Chapitre 52 : Erzic

Par Talharr

Erzic :

Les cris de la Forêt Sans Morts s’étaient éteints derrière eux. Rhazek n’aurait même pas besoin de moi pour trouver la mort.
Cet imbécile de roi a fait exécuter des hommes dans l'endroit le plus dangereux de la Terre de Talharr. Cet homme devait être éliminé dès que possible, il mènerait le monde à sa perte. S'il n'avait pas été là, une rébellion aurait déjà mis fin à la conquête pour le retour de Malkar. 

Derrière eux, un village brûlait. Peu de résistance, comme à Balar. Le plus difficile restait la traversée des montagnes : chemins piégés, éboulis, chaque pas coûtait des vies. Parfois, un plateau s’ouvrait et une rivière muette serpentait au milieu de ces monstres de pierre.

Encore une conquête, pensa Erzic. Mais cette fois, l’armée de Drazyl comptait des vieillards et des enfants. Des enfants ! Comment pouvait-on les envoyer au combat ? L’idée le révulsait.

Son armée à lui ne comptait guère plus de trois mille hommes, l’autre partie étant en route avec Wosir vers Baltan. Il quitta ses troupes pour rejoindre Rhazek. Des explications s’imposaient.

Mirla, son commandant à la toque rouge, l’accompagnait.

    — Mon roi, dit Erzic en s’inclinant.

    — Revoilà le serpent. Que veux-tu ? gronda Rhazek.

    — Des explications. J’avais prévenu : aucun humain ne devait tuer un de ses semblables dans cette forêt. Et vous avez fait exécuter des hommes. Dois-je appeler ça de la bêtise… ou de la pure stupidité ?

La main de Mirla glissa sur le manche de son épée.

    — Je vous interdis de parler ainsi à Sa Majesté !

Rhazek, lui, souriait. Un sourire capable de glacer tout enfant de l’armée.

    — Cela prouve que mes guerriers ne sont pas encore des demi-dieux, dit-il d’un ton glacé.

    — Des demi-dieux ?! Tu as perdu l’esprit ! Malkar est-il venu pour t’éclairer… ou pour te rendre fou ?

Le roi éclata de rire.

    — Mirla, écoute ton allié. On dirait qu’il complote déjà contre moi. Pourtant je vous mène tous à la gloire !

Erzic observa. Rhazek changeait, chaque jour un peu plus. C’était inquiétant. Tant que le roi vivait, les troupes de Drazyl suivaient. S’il tombait, la guerre s’éterniserait encore des siècles. Et ce n’était pas ce qu’Erzic voulait.

Mirla hésitait, le mage sentit la bataille qui régnait en lui. Aider ou combattre son roi.

    — Rhazek, tu m’écouteras. Aucun dieu ne place les hommes à son niveau. Si tu te prends pour l’un d’eux, alors tu n’es pas digne de l’ère de Malkar.

    — Pourquoi te croirais-je ? Tu n’es que jalousie. Je sais que tu rêves de me tuer pour prendre ma place auprès de notre dieu.

    — J’ai été jaloux, oui. Malkar ne m’est jamais apparu. Mais peut-être était-ce mieux ainsi. Tu étais un roi ambitieux, pas un roi qui massacre les siens. Alors je doute : est-ce vraiment Malkar que tu as vu ? Je ne reconnais pas mon dieu en toi.

Rhazek sourit. Ses yeux virèrent au jaune. Sa voix devint grave, déformée, presque inhumaine :

    — Tu oses douter de ton dieu, mage ? Veux-tu que je te montre ce dont je suis capable ?

Erzic recula, le souffle coupé. Impossible

    — Mon dieu ? Est-ce vous ?

    — Cet humain est lié à moi. Aide-le, mage. Bientôt je sentirai de nouveau l’air de ce monde.

    — Je ferai tout pour votre retour. Je tuerai Rhazek après la conquête. Vous serez à nouveau le maître. Les cœurs humains redeviendront purs.

Un éclat cruel traversa le regard de Rhazek.

    — Alors hâte-toi. Je ne suis pas réputé pour ma patience, gronda Malkar.

Les yeux jaunes disparurent. Restèrent ceux, châtains, d’un jeune roi perdu. Rhazek cligna, ses mains tremblaient.

Mirla, pétrifié, osa :

    — Mon roi ? Comment vous sentez-vous ?

    — Je… Nous sommes déjà dans le comté de Vaelan ?

Erzic échangea un regard avec Mirla. Il en était certain. C'était Malkar qui avait parlé à travers lui. Rhazek n’aurait jamais sacrifié ses hommes ainsi. Ce garçon était un stratège. Pas un fou.

Alors pourquoi Malkar aurait-il fait cela ?

Il était face à moi, mon dieu m’a parlé…

Erzic doutait. Mais il étouffa ce doute aussitôt.

     — Dans quelques jours, nous serons à Lordal, mon roi, dit Mirla.

     — Je me souviens… Bien. Qu’ils se reposent. Demain, nous reprendrons la marche. Notre dieu nous attend. Erzic, restons unis. Nous ne pouvons échouer.

Rhazek semblait redevenu lui-même. Mais quelque chose avait changé à jamais.

Pendant tout le long de la pause Erzic observa Rhazek. Il donnait des ordres, allait aux nouvelles des troupes, méfiantes à son égard. Cela ne lui faisait toujours rien de voir des enfants dans ses rangs. Il mérite toujours de mourir.

Pourtant Malkar semblait accepter cette décision. Je ne comprends pas…

Ils reprirent la route, incendiant d’autres villages. Rhazek tuait en première ligne, implacable. Quelque chose que le roi avait toujours apprécié. Là encore leur dieu semblait d’accord.

Lui qui avait toujours pensé que Malkar ne pouvait intervenir de quelques manières dans leur monde. Il s’était lourdement trompé. Ou il a été trompé.

Erzic restait dans l’ombre, rongé par une certitude :

Malkar n’est pas celui que l’on m’avait promis. Et si Elira avait eu raison.

Il serra les poings. Non. Impossible.

C’était son dieu. Et ce monde devait changer.

Il avait choisi sa voie.

Les contreforts blottis contre une grande montagne encerclé par des consœurs leur fit face. Lordal.

Elira tombera. Vaelan brûlera. Malkar renaîtra.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Scribilix
Posté le 25/09/2025
Chapitre très intéressant qui explique beaucoup de choses sur la folie grandissante de Rhazek. Ce dernier est possédé par le Dieu dont il pense etre l'élu. Ou plutot Dalar se joue à la fois de Rhazek et d'Erzic. Très bonne révélation, meme si je me demande quand meme comment s'est réalisé la posséssion. Il y a bien eu un chapitre dessus mais rien n'explique vraiment comment Dalar le controle pour le moment
Je continue :)



-la montée des montagnes ( la traversée plutot, la montée des montagnes ca ne sonne pas très joli)
-l’autre partie étant partie (répitition)
- Quelque chose que le roi avait toujours apprécier. (appréccié)
Talharr
Posté le 26/09/2025
Hello ^^
Merci de ton retour, content que ce chapitre fonctionne :))
Exactement c'est au chapitre où Dalar le fait venir à lui, qu'il prend "possession" de lui. Il n'y aura pas forcément de réponses à ce sujet de suite. Certainement dans le prochain volume, car Erzic ne sait pas comment c'est possible, Rhazek ne comprend pas et Calir n'est pas au courant de ce que fait son dieu :)
Peut-être j'ajouterai des questionnements :)

Merci pour les erreurs, je modifie :))

A plus ! ^^
Vous lisez