Solenne cuisinait lorsque le téléphone sonna. Penchée sur le piano et une marmite sur le feu, elle pesta contre cet importun qui insistait pour l’interrompre dans une préparation délicate. Elle s’essuya machinalement les doigts sur son tablier et décrocha le téléphone mural. Elle reconnut le numéro qui s’affichait. C’était son éditeur.
- Allo ! fit-elle dans le combiné, le ton affairé. … Bonjour, monsieur Sabatini… je vais bien, merci… au courrier ? … non. Je ne suis pas encore allée chercher le courrier. Il est peut-être dans la boîte… oui… non… vous m’en aviez vaguement parlé, mais rien de précis. Et l’imprimeur ? Quand livre-t-il son travail ? … oui… ah, dans une semaine ! Mon dieu, nous y sommes déjà. Oui… oui… heu, oui… Quoi !! Sur un yacht ! Mais, n’est-ce pas un peu trop jet-set comme séance de dédicaces ?… mmh… mouii… oui… d’accord, c’est sponsorisé, mais quand même… oui… le dix-huit juin, très bien… oui… une robe de cocktail, oui, bien sûr, je vais me trouver ça. Puis-je inviter ma famille pour m’accompagner ?… oui… Maxime, sa femme et leurs quatre enfants, oui… c’est tout, oui… j’irai chercher le courrier, oui… merci… merci, monsieur Sabatini. Oui… oui, je n’y manquerai pas… au port de La Rochelle, d’accord. Au dix-huit juin, alors. Au revoir, monsieur Sabatini.
Elle raccrocha le sourire aux lèvres, mais elle eut dans les yeux cette petite ombre inquiète qui pointait chaque fois qu’elle était confrontée à l’inconnu. Quelle lubie avait encore eut son éditeur pour imaginer une telle idée de promotion ? … un yacht et des personnalités… En quoi cela pourrait-il aider la vente de son livre ? Une petite grimace de contrariété à peine perceptible se dessina au coin de ses lèvres. Mais elle décidait de lui faire confiance. C’était son métier, après tout. Lissant machinalement son tablier, interrompue qu’elle était dans le début de ses préparations, elle coupa le feu sous la casserole et sortit rapidement du château. Là-bas, au bout du chemin des peupliers, au bord de la route, elle rejoignit la boîte aux lettres. Il était là. Son livre. Le fruit d’un travail acharné et de ses plus belles expériences en matière de recherche culinaire. Elle le déballa et le feuilleta sans attendre en reprenant le chemin du retour.
Revenue dans sa cuisine, elle déposa son livre sur le passe-plat et se remit à son piano.
- Bon ! Où en étais-je ? se dit-elle tout haut.
Depuis que Solenne avait vécu la révélation de la crypte, pas mal de perspectives avaient changé dans son esprit. C’était une chose d’appréhender la métempsycose[1]d’un point de vue intellectuel, mais c’en était une autre de connaître ses vies antérieures. Envisager d’avoir été une religieuse cuisinière ayant vécu ici même était plus que bouleversant. Tous ses points de vue sur la vie prenaient un autre visage, même si elle avait déjà visité ce phénomène depuis un moment en d’autres circonstances. Le fait d’être la première concernée modifiait complètement sa vision de la chose. Étonnamment, son intérêt pour la cuisine en avait été décuplé, et, aussi, elle découvrait des embûches encore jamais rencontrées ainsi qu’une véritable profondeur à toutes ses mises en œuvre. Bien plus qu’avant. C’était comme si tout ce qu’elle avait mis en place, tout ce qu’elle avait créé depuis qu’elle se passionnait pour la cuisine et ce château familial, même son livre, recouvrait désormais une histoire riche de plusieurs centaines d’années d’expériences. Il lui avait fallu tout le temps écoulé depuis l’hiver pour accepter cette nouvelle réalité. Il lui avait été difficile d’admettre avoir été quelqu’un d’autre, même si elle comprenait le sens de cette révélation. Puis, il lui avait fallu en saisir les implications karmiques[2]. Et, enfin, savoir quelle issue dramatique avait eu sa précédente existence, avoir connaissance du meurtre qui avait coupé court à sa vocation de femme de foi lui donnait le vertige.
Antoine, le vieil homme, avait daigné lui expliquer, succinctement, son rôle de « passeur d’âmes » vis-à-vis de Mathilde. Comment il avait rassuré son âme défunte et l’avait guidée vers la Lumière pour qu’elle poursuive sa tâche inachevée dans une autre vie. C’est ainsi que Solenne avait appris qui elle était, ce qu’elle était et pourquoi sa vie était celle d’une cuisinière émérite motivée par le partage et la convivialité. Une sorte de continuité à travers le temps, en somme. Une tâche inachevée qu’elle devait poursuivre.
Sur le plan de travail trônait un lapin dépecé et vidé. Sur le piano, une grande marmite en fonte noire attendait d’entrer dans l’orchestration culinaire. Solenne retroussa ses manches et empoigna le couteau de céramique blanc. Elle se concentra sur son travail. La lame, coupante comme un rasoir, trancha l’animal, le divisant en multiples membres de chair nue et tendre. Les morceaux ainsi découpés étaient prêts à jouer une belle symphonie au fond de la casserole. Tous comptes faits, ce n’était pas ce récipient dont elle aurait besoin. Solenne en changea. La mijoteuse en inox dont le fond était fait de pierre volcanique semblait plus appropriée à la recette qu’elle voulait mettre en pratique. Sa chaleur et la qualité de son revêtement donneraient un tout autre résultat. Toujours concentrée dans son labeur, elle s’absorbait sur sa musique. Elle alluma le gaz. Une fois chauffés à bonne température, un à un, les chairs du lapin se mirent à chanter au fond de la mijoteuse. Quelques minutes de cette douce mélodie avant de retourner les morceaux et ils attaquèrent le crescendo suivant. Lorsqu’ils furent bien dorés, Solenne ajouta les échalotes et les lardons qui jouèrent une harmonique de plus. Le tout fondit voluptueusement sur le feu.
En bon chef d’orchestre, Solenne restait concentrée sur ses gestes. Á ce moment, rien n’aurait pu la perturber. Ce fut ensuite le tour du verre de cognac d’entamer sa mélodie flamboyante. Une allumette craquée et une gerbe de flammes s’éleva brusquement dans un « pfouf » spectaculaire. Un merveilleux fumet aux saveurs musquées et ambrées embauma toute la cuisine. Quand le solo gascon, le cognac, en fait, redescendit murmurer avec les viandes, Solenne s’apprêta à faire entrer en scène le Bordelais. Elle déboucha un St-Estèphe bien corsé et vida entièrement la bouteille dans la mijoteuse. Glouglous et pétillements achevèrent l’acte un, scène deux de l’opéra culinaire. Puis, un grand silence se fit sur le piano. Seul le suintement du feu sous la casserole se faisait entendre. La jeune femme se redressa et jaugea le résultat. Toujours concentrée, elle commença l’acte suivant. Une tête d’ail, un bouquet garni, deux cuillérées de concentré de tomate, un litre de fond blanc de volaille, sel, poivre, le tout mélangé dans le vin baignant la viande. La scène trois était en place. Solenne posa le couvercle sur le spectacle devenu silencieux. C’était parti pour trois quarts d’heure de cuisson. Le premier sur le feu, les deux suivants sur le socle adapté à la mijoteuse en dehors.
Pendant que tout cela s’harmonisait doucement, Solenne avait tout le temps de préparer l’entrée et le dessert. Un croustillant de chèvre frais et épinards au miel, ainsi qu’une verrine glacée de chocolat épicé à la cannelle. Elle mit sur le feu son cuiseur vapeur préféré. Dans le bol réchauffeur, elle cassa des morceaux de chocolat pâtissier. Une fois la vapeur en route, elle le fit fondre doucement dans un peu d’eau. Pendant ce temps, elle sépara le blanc des jaunes d’œufs dans un saladier. Elle en préleva quelques uns pour la crème à la cannelle et au chocolat. D’autres étaient destinés à la ganache. Dans un autre saladier, elle mit de la crème, les jaunes restants, un peu de sucre roux et saupoudra de cannelle. Elle mélangea le tout avec un fouet à main pour obtenir un appareil crémeux. Dans son robot batteur, elle monta les blancs en neige. Puis, dans le vacarme produit par l’appareil, elle se pencha sur son chocolat qui fondait de manière satisfaisante. Elle en versa une partie sur un marbre pour le tabler[3]. Avec une spatule métallique large et des gestes précis, elle ramenait l’odorante fondue sombre vers le centre de la plaque pour le faire tempérer. Puis, elle le remit à fondre légèrement dans le bol vapeur. La température du chocolat devait être précise. Elle ajouta ce qui restait au mélange jaunes d’œufs et crème. L’odeur qui s’en dégageait était divine. Puis, elle broya des spéculos qu’elle mélangea avec un caramel crémeux, elle en garnit le fond de plusieurs verrines. Pendant que cela refroidissait, elle revint à ses œufs en neige très ferme. Délicatement, elle l’incorpora à la crème de cannelle et chocolat pour en faire un appareil mousseux. Cela fait, elle le coula dans les verrines sur le fond croustillant et les plaça au congélateur pour qu’ils prennent bien. En attendant, elle étala encore un peu de chocolat sur le marbre pour le faire refroidir complètement et en faire des copeaux. Cela servirait pour la décoration. Enfin, il ne restait plus qu’à finir de remplir les verrines de ganache épicée et, par-dessus, pour finir, le chocolat tablé. En refroidissant, il se mettrait à briller. Il ne restait plus qu’à déposer un copeau évoquant le petit tube de cannelle au milieu de la verrine.
Fière de son œuvre, Solenne mit ses desserts au congélateur et retourna au piano pour la fin de cuisson du lapin. Il restait à réaliser l’étape la plus importante de la recette. Lorsqu’elle souleva le couvercle, de fabuleuses volutes aux saveurs divinement parfumées s’échappèrent de la mijoteuse. Elle sortit les morceaux de viande et les posa sur une planche à découper. Elle ralluma le feu pour faire réduire la sauce des trois-quarts et commença à retirer tous les os de la chair. Ils se détachaient facilement et il ne fallait en oublier aucun. Le travail était délicat et précis. Toute la chair devait être effilochée. Une fois la sauce réduite, il fallait la passer au chinois, ajouter un gros paquet de crème épaisse et chauffer à nouveau.
Mais, à l’instant même où la crème se mélangea à la réduction, il s’en éleva une odeur aigrelette particulièrement alarmante. Solenne s’affola. Penchée sur la mijoteuse, le cœur battant, elle constata avec horreur l’horrible réalité. En un geste, un ingrédient malheureux, et toute la symphonie dérapait dans un couac lamentable. C’était le drame.
Comment cela avait-il pu arriver ? Elle coupa le feu sous la casserole, prit le pot de crème vide pour y lire et relire la date de péremption, afin d’être vraiment sûre. Elle était valide. Ce n’était pas possible. Pourquoi fallait-il que cela lui arrive dans une recette aussi maîtrisée ?! Ce n’était pas la première fois qu’elle ratait un plat, mais, là, c’était manifestement le sort ou quelque chose qui ciblait directement ses faits et gestes. En son for intérieur, les sentiments confus du doute et un soupçon irraisonné creusaient un abîme d’incertitude. Comme une malédiction.
Qui se jouait d’elle ainsi, pour la faire trébucher dans ce qu’elle appréciait faire plus que tout ? Elle devait recommencer sa recette. Mais comment ? Refaire une sauce ? …Cela devrait suffire. Mais ce ne serait plus du tout pareil. Elle devait faire confiance à son intuition. Et ses clients, ces gens qui attendaient d’elle le meilleur à table et pour son service… Ils allaient devoir faire preuve de patience et d’indulgence à son égard, maintenant. C’était difficilement concevable. Elle qui mettait un point d’honneur à ce que tout soit parfait pour recevoir ses hôtes…
- Je suis maudite ! Cela ne peut être autrement, se dit Solenne tout haut en pestant contre le mauvais sort.
En grommelant, elle retourna chercher une bouteille de vin dans le cellier. Heureusement qu’elle pouvait désormais profiter d’un bon stock, grâce à un cellier bien garni. Elle avait à disposition une bonne quantité d’ingrédients de base et ainsi, envisager toutes sortes d’improvisations culinaires les plus fantasques. Elle reprit tous les ingrédients pour la sauce et recommença en pestant toujours contre elle et le mauvais sort. Cela ne donnerait jamais la même chose. Son esprit se tordait en réflexions de toutes sortes pour tenter de rattraper le massacre. Maudite crème avariée ou maudite soit-elle, toujours est-il que le temps passait sans qu’elle n’ait aucune prise sur lui et tout lui devenait prétexte à rajouter à son stress grandissant. Pour sauver son lapin, elle devrait refaire la même sauce, mais sans la viande cuisant dedans. La différence serait notable. Pour autant, la chose pourrait être arrangée. Elle flamba le cognac dans le lard et les échalotes. Elle ajouta les gousses d’ail, le concentré de tomate, le vin, le fond de volaille, le bouquet garni, assaisonna de sel et poivre et mit à mijoter. Et puis, en jetant un coup d’œil à sa pauvre effilochade de lapin trônant sur la planche à découper et aux os séparés, une idée lui vint.
- Mais oui !! s’exclama-t-elle tout haut. Je vais pouvoir le sauver sans qu’on puisse trop sentir la différence.
Elle se saisit de tous les os, tête comprise, et les plongea dans sa nouvelle sauce. Ainsi, le goût du lapin la parfumerait malgré tout. Contente d’avoir trouvé une solution, Solenne laissa mijoter à nouveau pour en revenir à la suite de ses préparatifs. Elle avait perdu beaucoup de temps et le repas ne serait pas prêt à l’heure prévue. Elle devrait trouver un stratagème pour faire patienter ses hôtes. Deux couples d’une soixantaine d’années avaient loué les suites de l’étage donnant sur le parc, à l’arrière du château. Ils étaient arrivés la veille au soir et s’étaient montrés cordiaux mais exigeants. Elle voulait les épater à table, bien sûr. Pas question de faire de l’à peu près. Ses déboires culinaires l’avaient énervée. Elle espérait que quelques mises en bouche de plus avec une bouteille de champagne pourraient faire oublier son retard.
Elle partit à la salle à manger pour mettre la table et sortir les coupes à champagne. La pièce avait été décorée dans des couleurs chaudes et ensoleillées. Deux baies vitrées au nord, deux autres au sud, habillées d’immenses tentures de lin et de soie irisée à motifs mordorés, illuminaient la grande table ronde centrale. Solenne avait fait faire cette table en merisier sur mesure. Elle trônait majestueusement au centre de la pièce, entourée de chaises tapissier confortables au tissu assorti aux rideaux. La table pouvait accueillir une douzaine de convives. Sur les murs était appliquée une cire teintée ocre rouge qui donnait beaucoup d’énergie à la pièce. La partie basse était teintée écru, soulignée par un trait ocre brun qui faisait le tour de la pièce. Des photos encadrées représentant des paysages ou des mets, dont les couleurs s’assortissaient parfaitement, étaient suspendues aux murs, ponctuant harmonieusement le graphisme du décor.
Une fois disposés les couverts pour onze personnes, elle prit un plateau chargé de flûtes à champagne et les porta au salon d’accueil. Ce serait là que ses hôtes prendraient l’apéritif. Le salon, lui, était décoré dans des tons plutôt frais rappelant à la fois les lagons tropicaux et les canards colverts. La note de chaleur provenait des matières utilisées. Des velours pour les rideaux, les fauteuils et canapés tapissiers, de la laine pour l’immense tapis persan posé sur un parquet de chêne marqueté, des toiles encadrées de bois suspendues aux murs, une cheminée de marbre sombre style 18e siècle. L’harmonie de l’ensemble rendait la pièce véritablement accueillante. La jeune femme posa le plateau et les verres sur la table basse entre les canapés et repartit d’un pas affairé jusqu’en cuisine.
Il ne lui restait plus que l’entrée de son menu à confectionner avant de filer dans ses appartements pour se changer. Il lui fallait sortir du réfrigérateur des feuilles de brick, le fromage de chèvre frais, les épinards et le beurre. Alors qu’elle rinçait et équeutait les légumes, un petit museau brun de cinq ans apparut tout près d’elle, à peine plus haut que le plan de travail.
- Oh, bonjour, Mathis, fit Solenne en jetant un œil affairé sur le minois poupin de son neveu qui s’accrochait au bord de l’évier. As-tu bien dormi, mon ange ?
- Tu fais la cuisine, Tatie ? demanda l’enfant, les yeux curieux.
- Oui, tu vois, je suis en train d’équeuter des épinards.
- Des épinards ? C’est quoi, des épinards ?
- Tiens, regardes, dit-elle en lui tendant une jeune feuille verte. Tu peux y goûter, si tu veux. Ça se mange cru.
Le petit garçon regarda la feuille d’épinard qu’il tenait entre ses doigts, curieux. C’était vraiment le portrait juvénile de son père, Maxime. Le cheveu brun poussant en brosse, le visage fin et les yeux noirs perçants, comme lui. Il croqua dans la feuille et se mit à mâcher.
- Alors ? Comment tu trouves ? demanda Solenne.
- C’est bizarre, grimaça l’enfant.
- Je te ferai goûter quand il sera cuit, si tu veux.
- Cuit ? interrogea Mathis en étirant son regard vers sa tante.
- Oui, cuit. Tu verras.
Solenne égoutta les feuilles et les mit dans le cuit-vapeur pendant cinq minutes sous les yeux attentifs du petit garçon. Pendant la cuisson, elle étala les feuilles de brick sur le plan de travail et fit fondre un peu de beurre. Elle découpa des carrés d’une dizaine de centimètres dans les feuilles et les empila. Ensuite, avec un pinceau de cuisine, elle étala du beurre fondu sur chacun des carrés découpés. Puis, elle déposa un demi fromage de chèvre frais sur onze des carrés et enchaîna en déposant une autre feuille sur chaque demi fromage. Elle revint à son cuit-vapeur pour en retirer les épinards. Le feuillage avait pris un joli vert tendre. Elle en préleva une petite feuille avec une cuillère et la tendit à Mathis qui tendait le cou aussi haut qu’il pouvait.
- Tiens, goûte, choupinet. Dis-moi si tu aimes, fit Solenne en s’inclinant, la cuillère en avant, pour la lui mettre dans la bouche.
Le petit garçon goûta. Il grimaça.
- Pas bon !
- Oh, dommage !
Elle se redressa et tenta une autre approche gustative. Elle reprit une pointe d’épinard et y ajouta un petit morceau de fromage.
- Et comme ça, c’est meilleur ? lui demanda-t-elle en lui tendant une autre cuillérée.
Mathis la prit dans la bouche et mâcha.
- Mmmmh ! fit-il, ses yeux noirs tout brillants.
- Ah, tu aimes mieux avec le fromage, alors, se contenta de dire la cuisinière.
Il opina de la tête et s’en alla faire le tour de l’îlot de cuisson pour jouer avec les torchons de cuisine empilés à sa hauteur sur les étagères. Solenne le laissa faire. Elle était bien assez en retard comme ça. Elle devait absolument enfourner ses entrées avant que les hôtes n’arrivent. Sur les feuilles de brick qui recouvraient les fromages, elle étala un peu d’épinard, puis une autre feuille de brick, encore un demi fromage, une feuille de brick, un peu d’épinard et une dernière feuille de brick pour finir. Á l’aide d’une spatule, elle déplaça les mille-feuilles sur une plaque protégée par un papier sulfurisé et les envoya se faire griller dans le four bien chaud. Elle tint le miel de thym tout prêt à être versé dessus au dernier moment.
Il restait à terminer la sauce du lapin. La réduction mettait du temps à se faire. Penchée sur sa casserole, elle priait les dieux de la cuisine de bien vouloir faire avancer sa cuisson plus vite que le temps qui lui était imparti, mais rien n’y faisait. Elle bouillait autant intérieurement que les bulles qui agitaient la surface de la sauce.
Solenne entendit Diane entrer avec ses autres enfants dans la salle à manger. Mathis sortit de son jeu avec les torchons et se redressa à la hâte pour rejoindre sa mère qui lui tendait les bras, tout sourire. Affairée, la cuisinière rassembla ses verrines d’apéritif sur un plat de présentation, tout en clignant de l’œil à l’intention de sa belle-sœur joliment vêtue.
- Diane, puis-je te confier le soin d’emporter les mises en bouche au salon ? lui demanda Solenne en lui tendant le plateau. Il faut encore que je me change. Je suis TRÈS en retard.
- Oui, bien sûr, accepta Diane. Va te changer. Je vais les faire patienter. Oh, mais dis moi, je t’ai rarement vue aussi stressée, Solenne…
- J’ai raté mon lapin, expliqua-t-elle en se dirigeant vers les marches de la tour carrée sans même attendre la remarque compatissante de sa belle-sœur.
Solenne les monta deux par deux jusqu’à ses appartements. Il était temps de recevoir dignement ses hôtes. Elle terminerai sa sauce entre l’apéritif et le service de l’entrée.
o0o0o0o
Quand Solenne et sa famille arrivèrent au port de La Rochelle en début d’après-midi ensoleillé, ils furent accueillis par un double alignement d’hommes et de femmes en grand uniforme. L’équipage au grand complet. On avait déroulé le tapis rouge sur le quai devant le Syracuse, un yacht d’une soixantaine de mètres loué pour l’occasion. Intimidée, Solenne descendit du taxi devant la haie d’honneur et la raideur du salut militaire. Maxime, Diane et leurs enfants descendirent à leur tour, tous dans leurs petits souliers. C’était la première fois de leur vie qu’on les accueillait quelque part avec autant de cérémonie. Monsieur Sabatini, l’éditeur, dégringola sportivement les quelques marches de la poupe du navire, vêtu d’un smoking, son bouc brun taillé à la perfection et les rejoignit sur le tapis rouge.
- Solenne, soyez la bienvenue à La Rochelle, fit l’éditeur d’un ton enjoué en lui serrant chaleureusement la main. Et vous aussi, Maxime et votre grande famille. Avez-vous fait bon voyage ?
- Très bien, merci, répondit Solenne, ne sachant plus où poser les yeux. La première classe du TGV était très confortable. Je vous présente mon frère et sa famille, Maxime, Diane, Ludovic, Justine, Clovis et Mathis, le petit dernier.
Elle les avait désignés tour à tour.
- Je suis enchanté de faire votre connaissance, fit monsieur Sabatini en serrant la main de chacun. C’est un réel honneur de connaître la famille de mon auteur fétiche, vous savez. Je promet grand succès à votre sœur, monsieur de Barjac, vous savez, se permit-il de pronostiquer tout sourire à l’attention de Maxime.
Le petit Mathis eut droit à un ébouriffage de son crâne en brosse. L’enfant adressa un froncement de nez agacé à l’éditeur.
- Venez tous que je vous présente l’équipage et son capitaine, invita monsieur Sabatini d’un bras engageant. Solenne de Barjac, je vous présente le capitaine Camille Villeneuve. Capitaine, je vous présente Solenne de Barjac, écrivain et cuisinière particulière.
Le capitaine et Solenne se serrèrent la main avec déférence.
- Madame de Barjac, je suis honoré de vous accueillir à mon bord, fit le capitaine en s’inclinant légèrement. Permettez que je vous présente mon équipage.
Solenne n’était pas très à l’aise face à tant de protocole. Elle serrait la main de chaque membre d’équipage et elle se sentait comme un oignon dans un bouillon clair. Un grand moment de solitude. Vêtue d’un tailleur pantalon choisi pour la circonstance, ses longs cheveux roux relevés et noués avec un pic chinois, chaussée d’escarpins à grands talons aiguilles qui allongeaient ses jambes, un sac à bandoulière courte sous le bras, elle avait tout pour faire une belle femme du monde. Pourtant, son regard, qui glissait d’un homme à l’autre sans vraiment les voir, devenait incertain et égaré. Elle ne voyait que les silhouettes déférentes dans leur halo de lumières colorées. L’inhabituelle circonstance l’avait plongée à l’intérieur d’elle-même, dans une de ses visions parallèles. Sous des dehors polis et circonspects, Solenne s’égarait d’informations étranges lui venant de plein fouet dans son esprit. Voilà ce qu’elle détestait quand elle avait à faire à ses facultés. Elles se manifestaient trop intempestivement à son goût.
Maxime, Diane et les enfants suivaient Solenne en serrant aussi les mains des membres de l’équipage. Même le petit Mathis posait ses yeux noirs sur les grandes personnes et tendait sa petite main, tout fier de faire comme les grands. Ils montèrent à bord accompagnés du capitaine et de l’éditeur. Solenne s’ébroua discrètement pour évacuer ces visions désagréables qui la perdait dans ses émotions.
- Capitaine, c’est un bateau magnifique que vous avez là, fit Solenne, sincèrement émerveillée, en découvrant le pont principal du Syracuse.
- Merci, madame, s’inclina le capitaine dans son costume blanc impeccable. Rompez ! fit-il à son équipage.
Puis, il se tourna de nouveau vers la jeune femme :
- Philippe va vous accompagner dans vos quartiers et vous fera visiter le Syracuse, compléta-t-il. Monsieur Sabatini vous expliquera l’organisation de ces trois jours. Et pour ce qui est de votre séance cuisine, vous verrez cela avec Léo, notre chef cuisinier.
- Philippe et Léo, répéta-t-elle pour bien mémoriser. Bon… Eh bien, Philippe, je vous suis.
Le Philippe en question, chef de bord, était à quelques pas en retrait. Après avoir distribué ses ordres pour faire transporter les bagages sortis du taxi, il invita Solenne à le suivre. Elle fit signe à Maxime et sa troupe de venir aussi. Ils empruntèrent sur bâbord une coursive étroite qui menait à l’avant du bateau. Là, ils descendirent quelques marches jusqu’aux cabines de proue.
- Madame de Barjac, vous avez la suite « Caraïbes », dit Philippe en ouvrant la porte d’une cabine grand luxe dans laquelle deux hommes d’équipage venaient de poser les bagages. Ensuite, monsieur de Barjac et madame, vous serez voisins. Votre suite s’appelle « Ibiza ».
Il ouvrit la porte voisine en les invitant à entrer. Puis, il indiqua la cabine suivante, qui logerait les quatre enfants.
- Les enfants, la vôtre s’appelle « Cap Vert », termina le chef de bord en leur cédant le passage. Je vous souhaite une bonne installation. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous prenez le téléphone qui se trouve près de votre lit. Il est directement relié aux quartiers de l’équipage.
- S’il-vous-plaît, monsieur, intervint Diane. Pour ce qui est du téléphone, il serait préférable de couper celui des enfants. S’ils veulent quelque chose, ils passeront par nous.
- Comme vous voudrez, madame. Je vais m’en occuper.
- Merci, fit en chœur la famille de Barjac, les regards fascinés parcourant le décor et le mobilier des cabines.
Chacun ayant pris ses quartiers, on déballa ses affaires. Solenne avait l’impression de vivre dans un rêve éveillé. Tout ce luxe ostentatoire… Ce n’était pas son monde, assurément. Elle avait beau vivre désormais dans un château, rien ne la prédisposait à trouver tout ce qui l’entourait naturel. Elle voyait donc ce week-end de promotion comme une confortable manière de découvrir d’autres gens, influents qui plus était, à travers le filtre de ses perceptions ordinaires et subtiles sans se laisser aveugler par le faste du bâtiment flottant. Après s’être rafraîchi le visage et refait un maquillage sobre, deux gouttes de parfum derrière les oreilles, elle sortit rendre visite aux cuisines. Elle emprunta donc la coursive du pont principal pour déboucher dans le grand salon où elle trouva monsieur Sabatini et le chef de bord en grande conversation. Ici, impossible de prétendre à se débrouiller seule. Tout était fait pour y croiser un membre d’équipage prêt à se mettre en quatre pour les invités. Á son apparition, l’éditeur s’interrompit et les deux hommes se tournèrent vers leur invitée.
- Solenne, s’enquit-il, votre installation se passe-t-elle bien ?
- Très bien, monsieur Sabatini, merci, fit la jeune femme. Je voulais me rendre en cuisine pour faire la connaissance de l’équipe. J’ai besoin de savoir comment se déroulera l’atelier de demain.
- Bien évidemment, ma chère. Philippe, vous voudrez bien accompagner Madame de Barjac ? De mon côté, je vais m’inquiéter de l’arrivée de nos invités et de la séance de dédicaces. Rendez-vous ici même dans une heure, si vous voulez bien.
Solenne approuva d’un signe de tête. Le chef de bord inclina légèrement le buste pour manifester son assentiment et se mit au service de la jeune femme pendant que monsieur Sabatini s’éloignait vers la poupe. Elle suivit l’homme en uniforme blanc. Ils traversèrent ensemble le grand salon au splendide parquet de marqueterie verni, luisant sous les éclairages muraux le long desquels s’allongeaient d’immenses banquettes de soie damassée bleue, parsemés d’épais coussins orange. Devant eux étaient alignée une série de tables basses de verre transparent permettant de ne pas surcharger visuellement l’ensemble, ainsi que de larges poufs assortis. Tous deux passèrent derrière le bar, déserté à cette heure, pour emprunter le passage de service qui menait à l’étage inférieur jusqu’aux cuisines et à la cambuse.
Là, le décor était tout autre. On retrouvait les sombres parois de métal peintes en gris qui constituaient le navire, les portes aux formes arrondies et leur verrouillage à volant. Ils laissèrent à leur droite l’entrée du stock de denrées d’épicerie pour pénétrer dans une pièce aussi large que le bateau, entièrement équipée de mobilier inox et des meilleurs appareils de cuisine high-tech. Une brigade de cinq personnes évoluait là en tenues blanches de cuisinier, affairée dans ses préparations pour le cocktail du soir. Un seul portait une blouse et un tablier noirs et on pouvait remarquer à son col la bande tricolore des meilleurs ouvriers de France ; le chef cuisinier, Léo Calavany. Ici, la cuisine était professionnelle et la rigueur était de mise. En voyant arriver Solenne et son collègue, le chef cuisinier, sans cesser de presser sa poche à douille pleine de crème au-dessus de verrines à remplir, se redressa à peine pour leur lancer un regard affairé.
- Je t’ai déjà dit que je n’aime pas quand les invités se pointent dans ma cuisine, Philippe, fit-il sèchement en poursuivant son remplissage. Et c’est valable en toute circonstance.
- Permets tout de même que je te présente notre invitée du week-end, dit Philippe sans se formaliser. Il s’agit de Solenne de Barjac, écrivain et cuisinière.
- Grand bien lui fasse ! s’exclama l’autre sans cesser sa besogne.
- Je te rappelle qu’il est prévu un atelier cuisine pour demain, fit remarquer le chef de bord. Vous devez vous entendre tous les deux pour l’organiser.
Puis, il se tourna vers Solenne.
- Madame de Barjac, je vous présente Léo Calavany, notre chef cuisinier. Léo, je te présente Solenne de Barjac.
- Salut, fit Léo toujours aussi sèchement, sans lâcher son travail.
- Bonjour, fit Solenne sur la réserve, n’osant lui tendre une main qui, certainement, serait malvenue.
L’homme en termina enfin avec sa poche à douille vide, déplia sa haute silhouette brune de rugbyman et porta son plateau de verrines emplies d’une crème légèrement rosée -probablement du saumon- jusque dans un réfrigérateur, non loin.
- Ne vous formalisez pas pour son côté ours, madame, la rassura Philippe. Il est toujours comme ça au premier abord, mais il apprendra à vous connaître. Si vous savez le caresser dans le sens du poil, il saura se dérider. Bon, il faut que je vous laisse.
- Merci, fit Solenne timidement au chef de bord. Je vais me débrouiller.
Puis, Philippe parti, elle se tourna de nouveau vers le chef cuisinier qui revenait vers son plan de travail tout en jetant au passage un œil dans la casserole de cuivre qui mijotait sur le piano. C’était un homme d’une quarantaine d’années environ, taillé comme une armoire à glace. Le cheveu brun et rebelle, le sourcil épais, le menton rasé et la mâchoire volontaire, il avait tout de l’homme affirmé, prêt à foncer dans la mêlée à la moindre attaque. Seuls de grands yeux noisettes et verts éclairaient son teint mat gorgé de soleil et reflétaient une petite lueur d’humanité derrière cet air bourru qu’il persistait à afficher. Sa physionomie brune imposante, tout de noir vêtu, impressionnait la jeune femme et indiquait à son sens du contact humain une profonde blessure dissimulée derrière une façade revêche. Solenne hésita à entamer la conversation. Ce fut lui qui parla en premier, d’une voix de basse emprunte de fermeté.
- Je ne vous conseille pas d’essayer tout de suite de me caresser dans le sens du poil, madame, je ne suis pas du genre à ronronner facilement. J’ai obtenu ce poste à force de travail et je compte bien le garder.
- Loin de moi l’idée de vous en priver, se défendit Solenne. Je suis venue au contraire pour que nous collaborions et que nous envisagions les petites dégustations que nous allons proposer pour l’atelier de demain.
- Nous avons déjà embarqué le nécessaire à la cambuse. Ne vous amusez pas à changer tous mes plans, menaça le cuisinier. J’en ai soupé des capricieuses à qui il manque leur fraise préférée. C’est pas maintenant qu’il faut venir pleurer votre gourmandise.
- Si vous vous en êtes tenu à la liste que je vous ai fait parvenir par le biais de monsieur Sabatini, nous devrions avoir tout ce qu’il nous faut, non ? répliqua la jeune femme qui tentait de ne pas se laisser démonter. Tout d’abord, j’ai besoin de vos compétences. Ici, c’est vous le chef et vous le resterez. Moi, je suis venue pour apporter ma contribution en matière d’idées culinaires orientées vers le plaisir.
Léo la regarda soudain avec des yeux verts étonnés.
- Comment ça, le plaisir ? questionna-t-il.
- Oui, le plaisir, confirma Solenne. Lorsque vous cuisinez, n’est-ce pas pour apporter du plaisir à vos convives ?
- Heu… si, mais…
- C’est ce que je raconte dans mon bouquin, lui expliqua-t-elle spontanément. Lorsque nous cuisinons et mangeons, nous éprouvons un certain plaisir à vivre la nourriture. Un peu comme nous en avons à faire l’amour…
- Hein !!!
- Oui, je vous la fais courte, comme ça, dit-elle en agitant les mains de manière désordonnée. Mais, je l’explique de façon très posée et terre à terre dans mon livre. Je parle de notre rapport à la nourriture et de la façon dont nous la vivons.
- Vous avez écrit un livre là-dessus !? s’étonna-t-il en la fixant d’un œil à la fois surpris et intrigué.
Comment pouvait-on perdre son temps à disserter sur de la cuisine ? pensait-il. La cuisine était tout simplement un travail du quotidien. Ce n’était pas la peine de broder des macarons sur le plaisir de ce que cela pouvait provoquer ! Il trouvait cela parfaitement inutile.
- Oui, j’ai écrit un livre là-dessus, confirma Solenne observant la mine désabusée de Léo.
Il ricana sans ajouter un mot, puis, il retourna à sa casserole sur le feu. Il souleva le couvercle pour en goûter le contenu. Satisfait, il rapprocha une plaque garnie de petits choux allongés et un appareil prêt à l’emploi dans un cul-de-poule. Il s’employa à garnir une autre poche à douille de cet appareil.
- Vous ne semblez pas convaincu, nota la jeune femme.
- C’est surtout de la jolie tambouille pour ceux qui ont du temps à perdre, railla Léo en pressant le contenu de sa poche dans les choux avec des gestes sûrs.
- Ecoutez, fit Solenne, je ne suis pas là pour vous convaincre du bien-fondé de mon livre, mais pour que vous m’aidiez à réaliser mon atelier. Allez-vous le faire ?
- Ai-je le choix ?
- J’aurais préféré que vous le fassiez de bon gré. Mais si vous persistez dans votre attitude renfrognée, il se pourrait que…
Elle se ravisa à dire tout haut ce qu’elle voyait en cet homme. Il semblait peu enclin à collaborer de manière plaisante, justement. Cuisiner devait être pour lui une telle routine qu’il en avait perdu sa dimension de plaisir.
- … en fait, non, vous n’avez pas le choix, fit-elle tomber.
- Et comment dois-je le prendre ? s’irrita-t-il
- Ne vous en faites pas, je suis sûre que vous connaissez déjà très bien cette notion de plaisir dont je parle, mais vous l’avez juste un peu oubliée dans votre travail.
- Je n’aime pas du tout vos insinuations, madame. Permettez-moi de vous le dire.
Á son expression gênée, elle y ajouta la maladresse. Cet homme l’avait déstabilisée et elle s’embourbait dans des allégations plus ou moins scabreuses.
- Excusez-moi, si je vous ai froissé, chef. Voyez plutôt ce que je viens de dire comme une notion que vous avez oublié de mettre dans votre recette mais qui existe bel et bien. Je vous en prie, aidez moi à réaliser cet atelier. Je n’ai pas l’intention de déposer un brevet sur les plaisirs culinaires, vous savez.
Léo la regarda, soupçonneux et méfiant. Il n’aimait décidément pas ces territoires inconnus où les femmes se permettaient de prétendre lui en apprendre dans son domaine de prédilection : la cuisine. Il n’avait quand même pas trimé trois ans en apprentissage à récurer des marmites pour se faire saucissonner par une cagolle en tailleur ! Pourtant, il avait appris au cours de sa carrière devant des fourneaux prestigieux à mettre de l’eau dans son vin et il n’était pas prêt à déchaîner l’agressivité qui couvait dans ses tripes. Une brigade de cuisine vous forge un caractère de militaire. Il faut exécuter les ordres qui viennent d’en haut, quoi qu’il arrive. Et en l’occurrence, cette femme, insondable pour lui, était une cliente et donc elle faisait autorité suprême.
- Que voulez-vous que je fasse, concrètement ? demanda-t-il, vaincu mais convaincu le moins du monde, ne cessant de remplir les choux.
- M’indiquer les réfrigérateurs pour que je puisse contrôler les ingrédients dont j’ai besoin et réserver une partie des cuisines pour l’atelier.
- Alors, s’il n’y a que ça pour vous contenter… Manuel ! appela-t-il. Viens me remplacer, là. Je dois m’occuper de madame.
Il lui montra ce qu’elle demandait, tentant vainement de dissimuler sa contrariété vis-à-vis d’elle. Sa présence le dérangeait à plus d’un titre. Depuis le temps qu’il travaillait sur ce yacht, il avait vu passer bon nombre de starlettes et autres figures du show-biz toutes plus capricieuses et exigeantes les unes que les autres. Il avait fini par généraliser et se fermer à tout contact autre que ses collègues de l’équipage. Tout ce clinquant lui donnait des aigreurs d’estomac. Cette femme, elle, lui paraissait insondable. Sous ses cheveux roux relevés, son expression intimidée et pourtant déterminée, son tailleur pantalon de simple facture, elle donnait de faux airs de simplicité qu’il ne comprenait pas très bien. Il ne voulait pas encore une fois se faire gruger par une donzelle de la haute. Il en avait assez soupé.
Solenne vérifiait dans les réfrigérateurs le contenu de sa commande.
- Tout semble au complet ici, fit-elle en pointant des yeux les ingrédients. Et pour l’épicerie, où est-ce que ça se trouve ?
- Á côté, là. Á la cambuse, fit-il sans se déplacer, tendant un bras nonchalant.
Elle vérifia de même.
- Riz arborio, carottes, oignons, ail, poireaux, vin blanc… énuméra-t-elle. Dites-moi, vous n’avez pas une carcasse de poulet en trop, par hasard ? … j’aurais bien fait un fond de poulet ce soir, pour demain.
- Faudra demander à Luc, fit Léo. C’est le boucher. Il en a peut-être gardé, je ne sais pas.
- Ok, j’irai le voir.
- Dites-moi, fit le cuisinier, interrogatif, un rien railleur. Vous savez faire un fond, vous ? Et c’est quel genre, votre atelier de demain ?
- Alors, oui à la première question et à la deuxième ; l’atelier démonstration se fera sous la forme d’une dégustation informelle. Chacun pourra picorer et ira vers ce qui lui fait le plus envie. Il me faudra aussi différentes sortes de couverts, des assiettes en carton à votre plus belle vaisselle. Ceci pour démontrer que, selon la présentation, on ne mange pas avec le même plaisir. Et d’ailleurs, j’aurais besoin de votre gestuelle, vos mains de professionnel, aussi, vous voyez ?
- Pourquoi ? Vous semblez bien vouloir vous débrouiller toute seule…
- Avoir la caution d’un cuisinier de métier, c’est toujours mieux, tenta-t-elle de le flatter. Moi, j’adore la cuisine, je maîtrise pas mal de préparations, mais je n’ai pas votre maîtrise. Vous me seriez d’une grande aide si vous vouliez bien apporter votre savoir-faire et votre expérience, lui confia-t-elle.
- Vous me caressez dans le sens du poil, là, menaça-t-il.
- Et alors ? sourit-elle. Vous êtes l’homme de la situation, non ?
Léo dessina son premier sourire à l’attention de la jeune femme. Son visage s’éclaira de façon surprenante. Cet homme avait finalement plus de charme qu’il ne voulait le montrer. Solenne s’en amusa. Elle avait commencé à dompter l’ours. Sans attendre de réponse de sa part, elle le remercia et prit congé de lui. Elle alla voir Luc, le boucher, qui accepta de lui faire mijoter un fond de poulet selon ses directives. Ainsi, elle pourrait se consacrer pleinement à la séance de dédicaces du soir avec les invités.
Dans sa luxueuse cabine du Syracuse, Solenne tentait nerveusement de se faire belle. Sa robe de mousseline de soie rouge sang gisait sur le grand lit. Des escarpins assortis à talons hauts attendaient sur la moquette épaisse. Elle sillonnait la chambre, de la penderie à la salle de bains, en petite tenue, tentant vainement de maîtriser ses cheveux rebelles à toute coiffure disciplinée. Dans un grand soupir, elle renonça à parvenir à quoi que ce soit toute seule. Il lui fallait de l’aide. Elle enfila un peignoir et sortit pour frapper à la porte voisine.
- Diane ! Diane, au secours ! fit-elle derrière la porte, piétinant sur la pointe de ses pieds nus. J’y arrive pas. Est-ce que tu peux venir m’aider ?
Diane entrebâilla la porte et montra une face tartinée de crème blanche, les cheveux embobinés dans un filet de nylon. Solenne sursauta en la voyant ainsi parée.
- Désolée, mais… grimaça sa belle-sœur en désignant son visage d’un doigt agité. Je viens juste de poser cette crème, là. J’en ai pour dix minutes. Tu peux patienter ?
- Bon, d’accord, je patiente. Peux-tu me rejoindre dans ma chambre dès que tu peux, s’il-te-plaît ? En attendant, je vais me maquiller. Cette foutue tignasse va me rendre folle !
Une bonne heure plus tard et avec l’aide de Diane, Solenne pouvait enfin s’admirer dans le miroir de sa chambre en robe de cocktail. Ses cheveux avaient été torsadés en un chignon haut qui lui donnait des airs « années soixante-dix ». Á ce moment-là, Maxime entra dans la chambre après trois petits tocs à la porte. Il était vêtu d’un splendide smoking noir et blanc.
- Tiens, voilà que mon frère s’est transformé en pingouin pour la soirée ! s’exclama Solenne, tout sourire, en se tournant vers lui. Tu es splendide.
- Je te retourne le compliment, p’tite sœur, répondit-il en prenant volontairement une pose avantageuse, admirant Solenne toute de rouge habillée.
Diane avait opté pour la jupe courte et un bustier brodé d’un motif à paillettes. Sa silhouette fine supportait très bien cette mise en valeur. Quant aux enfants, eux aussi venaient de surgir dans la chambre pour se faire admirer. Ludovic, quinze ans, châtain clair, comme sa mère, avait opté pour un look hip-hop qui faisait grimacer ses parents. Un jean délavé et déchiré porté bas, deux tee-shirts superposés aux couleurs contrastées et une casquette de travers. Ludo, avec son grand corps dégingandé qu’il ne maîtrisait pas bien, semblait fier de défier l’autorité en présence de la jet-set. Justine, quatorze ans, châtain foncé, les cheveux portés très longs et lisses, avait choisi une robe fourreau rouge qui ressemblait à celle de sa tante, mais en soie sauvage. Fière qu’on lui permette pour une fois de faire comme les grandes, elle déambulait dans la chambre en imitant les postures des mannequins. Clovis, dix ans, se laissait trimbaler nonchalamment sans broncher. Ce qu’il portait lui était égal. Sa mère l’avait habillé d’un gilet tout blanc et d’une chemise noire rentrée dans un pantalon de toile de lin. Quant à Mathis, le petit dernier, du haut de ses cinq ans, il avait glissé les mains dans les poches de son jean. Une chemise de coton blanche à manches courtes, un gilet brun à rayures fines et une cravate assortie, il avait le même air que les grands sous son minois espiègle.
Ainsi, tous beaux pour la circonstance, il était temps de rencontrer les invités dans le grand salon. Solenne fut présentée officiellement aux nouveaux venus par monsieur Sabatini. Sourire de circonstance aux lèvres, elle serrait les mains de directeurs de prestigieuses librairies, cuisiniers de renom, médecins, hôteliers et autres diététiciens médiatiques. Elle se devait auprès d’eux de vanter les mérites de son livre, d’en parler en détails et de répondre à toutes leurs questions. L’équipe de cuisine avait dressé une partie du buffet sur le pont inférieur, à l’extérieur, entre les escaliers de la poupe et le grand salon. L’autre partie avait été installée sur le pont supérieur, près du jakuzzi et des chaises longues, non loin de la salle de conférences. Le bar, à l’intérieur, servait le champagne. Des serveurs circulaient parmi les invités avec des plateaux de petits fours et de flûtes pétillantes.
Dans le brouhaha général, Solenne apprit qu’on passerait la soirée dédicaces à quai, car on attendait des personnalités supplémentaires qui, ensuite, ne participeraient pas à la croisière. Monsieur Sabatini avait prévu que le tout La Rochelle pouvait être invité pour faire dédicacer son livre. Ceci pour faire connaître plus largement la sortie de son best-seller. C’était ainsi que son éditeur le pronostiquait. Il croyait fort en sa nouvelle écrivaine. Après une petite allocution qu’il fit d’une voix de stentor pour bien se faire entendre de tous, il invita Solenne à s’installer dans le petit salon du pont supérieur. Une pièce au décor luxueux et chaleureux prévu pour des conférences. Un écran géant tapissait le fond de la pièce dont les tons ocres et blancs invitaient au calme et à la pondération. Une table servait à la vente des livres, une autre était pour Solenne et ses futurs lecteurs. Les invités défilèrent tranquillement de l’une à l’autre dans des frous-frous de beaux tissus et de souliers vernis. Ils glissaient quelques flatteries ampoulées à la jeune auteure en la regardant griffonner la page de garde d’une petite phrase personnelle à leur intention.
Cela dura ainsi une grosse partie de la soirée.
Le soleil s’était couché et les lumières du port illuminaient d’or et de vernis l’alignement des quelques navires prestigieux amarrés le long du quai. Derrière eux, sur d’autres pontons, carillonnait une forêt interminable de mats de voiliers qui tanguaient doucement au gré de la houle du soir. Le plus grand port de voiliers d’Europe. Le chant des mats était impressionnant. La soirée battait son plein sur le Syracuse. Á travers les fenêtres éclairées du navire scintillant se découpaient les silhouettes des personnalités circulant dans la pénombre des coursives extérieures, leur verre à la main. Les conversations mondaines allaient bon train.
Lorsqu’il ne resta plus que deux ou trois personnes à qui Solenne devait encore un sourire et une signature, elle eut le temps de remarquer Léo, le chef cuisinier, qui rôdait dans les parages, surveillant à la fois le service dans son uniforme noir et la fin du défilé des invités. Intriguée, la jeune femme avait hâte d’en finir pour enfin pouvoir satisfaire son estomac qui criait famine et solliciter l’ours curieux pour obtenir un petit plateau personnalisé.
Elle s’approcha de lui.
- Je ne vous demande pas si vous aussi vous voulez un livre dédicacé, lui fit-elle sur un ton ironique.
- Ne vous donnez pas cette peine, madame, lui répliqua-t-il, acerbe. Je trouverai moi-même le chemin du plaisir dont vous parlez puisque je suis un professionnel. De plus, je ne lis jamais.
- Disons que vous n’avez pas à chercher le chemin, mais que vous avez juste à retrouver votre plaisir perdu, insinua-t-elle.
Mais avant même qu’il ait le temps de répliquer, elle le sollicita derechef.
- Monsieur Calavany, me feriez-vous l’honneur d’un choix de vos meilleures créations de ce soir, s’il-vous-plaît ? demanda Solenne, ondulant dans sa robe rouge. J’avoue que j’ai l’estomac dans les talons et d’avoir vu se promener tout ces plateaux remplis de bonnes choses, ça m’a donné faim. Et de n’avoir cessé de causer avec tout ces gens m’a donné soif, aussi…
Il l’observa avec des yeux étrangement assombris, silencieux, gardant son expression un brin ironique sur le visage. Sans rien dire, il s’exécuta. Il revint vers elle en lui tendant un choix de canapés, de compositions très travaillées et une coupe de champagne sur un plateau.
- J’espère que madame la cuisinière aura autant de plaisir à goûter ce que j’ai préparé que j’en ai eu à le faire, railla-t-il d’une voix profonde et pleine de sous-entendus aigres-doux.
- Merci, monsieur, fit-elle en ignorant l’impertinence.
Sans attendre, elle se saisit du plateau et goûta un premier petit four.
- Celui-ci, je l’ai appelé « petit chou tendre à la crème de sardine », dit Léo qui ne pouvait s’empêcher de faire montre de supériorité professionnelle.
- Mmmh ! exché’ent ! le provoqua-t-elle en mâchant délicieusement.
Stoïque, il ne réagit pas. Il tentait de la jauger sans succès. Elle ne venait décidément pas de la jet-set, sinon, il l’aurai déjà calculée.
Elle en prit un autre en déglutissant le premier. Puis, elle s’éloigna pour s’asseoir près d’une table basse et y déposa le plateau. Léo la suivit, mais il resta debout. Il se pencha tout de même pour désigner un à un les mets qu’il lui proposait.
- Celui-ci s’appelle « pannequet de foie gras, prosciutto et chutney de figue sur canapé» et l’autre, à côté, c’est « la tuile de Reggiano et velouté de roquette en shooter », celui-là, c’est une « brochette de mignon de bœuf au saté », là, une « crevette en marinade aux deux citrons, sauce coriandre », là, un « cornet de cheddar au Guacamole » et celui-là un « éclair de tarama d’oursin »
Solenne l’écoutait raconter ses créations tout en dégustant et en se léchant les doigts. Elle but une gorgée de champagne avec délectation. Puis, elle goûta la crevette marinée et ferma les yeux pour mieux ressentir les saveurs.
- Ce que j’avais faim ! s’exclama-t-elle en agitant des doigts que la gourmandise avait soustraits à sa volonté. On sent la précision du professionnel dans votre façon d’œuvrer. Et vous savez très bien choisir vos produits. J’apprécie, lui dit-elle en poursuivant sa dégustation. On sent aussi que vous avez l’habitude de travailler pour une clientèle exigeante et capricieuse.
- C’est tout ce que ça vous inspire? questionna-t-il.
- Oui, ce raffinement, cette recherche, ce souci du détail… C’est du beau travail, vraiment.
- Vous cherchez encore à me caresser dans le sens du poil, n’est-ce pas…
- Pas du tout, se défendit-elle. Ce que je vous dis est vraiment sincère.
- J’aimerais le croire… Mais, j’ai comme l’impression que vous ne me dites pas vraiment le fond de votre pensée.
Solenne étira un regard scrutateur jusque tout là-haut, vers celui de Léo et garda le silence. Elle ne s’avouait pas que cet homme fier et à fleur de peau ne lui était pas indifférent. Et elle entrevoyait dans ses yeux verts-noisettes comme une présence déjà connue, un sentiment doux et passionné en même temps qu’une souffrance profonde. Tout cela était étrange et avait une résonnance bien connue d’outre-tombe.
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, dit-elle en éludant ce qu’elle venait d’entrevoir en lui.
Léo aurait voulu insister, rien que pour s’amuser à la déstabiliser. C’était son jeu favori envers les femmes de caractère.
Mais, soudain, on entendit les moteurs du navire se mettre en route.
- Il est vingt-trois heures, dit Léo. Nous allons larguer les amarres et prendre le large. Je dois vous laisser et remballer le buffet. C’était un plaisir… s’inclina-t-il respectueusement.
- Je vous en prie, fit-elle en se levant un peu surprise. C’était un plaisir aussi…
Puis, comme il s’attaquait à sa tâche, Solenne l’observa de manière étrange. Elle le fixait, les yeux à demi fermés et, à travers le filtre de ses perceptions extrasensorielles, elle distingua son aura fine et fatiguée qui ondulait d’un pastel de couleurs ternes tout autour de son corps, laissant une zone d’ombre inquiétante au niveau du foie. Solenne savait cette manifestation du corps être les prémices d’une maladie très sérieuse. Un cancer en gestation. Mais il était impossible de révéler au concerné un indice aussi peu manifeste pour le commun des mortels. Elle préféra donc taire ce qu’elle venait de voir sur lui. Elle devait garder ce secret pour elle. Voilà encore une chose qu’elle détestait avec ses dons ; la plupart de ses visions étaient comme des bombes à retardement. Elles ne pouvaient provoquer que des drames s’ils n’étaient pas dits et posés au moment opportun à des oreilles prêtes à entendre la chose.
Il quitta la pièce avec ses plateaux empilés, sans un regard pour elle. La bouche encore pleine de saveurs exquises, Solenne claqua la langue en le regardant quitter la pièce d’un bon pas. Ses petits canapés l’avaient vraiment mise en appétit, mais son estomac s’était soudain noué. Elle se maudissait intérieurement de manquer de courage et d’humilité à savoir dire les choses et surtout à savoir les dire au bon moment. Pourquoi et comment devrait-elle annoncer à cet homme ce qui allait ronger son corps de l’intérieur ? Voilà un fardeau dont elle se serait bien passée.
Elle se leva et sortit sur le pont supérieur, près du bastingage, sa flûte à champagne à la main. Elle observait la nuit et les lumières du port qui s’éloignaient, absorbée dans ses pensées tourmentées.
- Tatie, tu as vu ? … nous partons en croisière ! Je suis sûre que nous allons trouver ici un soupirant, hein ?… toutes les deux…
Une petite robe fourreau rouge montée sur ressorts s’approcha de la sienne. Justine, sa nièce, excitée à l’idée de prendre la mer sur un grand navire de luxe voulait partager avec sa tante l’aventure dont elle était l’invitée de marque. Solenne pencha un regard attendri sur la toute jeune fille qui se tenait près d’elle. Elle, du haut de ses quatorze ans, rêvait de belle vie et de trouver un amoureux. Le cadre romantique d’une croisière lui avait mis l’imagination en ébullition. Posant son verre de jus d’orange sur le bastingage, elle axait son regard dans la même direction que sa tante, voulant imiter au mieux la gestuelle des grandes personnes en quête d’amour.
- Je t’ai vue parler avec le cuisinier, tout à l’heure, poursuivit-elle sur un ton confident. Il t’a tapé dans l’œil, hein ? Ils sont bons, ses petits fours, je trouve…
Solenne sourit à l’horizon. Les enfants avaient toujours une façon bien à eux de voir vivre les grands autour d’eux.
- Ce n’est pas parce qu’il fait de bons petits fours qu’il m’a tapé dans l’œil, Justine, sourit Solenne.
- Alors, c’est quoi ? … parce qu’il a des yeux de braise ?
- Et d’abord, il ne m’a pas tapé dans l’œil, comme tu dis. Si tu avais bien écouté ce que nous disions, tu aurais compris qu’il ne m’apprécie pas du tout et que moi, je suis une maladroite de première. Donc, ne te fais pas trop d’illusions, ma chérie. Il n’y a rien du tout entre le cuisinier et moi.
- Oh… fit Justine la mine désolée.
Puis, l’adolescente leva les yeux vers elle et prit un ton qui se voulait particulièrement convaincant :
- Eh bien, moi, je suis sûre que si tu lui dis qu’il fait les plus merveilleux petits fours du monde il va venir t’embrasser.
Solenne éclata de rire.
La vie était si simple à travers les yeux d’une adolescente. Et c’était si compliqué à travers les siens qu’elle se maudit d’avoir dû grandir si vite.
Je pense que dire qu’elle fait un feuilletage serait largement suffisant, à la rigueur expliquer le premier geste mais là je trouve ça un peu lourd. Après ça n’est que mon avis.
Par contre je me suis écrié tout haut : « Mais oui faut prendre les os de lapin ! J’aurais fait ça aussi !
Et mon coloc n’a pas compris que je réagisse toute seule devant mon PC lol
J’aurais peut-être pas mis tout les détailles de la déco et du style de la salle à manger au même endroit.
Ho merde ! On ne verra pas la réaction des convives T_T ça c’est con. J’aurais bien voulu apprendre que le lapin n’était pas si raté que ça.
« demanda-t-il, vaincu mais convaincu le moins du monde, ne cessant de remplir les choux. »
J’aurais ajouté le mot PAS : « demanda-t-il, vaincu mais pas convaincu le moins du monde, ne cessant de remplir les choux. »
« Je maîtrise pas mal de préparations, mais je n’ai pas votre maîtrise. »
Une petite répétition ^^
Bon à part ça, ce cuisinier me plait bien. Je n’aurais pas aimé être à la place de ton héroïne sur ce bateau, je déteste les mondanités et elle n’a pas l’air de les apprécier plus que ça. En tout cas c’est très bien raconté. Vont-ils s’entendent tout deux dans la cuisine ? Mon ami Yann ne supportait pas que je traine derrière lui dans « ça » cuisine (même s’il s’agissait le plus souvent de la mienne en fait) quand il faisait à manger.
Hihi ! J'imagine ton coloc. Le coup des os de lapin, ça m'est venu en rédigeant justement. Le cas de figure sur cette recette ne m'est jamais arrivé, mais si ça devait, je crois que je ferais comme ça. Par contre, c'est vrai qu'on ne verra pas la réaction des convives. Et pour cause, j'ai déjà trouvé ça super long à raconter et ça m'aurait semblé encore plus lourd. Donc, on ne va pouvoir faire que des suppositions sur la réussite de son menu.
En effet, il manque "pas". Ça, j'ai corrigé. On me l'avait signalé. Et la répétition aussi.
Pas top, les mondanités, hein. Ouais, je suis d'accord. Je dois avouer qu'il n'était pas évident à écrire, ce chapitre, car, comme tu l'as vu, il est important pour la rencontre et il fallait planter le décor, alors voilà. Souvent, c'est vrai, les cuisiniers aiment plutôt travailler seuls. Enfin, ça dépend lesquels et dans quelles conditions. En tous cas si Léo te plaît au premier abord même avec son humeur revêche, tant mieux.
Tout d'abord 2 petites remarques sans grande importance : dans cette phrase "vaincu mais convaincu le moins du monde"il ne manquerait pas un "pas" quelque part ?
et cette expression "il l’aurai déjà calculée" (manque un "t" a aurait) me gêne un peu dans la bouche (ou plutôt la pensée) du beau chef cuisinier.Voilà pour le détails. Pour le reste je trouve qu'il s'agit encore d'un chapitre bien amené, très pro au niveau des informations culinaires, mais lisible pour une néophyte de mon espèce. Tu as également le don de m'intriguer, soit sur le passé ET le présent de tes personnages, mais aussi sur les relations qui semblent s'amorcer (j'espère ! j'adore aussi les histoires d'amour compliquées....) entre les deux chef(e)s cuisiniers (ères).
On imagine aussi parfaitement bien le lieu, (ne me demande pas pourquoi ma typo change d'un coup, je n'en sais rien) même si les seuls bateaux que j'ai fréquentés sont des petits voiliers style "sun shine", on s'imagine parfaitement bien le yatch en question.
Tous les lieux que tu décris sont d'ailleurs parfaitement imaginables (ça se dit imaginables ??!! bref, ça se dira à partir de maintenant !)
En gros, on continue de suivre tes personnages et de vivre avec eux et c'est toujours aussi agréable.( J'espère que Mathilde va revenir car j'adorais ces retours dans le temps, dans sa cuisine d'époque, avec son beau mousquetaire!!)
Bref, même si on est pas cuisinier dans l'âme, ce chapitre là passe très bien.
Dès que je peux, je continue la suite !
Je viens de me rendre compte que depuis que j'ai posté ce chapitre, j'ai déjà modifié ces phrases que je n'ai pas retrouvées. Ce qui fait que bah... j'ai plus à corriger. Mais merci quand même, hein !
Bon, je suis contente que la cuisine que j'écris n'est pas trop rébarbative pour les néophites. Ce serait quand même dommage de les dégoûter. Et puis pour l'histoire d'amour, j'espère que la suite te plaira. Ça semble pour toi bien emmanché.
Je ne sais pas si je vais te rassurer en te disant que je ne suis jamais monté sur un yatch de cette envergure non plus. Je me suis aussi contentée de voguer sur des petits voiliers de la même taille que tes "sun shine". Donc, je me suis documentée via le net (merci Google !!) pour en détailler la description. C'est vrai qu'après avoir approfondi mon vocabulaire marin avec des histoires de pirates du 17e siècle, passer à la marine moderne, ça me faisait tout drôle. Mais c'était quand même intéressant.
Oui, oui, ça se dit imaginable. Enfin, on se comprend, c'est l'essentiel.
Mathilde et son mousquetaire vont revenir, oui. J'espère que ça te plaira. Je n'en dis pas plus, je ne voudrais pas te gâcher la suite.
Je suis contente que ce chapitre te plaise, car c'était pas gagné. Ce passage dans le grand luxe et les mondanités pourrait en rebuter certains.
Ce sera un plaisir de te retrouver au prochain chapitre.
Biz Vef'
Et j'avoue que je me suis un peu ennuyé en lisant cette partie.
Mais cela ne va pas m'empêcher de continuer ton histoire.
J'espère que tu m'en veux pas pour ce commentaire quelque peu négatif.
Je ne comprend pas vraiment ton insistance. Mais si d'aventure tu poursuis, j'espère que ça ira mieux sur les prochains chapitres.
Alors voilà ce que j'ai relevé pour cette première partie.
La méthaphore cuisine, musique est excellente. C'est très bien trouvé. J'ai trouvé les descriptions de la cuisine très réaliste. Mais j'ai l'impression que tu décris des recettes et je trouve que c'est trop long, j'ai passé pas mal de passage. Quoique ces descriptions sont intéressante. Il faut sûrement être un adepte de la cuisine pour apprécié ces descriptions mais cela n'est pas mon cas.
j'ai trouvé la description des lieux très efficace mais un peu trop longues.
La scène avec l'enfant et magnifique et très émouvante.
Des qu'il y a un enfant je craque lol.
à bientôt pour la suite de mon commentaire pour ce chapitre.
Heureusement qu'il y a Matisse pour t'émouvoir alors ! Je regrette que tu doives t'ennuyer tout le long du chapitre pour ne trouver que ça d'intéressant. Es-tu sûre de vouloir continuer ta lecture ? On dirait que c'est une souffrance pour toi. Si c'est le cas, ça m'ennuyerai vraiment de t'infliger ça.
J'ai volontairement voulu décrire tout le préparatif d'un repas. Je ne sais pas si ça va te rassurer, mais il n'y a que là que ça se passe. Ensuite, les phases "cuisine" ne sont plus aussi détaillées ; elles ont une autre finalité et un autre sens. Pour les passionnés de cuisine, ils peuvent, s'ils ont l'esprit du jeu et du défi, arriver à refaire les recettes rien qu'à relire ce chapitre. Ça m'amusait. Il semble que ça ne soit pas le cas pour toi.
"Monsieur Sabatini, l’éditeur, dégringola sportivement les quelques marches" --> aha, chapeau! Je m'imagine tout à fait l'éditeur en train de rejoindre Solenne "sportivement" .
En tout cas oui, j'ai trouvé que Solenne était bien mal à l'aise entourée de tout ce protocole la pauvre. Comme un oignon dans un bouillon x) . Enfin, sauf quand elle évoque son, livre lorsqu'elle se trouve dans la cuisine, là elle semble reprendre du poil de la bête ( ha! je me rappelle l'extrait du début, pas étonnant que ce Léo soit abasourdi. Mais apparemment, Solenne l'étonne plus qu'elle ne l'énerve ^^)
En plus on apprend que Solenne sait détecter les maladies? Ha ben, si c'est vrai qu'un cancer se prépare pour l'ours-cuisinier, j'ai pitié de lui. C'est dommage! Ca plus leur inimitié, ça gâche un peu l'ambiance de la croisière. Mais du coup c'est réussi.
a bientôt ^^
Ouais, Monsieur Sabatini, c'est un sportif, ça se voit hein ! huhu ! Et Solenne, bah... c'est pas trop son monde tout ça. Elle le fait juste pour la promotion de son livre. Léo s'étonne plus qu'il ne s'énerve contre elle... ma foi, c'est pas faux, bien qu'il ait quand même un fond agacé. Face à Solenne, il n'est pas exactement comme avec les autres.
Elle détecte les maladies, oui. C'est encore un des aspects de sa médiumnité. Et c'est plutôt un don dont elle se passerait bien, hélas.
J'espère à bientôt, ma chère Jamreo.
J'étais captivée par la préparation du lapin... Et au moment où Solenne allait achever, le drame de la crème tournée ! oh lala, c'était désolant pour la cuisinière. En tout cas, ce passage cuisine était captivant. Pas ennuyeux du tout. Pourtant, on pourrait penser qu'une aussi longue préparation presque culinairement livresque serait succeptible de lasser le lecteur. Mais j'ai trouvé ça aussi passionnant que l'histoire du mousquetaire. Ca se lisait tout seul. Et les verrines au chocolat donnaient l'eau à la bouche. Quand Diane débarque dans la cuisine et trouve Solenne stressée, et que cette dernière lui lâche la révélation qui tue tout : "j'ai râté mon lapin !" Là, j'étais vraiment morte de rire. Dit de cette façon, c'est tordant. Pour Solenne, c'est le drame du siècle. Alors que pour Diane à mon avis, ce n'est pas la fin du monde. Et ce choc entre deux univers Diane VS Solenne, monde normal VS cuisine de Solenne, c'était magique à lire. C'est dans ces petits moments transitoirs qu'on peut apprécier toute la passion de ton héroïne pour ce qu'elle entreprend sur son piano et dans ses fourneaux. C'est captivant et passionnant. Voilà pourquoi j'aime lire jusqu'aux descriptions que tu fais des moments où elle ne fait que couper une carotte en rondelle, équeuter des bêtes épinards, ou désosser un lapin.
Petite impression de déjà-vu aussi : quand tu décris son maniement du couteau en céramique. Là c'est toi que je vois bosser sur le marbre avec tes condiments et légumes ^^ Je vois la Vefree que je connais préparer le repas.
Deuxième partie de lecture : Léooooooooooooo !!!!
J'adore ce qui s'est passé sur le yacht ! vraiment du grand art. Tu m'avais lire une pré-version non ? Et ben celle-là était encore mieux, très réussie ! J'ai adoré les échanges entre ces deux cuistos. C'était savoureux à souhait. J'ai hâte de lire la suite. Dommage, je devrai poursuivre demain plutôt que ce soir... Oh ! et aussi, j'ai craqué pour le petit Mathis. Je trouve ce gosse adorable !
Enjoy !
Spilou ^^
Tu sais que j'avais sacrément la traquette avec ce chapitre. Il te concernait directement, d'une certaine manière. Le coup du yacht, toussa... Heureusement que Léo est là pour faire la balance dans ce monde guindé.
Oh, et puis, j'apprécie aussi ta remarque sur Mathis. J'aime bien aussi, ce petit garçon espiègle. Merci.
Alors, à bientôt pour ta prochaine lecture. Viens quand tu veux. Ici, c'est toujours ouvert.
Biz Vef'
J'apprécie également les descriptions des lieux, les couleurs des pièces, ce sont des passages réussis qui donnent du charme à ton histoire !
J'avoue que je ne mesure pas encore bien les implications de la révélation de Solenne sur sa vie antérieure, mais ton histoire en est à ses débuts et j'attends naturellement de lire la suite pour découvrir où tout ça nous mène ^^
En attendant, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai suivi Solenne sur le yacht de luxe. En effet, je suis comme elle : je n'aime pas du tout ce genre de monde (la jet-set et tout le toutim ><' yerk). Je me suis dit : "brrrrr, j'espère qu'on ne va pas s'attarder sur ce bateau au luxe tape-à-l'oeil, je préfère cent fois le château de Solenne qui, lui, a une vraie âme !"
Mais bon, j'admets avoir un peu (beaucoup) changé d'avis avec la rencontre de Léo. C'est mon coup de foudre du chapitre ! Dès l'instant où il a desserré les lèvres, je l'ai adoré et tout dans son attitude, dans ses répliques acerbes, dans son côté bourru a contribué à renforcer cette impression. J'ai été un peu destabilisée quand tu as fait le choix soudain d'adopter un point de vue interne à ce personnage après avoir privilégié celui de Solenne jusqu'ici, d'autant qu'il n'y a pas de rupture de récit pour marquer le changement de focale. C'est le premier personnage (de cette époque) dont on plonge ainsi dans les pensées. Mais bon, pourquoi pas ? ^^ Ca prouve qu'il est important à tes yeux et que tu le traites sur le même pied d'égalite que Solenne, non ?
Au passage où Solenne compare le plaisir de la cuisine à l'acte amoureux et où Léo s'exclame "hein ???", j'étais hilare ! Je l'ai senti un peu destabilisé sur ce coup-là, la pauvre Léo ^^'
D'ailleurs, elle n'est pas un peu dure avec lui ? Elle juge sa cuisine "sans plaisir" avant même d'y avoir goûté ! Je comprends qu'il soit vexé, moi XD Je veux bien que Solenne ait un sens de l'observation surdéveloppé, elle l'a vite étiqueté le pauvre choupi (ben oui, désolée, mais Léo c'est mon choupi).
Oh, et ma phrase préférée de Léo, c'est... attends, je cherche... là :
"- Vous me caressez dans le sens du poil, là, menaça-t-il."
C'est le "menaça-t-il" qui donne tout son charme à cette phrase x'D J'ai craqué pour lui, complètement !
Par contre, mon sourire s'est effacé sitôt que le regard extrasensoriel de Solenne lui diagnostique un futur cancer. Ca, ça m'a fichu comme une claque. Peut-être (probablement) parce que c'est un sujet qui m'est personnellement intime et que rien ne me stresse plus que ce mot, "cancer". Et peut-être parce que je suis particulièrement sensible à cela, la réaction de Solenne m'a paru un peu légère. Elle semble contrariée, oui, mais je me serais plutôt attendue à la voir bouleversée. Même si elle a dû en voir des merdes dans l'aura des gens, je crois qu'il y a des choses auxquelles on ne s'habitue pas, surtout quand elle sait qu'elle ne peut pas révéler cette vision sans être prise au sérieux. Elle arrive même à rire, peu après, avec Justine sur le pont. Il y a là une ligne de tension qui aurait pu gagner à être étoffer... à moins évidemment que tu aies tes raisons personnelles de t'en tenir là. En fait, Solenne aurait des traits psychologiques plus "durs", je crois que ça ne m'aurait pas trop choquée. Mais elle m'a fait l'effet d'être une personne chaleureuse, tendre, proche des gens, souffrant de sa perception dans une certaine mesure. Quand elle diagnostique la maladie latente de Léo, je m'attendais à la voir plus déchirée par rapport à son impuissance, ou en tout cas extrêmement mal à l'aise. Mais bon, je réagis avec la maturité d'une fille de trente ans un peu trop sensible ; Solenne est une femme qui a dû en voir des vertes et des pas mûres, je suppose qu'elle est plus aguerrie que moi face à ce genre de sujet. Il n'empêche, ça m'a rendue toute triste T_T
...
Ceci dit, je suis en train de percuter quelque chose. Peut-être y a-t-il une autre raison pour laquelle tu n'as pas insisté sur le côté tragique de ce diagnostic. Si nous restons sur la thématique des réincarnations, serait-il possible que Léo soit une résurgence du mousquetaire ? En effet, je me souviens que Guigui a été perforé au foie. Or, c'est au foie que la zone d'ombre apparaît. Ce n'est certainement pas innocent, je me trompe ? Ce n'est peut-être pas un cancer mais un traumatisme de l'organe qui se répercute sur cette réincarnation ??? Houlà, j'ai de la fumée qui me sort par les oreilles ! XD Je crois que j'essaie de me raccrocher à un espoir, là : le fait que la zone d'ombre corresponde au passé, et non au futur.
Bon, bref, j'espère de tout coeur que Léo n'est pas réellement cancéreux car j'adore ce personnage, et si j'adore ce personnage c'est parce que tu as pris un soin vicieux à me le faire adorer è_é Grrrrrr...
Je n'ai pas assez insisté dessus, mais ce chapitre est très bien écrit. J'ai réalisé récemment que tu étais un "bébé auteur" et je suis d'autant plus impressionnée par la qualité de ton écriture ! Un vocabulaire varié, un souci du détail, un beau sens de l'image (j'adore particulièrement toutes les comparaisons liées à la cuisine, lorsque Solenne se sent comme un oignon, là XD). Les dialogues sont vivants et bien menés, l'échange entre Solenne et Léo compte parmi mes préférés. Essaie peut-être de varier les verbes des incises de dialogue car tu recours très souvent dans ce chapitre à "faire" (Rompez ! fit-il à son équipage ; Merci, fit en chœur la famille de Barjac ; Très bien, monsieur Sabatini, merci, fit la jeune femme, etc.) Je te laisse juge ;o)
J'aspire à voir l'évolution de la relation Solenne/Léo (oui, je me fais déjà des films avec ces deux-là), ainsi que leur relation avec le passé ! Courage pour la suite ! ^^
La première partie m'a effectivement donné des sueurs froides, car j'ai eu très peur d'ennuyer le lecteur avec des longueurs et de longs descriptifs. Pourtant, même après avoir retravaillé le texte au moins trois fois, je ne me suis pas résolue à couper court les préparatifs de toutes ces recettes. Et donc, si ça t'a donné faim, c'est tant mieux. C'est déjà un point de gagné.
Pour ce qui est des implications sur la réincarnation de Solenne, en effet, les explications arriveront au fil de l'histoire et pas tout d'un coup. Il te faudra un peu de patience pour cela.
Ensuite, pour ce qui est de l'arrivée sur le yacht, là, si tu n'aimes pas, il faudra t'en prendre à Spilou, aussi. C'est sa faute. Non... en fait, bien gentiment et bien maladroitement, j'ai emprunté un de ses rêves qu'elle avait fait au sujet de PdC à ses tout débuts et donc j'ai utilisé son contexte, où Solenne faisait une séance de dédicace sur un yacht. Je te rassure, c'est un univers qui n'est pas de ma prédilection et ça doit se sentir aussi. Ne serait-ce qu'à travers l'attitude de Solenne. Heureusement que Léo arrive pour faire diversion. Lol !!! Je note ta remarque sur le changement de focale dans mon récit lors du dialogue entre Solenne et Léo. Maintenant que tu le dis, je me rend compte que c'est un peu brouillon et mélangé. Une fois, on se place côté Solenne et pouf ! ... on saute au point de vue de Léo. Je crois que je vais réétudier la question. Merci d'avoir soulevé ce passage. Mais, en effet, ça montre que Léo est important. Faudrait juste que ça soit dans le bon ordre narratif, en fait.
Enfin, si Léo t'a séduite, c'est encore un point de gagné pour moi. Mais j'en perds un aussitôt à cause de Solenne qui, cette fois, est un peu dure avec lui. Et attends ! ... à ma première mouture, elle était carrément rentre-dedans... beurk ! Je me suis dégoûtée, moi-même. Oui, elle est un peu dure et surtout maladroite avec Léo. Finalement, elle n'a jamais vraiment cotoyé de cuisiniers professionnels avec leur fierté et tout. Et là, elle tape carrément dedans, la vilaine ! J'avoue que c'est le point sur lequel je bloque avec mon perso. Elle est à la fois dure et inflexible autant qu'elle peut être chaleureuse et proche des gens. Dans sa tendresse, par contre, elle ne l'a pas encore exprimée, car elle garde une façade, même envers elle-même particulièrement intransigeante. Donc, on peut dire qu'elle a un aspect "dur".
Ensuite, vient le passage de sa vision aurique qui, je peux très bien le comprendre, te touche particulièrement. Il se trouve que je connais bien ce sujet aussi, même si je ne l'ai pas vécu dans mon corps mais à travers celui de ma mère. En dehors du fait que je pourrais très bien développer un peu plus le sentiment de Solenne sur sa vision, son expérience passée lui fait encaisser la chose avec plus de froideur qu'à ses débuts. Elle n'est donc pas trop bouleversée parce qu'elle connaît déjà ça à travers d'autres visions. On peut se dire aussi que finalement Léo n'est encore pas grand chose pour elle, à part des impressions restées fugaces qui font qu'il est un peu à part. Mais, je note quand même ta remarque judicieuse.
Mais, ton intuition n'est vraiment pas loin de la vérité quant à ta réflexion sur Léo et Guigui. Je ne vais pas en dire plus pour ne pas gâcher la suite des événements, mais.... tu chauffes, tu chauffes !
Merci pour ce que tu dis sur mon style. Ça m'encourage énormément. C'est vrai que j'ai toujours du mal à trouver le bon vocabulaire pour incises de dialogues. Je vais donc redoubler d'effort pour me perfectionner là-dessus aussi.
Merci aussi d'aimer autant mon histoire au point de la faire figurer parmi les meilleures plumes de l'année sur PA. Franchement, si on m'avait promis une telle consécration, j'aurai cru qu'on me faisait une grosse farce. Alors, quand je vois que c'est véritablement vrai, je suis .... je suis ... toute chose.
Donc, je te fais un gros poutou-câlin-bisou pour tout ça.
Vef'
Alors déjà, j’ai été spoilée par la Plume d’Or, mais j’aime déjà le tandem explosif Solenne/Léo ^^ (par contre, elle a de drôles de méthodes pour aborder les gens introvertis xD mais oui, je sais, elle ne cherchait pas à le séduire…) J’ai bien hâte de savoir ce que la suite révèle, même si la maladie n’augure rien de bon :’(
Bon, par où continuer ? C’est toujours un vrai plaisir de suivre les recettes et les pensées culinaires de Solenne (moi qui suis nulle en cuisine… tu as réussi à me faire prendre de bonnes résolutions !!!), bien que végétarienne j’ai apprécié les descriptions des plats :) (je t’avoue que j’ai eu un peu de mal avec le lapin ^^ j’ai préféré les bricks ♥) Et toute cette histoire que lui a racontée Antoine, sur les vies antérieures… je trouve ça chouette, vraiment original. J’aime bien la façon que tu as de mélanger toutes ces traditions, les cultures dans le grand bouillonnement de l’histoire :) (et j’ai beaucoup aimé le parallèle que tu fais avec la symphonie lorsque Solenne cuisine, avec les jeux de mots et les métaphores, c’est très poétique, très reposant et finalement très vrai quand on y pense !)
Je poursuis donc ma lecture avec un grand plaisir !
Gasp ! Si tu es végétarienne, c'est vrai que la description d'un menu viande, ça a de quoi écoeurer. J'ai tenté de le décrire tel que je le vis quand je cuisine. Et quand on cuisine une viande, même en faisant abstraction, la bête se rappelle à nous quand même. Surtout les volailles parce qu'on a le corps tout entier. Mais bon, je ne vais pas insister ici sur le côté désagréable. La cuisine a bien des aspects qui restent plaisants et tu as su y prendre aussi les bons côtés. Pour ça, tu as toute ma considération. J'espère que depuis ton déménagement, tu as réussi à te cuisiner un bon petit truc.
Merci encore d'apprécier mon histoire et ses aspects de vies antérieures ainsi que la symphonie culinaire.
je file à ton dernier commentaire.
Sinon, mes impressions ? Et bien écoute, honnêtement, je ne sais pas quoi dire. Tu me scotches, je ne peux pas m'arrêter de lire, et qu'est-ce que je peux te dire à part que c'est génial ? (En plus, je n'arrive pas à faire des commentaires constructifs... T_T).
J'aime le découpage de l'histoire, j'aime la relation entre le mousquetaire et Soeur Mathilde, tout comme j'aime celle entre Solenne et Léo, et tout comme j'aime le principe de transférer une âme vers une autre.
Bref, je suis sous le charme. Totalement !
Sous le charme..... tu sais que c'est du baume sur la peau, ce que tu me dis là ?! Merci, Clo'. Ça m'encourage à persévérer. *rougit de plaisir* Tant pis si tu n'arrives pas à faire de commentaire constructif. Moi, j'aime bien aussi, des commentaires comme les tiens, si enthousiastes, si plein de passions...
La première partie se consomme sans modération. Les gouts, les couleurs, les senteurs, les ambiances et toute la musique qui se dégage de cette préparation, tout ça, ça a été un véritable régal pour mon imagination. En fait, je suis émerveillée par ta manière de décrire les exploits culinaires de Solenne, par tout le cœur que tu mets dans ces scènes. Miam.
La seconde partie, sur ce bateau, est très différente par contre. On laisse les vieilles pierres et on va dans du clinquant. A vrai dire, ce bateau m’a filé le tournis avec ce personnel posté au moindre recoin, ses manières impersonnelles… Mais heureusement que Solenne a eu l’idée d’aller explorer les cuisines ^^ C’est vrai, il aurait été dommage de passer à côté de Leo, hein. Ça aurait été regrettable de ne pas faire les frais de sa si bonne humeur :P
Là, j’avoue que la tactique de Solenne m’a un brin surprise. Quelle idée de se jeter comme ça sur ce pauvre homme, franchement XD Mais leurs interactions m’ont bien fait sourire dans ce chapitre. D’ailleurs, si je ne m’abuse, c’est la première fois que tu adoptes un point de vue autre que celui de ta cuisinière, et ça donne une autre dimension aussi bien au personnage de Leo dont on découvre les pensées, qu’à celui de Solenne qu’on voit par des yeux étrangers.
Et ce changement de point de vue m’a fait m’interroger également sur l’importance que tu donnes et/ou comptes donner à Leo. Parce que – oui, j’ai l’esprit tordu – mais puisqu’on parle de vies antérieures, ce Leo ne serait-il pas la réincarnation de notre Mousquetaire ? Tu sais, tu peux tout me dire, j’irai le répéter à personne. *sourire jusqu’aux oreilles*
Mais point noir dans le tableau – notre cuisinier est atteint d’un mal qu’il ne connait pas encore. Ça fiche froid dans le dos de le savoir. D’ailleurs, je me suis demandée comment Solenne arrivait à rester aussi stoïque… Bon, j’imagine bien que ce n’est pas la première fois qu’elle a une « vision » de ce genre, mais, hum…
Enfin, voila pour ce chapitre. Oh, bah chouette, c’est l’heure du déjeuner justement :P
Oh, mais tu postes plus vite que ton ombre... Et moi qui croyais que j'étais enfin à jour pour PdC...
Ensuite, voilà l'aventure maritime. Enfin, si je puis dire. C'est la faute de Spilou d'abord ! Si tu as quelques griefs sur le clinquant de la situation, c'est à elle qu'il faut s'adresser, puisque je me suis inspirée d'un de ses rêves. Enfin, ça m'a donné du fil à retordre mine de rien, parce que, tout comme Solenne, c'est vraiment pas mon monde. Alors, oui, voilà, dans cet univers lissé et policé, voici Léo. Chouette, l'humeur, hein ! Et en effet, il y a deux points de vue abordés. Je ne suis pas sûre d'avoir été très adroite sur ce coup-là. Je pense que ce passage pourrait être réécrit plus subtilement. Je ne sais pas, mais voilà, je ne me sens pas très sûre de moi, pour le coup. En tous cas, ça te donne de bonnes idées à ce que je vois ... hinhin ! En effet, l'importance du personnage est marquée, mais je n'en dirais pas plus. Je ne voudrais pas te gâcher la suite, même si le suspense n'est pas insoutenable.
Alors, je te souhaite un bon appétit, hein. Et puis pour le chapitre suivant, tu as le temps. Ne t'en fais pas.
Biz Vef'