Jack resta à son domicile les cinq jours qui suivirent. Il en avait reçu l’ordre de sa femme, mais également de son supérieur qui avaient eu écho de cette histoire. C’était long cinq jours, cinq jours à ressasser sa culpabilité. Il errait dans un marasme accablant. L’affection et les attentions de sa femme ne parvenaient guère à ôter la charge de ses pensées.
Que faisait le môme en ce moment ? Qu’allait-il devenir ? Où allait-il aller ? Allait-il pouvoir un jour s’extirper de la folie qui l’avait ceinturé ? Allait-il pouvoir un jour rire à nouveau ?
Il désirait ardemment pouvoir le rejoindre, entendre sa voix et veiller sur lui. Il en avait même besoin. Se consacrer à la protection de cet orphelin serait le meilleur remède pour épurer le flux de culpabilité toxique qui irriguait ses veines. Mais lorsque l’idée de le visiter prenait d’assaut ses muscles, tout se pétrifiait. Il avait peur, ses cauchemars avaient parasité son esprit. Il s’imaginait devenir le monstre que l’enfant regardait. Il voyait ce regard, vide et rempli de désolation, se poser sur lui. Il craignait la souffrance que pouvait projeter des pupilles meurtries. Devenir une âme maléfique, c’était ça son pire cauchemar.
Après cinq jours à se morfondre et à s’égarer dans les abîmes de son être, il refit surface et s’oxygéna de pensées plus saines. Il se sentait prêt à retourner à l’hôpital.
En réalité, il savait au fond de lui que l’enfant ne s’y trouverait plus. Il avait laissé filer l’espoir d’abroger la culpabilité qui s’apprêtait à le ronger jusqu’à son dernier souffle.