Chapitre 6 : Cointreau exigu

Le lendemain, au service du soir un client fait passer un message en cuisine et j’en suis l’heureuse destinataire. Il déclare que mon «  Suprême de poires est délicieux, et qu’il reviendra vite pour tester d’autres saveurs sucrées ». Espérons que cette information remontera aux oreilles de… vous-savez-qui.

En rentrant, j’ai envie de partager cette nouvelle avec Edouard, sans vraiment savoir pourquoi. Encore une fois, peut-être parce que je n’ai pas d’ami proche ? J’ai bien gardé contact avec une partie de ma promotion de pâtisserie mais la plupart sont restés sur Paris intramuros. Je sors parfois avec eux le samedi soir, mais quand il s’agit de donner ou de prendre des nouvelles régulièrement, on va dire que ce n’est pas mon fort. L’année dernière, je téléphonais souvent à mes deux petites cousines, mais elles ne voulaient pas discuter d’autre chose que de garçons. Et je crois qu’elles en ont eu marre d’entendre parler de Franck… Je suis aussi restée en bons termes avec trois filles de mon ancien club de course à pieds mais, depuis que deux d’entre elles ont accouché des plus-beaux-bébés-du-monde, nous avons pris de la distance.

J’aurais bien fêté cela avec Joaquim, seulement, il aurait fini par déplorer que ses propres créations ne sont pas dignes de l’intérêt des clients et blablabla. Et je ne veux surtout pas qu’il se mette cette fausse idée en tête. Du coup, me voilà pour la troisième fois à appeler mon faux-frère. Nouvelle désignation à inventer après le « beau-frère » et le « demi-frère ».

Comme hier, il décroche très vite.

- Maty, quel plaisir !

- Salut Edouard.

- Tu sais, tu peux m’appeler « Ed » comme à l’époque. Ça me ferait plaisir. « Ed et Maty » tu ne te souviens pas ? Cela faisait « Aidez Maty », je n’arrêtais pas de t’embêter avec ça …

- Non désolée, je ne me rappelle de rien. Si j’avais su que j’avais un frère, crois-moi, j’aurais aussi essayé de te retrouver. Mais je compte sur toi pour me raconter notre enfance… et aussi notre séparation, si tu le veux bien ?

J’attends, seul le silence me répond.

- Et ce que tu es devenu. Comment en es-tu arrivé à distribuer des prospectus pour une agence d’intérim ?

Nouveau silence. Je choisis de ne pas le brusquer. Je songe à changer de sujet et à lui raconter le coup du « Suprême de poires délicieux ». Je sens qu’il est gêné par ces questions si directes.

- Tu sais Maty, finit-il par dire sur un ton léger qui me surprend, c’est une trèèèèès longue histoire. Comparativement, ta « Francky love story » peut aller se rhabiller. J’en ai surement pour plusieurs jours de récit. Ça n’est malheureusement pas une enfance que je doive te décrire, mais deux ! Vu l’heure tardive, je te propose plutôt que tu me racontes ta journée de travail et tes relations (les vraies ainsi que les imaginaires, hein) avec ton cher patron. Je suis curieux de savoir comment tout cela va évoluer.

- Mais dis-voir, tu es bien curieux. Bon en réalité, je dois reconnaitre que ça me fait du bien de pouvoir te parler de ça. Tu es en quelque sorte un inconnu, ça m’aide à me confier, mais aussi quelqu’un de confiance. Et comme Franck m’interdit d’ébruiter cette histoire, je crois que je deviendrais folle si je devais garder tout ça pour moi.

- Tu m’étonnes, répond-il simplement.

J’inspire profondément et me lance dans le récit.

- Ma journée a été pour le moins…… hum, comment dire, bizarre !? Mais agréablement bizarre. A un moment, je suis allée chercher une bouteille de Cointreau au bar et là, il m’a coincée entre le bar et l’escalier, et j’ai bien senti qu’il avait quelque chose à me dire.

- Excusez-moi de vous déranger charmante demoiselle, plaisante mon faux-frère, je sais à quel point vous maudissez mes interruptions, mais il va falloir préciser quelques petits points de spatialisation.

- Oh, pardonnez-moi milord, lui réponds-je sur ce ton que l’on pourrait qualifier de « bourgeois du 19ème siècle », mes propos manquent-ils de clarté à vos yeux ? 

- Hier tu m’as parlé du bureau de Franck, de la cour secrète, de la cuisine, de la réserve, du vestiaire, de la salle de restaurant évidemment, mais jamais d’un bar ou d’un escalier… J’avoue être un peu perdu du coup.

Je m’assieds plus confortablement, pose mon téléphone juste à côté de moi sur ma table de chevet et active le hautparleur. Puis je commence la description du restaurant dans de grands gestes inutiles, puisque le seul à les voir est Copa, la peluche de mon enfance : un singe à qui il manque un bras.

- Alors, c’est facile, quand tu entres dans le restaurant par la porte principale, comme si tu étais un client, il y a là tout de suite devant toi, des tables. Puisque tu sembles vouloir les détails, c’est pas compliqué : deux tables de deux, quatre tables de quatre personnes, une table de six et une table de huit. Selon les réservations, on arrange différemment la salle, mais globalement on ne peut pas faire plus de 34 couverts par service. Ce qui est déjà pas mal quand on sait que le personnel en cuisine se compte sur les doigts d’une main : « deux au sucré et deux au salé » comme le répète souvent Franck. Nous sommes trois dans chacun des deux domaines culinaires, ce qui nous laisse des jours de repos. Les miens sont assez variables étant donné que je suis la chef pâtissière, je m’adapte quand il y a besoin. Pour ce qui est de la salle, il y a deux serveurs, ça arrive parfois que Franck passe derrière le bar, qui sert aussi de caisse. Oui d’ailleurs, j’étais en train de te décrire les lieux, et puis je me suis un peu égarée …

- Tu es devenue très bavarde Maty, c’est marrant. Peut-être que le fait de t’être retrouvée seule et sans souvenir t’a forcé à aller vers les autres et leur parler. C’est fou, maintenant on ne peut plus t’arrêter, ça fait plaisir !

Mince, je dois faire attention. L’amnésie ne sera pas toujours là pour voler à mon secours. Il ne faut pas que j’en dise trop sur ma vie actuelle, avant d’avoir réussi à le faire parler de la Mathilde-Jeune. Ce qui ne devrait pas s’avérer trop compliqué, puisque 1) il ne semble pas enclin à parler de lui et 2) sa sœur lui a terriblement manqué, c’est tout naturel qu’il ait envie de me parler d’elle, enfin de moi, qu’il croit être elle. Cette situation est affreusement tordue… JE suis affreusement tordue !

Il coupe court à mes réflexions :

- Pardon, je ne voulais pas te vexer ou quoi que ce soit, excuse-moi.

- Ce n’est pas grave, c’est juste que … ça me fait bizarre quand tu me dis que j’ai changé, d’autant que je ne connais pas mon passé. Bref, oublions, je suis sûre que tu me raconteras toute notre histoire très bientôt. En attendant, laisse-moi reprendre mon récit de la journée, si les informations de spatialisations te semblent suffisantes, très cher ?

- Vas-y, m’encourage-t-il en riant.

- Donc, je préparais des entremets au chocolat, à l’orange et au Cointreau, d’ailleurs il faudra un jour que je t’en fasse, il parait que je réussi ce dessert mieux que n’importe qui. Dixit la personne qui était justement au bar quand je suis allée chercher la bouteille d’alcool. J’ai bien fait attention à ne pas croiser son regard, pour éviter de reproduire cette scène horriblement gênante du matin, lorsqu’il est passé aux cuisines nous saluer. Mais, attraper une bouteille en hauteur tout en regardant ses pieds, dans le meilleur des cas tu passes pour une conne, dans le pire des cas tu casses des bouteilles. Bref, à tâtons entre les différentes liqueurs, j’étais à la recherche d’une forme rectangulaire, quand j’ai aperçu une ombre passer tout près de moi et senti une chose contre mon bras. J’ai levé les yeux pour découvrir le Cointreau qui me narguait là-haut… depuis la main de Franck !

J’entends Edouard s’amuser de mes malheurs. Je continue :

- Il m’a tendu la bouteille en me demandant « c’est ça que tu cherches je suppose ? Pense à faire quelques parts de plus, ça ne sera pas perdu ! ». Il était si proche de moi, je sentais le rouge me monter aux joues, n’ai pas répondu et ai tenté une retraite vers les cuisines. Mais il a été plus rapide que moi et m’a bloqué dans le coin : j’étais prisonnière entre le bar, l’escalier, et le corps de mon patron. Il était trop tard pour détourner les yeux, je suis donc restée immobile, attendant qu’il m’explique pourquoi nous étions dans cette drôle de situation. Je soupçonnais et soupçonne encore que ça avait un rapport avec notre nouvel arrangement.

- Et ? Il n’a pas parlé ? Rien dit ? Rien… fait ?

- Pas vraiment. Sur le moment je me suis dit qu’il devait commencer la comédie du rapprochement physique, mais me suis souvenue qu’il ne voulait pas que ça se sache au restaurant. J’te raconte pas Edouard, mon cœur battait à une vitesse folle, j’avais du mal à rester en place et encore plus à soutenir son regard. Je sentais bien qu’il avait une irrésistible envie de me dire quelque chose. Puis, il a fini par ouvrir la bouche et …

- Et quoi ? s’impatiente mon interlocuteur, après quelques volontaires secondes de silence. 

- Rien ! Il a soupiré, m’a souri, visiblement gêné, puis m’a souhaité bonne préparation, avant de fuir à l’étage.

- Oh ! Mais c’est terriblement lâche Monsieur l’patron ! ironise-t-il.

- Moque-toi, tu as raison.

- C’est juste que ton histoire, digne d’une gamine de 15 ans toute émoustillée devant son grand et beau professeur de sport, m’amuse beaucoup. Tu devrais t’enregistrer quand tu parles de lui, on dirait que des cœurs roses à paillettes sortent de ta bouche, ça s’entend même à travers le combiné !  

Cette fois, il me vexe, mais je me garde bien de le lui dire. Je préfère me venger à ma manière.

- Très bien, à mon tour de t’écouter parler, on va voir ce qui peut sortir de ta bouche, cher frère.

Il ne répond pas. Pile dans le mille. J’y suis peut-être allée un peu fort, je m’en veux à présent.

- C’est bon je plaisantais, ne boude pas, je tente pour me rattraper. De quoi veux-tu que je te parle ? D’un client qui m’a complimenté sur mon dessert par un petit mot très gentil, de la dernière catastrophe en date de Joaquim, de ma conversation très marrante ce soir dans le vestiaire avec Lydie, une des cuistots, de mes …

- Parle-moi de maman. Je veux savoir ce qu’il s’est passé après mon départ.

Promis, je ne me plaindrais plus jamais de la fâcheuse manie qu’a Franck de jeter des froids au milieu d’une conversation agréable. J’ai trouvé son maître et de loin. Très loin. Edouard vient littéralement de me congeler sur place, moi et toute ma chambre. Je me demande même si Joe au rez-de-chaussée ne va pas y passer. J’arrive malgré tout à déglutir, plus bruyamment que je ne le voulais, ce que ne manque pas d’entendre Mr Freeze.

- Désolée Maty, c’est un peu brutal comme question et j’imagine bien que ça n’est pas ton sujet préféré, mais j’ai vraiment besoin de savoir. Depuis que tu m’as appris que maman était morte, je …

Il ne finit pas sa phrase.

J’ai à peine le temps de fondre que je dois inventer un mensonge en une poignée de secondes. Un mensonge qui soit plausible et cohérent avec son histoire, tout cela sans qu’il se sente blessé ou coupable. Allez, fais marcher ton cerveau Fifi, et surtout prends des notes, tu vas finir par te contredire toi-même. J’attrape une feuille vierge dans mon imprimante et le crayon qui cale ma fenêtre la nuit.

C’est les mains légèrement tremblantes que je me lance dans le troisième plus gros mensonge de mon existence : 

- Je ne peux te raconter que ce dont je me souviens, c’est-à-dire peu de choses ; c’est arrivé très peu de temps après mon accident. Je séjournais encore à l’hôpital, j’étais suivie de très près à cause de mon trauma crânien. Je me souviens que maman venait me voir tous les jours, mais je n’étais pas très bavarde et un peu shootée par tous les antidouleurs et antidépresseurs qu’on m’imposait. Je n’arrive pas à me souvenir des conversations que nous avions, mais je peux te dire une chose : elle semblait réellement malheureuse. J’ai toujours cru être la seule responsable de son malheur. Elle a surement dû me parler de notre famille, notre maison, notre enfance, pour faire remonter les souvenirs à la surface. Sans succès… Mais tout est très flou, je suis désolée. Des bribes d’images de cette période sombre de ma vie me reviennent de temps en temps. Je suis vraiment navrée Edouard.

- C’est horrible Maty, c’est moi qui suis désolée pour toi, je m’en veux tellement, tu ne peux pas imaginer à quel point. Tu dois quand même savoir de quoi maman est morte ?

- Oui, étrangement je me souviens parfaitement bien de ce jour-là. C’était à l’automne 2006 (tout en racontant, je calcule sur ma feuille : 2016-11 ans = 2005 + 1 an de marge), il faisait très beau, j’étais dans le jardin de l’hôpital avec deux amis cancéreux. L’infirmière qui s’occupait de moi est venue me trouver et m’a demandé de la suivre. Elle m’a emmenée dans le département « de cardiologie et de pathologie vasculaire », je n’ai pas très bien compris sur le moment. Un vieux docteur m’a reçue dans son bureau ; il m’a expliqué, en me prenant pour une gosse de 10 ans, qu’il suivait maman depuis des années car elle était malade : elle avait une dégénérescence cardiaque incurable. Puis d’un coup il a lâché la bombe « tu sais ma puce, ta maman est morte aujourd’hui ».

J’ai l’impression d’entendre Edouard sangloter. Ça me fend le cœur de devoir lui infliger ce mensonge à propos de la mort de sa mère, qui était surement un personne formidable et est peut-être (je lui souhaite) à l’heure actuelle en train de siroter un cocktail sur une plage en Malaisie. Il finit par briser ce silence plus que pesant :

- Une de perdue, dix de retrouvées.

Il arrive vraiment à plaisanter dans ces circonstances ?!

- Et tu sais Maty, continue-t-il, à mes yeux tu vaux et as toujours valu dix fois plus que maman. Je m’en remettrais. Merci de m’avoir dit la vérité.

Cette fois, je lâche le téléphone. Il a employé le seul mot qui me rappelle que je ne suis rien pour lui, que je suis sans-cœur manipulatrice et hypocrite. J’entends qu’il me dit quelque chose, je ramasse mon mobile.

- …  que tu étais au lycée ? Ca n’a pas du être facile pour toi. D’ailleurs tu as choisi quoi comme filière finalement vu que tu hésitais entre scientifique et littéraire. 

Bingo ! Mathilde était au lycée, en seconde lorsque son frère à quitter la famille. Elle devait donc avoir entre 14 et 15 ans. Je suis donc censée être âgée de 25 ou 26 ans aujourd’hui. En réalité, je vais sur mes 28 ans, ça aurait pu tomber plus mal !

- Ah heu oui. J’ai fait une Première S, mais à la suite de mon trauma crânien, j’ai complètement arrêté le lycée, j’avais du mal à suivre les cours, et j’avais perdu une grande partie de mes connaissances. C’est pour te dire, je confondais le théorème de Pythagore et la poussée d’Archimède… De quoi faire devenir chèvre mes profs !

- Ah oui, en effet. Tu as donc quitté le système scolaire sans ton bac en poche? Maman aurait été folle de savoir ça ! C’est peut-être mieux ainsi finalement…

- La maman d’une copine de l’hôpital était boulangère et nous apportait régulièrement des viennoiseries et pâtisseries. Cela m’a inspiré, je me suis lancée dans un CAP de pâtisserie. Mais tu sais frérot, je suis contente de ne pas avoir poursuivi mes études : je suis très épanouie dans mon travail et j’ai même été interviewée plusieurs fois dans des magazines spécialisés.

- Je ne doute pas que tu aies pris la bonne décision, d’ailleurs il était réussi ce gâteau choco-orange ?

- Fabuleux, évidemment.

 

X X X

 

De retour chez lui, la première chose qui attire l’œil de Franck et la lumière rouge clignotante sur son téléphone fixe. « Maman, tu es incorrigible… » songe-t-il.  Huit appels en absence et trois messages sur le répondeur ?! Elle a de la suite dans les idées !

Pour résumer, un couple d’amis de longue date invite ses parents, sa sœur Jeanne et lui-même à un buffet dinatoire pour célébrer leurs 40 ans de mariage. Comment peut-on envisager de passer 40 ans ensemble ? se demande-t-il. Lui qui n’arrive même pas à trouver, et encore moins à garder, un compagnon plus d’un weekend.

Et bien entendu dans le troisième message vocal sa mère demande avec un certain tact s’il compte venir seul ou accompagner. Oh, et évidemment, si elle pose cette question, c’est juste pour faciliter la vie de Christine qui doit passer commande chez le traiteur.

Franck lève les yeux au ciel puis sourit.

- Comme si à peine deux semaines avant l’invitation, les commandes n’étaient pas encore passées. On va voir maman, qui de nous deux est le plus naïf …

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Aliceetlescrayons
Posté le 15/04/2020
Coucou
Personnellement, la durée de la conversation téléphonique ne m’a pas gênée parce qu’elle est bien menée. L’alternance entre les états d’âme de Fifi et les paroles en tant que telles font en sorte que ça ne soit pas trop lourd.
J’avoue que j’ai un mélange de sensations assez déconcertant (mais tout à fait bienvenu vu le contexte) en lisant les échanges de Fifi et de son « frère » : d’un côté, c’est assez drôle, mais en même temps, j’ai une impression de malaise croissant… Le frère a l’air sympa mais il ne m’inspire pas tellement confiance au final… J’ai un peu l’impression qu’il joue avec elle.
Samy
Posté le 10/03/2020
Hello,
J'ai juste relevé un truc :
Ca n’a pas du être facile pour toi.
=> Ça n’a pas dû être facile pour toi.
Sinon je trouve la conversation téléphonique un peu trop longue (en même temps, j'ai du mal avec les textes longs sur l'écran). :-)
Sephirotha
Posté le 10/03/2020
Coucou Sami, merci pour ton commentaire.
De mon coté, j'ai un petit penchant pour les romans épistolaires (lettre, conversation,...) et puis j'aime bien aussi bavarder de tout de rien, du coup je crois que je vais avoir du mal à raccourcir mes dialogues téléphoniques. Désolée :( Bonne poursuite malgré tout !
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