Le silence accueillit ces mots inattendus, à demi-étouffés par un sanglot de regrets. Nasha était immobile. Ses yeux verts reflétaient une terreur sourde et une incompréhension totale. Elle était tétanisée, intégrant ces mots pourtant clairs. Orn avait tué sa sœur. Voilà pourquoi il n'avait pas de nom composé ou un clan auquel se rattacher. Le cœur de la jeune Twi'lek tambourinait dans sa poitrine, et les battements résonnaient dans tout son corps. Elle n'arrivait pas à croire que l'homme devant elle, qui semblait si vulnérable, avait pu commettre un crime si atroce. Nasha devait fuir, rejoindre ses semblables pour être protégée de ce meurtrier qu'elle pensait connaître. Pourtant, elle restait dans le vaisseau. Car, malgré cette déclaration, la femme ne pouvait s'empêcher de douter. Orn devait avoir une raison, il n'avait pas pu tuer sa sœur d'un coup, sans motif. Ce n’était pas possible que celui qui l’avait accueilli dans son vaisseau, la sauvant d’un esclavagiste monstrueux, ait commis un acte aussi impensable. Il devait y avoir une erreur, un détail qui lui échappait, permettant de rendre celui qu’elle pensait être son ami innocent.
De son côté, le chasseur fixait d'un regard vide son casque, terriblement conscient du regard de Nasha. Ses mains tremblaient et il clignait régulièrement des yeux pour contenir les larmes voulant se libérer. Orn ne savait pourquoi il avait avoué son crime à la jeune Twi’lek, et cette confiance lui faisait peur. Il n'osait pas se retourner. Il ne voulait pas voir l’expression sur le visage de son amie, une expression qu’il ne pourrait supporter. Déjà, le chasseur pensait avoir perdu son amie la plus chère, mais il ne pouvait pas la laisser partir ; elle en savait trop. Pourtant, il ne s’empara pas de son arme, mais se décida à finir ce qu’il venait de commencer. Orn souhaitait que Nasha le comprenne, qu’elle connaisse l’entièreté de la vérité. D’un autre côté, il n’avait pas le courage de lui faire face. Il remit son casque de ses mains tremblantes puis cacha ses lekkus avec sa capuche. D’un geste incertain, le mercenaire ouvrit la porte avant de se précipiter hors du Vautour Couronné, ignorant les protestations confuses de son amie. Il se figea, puis, sans se retourner, brisa enfin ce silence pesant.
"Twik, dit-lui tout…Je…je dois la voir," dit le chasseur, d’un ton fatigué et triste.
La porte se ferma derrière lui, et Orn poussa un long soupir empreint d’une peine insoutenable. Il se laissa glisser au sol, et ramena ses genoux près de sa tête. Le Twi’lek songea à rester ainsi pour l’éternité, avant de se souvenir de la raison de sa venue. Avec difficulté, le chasseur se dressa sur ses jambes flageolantes. Insensible à la sensation de ses vêtements mouillés contre sa peau, il se dirigea machinalement vers une petite allée discrète dans la forêt en face de lui. Ce chemin était vieux, et emprunté depuis la nuit des temps, comme en témoignait l’herbe courte et jaunâtre qui y poussait. Des arbres, cependant, se dressaient sur le passage, ignorant avec leur grande dignité cette allée créer par les indénombrables pieds qui avaient marché en ces lieux.
Silencieusement, Orn s’avançait, quelque peu rassuré par la familiarité de son entourage. De petits animaux se précipitaient vers leurs cachettes à son arrivée et un rapace passa au-dessus de lui, poussant un cri perçant. La fine pluie tombait toujours sur la terre humide, faisant resurgir avec force les odeurs de la forêt et de ses habitants. Le bruit discret des gouttes allant au contact du sol calmait le Twi’lek, qui se sentait plus assuré à chaque pas. Il ne rêvait que d’enlever son casque et de sentir la fraîcheur de l’eau sur son visage. Mais derrière les arbres pouvaient se cacher des yeux ayant le pouvoir de divulguer leurs informations. Orn décida donc d’enlever son casque au lieu du rendez-vous, si aucun témoin ne s’y trouvait.
L’antique chemin qu’il empruntait déboucha enfin sur une petite clairière entourée de grands arbres, qui isolaient cette dernière. Le chasseur s’avança et passa sous l’arche formée par des branches, balayant du regard les dizaines tombes brisant le vert de la forêt. Ces tombes étaient petites, attaquées par la mousse et par le temps. Certaines n’avaient plus d’inscription sur leur façade, les années ayant érodé la pierre grisâtre. Celles dont les gravures étaient encore présentes possédaient toutes la même marque : un sabre-laser entouré d’une paire d’ailes. En dessous de ce sigle se trouvait le nom du décédé, toujours précédé du titre "Chevalier Jedi" ou "Padawan", selon l’âge de la personne enterrée. Orn passa entre différentes tombes avant de s’arrêter devant celle qu’il cherchait. De la mousse commençait à grimper sur la pierre, mais rien n’altérait les mots gravés, qui étaient toujours lisibles malgré les vingt années maintenant passées.
"Padawan Taan’Otualin," lisait l’inscription sur la roche.
Le chasseur fixa la pierre tombale, puis vérifia que personne ne se trouvait dans les environs. D’un mouvement lent et sûr, il retira son casque. Orn le posa près de la tombe comme s’il déposait un bouquet de fleurs, avant de se relever. Il sentit les gouttes d'eau lui caresser la peau, et lâcha un petit soupir de soulagement. La sensation de propreté et de fraîcheur lui faisait du bien. Le Twi'lek ferma les yeux un instant, savourant le contact de son visage avec la pluie. Enfin, il les rouvrit puis posa son regard sur la tombe. Orn souffla un coup avant de parler à sa sœur.
"Salut. Ça fait longtemps… Je sais que je suis en retard, et je m'en excuse. Si tu savais tout ce qui c'était passé… j'ai rencontré Vador, le vrai ; et des planètes peuvent maintenant disparaître en un clin d'œil. J'espère que, où que tu sois, tu n'as pas autant de chaos ni de souffrance… Malgré tout, je n'aurais pas dû oublier de venir… c'est ton anniversaire tout de même. Enfin… notre anniversaire. Désolé. J'ai aussi oublié ta fleur préférée… Si ça peut me rattraper, sache que je n'ai pas perdu une nouvelle fois ton sabre-laser ! J'ai bien retenu la leçon… il est toujours sur moi, caché par ma cape. D'ailleurs, Nasha nous a rejoint. Elle est libre, désormais. Je sais que tu ne voudrais que la totale liberté dans toute la Galaxie… Je sais que tu l'aurais bien aimé, aussi. Je lui ai dit. Elle ne sait pas toute, mais elle sait que j'ai ma part de responsabilité dans ton meurtre.
— Je vois que tu commences à admettre la vérité, Orn," lança une voix rauque et haineuse derrière le chasseur.
Le sang du concerné ne fit qu'un tour. Il se retourna en une seconde, le cœur battant, faisant face au nouvel arrivant. Ce dernier était un vieux Twi'lek à la peau jaune, avec des tatouages violets sur sa tête et ses lekkus. Le visage ferme et sévère, il regardait d'un air mauvais le mercenaire.
"Warat'Ualin. Ça faisait longtemps…," le salua ce dernier, méfiant et à l’affût.
Il regarda autour de lui, guettant la présence de guerriers du clan Tualin dont la mission serait de le faire partir. N’en apercevant aucun, Orn posa finalement ses yeux sur le vieux Twi'lek.
"Je croyais pourtant t'avoir exilé, meurtrier. Tu n'as décidément aucun respect pour l'autorité.
— Si je ne suis plus un Tualin comme tu l'as ordonné, je ne peux pas reconnaître ton autorité," rétorqua le chasseur.
Le chef du clan leva ses yeux rouges au ciel d'un air magistral. Il s'avança dignement, sa toge écarlate dansant au rythme de ses pas. La fine pluie ne semblait l'affecter, et Warat'Ualin réajusta ses cache-bras noirs avant de s'arrêter à un mètre de l'exilé.
"Toujours aussi insolent, à ce que je vois. Tu ne changeras jamais, c'est certain. Et dire que tu oses toujours venir te recueillir sur sa tombe…," cracha le vieillard, dégoûté.
Orn accusa le coup. Il serra les dents avant de répliquer avec rage.
"C'est ma sœur. Je me dois de lui faire honneur.
— Tu es son meurtrier ! Tu l'as assassinée de tes propres mains, par pure jalousie ! Tu n'as aucun droit de te tenir devant elle."
Le chasseur fut frappé par ces mots, malgré leurs inexactitudes. Il avait tant entendu ce discours qu'une partie de lui-même le croyait. Malgré tout, Orn savait qu’il n’avait tué sa sœur qu’indirectement, et il était prêt à se défendre.
"Combien de fois devrais-je le dire ?! Je ne suis pas celui qui a asséné le dernier coup.
— Laisse-moi deviner. Un Jedi l'a tué dans le Temple ?" demanda le chef avec dédain, connaissant parfaitement la réponse.
Orn serra le poing. Jamais il n'a été cru ; et jamais il ne le serait. Cela, le chasseur ne le savait que trop bien, mais cette réalité l’enrageait.
"Oui… Elle n’a pas voulu renverser le Sénat, et elle a été tuée pour ça.
— Les Jedi n’auraient jamais trahi le Sénat. Ces guerriers avaient comme but de protéger la liberté, pas de la détruire.
— Si c’est moi qui l’ai tuée de mes mains, quelles raisons avaient-je de le faire ?
— Tu étais jaloux, et tu le sais ! Le clan entier le savait, le voyait. Tu voulais être à sa place. Tu voulais être Jedi également, mais c’est elle qui a été choisie, pas toi. Tu voulais ce pouvoir qui n'est pas en toi…
— Je… j'aurais pu la sauver, c'est vrai. Si j'avais été plus rapide, plus réactif… elle ne serait pas morte. Mais je n'étais pas jaloux. Je voulais simplement que l'Ordre des Jedi nous redonne celle qu'ils avaient enlevée à la naissance !"
Le chasseur avait crié ces derniers mots, emporté par ses émotions. Il se croyait responsable de la mort de Taan'Otualin, mais il ne l'avait pas tuée directement. Cette accusation était violente, injuste ; elle pesait sur la conscience du Twi'lek. Il voulait qu'on le croie, que son clan arrête de nier la vérité. Orn tremblait de rage et de tristesse. Il revoyait cet instant où il avait tenu le corps sans vie de sa sœur, devant le Jedi assassin, des taches de sang sur sa tunique noire, qui partait en quête de nouvelles victimes. Des images qui le hantaient chaque nuit.
Mais en face de lui, implacable, Warat le jugeait d'un air sombre. Il se tenait droit, et demeurait insensible à la détresse de celui en qui il voyait un meurtrier. Pour lui, le chasseur méritait cette souffrance.
"Tu es vraiment pitoyable, Orn… Si dégoûté par ton crime que tu cherches inlassablement à te convaincre du contraire… J'en viendrais presque à te plaindre," dit le chef d'un ton plat et ironique.
Orn ne put s'empêcher pousser un rire froid et sarcastique, levant les yeux au ciel devant de tels mensonges.
"Tu es vraiment trop aimable… je fais finir par croire que tu as des sentiments.
— Dit le meurtrier," répliqua Warat'Ualin d'un ton égal.
Ce dernier décrivit un cercle autour du chasseur, l'observant avec précaution. Sa patience était épuisée. Il jugea la situation avant de parler posément, pesant chaque mot au fur et à mesure qu'il les disait.
"Orn, tu dois partir. Tu n'as pas le droit d'être ici, tu le sais.
— Je le sais, oui. Mais je m'en fiche," admit le concerné en toute simplicité.
Le vieux chef soupira, frottant sa toge pour faire tomber les quelques gouttes d'eau qui s'y étaient accrochées. À nouveau il fixa l'exilé, bien décidé à le faire partir pour appliquer sa loi.
Orn, de son côté, rendait à Warat’Ualin son regard, avec un air mauvais et dangereux. Il ne voulait pas partir ; il n'avait pas fini de rendre hommage à sa sœur. De même, le chasseur ne voulait pas se plier à la volonté du vieillard qu’il haïssait.
"Tu ne veux tout de même pas que j'use de la force ? Tout Chasseur Impérial que tu es, tu n'es pas de taille contre plusieurs guerriers.
— Tu veux parier ?"
Warat'Ualin s'arrêta, puis s'avança vers le chasseur. Les deux Twi'leks se faisaient face ; l'un jetant un regard sévère, l'autre haussant la tête en signe de défi. La colère bouillonnait en Orn, qui dirigea doucement sa main vers son blaster.
"Très bien, tu l'auras voulu," annonça le chef d'un ton ennuyé.
Il s'éloigna du mercenaire, se préparant à appeler ses guerriers. Orn ne lui laissa pas le temps de s'exprimer. Il se jeta sur Warat, lui plaqua la main sur la bouche, puis posa son arme contre sa tempe. Le chef se figea sous l'emprise du chasseur, prit de frayeur et de panique.
"Eh bien… je ne vois pas tes guerriers…," rigola-t Orn froidement.
Warat'Ualin ne pouvait répondre, il se contenta donc d'un grommellement de rage mêlée à de la peur. Si les combattants du clan Tualin venaient, ils ne pourraient rien faire face au chasseur qui avait pris en otage leur chef et l’avait à sa merci. Warat était donc coincé. Si ce dernier avait peur d'être blessé voire tué, Orn n'avait en réalité aucune idée de ce qu'il allait faire ensuite. Il secoua rapidement la tête pour enlever les gouttes d'eau lui cachant la vue. Le Twi'lek n'avait aucune envie de blesser Warat, mais l'idée de se plier à son autorité le répugnait. Il n'avait pas oublié que ce vieillard l'avait banni alors qu'il n'avait que quatorze ans. D'une certaine façon, c'était à cause du chef qu’Orn était devenu un chasseur de primes. Une occupation qui l’avait forcé à se cacher et à mentir pour toujours, ainsi qu’à s’enfoncer dans les atrocités et le sang. Alors qu'il s'apprêtait à agir pour se venger, un bruit de pas précipités se fit entendre. Nasha apparut, trempée par la pluie et essoufflée par sa course. Elle se stoppa net à la vue de son ami et du vieux chef. Les yeux écarquillés, elle les observa, impressionnée par la capacité du chasseur à se retrouver dans des situations inédites. Ce dernier regardait Nasha d’un air surpris, ne pensant pas la voir en ces lieux.
"Nasha ? Pourquoi tu n’es pas dans le vaisseau ?" demanda-t-il d’un ton trop calme pour quelqu’un qui menaçait un chef de clan.
"Je voulais sortir un peu, puis Twik a trouvé que tu étais parti depuis trop longtemps… je suis venue voir si tout allait bien…"
À cela, Orn sourit d’un air désolé, tandis que Warat’Ualin adopta un air intrigué malgré sa situation délicate. Il était étonné de voir le chasseur accompagné d’une Twi’lek.
"Eh bien, comme tu peux le voir, je vais bien," dit Orn, souriant toujours.
Ce dernier enleva son blaster de la tempe du chef, avant de lui asséner un violent coup sur la tête, ne lui laissant pas le temps de bouger. Warat tomba lourdement, assommé par cette frappe. Maintenant inconscient, il ne représentait plus une menace pour le chasseur. Nasha avait poussé une exclamation de surprise face à ce geste brutal et soudain, avant de regarder Orn avec des yeux interrogateurs.
"Ne me regarde pas comme ça. Il aurait appelé ses guerriers si je l'avais laissé partir. Et puis… il le méritait," expliqua-t-il, l'air de rien.
La mécanicienne esquissa un sourire, avant de froncer les sourcils, se souvenant de sa dernière conversation avec le chasseur. Twik lui avait tout expliqué, mais elle voulait en parler avec lui, pour faire comprendre à son ami qu’elle était de tout cœur avec lui. La Twi'lek sourit de nouveau, gentiment et tristement.
"Tu sais, tu devrais commencer par raconter la vérité ; au lieu de dire ce que ta culpabilité te fait croire…"
Le concerné rit doucement, mettant la main sur sa nuque.
"Sans doute… Mais j'ai tout de même une part de responsabilité dans sa mort. Quand les Clones ont envahi le Temple, j'ai su que quelque chose n'allait pas. Quand j'y suis arrivé, j'ai vu Taano se battre contre un Jedi. Il était dos à moi. J'aurais pu agir, mais je me suis figé, et j'ai simplement regardé Taano mourir.
— Je doute que tu aurais pu faire quoi que ce soit contre un Jedi," répondit Nasha.
"Mais j'aurai dû essayer. Si j'avais détourné son attention, elle aurait eu une chance de s'en sortir. Mon inaction l'a sans doute tuée," insista Orn, refusant d'accepter son innocence.
— C'est ce Jedi qui l'a tué. C'est lui, le responsable de sa mort, pas toi," répliqua Nasha d'un ton ferme mais compatissant. Elle comprenait que le Twi'lek cherchait un coupable accessible, mais la jeune femme ne pouvait pas le laisser s'affliger cette culpabilité injuste qui le mangeait.
Le chasseur secoua la tête. Il voulait protester, continuer à s'accuser, mais il était à court d'arguments. À défaut de répondre, il se tourna vers la tombe de sa sœur et ramassa son casque. Orn le secoua un peu, faisant tomber l'eau qui s'y était accumulée. Le temps était venu pour les deux amis de retourner au Vautour Couronné. Il jeta un dernier regard empreint d'amour mêlé à une tristesse profonde et vieille à la pierre tombale de Taan'Otualin, puis se tourna vers Nasha. Il remarqua pour la première fois qu'elle tenait une fleur bicolore dans sa main. La fleur préférée de sa sœur.
"Qu'est-ce que tu as dans la main ?" demanda-t-il, même s’il avait reconnu la plante.
La concernée, par réflexe, fixa sa propre main avant de reprendre son sourire espiègle qui lui était si particulier.
"Twik m'a dit que Taano aimait ce genre de fleurs. Quand je suis sortie, j'en ai vu une, alors je l'ai prise. Ton adorable droïde a dit, je cite, que "dans ta stupidité infinie", tu avais oublié de prendre une fleur," dit Nasha en s'approchant de la tombe.
La Twi'lek, ignorant le regard reconnaissant de son ami, s'accroupit et posa la fleur rouge et blanche au pied de la pierre. Elle récita à voix basse une prière en Ryl, la langue des Twi'leks, qu'elle avait entendu il y a longtemps et dont elle avait gardé des bribes de souvenirs. Enfin, Nasha se leva, puis se tourna vers Orn. Ce dernier la regardait tendrement. Il s'en était énormément voulu d'avoir oublié cette fleur. Nasha venait de lui faire le plus beau des cadeaux.
"Tu sais que je suis à deux doigts de t’embrasser ?" demanda le chasseur, pensant réellement ce qu'il disait.
La Twi'lek rigola.
"Ne te prive pas ! C'est vrai que tu ne l'as jamais fait… Tu dois bien être un des seuls habitués de la Cantina qui ne l'a jamais fait."
Orn sourit et acquiesça de la tête. Il s'approcha de son amie et embrassa son front avec tendresse. Le chasseur posa sa main libre sur l'épaule de Nasha et souffla un mot de remerciement. Il posa ensuite son front contre le sien, gestuelle que la femme retourna avec joie, puis il ferma les yeux. Il sentit ses doutes et sa culpabilité disparaître l’espace de cette étreinte, le coupant pour la première fois depuis la mort de Taano de ces sentiments pesants. Les deux amis restèrent ainsi pendant un moment, indifférents à la fine pluie qui caressait leur peau. Puis, enfin, Nasha brisa l'étreinte, sans méchanceté et avec douceur.
"On devrait y aller. Ton ami ne va pas tarder à se réveiller," dit-elle, pointant du doigt le chef assommé.
Orn regarda Warat'Ualin d'un air dédaigneux, et soupira. Il hésitait toujours à le tuer, mais faire cela lui attirerait d'énormes problèmes dont il n’avait pas le moindre besoin. Assassiner le chef n'aiderait pas non le chasseur à plaider son innocence. Il soupira encore et se tourna vers son amie.
"Je l'avais oublié, lui… tu as raison. Allons-y."
Sans un dernier regard au cimetière des Jedi, le Twi'lek s'engouffra dans l'allée qu'il avait emprunté pour venir, Nasha marchant silencieusement derrière lui. Cette dernière observait toujours avec tant d'émerveillement les arbres et les plantes. Ses yeux s'illuminaient à chaque animal qui courrait pour les fuir. Elle avait l'impression d'être sur la plus belle planète de la Galaxie, tout en ayant conscience de ne pouvoir comparer Ryloth qu'à une seule planète, Tatooine. Sur le chemin, Orn secoua sa tête pour faire fuir les gouttes d'eau, avant de remettre son casque et sa capuche. C'était une simple précaution, même si, de ce qu'il avait pu observer, les habitants de cette région semblaient toujours dormir.
Rapidement, les deux amis arrivèrent près du Vautour Couronné. Le vaisseau jusqu'alors poussiéreux à cause du sable de la planète-désert était maintenant propre, lavé par la pluie. Le rouge ornant le noir de l'extérieur éclatait de toute sa couleur, n'étant plus atténué par les saletés. Le symbole du vautour - et du Chasseur Impérial - était lui aussi visible, brillant fièrement face à l'obscurité des nuages gris. Ces derniers cachaient d'ailleurs la lumière du Soleil de Ryloth, et faisaient inlassablement tomber leur fine et légère bruine qui rafraichissait les deux amis. Non mécontent de laisser cette planète et les sombres souvenirs qu'elle refermait, Orn ouvrit la porte du Vautour, qui s'ouvrit et fit s'échapper de la fumée. Nasha entra la première face à l'empressement du chausseur, qui ne voulait pas permettre à la pluie d'abîmer l'intérieur de son cher vaisseau.
"Vous en avez mis, du temps…," les accueillit Twik de son ton teinté de reproches.
Orn se contenta de lever les yeux au ciel et de retourner à son siège. Nasha, quant à elle, piqua un biscuit de la boîte sans demander et le grignota sur son tabouret, derrière le chasseur.
"On va où mainte-"
La Twi'lek n'eut pas le temps de finir sa phrase. Un hologramme apparut sans prévenir, prenant à dépourvu l'équipage. Orn jura puis plissa les yeux sous son casque. Un homme en habit impérial se tenait devant eux, l'air étrangement paniqué. Son grade indiquait que c'était un Vice-Amiral ; mais le chasseur ne le reconnaissait pas.
"Ici le Vice-Amiral Sancor, du Destroyer de Seigneur Vador. Je -
— Qu'est-il arrivé au Vice-Amiral Cespa ?" demanda Orn, l’interrompant sans ménagement.
La question surprit l'humain, qui semblait perdre plus de couleur qu'il n'en avait déjà perdu
"Le… Le Seigneur Vador n'était pas satisfait du travail du Vice-Amiral Cespa. Mais ce n'est pas le sujet !" s'exclama le concerné d'un coup, l'air toujours mal à l'aise.
Il fit une pause pour reprendre son souffle, et l'équipage put apercevoir derrière le Vice-Amiral un autre homme en uniforme courir, criant des informations inaudibles. Sancor s'affola à son tour, un air terrifié occupant tout son visage. Puis l'hologramme disparut. Orn râla, et le sentiment que quelque chose de grave était arrivé le gagna. D'un geste brusque, il frappa l'appareil, surprenant ses deux amis. Twik le tapa à son tour pour venger le système holographique. Le chasseur ne s'en soucia pas et plaqua une nouvelle fois le poing contre le poste de contrôle, faisant réapparaître l'hologramme. Le Vice-Amiral poussa une exclamation de satisfaction avant de se concentrer sur les trois mercenaires.
"Ah, vous revoilà ! Ce que je voulais vous dire, c'est que l'Étoile Noire a été détruite !"
Décidément, j'aime toujours autant sa relation avec Nasha. On pourrait penser qu'il y a plus que de l'amitié entre eux, si ça évolue vers quelque chose de plus romantique ça me dérangerait, mais j'aime aussi beaucoup l'amitié qu'il y a entre eux.
Le Vice-Amiral qui pose ça à la fin entre le fromage et le dessert, jpp. xD
Je suis très content que t'apprécies le passé d'Orn (et oui, il est pas prêt) !