Un bruissement.
Je tournai la tête, surprise. Cela ne faisait seulement que quelques secondes que j’étais perchée sur cet arbre. Un éclat de lumière sur la gauche m’indiqua la position des gardes.
Puis soudain, je les vis.
Ils étaient une dizaine, tous armés jusqu’aux dents. Ils avaient revêtu une armure blanche que je reconnus immédiatement. Cela était normal, étant donné les nombreuses illustrations que j’avais contemplé longuement enfant dans mes gros albums rangés à présent, soigneusement dans de gros cartons au fond de ma chambre.
C’était l’armure de l’iris.
Elles avaient le don de ne pouvoir être transpercées uniquement par une épée. Epée dont personne ne connaissait le nom et qui avait disparu, il y a de cela des milliers d’années, emportée par un elfe dans les profondeurs des grottes qui abritaient Estolum, la cité des elfes. Quant aux armures, elles avaient disparu avec la puissante arme.
Mais, ceci n’était qu’une légende racontée aux enfants. Apparemment nous nous étions tous trompés.
Je creusais dans les profondeurs de mes souvenirs, à la recherche d’autres informations, d’autres indices qui pourraient m’indiquer que je ne suis pas folle, que je ne me trompe pas.
Soudain, le groupe s’avança jusqu’à mon illusion. Un de ses hommes s’avança et contempla la falaise. Gabin. Il était habillé de la même armure qu’eux, néanmoins, je trouvais que cela lui allait bien mieux à lui qu’à quoiqu’onques qui aurait la chance de porter cette merveille. Il avait un certain charme avec ce blanc nacré. Je me sentis rougir en le voyant ainsi, fier, drapé dans un compte.
« trouvé moi l’entrée » ordonna le roi.
Tous hochèrent la tête et partir dans les deux directions possibles, en lignes, frôlant la paroi. J’attendis quelques secondes, et un cri se fit entendre. Gabin se précipita vers l’origine de ce bruit et je les suivis, suspicieuse. Un des gardes avait disparu dans une grosse fissure, assez large pour faire passer un corp.
« que s’est-il passé ?! »
Le roi jetait des éclaires noir à chacun de ses collèges.
« nous ne savons pas, altesse. Il a été emporté par ici. Je n’ai vu que son buste avant qu’il ne se fasse tirer là-dedans. » expliqua le plus vieux bonhomme.
Gabin sortit une feuille et regarda ce qu’il y avait dessiné.
« la carte indique que nous sommes au bon endroit, en tout cas à peu près. »
Personne ne bougea et le roi leva la tête agacé.
« dépêchez-vous » menaça-t-il.
Il se plaça au milieu de la file indienne et ils disparurent un par un dans l’obscurité de ma magie.
Je sautais de l’arbre et atterris avec agilité sur l’illusion. Je suivis la légère ouverture qui s’étendait au loin. J’entendais les pas lourd des gardes sur la terre et les cailloux. Cela faisait à présent une demi-heure que nous marchions. Nous allions bientôt arriver au piège. Là, le passage s’élargissait en une petite clairière de roche.
J’avais installé au centre le corp inerte du garde disparu. Drogué par des plantes. Ils se précipitèrent tous à son secours, la clairière assez petite, ne permettait pas de laisser rentrer tout ce monde en plus d’un corp, et comme je me l’étais imaginé, Gabin resta dans la fissure, contemplant ses sujets qui tentaient désespérément de réveiller leur ami. La carte était là, entre ses doigts frêles. J’appelais une nouvelle fois la nature, une plante tout près m’accepta dans son esprit. Je lui murmurais d’attraper la carte et de la remplacer par une feuille que je colorerais en une jolie illusion. Elle le fit si rapidement que Gabin ne remarqua rien. la joli branche me l’apporta avec assurance. Je la remerciais d’un sourire.
« nous devons le ramener au château. Demain, nous reviendrons. » dit-il. et il rangea l’illusion.
*
Je pris une profonde inspiration, je regardai l’arbre majestueux qui se trouvait devant moi. Mes pieds fin étaient posés sur ses racines. J’avançais doucement ma main et touchais le tronc rugueux.
Sur le plat de ma main se trouvait la carte.
« que dois-je faire à présent » demandais-je.
Pourquoi je paniquais autant ? une sensation me parcouru. Une sensation qui se transforma en mot dans ma tête :
« détruit là. »
Mais je me devais de demander ce qui me trônait dans ma tête.
« comment-ce fait-il que je sois aussi… doué ? je n’ai jamais exercé ma magie et pourtant, cela est pour moi très simple. Ce qui est illogique, puisque quand l’on découvre il nous faut beaucoup d’entrainement et… »
Une nouvelle sensation vint.
« tu es une magicienne bien plus forte que tu ne le penses. La magie fait partit de toi et tu sais donc naturellement comment t’en servir. Mais de l’entrainement il te faut quand même. »
Je fermis doucement les yeux.
« concentre-toi, tu as toute la force nécessaire. Ton imagination et ton pouvoir fera le reste. »
J’inspirai une nouvelle fois. J’appelai les quatre éléments, mais seulement un me répondit. Seulement celui que j’avais besoins. Je le concentrais dans la main qui tenais la carte. J’ouvris les yeux surprise en sentant le papier se décomposer. Un feu bleu dansait sur ma main, consommant la carte jusqu’à n’en laisser que des cendres, qui s’envolèrent au premier coup de vent. Je souris.
« le feu qui ne brule pas » pensais-je.
Puis soudain, une idée folle me parvint. Une idée qui nous sauvera définitivement de cette carte. J’appuyai plus fort ma main contre l’écorce et baissai la tête. Je soufflai profondément et imaginai la salle bordélique avec la tapisserie. Aussi simplement que tout à l’heure, le feu m’obéit et brula la carte sans grande difficulté. Quand il n’y eu plus rien je souris. Je rouvris les yeux doucement, le regard limpide.
« tu es dans ton élément depuis toujours » me dit la douce sensation qui me fit frissonner de plaisir. Je savais à présent qui j’étais.
Je marchais calmement, errant sur le chemin qui me reconduirait chez moi. Perdu dans mes pensées, j’avançais doucement dans la nuit. J’avais demandé au Tout si les elfes existaient. Je savais qu’il me répondrait que oui, c’est ce qu’il s’est évidemment passé, mais cela m’était vraiment étrange. Je n’arrivais pas à poser une image claire et net sur ces êtres vivants. Et puis, ce n’est que de la fantaisie… je secouai la tête. Ce genre de chose ne devrait plus m’étonner. Je contrôle la nature, la magie fait partit de moi. Je devrais m’habituer à sa présence dans notre monde rapidement. Le roi des arbres m’a expliqué qu’avant, les elfes et les humains vivaient en paix et en harmonie. Une des villes les plus connus qui abritait les elfes se nommait la cité d’or -aujourd’hui du même nom- mais une guerre civile éclata. Un mage puissant créa donc les armures de l’iris. Dès lors que la guerre cessa, ils ne l’utilisèrent plus et se la firent voler par les Hommes. Ils devinrent rapidement invincibles et ce fut le chaos à Armis. Elle s’appelait « la guerre de l’armure ». Pour sauver le peuple, le mage créa une épée, la seule qui était capable de la détruire. Ce fut la première fois que les mages sauvèrent notre pays. Une fois récupéré, les armures furent confiées aux elfes d’Estolum. Suite à la trahison qu’on commit les Hommes, les elfes de la cité d’or les rejoignirent peu après. Personne n’entendit plus jamais parler d’eux. Le monde les oublia petit à petit et aujourd’hui, ce n’est qu’une légende. Mais, le Tout m’a affirmé leur existence : son prédécesseur les a connus et était roi lors de la guerre, d’après lui il y a eu beaucoup de perte naturel, c’était une catastrophe qu’ils avaient tout de même réussis à surmonter : la nature repousse avec de l’eau et du soleil.
Soudain je me souvins du mage qui avait discuté avec le roi des arbres. Peut-être le rencontrerais-je un jour ? je crois que le Tout m’a donné un prénom. Poile. Oui c’est cela, il s’appelle Poile. Une idée germa dans mon esprit. Il fallait que j’effectue des recherches sur tout ce que j’avais appris. Demain je me rendrais à la bibliothèque et…
Mes pensée s’interrompirent brusquement. J’avais tant divagué dans ma tête que je ne m’étais pas rendu compte que je me trouvais devant ma maison. La porte était ouverte et ma mère me regardait, son pied gauche martelant le sol : elle était furibonde.
Elle me laissa entrée puis claqua la porte. Son regard noir me scruta de la tête au pied.
« je vais te poser une question claire et net : ou étais-tu ?! me dit ma mère, le plus calmement qu’elle le pouvait.
- Dans les bois ! »
Je m’étais écrié trop rapidement, les fins sourcils noir de ma mère se froncèrent durement.
« es-tu sûr de toi ? toute la famille est partit à ta recherche et des gardes nous ont informé que tu étais entrée dans le château. Ou étais-tu vraiment, Nilah ?
- Ils ont dû se tromper de personne. Je ne suis pas allé dans le château, pourquoi irais-je ? répondis-je, inventent un mensonge aussi vite que me le permettait mon cerveau.
- Nilah ! ne me ment pas ! s’énerva ma mère. Je déteste ça ! alors sois tu me dis la vérité, sois tu recevras une punition que tu ne seras pas près d’oublier !
Je m’interrompis quelque secondes, les yeux en feu, la colère montant.
« Mais je te dis la vérité ! tu ne peux pas me croire deux secondes ou tu préfères l’avis des gardes ?! criais-je sur un ton que je n’avais jamais employé avec ma mère.
- Ne me parle pas sur ce ton ! et je n’ai pas besoin de leur avis ! tu es ma fille et je ne crois pas une seule seconde de ce que tu me dis !
- Mais je ne te mens pas ! et puis zut si je peux plus aller ou je veux ça s’appelle de la séquestration !
- PARDON ?! tu peux répéter s’il te plait ?! je… »
Mais je ne l’écoutais plus. Je grimpai les escaliers quatre à quatre et claquai violemment la porte de ma chambre. Mes joues étaient en feu, une boule de colère titillait ma gorge et je tremblais encore de frustration. Je respirai calmement, tentant de calmer ma fureur.
D’habitude, ma mère ne me criait jamais dessus. Et moi je ne lui avais jamais parlé ainsi. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris. J’avais 15 ans et n’avais pourtant jamais fait de crise d’adolescence, ce qui était rarement la cas à mon âge. Peut-être était-ce toutes les émotions de la journée qui m’avaient irrité à ce point. J’avançai à reculons, les dents serrées, les poings fermés. Je me retournai et ma sœur se jeta dans mes bras. Je l’étreignis avec force, le regard vague, des poupées à moitié habillées, à moitié coiffées gisant sur le sol.
« Nilah ! tu es là ! » chuchota-t-elle. « j’ai eu si peur… tout le monde disait que tu avais disparu mais moi j’étais sûr que tu reviendrais ! jamais tu ne m’abandonnerais. »
Je la serrais plus fort encore.
« jamais je ne t’abandonnerais, tu le sais, non ? »
Voyant qu’elle ne me répondait pas, je me dégageai et posai mes deux mains sur ses épaules. Nos regards s’entrechoquèrent avec force. J’avais envie de détourner le regard. J’avais trop honte. Jamais je n’avais caché de secret à ma sœur. On se racontait tout et ça avait fait notre force pendant la famine. A présent, un vide était apparu et me déstabilisait tout au plus. J’inspirai longuement, me forçant à continuer à la regarder.
« Chylie ! voyons ! tu ne me crois pas capable de t’abandonner ! »
Cette fois-ci se fu-elle qui détourna le regard. Je la secouais et elle chuchota.
« aujourd’hui pourtant tu l’as bien fait.
- Ecoute, aujourd’hui je suis juste allé dans la forêt me balader seule. Je ne t’abandonnerais plus et nous ne serons séparé que quand on a école, comme demain ! d’accord ? »
Je la regardai avec tant d’insistance qu’elle hocha la tête et sortit un objet de sa poche qu’elle me tendit. Je le pris délicatement. Une bague.
« Promets-moi de ne jamais m’abandonner. Cette bague sera le symbole de ta promesse. Jure-le-moi. »
Elle me dit ses quelques mots avec tant de sérieux que je souris bêtement de rire. L’envie irrésistible de la taquiner me pris.
« et si je décide de l’enlever un jour ? » la charriais-je.
- Tu n’oserais quand même pas, dit-elle en souriant. Surtout pas enlever la magnifique bague que ta offert ta petite sœur d’amour ! »
Un rire s’échappa de mes lèvres et elle me suivit dans se moment d’humour et de nouveaux avec complicité nous rigolâmes à gorge déployé.
Je me relevai et commençai à grimper à l’échelle de notre lit superposé quand une main me tira en arrière, me remettant les pieds sur le parquet.
« Nilah, promet moi. »
Son joli sourire avait disparu. Son ton était d’un sérieux absolu. Je glissais la bague à mon doigt et murmurais :
« je te le promets. »
J'envie beaucoup Nilah, elle a de la chance.
Sinon, j'ai bien aimé ce chapitre, il était à la hauteur de mes attentes.
Je suis ravie que ça t'ait plu ! hâte de vous faire lire la suite, cher lecteur <3
bonne lecture ^^
Anaïs