appréciation.