- Farhynia ? Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda Chavard’all.
Elle venait de l’ignorer alors qu’il proposait un rapprochement physique. Elle ne refusait jamais d’habitude. D’ailleurs, elle n’avait pas dit « non ». Trop dans la lune, elle ne s’était simplement rendue compte de rien, ce qui n’était pas du tout son genre. Il avait l’impression de se voir, comme si leurs rôles venaient de s’inverser. De quoi inquiéter le dragon blanc à pointes noires.
Farhynia baissa la tête puis racla ses épines crâniennes sur la roche. Un geste d’extrême nervosité.
- Parle-moi ! supplia Chavard’all.
- Je crains pour la bonne santé de Corail, indiqua Farhynia en regardant le ciel.
Le soleil venait de passer le zénith. De l’autre côté de la grotte, Jack dégustait un sanglier rôti, met qu’il avait découvert en compagnie de son dragon et qu’il adorait. Depuis, Chavard’all le chassait volontiers pour lui.
- Quelles sont les raisons de ton inquiétude ? demanda Chavard’all avec compassion.
Sa compagne se tourna vers lui. Il lut de l’angoisse mêlée d’incertitude dans son regard.
- Je ne te jugerai pas, promit-il.
- Je ne la sens plus, pleura Farhynia.
- Comment ça ?
Il fouetta l’air de sa queue.
- Quand j’essaye de savoir où elle se trouve, je me retrouve engluée dans un épais brouillard. Quand je tente de connaître son état émotionnel, je me retrouve dans le vide et je tombe en chute libre. Que crois-tu que cela signifie ?
- Que ton lien s’affaiblit, proposa Chavard’all.
- Tu crois ? interrogea Farhynia. J’aimerais te croire.
- Ça ne coûte rien de vérifier. Allons rejoindre l’océan.
Farhynia plaça sa queue entre lui et Jack. Chavard’all s’arrêta.
- Tu vas m’aider à la trouver ? Alors même que Greenaco m’a interdit de m’en approcher ?
- On va juste s’assurer qu’elle se porte bien, précisa Chavard’all. Si ça se trouve, on ne la verra même pas.
Farhynia ramena sa queue près d’elle. Elle n’était pas dupe. Son compagnon la laisserait voir Corail si besoin, et il ne cafterait pas auprès de Greenaco.
- Jack ! En place ! lança Chavard’all.
Naturellement, le dragon n’avait pas besoin de le dire en cliquetant, son dragonnier ne l’entendant pas. Une simple pensée aurait suffi. Mais Chavard’all traduisait tout le temps afin que Farhynia ne soit pas mise à l’écart des échanges qu’il avait avec son dragonnier.
- Non merci, répondit Jack. Je n’ai pas du tout envie d’être présent pendant que vous…
Même lui avait repéré son manège auprès de Farhynia. La dragonne sourit, autant des propos que du fait que Chavard’all avait relayé les mots. Lorsqu’il traduisait les réponses de Jack, il cliquetait différemment, d’une manière plus aiguë, permettant à Farhynia de faire la différence.
- Farhynia s’inquiète pour Corail, précisa Chavard’all. On va rencontrer des siréniens pour s’assurer qu’elle se porte bien.
- On va rencontrer des siréniens, répéta Jack en se levant, repoussant à contrecœur sa tranche de sanglier. À t’entendre, ça a l’air simple.
- Ça l’est, répondit Chavard’all. On va se rendre à la plateforme où tu as parlé avec Corail.
- Deux choses, souffla Jack en secouant la tête. D’abord, les nids des siréniens ne sont attachés à rien si bien qu’ils dérivent. Il ne sera plus au même endroit. Ensuite, la dernière fois qu’on a y été, tu as failli mourir. Les siréniens attaquent à vue !
- Ils me reconnaîtront, assura Chavard’all. Allez ! Grimpe !
Jack secoua la tête mais se mit en place.
- Tu es sûr de toi ? demanda Farhynia.
- Certain, assura Chavard’all.
Farhynia le suivit, portée par son élan d’assurance. Ils arrivèrent à l’océan qu’ils survolèrent. Voilà, ils venaient officiellement de s’opposer aux ordres de Greenaco. Farhynia frissonna.
- Tu sens quelque chose ? interrogea Chavard’all à qui le frisson n’avait pas échappé.
- Justement, non, maugréa Farhynia. J’avais espéré qu’en arrivant ici, le brouillard se lèverait.
Ses pattes se crispèrent.
- Je suis déçue et angoissée.
- On va la retrouver, promit Chavard’all. Ah ! Voilà la plateforme.
- Ce n’est pas la même, fit remarquer Jack.
- Oui, bon… Celle-là ou une autre…
Jack secoua encore la tête. Farhynia devait admettre que Chavard’all prenait tout ça un peu trop à la légère.
- Reste en altitude, demanda-t-il avant de descendre en un vol parallèle à la plateforme.
Il descendit, dépassa le nid de sirénien au centre duquel trônait un œuf de dragon et s’arrêta en vol stationnaire, tournant ostensiblement le dos au trésor, espérant que le message passerait.
La tête d’un sirénien sortant de l’eau devant lui prouva que sa technique avait fonctionné.
- Salut, lança Jack.
- Que veux-tu ? demanda le sirénien en regardant Jack dans les yeux.
- Auriez-vous des nouvelles de Corail, par hasard ?
Le sirénien fronça les sourcils et retroussa les lèvres, dévoilant des dents d’une blancheur immaculée.
- C’est à nous que tu le demandes ? Tu ferais mieux de le demander à ton dragon !
Le sirénien me rétorque qu’il faut que je te demande, à toi, où se trouve Corail, indiqua Jack via le lien mental.
Pourquoi donc ? s’étonna Chavard’all, pas surpris que Jack ne traduise pas l’échange en direct.
Le dragonnier avait été clair là-dessus : il ne servirait pas d’intermédiaire entre les siréniens et les dragons. Il acceptait de discuter dans ce cas précis parce qu’il s’agissait de Corail. Toute autre raison aurait été rejetée.
- Pourquoi le saurait-il ? s’enquit Jack.
- Corail est notre guide, rappela le sirénien qui ne semblait pas forcer le moins du monde pour se maintenir à la surface malgré les vagues. Elle nous a mené vers nos premières victoires. Elle nous a insufflé la force pour lutter. Elle nous a apporté les informations nécessaires pour gagner. Cela ne l’empêche pas d’avoir des faiblesses et l’une d’elle, c’est toi, humain.
- Moi ? s’exclama Jack.
- Tous les soirs, Corail se rend sur la plage où vous avez vécu tous les deux et attend, espère, puis pleure avant de revenir vers l’océan.
Le ventre de Jack se tordit.
Que dit le sirénien ? demanda Chavard’all, sentant les émotions de son dragonnier.
Que Corail m’aime, répondit Jack.
Pourrait-il nous apporter des informations que nous ne connaissons pas déjà ? gronda Chavard’all.
Tu pourrais te montrer un peu plus compatissant. Moi aussi je l’aime. Elle me manque.
C’est la guerre et vous appartenez chacun à un camp opposé. Va falloir t’y faire, Jack.
Le dragonnier gronda de rage.
- Quel rapport avec mon dragon ? parvint à articuler Jack, mais son ton fut bien plus agressif qu’il ne l’avait voulu.
Après tout, ce sirénien en particulier n’y était pour rien. Il ne sembla pas prendre ombrage du ton froid.
- Il y a toujours quelques jeunes pour suivre Corail et tenter de s’inspirer de sa force si bien qu’un petit groupe a été témoin de la scène, qui a ensuite été relayée à travers l’océan. Apparemment, Corail s’est faite agresser sur la plage.
- Quoi ? Comment ça, agresser ? lança Jack la voix chargée de colère et d’inquiétude.
- Un homme s’est jeté sur elle avant de la saucissonner.
Jack voulut ouvrir la bouche mais le sirénien le prit de vitesse.
- Bien sûr, les jeunes se sont approchés, espérant intervenir mais un dragon s’est posé devant eux. Ils se sont vite cachés sous la surface de l’eau. Le monstre ne semblait pas les avoir vus. L’homme est monté sur le dos du géant ailé, qui a attrapé Corail dans une patte avant de s’envoler.
Un protecteur a enlevé Corail, annonça Jack.
N’importe quoi ! s’exclama Chavard’all en retour. Qui ferait cela ?
- Ces jeunes auraient-ils, par hasard, donné une description du dragon et de son dragonnier ? demanda Jack.
- Non, mais je vais demander, dit le sirénien avant de disparaître sous l’eau.
Il s’est barré ? s’inquiéta Chavard’all.
Non, il est allé à la pêche aux informations.
- Qu’est-ce qui se passe ? interrogea Farhynia en se plaçant en vol stationnaire à côté de son compagnon.
- Je t’avais dit de rester dans les nuages.
- C’est long ! s’exclama-t-elle. Je m’inquiète.
- C’est pour toi que je m’inquiète. C’est dangereux d’être là. Les siréniens tuent les dragons suffisamment inconscients pour s’approcher de leurs nids. Tu le sais ?
- Tu es bien là, toi !
- Ils me connaissent, répliqua Chavard’all.
La tête du sirénien reparut.
- Oh ! Farhynia est là ! s’exclama-t-il.
- Tu la connais ? s’étrangla Jack.
- Qui peut se targuer de connaître un dragon ? répliqua le sirénien. Corail nous parle souvent de sa dragonne bleue, c’est tout.
Il sait que Farhynia est la dragonne de Corail, traduisit Jack. Cela devrait la mettre en sécurité.
Via le lien, Jack sentit l’inquiétude de Chavard’all baisser d’un coup.
- Le dragon était…
Le sirénien observa Farhynia puis Chavard’all.
- Les jeunes témoins sont proches d’ici ? s’enquit Jack.
- Non, pourquoi ?
- Tu es revenu sacrément vite !
- Notre communication porte loin sous l’eau, indiqua le sirénien. Il devait être aussi gros que ton dragon, peut-être même plus. En revanche, il n’était ni bleu, ni blanc mais… comment dites-vous déjà ? La couleur de la terre et des troncs d’arbres ?
- Zaroth ! siffla Jack.
- Zaroth ? Non, ce n’est pas le mot que je cherche.
- Marron, c’est marron la couleur en question. Putain de merde !
- C’est ça ! Marron, confirma le sirénien en souriant.
Zaroth a enlevé Corail, annonça Jack.
- Non, assura Chavard’all. Ce n’est pas…
Il s’arrêta de parler car Farhynia venait de s’envoler, envoyant une gerbe d’eau sur le sirénien qui ne broncha pas. Chavard’all bondit à sa suite.
- Merci, murmura Jack, conscient que le sirénien ne l’entendait pas.
De toute façon, il avait déjà rejoint les profondeurs de l’océan. Quand Jack cessa de regarder vers l’océan pour voir devant lui, ce fut pour constater que Farhynia avait presque disparu à l’horizon.
La vache ! Elle est rapide ! s’exclama Jack.
Beaucoup plus que moi, admit Chavard’all. J’essaye de m’améliorer mais ce n’est guère brillant. Putain ! Il ne faut pas qu’elle s’attaque à Zaroth toute seule ! Il fait cinq fois sa taille. Il est vieux et expérimenté. Elle n’a pas la moindre chance.
L’inquiétude explosa à travers le lien, celles de Jack et de Chavard’all s’alimentant l’une l’autre.
Comment sait-elle où se trouve Zaroth ? Vous connaissez la position de chacun de vous à tout moment ? Vous êtes liés les uns aux autres ? s’enquit Jack, constatant la trajectoire parfaitement droite du vol.
Farhynia ne cherchait pas. Elle filait droit devant elle et Chavard’all, bien que l’ayant perdue de vue, poursuivait lui aussi dans la même direction.
Zaroth est professeur de lien à l’école des protecteurs. Vu que je t’ai abandonné avant le premier vol, tu n’as jamais eu le malheur de faire sa connaissance.
Malheur ? répéta Jack.
Il est d’une prétention et d’une suffisance incommensurable. Il est également impitoyable et ultra puissant.
Super, maugréa Jack qui n’avait pas du tout envie de faire la connaissance de ce dragon en particulier.
Farhynia va se faire massacrer.
Je croyais que les dragons ne s’attaquaient pas entre eux, répliqua Jack, un brin sarcastique.
Les dragons ne sont pas non plus censés voler les dragonniers des autres, cingla Chavard’all. Qui sait de quoi ce connard est capable !
Jack plissa les paupières. Découvrir la face cachée des dragons ne lui plaisait pas. Il aurait préféré garder l’image parfaite et sans tâche des majestueuses créatures ailées.
Il sentit les muscles de Chavard’all se bander. Le dragon blanc avançait aussi vite qu’il le pouvait et pourtant, Farhynia n’était même plus visible. Bleu sur un ciel d’un bleu parfait, ce n’était guère surprenant.
Jack commença à reconnaître le paysage. Les murailles du camp apparurent. Jack se crispa. Voilà un endroit où il n’avait aucune envie de remettre les pieds. Certes, il y avait rencontré Corail mais cela n’enlevait rien à l’horreur des onze années passées là-bas, à voir mourir presque tout le monde, seul, abandonné.
Il n’avait pas pardonné à Chavard’all. Il lui en voulait toujours et il sut que le pardon prendrait du temps. Il rejeta ses mauvaises pensées pour se concentrer sur le présent. Farhynia s’envolait droit vers la mort.
Chavard’all vira sur l’aile sans prévenir. Jack eut l’impression de se faire déboîter la hanche sous le choc. Il grommela, serra les dents puis se redressa en massant la zone douloureuse.
Tu pourrais prévenir, putain !
Le dragon blanc à pointes noires ne prit pas la peine de lui répondre. Il se posa sur le flanc d’une montagne, sur laquelle il ne tenait qu’à la force de ses griffes, position que Jack trouva fort peu rassurante. Farhynia se trouvait là, accrochée elle aussi. Elle paraissait plus blanche que bleue.
Qu’est-ce qui se passe ? interrogea Jack.
Farhynia est bouleversée. La bonne nouvelle est qu’elle n’a pas confronté Zaroth. La mauvaise est que… Oh merde !
Chavard’all tendit le cou pour observer de l’autre côté de la crête avant de se repositionner comme précédemment.
Putain ! Corail est sur le dos de Zaroth !
- Quoi ? s’écria Jack. C’est impossible ! Elle est la dragonnière de Farhynia !
Jack ne se voyait pas du tout monter un autre dragon que Chavard’all.
Farhynia est dévastée, précisa Chavard’all.
Je la comprends. On fait quoi ?
Il y eut un silence puis Chavard’all annonça :
- Si on confronte Zaroth directement, on prend le risque qu’il utilise Corail comme otage. Mieux vaut le suivre discrètement. À un moment ou à un autre, il ira se réfugier dans sa grotte où il déposera Corail pour aller chasser. Aucun dragon ne chasse avec son dragonnier sur le dos. Même Zaroth ne prendra pas ce risque. Nous en profiterons pour récupérer Corail et voilà. Ni vu. Ni connu.
Farhynia retroussa les babines.
- Tu vas le suivre, poursuivit Chavard’all.
- Pourquoi moi ? s’étrangla Farhynia.
- Tu es plus rapide. S’il décide d’accélérer, je pourrais bien le perdre. De plus, tu es bleue. Sur un ciel nuageux, je passe inaperçu mais aujourd’hui, la météo est en ta faveur, ma chérie.
Farhynia retroussa encore les babines.
- Je resterai le plus proche possible sans être détecté, promit Chavard’all. Je pourrais te rejoindre en quelques instants.
S’en suivit une longue attente. Jack entreprit de compter les piques sur la tête de Chavard’all. Après avoir recommencé pour la douzième fois car le dragon, en remuant la tête, l’embrouillait, il décida de réciter les grands classiques de l’histoire du royaume, depuis le premier roi jusqu’à l’actuel.
- Je m’ennuie, indiqua-t-il lorsqu’à sa plus grande déception, il parvint à la fin de ses connaissances sur le royaume sans que Chavard’all n’ait bouger d’une griffe.
- Zaroth donne des cours. Le temps dépend de la qualité des étudiants. Plus ils sont doués, plus la leçon se termine rapidement, expliqua Chavard’all.
- Quelle bande de nazes, en conclut Jack. Il donne des cours de quoi ?
- De lien, précisa Chavard’all. Il nous enseigne comment développer un lien autoritaire et sans compassion avec son dragonnier, insistant lourdement sur le fait que le dragonnier n’a pas à donner son avis, qu’il est juste là pour se taire et servir.
- Un gars bien, ironisa Jack avant de frémir.
Corail se trouvait sur son dos. Il douta que la sirénienne apprécie cette manière de concevoir le lien.
Un coup de vent agréable prévint Jack du décollage de Farhynia. La dragonne bleue s’éleva.
- Zaroth ne risque-t-il pas de la repérer ? Il pourrait sentir son odeur, proposa Jack.
- Farhynia est une excellente chasseuse. Le sens du vent, elle maîtrise.
Chavard’all décolla à son tour avant de se poser un peu plus loin.
- Que se passe-t-il ? demanda Jack.
- Zaroth vole à basse altitude et une tortue irait plus vite que lui. Je me suis trompé. Zaroth étant vieux, il a passé l’âge des pirouettes aériennes. Il utilise la cime des arbres pour se faire gratter le ventre.
- Vous raclez souvent votre queue sous le ventre de l’autre, confirma Jack.
- Exactement. Zaroth vivant seul, il trouve un moyen de compensation. Putain, il risque d’y passer l’après-midi.
- Il se masturbe, traduisit Jack.
- Je suppose que ça s’en rapproche, en effet, termina Chavard’all.
Gêné, Jack préféra ne pas poursuivre cette conversation et le dragon blanc ne prononça plus un mot, se contentant de sauts de puce qui l’exaspéraient.
Les personnalités des uns et des autres se précisent dans ce chapitre (un bon point pour ce récit où ce sont les évènements relatés qui amènent progressivement à la définition des personnages), et la relation Charvard'all-Jack tranche avec celles qui lient habituellement dragon et dragonnier. Seraient-ce les prémices d'une nouvelle évolution de l'histoire ?
Il y a aussi, sinon une trêve, du moins un statu quo dans la guerre humano-sirénienne, des échanges non belliqueux sont possibles. Jusqu'à quand, telle est la question.
Enfin, excellente trouvaille que le mode masturbatoire des dragons, et qui fait suite à d'autres dans les chapitres précédents. L'humour est d'ailleurs l'un des charmes de ce roman.
J'adore intégrer des parties d'humour, surtout dans des moments aussi graves. Ce n'est pas toujours facile alors je suis contente de voir que ça plaît.
Merci beaucoup pour votre commentaire.
Bonne lecture.