Chapitre 6

Notes de l’auteur : Modification le 4 juin

Elara s'éloigna un peu de Lirion pour mieux regarder autour d'elle et il la suivait à la trace, lui expliquant des choses en même temps.

— Nous sommes dans le royaume de Brocéliande, ici c'est la vallée Gwynnfaen, mon domaine.

 

Elle tenta d’embrasser la scène dans sa globalité, une vallée habillée d’arbres et végétaux monumentaux, comme dans une jungle équatoriale, mais en plus discipliné, comme si les plantes dotées d’une conscience laissaient la place à chacune de s’épanouir.

— La ville la plus proche et pas des moindre est celle d'Alenvel où il y a une grande communauté de fées comme celle que tu as vu tout à l’heure, repris Lirion, la guidant avec douceur le long d’un chemin entre les arbres.

 

De nombreuses créatures semblaient se fondre ou apparaitre comme par magie dans ce décor. Elle sursauta en voyant un buisson se métamorphoser en grenouille et s’enfuir devant ses pieds. Puis de nouveau, quand une volée d’oiseaux multicolores bruyants firent un concert improvisé dans un arbre.

Elara sentait une légère nausée la prendre et ses jambes la portaient difficilement, mais Lirion continuait à parler, comme pour meubler le silence.

 

— Tiens, voici un groupe de Tylwyth Teg ! Ici tu verras beaucoup de ces créatures mais la population locale est variée. Il y a  aussi des oiseaux de Mabinogi, des Dryades, des nymphes aquatiques et Trolls. Les jours de forte pluie et de brouillard on a la chance d'apercevoir des feux follets très mignons. Est-ce que tu veux explorer un peu ou te reposer chez moi ? s’empressa de demander Lirion comme inquiet.

— Je crois que j'ai besoin de m'asseoir, répondit Elara pantelante.

Il se précipita pour la prendre dans ses bras et la porter. Elle s'agrippa à son cou et ri nerveusement malgré son hébétude.

— Je crois que je suis sous le choc, j’ai un peu du mal à croire ce que je vois, mes jambes ne veulent plus écouter, repris Elara la voix effacée.

— Je comprends, accroche-toi bien à moi, lui répondit Lirion, un léger sourire aux lèvres.

— C’est une manière de me dissuader de partir en courant!

— Aussi.

Et cette fois, il ne riait plus du tout. Il prenait conscience de son acte et du possible rejet d'Elara quand elle reprendrait ses esprits.

Il aurait peut-être dû prendre davantage de temps pour qu'elle s'attache à lui, mais il n'avait pas pu résister. Cette attirance aussi forte ne pouvait pas être jugulée et il fallait qu'il la voie, reste avec elle. Il n'avait jamais ressenti ça depuis sa naissance.

 

Lirion grimpa un grand talus rocheux qui menait jusqu'à chez lui.

Sa maison était entourée de majestueux arbres aux feuilles scintillantes. Un ruisseau cristallin habité de nymphes serpentait à proximité, apportant avec lui les murmures de la nature.

La demeure en elle-même était une merveille architecturale, mariant l'élégance naturelle de la pierre blanche à des volutes et sculptures celtiques faites de bois noble, d'éléments minéraux brillants à la lumière du soleil couchant et de lianes entrelacées.

 La base solide comme intégrée dans son environnement laissait s’élever des tours cylindriques d’où entraient et sortaient des multitudes d’oiseaux.

 

À l'extérieur, Elara voyait quelques nids perchés plus ou moins dissimulés dans les branches des arbres et des plateformes en bois finement sculptées s'étendaient autour de la maison.

 

Lorsqu'ils franchirent le seuil, elle découvrit un espace vaste aux tons crème, bois et ocres, conférant à cette immense pièce une atmosphère chaleureuse et accueillante.

Les fenêtres surplombantes offraient une vue panoramique sur la vallée et les montagnes lointaines. Des lustres tressés de lianes et de joyaux luminescents diffusaient une douce lumière sur les plafonds.

Ce qui semblait être un salon était aménagé avec une grande cheminée éteinte, des coussins surdimensionnés disposés en cercles, semblables à des nids, et de larges niches. Des tapis tressés aux teintes minérales recouvraient presque tout le sol. Une série d'étagères chargées de livres ornait l'un des murs, et un peu plus loin, une estrade s'élevait comme le cœur d'une église, regorgeant d'une incroyable variété d'instruments de musique, d'étuis et de coffres.

 

Lirion la déposa délicatement sur un des coussins, incroyablement moelleux. Elle retira ses chaussures, laissant ses pieds froids se détendre sur le tapis, doux comme de la soie, les fibres caressant ses orteils comme des brins d'herbe.

Il la laissa à ses contemplations et revint peu après avec un grand bol et un verre rempli. Elle tourna la tête pour apercevoir un îlot de cuisine, des étagères et divers éléments suspendus le long de lianes, le tout constituant un agencement quelque peu énigmatique.

S'installant près d'elle, il l'embrassa doucement sans lui laisser le temps de s'exprimer. Elle se laissa aller à cette étreinte apaisante, ressentant toute la tension s'évaporer. La faim, la soif et une multitude de questions tournoyaient dans sa tête. En tant qu'anthropologue, cette découverte était à la fois fabuleuse et totalement folle.

 

Elara se recula légèrement pour regarder Lirion qu’elle voyait d’un tout nouvel œil. Il lui tendit alors une sorte de fruit sec avant d'en croquer un lui-même. Elle l'imita, puis ils partagèrent le même verre d'eau tout en grignotant les crackers qu'elle avait sortis de son sac, dans un silence complice. Elle respira profondément, fixant le regard neutre de Lirion.

— Je n'ai pas peur de toi, Lirion, et je ne vais pas crier. J'ai bien saisi ce que tu m'as expliqué sur cet endroit, et j'ai beaucoup de questions. Mais pour l'instant, je suis épuisée. Ce que j'aimerais savoir en priorité, c'est : Est-ce que ma présence ici va te causer des ennuis, et est-ce que je suis libre de rentrer chez moi ?

Lirion la regardait attentivement, pesant ses mots pour ne pas commettre de faux pas. Il décida qu'il valait mieux être honnête et direct avec elle.

— Certains Brocéliandins n’apprécient pas les humains, mais ceux de la vallée sont adorables et vont t’apprécier. Je n’aurai pas d’ennuie, mais je ne peux pas garantir ta sécurité si tu sorts de mon territoire.

— D'accord, merci pour ta franchise. Et pour ma seconde question ?

— Tu n'es pas prisonnière, et je peux te ramener chez toi. Mais, j'aimerais que tu restes un peu, répliqua Lirion hésitant.

 

Il semblait presque effrayé, sa voix devenant douce, comme pour rassurer un animal apeuré.

— Lirion, sais-tu quel est mon métier ?

— Pas vraiment. J’en ai entendue parler, mais je ne sais pas ce que ça signifie.

— Je suis anthropologue. J'analyse et j'étudie les comportements de la société humaine, leurs rituels, leurs croyances dans leur environnement. Je suis plutôt douée dans mon domaine, je donne des conférences sur mes découvertes et je forme de jeunes étudiants. En bref, si je te raconte tout ça, c'est pour te dire que pour moi, ce monde est comme un nouvel univers qui s'ouvre devant moi. Comme si des extraterrestres avaient atterri sur Terre avec leur culture, et je suis très curieuse.

— Tu veux dire que tu restes.

— Ma curiosité me pousse à être très imprudente, mais oui, je reste pour l'instant. D'abord, parce que je suis épuisée, et ensuite, j'ai besoin de savoir que je n'ai pas rêvé tout ça.

Lirion la souleva d'un coup pour la placer en travers de ses cuisses, frottant doucement son nez dans son cou, puis l'embrassa de nouveau, tenant son visage entre ses mains en coupe. Elle posa sa main sur la sienne pour l'encourager à se calmer.

— Lirion, j'aimerais dormir.

Il la souleva de nouveau dans ses bras et l'installa dans une très grande alcôve où l'on pouvait se tenir debout, de la taille d'une très petite chambre. Il la déposa sur un sol recouvert d'une couche aussi ample qu'un très grand lit double, moelleuse et épousant l'arrondi de l'espace, ornée de peaux et de tapisseries.

Se mettant près d'elle, il déposa une grande couverture tissée légère, imprégnée de l'odeur de l'herbe sèche et de la lavande.

Elle se blottit contre lui et s'endormit aussitôt.

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Sebours
Posté le 30/01/2024
Bon, je continue sur ma fixette. Là on a le point de vue de Lirion (en même temps Elara dort!). Pourtant il y a une phrase "Elle hocha la tête et s'inclina, signe qu'elle comprenait et regrettait sa remarque." qui fait penser à un narrateur omniscient. Si tu reste sur le point de vue de Lirion, impossible de connaitre les pensées de la fée (à part si Lirion possède le pouvoir de lire dans les esprits).

Comme je suis dans ma phase de réécriture j'ai tendance à voir tout les mots superflus. Par exemple:
"Après de longues minutes de réflexion, il eut une idée pour l'encourager à rester, à la fois pour lui et pour elle-même."
Pour moi il faut supprimer " à la fois pour lui et pour elle-même". C'est dingue comment mon propre texte déborde de ces bouts de phrases dispensables. Pareil avec le "Et" ou "Mais" que je mets à chaque début de phrase!

Je trouve ce chapitre charmant. La discussion avec le petit peuple permet de cerner un peu plus le personnage de Lirion. C'est quand même surprenant qu'ils parviennent à discuter avec Elara qui dort dans les bras de Lirion sans qu'elle ne se réveille.
Papayebong
Posté le 25/02/2024
Ici c'est un chapitre du point de vue unique de Lirion.
Il faudra que je tourne différemment la phrase : "Elle hocha la tête et s'inclina, signe qu'elle comprenait et regrettait sa remarque." Car ce n'est pas censé être sa pensée mais sa gestuelle qui traduit du remords.

Pour le sommeil d'Elara. J'ai supposée que son état d'épuisement l'endorme profondément. Effectivement ce serait mieux qu'il change de pièce, même si mon intention première était qu'il ne voulait pas la lâcher.
EmmaLy
Posté le 09/01/2024
J'aimerais une petite explication sur ce que sont les Tylwyth Teg mais peut-être qu'on aura les explications en même temps qu'Elara.
Je trouve ça très mignon la façon dont Lirion, même s'il est un personnage masculin, fait appel à ses amis (un peu façon princesse disney, animaux de la forêt venez à mon secours).
Le dialogue à plusieurs voix peut paraître étrange au début, mais vers la fin, chacun y va de sa petite phrase. Le fait qu'il n'y ait plus d'incise rend ça plus réaliste, ils sont surexcités, chacun lance une idée etc. Je trouve que ça passe très bien.
Il y a aussi des sous-entendus assez intrigants, le meilleur et le pire de Brocéliande, additionné à "tu n'étais pas libre dans ton ancienne vallée", on a envie de savoir quel est ce pire, moi je m'imagines tout de suite des fées esclaves dans des mines ou des choses comme ça et j'avoue que ça pique ma curiosité.
Je suis aussi intriguée par cette autorité inconnue qui fait que c'est interdit de ramener une humaine et que Lirion semble craindre un peu mais pas trop non plus puisqu'il est en mode "aller maintenant c'est ma compagne", ça me rend un peu perplexe.
Sinon, peut-être qu'il faudra des notes pour les noms parce que c'est que des noms de fantasy, pour des persos qu'on voit pas forcément longtemps, personnellement j'ai pas retenu les noms des petites fées là.
Désolée pour ce retour assez brouillon, mais j'avais beaucoup de choses à dire.
Papayebong
Posté le 09/01/2024
Je vais faire un glossaire des créatures, plantes et des personnages. Parce qu'effectivement il y a pas mal d'informations et c'est toujours plus facile de s'y référer.
Je verrai peut-être a réintégrer certaines de mes idées ou reformuler pour que ce soit plus "soft" mais comme le roman est déjà gros (surtout pour de la romance) ça m'embêtais de développer certains aspects d'Aldaria peu reluisants que j'aimerai d'avantage aborder dans 2 nouvelles ayant comme protagonistes des personnages que j'évoque, sans développer leur histoire.
Plus tard nous découvrirons l’entité comme tu dis ;)
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