Chapitre 52 : Aélya - Grossesses

- Vous avez réussi un sacré coup, jeune homme, dit le président.

Aélya sourit au terme « jeune homme » car si Chris paraissait physiquement plus jeune que le président, il était en réalité énormément plus vieux.

- Vous ne me croyez pas, comprit Chris, amusé.

- Que mes gardes du corps ne soient toujours pas là prouve votre compétence, continua le président.

- Ils n’ont aucune raison de venir. Ils vous croient tranquillement endormi. De plus, je ne suis pas une menace immédiate pour vous.

- Vous entrez dans ma chambre la nuit. Vous droguez ma femme pour qu’elle ne se réveille pas et vous me demandez de m’agenouiller ou de mourir.

- Je ne vous menace pas, insista Chris. Je vous mets au courant, nuance. Je ne vous propose pas de vous soumettre. Je vous ordonne de le faire parce que je suis le roi et que vous me devez obéissance.

Le président ricana nerveusement.

- Vous êtes allé voir d’autres dirigeants ? demanda le président américain.

- J’ai beaucoup hésité, admit Chris. Finalement, je me suis dit que j’allais utiliser le moins important comme cobaye, histoire qu’il essuie les pots cassés et me permette d’améliorer mon discours.

Le président américain gronda sous l’insulte.

- Il est clair que ma manière de présenter les choses ne convient pas. Vous ne me croyez pas.

- Écoutez, jeune homme. Vous êtes doué, à n’en pas douter. Je vous offre un poste à la CIA. Vos compétences vous le permettent assurément.

Chris ricana.

- Mais il va falloir oublier ces histoires de Vampire vieux de quatre cent mille ans. Les aliénés ne sont pas les bienvenus dans nos locaux.

- Aélya, dit Chris en tendant la main.

Aélya s’avança pour placer sa main dans celle du roi. Elle se doutait de ce qui allait suivre mais savait qu’elle n’avait pas le choix. Il n’avait pas encore sorti ses crocs. Elle n’avait pas le droit de le fuir.

Il l’amena vers lui, lui sourit et l’embrassa. Aélya se mit à califourchon sur ses genoux et entreprit d’embrasser son cou, offrant ainsi le sien. Elle savait que c’était ce qu’il voulait. Tant qu’il ne sortait pas les dents, elle parvenait à garder la maîtrise malgré la terreur. Ensuite, elle perdait toute contenance.

Le démon frappa, faisant reculer et hurler le président de terreur. Sa femme, endormie près de lui, ne remua même pas. Le somnifère était de bonne qualité.

Chris maintint fermement Aélya sur lui par la nuque, tandis que, toutes dents sorties, il annonçait, son regard planté dans celui du dirigeant américain :

- Je reviendrai demain soir. Bonne réflexion, monsieur le président.

Il rit ouvertement, dévoilant ses canines acérées. Tous crocs sortis, il déposa un petit bisou sur le cou d’Aélya qui gémit en réponse. Avec fermeté, il l’emmena dehors et ce fut seulement à ce moment-là qu’il rentra les dents et Aélya inspira fortement, comme si elle avait été en apnée jusque-là.

Se remettre d’un prélèvement à la source était déjà difficile mais là, ce fut bien pire.

- Aélya ! On y va ! gronda Chris.

La jeune femme tremblait de partout. Il l’emmena avec douceur et fermeté. Il prit le volant car son assistante peinait à reprendre contenance. À l’hôtel, elle put dormir et au réveil, elle se sentait très bien. Chris avait-il passé la nuit à moins de dix mètres d’elle ? Elle en douta. Probablement désactivait-il les entraves durant son sommeil. Il ne le lui avait jamais dit clairement et elle ne comptait pas lui poser directement la question.

- Il s’est pissé dessus, ricana Chris en russe tandis qu’Aélya avalait son petit-déjeuner en compagnie d’une femme américaine à moitié nue avec laquelle Chris avait probablement passé la nuit.

- Il va se terrer ce soir, supposa Aélya dans la même langue.

- C’est le but, indiqua Chris. Je veux qu’il fasse pour tout pour m’éviter et se rende compte que c’est impossible. En attendant, je vais reconduire cette poupée à la porte et on va pouvoir aller jouer les touristes. La statue de la liberté, central park, le metropolitan museum of arts…

Aélya frissonna.

- De quoi t’apprendre à supporter la foule. Il faut bien que tu surmontes, ça, Aélya. Tu ne peux pas rester craintive de cette manière toute ta vie. Que tu sois collée à moi ne me dérange pas mais j’aimerais te voir un peu sourire, d’accord ?

Aélya grimaça plus qu’elle ne sourit en retour. La journée fut agréable. Aélya la passa à moins d’un pas du roi, tremblant à chaque frôlement, sursautant à chaque bruit. Malgré tout, elle parvint à profiter des visites et il n’y eut pas un recoin dans lequel les deux amants ne baisèrent pas avec passion.

Aélya avala une pizza dans chaque restaurant qui en offrait, Chris lui en prenant systématiquement une part, afin de donner le change, des fois qu’ils soient surveillés. À la nuit tombée, Aélya et Chris montèrent dans une voiture conduite par une femme en noir.

- Aélya peut-elle m’accompagner ? interrogea Chris une fois la voiture à l’arrêt.

- Sa sécurité n’est pas garantie, annonça la femme en noir.

- Je mets les entraves en pause, en conclut Chris.

- Et c’est tout ? s’étrangla la conductrice. Mais… ça veut dire qu’elle peut se barrer si elle veut !

- Oui, mais elle ne le fera pas, dit Chris en sortant.

Il claqua la porte et disparut. Aélya s’installa confortablement dans la voiture et s’endormit. Elle s’éveilla dans le lit de la chambre d’hôtel le lendemain matin.

Elle conduisit le roi jusqu’à la navette qui fit le tour du monde via l’espace pour rejoindre la Chine, deuxième destination du roi. Le président américain avait mis un genou à terre. Aélya espéra que le dictateur chinois ferait de même. Ses vœux furent exaucés mais une démonstration fut de nouveau nécessaire.

Le président russe se montra très attentif. Il fallait dire que Chris avait amélioré son approche. Désormais, il réclamait audience officiellement et tous les proches du président l’entouraient, comme si cela le protégeait. Chris préférait cette option. Ainsi, davantage d’humains se soumettaient.

Les russes furent étrangement réceptifs et aucune démonstration ne fut nécessaire. La confirmation du dictateur chinois lui avait apparemment suffi si bien qu’Aélya marchait sur du velours. Chris ne la mordait qu’en démonstration, appréciant particulièrement sa vigueur sexuelle lorsque son sang pulsait à plein régime dans ses veines.

- J’hésite pour le suivant, admit Chris.

- Le président Indien ? proposa Aélya.

- C’est intéressant comme proposition. Pourquoi ce pays-là en particulier ?

- Parce que c’est le plus peuplé après la Chine ?

- J’hésitais entre l’Italie, l’Égypte et Israël.

- Vous visez les religions monothéistes, comprit Aélya.

- C’est risqué, je le reconnais. Elles connaissent notre existence. Elles nous croient en dormance, peu nombreux, traqués et apeurés.

- Faites d’abord l’Inde et la France histoire d’asseoir votre notoriété.

- La France ? répéta Chris avec une moue dubitative. Aucun intérêt.

- Ils ont une armée puissante et sont écoutés en Europe.

- Si je visais l’Europe, je choisirais plutôt l’Allemagne, répliqua Chris et Aélya sourit. Ceci dit, si je m’occupe de la France, l’Italie ploiera plus aisément.

Aélya haussa les épaules. Le roi était indécis et il lui était difficile de l’aider davantage. Cette décision serait la sienne au final.

- Je n’aime pas l’actuel président français, admit Chris.

- Le président russe était plus sympathique ?

- Oui, assura Chris.

- Il va envahir l’Ukraine ! rappela Aélya.

- Grand bien lui fasse. Je m’en contrefiche.

- Vous aimez l’humanité. Vous ne comptez pas l’aider ?

Chris explosa de rire.

- Pourquoi devrais-je choisir un camp plutôt que l’autre ? En quatre cent mille ans, j’en ai vu défiler, des conflits, des morts, des maladies. Les humains sont parfaitement capables de gérer leurs problèmes eux-mêmes.

Aélya lui lança un regard circonspect. S’il ne comptait pas prendre partie, que signifiait « régner » à ses yeux ?

- Je suis le roi du monde, rappela Chris. Je n’ai pas de préférence. Pourquoi devrais-je privilégier les palestiniens ou les yéménites ? J’accepte de donner des conseils si on me les demande gentiment et c’est déjà pas mal.

- Vous avez encouragé les russes dans leur volonté d’attaquer l’Ukraine.

- Absolument pas, la contra Chris. Je leur ai dis que ça ne me posait pas problème, c’est tout. Ce qu’ils en ont conclu n’est pas de mon ressort.

Aélya fit la moue. Elle n’était pas d’accord avec lui.

- Tout ce que je demande, c’est que si j’ordonne, je sois obéi, expliqua Chris. Ça n’est pas compliqué tout de même !

- Mais vous ne comptez pas donner d’ordre, sourit Aélya.

- Je ne sais pas, peut-être. Je veux pouvoir entrer dans n’importe quelle maison, fête, yacht, entreprise, domaine, bâtiment. Je veux ne jamais entendre de refus. Est-ce si compliqué ?

- Oui, rit Aélya.

Chris sourit en retour.

- Je n’aurai jamais ce que je veux, comprit-il.

- Ça n’empêche pas de faire en sorte de vous satisfaire le plus possible ! dit Aélya en se mettant sur le roi avant de l’embrasser.

Après une baise mémorable, ils partirent pour la France. Le président écouta, passa quelques coups de fil mais resta non convaincu. Chris fit une démonstration dans laquelle il ne but qu’une gorgée du sang d’Aélya avant de se retirer. D’habitude, il en profitait pour se nourrir, ne le faisant pas en dehors. Aélya était ravie mais surprise.

- À la navette ! annonça Chris dès qu’ils furent sortis.

- Quelque chose ne va pas ?

Il ne répondit rien. Aélya prit le volant vers une ferme dans l’est parisien. Dans un champ, la navette attendait. Chris désigna l’intérieur et dit :

- Tu montes et tu retournes dans les fermes. Je passerai te voir de temps en temps, ne t’inquiète pas.

- Mais pourquoi ?

- Pas le temps. Stan t’expliquera. Je ne t’abandonne pas. Je reviendrai te chercher après.

- Après quoi ?

- Stan t’expliquera. Va maintenant.

Aélya monta à bord. Tandis que la voiture s’éloignait, elle ferma la rampe d’accès et décolla, traversa le tube pour atterrir au point indiqué par le contrôle sur le toit d’un bâtiment blanc. Stan l’attendait à sa sortie.

- Bonjour, Aélya.

- Bonjour, monsieur.

- Ton nouveau village. On a préféré t’installer auprès de femmes qui ne te connaissent pas. Tes règles de vie sont simples : tu prends soin de toi. Pas de prélèvement.

- Pourquoi ? interrogea Aélya, abasourdie.

- Tu peux aller où bon te semble : dans les champs, au marché ou au village, continua Stan. Retire cette robe.

Aélya se dévêtit devant Stan sans pudeur. Il la mata avec envie mais Aélya savait qu’il n’avait pas le droit de poser les mains sur elle. Elle passa la tunique qu’il lui tendait. Stan continuait malgré tout de la déshabiller des yeux.

- Je ne te donnerai pas de tablette, indiqua-t-il. Je doute que tu t’ennuies lors des cueillettes ou au marché. Tu as le droit de te blesser tant que ça n’est pas grave.

- Je ne comprends pas. Pourquoi un tel changement ?

- Parce que tu es enceinte, dit Stan avant de s’éloigner.

Aélya se figea un instant. Stan allait disparaître derrière une porte alors elle lança :

- Stan, non ! Vous ne pouvez pas ! Putain mais merde ! Comment ça je suis enceinte ?

Stan se figea et se retourna, amusé.

- Tu as besoin d’une définition ?

Aélya gronda en rejoignant son éleveur à la porte.

- Je n’ai jamais eu qu’un seul partenaire sexuel.

- Et alors ?

- Alors je ne suis pas une homo sapiens sapiens. Je sais que j’ai vingt-sept paires de chromosomes au lieu de vingt-trois !

- Chris non plus n’est pas un homo sapiens sapiens, répliqua Stan. Il n’est même pas vivant.

- Quoi ?

- Ben non. Un Vampire n’appartient pas à la catégorie du vivant. On ne grandit pas. On ne se reproduit pas. On est juste une putain de maladie.

Aélya en fut soufflée.

- Une putain de maladie que Baptiste essaye de soigner, termina Stan amer, ou plus exactement, il tente de vacciner les humains contre. Et le pire est qu’il va y arriver. Putain ! Je ne suis pas une maladie !

Aélya comprit que Stan ne croyait pas vraiment ne pas être vivant. Il semblait plutôt énervé que la communauté ait choisi cette façon de voir les choses.

- Ça n’explique pas le bébé, répliqua Aélya.

- Nous pouvons choisir notre apparence… Enfin, pas moi, parce que je ne suis pas doué, mais Chris, oui.

Aélya sourit et se retint de rire, ce qui n’aurait pas été très sympathique envers son éleveur qui prenait le temps d’échanger avec elle.

- De ce fait, il peut aussi choisir le contenu de son sperme. Il a demandé à Baptiste ce dont il avait besoin.

Aélya perdit tout sourire. Il y avait eu des échanges, des réunions, des mises au point. La réalité la frappa de plein fouet. Elle n’était qu’un animal dont ils disposaient à volonté.

- Ce bébé sera une merveille, sourit Stan. Essaye de ne pas te faire rouer de coups par tes compagnes. Je ne sais pas : sois gentille avec elles, pour changer.

Aélya lui tira la langue. Il sourit en retour.

- Je ne serai pas chef de village, hein ! s’exclama Aélya.

- Non, rassure-toi.

- Je retrouverai Chris une fois le bébé né ?

Stan hocha la tête. Un an à attendre. Un an… terrestre ? Aélya n’avait pas constaté de différence tangible entre une journée dans les fermes et en dehors. Peut-être n’y en avait-il en fait pas.

- Essaye d’en profiter, dit Stan. Chris t’a amenée ici afin que cet enfant ne soit touché par aucun produit nocif, très présents sur Terre. Il t’a ramenée dès qu’il a constaté ta grossesse. Pour la première fois, tu vas pouvoir être une adulte normale aux fermes. Évite de tout gâcher en m’appelant par mon nom par exemple ?

Aélya rougit intensément. Elle avait en effet osé. Il lui fit un clin d’œil avant de s’éloigner. Aélya descendit jusqu’au sol et sortit. Le plus étrange était la luminosité, irréelle, uniforme. Sur Terre, le soleil éclairait selon une direction. Là, tout le ciel s’illuminait de manière homogène.

- Bonjour ! Tu dois être Aélya. On m’a prévenue de ton arrivée. Je suis Réré, la chef du village.

La vieille femme portait la tunique unie des fermes, celle que tout le monde revêtait chaque jour. Pas de distinction vestimentaires. Sur Terre, les couleurs, les matières, les formes, tout était symbole. Baptiste avait tenu à tout gommer. Aux fermes, tout le monde portait le même habit.

Seule distinction : le corps. Celui de cette femme n’était pas très ridé. Le déménagement avait fait disparaître les anciennes autant que les très jeunes. Malgré tout, Réré dénotait par sa coiffure : ses longs cheveux noirs tressés faisaient ressortir son visage très blanc.

- Bonjour, Réré. Ravie de te rencontrer, dit Aélya à qui parler la langue des fermes avait manqué.

Là aussi, une seule langue, commune à tout le bétail, bien plus pratique que l’extravagante quantité d’idiomes terrestres.

- Nous sommes heureuses d’accueillir une nouvelle membre même si cela est inhabituel.

Réré partait à la pêche aux informations. Aélya en rit. Elle aurait fait de même à sa place.

- Tu veux voir ta hutte ? continua-t-elle en constata qu’Aélya ne disait rien.

- Volontiers.

L’endroit était conforme à la simplicité des fermes. Le calme, le silence, la tranquillité, loin de la Terre animée et lumineuse, firent beaucoup de bien à Aélya qui souriait béatement.

- Mon éleveur ne m’a rien dit te concernant. Tu es ?

Elle n’osait visiblement pas prononcer le mot suivant.

- J’étais de la nourriture, annonça Aélya, mais je suis enceinte alors pas de prélèvement. Je quitterai le village après la naissance du bébé.

- Ah bon ? dit Réré. D’accord.

Elle fronça les sourcils, clairement gênée.

- En attendant, j’aimerais beaucoup aller courir les champs ou aller au marché. Je ne m’y suis jamais rendue alors je suis curieuse et surexcitée.

- Tu n’es jamais allée au marché ? demanda Réré, peu certaine d’avoir compris.

- Ni au marché, ni aux champs, précisa Aélya devant une Réré abasourdie.

- Tu faisais quoi dans…

Réré stoppa et grimaça. Le cou tendu, les hanches crispées, Aélya comprit que la chef de village venait de se prendre un avertissement. Pas de question indiscrète. Réré ravala ses paroles en serrant les dents avant de se forger un sourire forcé.

- Ce sera avec joie que je t’enverrai au marché ou aux champs, selon ta préférence.

Pour la discrétion, c’était raté. De toute façon, l’arrivée d’une adulte enceinte dans un village ne pouvait pas passer inaperçue. Aélya rencontra les petites et la femme en charge. Le soir, elle découvrit le reste du village. L’accueil fut sobre mais chaleureux.

Le lendemain, elle partait au marché. Elle découvrit un lieu animé et bruyant mais tout de même bien loin de la Terre. Cela sentait bon la viande et le romarin. Les couleurs des fruits et des légumes côtoyaient l’uni des chairs animales. Les hommes et les femmes troquaient, sans argent. Chacun prenait seulement ce dont il avait besoin, selon ses envies et ceux de ses compagnes et compagnons de vie.

Aélya ne constata aucune rixe. Aux fermes, le vol n’existait pas. À quoi bon quand on pouvait avoir tout ce qu’on voulait ? Envie de baiser ? Il suffisait de demander. D’ailleurs, en parlant du loup… Un homme s’approcha d’Aélya.

- Je ne suis pas intéressée, dit-elle.

- Tu es sublime !

- Mon cœur est déjà pris, répondit Aélya.

- Oh ! Quel dommage. Je comprends, dit-il avant de s’éloigner, la mine basse.

Il transmit l’information aux autres hommes si bien qu’Aélya n’eut plus à repousser d’autres demandes. Quel bonheur de ne pas avoir peur de se faire agresser, de ne pas regarder chaque coin de rue avec appréhension. Sur Terre, elle avait déjà été approchée par des hommes un peu trop insistants à son goût. Chris avait même dû intervenir une fois et le malpoli avait déguerpi sans demander son reste mais cela n’avait fait qu’aggraver la méfiance d’Aélya envers la foule.

Ici, elle se sentait en sécurité. Nul ne viendrait l’embêter, elle le savait. Elle tint le stand, ravissant ses compagnes qui purent baiser à loisir.

- Tu as le droit de baiser, rappela Stan qui l’avait convoquée. Chris ne s’y oppose pas.

- Je sais, dit Aélya. Il me l’a déjà dit sur Terre. Je ne peux pas. Je l’aime.

- On te parle de baise, pas de sentiment.

- Je sais mais je ne peux pas.

- Comme tu veux. Tu peux disposer. Bonne soirée.

- Bonne soirée, monsieur.

La cueillette des fruits et le ramassage des légumes furent l’occasion de belles parties de rires. Aélya ignorait tout sur tout. Incapable de reconnaître la moindre plante, de récolter le moindre organisme vivant, elle obligea ses compagnes à de multiples explications qui les amusèrent beaucoup. Les anecdotes fusaient tous les soirs.

Une main sur sa gorge, l’autre sous ses hanches, Aélya fut brutalement tirée du sommeil. Elle voulut crier mais une main sur la bouche l’en empêcha. Son agresseur trop fort pour elle, elle ne put qu’accueillir le membre dur et vigoureux dans ses chairs chaudes et humides.

Elle le reconnut à l’odeur et tout son être se calma. Il put la lâcher et l’étreinte devint passionnée.

- Chris ! Vous m’avez fait peur ! le gronda-t-elle gentiment.

- J’espère bien ! répliqua-t-il. Suce-moi !

Elle s’y appliqua avec vigueur et ils baisèrent toute la nuit. Au matin, il était reparti.

- Tu es bien guillerette ce matin ! remarqua Réré. Un joli rêve ?

- Le plus beau de tous, répondit Aélya, les yeux pétillants.

Chris ne se priva pas de renouveler ses visites, trop peu nombreuses aux yeux de son amoureuse.

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