Chiara vint le chercher le lendemain. Elle se posta devant sa cage, silencieuse, et ouvrit lentement.
Pris d’un espoir soudain, le Baroudeur jaillit de sa prison mais il sentit vite une main l’attraper par le bras. La jeune femme lui tendit les menottes, il baissa la tête et soupira. Elle lui passa les fers, mais il fut surpris de voir dans ses yeux une lueur de culpabilité qui le rasséréna un peu.
- Où veux-tu aller aujourd’hui ? lui demanda-t-elle.
Il fronça les sourcils.
- Depuis quand tu me demandes mon avis ?
Elle lui servit un sourire hypocrite.
- Depuis que j’ai décidé de ne plus être méchante avec le pauvre petit Bichou. Kotla m’a dit que tu te plaignais de moi.
- Mais quelle balance… Je… je me suis jamais plaint, d’abord !
Un rire aussi clair que sa chevelure émergea de la gorge de la jeune guerrière.
- C’est possible de pas savoir mentir à ce point là ?
- Oh ça va…
- Nan mais à être aussi débile je vais pas tenir, moi, il va falloir que je taquine !
- Peuh, taquine-moi si tu veux, je m’en fiche.
- Un vrai gamin.
- Tu t’es vue ?
- Oh, il est si mignon avec sa répartie à deux balles…
- Merde. Voilà ma répartie : merde.
- Chiara ! cria soudain une voix. Chiara, on a besoin de toi !
Le Baroudeur reconnut Poma qui courait vers eux.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda la jeune femme en retrouvant instantanément son sérieux.
- Une échauffourée entre Bôbou et Smith ! Viens-vite, ils sont à deux doigts de s’entretuer !
- Putain, mais ils sont pas capables de s’entendre ces deux-là ?! jura Chiara en entraînant son prisonnier à sa suite.
Un attroupement s’était formé de l’autre côté du camp, agité de cris que les spectateurs indécis poussaient par vagues. La guerrière se fraya un passage à coups d’épaules dans cette foule hétéroclite, suivie d’un Baroudeur agacé qui voyait systématiquement le chemin se refermer devant lui. Il arrivèrent enfin à l’épicentre du conflit où deux hommes, un blond et un Pokla baraqué, se roulaient sur le sol déjà maculé de sang. Plusieurs personnes tentaient de les séparer, en vain. Ils ruaient et grognaient comme des animaux et avaient visiblement perdu tout bon sens.
Chiara se dressa un instant au-dessus de deux combattants couverts de poussières, ses yeux chargés d’éclairs. Puis, soudain, aussi vive qu’un serpent, elle lança ses bras dans la mêlée.
Deux cris de douleurs retentirent simultanément, les deux combattants s’écartèrent en grimaçant.
- Ça y est ? Vous êtes calmés ? siffla-t-elle.
Ils levèrent des yeux troubles vers elle.
- Nan mais vous avez pas honte ? Vous vous rendez-compte du spectacle pitoyable que vous nous offrez ?
- Il… il a insulté notre race… souffla Smith.
- Y a pas de race qui tienne ! On s’en branle de la race, mais d’une puissance cosmique ! Vous ne l’avez toujours pas compris ?!
- C’est lui… ahana Bôbou, il m’a traité de barbare…
- Putain mais vous allez grandir un jour ou pas ?! Vous savez tous que c’est une appellation commune. C’est nul comme appellation, je suis d’accord, mais commencez pas à réagir comme ça ! Combien de fois faut vous le dire ? ON S’EN BRANLE DE TA RACE BORDEL ! Et du nom qu’on lui donne aussi ! Un peu de maturité, pute vierge !
- Mais…
- Mais ta gueule sinon je te castre définitivement.
Elle les foudroya de son regard électrique.
- Vous allez arrêtez de vous parler, et le problème sera réglé. Si j’en revois encore un insulter l’autre, je m’en fous de qui a commencé, je vous envoie tous les deux aux Matrones.
Les deux hommes frissonnèrent et baissèrent la tête.
- Bien, fit Chiara, maintenant vous allez vous lavez, recoudre vos vêtements, lavez le sol et me faire une demi-cinquantaine d’autres corvées. C’est compris ?
Ils soupirèrent en chœur.
- Pardon ? J’ai pas bien entendu ?
- Oui cheffe…
- Bien.
Elle jeta un regard la foule qui se régalait du spectacle.
- NAN MAIS VOUS AVEZ FINI DE GLANDER OUI OU MERDE ?! RETOURNEZ À VOS POSTES BANDE DE BRANLEURS !
Le groupe s’ébroua soudain et fut prit d’une frénésie. Il y eut un instant cohue confuse avant que chacun retrouve le chemin de son ouvrage.
- Tsss, qu’est-ce qu’ils m’ont énervée ces glandus ! pesta la guerrière.
- Aujourd’hui, j’ai apprise une chose sur toi, lança le Baroudeur.
Elle haussa un sourcils, pressentant la vanne.
- Quoi donc ?
- Que tu n’appliques pas à toi-même ce que tu imposes aux autres.
- Merde.
Il pouffa.
- J’aimerais bien longer la rivière, fit-il après un temps.
- Hein ?
- Tu m’as demandé où je voulais aller, eh bien je veux aller longer la rivière.
Elle se fit pensive.
- C’est pas une mauvaise idée, je connais un coin très sympa que je ne t’ai pas encore montré. Par contre va falloir faire quelque chose pour ta vitesse de réflexion parce que là t’as du souci à te faire.
- Je n’interromps pas Mâdame pendant son sermon et elle me reproche d’être poli.
- Si Môsieur avait répondu tout de suite il ne donnerait pas l’impression d’être un parfait imbécile. Maintenant Môsieur va me suive avant que je ne m’énerver d’avantage.
- Si Mâdame le veut…
Elle se dirigea vers la rivière, foulant l’herbe verdoyante où il l’avait vu plusieurs fois jouer avec Kotla. Cela lui donnait des idées.
Il fondit sur elle et l’attrapa par les hanches pour faire courir ses doigts taquins sur sa peau. Elle eut un mouvement de défense qui se transforma en sursaut puis en soubresauts rieurs.
- Ah, non ! Lâche-moi ! cria-t-elle en tentant de retenir un éclat de rire.
Ils tombèrent au milieu de l’herbe rêche en roulant. Elle se débattit et finit par glisser ses doigts sous la chemise du baroudeur et à les agiter sur sa taille. Il se courba et fit un bond en arrière en sentant un rire convulsif l’envahir. Chiara profita de ce court répit pour bondir sur ses jambes et s’enfuir vers la forêt. Il sentit immédiatement la chaîne se tendre et tira un coup sec dessus pour la retenir. Son élan violemment stoppé, elle manqua de s’étaler de tout son long. Elle tira de toutes ses forces mais le Baroudeur, allongé dans l’herbe, ne bougeait pas d’un pouce. Elle fit alors quelque chose de tout à fait surprenant. D’un geste à peine hésitant, elle détacha sa menotte et la laissa tomber par terre. Son regard croisa un instant celui de son prisonnier, mais elle se détourna bien vite pour continuer sa course.
- Attrape-moi si tu peux ! lança-t-elle.
Le Baroudeur cligna des yeux, immobile. Il se leva raidement et marcha jusqu’à la menotte abandonnée. Il la prit dans ses mains et contempla le reflet du soleil sur le métal gris. Son regard se porta sur Chiara qui le narguait un peu plus loin. Il resta résolument dos à l’horizon et, après un temps d’hésitation, s’élança à la poursuite de la jeune femme.
Elle courait beaucoup plus vite que lui, mais s’amusait à le laisser se rapprocher pour ensuite accélérer. Elle riait et son rire la guidait. Il passa devant sa cage sans même la voir, sauta sur les pierres escarpées près du torrent et manqua de glisser sur les berges boueuses. Sa main tendue, il tentait de capturer la chevelure pâle qui volait devant lui. Lorsqu’il y parvint enfin, il fut surpris de sa douceur. Chiara, soudain retenue, fit volte-face vers lui et le chargea. Elle le bouscula avec force et le plaqua à terre. Ils échangèrent un long regard au rythme de leur respiration essoufflées. Il vit une lueur nouvelle naître et s’affirmer dans les yeux de sa compagne. Celle-ci se redressa sans mot et l’aida à se relever.
- Viens, souffla-t-elle, je vais te montrer un coin sympa.
Presque hypnotisé par sa crinière dansante, il la suivit le long de la berge. À cette endroit, le cour de la rivière s’élargissait et ses eaux devenaient plus calmes. Autour d’eux, la forêt piaillait et bruissait de sons et d’odeurs. Ils marchèrent de longues minutes et arrivèrent à un endroit ou les flots se séparaient en deux. Chiara suivit la plus petite rivière et les broussailles autour d’eux se firent plus épaisses, elle repoussa d’un geste un rideau de feuilles.
- C’est ici, annonça-t-elle.
Le Baroudeur contempla la vision tranquille d’un bout de rivière auréolé d’un saule pleureur qui filtrait une lumière tamisée mais claire. Sa berge d’herbes tendres semblait lui ouvrir ses bras. L’eau de la rivière stagnait, se parant d’or et d’insectes virevoltants qui venaient butiner les nénuphars à peine éclos.
- Pas mal, avoua-t-il.
Chiara s’avança entre vert forêt et ambre délicat. Le bourdonnement des essaims se mêlait au bruissement ample des feuilles, l’air était empli d’une douce odeur d’humus et de vase.
- Ici, elle est pas froide, indiqua la jeune femme.
D’un geste léger, elle retira ses bottes, son pantalon de cuir et sa veste en peau, ne laissant que sa chemise de lin. Elle se glissa dans la rivière avec un frissonnement.
- Alors, tu viens ? lança-t-elle.
- Je… non merci, murmura-t-il.
- Bah, qu’est-ce qui t’arrive ?
Elle se redressa, sa chemise de lin lui collait au corps et ses cheveux s’y mêlaient, formant des arabesques pâles sur sa peau bronzée. Le regard du Baroudeur fut immédiatement attiré par les contours pointues de ses seins et le doux rose qui perlait à travers le vêtement. Ses yeux glissèrent sur sa sa taille fine et musclée et sur ses fesses à peine recouvertes par le haut. Il se perdit dans la contemplation des gouttes d’eau qui coulaient sur ses cuisses mouchetée de cicatrices pour rejoindre la rivière.
Chiara se laissa détailler avec un sourire croissant. Elle sortit doucement de l’eau.
- Rentre ta langue, souffla-t-elle d’un air malicieux, on dirait un petit chien.
Elle s’approcha de lui jusqu’à ce que leur visage soit immergés dans leur souffle. Il fixa un instant ses lèvres fines et ses joues fermes avant de monter vers ses yeux. Pour la première fois, il vit la volupté dans ses prunelles d’un azur clair, et l’assentiment.
D’un geste convulsif qu’il retenait depuis trop longtemps, il la plaqua contre lui. Leurs lèvres se fondirent l’une dans l’autre et leur langue s’enlacèrent. Les mains du Baroudeur tirèrent sur la chemise tandis que celles de Chiara se glissait sous son gilet. Leur respiration entremêlée était assourdissante, autant que la sensation de leur corps pressés l’un contre l’autre. Il sentit soudain le sol se dérober sous ses pieds et la bouche de Chiara disparaître. Il se retrouva étendu sur le dos.
- Retire tes vêtements, ordonna-t-elle.
Le Baroudeur n’avait jamais ressenti autant de plaisir.
Pourtant il avait couché avec des centaines de femmes, toutes rivalisant les unes avec les autres. Il ne connaissait pas les noms de la moitié d’entre elles, voir plus, et lorsqu’il les avait appris, il les avait oublié. Il n’avait jamais autant joui, mais il savait pourquoi. Parce qu’au delà de ces sensations qui secouaient son corps de violents frissons, au-delà de ses odeurs qui emplissaient ses narines jusqu’à lui faire tourner la tête, au delà de cette frénésie animale qui le poussait toujours plus loin, au delà de cette extase qui s’était emparé de lui. Au delà de tout ça, il y avait ses yeux électriques, ce sourire malicieux qui se tordait au rythme de leur corps, ce visage familier qui reflétait une âme. Une âme qu’il aimait.
Alors que le temps et l’espace autour d’eux s’étaient dissout, qu’il n’existait plus qu’eux-même, le Baroudeur réalisa que jamais il n’oublierait son nom, et que jamais il ne pourrait oublier ce moment.
Il se retrouva frémissant, allongé dans l’herbe humide. Le flot de sensation se tut mais continua de résonner en écho, l’invitant à le retrouver.
Chiara, haletante, se serra contre lui. Son étreinte se fit puissante, emplie d’un message silencieux mais éclatant.
Il pivota vers ce visage qu’il connaissait par cœur mais dont il ne se lasserait jamais. Il ne réussit pas à prononcer les mots qu’il aurait voulu, alors il jeta dans son regard tous ses sentiments. Elle reçut son message silencieux et son éternel sourire irradia de lumière sur son visage.
Enlacés, entre l’herbe douce et le feuillage moucheté de soleil, ils s’endormirent.
***
Lorsque le Baroudeur se réveilla, Chiara était partie. Le soleil déclinait derrière le rideau de feuilles et il en conclut qu’il avait sommeillé quelques heures. Il se redressa et s’habilla puis longea la rivière dans l’autre sens. En émergeant du couvert des arbres, il vit sa cage solitaire. Un frisson remonta le long de son échine, il jeta ses yeux sur son poignet libre comme s’il n’arrivait pas à y croire. Il s’avança dans la prairie et contempla l’horizon qui étirait ses ombres sur le sol. Il pouvait partir, s’il le voulait. Rien de l’en empêchait. S’il se montrait assez habile, même les pisteurs de la Communauté ne le rattraperaient pas. Le Baroudeur tendit la main vers le lointain, effleurant les rayons chauds du soleil. Partir ? Partir maintenant, après avoir joui du corps de Chiara, sans lui dire au revoir, alors qu’elle lui faisait confiance ? Il en avait très envie.
Pourtant, quand il entendit sa voix derrière lui, il fut presque soulagé de ne pas avoir à choisir.
- Ah, tu es là, fit-elle en arrivant un peu essoufflée dans son dos. J’ai cru que… non, laisse tomber.
Il se retourna vers elle sans mot dire.
- Il… il est l’heure… dit-elle maladroitement un faisant un geste vers sa cage. Tu veux bien y entrer, s’il te plaît ?
Il serra les poings et la considéra d’un regard intense. C’était la première fois qu’elle semblait si peu sûre d’elle. Il finit par détacher ses yeux d’elle et entra dans sa cage avec une lenteur délibérée. De là, il lui tourna ostensiblement le dos.
- Écoute, souffla-t-elle. Promis, j’essaye de convaincre Kotla de te libérer.
Il ne répondit pas. Elle s’éloigna de la cage avec un soupir las.
***
Elle se précipita vers sa cage le lendemain pour lui annoncer la nouvelle. Le Baroudeur, qui n’avait pas beaucoup dormi, leva des yeux cernés vers elle.
- J’ai parlé avec Kotla, il est d’accord pour te libérer si tu passes la Cérémonie d’Initiation. De cette manière, tu feras partie intégrante de la Communauté. Qu’est-ce que tu en dis ?
Il baissa la tête sans répondre. Chiara retrouva alors un peu de son entrain acerbe.
- Écoute Bichou, je veux bien que t’ai besoin de réfléchir, mais la moindre des choses c’est de me répondre, sinon tu peux dire adieu à ton permis de sortir.
- Oui bah laisse-moi réfléchir.
Elle le foudroya du regard.
- Un peu de politesse ne te ferait pas de mal.
Elle s’éloigna d’une démarche irritée.
Le Baroudeur laissa ses yeux dériver sur le sol.
« Faire partie intégrante de la Communauté » ? Cette seule phrase le dégoûtait. Pour lui, elle était équivalente à « crouler sous les ordres et les obligations » ou « être enchaîné à une cause qu’il méprisait ». Et pour toujours, en plus. La seule pensée qu’il puisse passer le reste de sa vie à suivre une routine et un ordre établi lui révulsa l’estomac. Non, jamais il n’accepterait. Mais il y avait Chiara. Chiara…
Elle revint dans l’après-midi.
- Alors, tu as fait ton choix ?
Oui.
- Non. J’ai besoin de temps.
Elle eut un soupir mi-contrarié mi-compréhensif.
- Ça te dit qu’on aille… se promener ?
Il leva vivement la tête.
- Regardez-le qui piaffe, ironisa-t-elle.
Elle ouvrit la porte et il remarqua qu’elle n’avait pas de menottes.
- Tu m’enchaînes pas, aujourd’hui ?
- C’est inutile et pas très pratique. Sauf si c’est un de tes fantasmes. Dans ce cas là, je peux me montrer conciliante.
- Ça va aller, merci.
- Bien. Tu veux aller où ?
- Mmmmh… pourquoi pas sous le saule pleureur, au bord de la rivière ?
Un sourire se dessina sur le visage de Chiara.
- Tu perds pas le nord, toi. Mais qui te dit que j’ai envie ?
- Tu as envie ?
Elle eut un rictus.
- Seulement si tu réussis à m’attraper ! clama-t-elle en s’élançant vers la forêt.
Un sourire naquit sur les lèvres du Baroudeur et il lui emboîta le pas.
***
Il repoussèrent l’inéluctable pendant près de deux semaines. Entre véritables promenades et parties de jambes en l’air, Chiara venait le voir presque tous les jours. Elle n’aborda plus le sujet de sa libération, comme si elle savait ce qu’il avait choisi. D’après ce que le Baroudeur percevait, sa soudaine passion pour les ballades en forêt faisait beaucoup jaser. Mais il y en avait un qui était à la fois content et agacé de ce nouveau couple, c’était Kotla.
- Tu ne t’es toujours pas décidé ? s’enquit-il comme à chaque fois qu’il venait lui apporter un repas.
Le prisonnier secoua la tête en évitant son regard.
- C’est difficile, pour moi, tu sais…
- Oui, je sais, répondit tristement le Pokla.
Il déposa une écuelle devant la cage et s’assit en tailleur.
- Mais tu vois, j’ai l’impression que tu te fous de moi.
La Baroudeur releva la tête.
- Je suis désolé, mais je te rappelle que tu m’as enfermé pour m’enrôler dans ta tribu. Maintenant que j’ai couché avec ta sœur, tu te dis que je vais céder et la rejoindre, mais tu vois, c’est pas si facile. Alors tu me harcèles. Et puis qu’est-ce que tu vas faire si je refuse, finalement ? Tu vas me libérer ?
Kotla fixa le sol, les sourcils froncés.
- Sans doute pas, lâcha-t-il.
- Super ! Donc en fait, j’ai pas le choix, c’est ça ? C’est qu’une comédie où on me propose différents types de prison ?
- La Communauté n’est pas une prison ! Tu peux parfaitement être heureux avec nous, pourquoi tu t’obstines ?!
C’était la première fois que le Baroudeur voyait Kotla hausser le ton.
- C’est moi qui m’obstine ? Mais putain tu m’enfermes depuis un mois !
- Oui, et t’en as profité pour te taper ma sœur, alors ne me dis pas que t’es malheureux !
- Je SUIS malheureux ! Je le serai tant que je serai pas libre !
- Alors rejoins-nous ! Qu’est-ce que tu vas faire, si on te libère, tu vas te barrer ? Tu vas abandonner Chiara ?
- Ça te regarde pas ! J’ai pas envie de rejoindre votre foutu clan, laissez-moi tranquille !
- Mais pourquoi ?! Toi aussi tu détestes la Compagnie !
- C’est pas ça le problème, fais pas semblant de pas comprendre ! JE VEUX PAS REJOINDRE VOTRE TRIBU DE TARÉS BORDEL !
Tout le campement aux alentours devait avoir entendu cette dernière phrase, mais le Baroudeur s’en fichait. Kotla, un instant muet, ouvrit la bouche pour répondre quand une voix l’interrompit.
- Laisse-le, Kou, tu vois bien qu’il est borné.
Chiara se dressait au-dessus d’eux, le visage sombre. Son frère hésita un instant avant de se lever et de partir. La jeune femme jeta un regard indéchiffrable vers le Baroudeur avant de tourner les talons.
Essoufflé, il se laissa choir contre les barreaux de sa cage. Il ne toucha pas à sa nourriture, se contentant de retenir vaillamment les petites larmes qui lui piquaient les yeux.
***
Le lendemain, il vit la chevelure pâle de son amante se profiler dans l’aube naissante. Il rentra un peu la tête dans les épaule devant son visage fermé. D’un geste sec, elle ouvrit la porte.
- Viens, ordonna-t-elle.
Il aurait voulu s’excuser d’avoir insulté ce pourquoi elle s’était battue toute sa vie, mais aucun mot ne sortit de sa gorge. Il la suivit la tête basse.
À sa grande surprise, elle le mena jusqu’à un arbre auquel Liberté était attachée. Elle était affublée de la scelle du Baroudeur et de sacs de voyage remplis. Surpris, il pivota la tête vers la guerrière. Elle évita son regard.
- Pars, dit-elle d’une voix blanche.
- Qu…
- Pars, c’est le moment. J’ai bien compris que tu ne voudras jamais nous rejoindre. Kotla est parti en patrouille, il en a pour plusieurs jours. C’est le moment, pars.
- Mais… et toi ? balbutia-il.
Elle lui fit un sourire amer.
- J’ai compris que je ne rivalisais pas avec ta liberté.
- Non, tu te trompes… je…
- Arrête de mentir.
- Non, viens avec moi ! On voyagera ensembles, on combattra même la Compagnie si tu veux !Viens avec moi…
- Arrête, souffla-t-elle. Ne me demande pas de quitter ma vie pour toi. Ne me demande pas d’accepter ce que tu refuses.
Il sentit un sanglot monter en lui et recula d’un pas.
- Je…
- Pars ! Va-t-en à la fin ! s’énerva-t-elle.
Ses iris brillaient plus que d’habitude.
- Je reviendrai te voir, je te le promets… bégaya-t-il.
Il monta en scelle.
- Non, dégage, je veux pas te revoir ! cria-t-elle aussi fort qu’elle put.
Son regard hurlait le contraire.
Le Baroudeur resta agrippé à ses yeux alors qu’elle donnait une immense claque sur la croupe de Liberté qui s’élança avec un hennissement. Le cœur emballé au rythme de son galop, il tourna la tête vers la silhouette qui se faisait de plus en plus petite. Une rafale de vent souleva sa chevelure aux allures nacrées, ce fut la dernière chose qu’il vit d’elle avant qu’elle ne disparaisse à l’horizon.
Il reporta son regard face à lui. Sa vision fut engloutie par l’immensité du paysage. La joie et la tristesse s’entredéchiraient en lui mais il éprouvait une curieuse excitation. Il talonna sa monture pour s’offrir la sensation du vent fouettant son visage. Un sourire à semi-amer se déroula sur ses lèvres. Il écarta les bras, ignorant les larmes à ses yeux. Il ferma les paupières. C’était mieux comme ça.
Au loin, une détonation retentit. Puis une autre. Le Baroudeur rouvrit les yeux, il fit brusquement freiner Liberté. Son sang battait à ses tempes. Il avait reconnut le bruit des canons rotuliets.
- j’ai apprise (appris) une chose sur toi,
- Elle haussa un sourcils (sourcil)
- je ne m’énerver (m’énerve) d’avantage.
- Elle riait et son rire la (le) guidait
- arrivèrent à un endroit ou (où) les flots se séparaient en deux
- Ses yeux glissèrent sur sa sa (y a un ‘’sa’’ en trop) taille fine
- celles de Chiara se glissait (glissaient) sous son gilet.
Barou, j'espère que tu seras heureux tout seul comme un con sur les routes a bouffer des boites de conserves meme pas réchauffées et a dormir avec ton cheval en appelant ça la liberté è.é
grrrrr è.é
Enfin, je me doute bien qu'il va pas tarder a regretter et revenir en courant dans les bras de sa belle. J'espère bien qu'elle va le remettre a sa place à ce moment là è.é
Bon, a part cette déception j'ai beaucoup aimé le chapitre ! je trouve en fait cette séparation très bien (j'aurais pas aimé que Chiara plaque tout pour cet égoiste. Comme elle a dit : "Ne me demande pas d’accepter ce que tu refuses.")
les dernieres lignes annoncent la fin de la tranquilité, aussi... je sens que ça va péter dans pas longtemps !
Ah ça, il va regretter. XD mais il l’a mérité.
ah cool que ça t’ai plu. D’ailleurs comment tu as trouvé leur première partie de jambes en l’air ? Et la manière dont elle est amenée ? Et le sermon de Chiara ça fait pas trop moderne selon toi ? En tout cas c’est sûr qu’elle l’aurait pas suivi, c’est pas son genre XD (mais dans l’histoire qui m’a inspiré si)
Oui, ça va peter bien comme il faut, prépare toi psychologiquement ça va pas être joyeux..
merchi de ta lecture et de ton commentaire ;-)