Chapitre 51 - Erkhän

Comme à chaque fois qu’il devait rejoindre l’aspirante Annya, Erkhän était impatient. Il l’avait toujours été de nature, mais il se demandait parfois si cela n’était pas pire depuis qu’il l’avait rencontré.

Il tournait en rond, inquiet à l’idée qu’elle change d’avis et ne vienne pas. Planifier cette journée n’avait pas été difficile pour lui, mais ça avait été une tout autre histoire de la convaincre d’y participer. Erkhän avait hâte de pouvoir l’emmener visiter les alentours de sa cité et de lui montrer toute la beauté de son royaume, et ce, sans personne pour les interrompre.

Lorsqu’il la vit arriver au loin, Erkhän sentit un poids s’enlever de sa poitrine. Elle était venue. Il la regarda avancer vers lui, ses longs cheveux s’agitant dans son dos au rythme de ses pas. À regret, il constata qu’elle portait toujours la tenue sombre des membres de la Confrérie de Lune, et donc qu’elle avait refusé les vêtements qu’il avait fait livrer dans ses appartements. Erkhän aurait aimé la voir vêtue comme une dame de la cour. Plus tard, il devrait la questionner à ce sujet, mais pour le moment, le seul fait qu’elle soit là le satisfait amplement.

— Excusez-moi Duc Erkhän, mais… qu’est-ce que tout ceci ?

Il se rembrunit à la mention de son titre, qui sonnait comme une distance entre eux, puis se tourna vers la direction qu’elle fixait. L’aspirante regardait avec de grands yeux le carrosse qu’il avait fait apprêter et la dizaine de soldats armés et à cheval. Erkhän chercha ce qui pouvait bien l’étonner à ce point et finit par se tourner vers elle, un air interrogateur sur le visage.

— Quelque chose ne va pas ?

— Quand vous m’avez proposé de voir votre cité de l’extérieur, je ne m’attendais pas à une troupe militaire escortant un convoi, expliqua-t-elle, mal à l’aise. Excusez-moi, j’aurais dû me douter qu’un Duc ne pouvait pas se déplacer autrement.

Inconsciemment, Annya fit un pas en arrière, visiblement perturbée par la situation. Erkhän, lui, bien que conscient de son trouble, ne comprenait pas vraiment en quoi l’escorte était un problème. Peut-être était-il trop habitué à ce genre de chose. En réalité, il ne connaissait rien de la vie de la jeune fille et de ses habitudes. Il l’avait observé pourtant, et elle ne semblait pas être originaire du bas peuple, au contraire, il était presque certain qu’elle avait du sang noble dans les veines. Erkhän lui adressa un faible sourire d’excuse, il venait de faire un faux pas, il était évident que pour elle, carrosse et soldats étaient quelque chose de tout à fait disproportionné. Un instant, il eut peur qu’elle refuse de l’accompagner.

— Rassurez-moi, notre promenade tient toujours ? demanda-t-il en s’avançant doucement vers Annya.

L’aspirante se mordilla la lèvre, comme prise au piège. Elle évitait de croiser son regard.

— J’ai peur que ce ne soit pas une bonne idée. Veuillez m’excuser.

Il fit un pas de plus vers elle.

— Venez, je vous en prie. Je vous assure que ce que j’ai à vous montrer vaut le coup d’œil. Vous ne le regretterez pas. Après ça, je vous laisserais tranquille.

L’aspirante sembla hésiter et recula une fois de plus. Il pouvait sentir qu’elle était sur le point de flancher, il lui suffisait d’insister un peu plus.

— Je vous en prie, répéta-t-il.

Elle le regarda longuement et se décida enfin à le rejoindre. Erkhän lui sourit tout en dissimulant l’intense sentiment de satisfaction qui le submergea. Finalement, elle n’était peut-être pas si insensible à son charme. Il l’aida à monter dans le carrosse puis s’installa face à elle. Pendant de longues minutes, il l’observa regarder le velours et le satin des coussins, suivre du doigt les broderies de fils d’argent. Tout l’intérieur était tapissé des teintes rouges et noires, les couleurs du Royaume de Piques.

— C’est magnifique, souffla-t-elle.

— Vous avez bien fait de venir alors.

Un large sourire illuminait le visage du jeune Duc. Il la laissa prendre son temps, admirer la beauté de l’artisanat du Nord. De toute évidence, elle n’avait pas eu l’occasion de voir ce type de travail bien souvent. À cette pensée, l’envie d’apprendre sa véritable identité se fit plus forte encore, il voulait en savoir plus sur le mystère qui entourait l’aspirante.

— Dites-moi Annya, qui êtes-vous ?

Elle inclina la tête sur le côté, comme si elle ne comprenait pas réellement la question.

— Vous le savez déjà.

— Non, je veux dire, qui êtes-vous vraiment ?

Un air amusé agita le visage de la jeune fille.

— Je suis membre de la Confrérie de la Lune. Annya est le nom que j’ai choisi en devenant aspirante. J’ai laissé tout le reste derrière moi.

— Je ne pourrais donc pas en savoir plus ? insista-t-il.

— J’ai bien peur que non.

Erkhän soupira faiblement, mais le sourire qu’elle arborait suffit à calmer sa curiosité.

— Il faudra donc que je m’en contente, je suppose. Du moins pour le moment, ajouta-t-il. Puis-je au moins savoir pourquoi vous avez refusé de porter mon présent ? Vous déplaît-il ?

— Oh, bien sûr que non, s’empressa-t-elle de répondre. C’était ravissant. Ne le prenez pas personnellement, je suis une future Ombre et j’ai le devoir de représenter la Confrérie où que je sois.

— Je vois. C’est bien dommage.

Il aurait vraiment aimé la voir avec la robe qu’il avait spécialement choisie pour elle. Peut-être, un jour, pourrait-il la convaincre de l’essayer pour lui ?

Un silence pesant s’établit lentement à l’intérieur du somptueux carrosse. Erkhän ne quittait pas l’aspirante des yeux et finit par remarquer qu’elle s’enfonçait le plus possible dans les coussins, comme si elle voulait disparaître.

— Que faites-vous ?

— Nous traversons la partie basse de la cité.

— Ça ne répond pas à ma question.

Annya haussa un sourcil, étonnée.

— N’avez-vous pas peur qu’on me voie en votre compagnie ?

Cette fois, ce fut autour d’Erkhän de lui renvoyer un air étonné.

— Pour quelle raison ?

— Oh, je pensais que tout ceci était dans ce but, répondit l’aspirante en désignant le carrosse, gênée.

— Bien sûr que non ! Cela dit, vous avez raison, il est inutile d’alimenter les rumeurs.

Erkhän ferma aussitôt les fins rideaux qui encadraient les fenêtres des portières, les dissimulant aux regards extérieurs. Annya se détendit aussitôt. Il n’avait jamais pensé la cacher, à vrai dire, ça ne lui était même pas venu à l’idée. Ses doigts tapotèrent machinalement le velours d’un coussin. Il était en effet plus raisonnable de se montrer discret, certaines de ses connaissances pourraient ne pas apprécier cette distraction, notamment Seknä. Erkhän était surpris de ne pas y avoir pensé par lui-même, ça ne lui ressemblait pas.

— Si je puis me permettre, où allons-nous ? demanda soudain la jeune fille.

— Je vous en prie, laissez-moi le plaisir de la surprise.

Il lui présenta son demi-sourire irrésistible et elle le fixa un moment, à mi-chemin entre deux expressions, avant d’acquiescer.

— Très bien. Est-ce loin ?

— Assez oui. Mais ce laps de temps nous permettra de discuter à loisir. Je vous promets que vous ne serez pas déçue.

— Vous savez que je ne peux pas quitter la proximité de Lignis, dit-elle en se redressant, soudain inquiète.

Erkhän se laissa retomber entre les coussins, comme si ça ne posait pas le moindre problème.

— Personne n’en saura rien, je vous l’assure. Et dans le pire des cas, je dirais que j’avais besoin d’une Ombre pour escorte, et qu’en leur absence, je vous ai choisi vous. C’est la mission des vôtres de protéger les royaumes et leurs dirigeants, vous ne pouviez pas refuser.

Erkhän était très satisfait de son histoire et pensait la rassurer. Il fut déçu de constater que l’aspirante n’était pas très convaincue, pourtant elle inclina imperceptiblement la tête.

— Je vous fais confiance, Duc Erkhän.

— Au risque de me répéter, faites-moi plaisir, appelez-moi seulement Erkhän, la reprit-il. Nous ne sommes qu’entre nous. Et puis, j’ai une excellente raison à cela.

Il avait dit ces mots sur le ton de la confidence, comme un secret savamment gardé.

— Ah oui ?

Erkhän en profita pour se rapprocher d’elle.

— Gardez cela pour vous, mais il se pourrait bien que je ne sois plus Duc très longtemps.

— Que voulez-vous dire ?

— Une ascension, si on peut dire, s’amusa Erkhän. Et il se pourrait que cela arrive prochainement.

L’aspirante replaça inconsciemment une mèche de ses cheveux et lui sourit.

— Je vous félicite, ce doit être important pour vous.

— Vous ne pouvez pas imaginer à quel point.

— Allez-vous devoir quitter votre cité ?

Erkhän ne s’attendait pas à cette question. Il est vrai que s’il héritait d’un titre plus élevé il pourrait recevoir des terres ou être invité à résider à la capitale, mais il ne s’attendait pas à ce qu’elle pense à ce genre de chose. Elle en savait plus que ce qu’elle laissait le croire. Il décida pourtant de répondre sincèrement.

— C’est possible, en effet. Au moins pour un certain temps, mais je ne renoncerais pas à Lignis.

La jeune fille acquiesça comme si elle comprenait parfaitement sa position.

— Je suppose que peu de personnes sont informées. Pourquoi m’en parler ?

— J’avais envie de partager un secret avec vous.

Ils se regardèrent tous deux et Erkhän eut l’impression que l’air crépitait entre elle et lui. Ses yeux gris semblaient attirer la jeune fille autant qu’il avait l’impression de pouvoir sombrer dans le bleu profond des siens. Il avait envie de se rapprocher d’elle, mais il savait que c’était trop tôt, il devait faire preuve de patience. Je n’ai jamais été aussi patient, songea-t-il.

Et soudain, le carrosse cahota brusquement et Erkhän étouffa un juron. L’instant fut coupé, l’aspirante détourna timidement le regard et il ajusta ses manches pour se donner une contenance, masquant à peine son sourire.

Autour d’eux, le paysage changeait progressivement. La cité avait laissé place à un sol rocheux jonché, çà et là, de buissons épineux et de rares arbres solitaires couchés par le vent qui soufflait perpétuellement à proximité des falaises du Gouffre des Embruns.

Ils parlèrent des heures sans vraiment s’en rendre compte. Erkhän lui confia qu’il avait plusieurs demi-frères, mais qu’il était seul aux commandes de Lignis. Pour autant, il ne révéla pas leurs véritables identités ni son lien de parenté avec le roi, et curieusement, elle ne chercha pas à les connaître.

Sur sa demande, elle lui parla de ses entraînements avec Saule et de ses débuts difficiles à la Confrérie, mais elle aussi resta très vague sur le sujet. Ils abordèrent encore les récits d’histoires et de légendes du passé, s’amusant des différences qu’il pouvait exister d’un royaume à l’autre à propos d’un même événement. Enfin, le carrosse s’immobilisa.

Erkhän attendit que son page ouvre la portière à sa gauche et descendit. Au pied des marches, il tendit élégamment sa main à l’aspirante et afficha un sourire triomphant au moment où elle découvrit le paysage sous ses yeux. Annya se figea de surprise et pendant quelques secondes elle sembla être quelqu’un d’autre. Erkhän attrapa doucement ses mains et elle se laissa entraîner avec grâce, sans même s’en rendre compte. À cet instant, elle ne ressemblait plus à une simple jeune fille, mais à une dame de la cour, habituée aux usages dus à son rang, et cela plaisait au Duc. Il resserra la pression de ses doigts sur les siens.

— Que dites-vous de ma surprise ?

— C’est…

Elle fut incapable de prononcer le moindre mot. À une dizaine de mètres devant eux s’étendait la magnifique forêt des Feuilles Pourpres. Le soleil éclairait les troncs lacérés d’un blanc éclatant et les feuilles flamboyaient comme des joyaux, renvoyant mille reflets à travers les arbres. Annya semblait hypnotisée par ce spectacle. Elle se rapprocha sans un mot et posa sa main sur l’un des troncs. Ses doigts coururent lentement sur l’écorce rugueuse de l’arbre et ses yeux se tournèrent vers les profondeurs de la forêt, comme si ce contact l’incitait à pénétrer un peu plus dans ce lieu maudit. Derrière elle, Erkhän hésitait à la rejoindre à la lisière des arbres.

— Je ne vous pensais pas si téméraire, lui dit-il. Peu de personnes s’approchent aussi près volontairement.

— Je connais cet endroit, répondit calmement l’aspirante, nullement sur ses gardes.

— Vous êtes déjà venu ici ?

Elle secoua la tête, sans toutefois détourner son regard.

— Non. Je l’ai observé longtemps depuis le royaume voisin. J’ai toujours rêvé de pouvoir m’en approcher.

Le royaume voisin ? Vous avez donc séjourné sur les terres de Carreau, pensa Erkhän. Il sourit et se décida à la rejoindre malgré sa méfiance.

— Alors je suis heureux d’avoir pu vous aider à réaliser ce rêve.

Annya passa délicatement ses doigts sur le relief des stigmates figés dans le bois.

— Regardez Erkhän, les troncs sont triés de marques, comme le raconte la légende.

— Telles les cicatrices laissées par les coups d’épées de jadis. Vous m’appelez par mon nom, releva-t-il, tout sourire, la forêt aurait-elle déjà des effets sur vous ?

Elle l’ignora.

— On raconte que la folie du Roi Fou atteint tous ceux qui osent y pénétrer, récita la jeune fille.

Cette fois, Erkhän l’observa attentivement, la mine soudain sérieuse.

— Annya, allez-vous bien ?

— Est-il vrai que tous ceux qui s’y enfoncent perdent la raison ou ne reviennent jamais ?

Bien que connaissant parfaitement la réponse à cette question, Erkhän s’abstint de répondre. Le comportement de l’aspirante avait changé du tout au tout en quelques minutes et il commençait presque à regretter de l’avoir amenée jusqu’ici. Elle semblait ailleurs, comme si son esprit était parti se perdre loin de son corps. Les expressions d’habitudes si nombreuses sur son beau visage s’étaient éteintes. Même ses yeux donnaient l’impression de ne plus vraiment voir, ou s’observer quelque chose qui lui était invisible, à des kilomètres de là.

— Regardez ces feuilles, continua-t-elle d’une voix qui sonnait étrangement, comme le soleil traverse leur couleur écarlate de ses rayons. C’est magnifique.

Erkhän se rapprocha doucement de l’aspirante, inquiet, mais il se méfiait trop de cette forêt pour y entrer davantage. Trop de choses se racontaient à son sujet. Il l’atteignait presque et allait lui saisir le bras quand sans prévenir, elle s’enfonça entre les arbres.

— Annya. Annya !

Il la regarda s’éloigner, choqué. Pourquoi entrait-elle dans la forêt ? Elle savait pourtant autant que lui à quel point c’était dangereux. Erkhän hésita de longues secondes, luttant contre la peur que lui inspirait l’endroit, jura, puis se lança à sa poursuite. C’était une idée stupide, il en avait conscience, mais il n’avait pas pu s’en empêcher. Derrière lui, il entendit ses hommes l’interpeller au loin. Aucun d’eux n’oserait s’aventurer dans la forêt, même pas pour lui venir en aide. Il pesta contre ces incapables, s’il réussissait à en ressortir vivant, il n’en serait peut-être pas de même pour ces bons à rien de soldats. Il fallait peut-être être fou pour le suivre, mais il fallait l’être encore plus pour se mettre à dos le Duc de Lignis.

Devant lui, l’aspirante avait presque disparu de sa vision. Malgré ses appels, elle ne se retournait pas, comme si ses mots ne parvenaient plus jusqu’à elle. Erkhän courrait à présent, de plus en plus angoissé à l’idée de s’enfoncer davantage entre les arbres. Quelque chose l’oppressait dans cet endroit, quelque chose de mauvais. Et si elle avait perdu la raison ? Si la forêt avait déjà pris au piège son esprit et tentait de l’atteindre lui, à son tour ? Il accéléra encore, hésitant à chaque pas à rebrousser chemin avant qu’il ne soit trop tard, quand il parvint enfin à la rattraper. Erkhän lui saisit violemment le bras et la força à faire volte-face, la coupant net dans son élan.

— Que vous arrive-t-il bon sang ? hurla-t-il en affirmant un peu plus sa prise.

Il avait crié sans le vouloir, la peur prenant le dessus. Ses yeux cherchaient désespérément ceux de l’aspirante, guettant le moindre signe de conscience. Erkhän ne remarqua pas tout de suite le regard apeuré et surpris qu’elle lui rendait, comme si elle ne comprenait pas sa réaction. Elle cligna des paupières plusieurs fois et jeta des petits coups d’œil autour d’eux, l’air hagard.

— Où sommes-nous ?

Erkhän soupira, rassuré de voir qu’elle avait enfin recouvré ses esprits. Il lui adressa un semblant de sourire, sans toutefois la relâcher. Le jeune Duc n’était pas véritablement en colère, mais la frayeur qu’il venait d’avoir l’avait fait sortir de ses gonds.

Soudain, il sentit la peau d’Annya devenir glaciale sous ses doigts et la jeune fille se mit à trembler de tout son corps. Était-ce un contrecoup de ce qui venait de lui arriver ? Elle semblait si fragile au milieu de cette forêt maudite, si peu à sa place. Sans véritablement y penser, Erkhän l’entoura de ses bras, la réchauffant de sa peau brûlante.

— Ça va aller, lui souffla-t-il.

Il savait qu’ils devaient sortir des Feuilles Pourpres, lui aussi commençait à ressentir ces effets néfastes. Sa tête bourdonnait légèrement, comme lorsqu’il buvait trop de vin. Pourtant, il ne parvenait pas à s’y résoudre. Ils restèrent ainsi de longues minutes, seuls, perdus au milieu d’une forêt ou les troncs immaculés contrastaient étrangement avec la dureté de la couleur de leurs feuilles. Un paysage envoûtant où l’esprit avait tôt fait de s’égarer pour errer à jamais.

Annya finit par s’écarter doucement de lui, sa raison reprenant progressivement le dessus, mais il l’en empêcha. Il n’avait aucune envie qu’elle s’éloigne. Partir lui semblait tout à coup moins urgent, moins essentiel. Erkhän chercha ses yeux et l’attira de nouveau contre lui, il en avait fini d’être patient. Il approcha doucement son visage du sien, conscient de l’effet fascinant que pouvaient produire ses prunelles grises, lutta pour ne pas sombrer dans celles de la jeune fille, puis posa délicatement ses lèvres contre les siennes. Contrairement à ce qu’il s’était attendu, Annya ne le repoussa pas.

L’instant sembla durer une éternité, puis ils se regardèrent sans rien dire, toujours serrés l’un contre l’autre. Les cris des soldats d’Erkhän, inquiets pour leur maître, se mirent à résonner dans la forêt. Il replaça tendrement une mèche derrière l’oreille de la jeune fille.

— Sortons d’ici, lui murmura-t-il.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez