Chapitre 6 : La marque

Par Isapass

Abzal

 

Abzal Kellwin, le frère cadet du roi — demi-frère, en réalité — contemplait la masse imposante du Mont de Cordelle hérissée de hautes tours de guet tandis qu’il revenait vers la capitale. Au centre de Tercebrune, région de collines basses et de plaines, ce gigantesque cône granitique aux arêtes saillantes détonnait dans le paysage aux courbes douces. Comme à chaque fois, Abzal se plut à imaginer qu’un géant distrait l’avait oublié là, après l’avoir arraché à une chaîne montagneuse. Si insolite qu’il soit, le pic symbolisait le retour au bercail et sa vue le ravissait. La campagne offrait des plaisirs appréciables dont il profitait volontiers, mais pas autant que la capitale qui lui manquait vite.

Le Mont de Cordelle était coupé net par un à-pic contre lequel la cité royale se déployait en éventail, tournée vers le soleil. Les artères principales montaient en pente douce depuis les portes pour se rencontrer au château des Cimiantes adossé à la falaise. Les voyageurs venant du sud pouvaient contempler le tableau de très loin. Pourtant, Abzal préférait arriver par le nord, car la ville se révélait peu à peu, avec la coquetterie d’une maîtresse qui se laisse admirer tandis qu’elle ôte un à un ses habits. Cette fois encore, Terce offrit ses atouts en spectacle à ses regards appréciateurs, à mesure qu’il contournait la montagne. D’abord la traîne de ses faubourgs qui s’éparpillaient dans la plaine. Le soleil sur les eaux de la Carenfère — le fleuve qui enlaçait la ville dans une de ses grandes boucles de serpent — parait les bas-quartiers d’un long sautoir d’argent. Puis la galante lui livra l’ourlet de ses murailles et les volants de ses jardins en étages alors qu’enflait la rumeur de ses rues fourmillantes. Enfin, quand il passa l’à-pic du mont, elle dévoila la dentelle des tours effilées du château enrubannées des bannières bleu et or de Cazalyne et de celles de Tercebrune, grenat et bronze. Avec un frisson de plaisir, il inspira goulûment les effluves lourds de la cité comme s’il plongeait le nez dans le cou d’une amante. Il n’était jamais déçu par l’accueil.

 Le frère du roi revenait d’une chasse dans la province de Bartillane. Comme souvent, il avait été félicité pour sa précision à l’arc. Il avait tué la plus belle pièce : un magnifique quertin de la taille d’un cheval. Il avait laissé la superbe ramure blanche aux extrémités en forme de lames en cadeau à son hôte. La peau de l’animal, en revanche, couverte de sa toison noire rayée de gris, reposait dans son paquetage, préparée pour lui par le maître-veneur. Il s’en ferait confectionner un manteau du plus bel effet. On avait admiré son nouveau palefroi, une bête magnifique dont la robe était si sombre qu’elle en paraissait bleue. Après la chasse, un banquet succulent avait été servi pour les invités. La journée de la veille aurait été parfaite si son hôte ne s’était acharné à pousser dans ses bras sa fille aînée, une adolescente maigre et rougissante qui ne souscrivait pas plus que lui aux tentatives éhontées de son père. Heureusement, il s’était consolé durant la nuit, quand la mère de la demoiselle s’était glissée dans son lit. Les yeux dorés d’Abzal, en amandes, bordés de leurs longs cils, et les boucles brunes qui frôlaient ses épaules ne l’avaient pas laissée indifférente. Elle était loin d’être la première. Abzal n’avait qu’à sourire pour s’attirer les bonnes grâces des femmes. Comme il fallait bien se montrer poli avec ses hôtes, il lui avait donné ce qu’elle voulait.

Il était midi quand il franchit les portes de Terce. Cette journée-ci annonçait elle aussi son lot de réjouissance, puisqu’il avait prévu, entre autres choses, de s’arrêter chez l’un des ministres de son frère. Barn de Beauzais, un vieillard presque sénile, ne s’y trouverait pas, mais sa jeune et peu farouche épouse accueillerait Abzal à bras ouverts. Ensuite, s’il avait assez de cran, il se rendrait jusque dans les faubourgs… Il perdit le sourire qui avait fleuri sur ses lèvres à l’évocation des courbes de Clervia de Beauzais. Irait-il jusqu’au bout de son projet ? Il y pensait depuis des lunes. Le matin même, il était décidé, mais maintenant, il ne songeait plus qu’aux dangers. Si on lui volait des secrets ? Et surtout, si on le voyait ? Il ne risquait certes pas grand-chose, si ce n’est de lire la désapprobation dans les yeux d’Einold, mais c’était justement cette idée-là qui le terrifiait. Plus encore que de se soumettre à la mange-pensée. Pourtant, il savait qu’il n’aurait pas de repos tant qu’il n’aurait pas franchi le pas.

D’un geste de la main, il chassa ses questions comme d’importuns insectes et se concentra sur son but immédiat : le lit de sa maîtresse du jour.

 

***

 

Une foule, l’ombre du château s’étirant sur l’esplanade, la voix de son frère, puis la sienne qui rebondissait en écho sur la falaise. Les acclamations du peuple de Terce répondant à ses mots, l’exaltation grisante...

 

Abzal retint un cri et tenta de maîtriser sa respiration hachée. La vision n’avait duré qu’un bref instant, elle n’avait rien de terrifiant. Pourtant, les images qui s’étaient déroulées devant ses yeux étaient si nettes qu’il s’était cru transporté ailleurs. Ça ne ressemblait ni à un rêve ni à rien de ce qu’il connaissait. Ce n’était pas la première fois qu’il était victime de ce phénomène : il avait eu plusieurs visions du même genre au cours des deux dernières lunes, mais le choc restait toujours aussi fort.

Heureusement, à ses côtés, Clervia de Beauzais n’avait rien remarqué. Paupières fermées, elle offrait son corps nu au rayonnement des flammes qui crépitaient dans la cheminée, en ronronnant comme une chatte. Il secoua la tête pour chasser le malaise et se redressa au bord du lit. Il attacha d’un ruban les mèches brunes qui lui tombaient sur les épaules.

– Seigneur, vous ne partez pas déjà ? demanda Clervia d’une voix chagrine, tandis qu’il attrapait sa chemise.

Elle se coula derrière lui, plaquant son ventre chaud contre son dos, et promena voluptueusement les doigts sur son torse en suivant les lignes des muscles. Les cajoleries de sa compagne arrachèrent un sourire à Abzal.

– Allons, vous n’allez pas remettre votre épée au fourreau, continua-t-elle en glissant une main entre ses cuisses. Je suis d’avis de poursuivre l’entraînement.

Il laissa tomber le vêtement et se tourna vers elle.

– Votre couche est fort accueillante, Madame, répondit-il en la faisant basculer sur le dos, mais si je reste trop longtemps, nous devrons la partager à trois. Or, votre ministre de mari me plaît bien moins que vous.

Clervia éclata d’un rire cristallin qui se mua en gémissement lorsque son amant referma les lèvres sur son téton.

– Vous savez fort bien que ce vieux barbon ne rentrera pas avant la nuit, susurra-t-elle. Pourquoi voulez-vous donc partir ? La vraie raison ? Avez-vous prévu de sauver de l’ennui une autre pauvre femme mariée à un vieillard ?

– Vous surestimez mon ardeur, Madame, je parviens à peine à vous honorer !

– Oh ! Vilain menteur. Vous cherchez les compliments ! Je n’ai aucun doute sur votre ardeur. Et vous non plus ! Vous tentez de détourner la conversation : vous ne m’avez toujours pas dit pourquoi vous voulez partir si tôt.

Il l’embrassa pour la faire taire puis, roulant des yeux pour aiguiser sa curiosité, il concéda :

– J’ai un rendez-vous important pour mon avenir.

– Ça alors ! s’exclama-t-elle en riant. Abzal Kellwin, jeune demi-frère de notre souverain, éternel dilettante, partageant son temps entre la chasse et le lit des femmes, se soucierait donc de son avenir ? Voilà qui est inattendu !

– Tout le monde change, que voulez-vous.

– Tant que vous continuez à venir me voir... Alors quoi ? Le roi va vous nommer ministre ?

– Je reconnais que, jusqu’à maintenant, je ne me suis guère préoccupé du futur du royaume ni du mien. Mais j’ai trente-trois ans. Il arrivera un moment où je serai probablement moins plaisant à regarder. Mes maîtresses me délaisseront. Il est impératif que j’aie fait fortune avant cela. Ainsi je pourrais séduire par ma richesse, à défaut de ma figure.

Clervia s’esclaffa.

– Seigneur Abzal ! Vous dites n’importe quoi ! Et dire que je vous ai cru. Votre taille fine et vos yeux d’or vous vaudront encore bien longtemps toutes les amitiés féminines ! Cependant, les Conseils se dérouleraient sans doute plus gaiement si vous y participiez. Tous ces vieillards discutant pendant des heures, quelle horreur ! Et le roi ne doit pas apporter beaucoup de fantaisie non plus. Le pauvre homme n’a pas l’air de rire tous les jours !

Abzal fronça les sourcils :

– Pas de ça, Madame. Je ne vous laisserai pas médire de lui. D’abord, c’est votre souverain, et c’est mon frère aîné.

Il fit mine de lui administrer une fessée qui se transforma en caresses.

– Veuillez montrer plus de respect, ajouta-t-il d’une voix suave.

– Alors, cessez vos pitreries et prouvez-moi donc votre ardeur, lui glissa-t-elle en enroulant ses jambes autour de lui.

Il obéit de bonne grâce.

 

Une heure plus tard, Abzal quitta la demeure des Beauzais. Il parcourut à pied les larges allées bordées d’immeubles confortables où vivait la noblesse de Terce, puis descendit la colline vers les portes de la ville. Les ruelles devinrent plus sombres, les maisons plus petites à mesure qu’on s’éloignait du château. Le torchis remplaça la pierre et la terre battue les pavés. Ici, les gens s’interpellaient bruyamment avec des accents fleuris. Les déchets jonchaient la chaussée et répandaient des effluves âcres. Il abaissa son chapeau devant ses yeux et serra son manteau autour de lui en se frayant un chemin dans la foule. L’activité intense lui permettait de passer inaperçu.

Il dépassa les remparts et poursuivit vers l’est. Il atteignit les bas faubourgs de la ville où, à côté des abattoirs, les corneries fabriquaient sans relâche les objets d’os, de cornes et de boyaux que le pays entier utilisait au quotidien. De nombreux ouvriers y travaillaient, mais personne ne semblait s’intéresser à lui. Couvrant son nez de sa main pour filtrer l’odeur pestilentielle qui emplissait l’air, il repéra le grand cèdre, puis emprunta la venelle déserte qui s’ouvrait derrière. Il s’arrêta à la cinquième maisonnette. Devant la porte de la masure, il plaça une étoffe sur son nez pour qu’on ne puisse le reconnaître et frappa.

– Qui est là ? demanda une voix de femme à travers le battant.

– Je... j’ai besoin d’un service.

Un silence lui répondit. Il allait reformuler quand un volet s’entrebâilla dans le mur. On fit pendre par l’ouverture une bourse de cuir.

– Placez trois creilles d’argent dans le sac.

Il hésita encore une fois. Tenait-il vraiment à cette entrevue ? Les bouchevreux l’effrayaient et le dégoûtaient, comme tout le monde. Qu’est-ce qui l’avait poussé au juste ? L’excitation, la curiosité ? Pas seulement. C’était aussi cette nouvelle envie de prendre des responsabilités dans le gouvernement du royaume. Il l’avait suggéré à Clervia sur le ton de l’ironie, mais c’était pourtant vrai. Il ne savait pas d’où cela lui venait, mais il ne pensait plus qu’à ça. Or, il n’était pas sûr d’en être capable, et il tenait ici le moyen de s’assurer qu’il ne s’emballait pas pour rien. Qu’il accéderait réellement à un destin prometteur.

Il s’exécuta, laissant tomber les pièces dans la petite sacoche. Il entendit des tintements à l’intérieur, puis la porte s’entrouvrit sur une silhouette féminine qui portait un masque en cuir percé de deux fentes pour les yeux. Il frissonna. Elle le fit entrer et lui désigna une table et un tabouret. Autour de lui, la pièce était propre et rangée, alors qu’il s’était attendu à un taudis puant, jonché d’objets mystérieux et de cadavres d’animaux.

– Sachez que je n’habite pas ici, déclara sèchement la femme quand ils furent assis. Si vous me dénoncez, on ne m’y trouvera pas.

– Je n’en ai pas l’intention, assura-t-il, déstabilisé par cette entrée en matière. Ce ne serait pas bon pour moi non plus.

Elle haussa les épaules comme s’il venait de dire une énormité.

– Vous seriez condamné à une réprimande, au pire à une amende ? Moi je risque ma vie. Nous ne sommes pas traqués, mais dès qu’il y a un moyen de nous accuser de tous les maux, le verdict est sans surprise. Quand on ne nous tue pas sur place.

– Pourquoi me recevez-vous, dans ce cas ?

– Parce qu’il faut bien vivre.

Elle semblait aussi nerveuse que lui.

– Que désirez-vous ?

– Je souhaite connaître mon avenir, chuchota-t-il du bout des lèvres.

– Il va falloir que je vous touche. Donnez-moi votre main gauche.

Abzal tendit le bras vers elle. Son cœur battait à tout rompre. Lorsque ses doigts attrapèrent les siens, il sentit comme un courant qui les liait, ses pensées étaient aspirées par la créature. Elle paraissait en transe, le corps contracté. Il distingua les iris presque blancs derrière le masque. Malgré l’étrange phénomène, sa peur s’estompa.

– Vous allez bientôt vous voir attribuer une nouvelle responsabilité, annonça-t-elle d’une voix étouffée. Le roi va vous confier un rôle très important à ses yeux. Il deviendra de plus en plus lourd.

Abzal sourit : son frère lui donnerait un poste ? Une charge qui s’étofferait avec le temps ? Einold l’en croyait donc capable... Une bouffée de fierté gonfla sa poitrine par anticipation, tandis que s’imposait dans son esprit le visage satisfait de son aîné. 

La femme fit tourner sa main dans la sienne et ses doigts la parcoururent. Tout à coup, elle se pencha et scruta sa paume.

Elle le dévisagea, effrayée et perplexe.

– Pourquoi êtes-vous venu ? Que voulez-vous ?

– Je vous l’ai expliqué : connaître mon futur, répondit Abzal, mal à l’aise.

Il hésitait à partir sans demander son reste. Ce brusque revirement ne lui disait rien qui vaille. Elle esquissa un geste vers la main qu’il tendait toujours.

– Mais... vous avez la marque.

Il observa sa paume sans comprendre, puis releva les yeux.

– Quelle marque ? De quoi parlez-vous ? interrogea-t-il d’une voix qui monta d’un cran.

La femme se rapprocha et pressa son bras en signe de compassion. À présent, elle ne semblait plus apeurée, mais il lut la pitié dans son regard. Elle ôta son masque. Dans son visage ouvert, son sourire se voulait apaisant, mais la tristesse de ses yeux était loin de rassurer Abzal. Il sentit ses entrailles se tordre.

– Vous ne savez pas, n’est-ce pas ? interrogea-t-elle d’une voix douce, comme si elle parlait à un petit enfant. Vous ignorez ce que vous êtes ?

Hypnotisé, le souffle court, il était suspendu à ce que cette femme allait dire. Il avait l’impression que son corps avait déjà compris, mais son esprit restait hermétique.

– Vous êtes un devineur. Un bouchevreux.

– Non ! cria-t-il en se dressant d’un bond pour reculer. Que cherchez-vous ? À me soutirer de l’argent ? À m’effrayer ?

Il leva sa main devant elle.

– Je ne vois aucun signe, pauvre folle ! Et mes yeux ? Ils sont brun clair, pas bleus !

Il avait envie d’attraper cette femme et de la secouer pour qu’elle avoue pourquoi elle lui racontait ça.

– Les miens non plus.

C’était vrai. Il ne l’avait pas noté, mais ses iris étaient redevenus sombres, maintenant qu’elle était sortie de sa transe.

– Je sais que cette croyance est très répandue, mais les yeux bleu pâle ne sont pas le signe des devineurs. Chez certains d’entre nous, les prunelles s’éclaircissent quand les pouvoirs s’exercent. Mais pas toujours. Et les malchanceux qui naissent avec les iris très clairs ne sont pas des devineurs. Quant à la véritable marque, il s’agit de cette quatrième ligne dans votre main gauche. Elle n’existe pas, à droite. Ni chez les gens… normaux. Je l’ai aussi, ajouta-t-elle en tendant la paume vers lui. C’est le seul vrai signe distinctif.

Il fixa le sillon qui courait de l’extérieur de son poignet à la base du quatrième doigt. Il n’y avait jamais fait attention. La ligne était ténue, mais indéniable. Il retomba assis sur le tabouret.

– Mais je n’ai pas de pouvoirs, protesta-t-il encore d’une voix suppliante.

– Ils se déclenchent tard, parfois. Quand ce sera le cas, vous aurez des visions. Comme si vous étiez transporté ailleurs pendant un instant. Il faut apprendre à les contrôler.

– Des visions ? répéta-t-il, affolé.

– Oui, des images, des scènes qui s’imposeront à vous. Elles correspondent au passé, au présent ou à l’avenir. Pour les identifier, pour les appeler, il faut s’exercer, ou mieux : être guidé par un autre devineur.

Des visions... La respiration d’Abzal devint sifflante. Ses oreilles bourdonnaient. Il étouffait, comme si quelqu’un était assis sur sa poitrine. Il devait fournir un effort considérable pour faire entrer l’air dans sa gorge. La femme se précipita vers lui, inquiète. Elle tira sur le linge qui le masquait pour dégager sa bouche et son nez. Il lut aussitôt sur ses traits qu’elle l’avait reconnu. Fou de rage et de panique, il bondit sur ses pieds et l’attrapa violemment par les épaules.

– Si quelqu’un apprend quoi que ce soit, je saurai que c’est vous ! cracha-t-il de sa voix cassée avant de sortir en trombe.

 

Dehors, une averse froide avait commencé. Il se mit à courir comme un perdu dans la grisaille du crépuscule, se cogna contre le mur de la maison voisine, bouscula un passant. Il se précipita vers les champs, au-delà des dernières masures. Essoufflé, il s’arrêta sous un grand chêne et s’appuya contre le tronc.

Il tendit sa main ouverte devant ses yeux et contempla encore la marque. Il frotta sa paume de toutes ses forces sur l’écorce rugueuse de l’arbre, jusqu’à s’écorcher la peau. Une colère noire brassait son esprit. Il en voulait à cette femme, cette créature immonde qui lui avait révélé cette chose à l’intérieur de lui ; au petit seigneur qui avait mentionné le repère de la bouchevreuse, pour se faire bien voir ; à lui-même, surtout. Quelle idée avait-il eu de se faufiler à travers la ville jusqu’à ces quartiers infâmes ? S’il voulait prendre des responsabilités dans la gouvernance du royaume, pourquoi ne l’avait-il pas simplement demandé à Einold ?

Il croyait sentir un être sale et abject se tortiller à l’intérieur de lui. Il dut se contrôler pour ne pas se déchirer la peau sur tout le corps afin d’en arracher l’intrus. Il se griffa le visage sur le tronc, espérant oublier la douleur qui lui comprimait la poitrine, en vain.

Il resta longtemps sous la pluie, recroquevillé au pied du chêne, jusqu’à trembler de froid. Puis il se releva péniblement et partit au hasard. Les ruelles boueuses du faubourg des corneries avaient été vidées par l’averse et par l’heure tardive. Il croisa un homme en passant les remparts et rabattit aussitôt son chapeau. Il lui semblait que la chose en lui, ce qu’il était, sautait aux yeux de quiconque le regarderait. Il erra longtemps, tantôt prêt à quitter la ville pour se cacher, tantôt n’aspirant plus qu’à retrouver le décor familier des Cimiantes.

La marche finit par l’apaiser un peu. Ses pensées prirent des voies plus rationnelles. Non, personne ne pouvait voir qu’il était un bouchevreux. Et personne ne le saurait jamais. Qui se préoccupait des lignes dans les paumes des gens ? À force de volonté, il ferait taire ces visions parasites. Il continuerait à vivre comme avant, il resterait un homme, comme si ce jour n’avait pas existé. Quoi que cela lui coûte, quelles que soient les mesures à prendre, il cacherait son horrible secret.

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MrOriendo
Posté le 04/01/2023
Hello Isa !

C'est rare que je débute un commentaire avant d'avoir fini de lire le chapitre, mais je tiens à dire que J'ADORE la description que tu fais de Terce quand Abzal s'en approche, avec cette comparaison incroyable avec une amante qui se déshabille doucement. C'est fluide, poétique, très visuel, sensuel, bien amené et vraiment bien écrit. Pour moi, ce passage est de loin ce que j'ai lu de meilleur depuis que je découvre ta plume. C'est simple : j'aurais aimé avoir cette idée pour faire découvrir Ambreciel à mes lecteurs (bon, cela dit, c'eut été plus compliqué vu que Jaken est déjà à l'intérieur...).

Voilà, c'est dit. Je retourne lire le chapitre, et je répondrai à ce commentaire pour te donner mes impressions sur le reste !
MrOriendo
Posté le 04/01/2023
Et bien ma foi, très intéressant ce chapitre !
J'aime beaucoup le contraste entre l'entrée en scène d'Abzal assez désinvolte et le sérieux de son passage chez la bouchevreuse. Le récit de ses aventures avec la femme de son hôte puis avec Clervia m'a fait sourire, ça donne un aperçu un peu grivois du personnage (d'ailleurs, je n'ai pas pu m'empêcher de lire "Baizais" au lieu de "Beauzais", je ne sais pas si c'est voulu xD).
On visualise bien ce prince qui se complait dans la chasse, les fêtes, l'amour et la paresse. Ce qui accentue d'autant plus la claque qu'il reçoit en découvrant ses pouvoirs.
MrOriendo
Posté le 04/01/2023
Oups, j'ai appuyé sur "publier" alors que je n'avais pas terminé !
Sa détresse une fois qu'il découvre ses pouvoirs est bien racontée aussi, j'aime beaucoup le fait qu'il se frotte contre l'arbre jusqu'à se mutiler comme pour ôter sa ligne de vie, et sa paranoïa quand il croise des inconnus dans la rue. Pour qu'il se considère à ce point comme un monstre, ça donne une idée de ce que peuvent penser les gens des bouchevreux dans le royaume...
Isapass
Posté le 04/01/2023
Ah tiens, un commentaire à tiroirs ;)
Merci pour ton enthousiasme à propos de la description de Terce vu par Abzal. J'avoue que je l'aime bien aussi, ce qui est en principe un argument suffisant pour couper (les fameuses "petites chéries"), mais je vais faire preuve encore un peu d'autosatisfaction et la garder. Après, ton avis n'est pas unanime : Edouard, par exemple, l'a trouvée un peu longue.

Abzal est effectivement un personnage contrasté, ce qui explique cette entrée en matière. Je crois que c'est le personnage que je maitrise le mieux dans ce tome. En tout cas, j'ai beaucoup aimé écrire ses pdv ou ses interventions ! Il a d'ailleurs beaucoup fait réagir au fil des commentaires, ce qui est déjà une satisfaction en soi.
Tant mieux si la scène de la fin t'a paru convaincante : les scènes fortes en émotions sont toujours un peu casse-gueule.
Tu as raison, sa réaction montre l'opinion générale envers les bouchevreux, c'était effectivement le but. Enfin, un des buts.
Merci pour ta lecture et tes commentaires !
A+
MichèleDevernay
Posté le 13/12/2022
Un nouveau personnage fort intéressant. Je me demande si le fameux poste qu'il est censé bientôt occuper est lié aux jumeaux... En attendant, le voilà affublé de ce qu'il considère de toute évidence comme une tare, et ses réactions à venir risquent d'être passionnantes. J'ai hâte de les découvrir.
A bientôt !
Isapass
Posté le 20/12/2022
Abzal est effectivement un personnage très nuancé... qui a fait pas mal réagir les lecteurices ! A titre personnel, c'est le personnage sur lequel je me suis le plus éclatée à écrire dans ce tome 1. J'espère que tu le trouveras convaincant.
Edouard PArle
Posté le 17/11/2021
Coucou !
Grrrrr j'avais fait un long commentaire qui s'est supprimé car le site a fait des siennes. Que c'est frustrant !
Je me demande pourquoi Abzal ne tue pas la femme qui lui a révélé sa nature de bouchevreux. 1 elle le met en danger 2 il est en colère à l'annonce de cette nouvelle 3 il n'a pas l'air d'un ange gardien (la dernière phrase semble le confirmer) 4 ton univers est loin d'être naïf. Au plaisir de lire ta réponse !
Je trouve la description de la ville un peu longuette même si la métaphore est jolie et bien trouvé.
Je m'attendais à ce qu'un personnage soit bouchevreux mais pas celui-ci ^^ Abzal est en tout cas bien réussi, entre ses airs de don juan et la crainte de son frère tu tiens un personnage complexe. Je comprends pourquoi tu me l'as annoncé lors de mon dernier passage. Le personnage est très cool !
On comprend que le jeune homme du chapitre 3 était probablement innocent, j'avoue que ça ne m'a pas trop surpris.
Le signe distinctif est bien trouvé, ni trop voyant ni trop caché.
Quelques remarques :
"Abzal Kellwin, le frère cadet du roi — demi-frère, en réalité" vu que c'est à l'écrit et au vu de ta narration, je trouve un peu étrange que tu dises pas direct demi-frère
"il s’était consolé durant la nuit, quand la mère de la demoiselle s’était glissée dans son lit." j'ai ri ^^
"Cette journée-ci annonçait elle aussi" cette journée annonçait rendrait la phrase plus directe je trouve (surtout que c'est la première journée auquelle on assiste donc ça n'a pas énormément de sens de faire référence aux précédentes)
"qui se transforma en caresses." caresse ? (les deux se disent mais jsp pourquoi le singulier me paraît plus naturel)
Voilà, j'essaie d'être sévère en espérant que ça t'aide un peu.
A bientôt !
Isapass
Posté le 18/11/2021
Alors si tu es déconnecté pendant un commentaire, tu peux revenir en arrière après t'être reconnecté, jusqu'à la page du chapitre où tu as écrit ton commentaire. Quand tu rafraichis, une pop up s'ouvre qui te propose de resoumettre le formulaire, car en général, ton commentaire a été conservé. Donc si tu cliques sur ok, ça marche. Mais c'est vrai que j'ai pris l'habitude de toujours copier mes commentaires avant de les publier.
Je suis ravie que mon chouchou Abzal te plaise ! Il a un rôle très important par la suite, tu le verras. Si j'en crois les nombreux commentaires qu'il a suscité, malgré tous ses défauts, on ne peut pas s'empêcher de le trouver attachant parce qu'il est humain. C'était le résultat que je cherchais et je suis contente que ça marche.

Je note ton avis pour la description du début. J'avoue que je l'aime bien celle-ci, mais elle est assez représentatif d'un de mes "tics" d'écriture : comme j'ai souvent du mal à me lancer directement dans l'action au début des chapitres ou des points vue, je commence (trop) souvent par des descriptions ou des introspections qui ont tendance à s'étendre... Il faudrait que je tranche dedans ! XD

Je note aussi tes remarques sur la forme, je regarderai.

Quant à ta question "pourquoi Abzal ne tue pas la femme qui lui a révélé sa nature de bouchevreux ?", je me permets de ne pas te répondre, mais tu comprendras pourquoi assez rapidement.

Un peu de teasing : il y a un gros scoop à la fin du prochain chapitre ;) Je te conseille donc de ne pas laisser ton œil traîner sur les commentaires avant la dernière ligne, héhé. Personne ne l'a jamais deviné avant de le lire, tu me diras si c'est aussi le cas pour toi ;)

Merci pour ta lecture et ton commentaire !
Edouard PArle
Posté le 18/11/2021
Coucou !
Je vais essayer de suivre ton conseil (après ca ne m'arrive pas souvent) et en général quand j'ai un doute je copie collie aussi (mais là j'avais ouvert le site 5 minutes avant donc ^^).
Tu me vends bien la suite, je ne vais pas tarder à aller voir ça xD
A bientôt !
Fannie
Posté le 24/07/2020
Les descriptions du début son belles et imagées.
Il se montre un peu cynique, le bel Abzal, quand il est chez son hôte. Et en plus, c’est un collectionneur. Clervia n’est pas dupe et apparemment, ça ne la dérange pas plus que ça.
C’est marrant qu’Abzal craigne pareillement la désapprobation d’Einold. D’ailleurs, ne voit-il aucun inconvénient aux mœurs dissolues de son petit frère ? Ou ignore-t-il son mode de vie ?
Quelle surprise ! Un bouchevreux qui s’ignore. Et il a la réaction irrationnelle d’en vouloir à la messagère. Elle n’y peut rien. Si elle ne lui avait rien dit et qu’il l’avait appris plus tard, ça lui aurait tout autant déplu. Les visions lui ont quand même indiqué qu’il allait avoir une charge en haut de la hiérarchie du royaume.
On peut donc conclure que le jeune homme qui a été exécuté précédemment n’était probablement pas un bouchevreux. Ça donne une idée de la justice du royaume…
Coquilles et remarques :
— parait les bas-quartiers d’un long sautoir d’argent [les bas quartiers]
— préparée pour lui par le maître-veneur. [Je ne mettrais pas non plus de trait d’union à « maître veneur ».]
— je ne me suis guère préoccupé du futur du royaume / connaître mon futur, répondit Abzal [C’est « avenir » qui convient.]
— Le torchis remplaça la pierre et la terre battue les pavés [Je mettrais une virgule après « battue » pour indiquer l’ellipse du verbe.]
— Quelle marque ? De quoi parlez-vous ? interrogea-t-il / Vous ne savez pas, n’est-ce pas ? interrogea-t-elle [Les deux « interrogea » sont trop proches ; « demanda » figure déjà plusieurs fois, mais il y a aussi « questionna ».]
— au petit seigneur qui avait mentionné le repère de la bouchevreuse [le repaire]
Isapass
Posté le 25/07/2020
Ah, tu fais connaissance avec Abzal ! Je l'ai voulu complexe et si j'en crois les commentaires, je pense que je ne m'en suis pas trop mal tirée.
Effectivement, c'est un "consommateur" de femmes et il a un côté effronté. Mais par ailleurs, il manque gravement de confiance en lui (ce qui l'entraînera, tu verras, vers des voies assez troubles).
Sa maîtresse, Clervia, n'a effectivement pas l'air d'y voir d'inconvénients. Mais c'est une figurante, on ne la reverra pas.
Merci pour la description du début : j'avoue que j'en suis un peu fière :) A l'origine, elle figurait très loin dans le tome, mais ce n'était pas logique, donc je l'ai rapatriée là, et j'en ai profité pour la mettre "à la sauce Abzal", vue par son œil de séducteur.
Einold ignore (ou fait semblant d'ignorer) les moeurs de son frère, peu importe. C'est vrai que ce n'est pas son genre à lui, en tout cas !
La réaction d'Abzal en apprenant qu'il est bouchevreux est très violente, parce que, comme tu l'as peut-être compris, c'est vraiment quelque chose de honteux (un peu comme un propriétaire terrien d'un état confédéré qui apprendrait qu'il a du sang noir ou un nazi qu'il a du sang juif). Et en plus, malgré son esprit plutôt cartésien, Einold a vraiment horreur des bouchevreux.
Oui, tu as bien compris : le jeune homme exécuté dans le chapitre 3 n'était sans doute pas bouchevreux, puisque les yeux clairs ne sont PAS leur signe.
Merci pour ta détection de coquilles et tes remarques (oh la honte, pour "repère/repaire" !)
Je réponds à tes autres commentaires d'ici ce soir ! ;)
Notsil
Posté le 21/06/2020
Le frérot... mignon tout plein, au départ. Certes, un peu Don Juan, mais qui semble aimer son frère, et qui avec l'âge comprend qu'il doit devenir un peu plus mature.
J'ai beaucoup aimé les descriptions, la ville, les détails de transition entre les quartiers pauvres / riches.
Et la bouchevreuse, donc... ça correspond un peu à ce qu'il imaginait, donc il est rassuré (et vu qu'il y allait pour ça.... ^^).
Et puis forcément, le détail, et un gros : c'est pas les yeux !
Du coup je me demande si le 1er l'était vraiment (celui décapité) ou si c'était juste un gêneur pour " l'étranger".
En tout cas il ne vit pas bien la révélation, même s'il décide finalement de faire comme si de rien n'était.
Je ne sais pas pourquoi, je pense par contre qu'il va se prendre un soufflon du frérot parce qu'il n'était pas chez lui / là où il devait être et que ça fait des heures qu'ils le cherchent partout ^^
Isapass
Posté le 21/06/2020
Tu verras qu'Abzal est important, comme tu l'as déjà peut-être compris en lisant la suite. C'est le personnage avec lequel je me suis le plus éclatée sur ce tome 1.
La description de la ville, j'avoue que je l'aime bien aussi :)
Et oui, bien vu : contrairement à ce que tout le monde croit, les yeux bleu pâle ne sont pas le signe des bouchevreux, donc le pauvre gars que le roi a fait décapiter n'était pas bouchevreux. Alors toujours aussi parfait, comme souverain, Einold ? :)
En effet Abzal ne vit pas bien du tout la révélation ! Ce sera même assez structurant...
Cocochoup
Posté le 13/04/2020
Intéressant... Je m'étais doute qu'il y avait anguille sous roche quand il a eu sa vision. Comment va t il gérer ça ?
J'y crois aux predictions de la vieille femme...
Et donc... Le pauvre garçon qui s'est fait massacré il y a quelques chapitre de ça a cause de ses yeux.... Bichette il n'était qu'une victime !
Isapass
Posté le 14/04/2020
Comment va-t-il gérer ça ? Eh bien c'est un des grooooos enjeux de ce tome ;)
Bien vu, tu as fait le rapprochement avec la scène de l'exécution ! Du coup le roi en prend un coup en termes de discernement et de sens de la justice, non ?
ludivinecrtx
Posté le 07/01/2020
Alors, c'est très personnel mais j'ai moins aimé la première partie du chapitre ! C'était juste trop descriptif pour moi mais tu connais un peu mon aversion pour elles ahaha . J'ai préféré donc la partie où il va voir la bouchevreuse !!

Abzal me paraît intéressant, moins lisse en apparence que son frère j'aime bien la complexité de l'homme !! Il papillonne beaucoup et butinne aussi ! Ils veut a tout prix rendre fier son frère et en même temps il peut avoir des accès de violence comme avec la bouchevreuse !

Du coup, le pauvre jeune homme était innocent ! L'explication sur les bouchevreuse est subtile et intéressante ! J'aime beaucoup ce genre de peuples et c'est cool que le Demi frères du roi en soit un !

J'ai eu un petit problème de temporalité, j'ai pas compris de suite que l'histoire se passait avant la naissance des princes
Isapass
Posté le 07/01/2020
Ah, quel dommage, la description de la ville à la manière d'une amante, j'en suis tellement fière (je pratique l'autosatisfaction sans vergogne, oui, oui).
Mais bon, je comprends que la partie avec la bouchevreuse puisse être plus exaltante ;)
Abzal est mon personnage préféré. En tant qu'auteure, je veux dire : c'est avec lui que je me suis le plus amusée, et que je maîtrise le mieux, je crois. Il a déchaîné les passions :)
Eh oui, bien vu : le pauvre gamin exécuté n'était pas un bouchevreux...
Un problème de temporalité ? En fait, on peut dire que ce chapitre se passe pendant la naissance des princes. Le début du chapitre se situe très légèrement en arrière par rapport à la fin du précédent si tu préfères, mais (tu l'auras sans doute compris dans le suivant) la fin rejoint le présent du chapitre précédent (pas sûre d'être claire...)
UnePasseMiroir
Posté le 30/12/2019
Abzal m'a l'air hyper classe et intéressant ! 😍 les personnages complexes comme lui, c'est les meilleurs ! Surtout s'il est dès le début révélé comme faisant partie des pestiférés locaux... D'ailleurs, les bouchevreux m'intriguent de plus en plus. Si leur fameux signe distinctif (leurs yeux soi-disant clairs) n'est même pas avéré, j'imagine que le pauvre type qui a été décapité au début de l'histoire n'avait rien à voir avec eux... en tout cas, leur pouvoir de divination a l'air super intéressant. Mais bon, ça doit pas être cool d'apprendre qu'on en est un quand on est le demi-frère du roi...
Isapass
Posté le 30/12/2019
Effectivement, en tant qu'auteure, Abzal est mon personnage préféré : je me suis bien éclatée avec ses pov. En plus, quand je postais le premier jet, je n'étais jamais déçue par les réactions à son propos qui étaient encore plus fortes que je l'espérais :) Il a fait couler de l'encre, ce cher Abzal (il faut dire qu'il existe une version archivée du premier jet qui a environ 250 commentaires...)
Bien vu pour les yeux des bouchevreux : le pauvre gamin exécuté dans le chapitre 3 n'en était effectivement pas un...
Mais je voulais montrer que c'était vraiment la honte d'apprendre qu'on en était un (un peu comme d'apprendre qu'on avait du sang juif dans la France bien-pensante de la fin du 19ème, tu vois), ou du sang noir dans le sud des états-unis juste après la guerre de sécession.
Léthé
Posté le 05/09/2019
Hinhiiiiiinnnn !

Démasqué, le frère du roi ! Je me suis un peu perdue dans le reste : Baudri, c’est le fils d’Abzal ? Ou j’ai tout faux et je raconte n’importe quoi ? XD J’étais perdue au début de Game of Thrones aussi, je suis incapable de me repérer dès qu’il y a des histoires familiales, j’ai une très mauvaise mémoire :’) J’espère que tu me pardonneras et que tu voudras bien éclairer ma lanterne

J’ai beaucoup aimé ce chapitre, moi je suis à 200% Team Bouchevreux voilà, je voudrais que tout le monde soit bouchevreux !! Ils ont l’air terriblement classes et si en plus ils peuvent se cacher sans trop de difficulté, c’est tout bénéf (par rapport aux yeux je veux dire). Du coup le pauvre mec décapité, c’était quasiment sûr qu’il était pas bouchevreux xD

J’espère qu’Abzan va être cool (j’ai un gros doute, il a quand même failli tuer une nana juste parce qu’elle lui disait la vérité sur lui). Du coup, d’après ce que j’ai compris, la première partie du roman va nous parler de ce qu’il se passe « avant/pendant » la naissance des princes ? Moi qui croyais qu’on allait les voir tout de suite ! Je suis surprise !

Allez, je vais enchaîner sur le chapitre suivant ;)
Isapass
Posté le 05/09/2019
Alors non, Baudri n'est pas du tout le fils d'Abzal. Abzal est le demi-frère du roi, il a 14 ans de moins qu'Einold, et comme il est issu d'une union illégitime, il ne peut pas régner. Baudri est un cousin d'Einold et d'Abzal et ça fait de lui le plus proche parent susceptible de régner (puisqu'on exclu Abzal) si Einold meurt sans héritier. Du moins avant les quinze ans des princes (t'inquiète, j'explique plusieurs fois).
C'est ce que je voulais montrer : le pauvre gars décapité sur l'ordre du roi au chapitre 3, en fait il n'était probablement pas bouchevreux. Du coup, ta comparaison avec la chasse aux sorcières est tout à fait pertinente.
Oui, cette partie se déroule au moment de la naissance des princes. Au tout début, je ne voulais faire qu'un ou deux chapitres sur cette période, et puis en fait j'ai trouvé ça intéressant. Mais tu verras que ça donne une structure un peu bizarre au tome, comme si cette partie était un énorme prologue. J'avais très peur de ça, mais dans les deux retours argumentés de ME que j'ai eus, personne n'a fait de reproche là-dessus.
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