Une ombre surgit du ciel et cracha du feu, brûlant tout sur son passage. Elros tentait désespérément de décocher des flèches, mais aucune ne parvenait à transpercer les écailles de la créature.
Utilisant ma magie, je lui façonnai un arc que je nommai *Yumi Fujin*, et l’accompagnai de flèches enchantées. Elros me remercia d’un regard plein de gratitude avant de se lancer de nouveau à la poursuite du dragon.
Je le suivis, le cœur battant, car la bête se dirigeait droit vers l’Arbre du Destin.
Quand nous arrivâmes, il était déjà trop tard.
L’arbre n’était plus qu’un tas de cendres.
Je sentis mes forces m’abandonner peu à peu. Mes jambes fléchirent, la tête me tourna… Je m’évanouissais.
Soudain, un chant s’éleva, d’une douceur irréelle — une voix céleste, comme celle d’une déesse. J’ouvris les yeux, vacillante, tentant de me relever. Je ne pouvais pas abandonner maintenant.
C’est alors que je les vis.
Azura et Dana, allongées sur le sol, inertes.
Je posai mes mains sur ma tête et hurlai :
— Je vous en supplie… arrêtez !!!
— *Anis, tu m’entends !?* cria une voix familière.
J’ouvris les yeux, affolée, en larmes.
J’étais assise, haletante.
Elros se tenait devant moi, une main posée sur chacune de mes épaules. Sans réfléchir, je le pris dans mes bras en pleurant. Il resta figé un instant, surpris, puis me rendit mon étreinte avec douceur.
— Que s’est-il passé, Anis ? demanda-t-il d’un ton bienveillant.
— J’ai… j’ai rêvé que tout le monde mourait sous mes yeux… L’Arbre du Destin n’était plus que cendre, dévasté par le dragon… Je suis désolée, Elros… Je n’ai rien pu faire… J’étais impuissante.
— Ce n’est rien, Anis. Ce n’était qu’une vision, dit-il en glissant une main apaisante dans mes cheveux. Et nous ferons tout pour qu’elle ne se réalise jamais.
Il posa sa main sur ma joue pour essuyer la larme qui y coulait.
— Pardon… si je t’ai pris dans mes bras… C’était peut-être déplacé.
— Si tu en avais besoin, alors ce n’est pas déplacé, répondit-il, les yeux plongés dans les miens.
— Merci…
— De rien. Je t’ai apporté ta tenue de prêtresse. C’est celle que tu portais autrefois. Je voulais que tu la portes pour rencontrer mon père dans de meilleures conditions.
— Merci, Elros.
Je me levai et l’observai s’éloigner.
J’enfilai la tenue de prêtresse — elle me semblait étrangement familière. Elros avait raison : je l’avais déjà portée. Ce sentiment de déjà-vu me serra le cœur.
Sur la table, deux lames en forme de croissants de lune reposaient, silencieuses. Je jugeai préférable de ne pas les prendre, du moins pour l’instant.
J’ouvris la porte.
De l’autre côté, Elros m’attendait, accompagné d’Azura et Dana.
Ils me conduisirent à la salle du trône.
Des serviteurs ouvrirent les grandes portes.
Le roi des elfes se tenait là, devant moi.