Sif enfourcha sa monture et s'élança au galop. Elle devait être rapide, distancer son ombre, vaincre le soleil à sa propre course. A l’orée de la Forêt de Fer, là où les ténèbres se rassemblaient en une solide ligne de défense parant les rayons aiguisés du soleil, Sif enfonça plus vivement ses talons dans les flancs de la jument. Plus vite. Il lui fallait s’éloigner plus vite de cet endroit maudit. Elle dévala la colline, secouée par les irrégularités du sentier. A chaque foulée, la forêt s’éloignait mais son ombre persistait, collante telle une toile d’araignée. Au beau milieu de sa cavale, Sif tira brusquement sur les rênes. La bouche dégoulinante d'écume, la jument rua et poussa un hennissement menaçant. Il n’était guère dans les habitudes de sa cavalière de la malmener de la sorte. Dans l'état de détresse qui était le sien, Sif ne se reconnaissait pas davantage. Assaillie par le bourdonnement de mille craintes et d'autant de questions, elle se sentait nauséeuse. Enfiévrée.
Le sentier dessinait une fourche. L'un menait au Sanctuaire d'Odin. L'autre au pied de la montagne. Sif plaça ses mains en visière et scruta le ciel. Où étaient les espions de Tanagra ? La poursuivaient-ils réellement ? Sif les avait entendus, elle avait senti leur présence goguenarde sur ses épaules. Où étaient-ils ? Son souffle était court. La chaleur rougissait ses joues charnues. Peut-être ne l’avaient-ils pas suivie. Peut-être Tanagra avait seulement chercher à la dissuader. C’était un risque à prendre.
Sif orienta la bride et battit des chevilles.
Après cette nuit hivernale, la surprenante douceur printanière avait poussé Thrud hors de la demeure de ses parents. Eveillée par le chant des premiers oiseaux de la saison, la jeune fille avait enfilé une robe cousue des mains de sa mère et avait arrangé ses longs cheveux blonds comme elle, en une épaisse et longue tresse dorée. En de nombreuses occurrences, Sif avait tenté de lui enseigner l'art du tissage ou celui de la broderie, mais sans grand succès. Thrud manquait de patience et se plaisait bien mieux dehors, où elle exerçait ses talents de chasseresse quand elle ne s'affairait pas à débusquer les meilleurs coins à baies et à champignons.
Il se trouve que ce matin-là, l'odeur de terre mouillée avait inspiré à Thrud une irrépréhensible envie de champignons. Un panier passé autour du coude, elle avait pris la direction des bois en veillant à ne pas être suivie. Sif s'agaçait d'une telle manie mais Thrud ignorait ses reproches, arguant qu'un bon coin à champignons est si rare qu'il est crucial de garder le secret de son emplacement. Si bien qu'il arrivait à Thrud de ne pas répondre à son nom pour ne pas trahir sa position. Toutefois, quand elle entendit la lourde percussion des sabots, enflant, se rapprochant, elle se redressa en prenant garde à ne pas renverser son panier presque rempli.
Dans la verdoyance des fougères et des buissons, la robe de Sif, d'une vive couleur bordeaux, se détachait nettement, pareille à une tache de sang. Thrud s'étonna. Sa mère évitait de chevaucher, qui plus est à une telle allure, du fait de nausées qui la prenaient aisément. Quelque chose. Il y avait quelque chose. Se pouvait-il que cela ait rapport avec ce banquet auquel il lui avait été interdit de participer ? Thrud avait durement pesté lorsqu'aux portes du festin, on l'avait renvoyée dans sa chambre d'enfant. La seule hypothèse du retour de Loki avait suffi à mettre tout Asgard en ébullition. Qu’en était-il de sa venue effective ?
« Maman, que se passe-t-il ? »
Sif était hors d'haleine. Étriquée dans sa robe, elle suffoquait. Thrud contourna son panier et se pressa auprès d'elle, enfermant doucement les mains tremblantes de sa mère entre les siennes.
« Maman, qu'y a-t-il ?
— Où sont tes frères, Thrud ?
— Ils... je les ai vus partir vers le ruisseau. Mödi voulait aller pêcher et...
— Va les chercher et emmène-les vite chez Nanna.
— Mais Papa...
— Où est-il d'ailleurs ?
— Il... »
Thrud détestait cela. Quand il lui fallait être porteuse de déplaisantes nouvelles et que les grands yeux bleus de sa mère se troublaient, pareils à deux lacs sous la pluie. Thrud savait seulement qu’aucune servante ne l’avait aidée à se vêtir et que son père n’avait pas quitté ses appartements.
« Il est avec... tu sais, la…
— Qu'il y reste, coupa Sif. Écoute-moi bien, Thrud. Tu n'es pas l'aînée mais tu es celle en qui j'ai toujours eu le plus confiance. Tu vas aller chercher tes frères et vous allez tous les trois prendre le char de votre père. Tu fouetteras ses saletés de boucs aussi fort qu'il le faudra pour que...
— Mais Papa ne voudra pas que...
— Je me fiche de ce que dira ton père ! Dépêche-toi, allez tous les trois chez Nanna, dis-lui de rassembler tout le monde et de partir.
— Partir ? Mais Maman...
— Dis-lui qu'elle avait raison.
— Sur quoi ?
— Sur tout. »
Thrud n'eut pas le temps de poser davantage de questions. Sa mère repartait déjà, sa longue chevelure d'or rebondissant sur la courbe de ses épaules.
Annoncée par l'écho grinçant des sabots sur le marbre, Sif s’engouffra dans le Sanctuaire d'Odin, dont les portes demeuraient grandes ouvertes. Seuls l’étroitesse des escaliers qu’il lui fallait emprunter la poussa à descendre de sa monture.
La veille, Loki avait semé une graine de chaos qui avait trouvé terrain affreusement fertile en le peuple asgardien. Une pomme. Une seule pomme les avait réduits à l'état de bêtes sauvages. D'êtres primitifs insatiables, rustres, brutaux et bas. Pour atteindre sa chair, ils avaient accepté d’avaler les cendres des sorcières. L'horreur ne se trouvait pas tant dans les mots échangés que dans les vérités exhibées au grand jour par leurs actes, par leur débauche. Le fracas des masques résonnait encore et il y avait fort à parier que son écho persisterait longtemps après eux. Dans les halles, dans les couloirs et jusqu'aux frontières les plus lointaines du royaume. Sif éprouvait du dégoût à fouler les couloirs de ce lieu maudit. Aussi, ne s’y attardait-elle pas.
Fébrile créature engoncée dans un amas de couvertures et d'édredons, la Mère-de-Tout renifla bruyamment et geignit tandis que sa servante entrouvrit les rideaux. La lumière extérieure dénonça avec une honnêteté crue la fadeur de son teint. Frigga portait sur elle l'état de son royaume, de sa famille, dont ne restait qu'une carcasse abandonnée par l'esprit.
« Qu'est-ce que tout ce bruit ?
— Ma Reine, je pense que c'est la princesse Sif. Dois-je aller la...
— Je sais qui est cette petite intrigante !
— Ce doit être important, ma Reine. »
Sif fit irruption dans les quartiers, les prenant toutes les deux de court.
« Frigga, s'il vous plaît, il s'agit de...
— Cette catin a planté un couteau dans le dos de mon fils !
— De quoi parlez-vous ? demanda doucement Hlin.
— Peu importe, s'impatientait Sif.
— Tu n'auras pas mon trône, sale petite traînée !
— Il s'agit de votre fils. De Baldr. »
Un ange passa. Frigga soupira avec un sourire béat.
« Mon doux petit garçon. Ô, mon fils chéri, l'as-tu déjà vu ? Il est plus rayonnant que le soleil et plus beau que...
— Hlin, sortez. »
La servante hésita mais préféra s'exécuter. Frigga suivit son départ des yeux, un peu hagarde, très absorbée par le souvenir de l'enfant qu'elle avait eu, de l'être exempt de noirceur qu'avait été, jadis, son fils Baldr. Elle fredonnait les paroles d'une ancienne comptine, soudainement indifférente à la présence de Sif, qui vint s'asseoir au bord du lit.
« Mère-de-Tout, je comprends comme cette situation, comme les événements vous ont éprouvée. Le décès de notre Père a été, pour nous tous, une déchirante épreuve. Mais écoutez-moi. Vos enfants n'ont pas à le rejoindre.
— De quoi parles-tu, ma douce Enfant ? Nous sommes en sécurité ici. Tous réunis. J'irai voir mon Beau Baldr aujourd'hui. L'as-tu déjà rencontré ? Il est fait de tous les charmes qui parcourent ce monde. Ses cheveux sont blonds comme les blés et son sourire est plus doux qu’un rayon de miel.
— Il faut vous lever, Mère-de-Tout. Votre fils, Baldr, court un terrible danger. »
Sif scruta l'expression lointaine de la vieille Reine. A son grand soulagement, une étincelle la traversa et ce fut comme si, l'espace d'un instant, Frigga se voyait libérée du lourd fardeau de l'âge et de sa dégénérescence, seulement pour être écrasée par celui de la lucidité.
« Mon... mon petit Baldr. Qui... Qui lui...
— Je vous expliquerai tout cela en chemin. Mais nous devons faire vite. »
Aidant la vieille déesse à se lever, Sif coula un regard vers la seule fenêtre laissant poindre la lumière du soleil. Elle avait déjà cessé de croître. Chacun de ses gestes, par leur saccade, dénonçait sa peur de voir l'astre la prendre de vitesse. Chaque hésitation de Frigga, chaque pas effectué trop lentement, chaque tremblement, chaque balbutiement de son corps épuisé lui tordait les nerfs. Sif crut voir défiler toute une éternité avant qu’elles ne puissent quitter le Sanctuaire.
Accrochée à la taille de Sif, Frigga rebondissait comme un poids mort sur le dos de la jument. La vieille reine s'émerveillait des arbres s'élevant de part et d'autre de la route, des vallons, de la joyeuse teinte verte de l'herbe, de la brillance du brouillard vers les sommets. Sif ne l'écoutait que d'une oreille, en tâchant de se réjouir de l'insouciance de Frigga, qui déjà, avait oublié de l'interroger sur ce danger pesant sur son fils adoré.
L'horreur lui apparaîtrait bien assez tôt. Le soleil se rapprochait des cimes. Sif abattit la bride.
« Je connais ces bois, dit Frigga tandis qu'elles pénétraient dans la Forêt de Fer. C'est là qu'ont brûlé les Sorcières. Te souviens-tu de l'épouvantable odeur après les bûchers ? Ces bêtes nous auront importunés jusqu'au bout.
— Je m'en souviens, oui.
— Et plus loin, vers l'Ouest, c'est là que... Où nous conduis-tu, mon Enfant ? »
Mais ce ne sont pas ses mots qui firent ralentir Sif. Ce fut autre chose. Sur le bord de la route, les rapaces et les renards se disputaient une carcasse et l'arrivée des cavalières ne les détournèrent aucunement de leur querelle. La brise balaya une odeur nauséabonde ainsi qu'un lourd pan d'étoffe brun. Pas d'étoffe. De cuir. De l'auroch. Sif se couvrit le nez et la bouche mais cela ne suffit pas à enrayer son haut-le-cœur.
A mesure qu'elles approchaient, ses craintes ne firent que se confirmer. Même imprégnée de sang, elle avait reconnu la tunique tannée de Vidar, déchirée entre les crocs qui cherchaient la chair. Bientôt, elle reconnut sa carrure massive mais jamais, elle n'identifia son visage ravagé par l'appétit des charognards.
« Que mangent-ils ? demanda Frigga. Cela empeste !
— Je ... je l'ignore, Mère-de-Tout. Ce doit être un cerf. Ne nous attardons pas. »
C'est dans un silence macabre que s'acheva leur route. Tracé par ceux qui craignaient les ténèbres ensorcelées de la Forêt de Fer, le sentier s'arrêtait à l'entrée d'une caverne dont tous les Asgardiens connaissaient l'emplacement, en vérité. Frigga se roidit en reconnaissant celles qui la gardaient. Et celui qu'elles tenaient pour prisonnier.
« Qu'est-ce que cela signifie ?
— Descendez, Frigga, ordonna Sif qui avait déjà glissé de la selle.
— Que font-elles ici ? Que... »
En découvrant son fils, agenouillé et le visage bouffi par les coups, Frigga s'effondra. Elle geignait une incompréhensible complainte composée de pleurs, de reniflements et de bégaiements. Dans une démonstration du plus terrible désespoir, elle rampa jusqu'à son fils et posa sur ses plaies ses mains souillées par la boue.
« Mon Baldr, mon pauvre fils, que t'ont-elles fait ? Que... Que lui avez-vous fait ? Vous êtes des monstres... DES MONSTRES ! s’écria-t-elle en larmes.
— C'est bien, fit Skadi avec un hochement de tête adressé à Sif. Au moins, elle est assez lucide pour comprendre ce qui va se produire.
— Se produire ? Non ! Que va-t-il se produire ? Skadi, j'ai honoré ma part, je vous ai ramené Frigga, vous aviez dit que...
— Que la justice serait rendue, acheva Torunn. Rien d'autre.
- Justice ! Quelle justice peut-il y avoir sans procès ?
- Son procès a déjà eu lieu. »
Torunn et Skadi empoignèrent Baldr et l'obligèrent à avancer sur des jambes brisées. Ni ses supplications, ni celles de sa mère, ni ses larmes, ni le sang qu'il bavait, ni les ongles qu'il plantait comme des griffes dans les troncs, ne suscitèrent la clémence. Tout autour de lui, le soleil s’éteignit, étouffé par l’haleine acide de la caverne. Déjà réduits à deux fentes incisées entre les plis enflés de sa chair, Baldr eut à fermer les yeux. Des excuses. Il en bafouillait mais la roche ne cessa pas d’écorcher ses genoux. Skadi et Tanagra échangèrent un regard entendu. Les excuses n'avaient pas de valeur.
Derrière elles, Frigga implorait que son fils ne soit épargné. Torunn se plut à lui assurer qu'il resterait en vie. C'était un discours cruel, reconnaissait Tanagra. En vie, Baldr le resterait, mais cette vie ne devrait bientôt plus ses contours qu'à la souffrance la plus perverse, la plus profonde, la plus insoutenable.
« Mère, Mère ! appela-t-il, les sens mis en alerte. L'entendez-vous ? Qu'est-ce que ce son ? »
Un sifflement, un cliquetis organique, un frottement contre la roche.
« Où sommes-nous ? Je ne vois plus rien ! »
Skadi lui enfonça son poing dans la mâchoire. L'os se brisa. Le bas du visage pendait, inerte, incapable d'émettre autre chose que des voyelles.
« Dieu de la Beauté, cracha-t-elle en s'essuyant les phalanges.
- Ne le touche pas !
Sous les impuissantes supplications de Frigga – que Sif retenait, Baldr fut relevé. On lui enchaîna les poignets. Il n'était déjà plus qu'une masse molle et moite, incapable de lutter. Les bras écartés en croix, le cœur battant, frappant comme une bête enragée prisonnière de sa cage d'os. Le craquement sordide des cartilages quand on le hissa un peu plus et que le sol se trouva trop bas pour le soutenir. La tension ardente dans ses bras. Dans ses poumons, l'air vicié se faisait semblable à cent poignards
Baldr poussa un grognement désarticulé. L'obscurité le garda de l'humiliation d'être découvert, trahi par son propre corps ; sa propre arme, retournée contre lui. Seulement l'odeur de l'urine, qui s'ajouta à l'atmosphère déjà écrasante. Quelqu'un exigea le silence. Tous les souffles se suspendirent. Toutes les têtes se levèrent vers une voûte de roches. Et puis, un sifflement. Un nouveau frottement contre la roche.
« Le voilà, ronronna Tanagra. N'aie crainte, bel ami, car voici un festin que je ne t'arracherai pas. »
Frigga poussa un cri effroyable.
« Traîtresse ! Tu as forniqué avec cette bête pour t'attirer ses faveurs ! »
Après l'avoir si souvent maudit, Tanagra chuchotait à l'oreille du serpent. Le corps épais du reptile s'enroulait autour d'une pointe rocheuse, son œil fendu posé sur l’offrande. Il rampa, se tendit pour examiner cette nouvelle proie dont il mesurait le périmètre crânien, tous crochets dehors.
Torunn, Tanagra et Skadi verrouillèrent les entraves de Baldr d'un sceau puissant. Preuve de leur alliance. Gardien de leur vengeance. Aucune d'elles ne cilla, au premier crachat de venin. Aucune pitié n'étreignit leur cœur. Le visage bouffi de Baldr se couvrait de cloques. Il s'agitait misérablement, semblable à un poisson au bout d'une ligne de pêche, trop torturé par l'air pour sentir encore le crochet lui déchirant la bouche.
En désaccord avec la sentence, Sif s'abstint cependant de s'y opposer. A quoi bon ? Baldr endurait ce qu'il avait causé. Peut-être était-ce là la Justice à laquelle tout leur peuple avait échappé. Peut-être était-ce le prix du renouveau. Le sacrifice nécessaire au rachat de toutes leurs dettes.
Prostrée au sol, la vieille Frigga ne suppliait plus. La souffrance de son garçon, qui emplissait la caverne, la pétrifiait. Quelque chose heurta ses mains. Elle redressa lentement la tête et découvrit un bol ébréché qu'un coup de pied venait d'approcher.
« Tu n'auras qu'à recueillir le venin là-dedans, dit Tanagra.
Mais le pied de Torunn brisa le bol en mille morceaux.
« Si elle veut épargner son fils du supplice, elle le fera de ses propres mains. »
Frigga se releva au prix de lourds efforts. Toutes l'observèrent, progressant péniblement, chancelante. A hauteur de son fils, elle voulut caresser sa joue du dos de sa main, mais cela ne fit qu'étaler l'acide sur sa chair rongée. Sa gueule difforme se brisa un peu plus. Alors Frigga forma une coupe entre ses mains et jamais elle n'eut apparu aussi ratatinée. Aussi tendues furent ses jambes noueuses, le venin atteignait toujours Baldr en premier.
Personne ne lui vint en aide.
Repue du terrible spectacle, Skadi tourna les talons. Tanagra et Torunn ne s'attardèrent pas beaucoup plus. Sif fut la dernière à retrouver la fraîcheur du soir, accablée par les hurlements des suppliciés qui rebondissaient sur les parois de la caverne.
« Et Frigga ? demanda Skadi.
Sif s'apprêtait à lui répondre quand un tremblement ébranla le continent. Deux rochers basculèrent l'un contre l'autre et scellèrent l'entrée de la caverne.
Dans la couleur mauve du crépuscule, les oiseaux volaient par nuées. La Forêt grouillait d'insectes, l’écorce frémissait sous les griffes des rongeurs, le sol vibrait de la fuite des bêtes. Les quatre femmes eurent à s'écarter à l'approche d'une harde de chevreuils et c'est en constatant leur affolement que Sif s'aperçut de la disparition de sa jument.
Par-delà la cime des arbres, Tanagra descella un spectre familier, un reflet clair comme la glace, dansant comme une flamme dans la voûte du ciel.
« Tu devrais partir retrouver tes enfants, Sif. » dit-elle, lointaine.