La cafétéria de l’Académie était tellement bondée qu’il n’y avait presque plus aucune place de libre, mais Alma, Hasper et Loréa réussirent à se dégoter une petite table juste pour eux dans le fond près d’une fenêtre.
Les discussions ne tournaient plus qu’autour d’une seule chose : le bal royal. À chaque fois qu’Alma passait près d’un groupe, ils ne parlaient que de ça. Tout le monde était excité par cet événement qui avait lieu dans deux jours mais en même temps elle ne pouvait pas les blâmer c’était quelque chose d’unique. Voir la reine en personne, porter une tenue magnifique et se pavaner dedans toute une soirée durant. Le banquet devait également être incroyable et la nourriture, divine.
Il était vrai qu’imaginer le festin royal lui avaient donné l’eau à la bouche mais malgré l’estomac sur pattes qu’elle était, elle ne changera pas d’avis.
—Alors, parlons du sujet du moment, commença Alma sur le ton de la confidence. Avez-vous trouvé votre tenue de bal ?
—Oui ! s’exclama-t-Loréa les yeux plein de paillette. Je ne vous en dis pas plus c’est une surprise mais je peux vous dire que je serai presque aussi belle que la reine en personne.
Hasper rigola en entendant Loréa se vanter avec humour.
—Moi, dans ma tenue j’aurai l’air d’un roi et même la reine sera jalouse de pas m’avoir rencontré plus tôt ! dit-il avec une voix exagérée qui fit rire ses deux amies.
—Vous avez intérêt à prendre des photos hein ! Je veux vous voir tout beaux.
—Tu n’as qu’à venir avec nous, se plaint-il.
Alma grimaça.
—Tu sais très bien que je ne peux pas.
—Que tu ne veux pas plutôt, rectifia Loréa.
—C’est vrai je ne veux pas et puis de toute façon c’est trop ta…
Elle sentit un liquide glacé lui dégouliner dessus et une odeur fruitée lui parvint aux narines.
—Oh par les Joyaux, je suis sincèrement navrée ma chère Alma.
Une grande blonde un peu trop maquillée se tenait là, un verre vide à la main et une fausse expression d’horreur affichée sur le visage. La voix mielleuse qu’avait pris Pénélope lui monta à la tête. Elle avait fait exprès. Alma se leva, les poings serrés. Cette peste avait le don de l’énerver à chaque fois qu’elle la voyait. Ses deux autres amis assis à table ne parlaient plus mais regardaient la nouvelle arrivée avec des yeux de tueurs.
—Tu me cherches Pénélope ?
Une aura sombre et remplie de colère se dégageait d’elle, la haine coulait le long de tout son corps. Ses yeux si bleus s’étaient assombris. L’atmosphère de la cafétéria était gelée, l’air était devenu lourd et pesant, tous les autres élèves s’étaient tus et regardait la scène, contents de voir en vrai ce qui fera le bruit de rumeurs dans quelques heures.
—Alma contrôle toi, temporisa Hasper. N’oublie pas où nous sommes.
Debout avec un sourire maléfique, Pénélope se réjouissait. Elle savait très bien que les règles de l’Académie empêchaient quiconque de frapper quelqu’un en dehors d’un duel ou d’un cours de combat. Alors elle était fière de son coup, sachant qu’avec le caractère explosif et la haine qu’Alma lui portait, elle allait réagir.
Ses vêtements collants firent frissonner Alma et l’odeur de jus de fruit l’écœurait. Alors elle inspira un grand coup.
Elle ferma les yeux.
Et se rassit. Quand elle les rouvrit, la lueur destructrice qui s’était emparée de ses yeux s’était éteinte, l’aura meurtrière qui l’accompagnait aussi et l’atmosphère autour d’elle s’était radoucie.
Le reste de la cafétéria n’avait rien manqué de ce qu’il venait de se passer et la surprise se lisait sur tous les visages.
Habituellement elle aurait peut-être donné un grand coup de poing la où ça fait mal. Ou alors elle aurait trouvé quelque chose pour la ridiculiser et lui faire regretter d’avoir osé la déranger en plein repas.
Mais ce jour-là, elle avait décidé d’agir d’une autre façon. Peut-être se souvenait-elle de la réflexion qu’elle avait eu en se regardant dans un bout de verre quelques jours plus tôt.
Un sourire rempli de fierté s’était dessiné sur les lèvres de Loréa et ses yeux brillaient de mille feux.
Un clignement des yeux et tout était revenu à la normal comme si personne n’avait remarqué la tempête qui avait failli s’abattre sur eux. Les élèves avaient repris leur repas et leur discussion, Pénélope s’était retirée sans un mot voyant qu’elle n’avait pas obtenu ce qu’elle espérait.
—Cette peste, cracha Hasper.
—Si tu t’étais déchainée tu aurais enfreint les règles et tu n’aurais pas pu aller au bal et je pense que c’était son but. Mais comme tu n’y vas pas…
Alma avait au coin des lèvres un sourire maléfique.
—Qui a dit que je n’allais pas au bal ?
Et c’est ainsi qu’elle se retrouva à l’entrée du palais royal, portant une tenue bien trop belle pour elle aux côtés d’une Loréa resplendissante qui portait une robe bustier splendide de couleur bleu turquoise avec quelques froufrous. Elle n’en faisait pas trop mais juste assez. Avec ses cheveux coupés au carré, son cou largement dévoilé, elle portait un collier bleu nuit d’une valeur surement inestimable.
Celle d’Alma, couleur lilas dévoilait ses épaules nues et s’accordait parfaitement avec ses cheveux noirs de jais tout en faisant ressortir ses yeux bleus. La texture lisse et fluide allait avec sa morphologie sans la faire rapetisser et la dentelle sur les bras lui donnait de l’élégance. Étrangement elle se sentait mise à nue et très peu à l’aise.
De près le palais paraissait encore plus imposant. Le clair de lune faisait briller le marbre qui en recouvrait les murs. La nuit parfaitement tombée, une petite brise lui effleura les épaules la faisant frissonner. Alma n’était pas aussi sure d’elle contrairement à ce que sa démarche laissait transparaître. D’ailleurs elle n’avait pas l’habitude de marcher avec des chaussures aussi hautes, ses talons (bien que plus courts que ceux de Loréa) lui compressaient les pieds et parfois elle râpait le sol avec un bruit tout à fait désagréable. Elle n’avait rien de la fille noble et élégante que sa robe pouvait laisser penser, elle était bien tout le contraire. Preuve étant que sa seule motivation à participer à ce bal (qu’elle jugeait « inutile ») était par pure besoin de vengeance.
Des buissons d’un vert qui devaient être éclatant le jour, des flazzides rouges à l’odeur sucrée parsemaient l’allée et de grands jardins fleuris et originaux s’étendaient à perte de vue, entourant et contrastant le marbre blanc du palais.
Les élèves affluaient en masse, tous avec des tenues plus colorées que les autres, et parfois plus excentriques qu’elle n’aurait pu imaginer.
Après avoir passé la grande porte aux reliefs magnifiques et recouverte d’or, Alma et Loréa n’étaient pas au bout de leurs surprises. La salle qui les accueillit était encore plus splendide et époustouflante que tout ce qu’elles n’avaient jamais vu. Tout comme l’extérieur, l’intérieur était fait de marbre au fissures dorées et d’immenses colonnes créant des arcades montaient jusqu’au plafond vouté où de grands lustres éclairés par des centaines de bougie enflammées étaient accrochés. Un escalier colossal au centre était recouvert par un tapis bleu nuit qui paraissait doux comme de la soie, il y avait aussi des balcons et des escaliers menant à toutes sortes de direction.
Si Alma avait essayé de se représenter un palais royal, toutes ses imaginations étaient réduites à néant. Ce qu’elle voyait à ce moment-là l’avait laissé à bout de souffle, elle se sentait happée par la grandeur démesurée de cet espace, elle ne savait plus où regarder et aucun mots ne sortaient pour exprimer son extase. Il régnait dans cette pièce un sentiment puissant, et elle n’était pas la seule à le ressentir. Autour d’elle les autres invités semblaient tout aussi abasourdis et éblouis par ce qu’ils voyaient de leurs propres yeux. Les rumeurs ne mentaient pas, ce palais était extraordinaire, tout paraissait sortit tout droit d’un conte de fée mais c’était bien réel, tout comme le sentiment qu’Alma ressentait au fond de sa poitrine.
S’il y avait un mélange d’euphorie et d’exaltation, il y avait un petit sentiment qui la dérangeait. Une petite chose qu’elle n’arrivait pas à définir, une gêne bénigne mais présente tout de même.
Loréa la surprise en lui prenant la main et l’entraînant dans l’escalier désigné par les servants qui menait à la salle où se déroulerait la soirée. Sur la route Loréa croisa bon nombre de connaissances et toutes lui adressaient des salutations et de compliments plus que polis.
Une petite foule s’était agglutinée à l’entrée de la salle de réception.
—Que se passe-t-il ? demanda Alma.
Loréa haussa les épaules et tapota le dos d’un garçon qui se trouvait devant pour lui poser la question.
—On nous annonce.
Alma resta muette alors que son amie sauta de joie. Elle ne voyait pas l’intérêt de cette démarche étant donné que la reine ne retiendrait jamais les prénoms de tous ses invités. Pourtant cela sembla rendre tout le monde fou de joie. Ils devaient se sentir privilégiés, espérant capter l’attention de la reine. C’est à ce moment qu’Alma se rendit compte de l’importance qu’il y avait à porter une belle robe et à se pomponner, bien qu’elle n’en eût cure.
Quand ce fut leur tour, elle et son amie se firent annoncées en même temps.
— Loréa Homn et Alma Willem, annonça un de servants.
Bien que la salle fût grande, Alma se sentit oppressée par tous les regards tournés vers elle. Observée par tous elle essaya de marcher correctement bien que ce fût une tâche ardue avec ses talons. Une boule s’était formée au creux de son ventre, la bouche aussi sèche que le désert, une chaleur étouffante lui brûlait les joues.
Elles traversaient la salle en direction de la reine tandis que d’autres personnes se faisaient annoncer après elles. La distance parut bien trop longue, presque interminable.
La reine était assise sur son trône. Magnifique. Rayonnante. Sa beauté était encore plus saisissante en réalité. De longs cheveux blonds aux lourdes boucles tombaient sur ses épaules, sa robe verte pomme aux tons joyeux, ses yeux bleus aussi enivrants et perçants que ceux d’Alma la fixait avec attention. Il y avait dans son regard quelque chose que la jeune magicienne n’arrivait pas à déterminer. C’était peut-être ce regard qui l’oppressait le plus.
La soirée se déroula dans le plus grand des ennuis pour Alma. Les autres élèves ne daignèrent pas une seule fois lui adresser la parole se contentant de la dévisager comme si elle était porteuse d’un malheur. Seul le buffet avait tenu compagnie à cette magicienne solitaire et l’avait comblée de bonheur.
Elle regardait Loréa de loin, assise sur une des chaises près des baies vitrées. Son amie s’amusait tant qu’elle n’avait pas une seule fois penser à rejoindre Alma pour lui tenir compagnie. Ce qui était peut-être mieux ainsi.
Si elle avait aperçu Hasper dans son costume gris clair et Marianna avec sa robe bleue nuit de loin, elles ne les avaient pas rejoints pour autant.
Son regard s’était posé sur Pénélope et sa robe rose pale. Elle dansait gaiment au bras d’un garçon blond au visage aussi mauvais que sa partenaire. Alma ne comptait pas laisser passer cette chance de se venger. Intérieurement elle se sentait ridicule de vouloir faire ça mais elle savait qu’elle se sentirait bien mieux après. Alors elle se leva. Passa près du buffet pour y récupérer une flûte de sarenine, un sirop de fleurs au goût fort et de couleur bleu pâle mélangé à un liquide gazeux. On aurait presque dit une potion d’hallucination.
Rien dans son attitude laissait transparaître ce qu’elle s’apprêtait à faire. Elle passa prêt de la foule d’élèves dansants et au moment où Michael (elle l’avait surnommé ainsi) lâcha Pénélope pour la faire tournoyer, le pied trainant d’Alma croisa la route de la jeune danseuse.
C’est ainsi que pendant une belle danse gracieuse et joyeuse, celle qui avait éveillé l’esprit vengeur de la cruelle prodige de l’académie trébucha et s’étala au sol avec un cri si disgracieux qu’Alma dû se retenir de rire.
Bien que je n'apprécie pas vraiment Pénélope, je ne peux que la remercier d'avoir provoqué Alma, ça en valait la peine. Le palais est impressionnant, on s'y serait cru, mais je ne comprend pas comment Alma fait pour ne pas s'amuser.
La vengeance à la fin du chapitre est magnifique, mais je sens qu'elle ne sera pas sans ressort ; la reine me semble étrange, elle ne semblait regarder qu'Alma.
C'est un bon chapitre, mais il y a des fautes de conjugaisons, certains moments où ce doit être au passé simple sont à l'imparfait et le contraire est aussi fait.
j'avoue que j'ai toujours rêvé de voir un palais en vrai et donc j'ai essayé de m'imaginé le plus beau château que je pouvais produire et voilà le résultat ! je suis heureuse que toi aussi tu t'y sois crue.
c'était tellement satisfaisant à écrire ! j'ai sentie une bouffée d'air tellement j'étais heureuse.
la reine... j'aime bien ce personnage aussi. et surtout j'aime bien laisser des petits mystères comme ça !
merci du conseil ! je ferais attention à la relecture promis !