Chapitre 56 : Mariam - Dracula

- L’histoire suivante, au moins, tu l’as lue, indiqua Lord Kerings alors que Mariam le rejoignait dans la salle vidéo.

Mariam réfléchit un instant avant de sautiller d’excitation en criant :

- Dracula ?

Lord Kerings la considéra gravement.

- Tu n’avais jamais lu de livre avant de venir ici ?

- Non, répondit Mariam.

- Tu n’as pas été à l’école ?

- Si. École, collège, lycée. En revanche, je n’ai ni le brevet, ni le bac.

- Ça ne signifie rien pour moi. Tes professeurs ne t’ont jamais donné de livre à lire ?

- Si.

- Et ?

- Je ne les ai jamais lus.

- Comment répondais-tu aux questions lors des examens ?

- Si la version cinématographique existait, je la regardais. Sinon, j’avais zéro.

- Le film te permettait de répondre correctement ?

- J’avais cinq ou six.

- Sur dix ?

- Sur vingt.

- Et tes parents ne disaient rien ?

- Non.

- Il n’y avait pas de livre chez toi ?

- En dehors de la Bible, non.

Lord Kerings grimaça.

- Tes parents ne t’ont jamais lu une histoire avant de t’endormir ?

- Non, répondit Mariam.

- Que faisais-tu avant de te coucher ?

- Je regardais la télévision. Elle me réveillait le matin. Elle s’éteignait largement après moi le soir. Il ne fallait pas lui couper la parole.

- À la télévision ?

- Oui. Pendant certaines publicités, je pouvais en placer une, mais pas toutes. Certaines étaient drôles et méritaient qu’on leur accorde davantage d’attention qu’à moi.

Lord Kerings grimaça en fronçant les sourcils. Mariam expliqua :

- Mes parents travaillaient beaucoup. J’allais à la garderie le matin et le soir. Je mangeais à la cantine. Je les voyais peu. Quand j’étais en maternelle, une voisine me ramenait chez elle en même temps que ses enfants et me laissait devant la télévision le temps que mes parents reviennent. Quand je suis rentrée au CP, c’est chez moi qu’elle m’a laissée.

- Je ne connais pas bien le système français. Tu avais quel âge ?

- Six ans.

- Combien de temps restais-tu seule chez toi, sans adulte pour te surveiller ?

- Entre trente minutes et une heure et demi selon les jours.

- Il y a défaut d’éducation, gronda Lord Kerings.

- Quand j’ai eu huit ans, ma mère m’a demandé de mettre la table et de commencer à préparer le dîner. À dix ans, je faisais aussi les courses, la lessive, le ménage, la vaisselle. Ils s’en fichaient de mes résultats scolaires. Tant que j’étais sage, polie, que j’aidais à la maison et que j’étais une bonne chrétienne, le reste n’importait pas.

- Une bonne chrétienne ? répéta Lord Kerings en penchant la tête.

- La messe tous les dimanches, catéchisme mercredi et samedi, bénédicité avant le repas, prières quotidiennes, jamais de blasphème. On ne parlait jamais de sexualité, qui n’arriverait de toute façon pas avant le mariage, ni des règles, qui étaient tabou. J’ai appris dans les publicités comment j’étais censée gérer ça et le sang, en vrai, c’est pas bleu.

Lord Kerings soupira.

- Au collège, j’ai pu sortir plus tôt, dès la fin des cours. Les tâches d’intérieur et les courses ne me prenaient pas beaucoup de temps. J’étais organisée alors ça allait. Comme je ne faisais pas mes devoirs non plus, je passais beaucoup de temps dehors, à zoner avec des jeunes aussi désœuvrés que moi.

- Zoner ? répéta Lord Kerings.

- On rentrait au cinéma par la sortie pour se mater des films sans payer. On fumait, des cigarettes ou des joints. On buvait, de la bière principalement, qu’un grand majeur nous achetait. L’argent, je le prenais dans le reste des courses, pour lesquelles j’arrivais à dépenser bien moins grâce à des astuces de mes potes.

Lord Kerings fronça les sourcils.

- Je n’ai pas eu mon brevet mais mes parents s’en moquaient. Je respectais les règles de la maison et avoir de bonnes notes n’en faisait pas partie. Je serai une épouse parfaite qui obéirait à son mari et irait se confesser toutes les semaines, voilà qui leur suffisait amplement.

Lord Kerings ne cacha pas son agacement.

- Je suis allée en lycée professionnel pour apprendre le packaging, l’emballage et le conditionnement, pas par choix, mais juste parce qu’il n’y a que là qu’ils m’ont acceptée, parce que personne d’autre ne demandait.

- Super, grogna Lord Kerings.

- Un matin, j’ai vomi en classe. L’infirmière m’a reçue. J’ai dit que ça m’arrivait souvent ces temps-ci, que je devais être malade. Elle m’a demandé de quand datait mes dernières règles. J’étais morte de honte. Je n’étais pas censée parler de ces choses-là. Elle m’a demandé si j’étais active sexuellement. Je me suis déconfite. Oui, je l’étais sans être consciente des conséquences possibles. Ce sujet n’était jamais abordé à la maison et en classe, je n’écoutais pas. Elle m’a fait faire un test de grossesse – ils en ont toujours dans ce genre de lycée, mon cas n’était malheureusement pas rare. Il était positif. Elle m’a prescrit une prise de sang, pour vérifier. Je l’ai faite. Ça a confirmé mon état. J’étais perdue. Je suis allé voir mon père et je lui ai dis discrètement pendant que ma mère se lavait. Il m’a demandé le nom du connard qui m’avait violée, me promettant de laver mon honneur. Sauf que déjà, j’étais consentante, et qu’ensuite, je ne savais pas lequel avait pu faire ça.

Lord Kerings se garda bien de tout commentaire.

- Entre l’alcool et la beuh, je ne pourrais même pas assurer de l’identité des candidats.

Lord Kerings ne critiqua toujours pas.

- J’ai cru que ma mère me hurlerait dessus et me mettrait à la porte. Mon annonce l’a faite se figer. Elle a longuement hésité et finalement, elle m’a souri, caressant mon ventre, commençant à parler à mon nombril.

- Étrange, en effet, vu ta description, je ne m’attendais pas à ça.

- Il faudrait cacher cette grossesse à mon futur mari. Il suffirait de ne rien en dire. Un hymen, ça se déchire facilement. Un bon mensonge, et hop, mariage quand même. Il suffisait que ma mère annonce un miracle, porte des coussins sous son ventre tandis que je resterai à la maison, trop malade pour sortir. J’étais trop jeune pour élever un enfant de toute façon.

- Elle comptait prendre ton bébé ? s’étrangla Lord Kerings.

- Ma mère avait toujours rêvé d’une famille nombreuse mais ma naissance avait déchiré son utérus, rendant impossible toute autre grossesse. Ils n’avaient pas les moyens de se payer des traitements et de toute façon, Dieu en avait voulu ainsi. Il fallait l’accepter. Ils avaient dû se résoudre à seulement moi, bien maigre consolation.

- Elle comptait prendre ton bébé, confirma Lord Kerings. C’est horrible !

- Je ne voulais pas le lui donner. Son éducation, j’y avais goûté. Je ne désirais pas ça pour ce pauvre enfant innocent. C’était vrai aussi que je ne pouvais pas m’en occuper seule. Je me suis rendue au planning familial. Ils m’ont exposé mes options. Deux semaines plus tard, je me faisais avorter. J’avais eu dix-huit ans la veille. L’accord de mes parents n’était plus nécessaire. Je ne l’ai pas dit à ma mère. Elle obtenait des vêtements, des biberons, chaise-haute, siège-auto et berceau par don ou bouche à oreille entre copines. Alors que la maison se remplissait d’objets de maternage, j’ai commencé à chercher un emploi. Mon père a trouvé ça bien, mettant ma maturité soudaine sur le dos de cette grossesse. Ma mère m’a ignorée, trop perdue dans son bonheur. J’ai décroché un job en CDD. Un coup de chance m’a permis de trouver un studio dans un autre quartier de la ville. Profitant de l’absence de mes parents, j’ai mis dans une valise le peu d’affaires que je possédais et j’ai laissé un post-it sur le frigo disant « J’ai avorté » avant de partir.

Le nez de Lord Kerings remua mais il garda le silence.

- Malgré mes recherches, je n’ai rien trouvé à la fin de mon CDD. Je n’ai aucun diplôme, aucune expérience. J’ai arrêté de payer le loyer mais la trêve hivernale interdisait à mon propriétaire de me mettre dehors. Le printemps arriva et un miracle se produisit : un job dont personne ne voulait me tendait les bras. Il fallait accepter de partir en Russie, dans un château au milieu de nulle part, pour servir des gens bizarres qui, avant mon arrivée, ne mangeaient pas, ne buvaient pas, ne dormaient pas, ne se lavaient pas et passaient leur soirée à ne rien faire dans la seule pièce à peu près viable du bâtiment.

Lord Kerings sourit.

- Le tout pour un salaire indécent, logée et nourrie, d’abord dans un endroit glacial mais les cheminées ont vite été remises en état alors ça va.

Lord Kerings rit.

- Maintenant, j’ai de l’argent mais je m’en fous. Je n’ai pas envie de partir. Je ne me suis jamais sentie aussi bien qu’ici, au milieu d’une bande de Vampires.

Lord Kerings ouvrit la bouche mais seul son souffle en sortit.

- Je me suis trouvé un ami, un vrai, et je comprends que Sam ne m’ait pas dit dès le départ : « Hé, salut, je suis un Vampire. » Ces jeunes avec qui je zonais, ils n’ont jamais été mes amis. J’ai confiance en Sam. Il compte pour moi.

Lord Kerings serra tendrement la main de Mariam.

- Je répondrais à l’appel s’il me demandait de l’aide. J’adore passer du temps en sa compagnie.

- Il est taciturne et solitaire. Sa relation avec toi nous a beaucoup surpris. Il t’apprécie aussi beaucoup, peut-être parce que tu n’as jamais cherché à imposer ta présence, acceptant ce qu’il veut bien te donner, sans demander davantage, sans te plaindre.

- Avec mes parents, j’avais la sensation d’être invisible, de ne servir à rien. Vous m’avez donné une mission, une importance. Je vous ai rendu votre humanité de façade. Je ne sais pas bien pourquoi vous cherchiez à atteindre cet objectif…

- Ça va venir, promit Lord Kerings.

- …mais je crois avoir réussi.

- Je te confirme.

- Et vous…

Mariam fut incapable de prononcer les mots : « Vous êtes le père dont j’ai toujours rêvé ». À la place, elle fondit en larmes. Lord Kerings se leva, s’assit à côté d’elle sur le canapé et la prit dans ses bras pour la réconforter d’un câlin.

- Viens, Mariam, finit-il par dire.

Sa main toujours dans celle de l’ami de son patron, Mariam se leva et le suivit jusqu’à la cuisine. Elle l’observa allumer la bouilloire, sortir une tasse, placer un sachet de tisane dedans, y rajouter du sirop d’érable puis une touche de citron, laisser infuser avant de lui tendre la boisson chaude. Mariam goutta, c’était délicieux. Il venait de préparer son réconfort préféré. Comment le savait-il ?

- Ma mémoire parfaite, dit-il en désignant son cerveau. Il suffit de savoir quoi chercher.

Mariam parvint à sourire.

- Tu n’as pas besoin de le dire. Je sais, dit Lord Kerings. Retournons à la salle vidéo.

Mariam posa sa tasse sur la table basse devant le grand écran. Lord Kerings attrapa un rond en bois et le plaça dessous avant de commencer à raconter :

- Je ne sais pas bien quand j’ai décidé de sortir de terre. Les gens portaient des verres sur les yeux pour mieux voir. Les marins utilisaient des boussoles. Des horloges précises se développaient. La maîtrise de l’énergie du vent avait fait pousser des moulins partout. La poudre à canon se répandait. Petite dernière en date : l’imprimerie. Et la médecine ! J’ai eu des discussions passionnantes avec des biologistes à cette époque, tu n’imagines pas. Les progrès étaient incroyables !

Mariam sourit. Elle n’imaginait pas cette période-là du moyen-âge aussi riche.

- Je n’ai pas pu en profiter pleinement du fait du brouillard m’entourant en permanence. J’appréciais la saveur des raisonnements scientifiques mais mon esprit tournait au ralenti. M’en rendre compte m’a plongé en dépression et j’ai préféré m’éloigner. J’ai erré un peu, cherchant le calme et la paix. J’ai trouvé les deux en Roumanie.

- Je ne connais que de nom, précisa Mariam.

- Les roumains sont des gens honnêtes, droits, fiables et fidèles. Ils boivent un peu trop mais connaissent la valeur de l’amitié et de la justice. Je me suis mêlé au peuple, vivant simplement, sans me prendre la tête. Et puis un connard d’opportuniste a essayé d’évincer du pouvoir en Valachie la famille à qui ce droit appartenait. Tu me diras : cela se produit souvent. Mais il s’est montré ignoble et irrespectueux. De plus, il a plongé la Valachie dans le désordre et la misère. J’ai pris la place de l’aîné survivant de la famille Barasab-Draculescu, seulement âgé de huit ans. J’ai profité de ma position d’otage auprès du Sultan Mourad II pour créer des alliances. Je n’ai charmé personne. Je n’ai utilisé que mes capacités personnelles en politique. J’ai repris le trône de Valachie. J’ai redonné sa grandeur à Valachie et j’ai formé mes successeurs. À ma mort humaine, je suis resté en Valachie, dans la citadelle de Poenari, errant tel un spectre, surveillant, prêt à intervenir au moindre souci. Le temps passant, l’endroit a été abandonné. Je suis resté dans ce cocon de sécurité rassurant, au milieu de mes propres fantômes.

- Le monde a fini par vous manquer ? supposa Mariam.

- Tu m’as bien cerné mais non, il n’a pas eu le temps de me manquer. Un matin, à l’aube, des paysans armés de fourches, de torches, de pistolets sont venus me traquer. Je n’en ai pas compris la raison. On me laissait errer dans la citadelle depuis plus d’un siècle et personne n’y demeurait depuis dix ans environ. Ils criaient « Vampire », un mot que je n’avais jamais entendu de ma vie.

- Oh merde ! s’exclama Mariam. Jusque-là, le mot n’existait pas ?

- Je ne l’avais jamais entendu, en tout cas, mais cela m’a peut-être échappé.

Mariam en convint.

- Le pire était qu’ils se protégeaient de moi avec des croix chrétiennes et de l’eau bénite par des prêtres. Ils brandissaient même des grappes d’ail à mon encontre. J’étais paumé.

Mariam explosa de rire.

- Je connaissais le christianisme pour l’avoir découvert à mon réveil en même temps que l’optique ou la poudre, de même que l’Islam d’ailleurs. Les roumains étaient tous chrétiens. J’ai fait croire de l’être quand j’ai vécu au milieu d’eux. Mon identité de Vlad Tepes Basarab, prince de Valachie, était très croyant, d’ailleurs. J’ai pratiqué les messes, l’Ostie, la confession, tout ça. Si ta mère croyait être une bonne chrétienne, elle se trompait. Ce n’est pas ça, être chrétien. Pour être chrétien, il faut avant tout aimer, tout le monde, mais ses enfants encore plus et cela inclut d’en prendre soin. Mais bref, revenons-en à moi.

Mariam lui en sut gré. Les larmes lui montaient de nouveau aux yeux.

- Rien dans cette religion ne m’avait jamais choqué outre mesure. Une de plus, pourquoi pas. Je restais évidemment fidèle à mon dieu sans rien avoir à reprocher aux chrétiens. Et voilà qu’ils s’en prenaient à moi, le « buveur de sang », « le tueur nocturne », en brandissant les symboles de cette religion, comme s’ils allaient les protéger. Je ne compris pas mais surtout, je ne voulais pas leur faire du mal. Ils avaient été mon peuple pendant un temps, mais aussi mes frères, mes femmes, mes enfants. J’ai choisi de fuir et ils ont brûlé ma citadelle derrière moi. En me promenant au hasard, j’ai découvert la présence de Vampires partout. Je me croyais seul au monde et voilà que soudain, du moindre coin sombre surgissait un tueur assoiffé de sang.

Mariam se souvint de « Passé, présent, futur ». Elle supposa que la découverte de l’Amérique avait eu lieu. Les avertis de Gilles cherchaient les puissants sans les trouver et laissaient les petits s’étendre sur ce nouveau territoire. Le pauvre Vlad se prenait cette intrusion de plein fouet.

- Ça a un peu ébranlé mes croyances, je dois te l’avouer. Puis, je me suis rendu compte que ces Vampires n’étaient rien par rapport à moi. Ils subissaient leur état, ne contrôlant rien. Ils mourraient vite, tués par des chasseurs de Vampires, plus souvent par un de leur congénères avide de voler sa proie. J’ai accentué mon mimétisme humain. Les Vampires m’ont ignoré. J’ai appris qu’un nouveau continent avait été découvert. J’ai supposé que les Vampires venaient de là. J’ai préféré autant ne pas m’y rendre.

« Je suis resté en Roumanie, mais j’ai changé de région pour choisir la Transylvanie. Je me suis trouvé un endroit magnifique : le col de Tihuta. J’ai décidé d’y faire construire ma demeure dont j’ai tracé moi-même les plans. Ne restait plus qu’à acheter le matériel et les ouvriers. Pour obtenir les fonds, j’ai choisi l’immobilier. J’achetais des biens en piteux état, je les retapais pour les revendre. Les anglais étaient friands de ces manoirs pittoresques au milieu des régions reculées de Roumanie, va comprendre. Moi, ça m’allait. De temps en temps, j’allais en Angleterre pour me trouver de nouveaux clients.

« Un soir, en me promenant à Londres, j’ai croisé une femme appartenant à la noblesse gloussant sous les assauts d’un indigène américain. Ça m’a surpris. Non pas que l’exotisme l’intéresse mais plutôt qu’elle accepte de le faire en pleine rue et donc, de manière visible. C’était mal vu d’avoir ce genre de penchants. J’ai été tenté de passer mon chemin mais soudain, la belle s’est mise à hurler, repoussant l’homme qu’elle embrassait la seconde d’avant, l’insultant et lui crachant dessus. Une observation plus fine a révélé que l’agresseur était un Vampire et qu’il charmait – de manière pitoyable mais quand même – la noble.

Mariam sourit pleinement.

- C’était la première fois que je croisais un Vampire au contrôle, pas une bête se terrant la journée dans des caves pour se nourrir la nuit au petit bonheur la chance et survivant au mieux une lune. Ma curiosité poussée au maximum, j’ai attendu qu’il tue sa proie avant de l’approcher. J’ai cessé de paraître humain afin de bien laisser voir ma nature à mon interlocuteur et je lui ai indiqué mon admiration pour sa technique de chasse. Je me suis présenté. Je lui ai proposé de discuter.

« Il m’a dit s’appeler Stiny et accepta de boire en ma compagnie. Je l’ai vu avaler un verre de scotch. Aucun Vampire croisé ne consommait jamais de nourriture humaine. Je n’ai pas cherché à comprendre comment. J’étais juste heureux de trouver quelqu’un à qui parler, quelqu’un qui comprendrait. Toute la nuit, nous avons bavardé, racontant nos meilleures chasses, nos charmes les plus réussis. Pendant un instant, les fantômes se sont éloignés. Au matin, alors qu’il était évident que nous allions nous séparer pour ne plus nous revoir après ce moment hors du temps, Stiny m’a transpercé gravement des yeux. Je n’ai pas senti de menace mais disons qu’il venait de quitter son rôle de pote de bar pour un autre dont j’ignorais l’existence.

Mariam fronça les sourcils. Le moment était crucial.

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