Chapitre 6 : La promesse

Chapitre Six : La promesse

 

 

- Qu’il est beau…

 

Alexandra était à moitié allongée sur les marches d’un des quatre escaliers de la Cour Blanche. Elle nageait en plein songe. Ses yeux mi-clos et son sourire rêveur amusaient ses deux amies.

 

- Alex est amoureuse !

- Oui…confirma l’intéressée.

- Non, mais sérieusement, qu’est-ce que tu lui trouves ?

- Bah…il a tout pour plaire et pour séduire, fit la jeune fille en relevant la tête. Tu ne le trouves pas beau, toi ?

- Bof.

- Et bien, moi si !

- Bon, stoppe ici Alex.

- T’avais pas rendez-vous avec lui ? demanda sa seconde amie.

- Oui, façon de parler. Mais je sais pas si je vais y aller…

- Quoi ? Tu vas lui poser un lapin ?

- Je crois. J’ai trop peur. Qu’est-ce que je vais lui dire ? Non, finalement, je vais pas y aller !

- Je crois que c’est trop tard, fit l’une de ses amies.

 

En effet, Florian déboula à ce moment dans la Cour Blanche et monta les escaliers en courant. Alex n’eut pas le temps de se rendre compte de la situation que déjà le jeune homme lui tira les bras pour la relever.

 

- Je vous la ramène dans une heure ! lança-t-il aux deux jeunes filles.

 

Puis sans attendre une réponse, Florian empoigna Alex pour la porter. Il décampa en vitesse, son fardeau dans les bras, sans demander son reste. Il traversa le lycée dans sa longueur ; Alex aurait aimé disparaître sous terre. Le terminus de sa course s’acheva lorsque Clémence, Ludovic, Baptiste et Sébastien furent en vue. Étonnés, les quatre amis l’interrogèrent du regard lorsqu’il déposa Alex sur le sol.

 

- Clém’, Ludo’, Bas’, Séb’, je vous présente Alexandra. Alex, je te présente Clémence, Ludovic, Baptiste et Sébastien. Voilà, les présentations sont faites.

 

Sans écouter ce que le groupe allait répondre, il reprit Alex dans ses bras, et repartit dans le sens inverse. Florian traversa encore une fois le lycée et s’arrêta devant le C.D.I..

 

- Tu m’as humiliée ! pesta Alex, une fois les pieds sur terre.

- Mais non !

- Si ! Ils se sont tous moqués de moi ! Je ne suis pas un sac de patates !

- Oh, commence pas « steuplé » ! Viens !

 

Il lui prit la main et l’entraîna tout au fond du C.D.I..

 

- Assis-toi, ordonna-t-il en fouillant dans son sac. Merde !

- Qu’est-ce qui se passe ?

- J’ai oublié mon bloc-note chez moi ! T’as pas une feuille ?

- Non.

- Menteuse.

- C’est vrai.

- Bon, je reviens, je vais squatter la cafétéria deux secondes. Il doit bien y avoir du papier là-bas ! Tu ne bouges pas d’un pouce ou je t’étripe à mon retour !

- Oui.

 

Florian piqua un sprint jusqu’à la cafétéria, et comme il ne trouva pas ce qu’il cherchait, il arracha un morceau de la nappe en papier. Il revint vers Alex, triomphant, son morceau de nappe à la main.

 

- C’est quoi ça ? demanda la jeune fille.

- Écoute, on fait avec les moyens du bord ! Je prends ce que je trouve !

 

Il sortit son stylo bic (qu’il avait toujours sur lui) et griffonna le titre de son prochain texte.

 

- Pourquoi tu pleurais hier ? demanda Florian, après un silence.

- Laisse, tu ne peux pas comprendre.

- J’essaie. Tu sais, Alex, je pense qu’à mon âge, je peux comprendre beaucoup de choses. J’ai du vécu, tu sais.

- Peut-être, mais on n’a pas le même vécu. Ce que je vis, tu ne l’as jamais vécu.

- Et qu’est-ce que tu vis ?

- La solitude. Je sais, c’est dégueulasse de dire ça alors que j’ai deux supers copines, mais je suis seule dans mes problèmes. Je rêve beaucoup, je me construis des mondes, mais après quand j’ouvre les yeux, je vis l’enfer. J’en ai marre d’être moi. Je ne me plais pas, je me déteste.

- Il ne faut pas dire ça Alex.

- Tu vois ta copine Clémence…elle est très jolie. J’aimerais être comme elle.

- Tu n’as rien à lui envier. Chacun est comme il est.

- Je ne sais pas…J’ai personne à qui parler, à part à mes deux amies. Et ça me fait du bien de tout dire, j’ai besoin qu’on me soutienne. Qu’est-ce que tu écris ?

 

Alex pencha la tête vers le morceau de nappe sur lequel Florian griffonnait rapidement.

 

- Tu m’écoutes au moins ? demanda la jeune fille, méfiante.

- Ouais. T’inquiètes pas, j’entends tout ce que tu dis. Continue.

- Et puis, il y a toi qui me pose un problème.

- Moi ? s’étonna Florian, en relevant la tête.

- Oui.

- J’ai fait un truc de mal ?

- Non. C’est juste que depuis le premier jour où je t’ai vu, j’ai…Enfin, je veux dire que…

- N’en dis pas plus, j’ai compris. Viens ici Alex.

 

Florian lui fit signe de s’approcher.

 

- Jeune fille, vous avez quel âge ? demanda-t-il en la faisant asseoir sur ses genoux.

- Quinze ans.

- Alex, tu te rends compte ? Tu as quinze ans. Tu commences tout juste ta vie. Tu sais combien j’ai de piges ?

- Non.

- Dix-huit. J’ai dix-huit ans.

- De toutes façons, je savais que ça n’allait pas marcher, bredouilla la jeune fille, perturbée. J’ai jamais de chance pour ce genre de choses.

- C’est pas la question que si ça marche ou pas. Ça marche très bien entre nous, on s’entend très bien. Tu sais, je te considère comme la petite sœur que j’ai jamais eu. J’ai envie de te protéger et de te défendre. Tu es sans doute la personne à qui je me suis le plus intéressé aux problèmes. Bah Alex, qu’est-ce que tu as ?

 

La jeune fille fit une horrible grimace et se mit soudainement à pleurer.

 

- Pourquoi tu pleures ?

- T’es gentil avec moi, fit-elle en posant sa tête sur l’épaule de Florian.

- Bien sûr que je suis gentil avec toi ! C’est normal, t’es adorable !

- Arrête !

- Et t’es aussi mignonne comme tout !

 

Alex ne répondit pas et pleura davantage. Il lui prit délicatement le menton et lui colla un baiser sur la joue.

 

- Allez ma puce, ne pleure pas. Tu vas m’aider à terminer la chanson, d’accord ?

 

La jeune fille acquiesça.

 

- Jeune femme religieuse cherche prêtre à porter pour cérémonie religieuse…

 

Alex et Florian levèrent la tête, stupéfaits. Un vieil homme était assis à la table d’à côté et lisait sa feuille de brouillon qu’il avait à la main.

 

- Non, parce que vous comprenez, il y a un jeu de mot, expliqua le vieil homme.

 

Les deux adolescents se regardèrent en silence. Florian interrogea Alex du regard.

 

- C’est un ancien professeur de philosophie qui travaille maintenant au C.D.I., murmura la jeune fille. C’est quelqu’un d’extrêmement intéressant.

- Tu peux me dire en quoi il est intéressant ? demanda sur le même jeu le jeune homme en louchant sur le paquet de cigarettes et la bouteille de bière posés à côté des affaires de l’ex-professeur. On dirait un SDF !

- Prêtre à porter ! Ah ah ! Prêt à porter ! s’exclama le vieil homme.

- Il écrit beaucoup. La dernière fois, il écrivait un discours sur la Saint-Patrick. Une fois qu’il a terminé d’écrire, il le lit à voix haute. Il écrit des trucs vraiment biens ; je trouve ça passionnant.

- Il empêche les élèves de travailler !

- Pas souvent, répliqua Alex. Les élèves s’arrêtent parfois pour l’écouter. Il écrit de tout. C’est merveilleux, j’aimerais avoir autant d’imagination que lui.

- Comprenez, continuait le vieil homme en s’adressant à Florian et Alexandra. Jeune femme religieuse cherche prêtre…prêtre…prêtre à porter pour cérémonie religieuse ! Ah ah ah !

 

Alex lui sourit poliment.

 

- C’est con ce qu’il dit, souffla Florian à son oreille. On voit bien que c’est un philosophe.

- Moi, je trouve ça formidable. Où va-t-il chercher ses idées de prêtre à porter ? C’est tellement bien choisi.

- Prêtre à porter, vous comprenez ? répéta le vieil homme à qui voulait l’entendre avant de s’esclaffer à nouveau.

- Il est extraordinaire, fit rêveusement Alex.

- Hey ! J’existe moi aussi ! Tu ne peux pas m’oublier comme ça ! C’est pas merveilleux ce que j’écris ? demanda Florian, vexé.

- Oui, c’est trop beau. Mais lui aussi. Disons que le style n’est pas le même !

- T’es pas gentille, je mérite plus d’attention que ce blondinet tout fripé à la retraite !

 

Après quelques chamailleries, ils planchèrent enfin tous les deux sur le texte de Florian. Quelques minutes avant que ça sonne, Alex sembla s’inquiéter.

 

- Dis-moi, tu ne le diras à personne tout ce que je t’ai confié aujourd’hui ?

- Je ne sais pas Alex, je ne sais pas du tout. Je ne peux pas te promettre que je raconterais pas tous tes malheurs à mes amis, parce que je ne tiendrais pas ma parole.

- Ah…

- Ce que je peux te promettre, en revanche, c’est de ne dire à personne (excepté mes amis) que c’est toi qui est le sujet de la chanson. Personne ne saura que c’est toi.

- D’accord.

 

Florian raccompagna Alex jusqu’à sa salle de cours puis repartit dans le sens inverse pour chercher ses amis. Il trouva Ludovic, Sébastien et Baptiste en grande conversation. Le jeune homme se racla la gorge, ce qui fit sursauter les trois jeunes hommes.

 

- Tiens Flo’, t’es de retour parmi nous ? nargua Baptiste.

- Ouais, et avec un nouveau texte formidable !

- Ah non Florian, ne commence pas « steuplé » ! lança Ludovic, prêt à s’évanouir.

- On te voit venir, ajouta Sébastien.

- Bah quoi ?

- Rien, laisse tomber Floflo.

- Lulu’, m’appelle pas comme ça.

- Dommage, j’aime bien !

- Elle est passée où Clémence ? demanda Florian.

- Va savoir…

- I’m in love, I’m in love, oh come on, come on, accidentally in love ! chantonna une voix lointaine, la voix de Clémence.

 

La jeune fille arrivait vers le reste du groupe, ses écouteurs dans les oreilles.

 

- Tu es in love de qui ? interrogea Florian, curieux.

- Idiot, c’est la chanson ! Trop d’la balle ! I’m in love, I’m in love ! Accidentally…come on, come on, accidentally in love ! Vous voyez les gars, c’est ce genre de musique joyeuse et qui bouge que je veux qu’on fasse.

 

Elle enfonça un écouteur dans le coquillage qui servait d’oreille à Florian. Aussitôt que la musique se répandit dans son tympan, le jeune homme se mit à bouger de droite à gauche.

 

- C’est vrai que ça bouge ! fit-il. Et ça met de bonne humeur ! Clém’ a raison, ça déchire tout sans pour autant être du hard rock !

- Vous savez, on a notre style à nous, commença Ludovic. Ce qu’on joue nous correspond bien, on n’a pas besoin d’imiter un autre genre pour tout déchirer et pour que ça nous plaise.

- C’est vrai, admit Baptiste.

- Mais j’adore, s’écria Clémence. Et si on faisait une reprise ?

- Surtout pas. Il faut acquérir les droits d’auteur et c’est pas gagné d’avance. C’est protégé par la loi, expliqua Ludovic, qui connaissait par cœur le droit français.

- Oh…fit la jeune fille, déçue.

- Mais bon, c’est bien ce qu’on fait quand même ? demanda Sébastien, inquiet.

- Oui.

- Bon, c’est le principal.

- On finit à quelle heure cet après-midi ?

- À 15h30. On a deux heures de philo, répondit Baptiste.

 

Le groupe sembla s’agiter.

 

- Putain, j’ai pas appris la leçon ! s’exclama Sébastien en mettant sa patte devant la bouche.

- Et en plus, on a un contrôle ! ajouta Clémence, qui essayait de rester calme.

- Bon, moi je sèche, lança Florian. Il est hors de question pour moi que je planche deux heures sur une question pourrie genre « qu’est-ce que le plaisir ? » !

- Je crois que je vais faire comme toi, fit Ludovic.

- Non, toi, tu as le Bac à la fin de l’année, donc tu vas faire ton interro ou sinon je te colle mon poing à la gueule ! Vous allez tous en philo cet après-midi ! Je vous attendrai devant la salle et après on ira en ville faire quelques courses.

- Ça marche, je suis justement en manque de gel ! expliqua Baptiste.

- Je sais, c’est pour que tu nous lâches avec ton gel que je vous le propose !

 

 

 

L’après-midi arriva très vite et le contrôle de philosophie aussi. Clémence, Ludovic, Baptiste et Sébastien furent dans l’obligation de se rendre en salle d’examen afin de suffoquer durant deux longues heures devant leurs copies. Florian, lui, passa ses deux heures au C.D.I. avec son bloc-note qu’il était aller récupérer chez lui. Lorsque la sonnerie marqua la fin de la seconde heure, il partit attendre ses amis devant leur salle. Il passait dans un long couloir carrelé de blanc et de noir lorsqu’il entendit des sanglots et des pas pressés derrière le tournant. L’élève qui pleurait courait le long de la courbe et percuta Florian de plein fouet. C’était Alexandra. La jeune fille s’écrasa contre le mur et se laissa glisser le long de celui-ci jusqu’à toucher entièrement le sol. Elle avait peine à respirer. Florian se précipita vers elle, inquiet.

 

- Alex, qu’est-ce qui se passe ?

 

Alex ne répondit pas ; elle ne pouvait plus parler sans s’étouffer.

 

- Respire ma puce, respire.

 

La jeune fille essaya tant bien que mal d’obéir à Florian mais elle avait du mal à reprendre sa respiration.

 

- Florian, appela-t-elle faiblement.

 

Le jeune homme s’accroupit auprès d’Alex et lui demanda ce qui n’allait pas. Elle ne répondit pas. Au même moment, une de ses amies arriva à toute allure.

 

- Alex ! Les écoute pas ! De toutes façons, c’est que des cons ! lança son amie dans l’espoir de la consoler.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? répéta Florian.

- Ils l’ont poussée à bout. Ils ne lui ont dit que des horreurs pour qu’elle craque.

- Qui ça ?

- Des cons de notre classe.

- J’en ai marre ! brailla Alex, en se mouchant bruyamment avec le mouchoir que lui avait tendu le jeune homme.

- Il est là ! s’exclama une voix.

 

Florian se retourna. Clémence, Ludovic, Baptiste et Sébastien arrivaient dans sa direction. Ils venaient de sortir de leur contrôle et ils étaient épuisés. Clémence remarqua l’état désastreux d’Alex et lança un regard chargé d’interrogations à Florian. Celui-ci ne dit rien et se tourna vers l’amie de la jeune fille.

 

- Vous étiez en quelle salle ?

- Euh…en C152. C’est la toute petite salle ronde qui est juste après le tournant.

- Ok, on va régler ça, parce que là, ça commence à me saouler.

- Hey attends-nous, s’écrièrent Baptiste et Sébastien. On t’accompagne ! Baston !

- T’as raison, approuva Florian d’un air sévère. Ça va chier dans le moulinet.

- Ouah, nouvelle expression, remarqua Ludovic. Elle déchire tout.

- Merci.

 

Florian se releva et se rendit jusqu’à la minuscule salle avec les deux frères. Clémence en profita pour prendre le relais auprès d’Alex et se mit à bercer la jeune fille dans un élan de compassion. Alex sembla reprendre son souffle et retrouva son calme après plusieurs minutes de pleurs.

 

- Qu’est-ce que tu vas leur faire exactement ? demanda Sébastien.

- Je sais pas encore.

 

Il s’arrêta devant plusieurs adolescents qui pouffaient de rire. C’était, sans aucun doute, les élèves qui critiquaient et qui se moquaient d’Alex. La bande était composé de deux garçons et de trois filles. Lorsqu’ils aperçurent les trois jeunes hommes, ils se turent dans leurs critiques. Florian fixa le plus grand des deux garçons, qui s’appelait Christian.

 

- C’est toi qui fait pleurer ma copine ? demanda Florian, furieux.

- Qu…Quoi ? Moi ? De quoi tu parles ? feignit l’élève.

- Prends-moi pour un con et je t’en colle une. Vous me faites chier, vous pouvez pas laisser Alex tranquille une minute, non ?

- Hey, mais on n’a rien fait ! Calme ta joie mec, oh, comme tu y vas !

- Mon œil ! Continue à dire ça et je te fous un pin dans la gueule !

 

Ce que Florian était absolument capable de faire. Les filles chuchotaient entre elles et leurs paroles n’échappèrent pas à l’oreille fine du jeune homme.

 

- Alex a un copain ?

- J’le crois pas. Qui la voudrait ?

- C’est totalement impossible.

- Et qu’est-ce que ça peut vous faire ? cracha Florian. Pourquoi elle serait différente à vos yeux ?

- Bah, elle est conne cette fille ! lança l’une des trois filles, qui s’appelait Mayssa.

- Répète ça un peu, menaça le jeune homme en se rapprochant d’elle. Tu t’es regardée, pauvre connasse ? Moche comme un thon, grosse comme une truie, intelligence zéro, habillée comme une pouf ! On te l’a jamais dit ça ? Tes copains-copines, je peux te dire qu’ils le savent, eux. Langue de pute, va !

 

Baptiste et Sébastien ouvrirent de grands yeux, choqués par l’injure rarement utilisée par Florian à l’ordinaire. Mayssa semblait aussi choquée.

 

- T’as bien compris ! Langue de pute ! répéta Florian, avant de se tourner vers les deux garçons. Et vous valez pas mieux ! Alors foutez-lui la paix sinon je vous fous mon poing dans la gueule ! Fille ou pas fille !

- Hey mais…voulut riposter le second adolescent, nommé Florent.

- T’sais quoi mec ? intervint calmement Baptiste en s’approchant. Va te faire.

- Oh comment qu’tu’me parles !

- On a pas besoin de tes commentaires ! Viens pas nous faire chier ! ajouta glacialement Sébastien. C’est pas des gosses de seconde qui vont nous faire peur !

 

Sans attendre une quelconque réponse, Florian, Sébastien et Baptiste tournèrent le dos aux cinq élèves et revinrent auprès d’Alexandra, son amie, Clémence et Ludovic.

 

- Alors ? demanda Clémence.

- Je crois qu’ils ne l’embêteront plus, sinon ils savent à quoi s’attendre. Ça va Alex ?

 

Alex hocha la tête et sourit tristement au groupe. Son amie l’aida à se relever.

 

- Tu devrais te mouiller un peu le visage, conseilla Ludovic. Ça te rafraîchirait.

- Non, c’est bon. Je vais prendre l’air.

 

Florian embrassa la tempe d’Alex et la laissa partir avec son amie. Il se retourna vers les autres membres du groupe, les mains sur les hanches.

 

- Bon. On devait pas aller en ville ?

- On n’attendait que toi !

 

 

 

- Ouah ! s’exclama Clémence. Tu as vu ce fond de teint Lulu’ ?

- Ouais, il est joli.

- Je le prends !

 

Ludovic et Clémence traînaient dans le rayon Maquillage d’un supermarché du centre-ville. Les autres garçons étaient dans le rayon d’à côté, à la recherche de gel à fixation forte pour Baptiste.

 

- Euh…tu prends cinq pots de gel ? demanda Florian, stupéfait.

- Tu veux les cambrioler ou quoi ? C’est eux qui vont être en rupture de stock ! s’exclama Sébastien.

- Bah écoute, je suis client, j’achète ce que je veux. Si je veux acheter tous les gels en rayon, bah je les achète. Je m’en fiche du magasin, moi. Y’a juste les gels qui m’intéressent !

 

Sur ce, il fit dos aux deux jeunes hommes, et rejoignit Ludovic et Clémence avec ses cinq pots de gels dans les bras.

 

- J’le crois pas ! s’exclama Baptiste en voyant Ludovic. Qu’est-ce que tu fous dans le rayon Maquillage ?!

- Bah tu le vois bien, je cherche un crayon pour les yeux.

- Et ben dis donc…

- Il n’y a aucun mal à vouloir mettre en valeur ses yeux, défendit Clémence, un gloss dans la main. Surtout que Ludo’ a de très beaux yeux.

- De toutes façons, on a tous des yeux magnifiques, vanta Sébastien. Tout bleu qu’ils sont !

- Et moi, je suis le seul abruti à avoir des yeux maronnasses ! grogna Florian. C’est dégueulasse.

- Ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas beaux, dit gentiment la jeune fille.

- Et tu cherches quoi là ?

- Un gloss, mais y’a pas la couleur que je veux.

 

Florian s’approcha d’elle et observa les produits posés sur les comptoirs.

 

- Pourquoi tu le prendrais pas à la fraise ? demanda-t-il.

- À vrai dire…commença Clémence, embêtée.

- Tu te souviens, tu en mettais tout le temps il y a quatre ans !

- Moi, je m’en souviens, intervint Sébastien. À chaque fois que tu arrivais toute jolie avec ton gloss à la fraise, Florian te sautait dessus et il t’embrassait pour le manger au point de s’intoxiquer ! Du coup, tu en remettais douze fois par jour.

- Clémence, n’achète pas ce gloss ! Sinon, ça va le tenter ! conseilla Baptiste.

- Mais non, contredit Florian.

- Toi, je te connais mieux que ta mère, fit Ludovic. Je sais très bien que ton fruit préféré, c’est la fraise. Alors si elle achète ce gloss, tu vas lui sauter dessus avant que vous ayez trente ans !

 

Clémence fixa intensément le gloss à la fraise.

 

- Je le prends, déclara-t-elle, à condition que Flo’ se tienne correctement !

- Je serai sage comme une image, promit le jeune homme.

- C’est pas juste ! scandalisa Sébastien. On dirait que tu préfères Florian à nous !

- C’est pas Florian mon préféré dans le groupe, décréta Clémence. C’est Ludovic.

- Comment peux-tu nous dire ça ? hurlèrent les trois jeunes hommes.

- Hé hé hé, ricana Ludovic. Elle vous a bien cassé !

- Et ton préféré après Lulu’, c’est qui ?

- Sébastien.

 

Sébastien sautilla dans tous les sens, les bras en l’air et fier comme un pape.

 

- Youhou ! Youhou ! Je suis son préféré numéro deux !

- Et entre Baptiste et moi ? demanda Florian, vexé.

- Euh…Baptiste.

- Mouahaha ! Ma Clémence, je t’aimeuh ! s’exclama le jeune homme blond en imitant son petit frère.

- Arnaque ! Tu peux pas préférer ces deux abrutis à moi, c’est pas possible ! Lulu’, je peux comprendre, mais pas Séb et Baptiste ! grogna Florian. Tout est fini entre nous, Clémence !

- Mais je disais ça pour t’embêter Floflo’ !

- M’appelles pas Floflo’ !

 

La jeune fille pouffa et s’avança vers le jeune homme pour lui murmurer quelques confidences à l’oreille. Aussitôt, le visage de Florian se radoucit et il se mit à sourire. Il prit la main de Clémence et l’entraîna vers la caisse.

 

- De toutes façons, lança-t-il lorsqu’il passa devant ses amis, ce sera moi qu’elle épousera !

 

 

 

Un peu plus tard, le groupe s’était arrêté devant une boulangerie et Sébastien avait offert une tournée générale de Petit Cochon Rose à ses amis.

 

- Finalement, c’est pas dégueulasse cette merde, fit Baptiste en dégustant la pâte d’amande rose.

- T’as vu, c’est fourré de chocolat à l’intérieur, expliqua Sébastien, qui avait déjà terminé de manger son Petit Cochon Rose.

- Par contre, c’est très calorique, remarqua Ludovic, la main sur son ventre.

- Y’a pas de mal à se faire plaisir, cita Florian.

- Je trouve ça un peu écœurant…qui veux finir le mien ? demanda Clémence.

 

Sébastien et Florian se proposèrent et se partagèrent le Petit Cochon Rose de Clémence. La fin de l’après-midi se passa très bien et le groupe se promit de se refaire une sortie semblable la prochaine fois.

 

 

 

Quelques semaines passèrent. Rien ne changea. Florian écrivait, et les autres composaient. Le groupe séchait de temps en temps les cours. Alexandra et Florian se voyaient souvent au lycée et Clémence, Ludovic, Baptiste et Sébastien l’avaient prise en amitié. Le mois d’avril commença et le cinquième jour du mois, Clémence avait enfin dix-huit ans. Baptiste et Sébastien avaient cotisé pour lui offrir un chemisier et une cravate taillés exprès pour les filles. Le cadeau avait beaucoup plu à la jeune fille, qui s’en était revêtue dans la minute qui avait suivi. Connaissant Clémence comme une fille très coquette, Ludovic et Florian avaient cassé leurs tirelires et envoyaient une même commande dans une boutique à Paris. Résultat : la jeune fille s’était retrouvée avec deux magnifiques accessoires pour les cheveux. La pince venant de Ludovic était en métal vieilli orné de quelques aigues-marines ; et la pince à chignon de Florian représentait une rose en améthyste et en tanzanite. À la vue de ces cadeaux, Clémence avait failli s’étouffer (elle raffolait des bibelots de ce genre) et les deux frères avaient fait une grosse scène de jalousie. Le tout avait été fêté avec une forêt noire et arrosé au champagne. Par simple souci de sécurité, Clémence et Florian avaient été limité à deux verres.

 

La routine des journées du groupe continuèrent jusqu’au mois de mai. Un beau lundi matin, Florian, Sébastien et Baptiste attendaient Clémence et Ludovic, qui étaient encore en cours d’italien. Lorsqu’ils revinrent, les trois amis s’étaient aperçus que Clémence était triste et que Ludovic était totalement décomposé.

 

- Qu’est-ce qui se passe ? demanda Florian, inquiet.

 

Ludovic ne répondit pas.

 

- On a eu italien, expliqua Clémence. Y’avait l’assistant aujourd’hui. Il a fait une certaine remarque qui n’a pas plu à Ludovic.

- Ouais, ce connard il a dit à toute la classe que les mecs français qui parlaient italien, c’était tous des pédés ! s’énerva le jeune homme, visiblement blessé.

- Et tous les élèves se sont moqués de Lulu’, surtout Joachim.

- Et t’as pas donné une bonne leçon à ce mec ? demanda Baptiste.

- T’as des muscles, tu devrais t’en servir, ajouta Sébastien.

- Mais arrêtez ! s’exclama la jeune fille. Vous savez bien que Lulu’ n’aime pas se battre !

- Tiens, voilà l’homophobe, lança Florian, nonchalant.

 

En effet, le dénommé Joachim traversait la Cour Blanche, les mains dans les poches. Il leva la tête et vit Ludovic calé entre Florian et Clémence. Il ricana, le montra du doigt, et prononça des paroles que le groupe n’entendit pas. Toutefois, Baptiste et Sébastien bondirent de leur place et descendirent rapidement les escaliers pour défendre leur ami. Florian soupira, se leva à son tour, et partit dans la direction opposée. Clémence resta seule avec Ludovic, qui ne voyait que le moment où il allait craquer. Ce moment arriva plus vite que prévu et il se retrouva dans les bras de la jeune fille, en train de déverser des torrents de larmes.

 

- Viens, Lulu’, on reste pas ici.

 

Elle l’entraîna dans un des couloirs poussiéreux du lycée et lui tendit un mouchoir en papier.

 

- Tu sais, Ludovic, t’es pas plus différent qu’un autre.

- J’en suis pas si sûr.

- Mais si. Seulement, c’est pas de ta faute. Tu ne fais que subir l’idéologie des gens. Imagine un monde qui serait peuplé d’homosexuels. Imagine qu’un homme et une femme de ce monde se plaisent. Il y aurait un couple hétéro. Comment réagiraient les autres ?

- Ils se moqueraient.

- Exactement. Ils moqueraient parce qu’ils seraient intimidés et qu’ils n’auraient pas l’habitude de voir un couple hétéro. C’est ce qui passe avec toi. Joachim ne connaît peut-être qu’un seul homo, toi. Le fait que ton goût soit différent du sien le dérange. Il veut te faire culpabiliser. Mais je te rassure, y’a des millions de gens qui sont dans le même cas que toi.

- Oui. En tout cas, je suis content de vous avoir comme amis.

- On t’adore, tu sais. Dis-moi, je suis curieuse. Tu as un amoureux ? demanda Clémence, avec un petit air malicieux.

 

Ludovic sourit. Le discours de la jeune fille l’avait rassuré.

 

- Non.

- Roh, bouge-toi Lulu’ !

- Et si on cherchait Florian à la place ?

- C’est ça, change de sujet !

 

Cependant, elle prit la main que lui tendait Ludovic et ils se mirent à la recherche de Florian. Ils le trouvèrent au C.D.I., occupé à écrire sur son bloc-note. Baptiste et Sébastien les rejoignirent, satisfaits.

 

- Putain, comme on l’a massacré ce mec !

- C’est clair, il saignait du nez et tout ! C’était trop sanglant !

- T’inquiètes Lulu’, il ne dira plus rien sur toi !

- On est tes gardes du corps !

- C’est sympa, merci, fit Ludovic, d’une voix triste.

 

Florian posa son stylo sur la table et regarda ses amis.

 

- Je suis un lâche, admit-il.

- Pourquoi ? demandèrent quatre voix.

- J’aurais pu casser la gueule de ce mec comme Séb et Baptiste, mais je l’ai pas fait et je me suis enfui.

- On ne règle rien avec la violence, rappela Clémence.

- Tu sais, à nous deux, on l’a bien amoché, expliquèrent les deux frères. C’était pas obligé que tu participes.

- Et puis, tu as ta propre façon de réagir, fit Ludovic, en regardant le bloc-note. Je peux voir ?

 

Florian lui sourit et lui tendit son texte fraîchement écrit.

 

- Ça, c’est ta chanson, et on la jouera comme tu le voudras.

 

 

 

Dis-moi ce que je dois faire Ce que c'est d'être un homme Dis-moi quels sont tes critères Pour rester dans la norme Et puis, dis-moi que tu me détestes On se quitte, et c'est bien Que vouloir être beau, c'est pas masculin Alors laisse-moi, j'ai pas envie de te plaire Ni le temps d’expliquer Laisse-moi, je ne veux pas te ressembler Laisse-moi, si ce que je suis t'indispose, Y'a qu’une chose que je sais : Les garçons portent du rose Quand ils n'ont rien à cacher Toi tu n'aimes pas la musique Quand ça parle d'amour Toi tu voudrais qu'on s'explique Comme des hommes, comme des sourds Et moi que veux-tu que je te dise On n'est pas fait pareil Je suis comme je suis, garde tes conseils

Alors laisse-moi, j'ai pas envie de te plaire Ni le temps d’expliquer Laisse-moi, je ne veux pas te ressembler Laisse-moi, si ce que je suis t'indispose, Y'a qu’une chose que je sais : Les garçons portent du rose Quand ils n'ont rien à cacher

Alors laisse-moi, j'ai pas envie de te plaire Ni le temps d’expliquer Laisse-moi, je ne veux pas te ressembler Laisse-moi, si ce que je suis t'indispose, Y'a qu’une chose que je sais : Les garçons portent du rose Quand ils n'ont rien à cacher

 

Oh rien à cacher

Rien à cacher

Les garçons portent du rose

Quand ils n’ont rien à cacher

 

 

 

Encore un saut dans le temps. Quelques semaines après l’obstacle nommé Joachim, le soleil se faisait de plus en plus présent et de plus en plus chaud. Les T-shirts se raccourcissaient, les pantalons et les jupes rapetissaient, les filles sortaient leur garde-robe de l’été comprenant mini-jupes et décolletés légers. Même Clémence n’échappa pas à la règle, ce qui réjouit les autres membres du groupe.

 

- Fais chier ce Bac ! marmonna Ludovic dans sa barbichette qu’il avait décidé de laisser pousser.

- T’as raison, continua Baptiste. J’ai même pas commencer à réviser !

- Moi non plus !

- Merde au correcteur ! J’ai pas que ça à faire de réviser matin, midi, soir et nuit ! s’exclama Sébastien, qui était de mauvaise humeur.

- Les garçons ! hurla une voix paniquée.

 

Les interpellés se retournèrent et virent Clémence qui fonçait droit sur eux, une feuille à la main. Elle stoppa sa course en percutant Sébastien qui, sous le choc, tourna trois fois sur lui-même.

 

- Argh…fit-il, désorienté.

- Oh, c’est horrible ! C’est horrible ! C’est horrible ! se lamenta la jeune fille.

- Hey, calme-toi, il est encore vivant tu vois bien ! assura Baptiste.

- De toutes façons, il a l’habitude, ricana Ludovic.

- Mais je parle pas de Sébastien, voyons ! s’écria Clémence.

- Ah bon ? couina l’intéressé, qui aimait attirer l’attention.

- C’est horrible ! répéta la jolie brune en l’ignorant. Qu’est-ce qu’on va faire ?

- Si tu nous disais ce qui te rend affolée comme ça…demanda Florian d’une voix apaisante, en massant les épaules de la jeune fille.

 

Clémence montra aux autres membres du groupe la feuille qu’elle tenait dans la main.

 

- Le 21 juin, c’est la Fête de la Musique.

- Non ?! hurlèrent les quatre garçons.

- Si ! gémit la jeune fille.

- Putain ! Pas le 21 ! s’écria Ludovic.

- Fais chier !

- Adieu Monde Cruel ! lança Sébastien en s’approchant de la fenêtre ouverte.

- Séb, reviens ici, ordonna Florian.

- Calmons-nous…Ressaisissons-nous…Zen…Calme…

- Y’a pas de zen ou de calme qui tiennent ! cria Baptiste dans les oreilles du pauvre Ludovic qui avait improvisé la position du Lotus. Le 21, ça tombe en pleine période du Bac !

- Attendez, fit Florian en rattrapant par la manche un Sébastien suicidaire prêt à sauter par la fenêtre. Vous ne passez pas le Bac le 21 juin.

- Non, mais on ne peut pas préparer la Fête de la Musique et le Bac en même temps !

- Surtout que la Fête de la Musique, c’est dans trois semaines. Et le Bac dans deux ! ajouta Clémence.

 

Des nouveaux cris se firent entendre et Florian rattrapa de justesse Sébastien qui s’était échappé de son étreinte pour enjamber le petit balcon donnant sur la Cour Blanche. Après cette petite frayeur, Ludovic pris la feuille de la main de Clémence et la lut attentivement.

 

- Trop cool ! Y’a du heavy métal dans le cinquième arrondissement !

- Beurk, commenta Clémence.

- Quoi « beurk », c’est génial non ?

- Lulu’, tu m’excuseras, mais notre lycée organise un concert. C’est écrit là. Dans le deuxième arrondissement. Juste devant la sortie du métro. Alors, tu n’auras pas le temps d’écouter ton métal !

- Mais ils sont cons ou quoi ? s’écria Florian. Devant la sortie du métro !

- Vous imaginez, le mec il sort du métro, il entend « va te faire » ! plaisanta Baptiste.

 

Le groupe éclata de rire, imaginant la scène.

 

- Finalement, c’est une bonne idée ! T’imagines, y’a une vieille qui arrive, elle passe juste devant Baptiste qui a sa guitare à la main. Et juste au moment où elle passe, Baptiste joue un truc qui déchire et la mamie, elle fait une crise cardiaque !

- Ce serait trop chouette ! commenta le reste du groupe.

- Mais il faut s’inscrire auprès du Proviseur, et ça très vite, parce qu’on est très en retard, expliqua Clémence.

- C’est de leur faute, ils n’avaient qu’à nous prévenir avant ! marmonna Sébastien.

- C’est vrai, approuva Florian. Et c’est à quelle heure ? C’est dans l’après-midi, j’espère ?

- Pas du tout, c’est le soir et la nuit, fit Ludovic, les yeux sur la feuille. Le concert du bahut, il commence à 21h00.

- Et merde ! Faudra encore que je me batte pour sortir de chez moi ! Et y’a qui comme groupes de rock, qu’on puisse voir à qui on a à faire ?

- Alors… The Bandhits

- Nul, commenta Baptiste.

- Anksunamon

- Débile !

- Thanator

- Pouah, le nom trop con !

- Moray Firth

- On se demande où ils vont chercher tous ces noms !

- Borneo

- Alors ça, c’est fort !

- Soul Shaker, Doctor Hell, Supapopes, Intramuros, Okploïdes, Mok, SuperFudgeChunk

- Ç’en est trop pour moi ! pouffa Sébastien.

- Hey les mecs, faut pas rigoler, fit sérieusement Florian. Parce que ces groupes, ils un nom au moins.

 

L’ensemble du groupe se tut.

 

- C’est vrai, approuva Baptiste. Ça va pas le faire si on s’amène là-bas et qu’on nous demande « comment vous vous appelez ? » et qu’on répond « on sait pas ».

- On a trois semaines pour réfléchir, assura Ludovic.

- Et on a intérêt à s’y mettre sérieusement, ajouta Sébastien.

- Et pour le Bac, on fait comment ?

- Pour ma part, commença Clémence, je me fiche d’avoir mon Bac ou pas. Mes parents ne m’ont pas élevée dans la musique pour rien. Ils préfèrent sans doute que je fasse des concerts et que je continue la musique plutôt que d’étudier les maths d’arrache-pied dans ma chambre.

- Ce que tu ne fais pas, en passant, nargua Florian.

- Mais à quoi ça va me servir ? Je suis comme toi Flo’, j’ai pas de vocation ailleurs que dans la musique !

- Ce serait trop bien si j’avais les mêmes parents que toi Clém’ ! s’exclama Sébastien. Vous imaginez si les parents, ils se fichent que tu loupes ton Bac et ils préfèrent te voir jouer de la musique ? Chapeau ! Dommage que les miens ne sont pas comme ça ! Si on loupe l’examen, vous nous reverrez plus jamais de votre vie !

- Euh…tu sais à quel point ils s’intéressent à nos études, contredit Baptiste, ironique. On a qu’à leur dire qu’on a réussi notre Bac, et ils nous croiront ! Et après, on se casse !

- Je te rappelle que je suis mineur ! Je peux pas partir comme ça ! Je suis le seul abruti à être né en plein mois de décembre !

- Ah oui, j’avais oublié…T’inquiètes pas Séb, on s’arrangera !

- Moi, je suis aussi partant pour le concert de la Fête de la Musique, lança Ludovic. Et pour le Bac, c’est pas grave. Je le passerai parce que je suis convoqué, mais ça s’arrêtera là.

- De toutes façons, toi, t’es bon à l’école, donc tu auras ton diplôme sans faire d’histoire !

- Bref, coupa Florian. Baptiste, Sébastien, vous participez ?

- Bien sûr ! s’exclamèrent les deux frères. Vous pouvez rien faire sans nous !

- Je sais, c’est pour ça que je posais la question ! Bon, maintenant que tout est réglé, on va aller s’inscrire chez le Proviseur.

- On n’était pas censé aller en cours ? demanda Clémence.

- On a une bonne excuse !

 

Les membres du groupe se serrèrent la main, comme s’il s’agissait d’un marché conclu, et prirent joyeusement le chemin du bureau du Proviseur.

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Nascana
Posté le 27/07/2010
C'est vraiment triste pour Alex. J'espère que les autres vont se tenir à carreau, et que Florian leur a fait peur !
Les petits cochon, c'est toute mon enfance ! J'adoré ça ! Il y avait aussi des souris et des pinguins chez mon boulanger, mais après, il est partit et son remplaçant était moins doué. D'ailleurs, c'est en rapport avec ceux que dessine Sebastien ?
Je veux savoir le nom du groupe ! ^^.
La Ptite Clo
Posté le 27/07/2010
AH UNE FAN DES PETITS COCHONS ! C'EST TROP BOOOON, MON DIEUUU ! Dommage que j'en trouve très rarement dans les boulangeries... :(  Ah boooon, il existe les SOURIS ET LES PINGUINS ?!!!! Arrêêêêête, j'en ai jamais vu ! T_T Pour répondre à ta question, est-ce que c'est en rapport avec les p'tits cochons de Sébastien ? Mmhh, laisse-moi réfléchir. Je pense qu'en effet, ma folie des petits cochons a influencé sur Sébastien, étant donné que j'adorais tripper sur cette histoire. ^^
Et le nom du groupe... surprise ! ^^ 
Merci pour tes commantaires qui font toujours autant plaisir, Nascana. :)
Sunny
Posté le 23/05/2007
:( c'est bizarre quand même, mais le début de ton chapitre me rappelle aussi de très mauvais souvenirs, dans le même genre... ^^ enfin, très bien ce chapitre ! (^^ huhu, gros suspens, vont-ils réussir à se trouver un nom mdr...)Reponse de l'auteur: erf, et oui é_è
heureusement que ça va toujours mieux par la suite ! hum hum
merci pour ta reviews =D
(erf, bien sûr qu'ils auront un nom, mais ils vont mettre du temps à le trouver (faut dire qu'ils ont un auteur pas douée pour ça) lol)
zbooo 
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